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@Helen Stenfield  ☆ crédit/adelaidekane03

Le courage était doucement revenu prendre place dans les entrailles d'Olive. Sa dernière rencontre hasardeuse avec le docteur Stenfield avait remis pas mal de choses en question. Olive, elle s'était posée mille et une question, sans avoir aucune réponse à celles-ci. Parce qu'elle avait l'impression que de nouveau son monde était bouleversé. Qu'on venait d’écorcher violemment ce qu'elle avait mis si longtemps à reconstruire. La dernière fois, il avait fallut trois années à Olive pour oser reprendre goût à la vie. Cette fois, dieu merci ça avait été beaucoup moins. A la différence cette fois, c'est qu'elle savait que rien ne pourrait être pire. Qu'elle n'avait heureusement plus rien à perdre, puisqu'elle n'avait rien. Le dispensaire n'était qu'un passe-temps qui lui permettait de ne pas trainer des pieds chez-elle. Qui lui permettait de voir du monde, sans trop en voir mais surtout de faire de son quotidien quelque chose de simple. Olive n'était plus là pour recevoir des ordres et subir les humeurs de mauvais médecins simplement parce qu'ils avaient le pouvoir de le faire. La médecine c'était tout ce qu'elle connaissait jusque là, alors forcément l'idée de devoir prendre part à autre chose était plus que difficile. Olive comprenait pourtant qu'il était temps de passer à autre chose, de tenter de nouvelles expériences et finalement cette décision, elle la devait à Hélen. Étonnamment, même si les mots de la chirurgienne avaient été douloureux, Olive en avait fait son cheval de bataille. Promettant de mettre tout en œuvre pour montrer qu'elle n'était pas une moins que rien, qu'elle valait mieux que ce que cette ingrate de médecin pouvait penser. Et elle réussirait, même si cela pouvait demander du temps, elle y arriverait.

En attendant, Olive Sterling comptait bien profiter de la soirée avec son amie pour penser à autre chose. Il n'était plus question que quiconque vienne troubler ses pensées encore et encore. Elle avait besoin de faire le vide dans son esprit et pour cela, elle n'avait rien trouver de mieux que de trainer sa plus vieille amie dans un bar de la ville. Enfin, c'était plutôt la blonde à ses côtés qui avait fortement insisté pour venir jusqu'ici. Il fallait dire que les bars et Olive ça ne faisait pas bon ménage. Elle était de ceux qui préfèrent les coins tranquilles. Pour cette fois, elle ferait une exception. Simplement pour cette fois. « Waho. Y a énormément de monde. » A vrai dire pas tant que cela, mais toujours trop pour la brune qui n'était clairement pas une grande fan de la foule. « Après deux / trois verres tu oublieras que t'es pas à ta place Oli. » Son amie lui avait fait un clin d’œil tout en l'entrainant vers le bar pour commander la première tournée. Olive n'était pas friande des boissons alcoolisées mais elle savait qu'un effort serait attendu de sa part si elle voulait se fondre dans la masse. Acceptant alors d'emporter sa margarita jusqu'à une table libre, Olive tenta de ne pas se faire bousculer. « Tu vois ce n'était pas si terrible, nous voilà à bon port. » Son amie se mit à rire en tendant son verre.  « A la nôtre joli coeur. » Olive leva les yeux au ciel en venant faire rebondir son verre contre celui de son amie. Cette soirée promettait bien des choses à n'en pas douter.

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Quel traquenard cette soirée. Pour la première fois depuis très longtemps, Helen avait accepté de sortir dans un bar avec son amie Sloane. Consciente que cette dernière allait l’inciter à draguer tous les hommes qui la regarderaient un peu trop longtemps, elle songea qu’une sortie entre copines lui ferait le plus grand bien. La chirurgienne n’avait pas l’intention de se rapprocher de qui que ce soit, au pire cela la ferait bien rire de rembarrer tous ces dragueurs du dimanche et de réduire à néant tous les efforts de Sloane pour la décoincer. Il était peut-être vrai qu’Helen avait un balai aux fesses depuis plusieurs mois -voire années, son amie marquait un point là-dessus. Ses sentiments vivaient toujours pour Sam, la brune ne s’imaginait pas véritablement tomber dans les bras d’un autre homme… mais à côté de ça, elle n’envisageait pas comment rétablir les choses avec son époux. Leur vie lui semblait fausse, très souvent Helen se demandait si elle n’avait pas accepté de l’épouser rien que pour vivre la magie du mariage… c’était triste, et presque horrible, mais elle remettait absolument tout en question. Ce fut très probablement pour cette unique raison que la descente de la jeune femme se fit facile. Sloane et elle enquillèrent les bières, hilares. L’alcool leur monta rapidement à la tête, alors que la montre de la brune n’affichait pas encore 21h. Et tant pis, Helen s’en fichait éperdument tant elle en avait besoin.

Sur les coups de 22 heures, la mine de son amie se déconfit et elle décampa aussitôt du Canvas, laissant une Helen décontenancée et un peu démoralisée. L’idée d’être saoûle avec Sloane était alléchante. L’être seule, un peu moins. Mais le problème était toujours le même : Helen refusait de rentrer avant que Sam ne soit endormi, ou presque. Pourtant, elle le savait ce soir en compagnie de ses copains, il était donc certainement saoûl lui aussi quelque part à Brisbane. Alors, allez savoir pourquoi, la brune décida de rester face à sa solitude, et face à une nouvelle bière qu’elle descendait en songeant avec nostalgie à sa vie d’autrefois auprès de Sam. Elle se remémorait leur rencontre, durant cette fête organisée par Nina. Elle se remémorait ces premiers mois d’insouciance, leurs retrouvailles qui lui donnaient à chaque fois des papillons dans le ventre. A quel moment est-ce que les choses avaient pris une direction différente ? La réponse lui manquait, et le taux d’alcoolémie dans son sang ne lui permettait de toute façon pas d’y apporter des éléments pertinents.

