The holy hour || Norah

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The holy hour

Ça faisait quatre mois que je bossais dans cette boutique de comics spécialisée où je me disais que j'avais peut-être ma place. Ou du moins, Georges avait fait des pieds et des mains pour que je m'y sente bien. Georges, c'était le gars frêle et à lunettes qui avait été sensiblement séduit par mes connaissances en matière de culture geek en tout genre. Parce que je devais avouer que j'avais pas embarqué beaucoup de vêtements quand j'étais arrivé ici. J'y avais préféré mes trésors qui étaient encore sous blister et que j'avais clairement pas envie d'ouvrir, tant ils perdraient de la valeur.

Et des trésors, j'en avais encore acheté. Au sein de cette même boutique, remplissant la chambre que j'occupais alors chez mon cousin, avec tout un bordel des plus organisés. Tant que moi, je m'y retrouvais ... c'était le principal, non ? Il m'avait pas encore étouffé dans mon sommeil, c'était que ça allait, je crois bien. Du moins, je me persuadais comme ça. Ne cherchant pas à réfléchir à plus. Parce que tout ce que je voulais, c'était profiter de l'instant présent sans me soucier du reste. Ou de ce qui pourrait survenir de plus chiant.

Parfois, ça arrivait que mes journées au sein de la boutique, elles se passaient pas comme prévues. Parce qu'il y avait cette jeune femme brune, avec qui, il fallait croire que j'avais un putain de mauvais timing quand il s'agissait de se croiser, là où je travaillais. À chaque fois, c'était pareil, soit j'étais occupé en réserve. Soit, j'étais en train de mettre en rayon les dernières nouveautés et je les étiquetais. Et elle, elle était servie par Rudy qui se gênait pas de l'alpaguer.
Ça, c'était le truc chiant. Vraiment chiant.

Est-ce qu'aujourd'hui, ça serait une exception ? J'en savais rien encore. Alors que c'était au moins le troisième café noir, que je me buvais, attendant la pause bienvenue d'une quinzaine de minutes, pour m'en griller une. À l'extérieur du bâtiment, adossé contre le mur, l'une de mes converses noires dessus. Tirant sur ma clope, -enfin-, mon regard sombre fut attiré par une silhouette. Présente sur le trottoir d'en face et prête à se rendre ici. Et cette même silhouette, c'était celle qui à chaque fois se dérobait sous les sales coups de pute du destin. Y'aurait pas Rudy pour tout foutre en l'air, cette fois-ci.

À croire que cette fois-ci, tous les astres étaient alignés, hein.
La laissant arriver à ma hauteur, je faisais mine de rien mais j'avais ce petit sourire en coin qui était souvent les prémices à bien plus. Puis, j'avais encore une bonne dizaine de minutes pour tenter d'établir un dialogue, non ? Qui se prolongerait sûrement à l'instant même, où on pénètrerait tous les deux dans le magasin. Ouais. Je prenais vraiment ça pour un ajustement des planètes. Ça serait certainement un truc qu'aurait dit ma mère, si elle avait été encore de ce monde.

- Suffit que je sois en pause, pour se parler. Je gardais ma clope pas encore terminée entre mon index et mon majeur, tout en lui évitant un probable cancer des poumons, -je soufflais gentiment ma fumée sur le côté-. ... y'a des nouveautés que je viens de mettre en rayon. Si tu veux voir. Je restais un bon vendeur avant tout, hein. Même si je crevais d'envie de savoir comment elle s'appelait la demoiselle. Au fait, c'est Axel.

Au cas où, ça soit encore la merde à l'intérieur et qu'on se retrouve encore séparés, par la force des évènements. On était jamais sûrs de rien. Moi, le premier.

The holy hour. w/ @Axel Hartmann

Norah était souvent questionnée par ses proches sur la manière dont elle se libérait du temps, malgré son emploi du temps strict d’universitaire. C’est vrai qu’elle était très occupée, entre les cours en amphithéâtre la journée et les révisions dans les temps morts. Ainsi, trouver le moyen de lâcher prise un tant soit peu paraissait mission impossible. Pourtant, la Sawyer parvenait à faire des choses pour elle, plutôt que pour ses études. Cela passait par voir ses amis, peindre ou simplement trainer en ville. S’il y avait bien un endroit où elle allait à chaque fois, c’était bien la boutique de comics. Véritable sanctuaire pour les adorateurs – comme Norah – mais également la pépite qui permettrait à n’importe qui de découvrir ce vaste monde, elle appréciait grandement que le commerce soit spécialisé en ce type de bande dessinée. Car il y’en avait bien dans les rayonnages dédiés à la littérature des grandes surfaces mais en faible diversité, de quoi frustrer les adorateurs. Pour ce qui était de Norah, en plus de la variété de comics que la boutique offrait, c’était aussi l’ambiance qui en émanait. A vrai dire, les quelques fois où elle a pu s’y rendre, elle avait toujours été très bien accueillie et les autres clients – dans le même état d’esprit que la brune – se mouvaient avec calme. Une fois, elle a même commencé une lecture au milieu du magasin, tellement le lieu était propice. Un endroit qui la ressourçait, en somme.

Sortant de l’université, elle profita de quelques courses pour faire un détour et s’y rendre. Et c’est à quelques mètres de sa destination qu’elle le vit, ce garçon qui avait tout l’air de travailler dans ladite boutique. Il devait avoir sensiblement le même âge que Norah, ce qui le rendait beaucoup plus accessible que certains de ses collègues lorsqu’elle avait besoin d’un conseil, d’une recommandation. Car même si elle était fan de comics, elle se sentait comme une novice face à une telle offre. Leurs regards se sont croisés plusieurs fois, lorsqu’elle entrait, lorsqu’elle errait ou quand elle quittait l’endroit, si bien qu’elle se demandait si cela ne se limitait vraiment qu’à une histoire d’âge similaire. Pourtant, cela s’arrêtait à de simples regards. Soit elle s’apprêtait à passer la porte pour rentrer chez elle, soit il était occupé à autre chose, rendant la situation aussi comique que frustrante. Se demanderait-elle s’il ne l’évitait pas, tout simplement. Pourrait-il être mal à l’aise à cause de ces regards. Tant de questions dont elle pourrait avoir les réponses, maintenant. Alors qu’elle s’approchait de l’entrée et donc de lui, Norah observait ses réactions. S’il la remarquait, s’il la dévisageait ou s’il prenait la fuite. Au final, il restait quasi immobile, stoïque face à la fumée qui se dégageait de ses lèvres. Plus que quelques pas et elle entendit pour la première fois le son de sa voix, surprise alors qu’il s’adressait à elle. Stoppant sa marche alors du côté opposé de la porte, elle rétorqua non sans spontanéité. « Il faut croire. » Sourire facilement perceptible de fait de l’expressivité de son visage, elle fut intriguée par les paroles de son interlocuteur. « Oh, intéressant. Hâte de voir ça. » Après tout, il venait de l’aborder, paraître totalement hermétique serait cruel. Alors qu’en quelques mots elle apprenait son prénom – Axel –, elle s’apprêtait à lui répondre lorsque la porte de la boutique s’ouvrit d’un coup, la coupant dans son élan. Un groupe de quatre jeunes riant aux éclats et sortant rapidement pour s’enfoncer dans les rues assez animées de Brisbane, la parole d’un homme accompagnant leur pas : « SI C’EST POUR NE PAS PAYER, NE REVENEZ PLUS JAMAIS ICI », puis un « Sales gosses. » au milieu d’un brouhaha inaudible. Il n’en fallait pas plus à Norah pour pouffer un rire face au garçon, ravie qu’il n’en ait pas profité pour s’en aller lui aussi. « Norah. Je crois que ton boss est pas content. » Marquant une pause, elle était rusée et audacieuse, surtout que c’était logiquement à elle de faire le deuxième pas. « Si tu veux aller le calmer. Par contre, j’aurais certainement besoin que quelqu’un me montre ces fameuses nouveautés. » Rictus pour un sous-entendu à peine dissimulé, elle se demandait comment il allait lui répondre. En bien, elle l’espérait.

