Mavis a ramené la robe, évidemment. Mais Mavis ne l’a pas fait en en discutant avec Ambrose, évidemment que non. Il s’attendait à ce point, il savait que la façon dont s’est terminée leur discussion lors du gala de médecine allait de pair avec une absence de son et d’image de la part de la blonde pour les jours à venir - il n’avait pas anticipé qu’ils seraient des semaines, mais peu importe. Il n’en fait pas moins son devoir et son problème que de la remettre à sa place et la soigner, tel le petit bijou d’art qu’est cette robe confectionnée au sein des locaux de Weatherton et imaginée par les têtes de l’entreprise - et un brin Ambrose du haut de son jeune âge, mais il ne souhaite pas en garder le moindre prestige puisqu’il estime qu’il s’agit bien plus d’un avantage donné par sa famille que par une quelconque vision de sa précocité inexistante dans ce milieu.

”On fait des heures supp’, maintenant ?” Il ironise en croisant Nieves dans les couloirs, son visage ne lui étant pas étranger - comme peuvent l’être l’immense majorité des employés de la maison de couture, il faut bien l’avouer. L’espagnole, il la connaît depuis une vie entière ou tout du moins c’est l’impression qu’il en garde. Les mots échangés avec elle sont éparses, rares, et sans grandes conséquences. Son regard s’attarde sur la jeune femme un instant, il ajoute un sourire poli mais ne va pas plus loin - notamment parce qu’il estime qu’il n’y a pas plus à en dire. Elle est une employée comme il en existe beaucoup dans une entreprise aussi immense et il ne peut pas se permettre de construire de grandes discussions avec chacun d’eux, notamment parce qu’il n’en a tout simplement pas envie. Sa propre vie se situe en dehors des locaux, ses aspirations sont bien loin du monde de la mode.

Pour lui, il est aussi bien plus facile d’être le premier à tenir des reproches et à lancer la poque plutôt que d’attendre que cela vienne à lui, quand bien même rien ni personne ne saurait justement avancer avec certitude que Nieves aurait eu pour réflexe de lui reprocher Dieu sait quoi. Ambrose commence simplement à comprendre mieux que jamais que la périlleuse des défenses réside dans l’attaque. Il s’était juré d’être un aspirant politicien différent mais il n’a pas tenu parole, aujourd’hui bien trop conscient que le monde est un endroit particulièrement sombre où les bonnes intentions ne peuvent mener nulle part. Il en sera toujours doté, mais il devra apprendre à faire la part des choses tout en acceptant que tous les moyens sont bons pour arriver au sommet. Cassie en a un temps payé le prix, même s’il veut croire qu’elle n’a pas payé le prix de grand chose et qu’ils se sont contentés de se mettre à deux dans une position difficile. Rien de plus (grand Dieu, non) et rien de moins. ”Tu peux arrêter de me dévisager. Je pose, je prends pas.” Et quand bien même il serait venu chercher cette robe (ce qu’il a déjà fait), elle n’aurait rien à en dire. Pour marquer l’humour de son ton, il lève ses deux mains en l’air tel le ferait un bandit sous le joug de l’arme de la police. ”Je dois remplir un rapport quand je respire aussi ou ca ira ?” Et peut être que oui, au fond il cherche bien plus que de raison, simplement pour avoir l’illusion de contrôler au moins une de ses relations alors que c’est bien loin d’être le cas pour Ruben et Mavis, dont le silence radio est particulièrement pesant.