Alors qu’elle commandait la troisième bière depuis le départ de Sloane, son regard vague s’attarda sur une silhouette qui ne lui était pas inconnue. Helen dirait même qu’elle lui était très familière, puisqu’elle s’était retrouvée en sa compagnie durant de nombreux mois à l’hôpital. Olive Sterling. On ne pouvait pas vraiment affirmer que leur dernière rencontre avait été un franc succès… maaaais, la chirurgienne avait fait le nécessaire pour se rattraper. Après des jours d’hésitation, le numéro d’Olive apparaissait dans le répertoire d’Helen. Elle s’était excusée, sincèrement, puis elle lui avait proposé d’évoquer un retour de sa part à la direction. Helen trouvait cela vraiment dommage qu’elle ait démissionné, elle pouvait donc bien faire ça pour elle. Olive lui avait répondu qu’elle la tiendrait au courant, mais c’était silence radio depuis. C’était pas très sympa, non ? Alors qu’Helen tentait de rattraper les choses. Dans un élan de bêtise -on ne peut pas appeler ça autrement, Helen quitta sa table pour se poster devant celle d’Olive, qui semblait être en compagnie de ses copines. L’alcool rendait ses observations un peu floues, alors elle les ignora complètement. « Vous  m’avez pas fait de retour… » Le ton de sa voix et la bière qu’elle tenait à la main montraient clairement qu’elle n’était pas dans son état habituel. Et puis, sa remarque était un peu approximative, Olive allait-elle comprendre ? Alors elle ajouta, pour rendre son intervention bien plus évidente aux yeux de son ex-interne. « Pour redev'nir interne. » Ah voilà, là c’était plus clair.

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Au grand étonnement d'Olive, la soirée était plus qu'agréable. Elle prenait réellement du bon temps à être présente dans ce bar. Ce qui était loin d'être dans ses habitudes premières. Peut-être que la présence de son amie avait tout à voir dans ce nouveau confort qu'elle avait pourtant tant redouter. Et puis l'avantage, c'est qu'elle n'avait pas besoin de se retrouver seule avec ses propres pensées dans cette situation. La musique était bien trop forte pour réfléchir convenablement de toute évidence. Tant mieux, elle n'avait pas envie de se morfondre, elle n'avait pas envie de se faire plus de mal que nécessaire. Un seul objectif, passer une bonne soirée avec sa compagne. Espérant ainsi que rien ne pourrait venir gâcher ce beau moment de tranquillité dans cette petite bulle qui doucement était en train de prendre forme autour d'elle. C'était agréable. Mais visiblement, la paix intérieure n'était qu'un mythe. Du moins, c'est ce dont Olive avait l'impression de comprendre. Au début, alors qu'elle avait aperçu d'un rapide coup d’œil une silhouette au bar, elle n'avait pas été certaine de parfaitement la reconnaître. Au mieux, cela n'aurait pu être que sa propre imagination qui lui faisait un tour. Au pire, une grande ressemblance avec ses cauchemars. En outre, l'un ou l'autre n'était pas un résultat convenable pour une jeune femme en pleine santé. Ou alors, elle devenait réellement folle et il était temps qu'elle prenne rendez-vous chez un spécialiste. Olive secoua la tête de gauche à droite comme pour éloigner cette mauvaise hallucination avant de se concentrer de nouveau sur son amie, mais surtout sur son verre qui semblait lui crier autant à l'aide.

« Vous m’avez pas fait de retour… » La tête brune tangua légèrement dans l'angle de vision d'Olive. Bordel. La présence d'Hélen ralluma quelque chose de désagréable pour la jeune femme qui n'eut qu'une envie, s’enfoncer davantage dans son siège pour disparaître. Sauf qu'elle ne rêvait pas et qu'il était donc impossible de se téléporter ailleurs. Pas de chance. « Pour redev'nir interne. » Les yeux d'Olive rencontrèrent ceux de son amie qui avait l'air encore plus perdue qu'elle. Bon sang, cette femme n'allait donc jamais sortir de sa vie ? Olive se racla la gorge en se tournant vers la chirurgienne qui venait de débarquer comme un putain de boomerang. « Docteur Stenfield. » Elle marqua une pause pour prendre une grande inspiration. « Je. » Olive chercha ses mots, sans savoir ce qu'elle pouvait de toute évidence dire de plus que son silence. Jusqu'à ce que ses yeux suivent la courbe du corps d'Hélen, jusqu'à ce qu'enfin, elle comprenne. Son amie la devança avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche de nouveau. « Vous avez l'air dans un pitoyable état. » Une grimace se dessina sur le visage d'Olive à la remarque de son amie qui n'avait de toute évidence pas envie d'être tendre avec la nouvelle venue. Olive se leva de la banquette, s'excusant auprès de son amie pour attraper le bras de la chirurgienne. « Est-ce que tout va bien Docteur ? » Cette fois, une pointe d'inquiétude se pointa en remarquant l'état de son ancienne mentor. Ce n'était pas tous les jours qu'Olive pouvait distinguer la faiblesse dans les traits de la chirurgienne. Fascinant cette métamorphose. Pour autant, elle n'avait pas non plus envie de lui tourner le dos, ce n'était pas son genre. « Un verre d'eau peut-être ? » Une solution parmi d'autres évidemment.