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@Norah Sawyer & @Axel Hartmann

Où ça pourrait foirer aujourd'hui sérieusement ? Tout semblait être parfait pour qu'une rencontre puisse se mettre en place, non ? Y'avait pas de signes avant-coureurs que ça soit la débâcle et j'étais ma foi, un poil serein. Peut-être un peu trop au goût de l'univers hein ? Mais ça, j'étais à des lieues de l'imprimer dans mon esprit, quand je vis apparaître dans mon champ de vision, la brune. Celle avec qui j'avais échangé jusque-là que des politesses. Alors que j'avais clairement envie, de lui filer mon numéro.
Depuis, la toute première fois qu'elle était venue dans la boutique, en fait.

Ça s'expliquait généralement pas. C'était comme ça. Même si, j'aimais pas être entouré de plein de personnes, force était de constater que j'en ressentais tout de même le contact. C'était paradoxal et je m'en plaignais pas. Parce que je l'avais peut-être accepté avec un peu trop de facilité, finalement ? Que même si je voulais pas de personnes qui empiétaient sur mon territoire, j'en éprouvais tout le même le besoin. Et ça, ça se traduisait avec un peu plus d'aisance quand il s'agissait de jolies filles. Et quand, je pressentais aussi que le feeling était plus que réciproque.

Mais, j'en avais pourtant pas l'assurance. Y'avait juste des œillades qui pouvaient attester de ce fait mais sans grande conviction, pourtant.
Alors là, de la voir si proche, c'était ma foi assez concluant. Et le fait d'entendre sa voix ? Réjouissant.

- Ouais. Je ricanais avec un sourire en coin, sans pour autant savoir ce qui allait me tomber dessus, quelques minutes après. ... avec plai- ...

Que je m'interrompis, en étrécissant mon regard sombre saisi par la vision que je venais d'avoir. Quatre petits cons hilares et Georges dans une colère plus que noire. M'est d'avis que la tisane calmante à la camomille, elle lui fera pas des masses d'effets, hein. Grognant à l'intérieur de mes joues, j'avais pas beaucoup d'options, en fin de compte. Et, je voulais clairement pas laisser ces petits enculés, s'en tirer. Pas aussi facilement du moins.
Putain. J'étais décidément trop confiant. Beaucoup. Trop. Confiant.

Levant l'un de mes index pour le placer juste sous le joli nez de celle qui se prénommait Norah visiblement, -charmant prénom que voilà mais je le lui dirais en temps voulu, on dirait-, j'intimais par ce seul et unique geste une forme d'ordre silencieux : attends-moi là, on en a pas fini tous les deux. Et de pester tout un florilège de jurons bien sentis, pour la peine. Eux, je les verbalisais sans soucis. Plantant mes prunelles sombres dans celles de la jeune femme, j'alternais mon intérêt entre elle et le quatuor.

... momentanément, je devais avouer que c'était les quatre (pas) fantastiques qui avaient remporté mon adhésion. Cette fois, j'étais parti dans un sprint, ayant balancé le restant de ma clope, sans l'écraser sur le sol. Mais moi, j'étais pas un super-héros, j'étais juste un gars qui fumait un peu trop pour que ses poumons soient sains mais qui possédait quand même une condition physique assez exceptionnelle, -merci les arts martiaux et la voie du Bushido ; mon cul-, pour pas laisser un poumon en chemin. Ce qui me permit d'arriver à leur hauteur à tous, là. Et d'en prendre deux pour cogner sur les deux autres.

Et de piquer au passage assez de dollars australien pour laver l'honneur sali de mon patron et en me prenant pour la peine, un coup dans le nez et un autre dans la pommette gauche. Gé-nial.
Essuyant le liquide poisseux d'un revers de main qui perlait sous mon nez, je revenais à la hauteur de la jeune femme, qui, m'avait attendu ?! Enfin, un truc positif dans cette journée merdique qui avait si mal débutée !

- Déso'. Je voyais pas comment m'excuser plus. Alors que je lui faisais signe de me suivre dans la boutique, pour que je les lui montre, ces fameuses nouveautés. Tout en plaquant sur le comptoir, les billets que j'avais pu choper dans les porte-feuille de ces petits enfoirés. Pour le préjudice subi, Georges. Je l'avais dit que j'étais pas un super-héros qui se permettait de sauver la veuve et l'orphelin, mais quand il s'agissait de l'endroit où je bossais, c'était clairement différent.

Puis, parce qu'il y avait enfin cette jeune femme sublime avec moi :

- T'es plus branchée quoi comme vibe ? Histoire que je te cerne, un peu. Ça, je le soufflais en me pinçant l'arête du nez. Même si j'avais eu le dessus sur les quatre, je m'étais pris quand même un sale coup. Abusé.

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Qui aurait cru que Norah ferait une telle rencontre, devant un magasin de comics qui plus est. Enfin, si on pouvait parler de rencontre puisque le garçon ne lui était pas totalement inconnu. Un visage qu’elle croisait à chacun de ses passages, seulement un visage mais qui avait su attiser son intérêt. Seulement, les circonstances n’étaient jamais réunies pour qu’ils se partagent ne serait-ce qu’un bonjour. Cela appartenait maintenant puisque les premiers échanges eurent lieu dans un contexte assez déroutant, idéal pour qu’ils soient mémorables. Mémorables, ils l’étaient déjà puisque les mots se tissaient naturellement, bien loin des moments gênants et désarticulés que certains pouvaient vivre. D’un côté, la Sawyer était rassurée que son intuition ne lui ait pas joué des tours, qu’elle n’était pas en train de délirer. Il fallait voir le sourire qu’elle arborait à cet instant, bien loin de ses traits sérieux qu’elle avait quelques minutes plus tôt à l’université. Elle était à l’aise, c’était une certitude. Quelque chose ou plutôt quelques personnes virent toutefois interrompre leur moment, accompagnées de la colère de celui qui semblait être le gérant de la boutique. Quatre silhouettes qui avaient su s’extirper avec leur trésor et qui semblaient bien partis pour réussir leur casse. Tout se succéda très vite si bien que seul le potentiel comique de la situation frappa l’étudiante en droit. C’était un tout autre état d’esprit du côté d’Axel qui, fervent employé, semblait se décider à rattraper les jeunes voleurs. Si dans un premier temps, elle espérait égoïstement qu’il reste avec elle, elle finit par comprendre que, sans lui dire un seul mot, il avait déjà pris sa décision. Décision qu’elle désapprouvait, secouant sa tête de gauche à droite sans pour autant perdre son sourire avant d’afficher une mine surprise lorsqu’il vint glisser son index à quelques millimètres de ses lèvres. Le Ne me retient pas qui s’échappait de ce geste, digne des films où les époux partaient à la guerre, ne manquait pas de lui faire pouffer un rire. Puis, il se retourna avant de partir en trombe de l’autre côté de la route.

Et Norah l’attendit, non pas stoïque puisqu’elle avança de quelques pas, subjuguée par le côté manichéen qui ressortait de cette situation. Il ne lui manquait que les popcorns et elle se croirait au cinéma. Elle assista à toute la scène, acte en trois temps : Axel courant de toutes ses forces, Axel qui réussit à récupérer l’argent qu’ils auraient dû justement dépenser, Axel qui dans cette affaire reçoit un coup assez violent dans le nez. Serrant les dents dans un élan empathique, elle le vit revenir sur ses pas peu de temps après. « Ça va ? » N’ayant pas de réponse mais plutôt des excuses qui n’avaient pas lieu d’être, elle suivit le garçon à l’intérieur de la boutique. Détour à la caisse où il donna l’argent durement récolté à son employeur, elle ne put empêcher son petit commentaire. « Il fallait le voir, monsieur Georges, seul contre quatre. En plus des comics, vous avez un héros grandeur nature. » Il devait au moins recevoir quelques lauriers. Sa réaction était loin d’être anodine, surtout qu’il y revenait non sans blessure. Alors qu’Axel s’apprêtait à lui montrer les fameuses nouveautés de la boutique, Norah finit par remarquer, suffisamment proche du garçon, son nez tuméfié et tâché de carmin. « Alors tu vas rien me montrer dans cet état là, déjà. » Poussant un marche pied – elle connaissait sa localisation puisque, avec sa taille, elle en avait besoin pour atteindre certaines pièces – à côté de lui, elle l’invita à s’assoir dessus. Véritable partisane du au cas où, elle sortit de son sac quelques mouchoirs et un spray antiseptique avant de les appliquer sur sa blessure. « Ça risque de piquer. » Bien sûr que ça allait piquer et que ça n’allait pas être très agréable, mais la technique du caillot était vraiment la plus efficace pour stopper le saignement. « J’aime qu’on me fasse rire, j’aime la surprise, j’aime la complicité… Je suis un peu difficile mais pas trop non plus. » Retrouvant son sourire, elle avait bien conscience qu’elle répondait à côté mais la confession était beaucoup trop tentante, surtout après ce qui venait de se passer. Elle reprit aussitôt, un petit rire faisant le lien entre ses paroles. « Non pour revenir à ta question, j’aime les éditions mainstream, les histoires de super-héros, ceux qu’on voit dans les films, tout ça. Et plus l’intrigue est compliquée, mieux c’est. » Pour le coup, elle n’avait pas de critère précis à lui donner mais elle se doutait qu’il arriverait à lui faire quelques recommandations. Du moins, quand son nez aura fini de saigner.

