ahogaría mis penas, si pudiera

@Helen Stenfield • Malte, août 2024

Demander à Helen de le rejoindre à Malte, sur papiers, ce n’est peut-être pas l’idée du siècle. S’il a certes échangé plusieurs messages avec la chirurgienne, les deux n’ont pas franchi le cap de se retrouver physiquement l’un en face de l’autre depuis qu’ils l’ont été un peu trop, justement, craignant peut-être que la situation soit bien trop gênante sans pouvoir l’écourter : l’ironie étant que le bateau a beau être suffisamment grand pour ne pas se marcher sur les pieds, ils ne pourront que difficilement s’éviter si c’est le cas. Mais il est trop plongé dans l’abysse de sa torpeur maussade pour véritablement s’en formaliser car tout ce qu’il veut, Izan, c’est que sa meilleure amie exécute le voyage pour le rejoindre et qu’elle soit près de lui, qu’elle le (ré)conforte dans l’idée que ce n’est pas de sa faute et que, elle, elle ne compte pas l’abandonner.
Et puisqu’Helen n’hésite pas à sauter dans le premier vol qu’il réserve pour elle, le pianiste trouve une sensation presque immédiate de soulagement lorsque la belle brune met les pieds sur la bateau, revenu au port de La Valette pour l’accueillir. ’’Tu as coupé tes cheveux ?’’ qu’il dit en remettant le pied sur la terre ferme, lui octroyant un sourire sincère qui forme quelques petits plis aux coins de ses yeux, cachés derrière des lunettes de soleil aux verres teintés. ’’Ça te va bien…’’ même plus que bien, même si Helen n’a clairement pas besoin d’une quelconque nouvelle coiffure pour être radieuse et, d’ailleurs, elle l’est un peu trop pour quelqu’un dont le mariage est en déroute, non ? ’’Nouvelle coupe pour une nouvelle vie ?’’ formant une petite moue qui est lourde de sous-entendus, il apporte l’une de ses mains à ses cheveux qui flottent au-dessus de ses épaules, avant de glisser sa main dans son dos pour l’attirer contre lui, ressentant le besoin presque primaire de ressentir sa présence, concrète, physique, immuable. Elle est là, Helen, et le pianiste a l’impression de ne plus être infiniment seul face à l’incompréhension et face au chagrin. ’’Je suis content que tu sois venue… Merci.’’ il est rarement aussi grave, Izan, aussi nu dans l’expression de ses émotions, puisqu’il n’y a aucun fard de malice ou d’artifice derrière ses mots de gratitude, et il glisse ses deux mains auprès de son visage pour embrasser son front. Il n’y a définitivement rien de cassé, entre eux, rien d’abimé et rien de souillé : leur amitié est telle qu’elle l’a toujours été. ’’Allez, viens, je vais te montrer ta chambre. Enfin, tu prendras celle que tu préfères.’’ et puisque le bateau est suffisamment immense pour accueillir jusqu’à douze personnes, nul doute qu’elle aura l’embarras du choix, Helen. ’’Donne-moi ça…’’ prenant sa valise dans sa main, il l’aide à embarquer sur le premier pont, avant de la rejoindre à son tour, bien décidé à profiter de ses derniers jours de vacances en compagnie de celle qui, malgré les épreuves, malgré l’éloignement, n’a jamais manqué à sa promesse : être toujours là pour lui.

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6 août 2024 - malte
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'viens, s'il te plaît'. Il n'avait fallu que cinq mots pour convaincre la chirurgienne d'appeler l'hôpital pour les prévenir de son absence, puis de sauter dans le premier avion pour Malte pour rejoindre son meilleur ami, alors qu'elle n'avait pas revu ce dernier depuis le mois de Mai. Depuis qu'ils avaient couché ensemble, après des heures à enchaîner les verres de vin, en critiquant leur conjoint. Ce moment charnel était une erreur, Helen s'en était rendue compte à l'instant même où ses yeux embués avaient rencontré la place vide à ses côtés en se réveillant le lendemain matin, dans le lit d'Izan. Suite à cela, les deux amis s'évitaient comme la peste... enfin, la jeune femme avait bien tenté de contacter le pianiste, en lui indiquant que ses clefs restaient cachés à l'endroit habituel après son départ de l'appartement. Pas top comme amorce de discussion, mais le pouce reçu en retour fut comme une violente claque. Et pourtant, Helen se dirigeait vers Malte, pour y passer des vacances auprès d'Izan. Son 's'il te plaît' sonnait étrangement, et malgré le froid indiscutable entre eux, malgré une reprise de contact par SMS uniquement, le lien qu'elle partageait avec le pianiste n'était pas encore totalement brisé, puisqu'elle sentait une urgence à ce qu'ils se retrouvent. Peu importe qu'ils se disputent, qu'ils boudent, ou que leur emploi du temps respectif ne leur permette pas toujours de se voir tous les jours, Helen serait à jamais présente pour son meilleur ami, qui n'avait pas perdu sa place de personne très importante à sa vie, voire même primordiale. Alors si Izan nécessitait sa présence à ses côtés, elle courrait pour venir à son secours, comme toujours.
Son souhait le plus cher était évidemment que les choses ne soient pas trop étranges entre eux, après s'être goûté de toutes les façons à cause de l'alcool et de leur mésaventure amoureuse. Elle espérait sincèrement qu'ils arrivent à passer au-delà, et qu'ils se retrouvent comme autrefois ; complices, taquins, affectueux, sincères et honnêtes. Elle ne songeait qu'à cela sur la totalité du trajet en avion, puis jusqu'au port de La Valette où l'attendait le bateau, et surtout son meilleur ami. En le voyant pour la première fois depuis longtemps, une joie incommensurable la parcourut, si bien que son regard s'humidifia derrière ses lunettes de soleil. Il lui avait tellement manqué. « Tu as coupé tes cheveux ? » Instinctivement, la jeune femme porta ses doigts à ses cheveux, ayant presque oublié qu'ils étaient plus courts que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, puis elle acquiesça délicatement de la tête. « Ça te va bien… » Un large sourire étira ses lèvres, accueillant ce compliment comme un signe que les choses redeviendront comme avant entre eux, plus facilement que ce qu'elle imaginait. « Merci » Souffla-t-elle simplement sans attendre davantage, alors qu'autrefois elle aurait cherché à le charrier d'une manière ou d'une autre. Pour le moment, elle voulait juste profiter de leurs retrouvailles, sans combler la gêne par des clowneries. « Nouvelle coupe pour une nouvelle vie ? » S'il savait, les changements qui s'étaient opérés dans sa vie... Mais Helen n'eut pas le cœur à répondre tout de suite, puisque la main du pianiste vint se loger dans son dos pour l'attirer contre lui. Ce contact la fit frémir, puisqu'évidemment, son corps se souvenait de la dernière fois qu'il l'avait touché. Les cellules de sa peau ne pourraient pas oublier si facilement ses caresses et ses baisers, il leur faudrait du temps, sans pour autant lui intimer de recommencer. Cela, il en était hors de question. Son étreinte, la jeune femme la lui rendit, en inspirant son parfum pour s'assurer que leurs retrouvailles étaient bien ancrées dans la réalité, et non dans un énième rêve où elle se réveillait ensuite terriblement déçue de ne pas pouvoir se confier à cette personne si importante à son cœur... Helen ne voulait plus qu'ils se quittent, elle ne voulait plus que quoique ce soit les sépare et mette en péril leur amitié. « Je suis content que tu sois venue… Merci. » « Je t'ai promis que je serai toujours là pour toi. » Dit-elle, pleine de sincérité, alors que sa main caressait légèrement le creux entre ses omoplates, avant de reculer sa tête de son torse pour planter son regard dans le sien, qu'elle percevait à travers ses verres teintés. « J'ai senti que ça n'allait pas. » Osa-t-elle avancer, tandis qu'elle cherchait des réponses dans ses yeux, ou grâce à un quelconque indice sur son visage, avant qu'il ne dépose un baiser sur son front, comme pour l'empêcher de le sonder davantage maintenant. Elle ne lui demanderait donc pas tout de suite si ça allait, ou non, ils auraient de toute façon tout le temps pour en parler plus tard, une fois qu'elle serait installée. « Allez, viens, je vais te montrer ta chambre. Enfin, tu prendras celle que tu préfères. Donne-moi ça… » Leurs corps se détachèrent, aussi naturellement qu'ils s'étaient retrouvés pour une étreinte confirmant l'état intact de leur amitié. « Il y a combien de chambres au juste sur ton palace flottant ? Tu t'es fais plaisir, il est grandiose ce bateau. » Son attention se porta désormais sur le navire, qui en jetait carrément, il fallait l'avouer. « J'imagine que ta tournée a été un succès, pour que tu puisses te permettre cette folie. » Sourit-elle en lui donnant un léger coup de coude dans les côtes, avant qu'il ne s'empare de sa valise, en veillant évidemment à ne pas lui faire mal. Mais bon, si elle retrouvait vraiment son meilleur ami, ce dernier n'allait pas manquer de feindre la souffrance ultime en arborant sa casquette bien connue de drama-queen. « Tu es à Malte depuis longtemps ? » Lui demanda-t-elle, alors qu'ils étaient désormais tous les deux sur le bateau. Helen se figea, attendant qu'Izan la guide sur le chemin à suivre pour qu'elle puisse choisir sa chambre.

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@Helen Stenfield    ◈ Malte, août 2024

Il y a quelque chose de changé, chez Helen, et cette différence rayonnante n’est nullement liée à la métamorphose capillaire opérée chez sa comparse, mais c’est davantage présent sur son visage, dans l’expression même de sa figure, dans l’étincelle nouvelle de ses yeux qui pétillent… Izan n’est pas suffisamment naïf pour ne pas entrevoir une possible rencontre venue illuminer la défaillance de son mariage après les révélations d’infidélité mais, s’il soulève l’hypothèse avec une subtilité qu’on ne lui connaît pas - puisque personne n’aurait été surpris qu’il pose frontalement la question, la belle se garde bien d’assouvir sa curiosité. Elle garde le silence et il plisse davantage ses paupières pendant quelques secondes, comme pour tenter d’apercevoir un bout de vérité caché quelque part sur sa figure, avant de finalement l’appliquer contre son torse dans une étreinte dont ils avaient tous les deux besoin. Puisqu’ils ont cru que leur amitié si précieuse avait volé en éclats, balayée par cette frasque désespérée qui n’aurait jamais dû se produire, et qui a causé bien plus de mal que nécessaire de chaque côté. Dire qu’ils regrettent serait un euphémisme mais Izan est soulagé de sentir que, dans l’étau de leur accolade suave, il n’y a aucune fébrilité : entre eux, rien n’a changé, il y a toujours cette inclinaison affective sincère et indélébile, que le temps et les épreuves n’ont jamais réussi à effacer. Il profite, lui, pendant quelques secondes, de ce contact réconfortant qui vient enrober son coeur avec un apaisement illusoire, qui ne dure pas bien longtemps mais qui lui permet, un court instant, de fermer les yeux en abaissant le menton sur sa chevelure délicatement parfumée, juste avant qu’ils ne se séparent. « Il y a combien de chambres au juste sur ton palace flottant ? Tu t'es fais plaisir, il est grandiose ce bateau. » se retournant machinalement vers le yacht, il griffe sa bouche dans une grimace hésitante avant de brandir la même excuse qu’il avait lancé à Asher ’’Il paraissait plus petit sur les photos !’’ et c’est la stricte vérité, alors il relève l’une de ses mains pour signaler sa parfaite innocence, même s’il doute que sa meilleure amie lui tienne rigueur de la faire voyager sur un tel bateau. « J'imagine que ta tournée a été un succès, pour que tu puisses te permettre cette folie. » - ’’Aïe’’ qu’il lance pour la forme, avant d’hausser ses épaules même si celles-ci lui semblent soudainement lourdes ’’Paraît que c’est le meilleur album que j’ai composé.’’ qui résonne avec une certaine amertume mais, il tâche de repousser son anglais de ses pensées, même si ce dernier est viscéralement accroché à celles-ci ’’Le prochain sera le meilleur.’’ qu’il dit sans grande conviction puisqu’il faudrait déjà qu’il puisse avoir envie de composer et de jouer, ouais, mais c’est important d’y croire « Tu es à Malte depuis longtemps ? » déposant la valise de son invitée sur le sol, il passe la pointe de sa langue sur ses lèvres avant de répondre, d’une voix qu’il s’efforce de garder neutre ’’Quelques jours.’’ pinçant le coeur de sa lèvre, il baisse le menton en semblant se retenir de rajouter quelques choses, partagé entre le besoin de lui confier ses peines et la difficulté de formuler cet échec amoureux à voix haute ’’Je suis venu avec Ash, en fait. Pour essayer d’arranger les choses mais…’’ mais c’est un connard et il est d’accord avec moi ne l’aiderait pas à comprendre ce qu’il s’est passé, dommage ’’Mais on a décidé de se séparer, pour de bon. On n’a pas vraiment la même vision de ce que doit être une relation alors, c’est mieux comme ça.’’ maintenant qu’il l’a dit, il n’attend pas de réponse et reprend la valise pour rejoindre l’intérieur du yacht, l’entraînant vers les cabines pour qu’elle puisse faire le tour des cinq chambres libres et choisir celle qui lui convient le mieux, même si elles sont toutes similaires avec, pour toutes, la salle de bain intégrée. ’’Mademoiselle a fait son choix ?’’ qu’il demande en attendant de savoir dans quelle cabine il doit déposer sa valise.