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Le professionnalisme d’Helen s’était envolé à la seconde où elle avait ouvert la bouche pour s’adresser à Olive. On sentait sa bouche pâteuse à des kilomètres, elle alignait difficilement les mots les uns derrière les autres et sa bière à sa main manquait à tout moment de se renverser sur les vêtements de quelqu’un. Si la chirurgienne avait pu se voir à l’instant, elle aurait eu honte de s’afficher de la sorte. Surtout devant son ex-interne. Elle savait qu’elle s’était montrée trop tyrannique avec elle, la brune regrettait son comportement aujourd’hui. Il ne fallait pas qu’elle gâche tout ce qu’elle avait entrepris depuis leur dernière rencontre au dispensaire en l’accostant, alors qu’elle était clairement pompette. Même si Helen tenait bien à l’alcool, il y avait trop de cadavres de bières sur sa table pour lui permettre d’avoir toute sa tête.  « Docteur Stenfield. » Elle n’avait pas sa blouse sur elle, pourquoi est-ce qu’elle l’appelait docteur ? Ca sonnait étrange tout à coup, dans ce bar. « App’lez-moi Helen, on est pas à l’hôpital. » Décréta-t-elle, avec un sourire qui se voulait agréable, tandis qu’elle ignorait toujours complètement la femme qui passait la soirée avec Olive. « Vous avez l'air dans un pitoyable état. » Finalement, elle s’attarda dessus. La chirurgienne la détailla de la tête aux pieds et elle eut tout juste le temps de lui répliquer avant que l’australienne n’attrape son bras : « C’ta robe qu’est pitoyable. » Allez, vas-y, enfonce-toi un peu plus dans le ridicule. La femme n’eut pas l’occasion de répondre davantage car Olive l’éloignait de leur table. D’un côté, elle s’était sûrement rapidement rendue compte que ça ne servait à rien de la chercher plus alors qu’elle était saoûle. « Est-ce que tout va bien Docteur ? » « Helen. » Répéta-t-elle en articulant, comme si elle n’avait pas bien imprimé son prénom. « Un verre d'eau peut-être ? » Helen laissa s’échapper un pouffement de rire, alors qu’au fond elle n’avait absolument pas envie de se moquer de son ancienne interne qui était déjà bien gentille de ne pas la laisser tomber encore plus bas. « Pas très drôle le ver’ d’eau. » Pourtant, il lui ferait le plus grand bien à ses esprits. Son cerveau était à sec, déshydraté. Mais ça ne l’empêchait pas de terminer le restant de sa bière. En buvant les dernières gouttes, la chirurgienne eut comme un flash. « Me dites pas qu’j’ai foiré vot’ rencard ? » Après tout, Helen ne connaissait pas l’orientation sexuelle d’Olive, elle visait peut-être juste. Elle voulut tourner la tête vers la femme qui l’avait agressé -elle exagérait à peine-, sauf que le mouvement lui donna le vertige. Elle s’aggripa aussitôt au bras d’Olive, pour se maintenir debout, et se ravisa d’héler l’inconnue. Helen préféra se masser les tempes, alors qu’un moment de pleine conscience s’affirmait en elle : « J’vais p’tet prendre l’eau en fin d’compte. » Accompagnée et surtout maintenue par Olive, les deux femmes s’avançèrent vers le bar où on lui commanda un verre d’eau. Helen s’installa difficilement sur l’une des chaises hautes, puis elle descendit d’une traite le verre d’eau qu’on posa face à elle. « Merci… » murmura-t-elle, autant à l’encontre du serveur derrière le bar qu’à Olive qu’elle n’osait plus regarder. Son malaise l’avait comme réveillé, rappelé à l’ordre… et elle savait que son état n’était pas beau à voir. Pour une fois, Helen Stenfield préférait se taire devant Olive. Quel exploit.

