Elle se demande encore pourquoi elle a dit oui. Il y a tant d’agitations. Du monde à n’en plus pouvoir et elle n’a cessé de jouer les coudes pour pouvoir avancer au milieu de la foule. Actuellement, elle est assise sur un banc et profite de ce répit que lui offre cette journée. Celle de la Comic Con pour laquelle Oscar l’a supplié de l’emmener avec un de ses copains. Son coeur a été trop tendre, à la hauteur de la volonté de céder. Et Anna a dit oui, s’embarquant dans une aventure inconnue. Il faut dire qu’elle n’a jamais été une fan de super héros ou autre. Et elle est parfois larguée de tous les films ou les séries qui sortent en même temps. Il faut suivre avec un petit garçon assez fan de tout univers de superman ou autre. Et Anna s’efforce d’être suffisamment ouverte d’esprit pour ne pas passer pour la maman ringarde qui ne connait pas grand chose. C’est chose encore plus difficile quand ce n’est pas sa tasse de thé. Elle préfère se lire un bon livre ou jouer du piano. Ou alors regarder ces vieilles comédies romantiques qui la font toujours pleurer, même quand elle connait pourtant la fin. Autan dire qu’ici, ce n’est pas le moment qu’elle préfère. Il y a tellement de monde… Elle aurait aimé que Samuel puisse être là mais hélas, il est à Sidney pour une répétition d’un concert philharmonique. Et elle l’envie d’être là bas, elle est certaine qu’il n’aurait pas apprécié la Comic Con, lui non plus.
Le seul point positif dans tout cela, c’est que son fils a l’air d’être heureux. Il a revêtu un costume d’un super héros dont elle a déjà oublié le nom. Anna se sent coupable parce qu’elle a pourtant passé commande, sur interne, pour l’acheter. Mais rien à faire, le nom ne lui revient pas en tête. Elle aurait pu regarder mais hélas, le réseau marche à la vitesse d’un escargot. Elle a cru entendre qu’avec le monde autour, la consommation des data est si forte que forcément, les vieux téléphone rament. Et c’est exactement ce qu’elle a : un iPhone qui doit avoir cinq ou six ans. Qui ne se met plus trop à jour et qui se fait éclater la connexion. Autant dire que le temps lui parait long. Et elle a donc pour seul rôle que de scruter les deux enfants qui font la queue pour faire une animation dédiée à Harry Potter. La queue est longue et Anna en a profité pour se poser. Ses jambes lui font mal d’avoir marché. Et il est certain qu’Oscar va très bien dormir ce soir. Enfin… Etant donné que le copain dort aussi à la maison, tout est possible.
Avec un petit sourire, elle dévisage son fils avec une tendresse infinie. Le garçon a l’air tellement enthousiaste. Il gesticule et rigole avec son camarade et rien ne laisse croire qu’il a affronté des épreuves pour un âge si jeune. Et Anna ne peut s’empêcher de ressentir ce besoin de le protéger en permanence et de faire en sorte qu’il soit heureux, même si ça veut dire de venir ici. Le temps défile aussi lentement que la file d’attente diminue.