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@Izan Da Silva 6 août 2024 - malte
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Si la peur de se retrouver face au silence gênant de son meilleur ami l'avait prise durant tout son trajet, Helen fut soulagée de constater que ce poids n'alourdissait plus ses épaules après quelques minutes à peine déjà à ses côtés. L'étreinte qu'ils s'offrirent tous les deux prouvait bien que leur amitié restait intact, malgré leur petite bêtise de parcours... et c'était tout ce qui comptait, aux yeux de la brune, qui aurait ressenti encore plus de peine en venant ici et en constatant de ses propres yeux qu'elle était incapable de sauver ce qu'il y avait de plus cher en son cœur. Le cas contraire, la chirurgienne serait restée docile, et aurait fait le chemin du retour, en pleurs néanmoins, il faut pas pousser le bouchon trop loin. Ces vacances à Malte aux côtés d'Izan s'annonçaient bien, même si elle n'écartait pas qu'il puisse exister des moments de gêne un peu plus tard... puisqu'au fond, Helen espérait bien qu'ils osent parler de ce qu'il s'était passé, pour pouvoir tourner sainement la page de ce chapitre inattendu, et non final, de leur amitié vieille de plus de vingt ans. « Il paraissait plus petit sur les photos !» Quelle excuse, vraiment. D'un autre côté, ce n'était pas pour déplaire à la jeune femme, qui s'était rarement octroyée le plaisir de passer des vacances sur un yacht aussi luxueux. « Paraît que c’est le meilleur album que j’ai composé. » « D'après ce qu'en dise les critiques, oui. » De son point de vue à elle aussi, mais le voile de regrets qui semblait faire passage dans son regard l'invita à ne pas le préciser, puisqu'elle savait que cet album, le pianiste l'avait composé pour son guitariste. « Le prochain sera le meilleur. » Le manque de conviction dans sa voix l'interpelait, et lui confirmait que quelque chose n'allait bel et bien pas chez son meilleur ami. Même s'il tentait de le cacher, Helen savait reconnaître les signes ; Izan était trop sérieux, trop détaché... il n'avait pas ce côté rayonnant et taquin qui le caractérisaient si bien, en temps normal. La brune ne releva pas sa remarque, bien décidée à lui tirer les vers du nez un peu plus tard, lorsqu'elle se serait bien installée. A la place, elle préféra le questionner sur son séjour ici, sans savoir qu'Asher avait eu cette place avant elle : « Quelques jours. Je suis venu avec Ash, en fait. Pour essayer d’arranger les choses mais… Mais on a décidé de se séparer, pour de bon. On n’a pas vraiment la même vision de ce que doit être une relation alors, c’est mieux comme ça. » Un 'oh' de surprise s'échappa de ses lèvres, s'attendant visiblement à tout, sauf à ça. La dernière fois qu'elle avait croisé l'anglais, c'était à l'hôpital... entre temps, ils s'étaient échangés quelques SMS, mais rien de plus. Une certaine amertume persistait chez le blond, et elle arrivait à le comprendre, tout en essayant de faire des efforts pour que cette histoire soit également derrière eux. Du coup, les deux hommes s'étaient laissés une dernière chance ? La chirurgienne était peinée d'apprendre que leur rupture semblait définitive car, même si elle comprenait qu'elle était prise d'un commun accord, il était évident que l'amour du pianiste restait pur et intact, malgré la douleur de constater leur incompatibilité sur ce point vital dans un couple. Et la manière dont Izan balayait le sujet, en comparaison à la dernière fois -outre la quantité d'alcool ingurgité-, cela montrait qu'il ne s'en fichait pas autant que ce qu'il voulait la laisser croire. A nouveau, la jeune chirurgienne n'osa pas en parler davantage maintenant, puisque le pianiste semblait d'abord tenir à ce qu'elle choisisse sa chambre : « Mademoiselle a fait son choix ? » Helen se fichait bien de la chambre dans laquelle elle dormirait, alors elle porta son choix sur la numéro 4, son chiffre fétiche. « Celle-ci sera parfaite. » Dit-elle en la désignant du menton, sans même prendre la peine de visiter l'intérieur. Elle appuya sur la poignée pour pénétrer à l'intérieur de la chambre, puis maintint la porte ouverte pour permettre au pianiste de venir déposer la valise sur le sol. Son regard balaya rapidement les meubles qui la composaient, elle fut époustouflée un instant par l'incroyable vue qui s'offrait à elle, puis Helen attarda de nouveau son attention sur son meilleur ami. « Tu me laisses me préparer, et je te rejoins sur les transats dehors ? J'ai l'impression d'être un peu crasseuse après ce long trajet. » Lui proposa-t-elle, plutôt envieuse à l'idée de prendre une douche pour se 'décrasser', comme elle le disait, mais aussi pour se vider de tout ce stress inutile. Tout était plus ou moins normal entre eux, c'était vraiment rassurant. « Je te promets, je fais vite. » Le pianiste accepta, sans broncher, la laissant tranquille dans sa chambre le temps qu'elle prenne effectivement une douche rapide. Avant de le rejoindre, elle enfila un maillot de bain une pièce à rayures bleues et blanches, ainsi qu'un paréo qu'elle noua à sa taille. Dehors, Izan l'attendait allongé sur un des transats dos à elle, ce qui l'invita à se rapprocher de lui sur la pointe des pieds. La brune manifesta sa présence en agitant sous sous nez un paquet de bonbons qu'elle avait rapporté de Brisbane, avant de déclarer avec un léger rire : « Je me suis dis qu'on en aurait bien besoin. » Exit l'alcool, il valait mieux qu'ils fassent une overdose de sucre à la place, ça les réussirait certainement mieux. Helen lui laissa le plaisir d'ouvrir le paquet de bonbons, pendant qu'elle s'installait sur le transat à côté de lui. Toutefois, elle ne s'allongea pas tout de suite et préféra s'asseoir sur le rebord de celui-ci, les coudes posés contre ses genoux pour planter ses billes foncées dans celles de son meilleur ami. L'observer et lui parler, elle considérait ça comme une chance après ce qu'il s'était passé entre eux. « J'ai envie, et besoin, qu'on crève l'abcès tout de suite. » Déclara-t-elle en glissant sa main dans le paquet pour attraper un bonbon et l'amenait à ses lèvres, pour le croquer délicatement. Depuis que son quotidien était un chaos intersidéral, la chirurgienne avait désormais la fâcheuse manie de ne plus tourner autour du pot. Elle ne voulait pas qu'ils se retrouvent comme deux cons à ressentir de la gêne à cause ce qu'il s'était passé, alors qu'elle tenait sincèrement à ce que les choses redeviennent aussi simples comme avant entre eux. « Je suis désolée de t'avoir embrassé et que ça nous ait mené à ça. » L'alcool les avait beaucoup aidé, elle n'en doutait pas un seul instant, mais elle se souvenait que c'était elle, la première, qui avait amorcé ce rapprochement entre eux. « Je pense qu'on est d'accord sur le fait que ça n'aurait pas dû arriver... » Sa voix était calme, posée, pleine de bienveillance. Elle n'était pas là pour reprocher plus à l'un ou à l'autre, même si au fond elle avait besoin de se confier sur quelque chose qui lui avait fait vraiment du mal. « Mais j'aurais aimé que tu sois là, le lendemain matin, pour qu'on en parle aussitôt... La situation était déjà très difficile à encaisser, ton absence ça m'a mis une sacré gifle dans la gueule. » Et elle s'arrêta là, pour lui laisser le temps et la place pour s'exprimer à son tour. Aujourd'hui, la peine avait disparu, et sa présence ici guérissait ses plaies bien plus vite que durant ces dernières semaines... mais il était bon de mettre les choses à plat entre eux, pour retrouver une base saine pour leur amitié.

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@Helen Stenfield • Malte, août 2024

« D'après ce qu'en dise les critiques, oui. » qui l’oblige à plisser ses paupières en même temps qu’il fronce ses sourcils, visiblement surpris du sous-entendu péjoratif qu’il croit déceler derrière cette phrase qui met en avant le propos d’autrui plutôt que le sien ; est-ce que Helen ne lui accorde pas le même traitement glorieux, à ce maudit album ? ’’Et toi, qu’est-ce que tu en dis ?’’ il ne sait pas si l’idée que sa meilleure amie déprécie ses compositions le vexe ou le soulage ; lui-même n’est pas franchement décidé sur la question, puisqu’il ne peut pas nier que l’écriture a été largement plus facile que pour les précédents, mais la personne rattachée à ces partitions l’oblige à prendre de la distance avec ces dernières. En somme, il ne sait pas trop ce qu’il espère, comme réponse, mais cela ne l’empêche pas de dévisager la chirurgienne pendant quelques secondes, avant de prendre le chemin qui mène aux cabines, en tâchant de ne pas accorder trop d’importance au suffrage remporté par son album ; il nourrit sa carrière avec des lauriers supplémentaires, qu’il récolte sans en apprécier véritablement le goût. On le couvre d’éloges et de félicitations, mais toutes ces acclamations sont amères, douloureuses et lassantes. Puisqu’il l’a écrit pour rien, cet album. Et qu’il n’a plus aucun sens aujourd’hui. ’’On ne va pas tarder à quitter le port.’’ qu’il prévient en déposant la valise sur le lit soigneusement fait, se retournant vers sa comparse en hochant son menton de haut en bas, sans arme de malice à brandir pour dénouer l’étau grave et attristé de son visage ’’Pas de souci, prends ton temps.’’ un dernier regard couplé à un sourire complice, avant de quitter la chambre pour rejoindre la sienne, afin de revêtir un short de bain vert foncé, imaginant que la belle sera désireuse de se baigner ou de profiter du jacuzzi qui trône fièrement sur le pont principal. Décidant de l’attendre en prenant place sur l’une des chaises longues, il délaisse ses lunettes de soleil pour échanger quelques sms avec Jayden, son meilleur ami manifestant une inquiétude légitime à être le témoin éloigné du chagrin amoureux qu’il subit pour la deuxième fois, mais Izan s’en voudrait beaucoup trop de l’obliger à faire le déplacement alors qu’il le sait gravement occupé. « Je me suis dis qu'on en aurait bien besoin. » extirpé de sa conversation virtuelle avec celui qui est comme un frère à ses yeux, il lève un regard surpris vers sa comparse, ses yeux accrochant aussitôt le paquet de bonbons qu’elle agite sous son nez, avec brio puisqu’il abandonne rapidement son téléphone pour s’en saisir, ne tardant pas à l’ouvrir pour piocher une boule sucrée et piquante qu’il apporte à ses lèvres sans grimacer. « J'ai envie, et besoin, qu'on crève l'abcès tout de suite. » oh merde qu’il pense en mâchant bien plus lentement tout à coup, se suggérant l’idée que rien ne lui sera épargné durant ce séjour sur le bateau ; vivement qu’il rentre à Brisbane ! Parce qu’il n’est pas con au point de ne pas comprendre où elle veut en venir, Helen, et il remue lentement ses épaules sous le sentiment d’inconfort qui commence à poindre, et qui lui signale comme un danger dans son environnement proche. C’est elle, le danger. « Je suis désolée de t'avoir embrassé et que ça nous ait mené à ça. » passant rapidement la pointe de sa langue sur ses lèvres, il racle discrètement sa gorge en se redressant sur sa chaise, imitant sa posture sans lâcher le paquet de bonbons, bien qu’il ait soudainement moins envie d’en manger, ayant déjà grande peine à ne pas réduire sa respiration tant l’anxiété l’enveloppe. Pourquoi diable ont-ils besoin d’avoir cette conversation aussi rapidement ? « Je pense qu'on est d'accord sur le fait que ça n'aurait pas dû arriver... » - ’’Tu penses bien, oui.’’ qu’il marmonne avec maladresse pour signifier son accord sur la question, en appliquant une main sur sa nuque courbée, ses yeux regardant le faible espace entre les deux transats. ’’C’était une énorme connerie, et au-delà du mal qu’on a fait aux autres’’ aux deux tocards qui ne méritent assurément pas qu’ils aient pitié d’eux ’’On a fait du mal à notre amitié.’’ mais s’il croit que le plus difficile est passé, il n’est pas au bout de ses peines, le pianiste « Mais j'aurais aimé que tu sois là, le lendemain matin, pour qu'on en parle aussitôt... La situation était déjà très difficile à encaisser, ton absence ça m'a mis une sacré gifle dans la gueule. » s’il ne réagit pas tout de suite, gardant le menton baissé, ce n’est pas parce qu’il est devenu mystérieusement sourd avec le sel marin, non, c’est qu’il ne sait pas répondre. Il mordille le coin de sa lèvre inférieure jusqu’à arracher la petite pellicule de peau qui la recouvre, et dont l’absence lui provoque une brûlure somme toute minime, bien que suffisante pour qu’il arrête et lève son visage vers le sien, soutenant son regard avec une expression de remords sincères ’’Je suis désolé.’’ que peut-il dire d’autre ? Il n’a jamais les réactions qu’il faut, visiblement ’’Je ne savais pas quoi faire, quand je me suis réveillé j’ai… J’ai paniqué, voilà, c’est aussi simple que ça.’’ simple mais surtout lâche et honteux, et il ne se cherche pas d’excuse, il hausse seulement ses épaules en donnant l’impression d’être prêt à encaisser d’autres reproches, si elle en a ressent le besoin.

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@Izan Da Silva 6 août 2024 - malte
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« Et toi, qu’est-ce que tu en dis ?» Craignait-il que son avis soit différent des critiques ? Il fallait dire que sa remarque portait tout à croire que le ressenti de la jeune femme ne tournait pas forcément au positif, alors qu'il l'était, en réalité. Durant ces dernières semaines, la chirurgienne s'était rattachée à son nouvel album pour combler le vide que créait son absence dans sa vie, et elle aimait chacun des morceaux qu'elle savait composés pour Asher. Aujourd'hui, Helen connaissait par cœur la structure de chaque morceau, chaque passage, chaque phrase musicale. Elle savait dire à quel moment les doigts du pianiste allaient adopter un tempo plus lent ou plus rythmé, signe comme quoi le mode repeat avait peut-être eu raison d'elle plus d'une fois. Helen trouvait son album excellent, juste, parfait, mais l'amertume d'Izan pour sa parenthèse amoureuse avec le guitare gâchait toute la fierté qu'il aurait dû normalement ressentir face à ce succès. Il ne voulait pas sûrement pas admettre que les critiques avaient raison, pour ne pas accorder trop de crédit aux efforts donnés pour composer quelque chose d'innovant et de beau, efforts qu'ils considéraient aujourd'hui comme inutiles, n'est-ce pas ? Alors que pouvait-elle bien lui répondre ? La vérité ? Adopter des propos plus tempérés pour ne pas accentuer la peine qu'elle lisait aisément en lui ? La dernière chose qu'elle souhaitait, c'était lui rappeler la joie qu'il ressentait en étant en couple avec l'homme qui le faisait vibrer, tout en sachant que les choses étaient terminées entre eux et ce, peut-être, définitivement. « J'ai toujours été ta plus grande fan...» Commença-t-elle, en voulait prendre un air malicieux, comme elle aurait fait autrefois, puis elle se ravisa, optant finalement pour l'honnêteté. « Il est excellent, c'est un chef d'œuvre, que tu le veuilles ou non. » Ajouta-t-elle en pressant ses lèvres l'une contre l'autre, avant de les étirer en un sourire à la fois sincère et plein d'empathie pour son meilleur ami, qui souffrait encore véritablement de sa rupture avec l'anglais.