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Je m'étais toujours battu. D'aussi loin que remontent mes souvenirs, en fait. Et ce, autant physiquement que mentalement. Même si, soyons honnêtes une seule seconde, je préférais foutre des gnons que des paroles assassines en plein dans la gueule de mes détracteurs. Même si, combiner les deux, ça faisait son petit effet. Fallait l'avouer. Et, quand j'en avais l'occasion, ce serait con de pas m'en priver pour le coup.
Or ici, j'avais pas eu le temps de dérouler ma verve emplie de fiel. J'étais juste parti dans un sprint effrené pour rattraper les quatre petits enfoirés qui avaient osé voler Georges.

Avec ce que je leur avais mis en pleine poire et notamment dans le crâne, j'espérais au moins qu'ils auront pas la connerie de recommencer leur petit trafic. Parce que, si je les avais castagnés une première fois, je pouvais bien faire l'exception de leur foutre une deuxième branlée. C'était pas impossible, ça. Clairement pas même.
Cependant, j'étais revenu victorieux de cette petite altercation avec un nez en sang et une pommette quelque peu arrangée. Rien à comparer de ce qu'ils avaient eu, comme correction.

Toutefois, je m'étais excusé auprès de la jolie brune que j'avais dû momentanément délaisser pour aller corriger quatre petits morpions, quand j'étais de nouveau dans son champ de vision. Initialement, elle venait pour des renseignements, non ? Et idéalement, je pouvais enfin les lui prodiguer. Même s'il y avait eu un petit interlude, dont je me serais bien passé. Répondant à son inquiétude par un sourire, j'étais prêt à lui faire tout le déroulé des nouveautés, quand elle cueillit ma résolution au vol, avec ses propos. Haussant un sourcil, quant à la manière de vanter mon action à mon employeur. C'était pas que j'aimais pas l'idée en soi, mais c'était rien d'extraordinaire, ou bien ?

D'un geste de la main, je faisais comprendre que c'était rien, ça. Que ça me semblait être pour le moins naturel, d'avoir agi ainsi. Mais c'était clair et net, que j'étais pas un héros pour autant. Je choisissais juste mes batailles, et dans un sens ... c'était pas mal.
Haussant de nouveau mes sourcils, j'étais confronté à un cas de figure pour le moins singulier. Parce que j'avais face à moi, une demoiselle qui se préoccupait de mon état, considération dont j'étais pas vraiment coutumier et qui me foutait assez mal à l'aise. C'était pas que c'était pas plaisant encore une fois, mais c'était bizarre.

Avisant quelques secondes le marche pied qui m'était alors destiné, je consentis à poser mes fesses dessus, avec un long soupir. Témoignage certain que ouais, ça allait. Et que non, j'avais pas besoin d'être soigné. C'était comme toutes les autres cicatrices qui jonchaient mon corps, ça passait avec le temps. Mais la Norah, force était de constater, qu'elle me semblait insistante avec ses mouchoirs et son spray antiseptique qu'elle me brandissait sous le nez. J'étais pas en sucre, merde.

- Encore mieux, si ça pique. Je pouvais pas m'empêcher de lui répondre par un ton empli de sarcasme, largement décontenancé par la gentillesse dont elle faisait preuve et qui me faisait penser à Miss Rhodes, l'infirmière du pensionnat. Certes, elle m'avait recousu la joue à vif et ç'avait pas été le moment le plus fun de ma journée, mais c'était un peu ce qui émanait de ma vis-à-vis, à cet instant. Ça et une technique de drague vachement foireuse.

Là, j'eus assurément un rire. Même si c'était mignon. Trop. Et c'était quasiment impossible que je passe pas à côté. Je me devais de rebondir dessus. Un regard sombre empli de malice et aussitôt assorti d'un sourire en coin, pour la peine.

- Tu me répètes ton profil Tinder, là ? En espérant que ça matche ? À nouveau un petit rire, alors que ouais, ça piquait salement son machin. ... je pense que pour le fait d'être surprise, tu peux barrer ça de tes choix. Terminant de me faire soigner comme si j'étais revenu d'une guerre à moitié estropié, j'écoutais la jeune femme me fournir enfin un aveu, qui me serait utile. Pour mon job du moins.

Les intrigues complexes. Ça, ça me parlait.

- Est-ce que tu serais pas un peu adepte du Multiverse par hasard ? Et d'autres trucs, aussi. Mais pour ça, j'abattais pas mes cartes tout de suite.

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Depuis qu’elle était petite, Norah avait ce côté altruiste, celui qui la poussait à partager ses jouets avec son petit frère, à être présente pour les plus nécessiteux et même à soigner les inconnus après une bagarre. Cela ne lui demandait pas d’effort particulier, il s’agissait d’une chose naturelle pour elle. Elle s’en était rapidement rendue compte, en l’occurrence lors des galas de charité organisés par ses parents ou leurs entourages. C’était bien les seules soirées où elle acceptait sans hésiter de les accompagner, sachant à quel point – malgré des intentions dissimulées – elles avaient leur importance. Pourtant, ici, les circonstances étaient bien différentes. S’improvisant infirmière le temps d’un saignement de nez, elle se montrait présente pour Axel, non pas parce qu’elle était inquiète par sa blessure dont il se remettrait en quelques jours mais bien parce qu’il comptait poursuivre leur conversation, comme si de rien n’était. Elle ne savait pas s’il s’agissait d’une histoire d’égo ou justement s’il ne voulait pas l’inquiéter pour si peu. En tout cas, il se heurtait à l’humanité de la Sawyer, bien décidée à qu’il la laisse panser ses maux. Après tout, elle faisait ça pour son confort, mais aussi pour éviter la catastrophe de tâcher les bandes dessinées de ce liquide écarlate. Surtout pour son confort, en fait.

Fut elle surprise de recevoir le sarcasme de son interlocuteur, sans pour autant paraitre choquée. Bien au contraire, Norah garda son sourire, même pouffa un rire. « Tu feras moins le malin dans quelques secondes. » Quelques secondes le temps que l’actif remplisse sa fonction. Au-delà de sa remarque, il soulevait une question qu’elle se posait dans sa tête : pourquoi les antiseptiques piquent ? Peut-être était-ce un gage d’efficacité. Peut-être que pour les fabricants, ce n’était pas un critère dans leur cahier des charges. Elle se la notait dans un coin, interrogerait internet à ce sujet lorsqu’elle rentrerait chez elle. La curiosité à son paroxysme. Curiosité qui s’entremêla à son côté taquin puisqu’au-delà du prochain commentaire d’Axel qui l’amusait, elle se devait d’y répondre avec les mêmes intentions. « Je sais pas, ça matche pour toi ? » Joueuse, bien qu’elle ne s’était jamais inscrite sur des applications de rencontre, elle ne rebondissait pas dessus pour autant. Au fond, elle espérait qu’il répondrait à l’affirmatif. Elle lui laissait tenir le mouchoir un instant, en appliquant un nouveau sur le dos de la main du garçon. Fine observatrice, Norah avait remarqué la trace de sang s’y trouvant, sûrement s’était-il essuyé le nez avec après son affrontement. « J’ai pourtant pas l’habitude d'assister à des bagarres de rue, pour le coup. » Ton comique, elle était surprise dans un sens. Surprise par la tournure des événements, surprise par sa posture. Axel était encore plus intéressant que ce que son intuition lui avait dit. « Est-ce que ça saigne encore ? » Elle l’invita à enlever le mouchoir de son nez, se redressant pour lui laisser le temps et la place de jauger par lui-même.

