En lisant la presse ce matin-là, Chris avait pu y dénicher une information intéressante. Il avait pu voir que l’inauguration des locaux d’une nouvelle société dans le quartier d’affaires aurait lieu vendredi soir à 20H avec un vernissage artistique en complément. En soit, cela n’avait absolument rien d’extraordinaire. Non ce qui était marquant pour le jeune homme, c’est que cette inauguration avait lieu dans les anciens locaux de la société Barker, exactement au même endroit où avait eu lieu cette fameuse soirée qui avait marqué la fin de son histoire avec Cecilia. Alors il n’était pas dupe et se doutait bien que l’entreprise familiale avait sans doute depuis longtemps quitté ses anciens locaux pour des espaces encore plus grand qui correspondrait davantage au nouveau standing de l’entreprise, mais la coïncidence fut troublante et Chris sut alors qu’il devait s’y rendre.

Vendredi soir, 20h, Central Business District

Comme le voulait la tradition, il ne fallait surtout pas arriver en retard à une telle inauguration mondaine où toutes les personnes les plus influentes de la ville étaient souvent conviées. Chris, quand à lui, put sans aucun mal sortir sa carte de journaliste pour se faire admettre en ces lieux. L’intitulé de son employeur « The Sydney Morning Herald » suffit à faire briller les yeux de la personne chargée de vérifier la liste des invités en se disant certainement que cela serait une superbe promotion pour l’entreprise que d’avoir un article dans le célèbre journal australien. Et, s’il était réputé comme un véritable chat noir au sein des entreprises de Sydney, sa récente arrivée sur la ville de Brisbane, lui permettait encore à l’heure actuelle une certaine discrétion quant à sa véritable profession de journaliste d'investigation.

Aimable et souriant, mais sans forcément chercher le contact, Chris prenait des informations et observait la foule dans la très longue salle qui se trouvait au dernier étage de l’immeuble. Celle-ci devait bien faire au moins 70 mètres de long sur 20 mètres de large avec des fenêtres offrant une magnifique vue sur le centre-ville de Brisbane. Tout au long de cette pièce était disposé des cloisons intermédiaires où étaient entreposées des œuvres d’art, tantôt des sculptures, tantôt des peintures, le tout vraisemblablement loué à une galerie d’art proche qui en profitait ainsi pour en faire sa publicité.

Chris avait tout d’abord commencé par traverser lentement la pièce, faisant mine d’observer les œuvres d’art dans chaque allée, mais s’intéressant avant tout aux personnes présentes, toujours très bien vêtues et coiffées. Se réunissant par petits groupes de 3 ou 4 tout en faisant mine de rigoler à la moindre remarque de l’un d’entres eux. Des serveurs passant distribuer des coupes de champagne aux invités dans les allées pendant que d’autres commençaient à présenter des petits fours sur de magnifiques plateaux ornementés d’or pour ravir leurs papilles. Chris avait pris une coupe, uniquement pour le forme, afin de ne pas paraître suspect, car il n’aimait pas cela. Les serveurs n’étant pas dupes et savaient tous que les invités étaient aussi présents ce soir pour profiter de ces petites friandises gratuitement. Le jeune homme faisait un effort considérable pour garder toujours un sourire de façade car il détestait réellement ce monde-là.

Au bout de la salle, se trouvait un bar où un barman pouvait servir les invités sur d’autres boissons souhaitées, mais une déception s’empara tout d’abord de Chris. Non,  @Cecilia Barker n’était pas présente ce soir, ni même un membre de sa famille. Il avait espéré secrètement qu’un membre de la famille Barker y soit également invité, en tant qu’anciens propriétaires des locaux mais visiblement ce n’était pas le cas. Ou alors ils avaient décliné l’invitation. Il s’était pourtant convaincu que cela aurait pu être l’endroit idéal pour reprendre leur histoire où ils l’avaient arrêté afin de pouvoir potentiellement corriger les erreurs du passé. Le jeune homme continuant alors de déambuler dans les allées du vernissage jusqu’à ce qu’il s’arrête à un endroit précis. En levant les yeux sur le mur, il crut apercevoir le tableau de sa mère, celui même qui avait été saccagé par la jeune femme lors de leur dispute. Émotionnellement, il fut alors absorbé comme dans une machine à remonter le temps...

Lorsque Chris se retourna il aperçut la jeune femme comme dans ses souvenirs. Celle-ci était toujours aussi magnifique mais c’est son attitude qui ne convenait plus au jeune homme. Il se revoit alors en train de l’interpeller devant tout le monde. Maintenant qu’il se revoyait en train de l’insulter, alors même que ses parents étaient aussi témoins de la scène qu’il lui faisait, il se rendit compte qu’il avait été incroyablement dur dans ses propos. La jeune femme avait alors déboulé comme une furie avant de lui adresser une gifle monumentale… Il ressentit encore la violence de son acte et, instinctivement, revivant la scène comme s’il y était vraiment, il tourna de nouveau la tête tout en portant sa main au niveau de sa joue pour apaiser la douleur…

GGGLLLIIINNGGGG !!! Le son d’un verre qui casse sortit aussitôt Chris de sa torpeur qui revint à l’instant présent en réalisant soudainement qu’il avait laissé tomber sa coupe de champagne à ses pieds, lorsqu'il avait porté sa main au niveau de son visage. Cela suffit à attirer le regard de tous les convives en sa direction, ce qui gêna fortement notre cher journaliste. « Désolé…  », se contenta-t-il de dire à voix haute alors qu’un serveur venait déjà à sa rencontre pour nettoyer les dégâts qu’il avait causé. Heureusement, les invités retournèrent rapidement à leurs conversations futiles, oubliant quasi instantanément ce qui venait de se passer. Chris en profita alors pour se diriger vers le bar en s’adressant au barman.

« Bonsoir, serait-il possible d’avoir n’importe quel cocktail s’il vous plaît ? »
«Bien sûr, avec ou sans alcool ? » lui répondit le barman
« Avec alcool, merci » précisa Chris, pensant qu’il allait devoir compenser cette soirée qui était loin de commencer sous les meilleurs auspices, repensant encore une fois à ce qu’il venait de revivre émotionnellement.

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’’Tu peux faire un effort pour sourire un peu plus ou c’est trop te demander ?’’ Izan lui rétorque par la grimace d’un sourire exagéré qui pousse Lynda à lui flanquer un coup dans les côtes pour simples représailles, sans qu’elle ne perde l’élégant rictus qui orne ses lèvres, dans une façade diplomate qu’elle maîtrise à la perfection, Lynda, et qu’elle offre à toutes les personnes qui ont le loisir de croiser son regard maquillé. ’’C’est trop te demander, donc.’’ elle le marmonne en gardant les dents serrées pour que personne ne soupçonne le savon qu’elle est en train de lui passer, au sale gosse qu’elle considère presque comme son fils alors qu’ils ont sensiblement le même âge : mais des deux, elle sait être la plus adulte et la plus responsable. ‘’Voilà ce qu’on va faire…’’ elle bascule sur ses talons hauts — qui la maintiennent à une taille moindre par rapport au pianiste, sur lequel elle pose un regard curieusement indulgent. ’’Partir ?’’ d’accord, elle n’a peut-être pas un regard si indulgent que ça, finalement ’’Non, Izan. On ne va pas partir. Tu sais combien coûte la robe que je porte ?’’ il n’en a aucune idée mais il la jauge quand même de haut en bas comme si l’étiquette avec le prix était toujours accrochée quelque part sur le vêtement ’’J’sais pas, mais ça te fait une belle poitrine en tou… Aïe !’’ est-ce qu’elle vient de lui écraser le pied avec son talon alors qu’il lui faisait un compliment ? ’’Mais ça ne va pas ?’’ - ’’Comme à chaque fois que je suis avec toi.’’ elle ne lui laisse pas vraiment le temps de réagir à la rebuffade mais crochète plutôt son bras au sien pour l’embarquer vers les convives, qui lui servent une conversation aussi soporifique qu’ennuyeuse, mais comme Lynda le surveille d’un oeil attentif, il s’efforce de ne pas contrarier son assistante qui l’accompagne en-dehors de ses horaires habituels : elle ne l’avouera jamais, Lynda, mais elle a tant insisté pour venir afin de tenir les journalistes à distance, sachant combien ils peuvent être hargneux et combien le musicien devient facilement anxieux quand il est la proie de toutes ces persécutions liées à sa famille. En somme, elle accepte volontiers d’être le pitbull de la soirée, et nul doute qu’elle n’hésitera pas à mordre si cela est nécessaire. Mais sans trop savoir comment, ils sont finalement séparés au gré des conversations qu’ils partagent avec les convives, jusqu’à ce que le musicien, parvenant à s’échapper, se dirige machinalement vers le bar pour y trouver une bonne dose de courage, qui se manifeste par un verre ambré qui lui est servi en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Apportant sa boisson à ses lèvres, il en boit une petite gorgée avant de lever les yeux vers le bruit de fracas qui résonne dans la salle, et qui attire tous les regards. Mais il se désintéresse rapidement de l’homme maladroit ayant lâché sa coupe, se penchant plutôt vers son téléphone pour répondre à ses messages, en écoutant d’une oreille distraite les voix autour de lui, même s’il entend très distinctement le « Avec alcool, merci » qui résonne presque avec désespoir. Rangeant son téléphone dans la poche intérieure de son costume, il passe la pointe de sa langue sur sa lèvre inférieure avant de se saisir de son verre dans une main, tandis que ses yeux se posent sur le fameux maladroit. ’’Soirée difficile ?’’ ou soirée chiante, peu importe, le résultat est le même, n’est-ce pas. Avalant une nouvelle gorgée de son verre, il tire machinalement sur le col de sa chemise en se formulant, encore une fois, qu’il déteste vraiment porter un costume. C’est comme cette soirée : insupportable.