Il y a des moments où dans sa surveillance des petits, Anna se perd à scruter le monde qui l’entoure. Il y a beaucoup de personnes déguisées tout compte fait. Et les gens sont ensembles. Sont heureux de se trouver là. Beaucoup sont aussi surexcitées parce qu’il y a des célébrités et qu’il est possible d’avoir des photos avec eux. Elle a entendu les noms d’ailleurs mais n’a pas percuté qui ça pouvait être. Et puis dans ces visages inconnus, il y en a un qui lui saute au visage et auquel elle ne s’attend pas vraiment. Et à chaque fois, Anna a cette contraction au niveau de son coeur. Il s’élance avec plus de douleur. Il éveille des émotions enfouies. Et malgré cela, son regard ne peut se défaire de lui. Elle le dévisage comme si elle cherchait à y déceler une altération de son état ou quelque chose qui pourrait éveiller des inquiétudes. Elle y cherche aussi le rappel de ces souvenirs heureux qu’elle chérira toujours avec force. Elle pourrait se détourner et se contenter de surveiller les enfants mais non. Et à un moment donné, leurs regards finissent par se croiser. C’est ce qu’il se passe toujours lorsque l’on se sent observé. Anna lui fait un geste aussi timide que le sourire qu’elle lui lance. Il sera certainement surpris de la voir, qu’elle songe. Mais elle sait qu’il sera très heureux de voir son fils également.
Il faut dire que depuis Noël, ils n’ont pas eu l’occasion de se parler. Ils se sont vus pour amener Oscar chez l’un ou l’autre, parce qu’Anna a fait l’effort de lui donner plus de temps avec son fils sans trouver la force de retourner chez le Juge. Ils ont parfois eu des sms mais que des conversations anodines. Mais tout ce qui importe alors Anna, c’est qu’il puisse savoir que son fils est là, déguisé en super héros dont elle ne sait plus le nom.

@Malone Constantine

et c'est toujours la même fin qui recommence

@anna constantine

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(c): robertacolndrez (gif), luleaby (codage).

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Il avait hésité pendant bien longtemps avant de finalement enfiler sa veste pour venir ici aujourd’hui. Ce n’était en rien le type d’endroit qu’il croyait en temps normal, parce-qu’il ne comprenait pas tout cet engouement autour de ces êtres qui n’étaient en rien humain - et si certains, dont son fils, tentaient de lui faire entendre autrement, il n’était pas apte à le faire de toute manière. Aux yeux de Malone, les super-héros n’existaient pas; certaines personnes pouvaient s’apparenter à des héros, et encore peu trouvaient cette grâce là à ses yeux. Mais il savait que son fils adorait cet univers, qu’il avait réussi à convaincre sa mère de l’y amener avec un copain à lui. Il savait aussi que ce n’était pas du tout le type de sortie qui donnerait le sourire à Anna - ou pas directement: elle serait heureuse de voir son fils heureux, mais cela n’irait pas plus loin dans son engouement personnel. Alors pourquoi ne pas profiter du moment pour passer du temps avec elle ? C’était peut-être un tir d’une imprécision dont il n’appréciait pas faire preuve, mais c’en était un qui valait le coup. Ces derniers temps, l’entente entre celle qui était toujours officiellement sa femme et lui s’était améliorée, et si c’était aussi pour passer du temps avec Oscar, cela faisait une pierre deux coups. Alors il avait enfilé sa veste et s’était rendu un  peu en trainant des pieds à la Comic Con.

Ce qu’il n’avait pas anticipé, ce fut qu’il y ait autant de monde sur place. Malone n’avait donc pas prévenu de son arrivée, et il s’était retrouvé à devoir parcourir la foule en long, large et travers pour retrouver les deux - trois, par association - personnes qui l’intéressaient de croiser aujourd’hui. Heureusement qu’Oscar lui avait dit que son super-héros préférait été Thor, il savait au moins vers quel univers et quel partie des expositions et rencontres il se devait de se déplacer. Il lui fallut au moins une bonne vingtaine de minutes supplémentaires avant d’entrapercevoir Anna à travers la foule. Son regard à elle était tourné dans une direction qu’il ne voyait pas mais pouvait aisément deviner comme étant l’endroit où se tenait leur fils. Et bien sur qu’un sourire un peu bêta apparut sur son visage à cette image là - il aurait toujours cette réaction là, en les voyant ainsi. Malone fut d’ailleurs à deux doigts de se faire prendre la main dans le sac, alors que le regard de sa femme se tourna vers lui - il détourna le sien un instant, fit comme si c’était une coïncidence par la suite un instant qu’ils se retrouvent à se regarder. A distance, comme à une époque lointaine où ils apprenaient encore à se connaitre et qu’il tentait de l’impressionner. Etirant un sourire, haussant un sourcil faussement étonné de la voir, il finit par parcourir la distance qui la séparait d’elle. « A voir la surprise sur ton visage, il a pas balancé l’information alors. » Cela servirait d’introduction entre eux pour aujourd’hui, apparemment. « J’étais persuadé qu’il t’aurait déjà dit que je comptais venir. » Son fils était donc capable de garder certaines informations pour lui sans les divulguer à sa mère - c’était bon à savoir; pourquoi, il ne savait pas, mais c’était bon à savoir.