La conversation qu'elle débuta sur le pont principal, tous les deux installés dans un des transats, sonna plus sérieusement que toutes les phrases échangées depuis son arrivée. A vrai dire, Helen ne s'imaginait pas passer une semaine à Malte aux côtés de son meilleur ami en prétendant que rien ne s'était passé entre eux. Faire l'autruche, elle l'avait longtemps faite avec Sam, et ça n'avait pas porté ses fruits. Elle avait besoin d'honnêteté entre eux, et contrairement à sa situation avec son époux, la brune était persuadée que parler ne détruirait pas leur amitié, elle en avait l'infime conviction. Cette vérité dont elle avait besoin avec Izan ne les éloignerait pas plus que le fait d'avoir couché ensemble, c'était impossible. S'ils étaient là aujourd'hui, c'était parce que les deux amis se sentaient capable de passer au-delà de cette erreur, pour la simple et unique raison que leur amitié leur était vitale. Néanmoins, si Helen était probablement la plus adulte et responsable des deux en lançant aussitôt les hostilités, elle espérait qu'Izan ne se dérobe pas trop. Si le pianiste usait souvent de malice, c'était aussi régulièrement pour masquer ses véritables émotions. En se confiant à lui sur ce qu'elle ressentait vis-à-vis de cette bêtise entre eux, la chirurgienne attendait de son meilleur ami qu'il reste sérieux, et qu'ils tournent ensemble la page, pour commencer un nouveau chapitre de leur précieuse amitié. « C’était une énorme connerie, et au-delà du mal qu’on a fait aux autres, on a fait du mal à notre amitié. » La chirurgienne hochait la tête au rythme des mots qui sortaient de sa bouche, ne pouvant qu'approuver la véracité de ces derniers. Elle était bien d'accord là-dessus, leur amitié s'était retrouvée ébranlé d'avoir franchi cette limite entre amitié et désir, limite qu'elle s'était toujours jurée de ne jamais franchir, même lorsque des sentiments amoureux avaient vu le jour par le passé. A raison, quel dégât cela aurait-il causé quelques années plus tôt ? Le début de ces explications démarrait plutôt bien, puisque les deux amis pensaient tous les deux qu'il s'agissait d'une véritable bêtise, au jour d'aujourd'hui. Helen se risqua ensuite à lui faire part de son ressenti plus personnel à propos de son départ le lendemain matin, en la laissant éperdument seule dans son appartement. Ses billes le scrutèrent précisément, remarquant chaque petit détail de sa réaction, en passant de sa lèvre mordue aux mouvements répétés de ses narines qui expiraient et délivraient l'air de ses poumons. Lorsque son regard chercha le sien, Izan le trouva aussitôt, puisqu'elle ne demandait que ça, qu'il la regarde et qu'il lise en elle à la fois la douleur vécue sur le moment, mais aussi le soulagement de l'avoir aujourd'hui à ses côtés. « Je suis désolé. Je ne savais pas quoi faire, quand je me suis réveillé j’ai… J’ai paniqué, voilà, c’est aussi simple que ça. » Malgré la déception à son réveil, Helen n'était pas amère. Elle ne voulait pas qu'il prenne ses remarques comme des reproches, car elle était aussi consciente que la situation était étrange, difficile à gérer, autant pour lui que pour elle. Mais sur le moment, la chirurgienne avait cru que la force de leur amitié ne les mènerait pas là où ils s'étaient tous les deux laissés entraînés... Si la réaction d'Izan sous la panique ne lui avait pas plu, Helen savait aussi qu'elle n'avait pas insisté suite à son pouce reçu, alors qu'elle aurait pu aisément le faire, pour qu'ils s'affrontent plus tôt, comme souhaité. « Je te le dis parce que j'ai besoin que tu le saches, pas pour te le reprocher aujourd'hui. On était deux adultes consentants, c'est arrivé et voilà. C'est derrière nous. » Précisa-t-elle, en maintenant ce ton calme, même si finalement sa voix chevrotait légèrement par moment. « J'accepte néanmoins tes excuses, merci. » L'une de ses mains glissa à nouveau dans le paquet de bonbons, tandis que la deuxième venait se poser sur le genoux du pianiste pour le rassurer. Puisqu'elle considérait que cette histoire était derrière eux, la chirurgienne osait créer le contact entre eux, puisqu'à ses yeux, il n'y avait plus aucune ambiguïté. « T'es conscient que t'as quand même fui ton propre appartement ? » Souleva-t-elle plus légèrement, avec un sourire et un regard amusé en direction de son ami. La situation avait été cocasse quand même... en général, c'était toujours la personne qui n'habitait pas les lieux qui s'éclipsaient en douce, pas l'inverse. « Avant qu'on tourne définitivement la page de cette énorme connerie, j'ai besoin de t'avouer autre chose. » Reprit-elle, un peu plus sérieusement. « Notre amitié est tellement importante pour moi, notre éloignement m'a vraiment ouvert les yeux sur le fait que ma vie est tellement plus morne sans toi à mes côtés, et je ne veux plus jamais revivre ça. » Si ses mots étaient sincères, cette déclaration d'amitié n'était pas forcément facile à sortir, bien que finalement les mots glissaient aisément de sa bouche puisqu'elle n'avait pas besoin de tergiverser pendant cent-sept ans pour savoir exactement ce qu'elle ressentait à son égard. Helen ne voulait plus d'un monde où son meilleur ami était absent, jamais. Mais à ses yeux, elle lui devait la vérité. Pendant de longues semaines, la chirurgienne s'était tout de même interrogé sur la présence encore ou non de ses sentiments amoureux pour Izan, qui l'auraient peut-être ainsi plus facilement incité à céder à la tentation de ses lèvres durant cette soirée. De l'amour, elle en avait pour lui, mais de l'amour amical. Elle l'aimait, oui, mais pas amoureusement. Plus amoureusement. « J'ai eu des sentiments pour toi, il y a plusieurs années. » Son regard papillonna entre sa main toujours posée contre son genou et son regard surplombé de ses longs cils qui frémissaient à peine sous la surprise de l'aveu. C'était dit, alors elle devait poursuivre pour ne pas créer des quiproquos. « Quand j'étais encore étudiante, je me suis rendue compte que je t'aimais, et j'ai jamais rien voulu t'avouer, parce que j'avais peur de perdre ton amitié si ce n'était pas réciproque. » Ses joues rosissaient légèrement en confessant la présence de son amour pour lui, mais cela ne l'empêchait pas de continuer : « Je te le dis parce que je ne veux plus garder de secrets entre nous, et ça me semble justifié de te l'avouer alors qu'on a couché ensemble. » C'était d'ailleurs un véritable soulagement de lui dire, alors qu'à l'époque Helen craignait tellement qu'il comprenne l'ampleur de ses sentiments. Elle ne voulait pas qu'il y ait un jour un doute quant au fait qu'elle l'aime toujours, et que c'était ce qu'il l'avait finalement poussé dans ses bras. Ce n'était pas du tout le cas. « Aujourd'hui, je ressens que de l'amitié pour toi... et cette erreur me l'a bien confirmé. » Helen se sentait tellement plus légère désormais, ce secret étant désormais dévoilé. Ca lui faisait du bien d'être aussi honnête vers Izan, elle espérait d'ailleurs qu'il ne réagisse pas mal face à ces aveux... tout ça partait vraiment de l'envie de mettre les choses à plat entre eux, rien de plus. « Est-ce qu'on peut maintenant se promettre de ne plus jamais mettre notre amitié en péril ? » Osa-t-elle demander avec une petite voix, en espérant finalement qu'Izan ne lui pose pas plus de questions sur les sentiments qu'elle avait un jour eu pour lui. Comme pour le dissuader, elle ajouta alors sur un ton plein de malice : « Je te préviens juste que si tu dis non, je te reprends le paquet de bonbons, t'en es conscient ?» Elle désigna le paquet de son menton, le mettant presque au défi d'oser dire non pour rire. Au moins, la jeune femme aurait la confirmation que rien n'avait vraiment changé entre eux.

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@Helen Stenfield • Malte, août 2024

Il n’a pas envie de s’éterniser sur le sujet épineux, Izan, aussi, lorsqu’elle annonce sans détour que l’album est un chef-d’oeuvre qu’il le veuille ou non, il détourne les yeux avec un air qui paraît dubitatif, bien qu’il soit surtout sacrément indécis sur la question. Il n’est pas contrarié de la réponse qu’elle lui livre, mais il n’en est pas non plus satisfait : l’entre-deux est autant frustrant pour les autres que pour lui-même, puisqu’il est incapable de statuer sur ce qu’il en pense réellement. Bien sûr que le succès des compositions qui le consacrent une nouvelle fois lui produit suffisamment de fierté pour qu’il s’en réjouisse intérieurement mais, nier qu’il aurait préféré que l’album ne soit pas aussi étroitement lié à son ex serait un odieux mensonge ; difficile d’oublier Asher dans un monde où il passe deux mois à parler des morceaux qu’il a composé pour lui. Il sait, maintenant, ce que le mot hanter veut dire. Il fuit donc cette première conversation qui le rend douloureusement inconfortable, puisqu’il vit cette seconde désillusion amoureuse comme une cruelle défaite, l’ultime preuve que leur relation est vouée à l’échec et qu’il doit, définitivement, faire une croix dessus. La sensation est aussi désagréable et frustrante que si une clef s’était dérobée de ses mains pour tomber dans une fissure entre ses pieds, perdue à tout jamais : il a l’impression que la porte de leur amour s’est refermée à tout jamais. Mais l’idée qu’il ne peut accepter d’être ainsi mal considéré ne l’aide pas à mieux assimiler le deuil qui s’impose ; être loin de tout lui permet de délaisser progressivement la colère pour une forme de résignation, mais il a encore du chemin à faire avant de s’estimer entièrement défait de l’amour et des espoirs portés dans sa relation avec l’anglais.

Mais s’il croit trouver du réconfort et de l’apaisement auprès de celle qui n’a jamais failli dans la confiance qu’il lui alloue depuis des années, il est bien loin de s’imaginer que sa meilleure amie a fait le déplacement avec l’objectif de creuser les non-dits et l’abcès de leur malheureuse incartade, et c’est trop tôt — à son goût, qu’il se retrouve confronté au sujet qu’il aurait préféré soigneusement éviter durant tout leur séjour. Le déni lui est sans nul doute plus confortable et il n’aurait eu aucune difficulté à prétendre qu’il ne s’est jamais rien passé entre eux jusqu’à la fin de ses jours, mais c’est surtout un manque de force évident qui le pousse à soupirer dès qu’il comprend qu’il est piégé : Izan n’a plus l’énergie nécessaire pour une nouvelle confrontation, et encore moins pour une discussion aussi épineuse et sensible que celle-là. Mais le ton employé par Helen le rassure rapidement sur le fait qu’elle n’est pas venue régler ses comptes, ni formuler de véritables reproches à son encontre, bien que cela ne le soulage nullement de la nervosité qui courbe sa nuque en même temps qu’elle abaisse son regard vers le sol, sans qu’il ne pioche dans le paquet de bonbons de nouveau. « Je te le dis parce que j'ai besoin que tu le saches, pas pour te le reprocher aujourd'hui. On était deux adultes consentants, c'est arrivé et voilà. C'est derrière nous. J'accepte néanmoins tes excuses, merci. » il ne pense pas avoir besoin de formuler un « de rien » alors il presse simplement ses lèvres l’une contre l’autre en redressant légèrement son menton pour regarder la main amicale venue se déposer sur son genou, qu’il vient surpasser de la sienne afin de la remercier silencieusement d’être toujours aussi compréhensive à son égard, d’être toujours présente, d’être la personne qu’elle est depuis qu’ils se connaissent, sans que le contact de leurs peaux ne soulève une quelconque attirance, y trouvant seulement le réconfort physique de l’amitié solide et sincère qu’ils partagent. « T'es conscient que t'as quand même fui ton propre appartement ? » le ridicule de la situation lui saute aux yeux en même temps qu’elle le formule, et il abandonne le paquet de bonbons à côté de lui pour passer ses deux mains sur son visage, en émettant un petit rire d’abord silencieux ’’On te l’avait jamais faite celle-là, avoue.’’ la légèreté de l’instant décrispe suffisamment ses traits pour qu’il soutienne son regard en affichant un petit sourire amusé, qui se poursuit lorsqu’il demande, joueur : ’’Est-ce que je peux prétendre que je suis sorti acheter des croquettes pour mes chats ? J’aurais l’air moins con.’’ qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas qu’il pense en piochant finalement un autre bonbon, croyant que l’éclaircie est définitive mais la chirurgienne en a loin d’avoir fini avec lui. « Avant qu'on tourne définitivement la page de cette énorme connerie, j'ai besoin de t'avouer autre chose. » interpellé par le caractère grave qui passe sur le visage ainsi que dans la voix de la brune, il se fige dans une expression inquiète, qui plisse légèrement ses paupières quand il demande, sérieux mais également apeuré par la possibilité qu’il soulève : ’’Me dis pas que t’es enceinte…’’ essayant de maintenir une posture calme, on peut aisément deviner qu’il est quand même en train de paniquer intérieurement, si bien qu’il serre les mâchoires en ravalant sa salive, avec bien plus de difficulté que d’ordinaire « Notre amitié est tellement importante pour moi, notre éloignement m'a vraiment ouvert les yeux sur le fait que ma vie est tellement plus morne sans toi à mes côtés, et je ne veux plus jamais revivre ça. » s’il partage totalement ce point de vue, l’attente de cette nouvelle révélation le bloque dans un mutisme impatient, puisqu’il se contente de dévisager son interlocutrice en ayant l’air de la presser silencieusement de cracher le morceau « J'ai eu des sentiments pour toi, il y a plusieurs années. » plusieurs tempêtes passent alors sur le paysage de son visage ; il fronce d’abord ses sourcils en reculant son menton de quelques degrés, puis il secoue sa figure de gauche à droite comme pour réfuter cette annonce - le déni, toujours — avant de se résoudre à l’accepter comme vérité immuable, et c’est peut-être pire que les deux réactions précédentes, puisqu’il ne peut plus échapper au parallèle qui se décline déjà dans son esprit, et qui semble franchement rire de ses malheurs « Quand j'étais encore étudiante, je me suis rendue compte que je t'aimais, et j'ai jamais rien voulu t'avouer, parce que j'avais peur de perdre ton amitié si ce n'était pas réciproque. » comment aurait-il réagi, à l’époque ? Il n’en sait rien, Izan, mais il n’a pas franchement envie de se poser la question trop longtemps « Je te le dis parce que je ne veux plus garder de secrets entre nous, et ça me semble justifié de te l'avouer alors qu'on a couché ensemble. Aujourd'hui, je ressens que de l'amitié pour toi... et cette erreur me l'a bien confirmé. » merci seigneur qu’il pense en prenant une fine inspiration, qui gonfle son buste en rehaussant ses épaules de quelques centimètres, ne sachant pas tellement où ranger cette information ; c’est que sa tête est au moins aussi bordélique que son appartement. ’’Tant mieux…’’ qu’il dit avec sincérité en joignant ses paumes l’une contre l’autre, puisque cette dernière phrase est sûrement la plus rassurante qu’il ait entendu jusqu’ici. ’’Je t’avoue que je ne sais pas vraiment quoi dire… J’ai jamais rien vu.’’ comme d’hab, qu’il a envie de rajouter pour se moquer de lui-même, mais sa langue est peut-être anesthésiée puisqu’elle refuse de coopérer ; heureusement, l’aveu semble soulager la jeune femme qui lui apparaît comme nettement plus détendue - tu m’étonnes « Est-ce qu'on peut maintenant se promettre de ne plus jamais mettre notre amitié en péril ? » - ’’Bah j’crois qu’on pourra difficilement faire pire.’’ qu’il tente de dédramatiser en reposant sa main sur celle d’Helen, la tapotant légèrement tout en tâchant de dissiper la lourdeur des émotions s’étant agglutinées dans son torse, puisque tout ceci est un peu dur à avaler, quand même. « Je te préviens juste que si tu dis non, je te reprends le paquet de bonbons, t'en es conscient ? » rassurée de voir sa meilleure amie se joindre à ses efforts pour divertir leur nervosité jumelée, il lui confère un sourire complice en relevant finalement ses deux mains en signe de réédition ’’Cruelle au point d’utiliser mes faiblesses…’’ il hausse ses sourcils avec un air presque ahuri, profitant de ce gouffre malicieux pour éloigner les conversations pesantes de leur environnement ’’T’as conscience que j’ai juste besoin de lever le bras pour que tu ne puisses plus l’atteindre, le paquet de bonbons ?’’ Mini-Pouce n’a pas grandi depuis la dernière fois qu’ils se sont vu : lui aussi, il use de ses faiblesses ! ’’T’es aussi cruelle avec ton nouveau mec ?’’ qu’il demande l'air de rien (bien que franchement intéressé par les ragots) avec un petit sourire en coin, ramenant le paquet de bonbons entre eux afin d’en piocher un, attendant la réponse avec une vive impatience ; au moins un des deux qui n’a pas une vie amoureuse catastrophique. Quoique.