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A la suite de ses péripéties, Chris s’était naturellement dirigé vers le bar afin de penser à autre chose de ce qu’il venait de revivre en commandant un cocktail alcoolisé pour se remettre. Il regarda un instant le barman qui commençait à préparer sa commande en sortant notamment de la vodka et du curaçao. Lorsque Chris fut visiblement abordé par une personne qui se trouvait au bar non loin de lui

”Soirée difficile ?” lui demanda cette personne. Chris tourna la tête alors en direction de celle-ci et constata qu’il s’agissait d’un jeune homme élégamment vêtu pour la soirée, portant son verre à ses lèvres juste après l’avoir questionné mais qui, visiblement, en se fiant à son flair, n’était pas du même genre que les autres convives. La preuve était qu’il avait réussi à se retrouver seul au bar, en ne cherchant pas à faire mine de s’intéresser à ce que tout les autres pouvaient bien se raconter entre eux. Il n’exprimait visiblement aucun intérêt à être ici et, en ce point, il n’était pas si différent du journaliste. De plus, il le remercia intérieurement de ne pas faire une allusion directe à ce qu’il venait de se produire et au verre qu’il avait involontairement fait tomber au milieu de la réception

”Arf… ne m’en parlez pas” lui répondit Chris en soupirant avant de poursuivre  ”Je suis venu ici en espérant y retrouver quelqu’un mais cette personne n’est pas présente…”. Enfin pas vraiment, pensa-t-il alors qu’il avait pu revoir Cecilia très nettement dans son esprit, souriant bien malgré lui en repensant à la gifle qu’il avait reçu. Il l’avait bien mérité, il ne dirait plus le contraire désormais, mais cela n’était rien comparé à ce qu’elle avait ensuite pu dire et faire au cours de leur altercation passée. La blessure de la revoir détruire volontairement une toile de sa défunte mère en y explosant sa coupe de champagne de rage avait été la goutte d’eau de trop…

«Et voici votre cocktail monsieur » s’adressa le barman à son attention en lui présentant un verre aux jolies courbes remplie d’un liquide bleu indéfinissable. « C’est un Blue Lagoon » compléta alors le serveur alors que Chris prenait le verre en main en le remerciant. Blue Lagoon, cela lui rappela des vacances qu’il avait passé il y a plusieurs années en Islande, profitant de son côté solitaire et baroudeur pour explorer ce pays aux paysages tous plus extraordinaires les uns que les autres… passant des volcans aux cascades, des glaciers aux champs de lave… et cette merveilleuse expérience de pouvoir se baigner dans des bains chauds au Blue Lagoon dans un environnement féérique. Que de bons souvenirs pour un homme comme lui, loin de tout et seul au monde en communion parfaite avec la nature … En tout cas, bien loin de l’ambiance à mourir qui régnait ici maintenant qu’il savait qu’il ne trouverait pas ce pourquoi il était venu. Mais il ne voulait pas se montrer impoli pour autant vis-à-vis du jeune homme qui se trouvait non loin de lui.

”A votre santé !” s’adressa-t-il à son attention tout en levant son verre en sa direction puis d’y tremper ses lèvres pour goûter au cocktail qu’on lui avait préparé. Il trouva celui-ci légèrement corsé mais c’était exactement ce dont il avait besoin à cet instant précis. Puis il reposa son verre sur le bar avant d’engager la conversation. Après tout, le jeune homme était peut-être la seule personne avec laquelle il aurait eu envi d’échanger ce soir vu les convives qui avaient été invitées. ”Je m’appelle Chris et vous ?” lui demanda-t-il en lui tendant la main. S’il s’avérait que ce dernier était célèbre alors il ne l’avait pas du tout reconnu. Bien que journaliste, Chris était aux antipodes de lire les médias et encore moins les pages people… c’était bien l’une des particularités qui faisait qu’il n’avait aucun de ses collègues dans son carnet d’adresses. Eux auraient adorés être présents à une telle soirée à essayer de rencontrer des personnes connues pour essayer de leur tirer les vers du nez ou à prendre des photos forcées, voir même contre leur volonté. Non, Chris détestait ses collègues people presque autant que d’être ici…

”Si je ne me trompe pas… vous allez l’air de vous plaire ici à peu près autant que moi !” lui fit remarquer Chris en rigolant légèrement à cette réflexion. ”Etes-vous venus seul ou accompagné ?” lui demanda-t-il en se disant que, généralement, les hommes étaient entraînés par leurs épouses à ces soirées mondaines qui y trouvaient plus de réjouissances que ces derniers. En pensant à cela, il revit encore une fois le visage de Cecilia qui prenait un vrai plaisir à ces moments, jouant le jeu des mondanités, tout au contraire de lui et c’était bien ce qui avait fini par mettre un terme à leur histoire.

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’’Arf… ne m’en parlez pas’’ ben si, justement, il a envie d’en parler, si bien que le pianiste tourne seulement ses yeux en sa direction, pressant ses lèvres l’une contre l’autre avant de reposer son verre sur la feuille de papier soigneusement repliée qui protège le comptoir en marbre des possibles éclaboussures. ’’Je suis venu ici en espérant y retrouver quelqu’un mais cette personne n’est pas présente…’’ un aveu sentimental qui lui fait hausser les sourcils sur son front en le plissant quelque peu, non pas sous un quelconque élan de moquerie mais parce qu’une vérité lui saute indubitablement aux yeux ’’Il aurait peut-être fallu consulter la liste des invités.’’ qu’il fait remarquer sans réel mépris dans la voix, même s’il ne peut s’empêcher de se demander si son interlocuteur n’est pas novice des soirées mondaines où il vient pourtant de mettre les pieds, puisqu’il faut être journaliste accrédité ou avoir un carton d’invitation pour espérer franchir la sécurité. De ce fait, une question se pose : le maladroit est dans la première ou la deuxième catégorie ? ’’Et voici votre cocktail monsieur… C’est un Blue Lagoon.’’ comme le cocktail semble accaparer toutes les pensées de son interlocuteur, qui observe son contenu comme s’il possédait toutes les réponses à ses questions, Izan attrape son propre verre pour en boire une nouvelle gorgée, en pivotant contre le comptoir pour zieuter en direction de la salle remplie d’hypocrites ; de l’orchestre qui joue un air discret dans le coin de la pièce aux nappes blanches qui recouvrent les tables rondes, et en passant par les gerbes de fleurs blanches disséminés un peu partout, tout reflète le tableau idyllique et chic que l’on veut vendre aux richissimes invités qui se pavanent dans la salle en espérant être immortalisés en bonne compagnie sur quelques clichés. ’’A votre santé !’’ interpellé par la phrase qu’on lui accorde, il décroche son regard hautain pour rouler son menton sur le côté afin de rencontrer les yeux du maladroit, levant son verre à la suite pour lui retourner silencieusement la formule. ’’Je m’appelle Chris et vous ?’’ se saisissant de la main qu’on lui tend avec la sienne encore libre, il presse ses lèvres dans un sourire discret en répondant ’’Enchanté, Chris, je m’appelle Izan.’’ il prononce correctement son prénom, lui, ce qui donne phonétiquement un « Isahn » qu’il ne s’attend pas à être répété dans la bouche d’autrui, puisqu’il y a bien trop longtemps qu’on écorche son prénom pour qu’il s’en formalise encore ’’Première fois ici, on dirait.’’ ou, à l’inverse, Chris a trop écumé les soirées emmerdantes de ce type pour avoir encore l’énergie de faire semblant, au choix ’’Si je ne me trompe pas… vous allez l’air de vous plaire ici à peu près autant que moi !’’ il échappe un petit rire amusé en baissant le menton, haussant succinctement ses sourcils sur son front en réalisant qu’il ne fait visiblement pas trop d’efforts lui-même pour cacher son ennui ’’Vous plaisantez ? J’adore être entouré de vieilles personnes en costards qui se font de grands sourires et se tirent dans les pattes ensuite.’’ passant la pointe de sa langue sur ses dents du haut, il fait machinalement tourner son verre dans sa paume avant de soupirer ; même le liquide ambré qu’il avale ne le console pas ’’Etes-vous venus seul ou accompagné ?’’ - ’’Accompagné,’’ dit-il en se retournant vers la salle pour chercher visuellement la silhouette de Lynda qui, prise en grande discussion avec des femmes aux chignons hauts comme des soucoupes, n’a pas le temps de le surveiller ; une chance pour celui qui la désigne de l’index en rajoutant ’’C’est mon assistante, Lynda.’’ parce qu’il l’adore, Lynda, mais pas au point de la faire passer pour son épouse, surtout que la bague qu’il porte à l’annulaire pourrait porter à confusion ’’Et vous, vous espériez voir qui, ici ?’’ il le demande parce qu’il trouve sincèrement que c’est un choix très discutable pour des retrouvailles, et la grimace qu’il porte en regardant de nouveau l’assemblée en est la preuve. ’’Vous pensez que c’est bientôt fini ?’’ zieutant l’heure à la montre de son poignet, il soupire de désespoir et de lassitude — sans exagération parce que c’est pas le genre de la maison ’’J’en ai déjà marre, il me faut un autre verre.’’ joignant le geste à la parole, il se retourne vers le comptoir en attendant que le serveur soit libre, et il a intérêt à l’être vite. Question de survie.

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”Il aurait peut-être fallu consulter la liste des invités.” lui répondit le jeune homme lorsqu'il avoua ne pas avoir vu la personne qu'il espérait à cette soirée mondaine. ”C'est une bonne remarque...” répondit Chris avant de poursuivre, se sentant obligé de se justifier pour ne pas paraître pour une personne sans jugeote. ”Mais je n'ai pas reçu la liste des invités en amont et je ne me voyais pas regarder par-dessus l'épaule de la personne à l'entrée pour jeter un coup d'oeil. Je ne pense pas que ce soit quelque chose de convenable et, en plus, je préférais avoir une potentielle surprise. C'était ma seule bonne raison de venir à ce genre de soirées.” ajouta-t-il en précisant bien qu'il ne prenait aucun plaisir à être ici. Puis, après avoir reçu son cocktail et l'avoir goûté, Chris décida de se présenter voyant que son interlocuteur s'était perdu lui aussi à contempler la salle de réception le regard vide.