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Olive était carrément sur les fesses de voir le mirage prendre forme sous ses yeux. Avait-elle autant bu que cela? Pourtant non, elle était restée même carrément sage ce soir. La brune battit des cils rapidement comme pour chasser un mauvais présage. Mais non, ce n'était pas une hallucination, pas du tout même. Bon sang, elle n'était donc plus tranquille à ce point. Hélen revenait à peine dans son monde qu'elle devait maintenant la croiser à tous les coins de rue. Un véritable enfer. Mais c'était sûrement une punition qu'elle méritait finalement. « App’lez-moi Helen, on est pas à l’hôpital. » Olive préféra hocher la tête pour toute réponse. Il n'était pas vraiment question qu'elle change sa ligne de conduite sous prétexte que la brune était dans un mauvais état. Cet humeur intriguait d'ailleurs beaucoup Olive qui n'avait jamais eu l'occasion encore de voir Hélen autrement que comme un tyran pourvu d'émotions. Intéressant mais sûrement provisoire malheureusement. « C’ta robe qu’est pitoyable. » Olive soupira en entendant le retour de bâton de la chirurgienne mais dieu merci, son amie ne bougea pas d'un millimètre alors qu'Olive s'éloignait. Cela aurait sûrement viré au drame de toute évidence, et il n'était pas question qu'Hélen Stenfield ne lui fasse encore passer un mauvais moment. Décidément, cette femme était une véritable sangsue. « Helen. » Olive soupira avant de répéter. « Hélen oui. » Peu importe, demain ce serait totalement oublié de toute manière alors autant cesser de se formaliser. « Pas très drôle le ver’ d’eau. » Elle avait visiblement décidé de continuer à être pénible. Cela ne changeait pas même quand Hélen perdait ses moyens, super. « Certes, mais c'est mieux que rien. » Cela permettrait aussi à la brune de redescendre, ou du moins de faire un arrêt sur l'alcool le temps de retrouver ses esprits et elle en avait grand besoin. Pour autant, Olive n'insisterait pas. Après tout, ce n'était pas son combat en voyant finalement la brune finir d'un trait son verre. « Me dites pas qu’j’ai foiré vot’ rencard ? » Olive fronça les sourcils en regardant tour à tour son amie et la chirurgienne. De quoi avait-elle l'air dans le fond aux yeux de la brune? Olive n'en avait pas la moindre idée, et elle n'était même pas certaine de vouloir le savoir. Les ongles d'Hélen s'enfoncèrent dans son bras au point d'arracher une grimace à Olive qui pourtant ne la repoussa pas. « J’vais p’tet prendre l’eau en fin d’compte. » - « Bonne idée oui. » Enfin elle devenait un peu raisonnable, ce n'était pas trop tôt. Olive s'arma de patience pour accompagner la chirurgienne jusqu'au bar. L'Australienne patienta le temps que ce cirque se termine enfin. Une fois le verre d'eau descendue, elle était prête à faire demi-tour quand finalement la voix d'Hélen percuta ses propres pensées. « Merci… » La brune hocha lentement les épaules. « Ce n'est pas grand chose. » Mais finalement, peut-être qu'elle aurait mieux fait de rester assise sur cette banquette et de ne faire rien d'autre que ça. Peut-être qu'elle aurait mieux fait de laisser son amie lui sauter au cou pour quelques paroles mal placées. Cela aurait réglé rapidement cette histoire. Mais Olive n'était pas comme ça. C'était une altruiste prête à tout pour les autres, et visiblement même ceux qui lui avait fait du mal. Une sentence qu'elle méritait de toute évidence. « Avez-vous besoin que je vous appelle un taxi ? Ou quelqu'un ? » Puisque de toute évidence, il n'était pas question qu'Olive la laisse repartir dans cet état toute seule. « Avez-vous besoin de quoi que ce soit? » Pourvu que ce soit rapide et efficace d'ailleurs. L'Australienne prit place à côté de la chirurgienne, commandant dans la foulée deux autres verres d'eau. Ce ne serait sûrement pas de trop.

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Si Helen avait été suffisamment consciente de son comportement, la chirurgienne aurait prié pour que personne ne prenne son téléphone et ne la filme dans son état actuel. A part Olive, peut-être ne connaissait-elle personne d’autre, et ça l’arrangerait effectivement… avec la génération actuelle, le smartphone visé à la main, ce genre d’incident arrivait bien plus fréquemment. Quelle réputation aurait-elle à la suite, si un petit malin s’amusait ensuite à publier une vidéo d’elle saoûle dans un bar ? Elle imaginait déjà son père lui tomber dessus, la direction de l’hôpital lui remonter les bretelles. En tant que spécialiste de la médecine, ça pouvait très bien ne pas être bien perçue que d’être bourrée, alors qu’on faisait suffisamment de prévention pour éviter ces comportements à l’hôpital. « Certes, mais c'est mieux que rien. » Olive n’avait pas entièrement tort, le verre d’eau était la meilleure idée possible dans ce bar pour la jeune chirurgienne. Si elle ne souhaitait pas se mettre à vomir toutes ses trippes d’ici quelques minutes, il valait mieux qu’elle tourne désormais à l’eau. Finalement, en sentant la tête lui tourner sérieusement en terminant son bière, Helen se ravisa et accepta l’offre d’Olive. Si elle lui offrait en plus, c’était fantastique ! « Ce n'est pas grand chose. » Elle se sentait un petit peu mieux une fois assise face au bar, elle avait la possibilité de poser ses coudes dessus pour maintenir le haut de son corps relevé. Néanmoins, sa prise de conscience lui donnait l’envie de cacher son visage entre ses mains. Elle n’était pas fière d’elle… quelle déception de sa part que de constater qu’elle pouvait devenir si faible face aux ennuis qu’elle affrontait dans sa vie personnelle. Elle préférait se taire pour le moment, pour éviter de s’enfoncer davantage. Et puis, cela laissait une ouverture à Olive pour s’extirper de cette situation assez cocace. C’était la chirurgienne qui s’était montrée cruelle à son égard pendant plusieurs années, encore même la dernière fois au dispensaire. Et pourtant, l’interne lui tendait la main pour l’aider. Ce n’était peut-être qu’un simple verre d’eau, aux yeux d’Helen cela commençaient à prendre sens dans sa tête embuée. « Avez-vous besoin que je vous appelle un taxi ? Ou quelqu'un ? » Sloane était partie précipitamment, Izan se trouvait à Paris pour un concert, Nina était de service ce soir. Et il était hors de question qu’on appelle Sam pour venir la chercher. « Ohhh, non. Surtout pas. » Elle faisait référence à la deuxième partie de sa question, comme si au fond elle avait plutôt entendu « avez-vous besoin que j’appelle Sam ? ». « Peur de pas supporter le voyage… j’préfèrerai mieux pas vomir sur la banquette arrièr’. »  C’était pas très glamour à dire, mais c’était la vérité. Il valait mieux éviter qu’elle se sente tanguer dans une voiture et que cela fasse remonter toutes ses consommations. « Avez-vous besoin de quoi que ce soit? » A cet instant même, Helen avait besoin de ne plus sentir sa tête tourner … comme cette fois où elle avait eu la merveille idée -ou pas- de prendre le bus pour aller à l’hôpital et qu’elle était malencontreusement tombé du strapontin au moment où le chauffeur avait freiné un peu trop brusquement. Depuis, elle prenait toujours sa voiture, ou elle demandait à Clarence de l’emmener. Même si ce dernier avait un penchant pour la vitesse, ça restait moins dangereux. « J’sais pas… J’arrive pas à réfléchir correctement. » Soupira-t-elle en s’emparant du deuxième verre qu’Olive venait de commander. Elle était complètement à côté de la plaque, une vraie loque… et ça la gênait toujours que ce soit devant elle. L’interne avait pris place à ses côtés, alors qu’elle aurait facilement eu l’occasion de la laisser en difficulté, seule. « N’dites rien aux autres internes, s’vous plait… » Sa voix était toujours pâteuse, même si l’eau faisait du bien à sa gorge. Sa remarque pouvait sembler bête, mais elle n’avait pas gardé sa tyrannie toutes ces années pour que sa réputation au travail s’effondre du jour au lendemain.