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@Izan Da Silva 6 août 2024 - malte
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Ces dernières semaines, Helen avait eu tout le temps pour en vouloir à son meilleur ami de l'avoir abandonné dans son propre appartement dans un tel moment de détresse. Car outre le fait qu'ils aient franchi une limite interdite entre deux meilleurs amis, cela ne changeait rien au fait qu'elle était une femme trompée et humiliée, et qu'elle avait finalement dû faire face à cette terrible nouvelle seule. Complètement seule, parce qu'Helen ne s'était même pas réfugiée auprès de qui que ce soit d'autre, après ça. Brisée, perdue, elle n'avait eu que la souffrance pour seule compagnie, puisque l'abandon d'Izan l'avait complètement achevée. Elle s'était tut, pendant des jours et des jours, avant d'oser retrouver Sloane pour tout lui avouer de ses péchés. Evidemment, entre temps, les larmes n'avaient cessé de couler dès que l'occasion lui permettait... et encore plus lorsqu'elle avait appris, via Instagram, que son meilleur ami s'envolait de nouveau vers l'Europe pour sa tournée. Encore aujourd'hui, Helen avait bien du mal à croire qu'elle ait été capable de se relever de tous ces coups de massue qu'on lui assenait depuis le mois de Mai. Elle l'avouait, elle s'était jetée dans la gueule du loup du nom de Tinder, et elle s'était laissée aller à ce jeu qui l'avait au fond beaucoup aidé à reprendre confiance en elle. Sous une fausse identité, certes, la chirurgienne avait trouvé un certain plaisir, une excitation nouvelle à l'idée de draguer. C'était ce qui l'avait sauvé, même si ça pouvait paraître bête, puisque ce n'était qu'une application. Mais un inconnu -enfin, pas si inconnu que ça, en vérité- avait petit à petit comblé le vide qu'avait créé Izan, rendant le manque légèrement moins insupportable. Elle ne prévoyait pas d'accabler ce dernier, aujourd'hui elle lui pardonnait cette lâcheté dont il avait fait preuve en la laissant dans son appartement ET en lui répondant simplement par un pouce après qu'elle ait fait le premier pas en lui envoyant un SMS dans la journée. En fait, au moment où ses yeux s'étaient posés sur la photo de Berlin sur son compte Instagram, tout était déjà oublié, parce qu'elle savait qu'elle avait retrouvé son meilleur ami, et c'était tellement plus important que le reste. « On te l’avait jamais faite celle-là, avoue.» Un maigre sourire se dessina sur ses lèvres, reconnaissant que la situation paraissait ridicule maintenant qu'ils se la remémoraient. Izan s'était isolé de son chez-lui, mais au fond, qu'aurait-il pu faire de plus pour l'ignorer ? Elle se souvenait avoir dormi comme une masse... « Est-ce que je peux prétendre que je suis sorti acheter des croquettes pour mes chats ? J’aurais l’air moins con.» L'amusement dans son regard lui intimait que leur complicité allait facilement être retrouvée, si bien qu'elle s'octroya à nouveau le droit de rentrer dans son jeu de taquinerie, qui lui avait tant manqué : « Je préfère que tu prétendes être aller chercher les croissants, car tu te doutais bien que j'allais avoir faim en me réveillant. C'est plus cohérent avec mon profil de gourmande. » Néanmoins, Helen n'avait pas du tout terminé avec les aveux, puisqu'elle avait ensuite à coeur de lui révéler l'existence de ses sentiments. « Me dis pas que t’es enceinte…» Sa remarque la figea, si bien qu'elle ne répliqua pas aussitôt, sans vouloir faire durer volontairement un quelconque suspense. Ce n'était pas le cas, mais la chirurgienne réalisa à quel point il aurait avoir raison suite à cette bêtise, et elle eut soudain une vision d'horreur d'elle, en train d'apprendre une grossesse non-désirée entre Izan et elle. « Non... non ! Je ne suis pas enceinte. » Répondit-elle finalement, en secouant la tête pour chasser cette image d'elle en train de fixer un faux test de grossesse positif. La chirurgienne se reconcentra alors sur ce qu'elle souhaitait lui partager, en lui faisant d'abord savoir à quel point elle ne voulait plus revivre un tel éloignement entre eux. Izan était comme un frère pour elle, Helen pouvait d'ailleurs aisément affirmé qu'elle l'aimait même plus profondément que son frère aîné...  mais bien avant sa rencontre avec Sam, la chirurgienne l'avait profondément aimé, d'une toute autre manière... et le lui dire n'était pas chose facile, pas du tout. Bien au contraire. Bien que cet amour se soit dissipé avec le temps, ça gardait un côté gênant que de dire toute la vérité à un homme qu'on a aimé et désiré pendant des années. Helen remarqua bien la surprise l'envahir, ses sourcils se froncer et puis finalement le soulagement s'emparer de lui au moment où elle conclut qu'elle ne ressentait que de l'amitié à son égard aujourd'hui. La situation inverse aurait été très délicate, elle l'admettait... que se serait-il passé si, finalement, elle s'était rendue compte qu'elle l'aimait toujours ? Si le poids de ses sentiments avait été lourd à porter à l'époque, la chirurgienne n'était pas certaine d'être capable de revivre la même chose, tout en ayant connu un moment charnel avec lui... Aujourd'hui, Helen faisait preuve de suffisamment de maturité et de recul pour ne pas laisser ses pensées divaguer sur le souvenir de ses caresses et de ses baisers. Mais une femme amoureuse n'en aurait pas été capable, elle le savait. Heureusement, pour le bien de leur amitié, mais aussi pour le bien-être de sa propre santé mentale, Helen ne compliquait pas les choses en voulant plus avec Izan aujourd'hui. Cette amitié sincère, c'était tout ce qu'elle souhaitait maintenir entre eux, et garder les promesses qu'ils s'étaient faites : rester à jamais présent l'un pour l'autre. « Je t’avoue que je ne sais pas vraiment quoi dire… J’ai jamais rien vu. » Le contraire l'aurait étonné, vraiment. Izan se voilait tellement la face, depuis tant d'années, dès que quelque chose ne rentrait pas dans son moule et qu'il sentait qu'il n'était pas prêt à l'accepter, qu'il avait acquis cette capacité à ignorer et à laisser couler en toute circonstance. « Tu n'as pas besoin de dire quoique ce soit, je n'attendais pas de toi que tu le fasses, en vérité. » Puisqu'il n'y avait rien à dire, au fond. Elle aurait pu plaisanter sur le fait qu'il n'avait rien vu, mais elle n'en avait même pas envie. Ce qu'elle souhaitait, c'était laisser tout ça derrière eux, point final. Mettre ses souvenirs dans une boîte, et l'enterrer au pied d'un arbre, pour pouvoir continuer à avancer, ensemble, en se faisant la promesse de ne plus jamais mettre en péril leur amitié. « Bah j’crois qu’on pourra difficilement faire pire. » Le contact entre leurs deux mains la rassura, alors qu'elle pensait justement qu'il pouvait toujours exister pire. Sa main contre la sienne chassa ses pensées péjoratives, et elle tenta alors de se concentrer plutôt sur le positif de la situation. Izan et elle se retrouvaient, si bien qu'elle reprit son petit air taquin pour le menacer de lui retirer le paquet de bonbons de sous son nez s'il osait dire que leur amitié était terminée, ou quelque chose dans le genre. « Cruelle au point d’utiliser mes faiblesses… » Elle haussa des épaules, se prenant un air innocent qui la comblait déjà de joie. Qu'est-ce que c'était bon de pouvoir de nouveau embêter son ami, qui, elle le savait, n'allait pas tarder à répliquer avec son répondant légendaire : « T’as conscience que j’ai juste besoin de lever le bras pour que tu ne puisses plus l’atteindre, le paquet de bonbons ? » Un rire s'échappa du mince espace qui résistait entre ses lèvres, tandis qu'elle lui écrasa le pied tout en délicatesse, et avec lenteur pour qu'il ait une vraie raison de jouer sa drama-queen. « T'en as pas marre de te moquer de ma petite taille, à la fin ? Tu sais bien que, tout ce qui est petit est mignon, et tout ce qui est grand est... » Roulement de tambour, pendant plusieurs secondes. Puis finalement elle ne répondit rien, un peu étonnée de la question suivante de son ami. « T’es aussi cruelle avec ton nouveau mec ? » Sans qu'elle n'arrive à contrôler le rosissement de ses joues, Helen garda son sourire béa en prétextant silencieusement continuer à rire de sa précédente boutade, alors qu'en fait, ses lèvres n'arrivaient à faire rien d'autre que sourire en pensant à Winston. Même s'il avait raté cet épisode de sa vie sur le moment, son meilleur ami savait visiblement toujours lire entre les lignes. « Qui te dit que c'est un homme ? » Répondit-elle avec le maximum de sérieux dont elle était capable, tandis qu'elle croquait dans un nouveau bonbon furtivement récupéré dans le paquet qu'Izan tenait de nouveau entre eux. « Tellement déçue par les mecs que je change de bord, ça t'étonnerait ? Imagine un peu la tronche de mes parents en l'apprenant. » Elle faisait exprès de ne pas répondre tout de suite à la question, alors que la brune se doutait qu'Izan attendait impatiemment la vraie réponse. Cela ne servait à rien de lui mentir, il avait senti que quelque chose avait changé dans sa vie au moment même où il l'avait complimenté sur sa nouvelle coupe, elle le savait. « Je ne te demande pas comment t'as vu, pour le nouveau mec. » Répéta-t-elle sans jamais lâcher son sourire une seule seconde, avant d'accéder enfin à sa requête : « Je l'apprécie beaucoup, mais j'essaie de ne pas me prendre trop la tête... mine de rien, je suis encore une femme mariée. » Même si elle avait décidé de ne plus porter l'alliance à son doigt, légalement, Sam et elle étaient encore mariés aux yeux de la loi. Ce dernier n'était pas au courant de sa liaison avec Winston, elle s'arrangeait d'ailleurs pour ne pas l'ébruiter, ni même avec Sloane, et encore moins Nina qui était avant tout la meilleure amie de son mari, à la base... « Je n'ai plus envie d'être déçue, alors je laisse les choses se faire tranquillement. » Si elle pouvait éviter de reproduire les mêmes erreurs, Helen ferait son maximum pour se préserver dans cette nouvelle relation... même si, au fond, en accordant sa confiance et ouvrant peu à peu son cœur à un nouvel homme, le risque de sombrer à nouveau ne faisait qu'accroître jour après jour.