Pour une surprise, ça en est une. Et le geste est timide parce qu’elle craint que ça ne soit le mirage de l’ennui qui ne le fasse apparaître. Ou pire, que sa vue soit en train de s’altérer et qu’en vérité, ce n’est pas Malone mais Jean-Jacques qui se demande bien pourquoi cette brune lui fait un signe de la main. Heureusement quand la silhouette vient vers elle, Anna est soulagée de constater qu’elle ne perd la tête et qu’il s’agit bien de Malone. Lorsqu’il arrive à sa hauteur, Anna va pour ouvrir la bouche mais il la devance déjà : « A voir la surprise sur ton visage, il a pas balancé l’information alors. » Et ça la surprend encore plus. Dans le bon terme, bien évidemment parce qu’au fond, la situation est des plus amusantes. Elle n’aurait jamais pensé voir Malone ici. Encore moins que tout ait été prévu entre le père et le fils. Alors là… Je suis stupéfaite. » Répond Anna en laissant échapper un rire bref. « J’étais persuadé qu’il t’aurait déjà dit que je comptais venir. »« Le regard d’Anna se porte vers son fils qui attend avec son copain. Il n’a même pas réalisé que son père vient d’arriver. Trop occuper à attendre et à discuter avec son ami. Il a l’air si heureux que ça rassure sa mère. Son regard vient rejoindre celui de Malone à qui elle sourit parce que ça lui fait plaisir de le voir.  Tu peux être fier de ton fils. Il n’a absolument rien dit. Cela dit… » Elle se souvient son comportement, hier soir, qui était à deux doigts de l’hystérie tant il était impossible à calmer. Il a même eu du mal à trouver le sommeil.  Je comprends mieux pourquoi il disait qu’il était autant content de venir ici. » Dans son esprit de maman, c’est plus pour la présence de son père que pour les super héros ou le copain. La vérité est autre mais parfois ça lui fait du bien de s’en convaincre autrement. « Ce n’était pas seulement pour se déguiser en super héros ou être avec son copain. » mais surtout pour la présence de Malone. « Je suis contente que tu sois venu… » Ose-t-elle dire avec un peu de gêne dans sa voix. Ça lui est toujours difficile d’exprimer ses émotions vis à vis de son ancien amour. Elle a l’impression de mentir, de ne pas y mettre les intentions véritables ou parce que son coeur a, longtemps, été habitué à beaucoup plus. « Je t’en prie, assieds toi si tu veux. Il va y en avoir pour un moment. Ils attendent pour une attraction Harry Potter. Je crois que tu peux simuler le vol sur un balai. » Anna se décale de son banc pour offrir une place à l’ancien militaire et pour ne pas le laisser debout surtout devant cette agitation et ce monde.
Mon dieu, que c’est si empli. Elle en aurait presque le tournis tant elle n’est pas habituée. Même à la Compagnie où elle travaille, Anna arrive toujours à esquiver les lieux bondés, préférant les coulisses ou les salles désertes pour exceller son art. Elle adresse un sourire malicieux à Malone et ajoute d’une voix amusée « Après si tu veux rejoindre ton fils pour voler sur un balai. Je t’en prie. Tu seras pris en photo, je tiens à te prévenir. » Même si elle ne se l’imagine pas, tout de suite, agrippé sur un bout de bois. Elle est certaine que ça fera hurler de rire, Oscar.