La situation retrouvant son objectif initial, Norah était venue dans la boutique pour son habituel petit tour. Petit tour qui se soldait toujours par un achat vu le nombre de comics qu’il y avait et qu’elle n’avait jamais lus. Les dernières fois, elle faisait des choix au feeling, par rapport à ses envies du moment ou à ce qu’elle avait vu sur les réseaux. Elle était bien placée pour savoir que les créateurs de contenu ne manquaient pas dans ce domaine. Alors, elle ne disait pas non à l’expertise d’Axel pour faire des choix plus réfléchis. « Pas vraiment. Je connais surtout le Multiverse par les films ou les séries. Mais ça peut être intéressant. » Moue de réflexion, elle imaginait bien qu’elle serait servie niveau intrigue, à condition que la narration soit à la hauteur. « Je veux juste pas que ça aille dans tous les sens… J’aime bien quand il y a plein de personnages différents, quand on peut suivre leur histoire séparément mais qu’il y ait au moins une trame commune à un moment. » C’est pour cela qu’elle avait tendance à se tourner vers les comics se focalisant sur un héros ou un groupe précis mais peut-être que son interlocuteur parviendrait à la convaincre. « Et si possible, pas trop long à lire. » Parce qu’elle n’avait pas non plus énormément de temps à consacrer à cette activité. Et elle plongea son regard dans le sien, amusée, le mettant au défi de remplir les critères qu’elle venait de lui énoncer.

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@Norah Sawyer & @Axel Hartmann

Qu'on prenne soin de moi comme ça, j'en avais certes, pas vraiment l'habitude. Y'avait eu ma mère bien sûr, mais les souvenirs d'elle s'étaient estompés au profit de l'absence et j'y faisais plus vraiment cas. Elle avait dû soigner mes maux pendant mon enfance, mais après ? Parce que ouais, je revenais toujours à la maison avec une arcade amochée et un nez pété. Ajouté à ça, les compétitions d'arts martiaux. Où je faisais plus de dégâts en face que sur ma propre personne, mais globalement, c'était du pareil au même.
Y'avait donc eu que Miss Rhodes et Norah du coup, qui avaient de ce fait une singulière considération à mon envers.

Même si je ronchonnais à la fois sur le fond et sur la forme que prenait cette étrange interaction, je pouvais pas nier le fait qu'heureusement mon sang tâchait pas les comics. Ça m'aurait grave fait chier de faire ça à Georges et en plus, c'était moyen pour le business. Aucun client ni même cliente, voudrait d'un bouquin à lire avec un liquide rouge poisseux sur la couverture.
Déjà que moi, je le voudrais pas ... alors, j'imaginais pas les autres. Ceux et celles qui payaient pour un service qui leur sera à moitié assuré. Non. Jamais.
Alors, je me laissais faire. Ou plutôt, je laissais agir l'antiseptique sur ma plaie. Et putain, qu'il piquait cet enfoiré !

- Ouais, bah ça va. J'avais connu bien pire, mais ça me titillait la peau à vif, quand même. Néanmoins, j'amorçais un sourire. Qui se mit à s'élargir considérablement quand la jolie brune entrait dans mon jeu. Ou du moins qu'elle se sentait apte à le faire. Ça, j'aimais assez. Cette forme de répartie que j'accueillis d'un sourire en coin, et d'une œillade sombre qui traduisait une validation certaine de cet état de fait. ... peut-être bien ?

J'haussais les épaules, tout en laissant planer un certain suspens. Après tout, et ce par expérience, -du moins les études Hartmann l'avaient déjà prouvé-, ça suffisait pas que ça matche pour que ça colle, néanmoins. Et, par principe, j'étais plutôt adepte du wait and see, que de la précipitation. Je fonctionnais au feeling moi, et avec la demoiselle qui s'était mise en tête de réparer les nez pétés et les pommettes quelque peu fendillées, force était de constater que le courant passait bien.
Même si, de mon point de vue, elle était bien loin d'avoir assisté à une vraie bagarre de rue, hein. Ça, pour sûr que ça me fit rire.

- Je dirais pas que c'était une bagarre de rue, là. Là, c'était juste moi contre quatre mecs. C'est tout. Je les avais pas épargnés et j'aurais pu. Mais, je l'avais pas voulu. ... non. J'ai plus l'impression. Touchant une dernière fois mon nez pour m'en assurer, je me redressais. Décalant le marche pied, pour le remettre à une place convenable et pas dans le chemin.

Parce que je devais quand même faire ce pour quoi j'avais été engagé et payé : renseigner la jeune femme. Qui souhaitait un univers vaste avec tout un entrelacs d'histoires et de répercussions. Instantanément, l'idée du Multiverse m'avait frappé l'âme. Puis, c'était un univers à la fois riche mais tout aussi complexe. Et moi, c'était ça que j'appréciais. Même si pour un néophyte en la matière, la complexité pouvait rimer facilement avec l'aspect compliqué.
Et ça, il était hors de question que la clientèle en pâtisse.

- Okaaaaay. Voyons voir, ce que j'ai à te proposer. Parce que j'avais cette nette impression qu'il fallait que je coche toutes les cases de la demoiselle, si je voulais qu'elle soit satisfaite de mes conseils. Tout en gardant mon idée de l'initier au Multiverse sous format papier. ... fan des zombies ou c'est pas trop ça ? Je tâtais le terrain avec mes questions posées au compte-goutte. C'était juste pour taper au plus près de sa demande, pas pour la garder plus que de raison dans la boutique. Non, non.

The holy hour. w/ @Axel Hartmann

Le sarcasme faisait de loin partie de son paysage et ce, dès sa jeunesse. Pour cause, ses parents étaient maître dans l’art, jouant avec les lignes une fois hypocrites, une autre fois persuasives. Ils maniaient les mots avec précision, si bien que la frontière du sarcasme était parfois floue à discerner. En revanche, observatrice aguerrie, Norah parvenait à décoder les sous-entendus, au point qu’elle s’en amusait avec démesure. Puis ses aînés, calquant l’attitude de leurs géniteurs, s’y mettaient puis elle-même, ayant de nouveaux exemples dans son entourage. Le retrouver chez des personnes extérieures avait un potentiel comique avéré, encore plus lorsqu’il était employé par des garçons comme Axel. A croire qu’il s’agissait d’une corde sensible pour elle, soulignant davantage son intérêt pour ce dernier. « Tu t’en sors très bien. » Se pinçant les lèvres alors qu’elle appliquait le mouchoir imbibés d’antiseptique, celui-là manquait de la faire pouffer un rire. Mais il fallait qu’elle soit sérieuse à cet instant précis car, maitrisant les gestes de premier secours, elle connaissait très bien les conséquences d’une plaie mal nettoyée. Les images d’infection cutanée gravées dans sa mémoire, elle n’avait plus jamais négligé le principe de précaution. Et ce n’était pas un poing dans le nez qui allait l’arrêter en ce jour. Et ce qui était aussi écrit dans les carnets de formation : faire diversion. « Si seulement on avait tous un pouvoir d’autoguérison, hein ? » Pouvait-elle vraiment faire cette référence dans un lieu plus approprié que celui-ci. Elle reprit aussitôt. « Sauf si tu préfères un autre superpouvoir ? » Question typique qu’elle se posait – passionnée de fantastique – mais aussi qu’elle posait en soirée, tant elle pouvait révéler la créativité des autres.