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@Helen Stenfield • Malte, août 2024

« Je préfère que tu prétendes être aller chercher les croissants, car tu te doutais bien que j'allais avoir faim en me réveillant. C'est plus cohérent avec mon profil de gourmande. » le petit rire qui s’exfiltre de ses lippes faiblement espacées est la preuve que leur complicité naturelle est intacte, guère entachée par l’erreur commise par le désespoir de la tristesse, et c’est presque sans réfléchir qu’il relance, en baissant les yeux dans le paquet de bonbons pour y chercher celui qu’il préfère ’’Pour rester cohérents, il faut dire que je suis allé te chercher un fraisier.’’ il apporte la sucrerie tant convoitée jusqu’à ses lèvres pour la dévorer en gardant son air résolument malicieux au visage pendant quelques secondes, jusqu’à ce que l’ombre de l’appréhension se dessine sur ses traits, lui ôtant toute légèreté pendant un court instant qui lui paraît s’étirer à l’infini. S’il est sûr de vouloir des enfants un jour — bien qu’il en soit déjà un lui-même —, mais ce n’est pas vraiment aux côtés d’Helen qu’il s’imagine fonder une famille, et la perspective de sa possible grossesse le terrifie au point qu’il pense être sur le point de s’évanouir si elle ne rétablit pas une vérité rassurante dans la seconde, ce qu’elle tarde à faire, la brune qui paraît aussi décontenancée que lui « Non... non ! Je ne suis pas enceinte. » la retombée de son angoisse lui octroie une longue et profonde inspiration tandis qu’il baisse le menton, soulagé d’entendre qu’il ne s’apprête pas à devenir parent suite à la connerie qu’ils ont le malheur de faire. ’’Putain, tu m’as fait peur…’’ qu’il marmonne à bout de souffle, en haussant ses sourcils si haut sur son front que ce dernier se marque de quelques plissures. ’’J’ai besoin d’une bouteille.’’ on a dépassé le stade « verre » depuis le moment où elle a avoué avoir été amoureuse de lui par le passé, comme si cet aveu était celui de trop. Lincoln a raison quand il dit qu’il faut partir sur une île déserte sans personne d’autre que soi-même, puisqu’il a l’impression d’avoir besoin de vacances alors qu’il est justement en vacances, le pianiste « Tu n'as pas besoin de dire quoique ce soit, je n'attendais pas de toi que tu le fasses, en vérité. » Helen ne lui tient rigueur de rien, lui pardonnant avec une facilité décomplexée son aveuglement et sa lâcheté, et il ne sait pas vraiment ce qu’il a fait pour mériter une amie comme elle, mais il délaisse soudainement le paquet de bonbons prendre délicatement ses mains dans les siennes, entrelaçant leurs doigts en tâchant de disperser sa retenue légendaire, celle qui l’empêche si souvent de dire clairement ce qu’il ressent ; ce n’est pas un exercice facile, pour lui, mais pour une fois, il veut être digne de l’amitié et de la considération qu’elle lui porte. Ou du moins, essayer de l’être. ’’Ma vie n’est vraiment pas la même, sans toi. Et non, je ne vais pas te sortir une connerie en te disant qu’elle est mieux, même pour plaisanter, parce que c’est faux. Depuis toutes ces années… Tu es ma famille, Hel. Je t’aime plus que je n’ai jamais aimé mes propres soeurs, en fait.’’ parce que tu l’as davantage été pour moi serrant ses mains dans les siennes pendant quelques secondes, il serre les dents en ravalant difficilement sa salive lorsqu’il pense à la remédiation qu’il doit affronter en rentrant. Il fait entièrement confiance à Lincoln pour assurer sa défense et choisir les meilleures options afin de préserver sa carrière mais, se retrouver en face de sa mère lui octroie une anxiété qui lui fait froncer les sourcils pendant quelques secondes, avant qu’il ne la ravale comme le reste de ses sentiments : rien ne doit dépasser, rien ne doit déborder, rien ne doit se faire entendre. Il préfère largement reprendre le paquet de bonbons en même temps que son expression joviale, qui s’accentue avec sincérité lorsqu’il soulève la raison de cet éclat lumineux chez Helen : la chirurgienne fréquente quelqu’un, il le sait, il l’a deviné à l’instant même où ses yeux se sont posés sur elle. « Qui te dit que c'est un homme ? » piquant un autre bonbon acidulé qui le fait grimacer lorsque la texture gélatineuse rencontre sa langue, il émet tout de même un petit rire amusé en répondant spontanément ’’Sloane a enfin réussi à te convertir ?’’ sans véritablement prendre au sérieux la teneur de leur échange, puisqu’il sait très bien que sa meilleure amie cherche seulement à gagner du temps, il se contente de participer à sa malice en haussant néanmoins ses sourcils, sans la quitter du regard un seul instant ; elle ne peut pas se défiler, Helen, elle est coincée avec lui sur ce bateau pour les six prochains jours « Tellement déçue par les mecs que je change de bord, ça t'étonnerait ? Imagine un peu la tronche de mes parents en l'apprenant. » il hausse légèrement ses épaules en prenant deux bonbons à la fois, incapable de s’arrêter dès qu’il tient ces sucreries dans les mains ’’J’imagine surtout la tronche de Sam… Quoique, peut-être qu’il te proposerait un plan à trois.’’ il souffle un petit air amusé en penchant le menton pour prendre un énième bonbon, ne tardant pas à demander, de plus en plus impatient : ’’Bon, comment il s’appelle ?’’ vu le sourire niais qu’elle porte, il est clairement loin d’être insignifiant dans sa tête et dans son coeur « Je l'apprécie beaucoup, mais j'essaie de ne pas me prendre trop la tête... mine de rien, je suis encore une femme mariée. » considérant qu’elle ne porte même plus le symbole de son union avec Sam, il hausse brièvement les épaules avant de soupirer, s’entendant dire un ’’Vous êtes séparés… C’est qu’un morceau de papier, donc.’’ il n’en pense pas un mot, Izan, mais on ne peut pas vraiment dire qu’il soit d’humeur à accorder un quelconque caractère sacré au mariage, encore moins quand il est enchevêtré de trahisons et de mensonges « Je n'ai plus envie d'être déçue, alors je laisse les choses se faire tranquillement. » il hoche son menton de haut en bas en prenant une fine inspiration de compréhension, bien que ne pouvant pas se mentir sur le fait qu’il se sent incapable, lui, de vivre une autre histoire, aussi fugace et sans importance pourrait-elle être. Il l’a trop dans la peau pour laisser quelqu’un d’autre l’effleurer. ’’Tu as raison.’’ qu’il annonce d’une voix plus sage, en se rallongeant sur sa chaise longue, pliant l’une de ses jambes tandis qu’il récupère ses lunettes de soleil pour les poser sur son nez, en tâchant de réprimer les idées moroses qui commencent à s’installer. ’’Tu veux qu’on aille se baigner ? On peut demander à arrêter le bateau, si ça te dit.’’ tout pour éviter de penser à son ex-compagnon, en somme, même si ça implique de se noyer.

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@Izan Da Silva 6 août 2024 - malte
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« Pour rester cohérents, il faut dire que je suis allé te chercher un fraisier.» Elle eut envie de préciser qu'un fraisier au petit-déjeuner, même la chirurgienne en personne aurait du mal à l'avaler, en toute sincérité. Il s'agissait certes de sa pâtisserie favorite, mais elle n'était pas du genre à manger aussi sucré le matin en se réveillant. Des croissants, c'était parfait. Avec un petit cappuccino, ou son café au lait d'amande, un régal. Mais, en l'occurrence, elle n'avait eu ni le fraisier, ni les croissants, de toute manière. Cependant, la maturité de la brune l'invitait à faire comprendre à son meilleur ami qu'elle n'était pas montée dans un avion pour traverser la moitié du continent pour lui cracher tout un tas de reproches à la figure. La pilule était passée, après une sérieuse conversation avec Pénélope en plus de ça, et les choses étaient très claires dans son esprit. « Putain, tu m’as fait peur… J’ai besoin d’une bouteille.» Avait-il au moins remarqué la panique à elle aussi sur son visage ? A aucun moment cette possibilité n'avait traversé son esprit, et pourtant l'absence de protection durant leur énorme bêtise aurait pu les mener à devenir prématurément parents... ensemble. L'espace d'une seconde, le visage déconfit de Sam, ainsi que celui d'Asher, MAIS aussi celui d'Izan et le sien, traversèrent son esprit en panique. Evidemment qu'elle se demanda aussitôt si elle avait eu ses règles dernièrement et... oui. Pas de polichinelle dans le tiroir, ils étaient sauvés. Par contre, cela n'empêcha pas la jeune femme de s'exprimer sur les sentiments qu'elle avait pu avoir un jour pour Izan, paralysant ce dernier de surprise. Cela faisait certainement beaucoup à encaisser pour le pianiste, elle l'admettait... il fallait dire qu'Helen avait à peine embarqué sur le yacht qu'elle lui déballait déjà tout ce qu'elle avait sur le cœur. Mais, encore une fois, elle n'aurait jamais envisagé un seul instant pouvoir passer d'agréables vacances aux côtés d'Izan sans crever d'abord l'abcès. Et puis, elle savait que si elle ne l'avait pas fait, son meilleur ami aurait adoré jouer l'autruche jusqu'au moment du départ. Même si la chirurgienne n'attendait aucune réponse particulière en retour, puisqu'au fond, il n'y avait rien à dire ; pas d'excuses à faire, pas de précisions à lui demander car elle ne voulait pas s'étendre sur le sujet, elle se sentit soulagée de se décharger d'un secret aussi lourd, et si bien gardé toutes ces années. Alors, lorsqu'elle sentit ses doigts s'enlacer aux siens, dans un geste rempli de tendresse, Helen fut plutôt surprise que son pianiste envisage finalement de reprendre la parole : « Ma vie n’est vraiment pas la même, sans toi. Et non, je ne vais pas te sortir une connerie en te disant qu’elle est mieux, même pour plaisanter, parce que c’est faux. Depuis toutes ces années… Tu es ma famille, Hel. Je t’aime plus que je n’ai jamais aimé mes propres sœurs, en fait. » C'était la plus belle chose qui pouvait sortir de sa bouche, si bien que les larmes lui montèrent aussitôt aux yeux, parce que cet aveu l'émouvait si fort. Ses doigts serrèrent leur emprise sur les siens, et elle se retint très fortement de ne pas chouiner devant lui, même si elle savait qu'il ne se moquerait pas d'elle, maintenant. « Toi aussi, tu es ma famille Izan. La promesse d'être toujours à tes côtés, je ne l'ai pas faite dans le vide. Je suis prête à monter dans un avion pour te retrouver juste parce que tu me le demandes, sans réfléchir davantage. » Et alors qu'une toute petite larme réussit à franchir le barrage de ses yeux, une vérité plus qu'évidente la traversa : « Notre amitié est la chose la plus précieuse dans ma vie. » Pas même l'amour de ses parents, de sa fratrie, ou encore son mariage, ou son travail... Peut-être que c'était parce que, finalement, à part Izan, tout le reste était décidé et commandité par son père ; être bien vu, être la meilleure dans tout, respecter les traditions. Ce n'était pas elle, tout ça. « Même à quatre-vingt-dix ans, je continuerai à monter dans un avion si tu as besoin de moi. Peut-être moins rapidement, je te l'accorde. » Dit-elle finalement, pour dédramatiser un peu la conversation qui redevenait très sérieuse, et qui allait peut-être à nouveau amener le pianiste dans une gêne et un inconfort certain, elle le connaissait bien. Néanmoins, ce dernier semblait perturbé par quelque chose, sans qu'elle ne sache dire quoi. « J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui te tracasse, et je ne parle pas d'Asher. » C'était quelque chose d'autre, elle en était persuadée. Maintenant que tout était de nouveau normal entre eux, Helen espérait qu'il n'hésite pas à se confier à elle, tout comme elle venait de le faire à l'instant, et tout comme elle s'apprêtait à continuer de le faire, en lui dévoilant que, en effet, elle fréquentait quelqu'un depuis peu de temps, tout en faisant durer le suspense, elle savait si bien le faire. Il la taquina sur le fait que Sloane l'avait peut-être convaincu à l'idée de changer de bord, ce qu'il savait faux et elle le confirma finalement en hochant la tête pour balayer cette fausse rumeur. Non, Helen ne s'était pas mise aux femmes. « J’imagine surtout la tronche de Sam… Quoique, peut-être qu’il te proposerait un plan à trois. » En effet, ça devait être terrible pour un ou une ex d'apprendre un changement d'orientation sexuelle chez l'être qu'on a aimé des années... Après, il n'était de toute façon pas question que Sam apprenne pour Winston et elle... en tout cas, pas pour le moment. Helen s'arrangeait bien pour que ce secret reste bien gardé.  « Bon, comment il s’appelle ? » « Winston » Izan ne se souviendrait probablement pas de son prénom, même si elle lui avait partagé les détails de son altercation avec l'ex-interne trois ans plus tôt. « Tu vas rire, c'est un interne que j'ai fais viré, tu te souviens ? » Elle se souvenait de la surprise sur leur visage en constatant qu'ils se connaissaient, et pas qu'un peu, durant leur première rencontre au restaurant italien. Une chose était sûre, Helen avait fini par l'apprécier... et même à s'attacher. Elle était la première surprise, ça lui tombait dessus sans qu'elle ne cherche à s'attacher à qui que ce soit dans une situation aussi particulière, où elle restait mariée à Sam. Au fond, cela la faisait culpabiliser... son histoire avec le cascadeur avait débuté avant de demander officiellement à son époux de se séparer. Elle avait fait preuve d'infidélité à son tour, même si ses circonstances étaient peut-être plus atténuantes ? Helen ne se serait jamais laissée tomber sous le charme de Winston si Sam ne l'avait pas trompé en premier lieu. « Vous êtes séparés… C’est qu’un morceau de papier, donc. » Pouvait-elle lui faire cet aveu ? Izan ne la jugerait pas, n'est-ce pas ? « Il se pourrait que... mon histoire avec Winston ait commencé avant que je n'ose affronter Sam... » Elle grimaça, surtout en prononçant le avant, comme si elle s'attendait à ce qu'on la réprimande pour cette précision. « Tu crois que je suis horrible ? je lui ai reproché de m'avoir trompé, alors que je l'ai fais aussi, avec deux hommes différents... » Coucou grosse culpabilité, vraiment. Mais elle ne valait certainement pas mieux que l'enseignant, en fin de compte... En tout cas, malgré le timing et la manière dont les choses avaient débuté entre Winston et elle, Helen était persuadée d'une chose : elle voulait prendre son temps, pour ne pas subir trop de déceptions en si peu de temps, et Izan lui donna raison. « Tu veux qu’on aille se baigner ? On peut demander à arrêter le bateau, si ça te dit. » L'idée la tentait bien mais... une question lui brûlait les lèvres depuis que le pianiste avait évoqué la présence d'Asher ici. Il n'avait rien ajouté de plus, et Helen était curieuse de comprendre ce qu'il s'était passé, pour que les choses ne s'arrangent finalement pas entre eux. « J'irai me baigner quand tu m'auras expliqué ce qu'il s'est passé avec Asher. » Il devait la trouver chiante, non ? Sur ce coup-là, elle l'admettait sans mal. Mais, c'était aussi parce que ça lui faisait de la peine pour lui de le voir dans cet état... Izan n'avait jamais été très chanceux en amour, elle ne l'avait jamais vu vivre une histoire aussi belle, profonde, passionnée. Au fond d'elle-même, la brune n'arrivait pas à se résoudre que leur amour puisse être impossible. « Vous vous aimez, c'est évident, alors pourquoi vous auriez un point de vue différent de la notion de relation ? » Elle reprenait simplement ses mots, pour l'inviter à préciser ses pensées, même si ça lui faisait probablement beaucoup de mal d'en parler. Elle avait besoin de comprendre, plutôt que de le voir ivre de sucre et proliférer tout un tas d'insultes à son encontre, comme ils l'avaient fait au mois de Mai.