”Enchanté, Chris, je m'appelle Izan.” Ce dernier se présenta à son tour, un certain Isahn s'il avait bien compris. En revanche, il n'était totalement pas convaincu d'avoir la bonne orthographe... ”Enchanté Isahn” se contenta-t-il de le lui répondre avant que le jeune homme ne lui fasse une remarque ”Première fois ici, on dirait.” A vrai dire, pas vraiment, c'était même le fond du problème, il était déjà venu ici il y a très longtemps mais ce n'était pas un souvenir qu'il avait forcément envi de raconter au premier venu. Ainsi, passé pour une personne qui découvrait les soirées mondaines n'était pas non plus pour lui déplaire. En revanche, il ne se cacha pas de son désintérêt total pour ce genre d'évènements et il s'assurait que ce sentiment était réciproque. ”Vous plaisantez ? J'adore être entouré de vieilles personnes en costards qui se font de grands sourires et se tirent dans les pattes ensuite.” Visiblement Isahn ne manquait pas d'humour et cela suffit à faire sourire Chris. Il fut conforté sur leur point commun mais s'interrogea pour le coup de la raison réelle de sa présence en ces lieux. Pour lui, la raison la plus évidente était qu'il avait été traîné ici par son épouse et il lui demanda donc s'il était venu seul ou accompagné. ”Accompagné.” répondit-il. Ainsi Chris avait vu juste alors que le jeune homme cherchait visiblement sa femme dans la salle avant de la désigner de l'index.”C'est mon assistante, Lynda.” ajouta-t-il. Pour le coup c'était raté, Chris ne put cacher un petit effet de surprise. Car la seule raison qu'il voyait pour être accompagné par son assistante c'est qu'elle souhaitait être présente ici, mais ne pouvait sans doute venir que si Isahn était lui-même présent, ce qui signifiait que le jeune homme était la personne VIP qui avait été invitée. Mais dans quelle branche pouvait bien exercer le jeune homme ? Il n'eut pas le temps de lui poser la question car ce dernier fut le plus rapide.

”Et vous, vous espériez voir qui, ici ?” lui demanda-t-il. Mince, Chris regretta de ne pas avoir été le plus rapide à poser une nouvelle question pour le coup. Et il prit le temps de boire une longue gorgée de son cocktail avant de formuler une réponse. Mais avant que Chris ne puisse lui répondre, le jeune homme continua à parler d'un ton ennuyé ”Vous pensez que c'est bientôt fini ? J'en ai déjà marre, il me faut un autre verre.” tout en se retournant du côté du barman. La situation fit sourire Chris qui ne se dégonfla pas et lui répondit : ”Pour dire vrai, je pense que la soirée ne fait que commencer. Il me semble qu'ils ont prévu ensuite un discours du PDG... en attendant je pourrais bien vous racontez qui j'espérez voir ici mais c'est une longue histoire. Et vu la vitesse à laquelle vous descendez les verres, je crains que vous vous écrouliez avant même d'en arriver à la moitié !” finissant sa phrase en rigolant, amusé par le comportement totalement désinvolte de son camarade de comptoir. En revanche, ce qu'il ne comprenait pas, c'est pourquoi il ne partait pas d'ici ? Maintenant que son assistante était dans la place, il pouvait tout à fait s'échapper d'ici en la laissant sur place, ainsi chacun pourrait faire ce qu'il avait envi. Du coup, il ne put s'empêcher de lui proposer avec le sourire ”Tu ne serais pas plutôt partant pour qu'on se fasse la malle d'ici ? On pourrait très bien aller boire un verre ailleurs mais avec une meilleure ambiance sonore et, je ne sais pas, une partie de billard ou de fléchettes par exemple. Qu'est-ce que tu en penses ?”. Chris était passé naturellement au tutoiement, trouvant le jeune homme fort sympathique et ayant envi de le sortir de cette galère. Il y avait finalement moyen pour que cette soirée se termine mieux qu'elle n'avait commencée. Mais encore fallait-il que cette envie soit partagée ? Puis pour accompagner le geste à la parole, il finit à son tour son verre d'un seul coup avant de le déposer sur le comptoir.

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’’C'est une bonne remarque…’’ il est tenté de préciser que toutes ses remarques le sont mais, comme il est en train de boire, il s’abstient et avale plutôt sa gorgée d’alcool en faisant seulement entendre un petit ‘’hm hm’’ ’’Mais je n'ai pas reçu la liste des invités en amont et je ne me voyais pas regarder par-dessus l'épaule de la personne à l'entrée pour jeter un coup d'oeil. Je ne pense pas que ce soit quelque chose de convenable et, en plus, je préférais avoir une potentielle surprise. C'était ma seule bonne raison de venir à ce genre de soirées’’ la déception est donc de mise pour celui qui s’attache à la bienséance des lieux, quand bien même ne prend-il aucun plaisir à en écumer le parquet lustré ’’Navré pour l’absence de surprise, dans ce cas.’’ il est sincère dans sa formule, même s’il continue de croire que c’est vraiment un endroit vraiment curieux pour des retrouvailles, mais comme il n’est pas franchement spécialiste en la matière, il s’abstient de tout commentaire à ce sujet. ’’Enchanté Isahn’’ il note l’effort de prononciation pour articuler correctement son prénom, et cela est bien suffisant pour qu’il lui adresse un sourire chaleureux, en prenant soin de reposer son verre sur le support adéquat. C’est peut-être cette attache toute particulière à son prénom qui le pousse à se montrer bien bavard, ne se privant pas de donner des détails sur sa venue et même sur la façon dont il considère cette soirée, sans même savoir si ses mots peuvent être utilisés contre lui. Mais sans trop savoir pourquoi, Chris lui inspire une certaine confiance, probablement poussée par le fait qu’il ne cherche pas à se complaire dans l’hypocrisie ambiante mais, comme lui, avoue sans honte qu’il s’emmerde comme un rat mort entre ces murs pourtant joliment décorés. ’’Pour dire vrai, je pense que la soirée ne fait que commencer. Il me semble qu'ils ont prévu ensuite un discours du PDG... en attendant je pourrais bien vous racontez qui j'espérez voir ici mais c'est une longue histoire. Et vu la vitesse à laquelle vous descendez les verres, je crains que vous vous écrouliez avant même d'en arriver à la moitié !’’ il hausse un sourcil devant cette considération peu glorieuse, qui est parfaitement indigne de son personnage ’’Alors là, vous me jugez très mal.’’ qu’il rétorque sans l’ombre d’une quelconque vanité, un sourire seulement amusé venant emplir ses lèvres tandis qu’il poursuit, assuré de la véracité de son propos : ’’Je tiens très bien l’alcool, il en faut beaucoup pour que je m’écroule.’’ pour ainsi dire, ça ne lui est jamais arrivé alors qu’il a une très bonne descente : heureusement qu’il a l’alcool joyeux, n’est-ce pas. S’il a été tenu sous cloche durant toute son adolescence, lorsqu’il a découvert les soirées et l’alcool, le pianiste classique a emprunté une pente aussi glissante que dangereuse mais, heureusement, sa relation avec l’alcool tend à diminuer depuis quelques mois — d’abord sous la bonne influence de Jayden, puis sous l’apaisement procuré par son compagnon. ’’Tu ne serais pas plutôt partant pour qu'on se fasse la malle d'ici ? On pourrait très bien aller boire un verre ailleurs mais avec une meilleure ambiance sonore et, je ne sais pas, une partie de billard ou de fléchettes par exemple. Qu'est-ce que tu en penses ?’’ il n’a pas statué sur le refus ou l’acceptation qu’il va brandir comme réponse, mais il est clair que la proposition est engageante, et qu’elle lui ouvre des bras qu’il a envie de rejoindre. Soupirant, il appuie ses coudes sur le comptoir en étant dos à ce dernier, ses yeux chahutant l’assemblée d’un air indifférent avant de dire, d’une voix presque déçue : ’’Il faut détourner l’attention de mon assistante, alors, sinon elle risque de nous foutre un coup de taser.’’ sa phrase laisse déjà entendre qu’il se laisse volontiers entraîner vers l’idée de fuite, et il continue sur cette lancée en prenant son verre pour avaler la dernière gorgée sans sourciller, redressant ses épaules en disant, teintant son sourire d’un air furieusement amusé : ’’Après, on peut toujours prendre l’option « partir en courant sans se retourner »…’’ et prier pour que Lynda ne les rattrape pas, c’est tout l’enjeu : survivre au courroux de l’assistante qui, même si elle a vu pire avec lui, s’étonne toujours des gamineries dont il est coupable. Quitter une soirée mondaine en compagnie d’un illustre inconnu, il ne lui avait jamais fait, encore…

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”Alors là, vous me jugez très mal. Je tiens très bien l'alcool, il en faut beaucoup pour que je m'écroule” répondit Isahn. Cela fit sourire Chris, amusé par la réplique de ce dernier, visiblement prêt à tenir le coup le temps de son récit. Mais si cela devait arriver, il ne fallait pas que ce soit ici. Ainsi, il lui proposa de s'enfuir d'ici et de poursuivre leur conversation dans un lieu qui conviendrait davantage aux deux hommes. Isahn soupira avant de regarder la salle, visiblement déçu en ajoutant ”Il faut détourner l'attention de mon assistante, alors, sinon elle risque de nous foutre un coup de taser.”. Chris ne savait pas s'il plaisantait ou non, après tout c'était son assistante, et non l'inverse, alors il ne voyait pas pourquoi il aurait besoin d'obtenir son autorisation pour partir d'ici. Il semblait en parler comme s'il s'agissait de son garde du corps. En tout cas, celle-ci semblait obnubiler par ses échanges avec d'autres convives. ”Après, on peut toujours prendre l'option "partir en courant sans se retourner...” Proposa Isahn d'un air amusé qui semblait tout de même prendre au sérieux le fait que son assistante puissent les intercepter et/ou les rattraper.

”Bon tu sais ce qu'on dit... Le ridicule ne tue pas ! Et tout ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort... ” lui répondit Chris tout en se redressant. Après tout, il ne connaissait personne ici et il haïssait tout ce petit monde alors si, en plus, on pouvait joindre l'utile à l'agréable, il ne fallait pas attendre plus longtemps pour se faire plaisir. Bien décidé à agir, il prit une coupe de champagne à un serveur qui passait et il la but cul sec bien qu'il n'aimait pas cela. Cela suffirait à lui faire une sale tête et il comptait bien s'en servir avant de prendre une deuxième coupe qu'il garda en main tout en se retournant vers son camarade de comptoir. ”Tu m'as l'air d'avoir vraiment besoin d'aide pour t'extirper d'ici. Du coup, tu vois le petit groupe d'hypocrites juste-là ?" en lui montrant le groupe qu'il visait et qui se trouvait juste à côté du groupe avec lequel son assistante était en train de discuter. ”Je n'aime pas son air de "j'me la pète plus que les autres !" Du coup, je te propose de passer par l'arrière et moi, je m'occupe de faire diversion !” lui proposa-t-il, visiblement amusé par ce qu'il avait en tête. S'il réussissait son coup, alors Isahn pourrait passer dans le dos de son assistante sans se faire remarquer.