Un sourire satisfait lorsqu’elle croisa son regard alors même qu’il parlait d’un potentiel match, elle n’était pas à côté de la plaque avec le charmant garçon. Même, elle avait raison sur certains points. « Alors ton analogie est valide. » Un match en retour, elle ne put s’empêcher de commenter alors qu’ils revenaient sur ce qui s’était passé quelques minutes auparavant. « Pourquoi tu dis ça comme si c’était quelque chose d’habituel ? » Le ton qui prenait l’amuser puisqu’il était totalement dénué de gravité. Honnêtement, si elle ne traînait pas trop dans les rues la nuit, c’était bien pour éviter ce genre de situation. « Ça reste quand même quatre mecs de trop. » Dans le meilleur des cas, cela ne se serait pas passé, il n’aurait pas eu à les poursuivre et à en arriver aux mains. Mais dans un autre côté, les deux ne seraient pas là si ça ne s’était pas produit. Un mal pour un bien, en somme. « T’avais pas à te donner autant de mal pour entamer le dialogue, tu sais. » Rire qu’elle ne put contenir cette fois-ci, elle n’en pensait pas moins en revanche.

Norah adoptait un tout autre état d’esprit quand venait le moment de découvrir ce qu’Axel lui avait annoncé un peu plus tôt. Elle balada ses doigts parmi les rangées de comics, réfléchissant aux réponses qu’elle apporterait à Axel. « Je dirais pas que je suis fan mais ça me dérange pas pour autant. Il faudrait pas que ça soit uniquement que des zombies, en fait. » Elle avait l’habitude des ambiances qui pouvaient faire peur, elle qui adorait le true crime mais également les histoires d’épouvante. « Mais de manière générale, j’en ai que très peu des comics donc tout peut potentiellement m’intéresser. » Une pause avant de reprendre, jamais trop loin de son humour. « Sauf du côté enfant, j’ai passé l’âge des poneys et des trains qui parlent. » Pointant derrière elle les rayonnages de bandes dessinées destinées aux plus petits, même s’ils devaient y avoir quelques pépites, ils étaient d’emblée éliminés. Recroisant le regard de son interlocuteur, elle poursuivit. « Parmi toutes les nouveautés, est-ce que tu as eu un coup de cœur ? » Curieuse à l’idée d’en savoir plus sur ses goûts à lui, peut-être que cela l’aiderait à faire ses choix.

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@Norah Sawyer & @Axel Hartmann

Elle était cool cette fille parce que j'avais cette impression qu'on maniait les mêmes armes face à la vie. Ou du moins, elle en possédait une similaire à la mienne, sans qu'elle soit autant poussée visiblement. Parce que moi, c'était un truc qui me collait au derme comme une seconde peau. Parce que j'utilisais déjà l'impertinence et la moquerie du temps des mes darons. Et ... faut croire que leur disparition à tous les deux, a pas arrangé les choses, ce faisant.
J'étais passé maître dans cet art. Et, y'en avait pour qui ça fonctionnait et d'autres pas. Pour Norah, fallait croire que ça faisait un peu mouche.

Même si elle n'avait pas autant le verbe railleur que moi, elle se défendait la jolie brune. Et, malgré moi, j'appréciais cet état de fait. Que c'était d'un chiant, -et ce même avec un client-, de se retrouver avec quelqu'un qui répondait pas au persiflage qui lui faisait face. Moi, je me faisais chier assez rapidement, et ça se voyait. Mais, force était de constater qu'avec une telle rencontre, -la brune donc-, j'avais pas le temps de m'ennuyer.
Mais, j'aurais tout de même préféré et de loin, qu'elle me soigne pas avec son putain d'antiseptique, qui, si j'observais la belle, se gênait pas pour se foutre de ma gueule ?

J'eus un ricanement sec, alors que je me laissais encore faire et que de toute manière, j'étais à bien des lieues de faire plus. Fronçant mes sourcils, j'écoutais mon interlocutrice converser à propos d'aptitudes autres qui pourraient survenir.
Et franchement ... qui serait pas fan d'avoir un super pouvoir à la Wolverine, hein ? Qui ?

- Ouais. Perso, je pique celui de Wolverine. Avant de réfléchir quant au fait d'en choisir un autre, en réponse à ce questionnement qu'elle venait de me poser. Qu'est-ce que je prendrais, si j'avais le choix ? Qu'est-ce qui serait susceptible d'avoir un quelconque intérêt ? ... être un Speedsters, je crois bien. Parce qu'assez rapides, pour remonter dans le temps. Et pour y faire quoi ? Je gardais ça, sous silence. Optant pour un sourire en coin, destiné à ma vis-à-vis, qui avait fini de me soigner et qui soufflait certaines évidences.

Auxquelles, je ne pus répondre que par un clin d’œil. Pour sûr que le courant était passé, fallait être con pour pas s'en apercevoir. Puis, pareil sur le fait qu'elle était extrêmement jolie et que son rire pouvait être une douce mélodie à mes oreilles. Et, ça s'arrêtait là. Même si, elle se mettait en tête de comprendre pourquoi castagner des gars, me semblait si normal.
Parce que j'en avais pris l'habitude. Depuis que j'étais tout gamin. Habitude qui s'était révélée être plus que cathartique, maintenant.

- Si mon analogie est valide hein ... Ne pus-je m'empêcher de commenter avant d'opérer un silence. ... parce que ça l'est. Et que c'est factuel. J'ai l'habitude, c'est tout. Un haussement d'épaules avant un éclat de rire. Et, un petit sourire en coin, parce que c'était clairement de la drague, là, qu'elle me faisait. Ah ouais ? L'entrée en matière te plaisait pas ? C'est pas toi qui as dit texto : j'aime la surprise ? Ici, ça flirtait avec les limites de l'indécence pour le coup.

Cependant, je me recentrais sur la demande formulée par la demoiselle. Cette même demande, qui devait m'assurer d'être dans ses bonnes grâces. Je l'étais toutefois, mais je le voulais encore plus. Puis, c'était mon job, hein. Rien d'autre.

- Okaaaay. Je me note les zombies pour plus tard. On y viendra, tracasse pas. Un clin d’œil qui lui était destiné alors que je me secouais les méninges pour lui trouver quelque chose de saisissant et d'impactant à lire. ... j'ai dit que je partais pour le Multiverse, je pars pour le Multiverse. Avant d'être interrompu par la jolie brune qui me fit ricaner devant une étagère. ... je peux t'assurer que les poneys et les trains qui parlent, c'est méga flippant.

Et, parce qu'il fallait entrer un minimum dans le vif du sujet :

- Je crois que j'ai un truc sympa. Multiversity. Ou comment Harley Quinn se balade sans pression dans le DCU. Un truc avec un voyage dans le temps et tout le bazar que ça comporte. Et, Harley, quoi. ... je suis dans les nouveautés mangas, en ce moment. Pas les autres. Pas sûr que ça puisse t'aider pour faire un choix éclairé, ça. Sauf si t'aimes la dark fantasy. Du genre Berserk, quoi.

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A cet instant, Norah se demandait comme cela se serait passé dans d’autres circonstances, autre que la posture de caïd du garçon, adossé au mur d’entrée de la boutique. Posture qui, soit dit en passant, avait fait son effet puisqu’elle avait aussitôt interpellé la Sawyer et ce, même de l’autre côté de la route. Et si elle était rentrée comme à son habitude dans la boutique et qu’il travaillait comme à chaque fois, est-ce que le dialogue se serait débloqué ce jour ? Ou même, s’ils s’étaient croisés tout simplement dans la rue, est-ce qu’ils se seraient arrêtés pour discuter ? Les images mentales défilaient dans sa tête, de quoi l’amuser car il y avait tant de possibilités qui auraient pu se produire. Si elle faisait fonctionner son imaginaire, ce n’était pas parce qu’elle était déçue de l’issue qui s’était démarquée, bien au contraire. Elle se disait, parmi celles qui lui apparaissaient, celle-ci était de loin la plus intéressante. Il n’y avait rien de banal dans leur rencontre, en tout cas pas pour l’étudiante en droit et rien que ça rendait le moment mémorable. Son sourire satisfait parlait d’elle-même. Comme disait le proverbe, avec des si on referait le monde. Et le monde dans lequel ils se trouvaient présentement, la boutique de comics cette après-midi ci, valait-il le coup d’être refait ? Certainement pas pour elle.