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@Helen Stenfield • Malte, août 2024

Dire qu’il n’a pas l’impression d’avoir été gavé de révélations aussi foireuses et abracadabrantes les unes que les autres au cours des derniers jours serait mentir, et s’il se retient d’affirmer à voix haute qu’il aurait dû rester chez lui, c’est uniquement pour ne pas causer de la peine à Helen — la chirurgienne n’est pas l’unique responsable de ses apitoiements émotifs et, ce n’est pas parce qu’elle a le malheur de clôturer le défilé qu’elle doit en récolter les aigres lauriers. Malgré le trouble que tout ceci lui cause, il devine que cela n’a pas été facile pour elle de formuler ces sentences, et il ne sait pas vraiment si c’est le courage ou la compréhension dont elle fait preuve à son égard, mais il trouve suffisamment de témérité pour lui ouvrir son coeur à son tour, lui confessant ce qui ne doit pas vraiment être une surprise à ses yeux — puisqu’il lui démontre son affection par d’autres biais que les mots, mais qui émeut suffisamment la demoiselle pour qu’il se mette à caresser inconsciemment sa main, comme s’il essayait de la consoler d’une émotion qu’il a lui-même causé ; pour une fois, il ne regrette pas les larmes qu’il fait naître, puisqu’il voit bien qu’elles sont le fruit d’un épanchement versé dans la tendresse. Ces larmes, couplées au sourire quelque peu vacillant qui tente de survivre sur ses lèvres, sont bien plus belles et plus fortes que toutes les peines qu’ils ont pu se causer. « Toi aussi, tu es ma famille Izan. La promesse d'être toujours à tes côtés, je ne l'ai pas faite dans le vide. Je suis prête à monter dans un avion pour te retrouver juste parce que tu me le demandes, sans réfléchir davantage. » le pianiste qui tente si souvent de se dérober à ses émotions pince le coeur de sa lèvre en hochant son menton dans une oscillation unique, essayant visiblement de faire barrage à celles qui viennent entourer son coeur par vagues, tantôt doucereuses et tantôt douloureuses, puisqu’il réalise peut-être ce qu’il a failli perdre dans toute cette sordide histoire : l’amitié la plus solide, la plus durable et la plus sincère qu’il ait eu avec une femme. « Notre amitié est la chose la plus précieuse dans ma vie. Même à quatre-vingt-dix ans, je continuerai à monter dans un avion si tu as besoin de moi. Peut-être moins rapidement, je te l'accorde. » heureusement que la brune le connaît suffisamment pour savoir que soulever le tapis de ses sentiments est un pari risqué — quand bien même sont-ils sur un bateau, sait-on jamais qu’il tente de fuir à la nage pour regagner le port — et que cette distraction le détourne assez de ses débats intérieurs pour qu’il laisse échapper un petit rire silencieux, sans cesser de caresser sa main de la sienne ; Helen est vraiment l’amie parfaite, avec et pour lui. ’’Tu sais, c’est pas si loin… D’ailleurs, c’est pas une ride que je vois, là, sur ton front ?’’ qu’il lance sur un ton léger en plissant légèrement ses paupières pour accentuer son air sérieux et observateur, bien qu’il ne puisse pas longtemps le maintenir sur son visage. Avec Helen, loin de tout, à entendre qu’il compte pour elle et qu’elle ne l’abandonnera jamais, il a l’impression que les choses reprennent peu à peu leurs places dans le décor de sa vie. Malgré les désillusions, malgré la peine, malgré les injures, sa meilleure amie est toujours là… « J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui te tracasse, et je ne parle pas d'Asher. » …mais cela implique également qu’elle est présente dans sa vie depuis trop longtemps pour ne pas remarquer les minuscules fêlures qu’il tente de camoufler, et s’il n’est pas surpris de l’entendre soulever la minutie de ses constatations, il aurait préféré qu’elle soit aveugle. Haussant ses sourcils en même temps que ses épaules, les premiers par hésitation et les deuxièmes par nonchalance, il vante un ’’Je t’expliquerai tout à l’heure.’’ il ne compte pas mentir en prétendant que ce n’est rien — de toute façon il sait qu’il est vain de mentir à celle qui le connaît le mieux, mais il n’a pas envie d’aborder le sujet de sa famille biologique maintenant. Il a juste envie de penser à autre chose que ses propres problèmes et, il trouve le sujet parfait avec la nouvelle idylle d’Helen, qui concède enfin à lui révéler le prénom de celui qui lui donne cet air radieux. « Winston » faisant rapidement défiler les personnes qu’il sait graviter dans l’entourage de la brune, il ne trouve aucun écho familier alors il pense tout d’abord à une rencontre récente mais « Tu vas rire, c'est un interne que j'ai fais viré, tu te souviens ? » - ’’Pas du tout.’’ qu’il avoue dans une grimace de culpabilité, avant de s’enfoncer davantage avec un ’’Ne le prends pas mal, Mini-Pouce, mais t’as viré beaucoup trop de personnes pour que je retienne leurs noms.’’ mais il se rappelle très bien avoir rie de leurs malheurs et s’être dit qu’il n’aurait pas du tout aimé être un interne auprès de la brune ; comment peut-elle être aussi douce à son égard et en même temps si sévère avec les autres ? ’’Et tu l’as retrouvé comment ? Fais-moi un résumé, je suis curieux.’’ piochant un autre bonbon dans le paquet, il fait danser ses sourcils sur son front en attendant le récit des nouveaux amours de la chirurgienne, qui n’est visiblement pas si détachée de son mariage qu’on pourrait le croire. « Il se pourrait que... mon histoire avec Winston ait commencé avant que je n'ose affronter Sam... Tu crois que je suis horrible ? je lui ai reproché de m'avoir trompé, alors que je l'ai fais aussi, avec deux hommes différents... » - ’’Tu savais déjà qu’il te trompait, c’est le plus important, non ?’’ l’ayant affirmé sans la moindre hésitation, il lui lance un regard qui se veut rassurant avant de piquer un autre bonbon, en regrettant de voir le paquet s’alléger considérablement ; est-ce que sa meilleure amie en a rapporté d’autres avec elle ? ’’Tu comptes lui dire ? Pour ton nouveau mec, je veux dire.’’ il se doute qu’elle ne va pas apprécier le rang octroyé au fameux Winston, mais Izan ne voit pas vraiment comment le nommer autrement, alors il attend qu’elle le corrige pour savoir à quel terme il doit s’en tenir. ’’Y a pu de bonbons…’’ faisant une petite moue en zieutant quand même à l’intérieur pour être sûr qu’aucune sucrerie ne se cache au fond ou dans les coins, il l’abandonne ensuite en lui proposant d’aller se baigner, mais la belle n’a pas fini d’aborder les sujets qui fâchent. Décidément, ils vont tous y passer. « J'irai me baigner quand tu m'auras expliqué ce qu'il s'est passé avec Asher. » la simple évocation de l’anglais suffit à le renvoyer dans la barricade savamment érigée à l’intérieur de son corps, si bien que ses traits se ferment en même temps que ses lèvres se pincent, dans une volonté instinctive de protéger les ruines qui restent, et qui n’ont pas été balayé par l’explosion de leur deuxième rupture. Qu’est-ce qu’il peut dire, de toute façon ? « Vous vous aimez, c'est évident, alors pourquoi vous auriez un point de vue différent de la notion de relation ? » un chapelet d’insultes commence à naître dans sa gorge mais il a comme l’impression que ce n’est pas vraiment pertinent pour l’histoire ’’Parce qu’il m’a dit qu’il ne pouvait pas renoncer à sa relation avec son meilleur ami.’’ vu l’amertume continue dans les deux derniers mots, on peut aisément deviner qu’il accorde une autre dimension à la relation qu’ils entretiennent ’’Et ça me convient pas.’’ donc, il n’en démordra pas : même si quelqu’un tente de le raisonner, de toute façon, son orgueil refusera d’admettre qu’il a tort. Izan n’admet qu’une seule logique, qu’une seule vérité, et elle ne dépend pas d’autrui mais de sa propre conception - parfois biaisée, certes - des choses. En l’occurence, l’anglais ne s’est pas montré suffisamment rassurant pour que leur relation perdure, et dans ces conditions, il ne parvient pas à regretter leur séparation. ’’Donc c’est fini. Point final.’’