LANCER DE DES => suspense !

Une fois obtenu l'accord de son camarade, il se mit en marche jusqu'au petit groupe désigné en prenant soin d'arriver en face de l'homme visé. Juste à côté d'eux se trouvait une oeuvre d'art métallique, un ensemble diforme rubigineux qui était aussi horrible que l'ambiance pesante de ces lieux. Puis il profita qu'il y ait un serveur avec un plateau de petits fours au milieu de ce petit monde, pour faire une approche sans délicatesse en jouant un peu des épaules pour se faire une place tout en essayant d'attraper le petit four le plus éloigné de sa position et le plus proche de l'homme fortuné visé. Et, accentuant sa maladresse avec malice, il en profita pour renverser sa coupe sur le costard haute couture de l'homme en question qui hurla aussitôt de son intervention, réagissant ainsi exactement comme Chris l'avait envisagé. ”Oups !” se contenta de dire le jeune homme, sans même s'excuser, alors que sa cible le regardait avec des éclairs dans les yeux tout en criant au scandale au milieu de cette réception. Chris fit semblant d'avoir du mal à se remettre bien droit, comme s'il avait trop bu, et le fait de repenser au goût du champagne qu'il avait encore en bouche suffit à le rendre convaincant dans son rôle.

"Qu'on le mette dehors !" ordonna l'homme en question alors que Chris en profitait pour le narguer en mangeant un peu n'importe comment le petit four qu'il avait malgré tout réussit à attraper. Il regarda autour de lui et il était ravi de voir que toute l'attention de la salle était dirigée vers lui, y compris celle de Lynda, permettant ainsi à Isahn de pouvoir filer à l'anglaise dans le dos de son assistante. C'est alors que deux vigiles s'approchèrent de Chris pour le prendre chacun par une épaule afin de l'accompagner vers la sortie. Visiblement, Chris avait tiré le jackpot en s'en prenant directement au PDG qui devait faire son discours d'ici peu ! Ne manquant pas de gêne et allant jusqu'au bout de son idée, Chris en profita également, lorsqu'il passa à côté de l'assistante en question qui ne l'avait pas quitté du regard depuis le début de sa diversion pour s'adresser à elle : ”Très jolie robe !” lui dit-il en lui mimant un baiser avec ses lèvres au passage.

Mission accomplie !

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’’Bon tu sais ce qu'on dit... Le ridicule ne tue pas ! Et tout ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort...’’ le pianiste grimace en songeant au fait que c’est bien une phrase qu’une lycéenne en pleine crise d’adolescence pourrait dire mais, il ne relève pas vraiment et se contente de balayer les alentours d’un regard méfiant, comme s’il craignait que des oreilles indiscrètes les écoutent et avortent leur plan d’évasion avant même que celui-ci ne commence ’’Tu m'as l'air d'avoir vraiment besoin d'aide pour t'extirper d'ici. Du coup, tu vois le petit groupe d'hypocrites juste-là ?’’ - ’’Il n’y a que ça, ce soir.’’ qu’il précise en suivant visuellement la trajectoire indiquée par Chris, reconnaissant sans mal la silhouette imposante et massive du PDG à l’origine de tout ce cérémonial de condescendance immonde ’’Je n'aime pas son air de "j'me la pète plus que les autres !" Du coup, je te propose de passer par l'arrière et moi, je m'occupe de faire diversion !’’ ne pas faire une blague douteuse sur la formulation employée lui demande tous les efforts du monde — non, vraiment, ne lui lancez pas des perches comme ça, mais il porte les stigmates de son humour discutable sur les lèvres, sous l’ébauche d’un sourire résolument amusé ’’C’est à toi d’entrer en scène, alors.’’ levant légèrement le menton avec un air de défi, comme s’il attendait de voir que son allié a suffisamment de cran pour se rendre coupable d’une telle mascarade, il le suit du regard en riant volontiers de son cinéma qui, il faut bien le reconnaître, est plus que convaincant. Un passif, notre cher Chris ? Il n’a pas le temps de se poser la question puisque, lorsque le grabuge attire toute l’attention sur le journaliste, le pianiste en profite pour filer en toute discrétion, sans même que son assistante, friande des étincelles du scandale, ne le voit s’extirper de la salle dans son dos. Il y a fort à parier qu’elle va le sermonner comme un enfant de huit ans quand elle saura qu’il a descendu les marches de la bâtisse en riant comme un gamin effectuant une odieuse bêtise qui lui concède une trop grand plaisir pour qu’il pense aux conséquences, mais il s’en moque, Izan, trop heureux de cette liberté retrouvée pour songer à culpabiliser.

Le vent frais vient s’engouffrer entre ses boucles sombres coiffées vers l’arrière pendant qu’il prend place derrière le petit muret en pierres blanches surmonté d’un grillage noir, jusqu’à ce que son acolyte le rejoigne enfin. ’’T’es comédien, non ? Sinon, il faut penser à te lancer dans une nouvelle carrière.’’ l’éloge est accompagnée d’un sourire hilare tandis qu’il lui tend sa main comme pour le remercier de sa complicité dans cette affaire fumeuse, ayant à peine le temps de prononcer un ’’Tu me suis ? Je connais un bar où on sera tranquilles mais il faut prendre un taxi parc…’’ - ’’IZAAAAAN !’’ il retient l’air qu’il aspire en levant ses yeux mordorés vers Lynda qui, en haut des marches, semblent fulminer de colère au point d’avoir de la fumée qui sorte par les oreilles ’’Oh merde ! COURS !’’ et là, tels deux enfants coupables qui tentent d’échapper au courroux maternel, les deux hommes entament une course à travers la ruelle heureusement peu fréquentée en cette fin de soirée, avec Lynda qui, ayant retiré ses talons aiguilles, les insulte copieusement en essayant de les rattraper, ce qui ne manque pas de faire rire le plus jeune des deux fuyards. Leur salue vient d’un taxi qui, arrêté par un signe de la main porté par le pianiste, s’arrête sur le bas-côté ; sans attendre, l’hispanique s’engouffre sur la banquette arrière en continuant de rire, pour l’instant incapable de se rendre compte de l’état de contrariété dans lequel il a plongé son assistante… Mais ils vont peut-être le réaliser bien rapidement, les deux fugitifs ?

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Après qu’il était passé devant Lynda en la provoquant volontairement pour voir la tête qu’elle pouvait bien faire, il vit un air de dégoût envers lui qu’elle ne cherchait pas à cacher. Cela le fit bien rire alors que les deux molosses le relâchèrent devant la porte d’entrée et lui dirent de ne plus remettre les pieds ici. Mais Chris s’en moquait bien et il se mit à rire de tout cela sans aucune retenue, bien content que de tels souvenirs jouissifs puissent prendre le contre-poids de ce qu’il avait déjà bien pu vivre ici auparavant avec Cecilia. Puis il se mit à descendre rapidement les escaliers dans la bonne humeur avant de retrouver son complice qui avait pu s’éclipser incognito. Il le retrouva totalement hilare derrière un petit muret. ”T’es comédien, non ? Sinon, il faut penser à te lancer dans une nouvelle carrière.” le complimenta sincèrement Isahn en lui tendant la main que Chris serra volontiers, tout en se remettant à rire également grâce à la bonne humeur communicative de son partenaire. ”Oui et tu as vu la tête de l’autre bouffon… j’ai vraiment pris mon pied à me moquer d’eux” affirma Chris tout aussi hilare que son complice.

”Carrément” répondit Chris à l’invitation lancée par Isahn pour aller dans un bar tranquille pendant que ce dernier parlait. Mais son camarade n’eut pas le temps de finir sa phrase, coupé par un cri terrifiant qui l’appelait depuis le haut des marches. Chris y jeta également un coup d’œil rapide, reconnaissant facilement l’assistante qu’il avait provoquée et qui semblait être dans une fureur irrémédiable. Ainsi, Isahn disait vrai, c’était une vraie furie qui était prête à leur bondir dessus et le jeune homme compris alors pourquoi il la craignait tant. Chris était même en train de se demander si elle avait vraiment un taser sur elle comme son complice l’avait laissé suggérer un peu plus tôt mais il fut interrompu dans ses pensées par Isahn : ”Oh merde ! COURS !”. Chris ne se le fit pas dire deux fois et courut à la suite du jeune homme comme s’ils avaient le diable à leur trousse, ce qui en soit n’était pas très éloigné de la réalité !

LANCER DE DES => suspense !

Les deux gars commencèrent alors à s’enfuir dans la ruelle et bien que Chris soit en très bonne condition physique, il pouvait constater qu’il en était de même pour son compère qui devait même faire valoir sa différence d’âge pour lui prendre quelques mètres d’avance. ”Tu crois qu’elle m’a reconnu ?” lui demanda Chris en repensant à son petit cinéma de tout à l’heure et au fait qu’il l’avait quelque peu provoqué. Puis, Isahn se retourna et rigola de plus belle en observant son assistante qui leur courrait après tout en les insultant de tous les noms. Chris se retourna à son tour et pu voir qu’elle avait ses deux talons aiguille dans une main. La scène valait son pesant d’or et cela ne manqua pas également de faire rigoler le jeune homme à son tour. Enfin jusqu’à ce qu’il trébuche sur quelque chose au sol qu’il n’avait pas vu et qu’il s’écroula de tout son long sur la voirie en se cognant assez violemment le nez alors qu’Isahn appelait un taxi pour les prendre en charge un peu plus loin.

”Aaouchhh !” Chris émit un gémissement de douleur en se redressant tout en se tenant le nez entre les deux mains. Mais il eut à peine le temps de se remettre de ses émotions que la diabolique assistante était déjà sur ses talons et l’attrapa violemment par la veste pour le secouer de toute part tout en l’insultant copieusement. Il n’y avait pas à dire mais elle avait tout un joli répertoire de langage fleuri. Cependant, dans un éclair de lucidité, et il devait bien l'avouer, pour éviter aussi de se prendre des coups supplémentaires, Chris arriva à se débattre et à s’échapper mais en devant laisser sa veste à son agresseuse qui en resta un instant pantois. Juste le temps qu’il fallut à Chris pour reprendre de l’avance et se glisser à l’arrière du taxi. Et bien qu’il avait le nez en sang, tâchant quelque peu sa chemise au passage, il ne put s’empêcher de rire à nouveau en compagnie du jeune homme alors qu’il refermait la porte du véhicule derrière lui.