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Même si Olive ne savait pas comment se comporter avec son ancienne mentor, elle n'en oubliait pas moins ses principes en venant en aide aux autres. C'était plus fort qu'elle d'ailleurs, même si elle aurait sûrement mieux fait de laisser la brune dans son embarras. Mais non, elle ne pouvait délibérément par faire cela. Hélen ne méritait pas qu'on la laisse dans un si piteux état sans s'assurer que tout irait bien par la suite, et cela même si elle avait brisé le cœur d'Olive en mile morceaux et à plusieurs reprises. Pour autant, elle restait une personne qui visiblement ne semblait pas aller bien, alors il n'était pas question que l'Australienne reste assise sans rien faire. Au pire, ce n'était pas grand chose, juste une main tendue qui serait aussitôt oublier une fois la gueule de bois de la chirurgienne passer. Demain, tout reviendrait à la normale pour les deux jeunes femmes et tant mieux. La meilleure solution à l'instant était d'attendre que la brune décuve assez pour qu'elle puisse se rendre compte de la situation absurde dans laquelle elle se retrouve. Olive n'avait rien de mieux à faire visiblement que de lui tenir compagnie près de ce bar en attendant que le premier verre d'eau agisse un minimum, même si ce ne serait clairement pas la solution miraculeuse. « Ohhh, non. Surtout pas. » Olive fit la mou à la réponse de la chirurgienne. A son avis, il n'était pas question qu'elle laisse Hélen prendre le chemin de son domicile sans une surveillance, et elle ne pouvait clairement pas se porter volontaire pour cela. Du moins, elle n'en avait pas très envie. « Peur de pas supporter le voyage… j’préfèrerai mieux pas vomir sur la banquette arrièr’. » C'était une drôle façon de refuser que quelqu'un vienne la récupérer pour la dégager de cet endroit, mais Olive ne lui forcerait pas la main. « Et ça ira pour retrouver votre chemin sans personne alors ? » Non pas qu'elle s'inquiétait, ou peut-être un peu, pas assez pour l'admettre à voix haute mais assez pour que sa nature d'altruiste reprenne le dessus sur sa raison. Olive, elle ne devrait pas s'inquiéter autant pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine. Pour quelqu'un qui pendant des années lui a fait vivre un véritable enfer. Mais Olive, elle n'abandonne personne, pas même ceux qui le mérite pourtant. « J’sais pas… J’arrive pas à réfléchir correctement. » A cet instant, Olive ne pouvait s'empêcher de se sentir mal pour son ancienne mentor. La situation semblait plus complexe qu'elle n'en paraissait, mais la jeune femme ne voulait pas dépasser les limites en posant les mauvaises questions. Elle jeta un coup d’œil rapide à son amie qui n'avait pas bouger d'un pouce mais qui semblait prise dans une longue conversation avec une inconnue. Bon au moins, elle était rassurée sur ce point, elle avait encore de nombreuses minutes devant elle avant que son amie ne s'impatiente définitivement. L'avantage finalement d'être accompagnée par des personnes sociables, trop sociable. « N’dites rien aux autres internes, s’vous plait… » La demande d'Hélen fit rire la brune qui ne s'attendait clairement pas à ce genre de retour. Elle plissa les sourcils. « Pourquoi ferais-je cela ? » Est-ce que cela lui ressemblait même un tant soit peu de porter des commérages ainsi ? « Je n'ai aucunement l'intention de vous faire du tort, vous savez.. » Elle aurait pu aisément ajouter "je ne suis pas vous" mais elle pinça les lèvres pour ne pas le faire. Ce n'était pas le moment, Hélen souffrait déjà assez comme ça pour qu'elle en rajoute une couche. Olive s'accouda à son tour au bar en prenant une longue inspiration. « Vous tenez donc à votre image tant que cela? » Olive était curieuse de la réponse que pourrait lui apporter la chirurgienne qui semblait toujours faire attention à comment se tenir, comment sourire, ou comment blesser un interne. Parce que pour Olive ça n'avait aucune importance ce qu'on pouvait penser d'elle. Enfin, elle aimait être dans l'ombre c'était sûrement ça la différence finalement, alors elle ne comprenait pas que tout un coup, dans un élan de crainte on puisse penser d'abord à l'avis des autres avant le reste. « De quoi avez-vous vraiment peur ? »