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« Alors là… Je suis stupéfaite. » Il esquissa un petit sourire en biais. « Ca se voit oui. » La surprise était de mise et se laissait voir sur les traits du visage de la jeune femme, alors il n’était pas difficile de comprendre qu’elle ne s’attendait pas à le voir débarquer ici aujourd’hui. Sur ce point là d’ailleurs il était également étonné de son côté, puisqu’il pensait qu’Oscar aurait vendu la mèche avant qu’il n’ait le temps de mettre les pieds sur le lieu des festivités du jour. « Tu peux être fier de ton fils. Il n’a absolument rien dit. Cela dit… » Il haussa quelque peu l’un de ses sourcils et tenta de masquer la vague inquiétude qu’il ressentait à cette tournure de phrase. « e comprends mieux pourquoi il disait qu’il était autant content de venir ici. Ce n’était pas seulement pour se déguiser en super héros ou être avec son copain. » Bien sur que ce fut par un petit rire qu’il répondit dans un premier temps, soulagé que son apparition soit prise de cette manière là par Anna et non qu’elle ne lui demande pas de repartir d’où il venait sur le champ; il avait promis à son fils de passer le voir sur place, mais il était vrai que cela relevait d’un pari que d’essayer de savoir comment sa femme - qui ne portait plus que le titre parce-qu’ils étaient toujours officiellement mariés aux yeux de la loi - allait réagir à son apparition sur les lieux. « Je suis contente que tu sois venu… » Il sourit de manière quelque peu maladroite, alors que son regard s’arrêta un instant sur le visage de la brune avant de s’en aller partout ailleurs plutôt qu’ici. Comment répondre à ce genre d’affirmation de la part de celle qui était supposée être l’amour de sa vie, et pour qui il ne pouvait plus se permettre que d’éprouver une affection certaine maintenant qu’il avait gâché tout le reste. « J’avais promis au gamin. » Alors cela justifiait le reste, non ? Cela suffisait aussi pour expliciter la raison du pourquoi il était venu ? Bien sur qu’une partie de lui savait aussi qu’il allait croiser Anna sur place, et bien sur que cela continuerait toujours  de le motiver à se déplacer si elle se trouvait également sur place. Ce n’était pas l’unique raison, mais c’en était une de celles qui le poussaient à passer une tête ici aujourd’hui.

« Je t’en prie, assieds toi si tu veux. Il va y en avoir pour un moment. Ils attendent pour une attraction Harry Potter. Je crois que tu peux simuler le vol sur un balai. » Il sourit quelque peu de nouveau. « Merci. » Il s’installa aux cotés d’Anna sur l’endroit où elle s’était installée pour attendre les enfants qu’elle accompagnait aujourd’hui. « Après si tu veux rejoindre ton fils pour voler sur un balai. Je t’en prie. Tu seras pris en photo, je tiens à te prévenir. » Il eut de nouveau un petit rire - décidément ! -, avant de secouer quelque peu la tête de droite à gauche pour imaginer la réponse qu’il allait de toute manière donner. « Non merci, je pense que je saurais m’en passer. » Autant de la photo que de l’expérience de tester un balai volant. « Je laisse ça aux jeunes. » Il y avait une chance sur deux qu’il se fasse mal en tentant de profiter de l’attraction, en plus - il n’était plus de la première jeunesse. « Si tu veux toi te joindre à eux pendant que je garde vos affaires, maintenant que je suis là, tu peux par contre. » Ce n’était pas l’idée initiale du pourquoi il s’était rendu sur place, mais s’il pouvait rendre servir à Anna, il le ferait sans hésiter. « Ce sera à toi d’être sur la photo, par contre. » Et bien sur que Malone continuait encore un instant dans la taquinerie; parce-que dans la suite de la discussion qu’ils allaient avoir, surement que cette dernière ne serait plus autant de mise - pour le moment, ils n’y étaient pas encore, alors il profitait des quelques moments de répit qu’il avait à portée de main. « Comment tu vas, sinon ? » Il se permit même une petite fantaisie - dans le sens où peu nombreuses avaient été les fois où il avait pu poser cette question là à Anna sans que cela ne soit porté par de mauvaises intentions ou parce-qu’il savait qu’il devait se faire pardonner. Aujourd’hui, il était sincère dans sa démarche: il souhaitait réellement savoir comment elle se portait, ce qui effectivement déterminerait par la suite s’il continuait ou non sur sa lancée et abordait ce qui lui taraudait l’esprit en à-côté.