Il attendit un instant qu’Isahn disse où se rendre au chauffeur, Chris n’ayant aucune connaissance de leur destination. C’est uniquement lorsqu’il vit que Lynda était de nouveau sur leurs talons juste derrière le taxi que Chris s’exprima à l’attention du chauffeur ”FONCEZ !”. Ce dernier ne se le fit pas dire deux fois et il démarra en trombe, tel un pilote dans Fast and Furious créant un nuage de fumée qui fit disparaître l’assistante de leur champ de vision. La dernière chose qu’il virent fut un talon aiguille traversant la fumée blanche pour venir frapper la vitre arrière du véhicule. Ce qui ne manqua pas de faire rire une nouvelle fois nos deux comparses.  

”Mais tu lui donnes quoi à bouffer sérieux ?” se permit de lui faire remarquer Chris dans un fou rire, remarquant que Lynda ne manquait vraiment pas de ressource. Puis ce n’est qu’à cet instant qu’il se rendit compte qu’il avait abandonné sa veste à la jeune femme. Avec ses papiers d’identité mais aussi son portefeuille. Une chose était sûre c’est que pour le coup il ne pourrait pas payer le taxi de sa poche…

”Euh par contre elle a récupéré mon portefeuille. Tu as bien le tien sur toi ?” lui demanda alors Chris en rigolant. Il ne manquerait plus que ce soit la jeune assistante qui tiennent les cordons de la bourse et que Isahn n’avait rien sur lui non plus. Et visiblement, il ne fut pas le seul à faire le même constat car le chauffeur de taxi pilla d’un coup sec, envoyant directement Chris se cogner contre l’appui-tête qui se trouvait devant lui. Il se recala aussitôt en arrière dans son fauteuil en se tenant de nouveau la tête entre les deux mains : ”Putain… mon nez !” gémit-il une nouvelle fois alors que la première réaction qu’il entendit fut le rire d’Isahn.

”Vous avez bien de quoi payer la course ?” demanda alors le chauffeur qui, lui, ne rigolait visiblement pas du tout de la situation dans laquelle nos deux comparses se retrouvaient.

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Ce que Lynda peut paraître terrifiante quand elle s’y met ! Difficile de savoir si c’est la fuite de son musicien ou l’affront de l’inconnu révolté qui l’énerve le plus — peut-être l’association des deux à vrai dire, mais comme elle conjugue ses insultes au pluriel, l’on peut aisément comprendre qu’ils sont tous les deux concernés par les promesses d’homicides. Mais il ne prend pas vraiment sa colère au sérieux, Izan, et son rire désinvolte se mêle à celui de Chris, puisque les deux hommes s’enhardissent de cette joie somme toute enfantine, que la conscience adulte ne peut réprimer. ’’Tu crois qu’elle m’a reconnu ?’’ les accents de son rire juvénile se font plus aiguës pendant quelques secondes, et il se retourne pour jeter un regard à son comparse par-dessus son épaule, sans interrompre ses foulées qui le maintiennent à une distance salutaire de son assistante qui, de toute évidence, doit avoir un bon cardio puisqu’elle parvient à les talonner tout en sifflant des insultes sans s’essouffler. Mais même si les deux hommes ont l’avantage, le pianiste est bien conscient que celui-ci peut se renverser à tout instant et, continuant de courir, il se rapproche du bord du trottoir pour héler un taxi, ne voyant malheureusement pas son allié qui s’écroule misérablement sur le sol dans un râle de douleur ’’Aaouchhh !’’ le bras relevé pour interpeller le premier taxi qui passe, il hausse ses sourcils en détournant son menton vers l’arrière dans un geste brusque, remarquant alors la scène surréaliste qui se déroule juste sous ses yeux ; dans un méli-mélo de bras qui s’agrippent et se détachent, Lynda et Chris s’écharpent en coups et haussements de voix qui interpellent toutes les personnes présentent autour d’eux, rendant leur affrontement bien trop comique pour pas que le pianiste s’en esclaffe en tenant la portière ouverte. Heureusement, l’homme se libère bien vite de l’assistante afin de s’engouffrer dans le taxi à la suite du musicien, qui a bien du mal à calmer les effusions incontrôlables de son rire, et ce, même s’il constate les malheureux désastres sur le visage de son complice. ’’Oh, mon pauvre, tu t’es pas loupé…’’ qu’il prononce entre plusieurs éclats de rire, se penchant légèrement sur le côté pour observer son visage ensanglanté, dont le liquide vermeille coulisse dans sa gorge en dégoulinant sur son torse, pendant que la voiture entame son périple à travers la ville. ’’Mais tu lui donnes quoi à bouffer sérieux ?’’ secouant légèrement son menton de gauche à droite, il fouille dans les poches de sa veste à la recherche d’un potentiel paquet de mouchoirs, mais… rien ’’Vous avez des mouchoirs ?’’ qu’il demande au chauffeur en le regardant par le biais du rétroviseur, ne tardant pas à se saisir du paquet entamé qu’il lui tend sans se retourner. ’’Merci… Laisse-moi regarder, va. Tu respires bien ?’’ se retenant très mal de rire au regard de la situation particulièrement cocasse, il extirpe un premier mouchoir du sachet en plastique avant d’éloigner les mains de Chris de son propre visage, grimaçant en voyant l’état de son nez éraflé ‘’Elle t’a giflé ?’’ de toute évidence, cette perspective ne le choque pas mais, tamponnant légèrement autour de la narine rougie du journaliste, il propos, soudainement plus sérieux que précédemment : ’’J’crois pas que ce soit bien grave mais… Tu veux qu’on aille faire un tour à l’hôpital ?’’ sait-on jamais qu’il se soit cassé le nez durant sa chute, celui-là ’’Euh par contre elle a récupéré mon portefeuille. Tu as bien le tien sur toi ?’’ il s’apprête à lui répondre en continuant de nettoyer la plaie quand, sans prévenir, le chauffeur pille d’un coup sec, envoyant le blessé vers l’avant : le malheureux cogne si durement son visage contre le siège devant ludique le bruit de collision est suffisamment grinçant pour que le pianiste présage déjà le pire, sans que cette idée ne réprime le petit rire dépité qui secoue silencieusement son torse ’’Putain… mon nez !’’ - ”Vous avez bien de quoi payer la course ?” une main appliquée à l’horizontal contre sa bouche, il tente d’étouffer le rire tout à fait incontrôlable qui traverse ses lèvres, sans qu’il ne puisse prononcer le moindre mot pendant quelques secondes jusqu’à ce que, retombant sur la banquette, il arrive à faire comprendre au chauffeur qu’il peut payer — de toute façon, il a sa carte de crédit dans son téléphone. L’on pourrait croire, alors, que c’est la fin des emmerdes pour les deux fugitifs mais, une fois le chauffeur rassuré, celui-ci se retrouve dans l’incapacité la plus totale de faire redémarrer sa voiture : heureusement que Lynda a abandonné la poursuite, sinon, elle aurait pu les rattraper avec beaucoup trop d’aisance. ”Je ne sais pas ce qui se passe…” et pendant que Izan tente de consigner les nouvelles blessures de Chris, le conducteur pivote sur son siège pour demander à ses deux passagers : ”L’un de vous s’y connaît en mécanique ?” retroussant sa lèvre inférieure, le musicien tourne son menton vers le chauffeur en effectuant une grimace qui prouve qu’il ne faut pas compter sur lui pour cette mission, et pendant qu’ils attendent la réponse de Chris, de la fumée noire commence à s’élever depuis le capot de la voiture. ’’Euh…’’ tapant machinalement le bras de son complice avec sa main, Izan fixe la fumée sombre qui occupe désormais toute la surface du pare-brise, disant d’une voix qui ne porte plus aucune trace d’amusement : ’’C’est pas le moment où on sort de la bagnole, par hasard ?’’

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”Oh, mon pauvre, tu t’es pas loupé…” lui fit remarquer Isahn en le voyant arriver à l’arrière du taxi après que ce dernier soit parti en trombe. Certes, il avait eu des gouttes de sang qui avaient coulées et tâchées sa chemise en tombant. Mais ce n’était pas non plus une effusion de sang, avant tout un bel hématome à la suite de sa chute sur le bitume de la voirie. Heureusement, Lynda ne lui avait porté de coup supplémentaire au visage, seulement au niveau des épaules et du buste mais, bien qu’elle était en mode fureur, cela ne lui avait pas fait plus mal que cela pour autant. Néanmoins, il avait pris soin de ne pas rester sous son courroux afin de poursuivre leur folle soirée en duo. Ils ne s’étaient d’ailleurs pas arrêtés de rigoler de la situation une fois à l’intérieur du véhicule.

”Vous avez des mouchoirs ?” demanda Isahn au chauffeur avant de s’adresser de nouveau à Chris en ayant extirpé un mouchoir du paquet tendu par le conducteur du taxi pour prendre soin de lui. ”Laisse-moi regarder, va. Tu respires bien ? Elle t’a giflé ?” ”Non je ne crois pas, enfin j’ai des doutes car je n’ai pas réussi à comprendre tout de suite ce qui me tombait dessus… mais je crois que c’est ma chute sur le bitume qui m’a fait le plus de dégâts” lui répondit-il malgré tout en rigolant mais laissant Ishan le soignait du mieux qu’il pouvait avec le mouchoir. Appréciant le geste, Chris poussait juste quelques gémissements de douleur lorsque le jeune homme appuyait un peu trop sur la structure de son nez. Puis le pianiste finit par reprendre la parole d’un air un peu plus sérieux ”J’crois pas que ce soit bien grave mais… Tu veux qu’on aille faire un tour à l’hôpital ?”

”…” Chris avait tout d’abord ouvert la bouche pour lui répondre mais aucun son ne réussit à sortir d’entre ses lèvres. En entendant le mot hôpital, il avait eu comme un flash et ce fut le visage souriant d’Helen qui lui apparut très nettement en lui insufflant une bouffée de chaleur en même temps. Une augmentation de sa chaleur corporelle qui avait très certainement fait une remontée jusqu’à son visage en faisant légèrement rosir ses joues mais il doutait cependant que cela puisse se voir vu la tête qu’il devait avoir depuis son affrontement avec Lynda. En revanche, ce qui était parfaitement perfectible c’est que cela lui avait aussitôt couper le sifflet et sa crise de fou rire, montrant bien qu’il avait été troublé ou perturbé par la question d’Isahn.