« Wolverine ? Avec ou sans les griffes ? » Sourire amusée, les pouvoirs dudit héros avaient son lot de commodités, la moindre blessure disparaissant aussitôt. Outre l’autoguérison, il se distinguait par ses tranchants à chacune de ses phalanges, signe distinctif qui lui était intrinsèquement lié. Si certains y voyaient un cosmétique, ils étaient indéniables qu’elles avaient un potentiel létal. Norah profitait du parallèle pour cerner davantage son interlocuteur, sa prochaine réponse l’intéressant encore plus. « C’est vrai que c’est stylé. » Un sourire en coin, même si elle ne rebondissait pas, elle gardait toutes ces informations dans un coin de sa tête. Car aussi banale soit la question dans la communauté d’adorateurs, elle permettait d’avoir quelques indices sur la personnalité des gens, sur leurs désirs, sur leurs peurs. Elle acceptait les règles du jeu, se confiant à son tour. « Pour moi, ça sera soit l’intangibilité, soit la télékinésie. » Référence à Shadowcat pour son premier et à Jean Grey pour son second, ils n’étaient pas dus au hasard. Au-delà du fait qu’elle aimait beaucoup ces deux héroïnes, ils témoignaient de son besoin de liberté, réprimé dans sa jeunesse par les décisions familiales. Mais pouvait-elle seulement en parler un jour sans un quelconque raccourci…

« Factuel ? Je suis curieuse de savoir à quels faits tu fais référence. » Son regard avait fait le choix de l’espièglerie alors qu’ils s’avouaient leurs premières brides de complicité. Elle vint toutefois pouffer un rire au prochain commentaire de son interlocuteur et à sa répartie. « C’est vrai. La prochaine fois je devrais peut-être mettre un astérisque qui dit ‘hors surprise conduisant à des saignements de tout type, y compris du nez’. » Pour ce qui était de la première partie de sa question, elle la contournait volontairement car la réponse était évidente. Bien sûr que ça lui avait plu. Non pas qu’il se prenne un coup dans le nez, mais que cela les avait conduit à cet instant.

Amusée par l’ardeur qui animait le charmant garçon alors qu’il se mettait au travail, il avait l’attitude du professionnel qui voulait guider ses clients. Ne le perturbant pas pour autant, elle cherchait également de son côté. Norah saisit un comics dédié aux différentes variantes d’un des héros les plus populaires : Spider-Man. N’y faisant pas exception, elle glissa l’ouvrage sous son bras, retrouvant aussitôt Axel. « Oh, intéressant. J’aime beaucoup le personnage en plus. » Elle vint feuilleter ledit comics qu’il venait de lui présenter, ne quittant pas la conversation pour autant. « Alors les mangas, je suis même pas sûre d’en avoir déjà lu un. Peut-être à la bibliothèque du lycée par curiosité et encore. » Moue de réflexion, sûrement qu’elle n’y voyait aucun intérêt dans sa jeunesse, déjà absorbée par les bandes dessinées. « Mais je veux bien y jeter un coup d’œil ! » Glissant le comics au côté de celui qu’elle avait sélectionné précédemment, elle restait ouverte aux propositions du garçon, surtout maintenant qu’il lui avait trouvé un ouvrage qui correspondait à ses attentes. Sourire conquis, elle reprit aussitôt. « Après je veux pas accaparer ton temps non plus. »

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Finalement, moi qui croyais que cette journée avait eu tout son potentiel pour être plus que merdique, force était de constater que j'étais bien loin du compte. Même si, je m'étais fait cogner à un moment donné ... ça compensait cette singulière rencontre. Parce qu'enfin, à force de se jeter des œillades dans un coin du magasin, on se parlait de vive voix avec l'inconnue qui n'en était plus une, maintenant.
Car, j'avais pu mettre un prénom sur un visage. Et ça, c'était vraiment pas mal. Du coup, elle se prénommait Norah, un prénom aussi court que le mien, si j'en jugeais par sa sonorité.

... je crois que j'aimais pas les prénoms trop compliqués ou les alias qui le devenaient. Même si, je devais admettre que récupérer le costume de Wolverine, -j'étais malheureusement fidèle à celui des films de la franchise X-Men ; je détestais le jaune des comics- ainsi que ses pouvoirs, ce serait fun. Parce que le pouvoir de guérison accélérée et l'adamantium qui était un métal quasiment indestructible, ça me plairait de les posséder.
Mais juste, sans le justaucorps jaune dégueu moulant. Merci bien.

- Wolverine avec les griffes, pour sûr. C'est vendu avec le package, ça. Puis, Wolverine sans son adamantium, c'est pas Wolverine hein. Je prenais pas le Mutant à moitié, moi. Je le prenais dans son intégralité, le James Howlett. Logan, quoi. ... même si Flash, c'est pas mon super-héros préféré, son pouvoir ... il est grave stylé. Et mon interlocutrice, c'était quoi, qui était susceptible de la tenter par ailleurs ? Émettant un sifflement appréciateur, je constatais alors qu'on restait dans la franchise X-Men. Bon choix. ... on part donc sur Kitty Pryde et Jean Grey. J'apprécie. Même si, techniquement, tu ressembles plus à Kitty qu'à Jean. Tout comme moi, il devait sûrement y avoir une explication pour confirmer ce choix.

Mais tout comme moi, elle préféra s'en abstenir la brune et je respectais son choix. En revanche, fallait que je me démmerde un tant soit peu pour expliciter ce que j'entendais par factuel. Je faisais des arts martiaux, donc cogner en gros, ça me connaissait. C'était quotidien et c'était même un peu le principe du truc. Sauf que ... je l'étalais un peu en-dehors du tatami, quoi. Surtout quand quelques occasions s'y prêtaient en définitive.
Oupsie.

- Je faisais des arts martiaux. Donc, c'est un peu le mood de cogner des adversaires. C'est dans ce sens, que c'est factuel. Art martiaux, qu'il faudrait que je reprenne un jour ou l'autre, d'ailleurs. ... ah bah, ça mettrait tout de suite dans l'ambiance du date, tu me diras. J'éclatais de rire avant de faire ce pour quoi j'étais payé et remercié par la clientèle.

À savoir, trouver pour la jeune femme le comics adéquat. Ou du moins, celui qui se rapprochait le plus de ses désidératas. En cochant pratiquement toutes les cases de ses volontés, je m'étais dirigé vers Harley Quinn et cette dernière avait remporté son adhésion. Souriant, je la vis s'emparer d'un autre bouquin, y privilégiant Spider-Man. Okaaaay, bon choix là aussi. Y'avait, je crois, juste Superman que je pouvais pas saquer. Autant à lire en comics, qu'à voir en films, je pouvais pas me le voir.

- Harley, elle est grave cool. Et pas que parce qu'elle traîne avec le Joker. On passera bien sous silence la merde visuelle qu'était le premier Suicide Squad, au cinéma hein. ... les mangas, c'est un univers assez particulier aussi. Faut voir, ce qui te plaît déjà. T'aimes bien le genre romantique, d'aventure ou un truc bien plus profond et sombre ? Un silence, assorti d'un sourire en coin. T'accapares pas mon temps. Comme qui dirait, je suis là pour ça. Mon regard sombre se mettait à pétiller d'impertinence, parce que ouais, c'était l'exacte vérité.

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Il y avait quelque chose qui était original dans les échanges que Norah avait avec le dénommé Axel : les parallèles entre les comics et eux-mêmes. Outre leur passion pour ces bandes dessinées si caractéristiques, ils parvenaient à se découvrir des points communs. L’univers X-Men en était un bon exemple, Norah ayant souvent rêvé d’être scolarisée à l’institut Xavier. Rêve qui était alimenté par les multiples lectures de la Sawyer et qui entretenaient son imaginaire, c’était une autre raison pour laquelle elle aimait se rendre dans cette boutique. La conversation avait pris un tournant beaucoup plus personnel à travers la question des pouvoirs favoris de comics. Il était évident que l’étudiante en droit se tournerait vers ceux des fameux mutants car elle les connaissait beaucoup plus que les autres. Si elle avait réfléchi un peu plus longtemps, elle aurait pu citer le magnétisme ou la téléportation mais ils étaient un peu trop rependus chez les fans. Amusée par la réponse de son interlocuteur, elle rétorqua avec un peu plus de profondeur. « Ok mais si tu prends tout le package, tu prends aussi tout le trauma, toutes les expériences pour avoir les griffes en adamantium et tout ? » Le personnage avait ses démons, étroitement liés à la manière dont il reçut ses griffes pourtant si caractéristiques. Elles étaient très stylées, elle devait l’avouer mais à quel prix. Pour ce qui était de Flash, elle n’avait pas vraiment d’avis sur la question mais elle gardait le sourire sur son visage. « Tu dis ça juste parce que je suis brune ? Ou même niveau caractère – plutôt ce que tu crois être mon caractère ? » Pouffant un rire lorsqu’il la rapprochait davantage de Kitty que de Jean, elle-même ne savait pas vraiment laquelle des deux lui ressemblait le plus. Les trois se distinguaient par leur empathie mais s’il fallait trancher sur la base des traits de caractère les plus visibles, Kitty était la plus extravertie et beaucoup plus en phase avec le comportement de Norah. « Mais ça me va. Et toi avec Logan ? » Il y avait sûrement leur côté mystérieux qui les rapprochait, mais elle aurait besoin de plus d’éléments pour en mettre d’autres en évidence.