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Dire qu'Helen était la personne qui connaissait certainement le mieux le pianiste pouvait paraître présomptueux, mais la jeune femme était infiniment persuadée d'avoir raison. Depuis toutes ses années, la chirurgienne était là pour lui, au point d'occuper une place dans son cœur, à hauteur encore plus élevée que sa famille biologique, c'était donc dire à quel point elle était importante à ses yeux, tout comme lui l'était aux siens. Depuis près de vingt ans, les deux meilleurs amis se disaient tout, se confiaient tout, et connaissaient tout de la manière dont ils fonctionnaient. Entre eux, nul besoin d'user de la parole, le non-verbal leur était tout aussi compréhensible. La manière dont Izan caressait sa main pour la consoler lui faisait un bien fou et continuait d'alléger le cœur de la brune qui pensait sérieusement l'avoir à tout jamais perdu quelques semaines encore plus tôt. Maintenant qu'ils s'étaient expliqués, maintenant qu'elle lui avait tout avoué de l'amour qui l'avait autrefois fait souffrir, et qu'Izan lui confirmait bel et bien que ce statut de sœur de cœur lui appartenait toujours, Helen était à tout jamais rassurée. Evidemment qu'elle lui fit savoir, en retour, qu'il occupait toujours une place importante dans sa vie, et qu'elle le voyait comme le frère qu'elle aurait toujours aimé avoir. C'était une partie très riche en émotions de leurs retrouvailles, mais qui faisait un bien fou à son palpitant qui s'était retrouvé si souvent piétiné ces derniers temps, qu'il revivait à l'instant. « Tu sais, c’est pas si loin… D’ailleurs, c’est pas une ride que je vois, là, sur ton front ? »  S'il y avait bien une chose qui ne changerait jamais, c'était ce besoin de plaisanter pour dédramatiser toutes sortes de situations et d'émotions. Izan s'était montré expansif sur ses sentiments envers elle, mais Helen savait qu'il ne fallait pas que ça dure trop longtemps, au risque de l'embarquer dans un sentiment gênant trop oppressant pour son ami, alors elle usait de l'amusement pour désamorcer complètement la bombe, tout en ne perdant rien en sincérité. Néanmoins, même si le pianiste entrait dans son jeu et qu'il recommençait à user de malice, la chirurgienne sentait que quelque chose le tracassait, et ça l'inquiétait. Au delà de l'envie d'être intrusive et de rattraper ce qui avait pu se passer dans sa vie dès le début de leurs vacances à Malte, Helen espérait que rien de grave ne soit arrivé. « Je t’expliquerai tout à l’heure. » Visiblement, elle ne faisait pas fausse route, puisqu'Izan ne prétendait pas le contraire de ce qu'elle avançait. Le brun avait besoin manifestement de lui en parler plus tard, chose qu'elle acceptait, bien évidemment. « D'accord » Souffla-t-elle, avant d'être accablée de questions à propos de l'homme qu'elle fréquentait depuis plusieurs semaines. Auprès d'Izan, Helen savait qu'elle pouvait tout confier, sans risquer d'être jugée. Il était libre de lui donner son opinion, mais celle-ci ne serait jamais dite dans l'optique de la blesser, mais plutôt de la faire sérieusement réfléchir. En apprenant qu'elle voyait quelqu'un d'autre que son infidèle d'époux, le pianiste semblait plutôt l'encourager, plutôt que de la dissuader, ce qui lui fit plaisir. Elle n'avait pas envie, aujourd'hui, qu'une personne extérieure à cette relation remette en cause l'attachement qu'elle commençait à ressentir pour Winston... Helen le faisait déjà souvent suffisamment elle-même, lorsque les doutes l'envahissaient de trop quant au fait qu'elle restait une femme mariée, que sa séparation avec Sam était encore très récente et qu'elle ne souhaitait pas de nouveau souffrir à cause d'un homme, quel qu'il soit. « Pas du tout. Ne le prends pas mal, Mini-Pouce, mais t’as viré beaucoup trop de personnes pour que je retienne leurs noms. » « Oh ça va, seulement 2 ou 3, c'est rien...» Helen pencha la tête sur le côté, en lui adressant un regard du style 'tu n'exagérerai pas un peu, là?' même si, au fond, Izan avait quelque peu raison. Du tort, la chirurgienne en avait causé à plus d'un interne depuis qu'elle avait commencé à les former, elle l'entendait tout à fait. S'ils n'étaient pas tous allés jusqu'à la démission, Helen savait qu'ils faisaient circuler son surnom de tyran à tous les nouveaux internes qui débarquaient chaque année à l'hôpital. Très honnêtement, elle s'en fichait éperdument. Il lui en fallait plus aujourd'hui pour culpabiliser de son comportement à l'hôpital... par exemple, sa récente rencontre avec Olive au dispensaire l'avait beaucoup plus troublé que ce petit surnom (qu'elle s'amusait à assumer pleinement finalement). « Et tu l’as retrouvé comment ? Fais-moi un résumé, je suis curieux. » Ce serait mentir que de dire qu'elle ne trépignait pas d'impatience à l'idée de tout lui raconter, de lui détailler la teneur de son attachement, ses craintes, ses doutes, les nouvelles sensations qui l'envahissaient auprès d'un homme différent de Sam. Mais, Helen s'obligeait à faire preuve d'une certaine retenue, par respect pour la nouvelle rupture récente entre Asher et Izan... mais tant que ce dernier était à l'origine de la curiosité et de ces questions, la chirurgienne se faisait une joie de lui répondre, tout en essayant de masquer son air trop béat. « Grâce à Tinder. J'étais tellement désespérée après tout ça, que je me suis connectée sur l'application, et on a commencé à parler. Pour être tout à fait honnête, j'ai menti sur mon nom, mon âge et mon métier, et on ne voyait pas mon visage sur ma photo de profil, alors il n'a pas remarqué qui j'étais, et inversement. » Revivre les prémices de sa relation avec Winston lui faisait un petit quelque chose au cœur et, évidemment, son sourire niais reprenait place sur ses lèvres, sans qu'il ne les ait quitté bien longtemps. « On s'est donné rendez-vous, et là, le choc, la déception... le courant passait vraiment bien par messages, mais Winston avait vraiment une dent contre moi. J'ai essayé de m'excuser auprès de lui, parce qu'à l'époque je n'avais pas vraiment cherché à comprendre pour quelles raisons il volait des médicaments. Bref, on s'est ensuite revu par hasard à une soirée déguisée, il était plus enclin à parler et... on a atterri chez lui. Là-bas, on n'a pas beaucoup parlé... » Son monologue lui donnait presque soif, à moins que ce soit les bonbons qu'elle dégustait en même temps ? En tout cas, Helen eut très rapidement le sentiment de monopoliser la parole, alors elle s'arrêta très soudainement, sans vouloir donner plus de détails si Izan ne lui demandait pas. Encore une fois, elle mourrait d'envie à l'idée de lui faire savoir qu'il était plus jeune et que ça la questionnait un peu, ou de lui dire qu'elle n'avait jamais autant aimé se retrouver sous les draps que depuis qu'elle connaissait Winston. L'excitation, l'interdit, le secret, tout ça faisait partie des sensations qu'elle vivait quotidiennement et qui lui donnait probablement cet air de femme en plein renouveau dans sa vie. Elle aurait souhaité pouvoir continuer à communiquer tout son bonheur, mais elle n'avait pas envie de paraître égoïste, même si au fond Helen savait qu'elle n'avait aucune part de responsabilité dans le célibat d'Izan. Le sujet Winston ne fut néanmoins pas cloturé, puisque la chirurgienne l'informa sur le fait que sa relation avec l'ex interne avait débuté avant sa séparation officielle avec Sam, même si au fond, l'enseignant n'avait plus le monopole de son cœur depuis qu'elle l'avait surpris dans les bras de Liliana. « Tu savais déjà qu’il te trompait, c’est le plus important, non ? » C'était sa manière de voir les choses aussi, mais cette petite voix au-dessus de son épaule ne voulait pas disparaître. « Tu comptes lui dire ? Pour ton nouveau mec, je veux dire. » Un 'oh' de surprise et de gêne s'échappa du mince espace entre ses lèvres, tandis qu'elle portait ses doigts à sa nuque qu'elle grattait sous l'embarras. Ce sentiment l'envahissait pour deux raisons : Winston et elle ne mettaient pas encore une étiquette sur ce qu'ils étaient l'un pour l'autre, et sûrement à raison car 1) c'était sûrement trop tôt 2) il n'existait pas meilleure façon ensuite pour souffrir si les choses venaient à se compliquer entre eux. Alors, à partir du moment où les choses n'étaient pas claires entre eux, Helen ne voyait aucune raison pour permettre à Sam de connaître la vérité sur sa relation extra-conjugale. « Non, je ne compte rien lui dire, tout comme lui ne m'a jamais rien dit. De toute façon, il n'y a rien d'officiel entre Winston et moi, je ne suis même pas certaine de pouvoir le qualifier de petit-ami ou quelque chose dans le genre. » Déclara-t-elle, avant d'anticiper l'éventuelle prochaine question du pianiste : « On n'a pas encore parlé de ce qu'on représente l'un pour l'autre... je me dis qu'on a le temps de voir ce que l'avenir nous réserve. Jour après jour, comme je te disais. » Elle n'avait pas envie de presser les choses, ça ne faisait qu'à peine trois mois qu'ils se fréquentaient finalement... et pourtant, Helen avait ce sentiment de connaître le bonheur à ses côtés depuis plus longtemps, tant les dernières semaines avaient été riches en tout. Après un moment, le pianiste lui fit savoir avec une moue digne de celle d'un enfant qu'il n'y avait plus de bonbons dans le paquet qu'elle lui avait généreusement rapporté de Brisbane, et il était persuadée qu'il tenta d'échapper un peu aux conversations longues et fatigantes en proposant d'aller se baigner dans l'océan. C'était sans compter la vive curiosité de la chirurgienne à propos de ce qu'il s'était passé avec Asher, ici à Malte. Puisqu'ils semblaient s'être remis ensemble, puis ensuite séparés à nouveau, la chose était plutôt difficile à suivre et à comprendre pour la chirurgienne. « Parce qu’il m’a dit qu’il ne pouvait pas renoncer à sa relation avec son meilleur ami. Et ça me convient pas. Donc c’est fini. Point final. » Le ton qu'il utilisait retranscrivait parfaitement sa colère, sa déception et son amertume, si bien qu'Helen sut aussitôt que cela ne servait à rien de vouloir contredire ses pensées maintenant. La chirurgienne était connue pour être plus tempérée que lui, et elle essayerait volontiers d'apaiser le ressentiment qu'il avait pour Asher maintenant qu'ils se reparlaient elle et lui... mais le faire maintenant serait une grave erreur, elle en était persuadée, alors elle répondit très simplement : « Si tu le dis, d'accord. » Elle capitulait si vite, mais c'était pour mieux revenir à la charge plus tard et ça, Izan n'y échapperait malheureusement pas. Même si Asher et lui ne se remettaient jamais ensemble, elle ne s'imaginait pas tenter de soulager les tensions et peut-être lui permettre de réfléchir en connaissant son point de vue à elle, qu'elle partagerait finalement après une baignade. « J'ai très envie d'essayer de te tirer jusqu'à l'eau pour me venger de ton vilain coup en Allemagne, mais je sais que c'est perdu d'avance. » Soupira-t-elle, en sachant effectivement qu'elle aurait beau essayer de le pousser jusqu'à la mer, la différence de gabarit entre eux ne lui permettrait jamais de le faire bouger ne serait-ce que d'un millimètre du transat sur lequelle il était sagement installé. « Tu ne veux pas faire semblant et te jeter à l'eau ? » Avec le regard suppliant qu'elle lui lançait, le pianiste ne pouvait pas le lui refuser, n'est-ce pas ? Izan serait assez gentil et compréhensif pour se jeter lui-même à l'eau, elle en était presque persuadée, parce qu'au fond, il s'en voulait très certainement de ce fâcheux moment où il l'avait fait passer par-dessus bord le jour de son anniversaire. Elle se souvenait de l'eau si froide, glaciale, alors qu'elle ne portait qu'une toute petite robe bustier... Après les insultes (qui restaient gentilles) et les rires, Helen s'était traînée un vilain rhume tout le reste de son séjour en Europe. Au moins, en plus de la beauté de la soirée organisée par son meilleur ami, du repas et des paysages nocturnes et impressionnants de Berlin, cette petite baignade resterait à jamais dans les annales de ses meilleurs souvenirs.

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@Helen Stenfield • Malte, août 2024

Comprenant peut-être qu’il a eu son flot d’émotions avec les dernières déclarations — et pas seulement les siennes, Helen lui épargne l’insistance qu’elle aurait pu abattre pour obtenir une réponse plus fournie concernant le sujet encore mystérieux qui lui octroie cet air abattu, dont il tâche vainement de dissimuler l’existence. Quand sa meilleure amie concède un unique mot conciliant à sa promesse de revenir sur la conversation un peu plus tard, il la remercie silencieusement d’un sourire qui presse ses lèvres l’une contre l’autre, ses deux mains se joignant dans le vide entre ses deux jambes avant qu’il ne détourne son attention en évoquant le fameux Winston, celui qui a le mérite d’être responsable de son air franchement béat, qui trahi l’idylle naissante qu’elle est en train d’écrire avec lui. Mais s’il veut bien faire des efforts pour remettre l’une de leurs discussions sur l’homme qui la console de son mariage défait, la demande est considérable et difficile ; qu’elle le veuille ou non, Mini-Pouce est un vrai tyran sur son lieu de travail ! « Oh ça va, seulement 2 ou 3, c'est rien... » - ’’Rappelle-moi comment ils t’appellent, déjà ?’’ il s’en souvient très bien, Izan, mais il ne se prive pas de remettre sur le tapis le surnom accordé à la brune, qui semble avoir une mémoire très sélective : il est quasiment sûr que le nombre d’internes bafoués par sa tyrannie se compte bien au-delà de trois. ’’Je suis sûr qu’ils rasent les murs pour t’éviter.’’ il le souffle avec un sourire amusé, en prenant un malin plaisir à imaginer la scène ; l’assurance de la taquinerie ne s’éternise cependant pas sur ses traits puisque, très vite, il demande des précisions sur son histoire avec Winston, par pure curiosité, certes, mais aussi par réelle envie de rattraper le temps perdu, d’être de nouveau à la page dans la vie de sa meilleure amie puisque, il n’y a qu’ainsi qu’il pourra reprendre la place qui était la sienne, et être un soutien digne de ce nom pour elle. « Grâce à Tinder. J'étais tellement désespérée après tout ça, que je me suis connectée sur l'application, et on a commencé à parler. Pour être tout à fait honnête, j'ai menti sur mon nom, mon âge et mon métier, et on ne voyait pas mon visage sur ma photo de profil, alors il n'a pas remarqué qui j'étais, et inversement. » il hausse les sourcils en se formulant l’idée que cela ressemble à une comédie romantique dont son ex-compagnon raffole le visionnage « On s'est donné rendez-vous, et là, le choc, la déception... le courant passait vraiment bien par messages, mais Winston avait vraiment une dent contre moi. J'ai essayé de m'excuser auprès de lui, parce qu'à l'époque je n'avais pas vraiment cherché à comprendre pour quelles raisons il volait des médicaments. Bref, on s'est ensuite revu par hasard à une soirée déguisée, il était plus enclin à parler et... on a atterri chez lui. Là-bas, on n'a pas beaucoup parlé.. » - ’’Vous avez joué aux cartes, c’est ça ?’’ il formule son hypothèse foireuse avec un faux air innocent, piochant un bonbon sans pouvoir retenir le sourire malicieux qui orne ses lèvres, bien que ce soit une sorte joie qu’il éprouve surtout : il est heureux de savoir que, dans le chaos qu’est sa vie actuellement, Helen a, quelque part, un refuge qui l’aide à tenir debout. ’’T’as raison de pas vouloir te projeter trop vite,’’ qu’il avoue en haussant légèrement les épaules après les paroles de sagesse de la brune, bien que son sourire ne trompe personne : elle a l’air sur un petit nuage et, nul doute que les sentiments se sont déjà mêlés à leurs idylle clandestine. Une histoire interdite et cachée qui, d’après les dires de la chirurgienne, ne compte pas être révélée de sitôt. ’’…Si ça t’aide à te sentir mieux, t’as aucune raison de culpabiliser ou de te sentir mal. Tu ne dois rien à Sam, dans le fond… Pas après ce qu’il t’a fait.’’ il n’a pas besoin de remettre des mots précis sur l’infidélité prolongée de Sam, et puisque dans sa relation adultère les sentiments sont également présents, Helen aurait tort de ne pas vivre sa nouvelle idylle pleinement. ’En tous cas, t’es radieuse.’’ qui achève d’étoffer le sourire qui emplit ses lèvres, juste avant qu’il réalise que le paquet de bonbons est vide ; une vraie tragédie pour celui qui est accroc aux sucreries. ’’T’en as d’autres ?’’ qu’il demande sans vergogne, semblable à un enfant qui réclame après un adulte pendant quelques secondes, juste avant qu’il ne doive aborder sa deuxième rupture avec Ash. Là, mis devant la tristesse affligeante de leur couple ayant vécu ses derniers instants, il perd tout élan joyeux et malicieux, expédiant le propos à la faveur d’une conclusion qui est bien plus facile à dire qu’à faire ; le point final de leur histoire est moins actée dans son coeur, même s’il sait qu’il ne pourrait en être autrement pour l’instant. Le sujet lui est trop douloureux pour être poursuivi, et il est grandement soulagé de constater que sa meilleure amie n’insiste pas — définitivement, elle est parfaite, Helen. « Si tu le dis, d'accord. » il le dit et il pense. Enfin, la plupart du temps. « J'ai très envie d'essayer de te tirer jusqu'à l'eau pour me venger de ton vilain coup en Allemagne, mais je sais que c'est perdu d'avance. » ayant machinalement enlacer ses coudes de ses paumes, comme pour se protéger des émotions secouées par leurs échanges, il encaisse les vagues douloureuses qui viennent froisser son coeur meurtri, même s’il essaye de donner le change en faisant l’effort d’un sourire, ne voulant pas rendre moroses les retrouvailles qui sont les leurs. « Tu ne veux pas faire semblant et te jeter à l'eau ? » il la toise quelques secondes, sans rien dire, sans rien laisser présager de l’idée sournoise qui se profile dans le secret de son esprit et, ne lui laissant aucune chance de se dérober à son piège, il se redresse en attrapant sa taille pour la soulever sans aucune difficulté aucune, la relevant pour la porter sur son épaule en la tenant fermement contre lui ’’Tu veux jouer à ça ?’’ le ton menaçant est effectif au traitement qu’il lui impose, puisqu’il traverse le bateau à l’arrêt pour descendre sur le premier pont, immobilisant ses pas au bord de ce dernier ’’JE VENGE TOUS LES INTERNES QUE TU AS MARTYRISÉ’’ et sans aucune hésitation, il la jette à l’eau en riant de bon coeur, l’observant disparaître sous l’écume avant de remonter, lui prenant place au bord du pont en faisant seulement tremper ses jambes, jusqu’à ses genoux. ’’Alors, ça t’a rafraichi ? Je trouvais que t’avais l’air d’avoir chaud…’’