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Quiconque connaissait suffisamment Helen savait que boire autant n'était pas dans ses habitudes. En tout cas, boire seule. Festoyer auprès de son amie Sloane ne comptait pas, car elle mettait cela sur le compte de la joie d'être à ses côtés. Même si -honnêtement, avouons-le, Helen buvait pour les mêmes raisons en présence et en l'absence de sa meilleure amie. Son quotidien la pesait, et elle avait eu tellement envie de l'oublier l'espace de quelques heures grâce aux effets indésirables de l'alcool. Le résultat final n'était pas beau à voir, la chirurgienne se retrouvait dans un sale état. Et s'ajouter à cela la participation de son ancienne interne à ce désastreux spectacle. Etonnamment, Olive ne fuyait pas. Après tout le mal qu'Helen lui avait fait, elle restait à ses côtés, et semblait même s'inquiéter de son bien-être. « Et ça ira pour retrouver votre chemin sans personne alors ? » Mais pour qui la prenait-elle ? Helen connaissait par cœur la route pour rentrer chez elle. Que croyait-elle ? Qu'elle venait tout juste d'obtenir sa licence de conduite ou quoi ? « Baaah. Vui. Au pir' j'mets le GPS. » Elle fronçait les sourcils, pas certaine de comprendre où elle voulait en venir à la questionner ainsi sur la manière dont elle allait rentrer, alors que c'était pourtant évident. Comme quoi, l'alcool pouvait faire des ravages sur la capacité de réflexion, même chez une grande chirurgienne. Et d'ailleurs, Helen lui témoigna toute la difficulté dont elle faisait face pour réfléchir correctement à cet instant-même, ce qui l'invita à descendre les verres d'eau que lui servaient volontiers le serveur du bar. Alors qu'elle était à deux doigts de perdre l'équilibre sur sa chaise, la seule chose qui semblait véritablement la soucier maintenant, c'était qu'Olive n'aille tout raconter aux autres internes. Stupide, n'est-ce pas ? « Pourquoi ferais-je cela ? Je n'ai aucunement l'intention de vous faire du tort, vous savez..» Sa réponse la surprit au point de lui faire retrouver un nouveau moment de lucidité, et elle planta son regard aux pupilles dilatées dans le sien. Elle était sérieuse ? Elle n'allait vraiment rien rapporter à ses anciens copains sur cette situation ? C'était pourtant une occasion en or pour elle de se venger pour tout ce qu'elle lui avait fait endurer. « Vous tenez donc à votre image tant que cela? » « C'serait p'tet amplement mérité... » Souffla-t-elle, en faisant explicitement référence au comportement de tyran qu'elle avait eu à son égard toutes ces années. Jamais satisfaite, toujours critique, voilà la personne qui lui avait fait de son internat un enfer, au point qu'elle démissionne deux ans plus tôt. Quel gâchis, Helen le savait. Elle ignora sa question, car au fond elle savait que la réponse était positive. Oui, la chirurgienne tenait à son image de tyran. Ce respect -ou la peur ?- qu'elle inspirait chez ses internes, elle ne voulait pas le perdre. « De quoi avez-vous vraiment peur ? » Cette question lui serra plus le cœur qu'elle ne put certainement l'imaginer. Des peurs, la chirurgienne en avait tout un tas. En temps normal, Helen lui aurait ris au nez d'essayer de percer ses secrets. Mais ce soir, elle était bourrée. Alors, elle allait parler. « Décevoir mon père » commença-t-elle, en détournant néanmoins les yeux de ceux d'Olive, comme pour se préserver de sa réaction. « Et qu'il me dise : "tu vois, je te l'avais dis que si tu te montrais trop tendre, on te boufferais" » Rien qu'à ces mots, n'importe qui s'apercevrait de cette insoutenable pression qu'exerçait son père sur elle. Mais plutôt que de l'affronter, Helen se laissait suffoquer encore un peu plus chaque jour.

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@Helen Stenfield  ☆ crédit/adelaidekane03