« Et le code de conduite des arts martiaux dans tout ça ? » Un rire pouffé, elle faisait référence aux valeurs que les pratiquants vantaient au monde. Le respect, l’humilité et sûrement d’autres qui dans certains cas étaient appliqués mais il fallait aussi se rendre compte que beaucoup de gens s’inscrivaient dans des clubs justement pour apprendre à se battre et se défouler sur les autres. « Remarque, c’est très Wolverinesque comme mood. » Les prunelles espiègles, parce qu’elle s’amusait beaucoup de ces parallèles encore une fois.

« J’en ai aucune idée. Je peux jeter un œil ? » Norah se rendit au coin manga de la boutique et attrapa quelques livres, un de chaque genre précédemment évoqué par le garçon. Elle les feuilleta un à un et on pouvait clairement discerner les grimaces sur son visage. Trop expressive, dans le bon comme dans le mauvais. « Ouais j’ai jamais lu de manga, au final. C’est toujours aussi petit et… noir et blanc ? » D’autant plus qu’en vraie novice elle n’avait pas le réflexe de regarder les vignettes de droite à gauche, elle les reposait aussitôt. « Je crois que je préfère me focaliser sur les comics pour le moment. » Se rendant compte que son ton avait un petit côté dédaigneux, elle pinça ses lèvres et croisa le regard d’Axel, comme une enfant qui venait de faire une bêtise. Car après tout, s’il lui avait parlé de manga, c’est parce qu’elle lui ait demandé ses coups de cœur du moment. « … Mais c’est cool que ça te plaise hein. » L’envie de rigoler était grandissante, si bien qu’elle cacha son visage derrière les deux bandes dessinées qui avaient retenu son attention. Parfois elle oubliait de réfléchir avant de parler, Norah.

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Quoi de mieux qu'un endroit comme celui où on était actuellement avec la brune, pour échanger à propos de capacités hors du commun ? L'espace était somme toute parfait pour le faire, étant donné qu'on était tous les deux au milieu de feuilles glacées noircies par des aventures de super héros et de super héroïnes. Y'en avait, qui avaient toujours eu ma préférence en tant que gamin, et même en tant que jeune adulte. Je suivais des séries, depuis que j'étais tout gosse, sans pour autant m'en lasser.
C'était aussi pour ça, que j'en possédais une quantité un brin trop astronomique.

... mais, je comptais certainement pas m'arrêter là. Comme le fait de couper court à cette discussion hyper intéressante, que j'avais eu à de nombreuses reprises avec une partie de la clientèle fidèle de Comics Etc. Certains et certaines s'imaginaient comme les sauveurs de l'humanité dont ils lisaient les périples sur le papier. Et d'autres, c'était plus vers du Thanos, qu'on était rendus. Ça non plus, c'était pas vraiment pour me déplaire. Même si pour certains et certaines, ça demeurait un gros enfoiré, je trouvais qu'il avait des idées à la fois valables et viables.

- Aaaah, bah certainement que je prends le package trauma et tout. Ça construit le perso'. On sait d'où tu viens et avec quelle croix à porter. Donc ouais, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. J'avais toujours rêvé de caser cette phrase dans une discussion de ce genre et voilà chose faite. À barrer donc de la liste des cent choses à faire avant de mourir. ... t'es brune, ouais. Et, t'es peut-être plus encline à t'effacer pour faire plaisir aux autres, non ? Non pas que ça se voyait mais ça se ressentait chez elle. Puis, c'était une forme d'intuition que j'avais développé au fil des années.

Avec plus de facilité ou non.

- Après, je peux me tromper, hein. Un petit sourire en coin, assorti d'un clin d’œil. Alors que tout bonnement, ça bifurquait vers moi, et mes similitudes avec le mutant pourvu d'une guérison à toute épreuve et de griffes faites d'un métal plus que précieux pratiquement incassables. ... avec Logan, je dirais le côté mystérieux. Et le fait d'avoir vécu plusieurs vies en une seule, déjà bien remplie.

Ça me résumait assez globalement ça. Sans pour autant entrer dans des détails qui m'auraient été préjudiciables. Et, autant dire que ça m'allait très bien. Parce que même si le feeling passait plus que bien avec Norah, j'étais pas non plus prêt à me dévoiler aussi facilement.
Ça, j'y mettais plus qu'un point d'honneur. Et, généralement, on me le rendait bien.

- Alors, si tu dis que t'as rien vu, il se peut que je t'épargne ... vu le code très strict des arts martiaux. Je tentais de conserver une once de sérieux, alors que mon regard sombre, lui, pétillait de malice à l'issue de ces propos. ... Wolverine, il a la grande classe. Y'a pas à chier. Tout chez lui, puait la classe, ouais. TOUT. Sans aucune exception.

Or, en plus d'initier la demoiselle à d'autres lectures pourvues de cernes noirs, je tentais de faire en sorte que mon interlocutrice s'intéresse aux mangas. Aux œuvres japonaises dans toute leur complexité. Mais ... je dus toutefois constater, que la demoiselle y était réfractaire. Insultant même les grands mangakas avec un air pour le moins hautain et méprisant, imprimé sur son joli visage.
À cette vision, j'eus un soupir. Auréolé d'un pincement bref de l'arête de mon nez.

J'avais du boulot. Pour convertir une nana, pas convaincue.

- Déjà, il peut y avoir des couleurs. C'est pas spécifiquement qu'en noir et blanc. C'est une autre forme de récit narratif, que t'as entre les doigts. Beaucoup plus punchy. Un silence. ... et surtout, ça se lit dans le sens inverse de notre sens de lecture à nous. Ce qui en a déstabilisé plus d'un, avant toi. Un autre silence, et un sourire en coin. Ouais, j'ai cru comprendre. Et parce que je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir le dernier mot, en toutes circonstances : ... c'est bien toi, qui as voulu connaître mes goûts. Faut pas se plaindre, que je voue presque un culte du côté nippon. En plus des comics, bien entendu.

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L’une des raisons pour laquelle Norah aimait tant les comics était le fait que la quasi-totalité des personnages y figurant avaient leur profondeur, une vie avec des hauts mais aussi beaucoup de bas. C’était différent des dessins animés qu’elle regardait dans sa jeunesse, où les gentils étaient sûrs de gagner à la fin, beaucoup trop insipides maintenant qu’elle était adulte. Elle avait besoin de s’identifier pour qu’elle accroche à l’intrigue, pas complètement mais au moins avoir un point d'ancrage qui lui permette de comprendre les émotions et les réactions des personnages. Grande émotive, elle avait très rapidement compris que la vie n’était pas toute rose. Elle irait même jusqu’à dire que transmettre cette idée là aux autres, c’était se voiler la face. Pour le coup, les choix de l’étudiante en droit correspondaient plutôt bien à ce qu’elle aimait suivre dans les bandes dessinées : des personnages de caractère qui avaient lutté pour trouver leur place. Shadowcat qui avait eu beaucoup de mal à accepter sa mutation, de l’autre Jean Grey qui peinait à contrôler ses pouvoirs. Cette dernière devait par ailleurs être très citée dans la communauté des fans au vu du nombre d’arcs narratifs où elle apparaissait, voire était la tête d’affiche. Dans le lot, il y en avait des très sombres, Dark Phoenix n’était qu’un exemple.