Qu’il soit là est une telle surprise pour elle. Et d’emblée, ses pensées vont vers leur fils qui sera tellement content de voir son père ici. Alors forcément, Anna ne peut s’empêcher de le lui faire savoir. Et rien ne peut laisser à une mauvaise interprétation de sa surprise. Son visage ne laisse rien apparaître qui puisse penser qu’elle n’est pas heureuse de voir son ancien compagnon ici. Rien qui ne puisse laisser croire que ça l’agace qu’il se permette d’agir ainsi en dépit du fait qu’ils ne sont plus ensembles. Il y a eu du changement depuis Noël. Comme si les choses avaient pris un sens nouveau. Plus apaisé, en quelque sorte. C’était bien la première fois qu’ils se parlaient sans se disputer, sans froideur. Juste avec l’envie de bien faire. Il est vrai que l’accident et la mort tragique de Norman aura eu le « mérite » de rétablir un peu plus d’harmonie. Surtout pour Anna. La vie est si éphémère que ça n’en vaut pas, forcément, la peine d’être en lutte permanente. D’être obligé de se battre au lieu d’avancer ensemble. Et elle l’a compris que très récemment, ayant changé sa façon d’agir et de faire. D’être plus dans le lâcher prise avec le principe même de l’existence humaine. Aussi affiche-t-elle un sourire attendri pour son petit garçon, capable de garder des secrets. Et lorsque le rire de Malone se fait entendre, la pianiste se dit que les choses changent. Que les choses évoluent dans le bon sens, s’améliorent. Que certes ils ne sont plus ensembles, mais est ce que ça veut dire que ça doit être la guerre ? Que ça doit finir devant un tribunal ? Pas forcément non. Elle n’a jamais eu la force de le faire jusqu’à présent, ce n’est pas le moment de changer sa façon de faire. Ni sa manière d’être. Elle ne pourrait jamais se pardonner d’agir comme ces personnes sans cœur qui, par excès de chagrin d’amour, sont capables du pire pour essayer de se réparer l’âme. Ça, elle n’aurait pas pu se le tolérer. Parce que dans le fond, il lui aurait été impossible de survivre en vivant une telle peine.
Aussi, se permet-elle de le dire… qu’elle est contente de voir Malone en étant sincère. Anna a toujours exécré et rejeté toutes formes de mensonge. Y compris envers Malone et leur histoire a toujours fonctionné sur la sincérité.
Néanmoins, elle ressent la gêne de son ex face à cette vérité si simple. Et au fond, elle s’en veut un peu d’être trop honnête. Peut-être que c’est un peu tôt pour dire ce genre de choses ? La situation n’est jamais simple. Et pourtant, elle est vraiment heureuse qu’il soit venu. « J’avais promis au gamin. » Elle se contente de lui sourire. C’est mieux que ce soit pour Oscar et rien d’autre. Même si le cœur orgueilleux voudrait qu’il en soit autrement. Le lien qui les lie est et restera ce qu’il a été. Même si l’amour s’en est allé. D’une certaine façon, Anna continuera de garder cette place dans son cœur. L’histoire d’amour n’a pas cessé d’exister, elle s’appelle Oscar désormais.
Néanmoins pour ne pas que ça apporte de gêne, Anna lui propose alors de prendre place à ses côtés, expliquant ce que leur fils est en train de faire. Et lorsqu’il prit place à ses côtés, la pianiste fut - durant quelques secondes - troublée par la proximité. Parce que cette fois-ci, à l’inverse dans le magasin de jouets, ils sont statiques et parce que le parfum de Malone l’enveloppe et que depuis tout ce temps, la fragrance n’a pas changé. Ça agit comme une madeleine de Proust qui fait émerger les souvenirs des instants anciens et tendres. Alors pour ne pas perdre pied, elle se racle la gorge et propose à Malone de rejoindre son fils s’il le souhaite. Après tout, il est venu pour lui ? N’est-ce pas ? Et dans ce ton gêné, elle garde un peu d’humour pour le taquiner un peu. « Non merci, je pense que je saurais m’en passer. » Elle ne peut s’empêcher de sourire devant sa réserve habituelle qu’elle lui a toujours connu: « Je laisse ça aux jeunes. » - « Tu parles comme un papi. » Souffle-t-elle d’une voix malicieuse. Dans le fond, l’âge les rattrape c’est vrai. Et le temps passe si vite, de cette histoire qui a commencé depuis tellement longtemps. Anna se rend compte qu’elle a passé tellement de temps à ses côtés. Et en lui jetant un coup d’œil, elle remarque qu’effectivement ils vieillissent. Même qu’elle lui trouve un peu plus de rides au coin des yeux ou lorsqu’il rit. C’est ainsi que le temps passe ? Comme cette angoisse qu’elle a ressenti en découvrant son premier cheveu blanc il n’y a pas longtemps ? « Si tu veux toi te joindre à eux pendant que je garde vos affaires, maintenant que je suis là, tu peux par contre. » Elle lève un sourcil interrogateur en dévisageant Malone, réagissant à la taquinerie de Malone. « Ce sera à toi d’être sur la photo, par contre. » Oui bien sûr, qu’Anna attend ça avec impatience, que de pouvoir faire la queue pour cette attraction incroyable. « Je n’attends que ça, tu me connais si bien. » Dit-elle d’une voix amusée en sachant que se foutre sur un balai pour une photo, c’est la dernière chose qu’elle souhaiterait faire tant ce n’est pas dans ses habitudes que de se trouver devant la scène et sous les feux des projecteurs des regards des autres. Elle a toujours été cette âme discrète et observatrice. « Il va y avoir tout ce monde autour de moi, à m’observer. Je suis sûre que je n’aurais pas d’équilibre pour tenir sur le balai. » Mais là encore ce ne sont que des excuses. Elle n’a jamais essayé, comment peut-elle en être certaine ? Non c’était mieux ainsi, à être la gardienne des affaires, l’âme silencieuse qui veille. Et puis, tout compte fait, elle n’est plus seule. « Comment tu vas, sinon ? » La question est anodine et pourtant, il provoque des raz de marée dans l’esprit d’Anna. Dire que cette question a été une routine durant un temps, et durant le temps, tout s’est estompé. Sans doute, aussi parce qu’Anna a toujours été de celle à poser la question en premier vis à vis de Malone. Le « ça va » qui trahissait l’inquiétude que non, ça n’aille pas. Que la rechute redevienne chaos dans leurs vies. Alors forcément, ça lui fait quelque chose, qu’il puisse lui demander comment elle va. Comme si le chemin évoluait plus favorablement. « Et bien, je suis entourée de super héros dont je ne connais pas le nom pour pas mal d’entre eux. » Pile au moment où un gars passe devant eux avec un costume en cuir et un casque à corne sur la tête. « Mais ça va bien, honnêtement. Un peu dégoûtée que le temps se rafraîchisse. » Anna n’a jamais aimé le froid malgré ses origines suédoises. « Et j’ai pas mal de travail en ce moment et… Et toi ? » Finit-elle par lui demander en l’observant avec attention. Elle a jamais perdu cette habitude de le regarder avec insistance, comme par peur d’y décéder une faille qui annulerait tout ce qui se met en place doucement.
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Il finit par prendre place à ses côtés parce-qu’elle lui avait proposé et que bien sur, cela était quelque-chose qu’il souhaitait. Il ne l’aurait pas demandé de lui-même, mais il acceptait la proposition sans aucune hésitation ni aucun regret. De toute manière, il n’était pas question aux yeux de Malone d’aller ailleurs, et encore moins à l’intérieur de l’attraction pour laquelle leur fils faisait la queue en ce moment même. « Tu parles comme un papi. » Avec un petit rire et un petit plissement de nez, il haussa quelque peu les épaules. « Je suis plus tout jeune. » Surtout: il était abimé par la vie, mais la nuance n’était pas nécessaire présentement, préférant retourner la proposition à Anna plutôt que de s’attarder sur cette partie là. « Je n’attends que ça, tu me connais si bien. » Il ne sut retenir un petit air amusé de se glisser rapidement sur les traits de son visage. « Il va y avoir tout ce monde autour de moi, à m’observer. Je suis sûre que je n’aurais pas d’équilibre pour tenir sur le balai. » - « Je suis sur que tu t’en sortirais très bien, au contraire. » Même s’il usait d’un ton taquin pour la situation, il était en réalité véritablement certain qu’elle saurait parfaitement composer pour cette situation un peu inédite; elle avait su le faire pour des contextes bien plus complexes, il ne doutait pas que celui là pourrait presque paraitre facile à  côtés d’autres moments.