Ce n’est que quelques instants plus tard que Chris préféra finalement faire diversion en changeant de sujet et en mentionnant qu’il n’avait plus son portefeuille sur lui. Mais c’est le coup de frein brutal du chauffeur qui lui répondit avec les conséquences que l’on sait. Il avait une douleur très forte au nez, mais le comique de la situation et le fait d’entendre son complice avoir bien du mal à retenir son rire suffit à Chris pour prendre la situation avec humour. Ce n’est qu’une fois que le chauffeur leur avait demander s’il s’y connaissait en mécanique qu’il ôta les mains de son visage pour comprendre ce qui était en train de se passer. Le véhicule était resté à l’arrêt et de la fumée noire s’échappait du capot de celui-ci. ”Euh… C’est pas le moment où on sort de la bagnole, par hasard ?” Puis, voyant que Chris ne réagissait pas, visiblement perturbé par la situation, Ishan le poussa à l’extérieur du véhicule pour qu’ils en sortent ensemble. Chris mit un certain moment avant de reprendre le fil des évènements.

”Attends, on ne peut pas le laisser comme ça quand même ?” Et sans réfléchir davantage, Chris se dirigea vers l’avant du véhicule pour ouvrir le capot tout en faisant signe au chauffeur de couper le moteur. Une épaisse fumée noire en sortit et enveloppa le haut du corps du jeune homme qui secoua les mains pour en dissiper le plus possible puis il se pencha au-dessus du moteur pour constater que le radiateur tournait toujours et semblait s’être emballer. Le gros de la fumée provenant visiblement du filtre à air. Il fit alors un rapide constat de la cause du problème avant de s’adresser au chauffeur : ”Visiblement, c’est votre filtre à air qui doit être obstrué par quelque chose et cela joue sur le radiateur qui est en surchauffe, appelez immédiatement un garagiste !”. Le chauffeur le remerciant d’un signe de la main tout en ayant déjà saisi son téléphone. Content de sa bonne action, il retourna auprès d’Ishan qui éclata de nouveau de rire en le voyant.

”Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?” lui demanda Chris avant de soudainement comprendre en regardant l’état de ses mains et du haut de sa tenue. La fumée noire qui s’était échappée du véhicule avait dû déposer de multiples petites particules de combustion sur lui lorsqu’il avait ouvert le capot et sa tête devait en être recouverte. Ainsi, il devait avoir une grosse partie du visage toute noire, mélangé au rouge de son saignement de nez, et cela suffisait à rendre hilare son partenaire car il devait désormais ressembler à un mercenaire. Mais Chris ne manquait pas d’autodérision et rien que d’imaginer sa tête suffit à le fit rire également. Chris ne se rappelait pas la dernière fois qu’il avait ri autant en un temps aussi court mais qu’est-ce que cela faisait du bien…

”Attends j’ai une idée…” commença-t-il avant de se diriger vers Ishan. Puis il fit glisser les index et majeurs de ses deux mains sur son visage juste en dessous des yeux pour les appliquer ensuite sur le haut des pommettes du jeune homme. Lui laissant ainsi un marquage noir sur son visage chair là où Chris avait des traces chair sur son visage devenu noir. ”Ahah.. Comme ça on fera parfaitement la paire !” s’amusa-t-il à son tour en riant de bon cœur. Le fait de rire devait être un puissant remède car cela lui avait même fait oublier la douleur ressentie à son nez.

”Merci en tout cas…” essaya-t-il de reprendre la parole tout en reprenant son souffle ”Pour ses moments de fous rires et aussi pour t’être inquiété pour moi tout à l’heure. Bon même si tu pourrais avoir une assistante un peu plus « délicate », je ne suis pas prêt d’oublier cette soirée… A mes yeux je t’en dois une… Donc tiens je te donne mon numéro et si un jour tu as besoin de quoi que ce soit… n’hésites pas à me faire signe” lui dit Chris en toute amitié. Les réactions du jeune homme au fil de leur évasion l’avait conquis et, bien qu’ils ne savait absolument rien de lui, un lien d’affection s’était créé pour le journaliste. Il serait prêt à faire n’importe quoi pour lui rendre la pareille et Chris n’avait qu’une seule parole, c’était d’ailleurs l’une de ses plus fortes valeurs. Mais cela ne voulait pas pour autant dire que ça signifiait la fin de leur soirée…

”Bon alors c’est quoi la suite du programme ?” demanda Chris tout en haussant un sourcil et en se frottant les mains. A regarder rapidement dans les environs, Chris avait remarqué entre autres la présence d’un bar, mais qui ne devait pas être celui dont pensait Isahn tout à l’heure, d’un petit restaurant, d’un cinéma ainsi que d’un parc à une cinquantaine de mètres. Mais Ishan avait peut-être aperçu un autre lieu pour poursuivre leur aventure ?

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’’Non je ne crois pas, enfin j’ai des doutes car je n’ai pas réussi à comprendre tout de suite ce qui me tombait dessus… mais je crois que c’est ma chute sur le bitume qui m’a fait le plus de dégâts’’ rassuré d’entendre que ce n’est pas son assistante qui est responsable de son mauvais état — manquerait plus qu’on les poursuive en justice pour agressions, coups et blessures, Izan tord néanmoins sa bouche dans ce qui ressemble à un sourire inquiété d’une grimace amusée. S’il rigole volontiers des malheurs de Chris, il fait également preuve d’une compassion certaine en s’assurant de nettoyer sa vilaine plaie, se sentant presque responsable puisque c’est lui qui l’a entraîné dans cette fuite nocturne interdite ’’Bon, tu pourras toujours dire que c’est une blessure de guerre…’’ dans les faits, il exagère à peine car Lynda l’a attaqué avec la férocité d’un ennemi lancé sur un champ de bataille mais, puisque le journaliste se complait à réagir avec une hilarité clémente, l’on peut considérer que Chris est bien loin de s’en préoccuper pour le moment. Et même Izan ne mêle pas vraiment le sérieux à leur périple, même lorsque son complice est une nouvelle fois malmené par le chauffeur qui freine un peu trop brusquement et qui l’envoie frapper le siège avant avec une force brute, puisque le pianiste s’illustre sous un nouveau rire  médusé ; c’est qu’ils ont la poisse, les deux !

Et la malchance continue avec la fumée opaque et noire qui s’extirpe du capot en les privant de visibilité, un brouillard sombre qui pousse le musicien à s’extirper de la voiture en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, en prenant soin de traîner son acolyte avec lui. Il a un goût certain pour l’aventure, Izan, mais, finir cramé à l’arrière d’un véhicule ne fait clairement pas partie de ses projets, et se retrouver au beau milieu de nulle part sans moyen de locomotion non plus. ’’Attends, on ne peut pas le laisser comme ça quand même ?’’ - ’’Hein ?’’ debout sur le trottoir — à bonne distance de la voiture devenue véritable menace imprévisible dans son esprit, Izan appuie ses mains sur ses hanches en observant les alentours, semblant évaluer leurs options qui sont peu nombreuses, il faut bien l’avouer. Il n’est pas suffisamment affable pour s’inquiéter de l’outil de travail du chauffeur, et il lui faut un moment pour réaliser que Chris n’est plus à ses côtés mais s’adonne plutôt au rôle du mécanicien de fortune, livrant même un diagnostic qui pousse le musicien à hausser un sourcil interloqué ’’Visiblement, c’est votre filtre à air qui doit être obstrué par quelque chose et cela joue sur le radiateur qui est en surchauffe, appelez immédiatement un garagiste !’’ il a compris chaque mot séparé mais, mis les uns à côté des autres, le sens lui échappe totalement ’’Mais qu’est-ce que tu racontes ?’’ il cligne plusieurs fois des cils en donnant l’impression d’être totalement largué dans cette conversation et, pour la bonne cause : il l’est ! Inutile de dire qu’il ne s’est jamais sali les mains, le pianiste, et il ne compte pas commencer maintenant. ’’Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?’’ mordillant le coin de sa lèvre en se retenant de rire devant l’allure de son nouvel ami, Izan secoue mollement son menton de gauche à droite avant de bifurquer ses yeux vers le bitume ’’Oh, rien, rien…’’ mais Chris comprend bien vite pourquoi le pianiste ne peut le regarder plus de deux secondes sans pouffer de rire, ne sachant pas ce qui est le pire entre : l’état de sa chemise, le sang qui tache sa peau blême, la suie ébène qui se mêle au liquide vermeille et, pour finir, son nez en piteux état, éraflé au niveau de la narine. ’’Tu devrais voir ta tronche…’’ - ’’Attends j’ai une idée…’’ intrigué, il fronce légèrement ses sourcils sans perdre son sourire, n’effectuant pas véritablement de mouvement de recul même s’il proteste par quelques petits « non » qui sont bien stériles, puisqu’il est en réalité plutôt diverti par toute cette joie enfantine qui ne trouve pas de fin, puisqu’il est bien rare qu’il rencontre des personnes qui partagent ses effusions que beaucoup qualifient d’immatures : ce soir, Chris est le parfait complice du pianiste. ’’Ahah.. Comme ça on fera parfaitement la paire !’’ - ’’Dire qu’on a fait tout ça en étant sobres…’’ les choses auraient été pires s’ils avaient été bourrés, non ?