Coup dur quand Axel prononça sa phrase alors qu’elle avait si bien commencé. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Son visage changea totalement d’expression, la détresse dans son regard qui laissait transparaître un Noooooon pourquoi. « Tu veux me faire pleurer avec cette réf ? » Davantage émue par la musique ou la peinture, certains films parvenaient tout de même à lui faire verser une larme ou deux. Forcément les films de super-héros – qu’elle catégorise comme des chefs-d'œuvre – en faisait pleinement partie, d’autant plus lorsqu’une scène saisissante était à l’écran. Forcément, elle qui avait un faible pour Spider-Man, évoquer d’une manière ou d’une autre oncle Ben touchait la corde sensible. « Je t’en supplie dis moi qu’il est en vie dans celui-là. » Lui montrant le comics Spider-Verse qu’elle avait entre les mains – qu’elle avait elle-même sélectionné – elle ne s’en remettrait pas si ce n’était pas le cas, à fleur de peau. Il lui fallut une grande respiration pour retrouver son sérieux. Où en étaient-ils déjà ? Ah oui, les pouvoirs. « Mhhh peut-être. Après c’est aussi de pouvoir traverser n’importe quel mur, n’importe quel obstacle. » Au propre comme au figuré, ça donnait envie. Surtout pour elle qui avait encore énormément de blocages. « Et puis elle est extravertie, empathique et elle a son côté chipie. » Pour le coup, elles se ressemblaient assez bien là-dessus.

« Mystérieux, c’est sûr. » Retrouvant un sourire lorsque c’était à Axel de se trouver des similitudes avec le personnage qu’il avait cité, elle ressentait ce côté-là chez lui et qui avait su attiser sa curiosité. Curiosité tournée vers ses multiples vies qu’il évoquait mais sur lesquelles elle ne rebondissait pas, ce n’était ni le moment ni l’endroit pour le questionner à ce sujet. « Et qu’est-ce qui me serait arrivée si j’avais vu quelque chose, au juste ? » Amusée par le garçon, elle pouffa un rire, bien décidée à laisser son côté joueur s’exprimer encore un peu.

Lorsque la conversation tourna autour des mangas, Norah n’avait pas eu la meilleure des attitudes, exprimant clairement et très rapidement un rejet de cette littérature. Sauf que la franchise avait parfois – souvent – des conséquences et elle ne pouvait qu’accepter d’être charriée par son interlocuteur après ça. « Désolée, c’était plus une critique sur la forme que sur le fond, ça doit être très sympa une fois qu’on passe outre. » Les rames étaient maladroites, très maladroites. « Après le noir et blanc, c’est très graphique, ça peut même être très chic. A outrance, ça fait vite austère, genre pompe funèbre. » Parallèle à son autre passion pour la décoration, elle s’étonnait d’avoir mis autant de temps à en faire un. Elle se tourna vers Axel, un sourire amusé à sa dernière parole. « Un culte, carrément. Si tu devais en garder qu’un seul, tu choisirais les comics ou les mangas ? » Posant le dilemme, elle affichait un sourire fourbe, presque cruel avant de se retourner vers le rayon des bandes dessinées. « Tu serais prêt à perdre tout ça ? », dit-elle en montrant la quantité de comics entreposée dans la boutique. Sans parler de ce qu’il y avait dans la réserve, car même si Norah n’y avait jamais mis les pieds, elle se doutait que quelques trésors devaient s’y trouver.

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(#)Jeu 12 Sep 2024, 05:40

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Je ne pouvais pas nier que discuter avec la jolie brune, ç'avait un côté assez cool, en soi. En plus d'être sacrément jolie, -fallait être quand même un peu aveugle pour pas s'en rendre compte-, elle avait une forme de répartie qui la rendrait ma foi, assez attrayante. Parce qu'ordinairement, je me désintéressais violemment quand c'était pas le cas. Que la personne en face, n'était pas de ma trempe et n'appréciait pas le même univers. C'était peut-être un peu trop réducteur mais c'était comme ça, que j'élaborais un tri.

Comme ça, ça m'était plus aisé pour passer outre. Pour pas voir que des fois, dans les iris de mes interlocuteurs ou plutôt de mes interlocutrices, s'y nichait de la peine. Peine, que j'avais sûrement provoqué et à raison. Mais après, est-ce que ça me torturait ? Pas le moins du monde, pour tout avouer.
En revanche, là, où j'haussais réellement un sourcil circonspect, c'était suite à la réaction de mon interlocutrice et à l'intervention d'oncle Ben, dans mon discours. Elle faisait partie, elle aussi, de ceux et celles qui s'étaient pris d'affection pour l'oncle de Peter. Encore plus au moment tragique de sa mort.

... okay. Elle était touchante, là.
Voire, un peu trop.

- J'ai comme qui dirait l'impression, que c'est presque le cas. J'eus un petit souffle qui ressemblait à un rire. Avant de la voir réellement dans le mal ?! Hé-, mais je voulais pas provoquer ça, moi ! ... ça, je te laisse le découvrir par toi-même, mademoiselle. Et seulement à cet instant, je lui offrais un clin d’œil, alors qu'on entrait tous les deux, dans le vif d'un certain sujet.

À savoir les pouvoirs et leurs différentes répercussions. Elle, elle s’alliait parfaitement aux deux demoiselles qu'elle avait mentionné. Même si, elle m'apportait une autre lecture de la chose, là.
Pour tout avouer, j'avais pas trop vu ça comme ça, en réalité. Bien que je ne pouvais la contredire sur le côté espiègle et chipie, qu'elle me montrait la Norah.

- Y'a une forme de poésie qui rend la description attachante. Ça paraît coller à ta peau. Même si, j'ai l'impression que j'ai pas encore vu le côté chipie à cent pour cent. Est-ce que seulement je me trompais ? J'en avais pas l'air. Pour moi, j'avais eu l'art de taper dans le mille. Le côté mystérieux à la Logan. Plus, le reste. ... eeeeet, je me dévoile pas si facilement, Miss. C'est déjà un exploiiiit, là. Ça pouvait CLAIREMENT se compter sur les doigts d'une seule main, par ailleurs.

Et encore, fallait pas pousser.
La suite, par contre, elle me fit avoir un petit sourire en coin. Dans la formulation de sa question, qui n'avait rien d'innocent. Moi, je savais. Et, j'avais l'impression qu'elle avait même une petite idée à ce propos. N'est-ce pas ?

- Je pense que tu t'en doutes. Or, je laissais planer ce petit suspens entre nous. Ce petit silence. Parce que c'était plus que plaisant et que, quand je le voulais, je pouvais être parfois un petit démon.

Mon petit côté démoniaque s'accentuant quand ma vis-à-vis se mit en tête de critiquer ce que je lisais en plus des comics. Les mangas. Cet univers fait de cernes noirs et d'aspect narratif punchy qui parfois, parvenait à perdre son lecteur. Mais moi, j'adorais ça. Et voir quelqu'un qui n'hésitait pas à cracher dessus, ça faisait mal à mon petit cœur de weeb.
Insensible brunette que voilà !

- T-t-t-t-t. J'ai perçu de la critique. De la vilaine critique. Commençais-je avec un air sérieux, que je perdis bien vite, hein. ... faut vraiment que je t'initie à cet art qu'est celui de l'art nippon. J'ai pas d'autre choix. Je me sens maintenant investi d'une mission. Parce que me cracher à la figure que ça faisait pompe funèbre, ouais mais non. Ça passe pas. Ouuuuuh. Tout comme la critique, la vilaine question de voilà.

Si moi, je devais en garder un seul ?
J'avais une réponse toute trouvée, tiens.

- Le culte de Cthulhu. Un haussement d'épaules mutin, parce que hé-, j'avais répondu à la question. À moitié. Je perds rien, moi.

Et assurément pas ce temps, que je partageais avec la jeune femme.
Parce qu'honnêtement, je savais pas où ça me menait, tout ça. J'étais curieux mais frileux, hein. On changeait pas une équipe qui gagne, ça serait trop beau.

- FIN -

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