Malone était en revanche parfaitement au fait que ce n’était pas quelque-chose qui la branchait réellement, et qu’elle ne se trouvait ici aujourd’hui simplement pour faire plaisir à leur fils. Il lui en était reconnaissant. Et puis cela leur permettait d’avoir un peu de temps pour discuter et profiter de la présence l’un de l’autre de manière plus douce et apaisée que cela avait pu être le cas ces dernières années - ce n’était pas lui qui allait s’en plaindre. « Et bien, je suis entourée de super héros dont je ne connais pas le nom pour pas mal d’entre eux. » Il laissa un petit rire lui échapper. « Mais ça va bien, honnêtement. Un peu dégoûtée que le temps se rafraîchisse. » Il plissa quelque peu le bout du nez à cette mention là. « J’ai pas vu l’été passer, je suis dégoûté aussi qu'on approche de l’hiver. » Même si l’été n’avait pas toujours été associé à des moments heureux de sa vie, cela l’avait été davantage lorsqu’il avait commencé à partager sa vie avec Anna et c’était à ça qu’il s’accrochait désormais - et surtout aujourd’hui, puisque c’était de circonstances. Et puis à noter et mettre en avant: l’été écoulé avait été certes empli de certains moments particulièrement marquants et pas forcément dans le bon sens, mais cela avait aussi marqué le début d’une nouvelle relation entre les deux parents et leurs fils; Anna ayant décidé de davantage lui laisser du lest avec Oscar, Malone pouvait réapprendre sa place de père bien davantage qu’il n’avait été apte à le faire jusqu’ici.