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@Izan Da Silva 6 août 2024 - malte
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« Rappelle-moi comment ils t’appellent, déjà ? » La réputation de la chirurgienne n'était plus un secret pour personne, et Izan savait parfaitement comment ses internes l'appelaient, il faisait exprès de ne pas s'en rappeler pour qu'Helen lui rappelle à voix haute et se rende compte (certainement) qu'elle devrait changer de comportement avec eux. Ce n'était pas nécessairement dans ses plans que de devenir gentils avec ces petits jeunes souvent trop immatures, et elle restait intimement persuadée que, de futurs et brillants chirurgiens se devaient d'être capable de supporter la pression qu'elle leur permettait, s'ils souhaitaient réussir à gérer celle du bloc. Mais, au fond, elle admettait tout de même être un peu trop rude parfois... « Le tyran. » Lui répondit-elle, absolument pas effrayée à l'idée de le dire à voix haute, elle l'assumait totalement. « Je suis sûr qu’ils rasent les murs pour t’éviter. » « C'est même certain. » Elle haussait des épaules, tout en savourant l'un des nouveaux bonbons qu'elle avait pioché dans le sachet tenu par son meilleur ami. Ce dernier, très curieux à propos de Winston, l'écouta ensuite tenir son monologue à propos de sa rencontre avec l'ex-interne. La chirurgienne appréciait grandement qu'Izan s'intéresse de plus près à cet homme qui lui avait permis de garder la tête hors de l'eau en cette période de troubles, séparée de son époux ET de son meilleur ami, alors qu'elle n'avait jamais eu autant besoin de lui qu'à ce moment précis de sa vie. Elle était si comblée de joie aujourd'hui de pouvoir le retrouver et de tout lui raconter, tout en essayant néanmoins de ne pas paraître trop gaga, puisqu'on ne pouvait pas dire qu'Izan connaissait les mêmes joies en matière de relation amoureuse ces derniers temps, d'après ses dires... « Vous avez joué aux cartes, c’est ça ? » « C'est ça, et juste après au Monopoly. » La malice sur son visage en retour, la jeune femme savait pertinemment qu'Izan voyait exactement où elle souhaitait en venir en affirmant que Winston et elle n'avaient pas beaucoup parlé lorsqu'ils s'étaient retrouvés dans l'appartement de ce dernier, après leur soirée déguisée chez un ami en commun. « T’as raison de pas vouloir te projeter trop vite. » Malgré le caractère interdit de sa relation avec Winston et le fait qu'elle avait débuté à cause de l'infidélité de Sam, la chirurgienne veillait à ne pas s'attacher trop rapidement à lui. Ce n'était pas chose aisée, elle l'admettait complètement, puisqu'elle se sentait vraiment très bien à ses côtés... tout paraissait si simple, mais elle savait par expérience que c'était souvent le cas dans n'importe quel début d'une nouvelle relation amoureuse, alors elle préférait rester vigilante pour ne pas ajouter une déception supplémentaire aux précédentes qu'elle essayait toujours de balayer et d'oublier. « …Si ça t’aide à te sentir mieux, t’as aucune raison de culpabiliser ou de te sentir mal. Tu ne dois rien à Sam, dans le fond… Pas après ce qu’il t’a fait. » Helen acquiesçait doucement, les paroles de son meilleur ami faisaient écho avec ce qu'elle ressentait elle-même vis-à-vis de cette décision de poursuivre les choses avec Winston, malgré qu'elle soit encore une femme mariée. Même si le doute se mêlait souvent à ses pensées, elle ne voyait pas pourquoi elle se priverait de vivre quelque chose de beau avec lui, alors que Sam continuait très certainement de fréquenter sa Liliana. « Je savais que tu ne me jugerai pas... mais merci. De ne pas le faire. » Jusque là, le peu de personnes au courant de sa relation extra-conjugale avait eu la même réaction, puisque l'infidélité de Sam laissait croire qu'elle pouvait elle-même se permettre ce comportement aux yeux de tous. Pour le moment, la jeune femme voulait oublier ce dernier, même si ses sentiments étaient toujours présents, inévitablement. « En tous cas, t’es radieuse. » Cette conclusion est la plus belle de toute, Helen est ravie d'entendre de la bouche de son meilleur ami qu'elle ne tire pas une sale tronche de cocue dépressive, si bien qu'elle lui adresse un large sourire de remerciements, avant que ce dernier ne remarque qu'il avait dévoré tous les bonbons. Parce que, oui, qu'on se le dise : Izan venait de manger les 3/4 du paquet. « T’en as d’autres ? » « Possible que j'ai apporté plusieurs paquets dans ma valise pour t'amadouer, oui. » Izan était un vrai gosse avec les bonbons, mais pour le moment, il n'aurait plus de quoi en manger puisque le reste se trouvait dans sa cabine. Et elle ne comptait pas aller les chercher maintenant, d'autant que le pianiste lui racontait sa seconde rupture avec Asher. La chirurgienne comprit très rapidement que cela ne servait à rien d'insister maintenant, et elle préféra le laisser tranquille sur le sujet. Mine de rien, depuis le début de leur conversation sur les transats, leurs émotions avaient connu les montagnes russes et il était bon de faire une pause. Un peu de légèreté et d'amusement leur ferait le plus grand bien, alors Helen lui avoua très franchement qu'elle aurait adoré avoir assez de force pour l'attirer dans l'eau, en guise de vengeance. Avec un peu de chance, Izan accepterait son invitation déguisée à aller se baigner sans souci, et elle crut qu'il le ferait sans hésitation lorsqu'il se tourna vers elle pour la toiser. Sauf que, la seconde d'après, Helen se retrouvait sur son épaule à rire et protester en même temps, puisqu'elle savait ce qui l'attendait désormais : « Tu veux jouer à ça ? » « NON, Izan, repose-moi ! » Exigeait-elle d'un ton autoritaire qui perdait toute crédibilité puisqu'elle ne pouvait se retenir d'éclater de rire à être si facilement bringuebaler au-dessus de son épaule. Même si elle avait davantage le temps d'essayer de le convaincre de ne rien faire (contrairement à l'Allemagne où elle n'avait strictement rien vu venir), les choses étaient fichues pour elle. « JE VENGE TOUS LES INTERNES QUE TU AS MARTYRISÉ» Elle eut envie de lui demander de quel côté il se trouvait véritablement pour vouloir venger ses internes, sauf qu'Helen se retrouva lamentablement lancée dans l'océan, son corps s'immergeant dans l'eau après un somptueux plouf. Très rapidement, la chirurgienne remonta à la surface et apprécia très fortement d'entendre le rire du pianiste. Il était fier de son coup, le bougre. Alors qu'il s'installait sur le rebord du pont pour se tremper les jambes, une idée germait dans l'esprit de la brune. Évidemment qu'elle tiendrait sa vengeance, à un moment où à un autre. « Alors, ça t’a rafraichi ? Je trouvais que t’avais l’air d’avoir chaud…» « Ha ha ha. Je te déteste d'avoir plus de force que moi. » Être dans l'eau s'avérait être très agréable, et elle ne lui en voulait pas du tout pour ça. Mais si elle pouvait le faire culpabiliser un petit peu : « Tu as pensé à l'éventualité d'une hydrocution ? Et je dois te rappeler que ce n'est pas très conseillé de se baigner après un copieux repas de bonbons ? Avec toi, je suis toujours à deux doigts de la mort, hein. Je te remercie, ou pas ? » Bien sûr que ce n'était pas avec le peu de bonbons mangés qu'elle pourrait faire un malaise ou avoir des crampes dans l'eau... mais comme c'était elle la chirurgienne et donc la spécialiste en santé, elle était à même de faire un peu peur à son meilleur ami qui la jetait finalement toujours à l'eau sans scrupules. « Tu ne vas pas faire ton timide et rester au bord, si ? » Que ce soit dans ses plans ou non, ce n'était pas ceux d'Helen qui depuis tout à l'heure faisait du sur-place pour ne pas paraître suspecte dès les premières secondes dans l'eau. Deux options s'offraient à elle pour se venger d'Izan : l'arroser ou prétendre se faire attaquer par un requin. Étant donné toutes les émotions déjà présentes depuis son arrivée, Helen allait se montrer raisonnable et éviter la syncope au pianiste après leurs fraiches retrouvailles. La jeune femme se rapprocha alors suffisamment de lui pour pouvoir lui envoyer les plus grosses vagues qu'il lui était possible de créer avec ses bras et ses mains toutes frêles, sans lui laisser une seconde de répit. « T'en penses quoi, ça te rafraichit aussi ? » A mesure qu'elle l'arrosait sans scrupules, la chirurgienne continuait de se rapprocher et elle finit par s'accrocher à l'une de ses jambes pour le mouiller davantage, si c'était possible.

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@Helen Stenfield • Malte, août 2024

« Le tyran. » qui est lisse dans la bouche d’Helen, qui s’auto-désigne sans honte ni récrimination. La chirurgienne n’a pas sourcillé ni même hésité en énonçant le surnom que les internes lui donnent, avec une facilité si déconcertante que même le pianiste hausse ses sourcils sans en tirer une quelconque satisfaction : lui arracher son sobriquet est beaucoup moins drôle si elle l’assume, forcément. ’’Bon, maintenant que tu te tapes l’un d’eux, peut-être que tu seras plus sympa, non ?’’ il la charrie en dardant la pointe de sa langue entre ses dents de devant, son regard pétillant d’une malice à laquelle elle n’est que trop habituée, Helen. ’’En tous cas, Monopoly ou jeux de cartes, je suis heureux pour toi.’’ ses frasques amoureuses ne l’empêchent pas d’être sincère, étant amplement capable de ne pas mélanger sa peine à la joie de son ami ; pour ainsi dire, il n’est même pas envieux et n’aspire nullement à vivre une relation similaire, ayant suffisamment conscience qu’il lui faut aller au bout de son chagrin et de sa déception pour se défaire définitivement de son histoire avec Asher ; hors de question de perpétrer l’erreur cruelle en utilisant quelqu’un comme pansement. Mais ce n’est pas parce qu’il ne s’imagine pas dans ce cas de figure qu’il n’est pas capable de comprendre pourquoi Helen se plaît autant dans sa relation avec Winston, puisqu’il se doute que ce dernier est informé de sa situation, si bien qu’il ne prend même pas la peine de lui poser la question. « Je savais que tu ne me jugerai pas... mais merci. De ne pas le faire. » il rehausse ses épaules pendant quelques secondes, détournant le regard sur le décor autour d’eux avant de reporter toute son attention sur sa meilleure amie. ’’J’ai aucune raison de te juger. Et de toute façon, je serai toujours de ton côté.’’ surtout quand il voit à quel point cette idylle naissante rend son amie aussi joyeuse que radieuse ; difficile de remettre en doute la légitimité de leur relation, puisqu’il est totalement saugrenue de parler d’une quelconque tromperie envers celui qui est infidèle depuis deux ans. Mais, connaissant Sam, il y a fort à parier qu’il fera tout un drame de son aventure avec Winston, si bien qu’il juge, après coup, qu’elle a raison de ne pas l’ébruiter. Lui adressant un dernier sourire, surtout après avoir entendu qu’elle avait d’autres paquets de bonbons dans ses valises, il s’illustre sous une espièglerie enfantine en la soulevant avec une facilité ahurissante, la portent sur son épaule pour la balancer à l’eau malgré ses protestations « NON, Izan, repose-moi ! » - ’’Tu n’as pas précisé où, alors…’’ alors il la jette par-dessus bord en émettant un rire victorieux, qui ne s’estompe guère lorsqu’elle remonte à la surface et qu’il l’observe derrière ses lunettes de soleil, en prenant place au bord du pont pout tremper ses jambes. « Ha ha ha. Je te déteste d'avoir plus de force que moi. » mains appuyées dans son dos et bras tendus, il fait danser ses sourcils sur son front en rétorquant, mesquin ’’Faut te mettre à la muscu. Tu veux que je t’offre un abonnement à la salle de sport ?’’ son anniversaire n’est pas pour tout de suite mais, nul doute qu’il gardera dans un coin de sa tête comme une idée de cadeau totalement foireux. « Tu as pensé à l'éventualité d'une hydrocution ? Et je dois te rappeler que ce n'est pas très conseillé de se baigner après un copieux repas de bonbons ? Avec toi, je suis toujours à deux doigts de la mort, hein. Je te remercie, ou pas ? » n’étant pas véritablement sensible à la tentative d’apitoiement de la brune, il fait mine de réfléchir pendant quelques secondes avant de décaler, dans un sourire joueur : ’’De rien, c’était avec grand plaisir.’’ et c’est sincère, il est probable qu’il réitère l’expérience au cours du séjour. Surtout que la demoiselle ne tarde pas à se venger, l’arrosant à foison et l’obligeant à d’abord se protéger instinctivement avec ses bras, tout en riant de bon coeur à leurs enfantillages. « T'en penses quoi, ça te rafraichit aussi ? » - ’’Tu vas voir…’’ glissant dans l’eau, il profite de l’avoir tout près de lui pour appuyer sur son épaule avec une main, la faisant couler sans grand effort ; c’est qu’elle est vraiment menue, Mini-Pouce. ’’On fait la course ?’’ qu’il demande une fois qu’elle est remontée à la surface, en signant une bouée de balisage un peu plus loin. ’’Le premier qui fait l’aller-retour choisit le menu de ce soir.’’ songeant qu’elle va songer n’avoir aucune chance (c’est vrai), il propose : ’’Je te laisse même partir en avance !’’

crédits/juju boté du nord