’’Merci en tout cas…’’ portant encore les vestiges d’un sourire teinté de malice, il reporte toute son attention sur Chris en ne semblant pas vraiment comprendre cet élan de gratitude soudain ’’Pour ses moments de fous rires et aussi pour t’être inquiété pour moi tout à l’heure. Bon même si tu pourrais avoir une assistante un peu plus « délicate », je ne suis pas prêt d’oublier cette soirée… A mes yeux je t’en dois une… Donc tiens je te donne mon numéro et si un jour tu as besoin de quoi que ce soit… n’hésites pas à me faire signe’’ - ’’Si j’ai besoin d’une expertise sur ma voiture, par exemple ?’’ qu’il répond avec espièglerie en regardant son interlocuteur avec une forme de complicité évidente et naturelle dans les yeux, même s’il ne sait pas grand-chose de lui ; et « grand-chose » est ici un euphémisme ’’Je n’hésiterai pas, promis.’’ cela sonnait presque la cloche de leur séparation mais, comme ils sont bien loin de leur destination et que la voiture de leur chauffeur est pour l’instant inutilisable, l’hispanique ne voit pas vraiment où il veut aller, son nouvel ami ’’Bon alors c’est quoi la suite du programme ?’’ finalement, il n’en a pas peut-être pas déjà marre de lui, Chris ’’La suite…’’ une étincelle mutine jaillit dans ses yeux pendant qu’il extirpe son téléphone de sa poche pour pianoter sur l’écran tactile avant d’appliquer ce dernier contre son oreille, restant quelques secondes silencieux avant de lancer, d’une voix qui ne laisse pas vraiment de place aux négociations : ’’HELEN’’ pour qu’elle n’ait pas le temps de lui reprocher de l’appeler à une heure trop tardive — voire dire qu’il la réveille ; c’est pas tellement son problème, vous l’aurez compris ’’Je t'ai envoyée ma position, faut que tu viennes nous chercher de toute urgence. Sache que si tu ne viens pas et qu’on me retrouve découpé en petits morceaux dans la cave d’un tueur psychopathe, ce sera ta faute et tu devras vivre avec ma mort sur la conscience pour le restant de tes jours. À tout de suite !’’ et sur ces paroles bien joyeuses, il raccroche sans lui laisser le temps de refuser, glissant ensuite de nouveau son téléphone dans la poche de sa veste en disant, tout fier de son plan machiavélique et absolument convaincu que sa meilleure amie ne va jamais pouvoir le laisser en plan : ’’Elle va venir.’’

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”Oh, rien, rien...” répondit Isahn tout en baissant les yeux lorsque Chris lui demande ce qu'il y avait. ”Tu devrais voir ta tronche...” ajouta-t-il en pouffant de rire avant que cela ne contamine Chris à son tour qui rirait également de bon coeur. Puis il eut l'idée de se rapprocher d'Isahn pour le barbouiller à son tour afin qu'ils soient presque sur un pied d'égalité désormais. Trouvant cette ambiance totalement immature plus que jouissif dans ce monde qui parfois devait peser trop lourd sur les épaules de l'un comme de l'autre. Ce soir, pas de jugements, pas de limites... ”Dire qu'on a fait tout ça en étant sobres...” ajouta son complice et Chris ne pouvait pas le contredire. Oh ça oui, heureusement qu'ils étaient sobres sinon qu'est ce que cela aurait pu donner ? Peut-être que l'un des deux se serait fait tatouer quelque chose qu'il aurait regretter toute sa vie ensuite ? Ou alors ils auraient été jusqu'à se raser la tête au coiffeur du coin ? Voir ils auraient peut-être même fini par se marier à la va-vite comme cela pouvait se faire à certains endroits... Mais heureusement ils n'en étaient pas encore là et profitaient pleinement de chaque instant. Chris en profita alors pour le remercier un peu plus sérieusement en lui disant qu'il pourrait compter sur lui pour n'importe quel service.

”Si j'ai besoin d'une expertise sur ma voiture, par exemple ?” lui répondit Isahn avec espièglerie, ce qui ne manqua pas de faire réagir Chris. ”Oh non pas ça...” puis il continua d'un ton un peu moins fort comme si le chauffeur de taxi pouvait encore les entendre ”Ne le répètes pas mais... j'avais déjà entendu cela dans un film et j'avais juste envi de faire l'expert !” lui expliqua-t-il en pouffant de rire. Il avait juste joué un rôle d'acteur comme il avait déjà pu le faire lors de son départ improvisé de la soirée mondaine. Puis il continua un peu plus sérieux ensuite ”Je n'y connais absolument rien en mécanique. En vrai je suis enquêteur...” Chris préférait désormais dire cela plutôt que journaliste qui avait une connotation beaucoup trop négative, y compris à ses yeux. ”Donc je ne sais pas mais si un jour par exemple quelqu'un t'embête et tu souhaites trouver quelque chose de compromettant sur cette personne, alors je pourrais être ton homme. En tout cas je le ferais avec plaisir...” conclut-il avec honnêteté vis-à-vis de celui qu'il pouvait presque considérer comme un ami, bien qu'ils ne connaissaient rien l'un de l'autre. ”Je n'hésiterai pas, promis.” finit par lui répondre Isahn. Mais Chris n'avait pas pour autant envie que leur soirée se termine maintenant, bien au contraire et demanda au jeune homme ce qu'il aimerait faire par la suite. ”La suite...” dit-il avant de pianoter sur son téléphone et de le porter à son oreille.

LANCER DE DES => suspense !

”H...”. Chris n'eut pas la possibilité d'entendre la personne qu'Isahn appelait car un énorme bruit sourd tonna exactement à ce moment-là pas très loin d'eux. En se retournant, il put voir une énorme fumée noire montait vers le ciel depuis le moteur du taxi. Peut-être étais-ce le radiateur qui avait finalement explosé ? Après tout il n'y connaissait rien en mécanique et, une fois qu'il était sûr qu'il n'y avait pas de blessé aux alentours, se permit de dire "Oh la belle Noire !" en rigolant comme s'il s'agissait d'un feu d'artifice. Son comparse, avait continuer son message pendant ce temps-là et Chris l'avait écouté d'une demi-oreille. Nul doute que l'explosion rajoutait une touche dramatique à son monologue qui était déjà plutôt sombre dans le fond. ”Elle va venir.” finit-il après avoir remis son téléphone dans la poche de sa veste.

”Whaaa... tu as vu ça ?” commença Chris tout en montrant à Isahn le gros nuage qui s'échappait du véhicule qu'ils avaient empruntés quelques instants plus tôt. Il n'y pensa pas vraiment mais heureusement qu'il n'était plus penché au-dessus du moteur à ce moment-là. Cela devrait le faire réfléchir à deux fois la prochaine fois qu'il voudrait jouer les experts. ”Je ne sais pas qui tu as appelé mais, ce qui est sûr, c'est qu'elle va t'étriper en arrivant vu le contenu de ton message !” rigola-t-il avant d'ajouter ”Et si c'était ton assistante, tu crois que ça serait trop lui demander que de me ramener ma veste aussi ?” tenta-t-il malgré tout de glisser tout en imaginant très bien la tête qu'elle ferait en ayant une telle demande provenant de la part du pianiste après le coup qu'ils lui avait fait tous les deux.

”Bon on va se poser quelque part ? ” lui demanda-t-il tout en regardant sa montre. Il ignorait totalement combien de temps ils auraient devant eux avant que la personne qu'il avait appelée les rejoignent. La seule chose qu'il était convaincu, c'est que ce serait une furie qui débarquerait et qu'ils n'avaient sans doute pas encore fini de rire... ”En attendant je te parlerais volontiers de ma vie, mais on va dire que c'est plutôt vide... Cette soirée m'aura fait un bien fou. Encore merci à toi !”

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’’Je n'y connais absolument rien en mécanique. En vrai je suis enquêteur...’’ le pianiste rehausse un sourcil dans une envolée qui semble vouloir demander « vraiment ? » puisque le mot enquêteur, dans l’esprit du musicien, se rattache à la bulle policière et pas journalistique, et il peine à imaginer son comparse sous une telle casquette. ’’Donc je ne sais pas mais si un jour par exemple quelqu'un t'embête et tu souhaites trouver quelque chose de compromettant sur cette personne, alors je pourrais être ton homme. En tout cas je le ferais avec plaisir..’’ le scannant d’un rapide regard de haut en bas comme pour évaluer sa possible profession, Izan émet ensuite un petit ricanement avant de mettre des mots sur son étonnement, sans pouvoir réfréner le caractère suspicieux de sa voix. ’’Sérieux ? T’es quoi, flic ou détective ?’’ il penche davantage pour la seconde option que la première, songeant que Chris n’a pas vraiment le profil rigoriste et soucieux de la discipline nécessaire aux hommes de lois, mais cela ne l’empêche pas de recevoir la promesse avec agrément, hochant même son menton de haut en bas en le remerciant d’un petit sourire qui se veut complice, même s’ils ne se connaissent que depuis quelques heures seulement. Mais même s’il apprécie grandement la compagnie de l’enquêteur, il est tout bonnement hors de question qu’ils restent perdus au milieu de nulle part, sous l’incertitude d’une voiture qui va - oui ou non - leur exploser au visage d’une minute à l’autre. Alors décision est prise de faire intervenir une tiers personne dans cette machination de poisse infernale et, puisque Helen est bien la personne vers qui il se tourne quand il est en galère — avec Jayden mais ce dernier a la chance d’être en tournage loin de Brisbane, c’est elle qui hérite de la charge de venir le(s) chercher. Va-t-elle venir alors qu’il la réveille possiblement et qu’elle doit traverser la moitié de la ville alors qu’elle travaille demain ? Il n’a aucun doute là-dessus, le gamin capricieux. ’’Whaaa... tu as vu ça ?’’ suivant la trajectoire indiquée par Chris, Izan fronce ses sourcils en retroussant sa lèvre inférieure, dévoilant ses dents serrées pendant qu’il observe la fumée épaisse qui s’élève du capot, et qui creuse davantage la grise mine du conducteur. ’’J’trouve qu’on a quand même la poisse… Il y a une église, dans le coin ? Qu’on aille demander un exorcisme.’’ grimaçant une nouvelle fois en croisant le regard du chauffeur totalement dépité, il reporte ensuite son attention sur son nouvel ami, en croisant ses bras contre son torse. ’’Je ne sais pas qui tu as appelé mais, ce qui est sûr, c'est qu'elle va t'étriper en arrivant vu le contenu de ton message !’’ il ne comprend vraiment pas pourquoi, elle devrait plutôt être touchée qu’il pense à elle en premier lieu, non ? Quelle ingratitude, franchement. ’’Et si c'était ton assistante, tu crois que ça serait trop lui demander que de me ramener ma veste aussi ?’’ - ’’C’est pas Lynda… Heureusement pour nous. Mais je pense que tu peux dire adieu à ta veste.’’ qu’il précise avec un petit sourire en coin, réalisant d’ailleurs qu’il est surprenant qu’elle ne le bombarde pas de messages et d’appels ; est-ce que la colère l’a conduite à faire un malaise ? Il lui a peut-être porté le coup fatal, ce soir ? ’’Bon on va se poser quelque part ?’’ - ’’Très bonne idée’’ relâchant ses bras en balayant les alentours jusqu’à repérer un bar qui paraît tranquille, et duquel s’échappe une musique country qui lui casse déjà les oreilles, Izan fait claquer sa langue contre son palais avant de se tourner vers le chauffeur pour lui proposer de se joindre à eux mais l’homme décline, désireux de rester auprès de sa voiture. Enfin, ce qu’il en reste. ’’En attendant je te parlerais volontiers de ma vie, mais on va dire que c'est plutôt vide... Cette soirée m'aura fait un bien fou. Encore merci à toi !’’ prenant la direction du bar aux néons lumineux et colorés en compagnie de Chris, l’hispanique tourne son regard vers lui en demandant, sans perdre de temps ’’C’est qui la personne que tu espérais croiser, là-bas ? Une de tes anciennes conquêtes ?’’ Chris a entrouvert la porte en disant qu’il lui parlerait de sa vie, il n’en fallait pas moins au pianiste pour se montrer curieux. ’’Le plaisir est partagé. Je ne pensais pas que je m’amuserais autant ce soir !’’ il le dit avec un sourire franc en passant le seuil de l’établissement, et en ayant totalement oublié l’apparence fangeux qu’ils se payent ; aussitôt que les deux hommes aux visages peinturés de sang et de suie apparaissent dans le bar, tous les regards se tournent vers eux et il faut quelques secondes au pianiste pour comprendre la raison d’une telle examination interloquée. ’’Je crois qu’on fait sensation…’’ qu’il marmonne à l’attention de son complice, comprimant son rire entre chaque syllabe avant de se diriger vers une table isolée, prenant aussitôt place sur une chaise sans vraiment se préoccuper davantage de l’intérêt qu’on leur porte, même s’il ne prive pas d’en rire à ce sujet ’’Bon, moi, je ne suis pas libre mais, toi, tu trouveras peut-être quelqu’un pour te consoler de ta déception de ce soir.’’ faut juste que Chris aime les vieux ivrognes barbus portant des chapeaux de cow-boys.