C'était assez étrange de voir Hélen dans un autre élément que celui de l'hôpital. De la voir tout d'un coup démunie et apeurée vis-à-vis de ce qui pourrait arriver ou non. De savoir si sa réputation pourrait être définitivement entachée pour un simple moment d'égarement. Olive aurait pu se saisir de la situation pour lui faire payer la monnaie de sa pièce, pour enfin prendre sa vengeance sur ce démon, mais il n'en était pas question. Parce qu'alors, elle ne serait plus cette femme au cœur pure et à la gentillesse sans limite. Olive ne voulait pas et ne céderait pas à passer du côté obscur de la force pour une vielle chamaillerie. A ce point, Hélen n'en valait clairement pas la peine. Au contraire, pour une fois, elle avait besoin d'aide et Olive était prête à lui tendre la main, même si le chien finirait sûrement pas la mordre à un moment ou un autre. Après tout, la brune s'attendait à tout de son ancienne mentor. Cette vipère sans cœur. « Baaah. Vui. Au pir' j'mets le GPS. » L'Australienne soupira à la réponse assez puérile de la chirurgienne. Elle était d'un ridicule sans nom, mais après tout Olive n'était pas sa mère, alors si elle pensait pouvoir le faire seule que grand bien lui fasse. Olive n'insisterait pas, tant pis. « Aucun problème. C'est vous l'adulte après tout. » Même si on ne pouvait pas dire que c'était vraiment le cas ce soir. En tout cas, Hélen ressemblait à une petite chose fragile et c'était bien tout. La brune, elle pourra vite mettre de côté ses mésaventures, parce qu'à défaut, elle avait toute sa tête pour réfléchir encore, ce qui ne semblait pas être le cas de tout le monde ici. Mais elle n'était pas non-plus là pour faire du mal à la jeune femme, même si elle semblait clairement penser le contraire. Comment pourrait-elle même l'envisager ? C'était en dehors de tout ce qu'était Olive Sterling. « C'serait p'tet amplement mérité... » La brune haussa les épaules. « Bien sûr que ça pourrait l'être. Mais qu'est-ce que j'y gagnerai dans le fond ? Hormis être un monstre. » Comme vous. Et elle ne serait jamais comme elle, c'était un fait. Ne pas faire de mal aux autres gratuitement était une bonne chose. Et pourtant, dieu qu'elle avait souffert de la présence de la chirurgienne dans sa vie. Elle lui avait fait énormément de mal, au point qu'elle renonce définitivement à son "rêve" de devenir une grande chirurgienne. Alors qu'Hélen, elle aurait pu être de ceux qu'on admire, qu'on envie, mais à la place, elle avait donné tout l'effet inverse aux internes. Devenant un tyran, simplement. Mais elle était curieuse Olive de savoir comment on pouvait devenir ainsi. De comprendre pourquoi on pouvait être foncièrement méchant sans aucune justification. « Décevoir mon père » Les sourcils de l'Australienne se froncèrent sur son visage. Bizarrement, elle était bien placée pour le comprendre. Ne pas décevoir ses parents avait été son crédo pendant des années. « Et qu'il me dise : "tu vois, je te l'avais dis que si tu te montrais trop tendre, on te boufferais" » - « Je sais ce que c'est. » Elle soupira, peut-être un peu trop longuement d'ailleurs, laissant son regard se perdre dans le vague. « Mais comment savoir s'il a raison ou non ? » Puisque jusqu'à présent, Olive n'était pas certaine d'avoir entendu une seule fois un mot gentil de la part de la chirurgienne. « En quoi son avis pourrait être important actuellement ? » Elle devait admettre profiter un poil de l'esprit embrumé de la brune pour l'interroger. Ce n'était pas bien, mais c'était l'occasion de connaître enfin la vérité sur ce qui pousse un humain à être désagréable avec les autres. Après tout, elle pouvait en profiter un peu non?

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@Olive Sterling 20 avril 2024 - canvas
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Par respect pour le passé de Sam, Helen ne consommait jamais d'alcool en sa présence, pour ne pas raviver des souvenirs trop douloureux chez son époux. Lorsqu'elle buvait, c'était en extérieur, chez des amis, au restaurant, au bar, mais jamais chez eux. De toute manière, ce n'était pas non plus ce qu'Helen faisait en premier lorsqu'elle rentrait à la maison, et ce n'était pas vital pour elle de manger avec un verre de vin ou autre. L'alcool, c'était généralement avec modération, même lorsque Sam ne l'accompagnait pas chez les dits amis ou en d'autres occasions. Cependant, ce soir, la chirurgienne se retrouvait dans un état plutôt inhabituel, et elle se sentait presque chanceuse d'être tombée sur Olive après le départ de Sloane, même si ça n'aurait jamais été son premier choix dans l'optique où on lui avait demandé de choisir une personne pour la ramasser à la petite cuillère. Évidemment qu'Helen craignait que cette soirée ne soit plus un secret pour personne à l'hôpital, et elle l'aurait bien mérité de la part d'Olive. Elle tenait sa vengeance, alors la brune ne serait pas étonnée qu'elle saisisse véritablement cette chance de lui faire regretter son comportement des dernières années à son égard à l'hôpital. « Bien sûr que ça pourrait l'être. Mais qu'est-ce que j'y gagnerai dans le fond ? Hormis être un monstre. » « Bah, fait' comme bon vous sembl'. » Helen haussa des épaules, comme si le fait qu'elle devienne un monstre lui faisait ni chaud ni froid. Olive faisait ce qu'elle voulait, Helen ne la supplierait pas pour qu'elle ne propage aucune rumeur à propos de cette soirée... quitte à ce que cela arrive, elle garderait au moins son honneur en assumant la responsabilité de ses actes dignes du tyran qu'elle était devenue aux yeux de tous les internes, Olive y compris. Néanmoins, les nombreux verres ingurgités ne lui permettaient pas d'être complètement lucide et c'est en toute honnêteté qu'elle répondit à Olive lorsque cette dernière lui demanda de quoi elle avait peur. C'était simple : son père. « Je sais ce que c'est. » Si elle avait détourné le regard pour ne pas tomber sur celui de son interne en train de la juger, Helen l'observa de nouveau très rapidement, sans vraiment s'attendre à ce qu'elles partagent le point commun du paternel trop strict. « Mais comment savoir s'il a raison ou non ? En quoi son avis pourrait être important actuellement ? » Parlait-elle de son père à elle ou de son propre père ? En tout cas, cette question résonnait forcément en elle, de toute manière. Et bizarrement, Helen ne butait plus sur les mots lorsque ce sujet intime de sa vie se retrouva sur la table. « Un père, il faut le rendre fier ? c'est pas ça notre rôle ? » C'était ainsi qu'elle avait été élevée, de son côté. Rendre fiers ses parents, avant même d'être fière d'elle-même. Le regard des géniteurs, plus important que son regard à elle. C'était bien triste, en y repensant. « La compétition est rude avec mon frère aîné, alors il faut que je fasse mieux que lui pour que mon père soit fier de mes exploits. » Pour qu'il la remarque, quoi. Avoir la reconnaissance de ses parents, c'était primordial depuis tant d'années, même si c'était pesant, étouffant. « Et ma mère, elle me harcèle en attendant que je lui ponde un petit-fils. » Finalement, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre, les deux étaient tout aussi pesants, à leur manière. « Vos parents à vous aussi vous bouffent la vie ? » Il n'y avait pas meilleurs mots pour décrire ce qu'elle ressentait vraiment : ses parents lui gâchaient la vie.