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”Sérieux ? T'es quoi, flic ou détective ?” lui demanda Isahn visiblement dubitatif lorsque Chris lui parla de son métier. ”Vu mes méthodes, on va dire que je suis plus proche du détective...” plaisanta-t-il, laissant ainsi penser qu'il était plutôt du genre électron libre que du respect pur et simple des procédures. En effet, des fois la fin justifiait les moyens et cela devait davantage coller à l'image qu'Isahn avait dû faire de Chris au cours de leur soirée...”Mais pour être tout à fait honnête, je suis ce qu'on appelle un journaliste d'investigation. C'est d'ailleurs ma carte de presse qui m'a permis de rentrer à la soirée mondaine. Cependant je n'aime pas ce terme car je déteste les journalistes et, d'ailleurs, ils me le rendent bien ! Eux ne sont avides que de scoops quitte à faire du tort aux gens... alors que moi je vais traquer les gros poissons qui agissent dans l'ombre sur le dos des autres. Cela peut aller des détournements de fonds, des abus de biens sociaux, des paris truqués, des abus de faiblesse jusqu'aux traffics de drogue, affaires de prostitution ou d'esclavagisme et j'en passe... Mais ce n'est pas très glorieux tout ça, parlons plutôt d'autre chose tu veux bien.” conclut Chris sous la forme d'une affirmation plutôt que d'une interrogation. Chris aurait pu lui demander en retour ce que faisait Isahn dans la vie mais il ne le fit pas, sa curiosité n'avait pas besoin d'être satisfaite. Le travail et surtout celui de Chris était un sujet bien trop sérieux et grave pour une soirée comme la leur. Il fallait parfois savoir lâcher prise pour éviter de penser au quotidien et c'est pourquoi il lui demanda la suite du programme. C'est à ce moment-là que le moteur du taxi explosa et que Isahn lui fit remarquer qu'ils avaient vraiment la poisse et se demandait même s'il ne fallait pas demander un exorcisme ! La remarque suffit à faire rire de nouveau Chris. Certes, il avait un minimum de compassion envers le chauffeur de taxi, même si celui-ci lui avait fait un mal de chien à son nez en freinant si brusquement, mais il trouvait malgré tout leur situation plutôt hilarante et ne ressentait absolument aucune honte à la laissait s'exprimer.

”C'est pas Lynda... Heureusement pour nous. Mais je pense que tu peux dire adieu à ta veste.” Isahn avait été cash avec lui, mais à vrai dire ce n'est pas la veste qui inquiétait Chris, mais plutôt ses papiers à l'intérieur. Cela aussi, elle n'hésiterait pas à les mettre au feu ? Certes, Chris l'avait un peu provoquée mais il ne méritait pas pour autant un tel déferlement de sa rage à son profit... S'il devait refaire ses papiers, il le ferait, mais ce n'est pas quelque chose qui l'enthousiasmait car il n'avait plus la possibilité de profiter des compétences de sa complice lorsqu'il opérait sur Sydney il y a quelques années. Elle, elle aurait réussi à lui refaire cela sans aucune difficulté, mais malheureusement il n'avait plus eu de nouvelles de sa part du jour au lendemain. Cependant, la réflexion du jeune homme l'avait poussé à se poser une autre question. Car si ce n'était pas Lynda qu'il avait appelée, alors qui d'autre ? A cet instant, le journaliste ne voyait qu'une seule autre hypothèse, c'était qu'il avait appelé sa femme pour venir le chercher. Même s'il avait trouvé le ton et les mots employés peu orthodoxes pour une relation de couple, il n'était après tout pas question de juger comment chacun pouvait gérer sa vie privée et Chris n'osa pas l'interroger davantage sur le sujet. Ainsi, il fallait se changer les idées et après une courte réflexion, Ishan prit la direction d'un bar proche tout en le questionnant ”C'est qui la personne que tu espérais croiser, là-bas ? Une de tes anciennes conquêtes ?”

”On peut dire ça... enfin...” Chris n'avait pas pu s'empêcher de revoir le visage de Cecilia à cet instant précis. Et se mordis la lèvre inférieure tout en pesant chacun de ces mots à son sujet. Mais pouvait-il résumer sa relation avec la jeune femme comme une simple conquête ? Bien sûr que non... elle avait été bien plus que cela et resterait sans doute toujours gravée en lui. Comment pouvait-on oublier la première personne qui nous faisait découvrir l'amour et les premières émotions qui étaient développées au sein de leur relation fusionnelle ? C'était tout simplement impossible... En plus, Isahn lui avait demander s'il s'agissait de l'une de ses anciennes conquêtes, ce qui était faux car à vrai dire il n'en avait pas eu plusieurs mais une seule, Cecilia était l'unique femme qu'il avait connu jusqu'à aujourd'hui mais il ne tenait pas non plus à révéler à son compagnon d'aventure à quel point sa vie sentimentale avait été vide. C'est à cet instant qu'ils entrèrent dans le bar et que tous les regards se braquèrent sur eux. Cela suffit à redétendre rapidement l'atmosphère alors qu'ils allaient s'installer à une petite table en rigolant. ”Bon, moi, je ne suis pas libre mais, toi, tu trouveras peut-être quelqu'un pour te consoler de la déception de ce soir.” Chris nota qu'Isahn n'était pas libre, ce qui confirma l'idée qu'il était soit en couple, soit marié, et qu'il avait vraisemblablement appelé sa femme tout à l'heure mais il n'en fit pas commentaire. En revanche, il ne sait pas pourquoi, mais Chris avait envi de se confier à lui en lui révélant un peu plus de sa vie sentimentale actuelle.

”C'est gentil. Mais tu sais c'était une vieille relation dont je n'ai plus de nouvelles depuis 15 ans. De plus, c'était avant tout pour une raison professionnelle que j'espérais la revoir...” Était-il lui-même réellement convaincu de ses propos ? N'espérait-il pas que Cecilia et Chris puisse recommencer leur histoire à l'endroit même où ils l'avaient laissée pour morte il y a 15 ans ? Il était bien incapable de le dire tant qu'il ne lui aurait pas parlé à nouveau. Mais, pour autant, il souhaitait vraiment la revoir pour lui poser des questions sur l'entreprise familiale qui était peut-être impliquée dans la mort de ses parents il y a des années de cela. Cependant, devait-il en dire plus sur la raison pour laquelle il souhaitait la revoir ? Non ! Chris s'était dit qu'il devait éviter de parler du travail ce soir, ainsi il continua sur une touche plus légère de confidence "Donc de là à trouver quelqu'un pour me consoler ? De toute façon, même s'il y avait une femme qui me plaisait...” cela le fit légèrement baisser les yeux, gêné par les propos qui allaient venir "Tiens par exemple l'autre jour, je suis tombé sous le charme d'une femme alors qu'on faisait une course côte à côte. Je ne saurais pas dire, mais j'ai été totalement envoûté... Son regard... Son sourire... Sa manière d'être... Sa façon de voir le monde... Sa bienveillance...” A chaque couplet, il se sentait tellement léger, comme si Helen était de nouveau à ses côtés, qu'il poussait un léger soupir comme s'il était perdu dans ses pensées à revivre chaque instant avec elle. Il aurait également pu rajouter "sa douceur" aussi mais ça Chris le garda pour lui car cela impliquerait sans doute de devoir développer davantage sur le pourquoi de leur contact. "Tout me plaisait en elle et j'ai bien été incapable de lui demander son numéro à la fin de journée...” Evidemment, mais tu oublies de préciser qu'elle était avec quelqu'un..."Et pourtant ce ne sont pas les occasions qui ont manquaient, tu peux me croire. On a même fini tous les deux à l'hôpital après que je me sois fait mordre par un serpent... Tiens regarde !” Même s'il était convaincu que Isahn le croyait sur parole vu ce qu'ils avaient vécus ce soir, Chris ne put s'empêcher de joindre les gestes à la parole, et il entreprit de remonter le bas de son pantalon pour lui montrer les deux petits points que lui avait fait le serpent au-dessus de la cheville droite et qui commençait doucement à cicatriser.

”Bref, je crois que je dois faire une petite pause technique. Tu me commandes la même chose que toi ? Tant que ce n'est pas du champagne...” ajouta-t-il en repensant à ce qu'il avait bien pu boire lors de la soirée mondaine. Puis il se leva et se dirigea vers les sanitaires du bar. Encore perdu dans ses pensées, au moment de disparaître dans le couloir, Chris était bien loin de se douter que le contact d'Isahn allait franchir la porte du bar d'un instant à l'autre pour les rejoindre...

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