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@Helen Stenfield  ☆ crédit/adelaidekane03

Malgré tout, Helen Stenfield la rendait complétement folle. Dans cet état, elle paraissait plus docile, plus sage en quelque sorte et pourtant, Olive ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au ciel face au comportement de la chirurgienne. Un aspect qui était loin de l'image dont elle se faisait. Olive pensait que la brune était toujours impeccable, sans un poil de travers. Visiblement, elle faisait fausse route. « Bah, fait' comme bon vous sembl'. » Et c'est ce qu'elle comptait faire Olive. Cette soirée resterait entre elle et son ancienne mentor. Elle ne voyait pas le nécessaire à rapporter ce genre de passage. Cela n'intéresserait personne de toute manière. Finalement, ce ne serait qu'un secret de plus entre Olive et le reste du monde. Peut-être qu'un jour elle finira par en rire, mais pour l'instant elle était juste fatiguée. Si Hélen ne voulait pas d'aide, alors elle ne forcerait pas les choses. Olive devait comprendre qu'elle valait mieux que de perdre son temps pour quelqu'un qui ne changerait jamais. Et cela même si elle était curieuse de comprendre pourquoi Hélen était une femme aussi désagréable, qu'est-ce que la vie avait bien pu lui faire pour en arriver à détester les autres ainsi ? Avait-elle au moins le temps de vraiment s'y intéresser ? Sûrement pas non, mais c'était aussi plus fort qu'elle. Ne posant sûrement pas les bonnes questions, Olive ne se détacha pas tout de suite du bar, profitant légèrement de la faiblesse de la chirurgienne pour l'interroger. « Un père, il faut le rendre fier ? c'est pas ça notre rôle ? » Une façon de penser qui était le reflet des propres songes d'Olive. Oui, c'est ce qu'elle avait cru, c'est ce qu'elle avait fait même. Jusqu'à ce que tout soit trop difficile, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle n'était plus elle-même. Olive pouvait le rendre fière, mais autrement qu'en suivant à la lettre ses propres idées. Elle valait mieux que cela, et c'était avant tout pour sa propre santé mentale. « La compétition est rude avec mon frère aîné, alors il faut que je fasse mieux que lui pour que mon père soit fier de mes exploits. » - « Je comprends, même si vous finirez sûrement par le regretter. » Hélen n'était pas Olive, c'était certain, mais étrangement, ses propos résonnaient bien trop en elle. Comme si tout d'un coup, elles avaient quelque chose de plus grand à partager. Mais ce n'était qu'une illusion. « Et ma mère, elle me harcèle en attendant que je lui ponde un petit-fils. » - « Et ça aussi, vous allez finir par le faire pour satisfaire quelqu'un d'autre? » A vrai dire, elle n'en avait que faire de la réponse que pourrait lui rendre ou non la chirurgienne, parce qu'au fond, cela voulait simplement dire que l'avis des autres étaient plus important que le reste. Olive s'en voulait d'avoir été si bête face au comportement d'Hélen pendant ces dernières années. Peut-être que si elle avait réalisé les choses plus tôt, cela lui aurait fait beaucoup moins de mal que nécessaire. « Vos parents à vous aussi vous bouffent la vie ? »  Oui c'était le cas, mais elle était assez lucide pour ne pas avoir envie de faire de confidence à Hélen. Ce moment avait été fort sympathique, mais elle n'avait pas à avouer quoi que ce soit à la chirurgienne qui visiblement n'attendait que des ragots supplémentaires. Pour toute réponse, Olive hocha la tête avant de pincer ses lèvres. « Bon, vous avez l'air dans un état moins pitoyable que tout à l'heure, j'vais donc partir. » Elle pouvait se débrouiller maintenant non ? « Faites attention à vous. » Voilà les derniers mots qu'elle prononcerait ce soir. Voilà la dernière fois qu'elle s'inquiéterait pour cette femme. Olive tourna lentement les talons pour récupérer son amie qui s'impatientait avant de quitter une fois pour toute le lieu. Laissant ainsi ses angoisses dans le fond du bar, promettant de ne pas se soucier de ce qui n'en valait plus la peine.

rp terminé