« Et j’ai pas mal de travail en ce moment et… Et toi ? » Ce et toi avait un goût de déjà vu, de son côté, en revanche - tout comme le regard qu’Anna posait sur lui. Il ne pouvait pas lui en vouloir - il ne pourrait jamais lui en vouloir - parce-qu’il savait que c’était là sa façon à elle de veiller sur lui malgré tout et après tout ce temps, aussi. Alors bien sur qu’il commença par répondre en étirant un petit sourire. « Ca va, t’en fais pas. » Parce-qu’il n’était pas assez idiot pour ne pas comprendre sur quoi portait cette question, et ne ferait pas semblant de ne pas comprendre. « Toujours sobre malgré tout. » Parce-que même s’il allait bien, effectivement, il serait malhonnête de sa part de prétendre que tout ce qui gravitait autour de sa famille ne le touchait pas d’une façon ou d’une autre, malgré tout; ça le touchait surtout parce-que ça touchait beaucoup ses frères et soeur, certes, mais c’était tout de même à prendre en compte. Malgré tout, ce n’était pas là une raison qui l’avait poussé à réfuter la promesse de rester sobre qu’il avait fait des années plus tôt - il le devait bien aux deux personnes qu’il était venu rejoindre ici aujourd’hui. Inspirant longuement, Malone tourna son visage vers sa femme - elle le restait malgré tout -, en étirant un maigre sourire. « Parle moi de ton boulot, et je te parlerai du mien après. La première partie de l’année est toujours plus chargée, non ? » Parce-que c’était de ça qu’il souhaitait lui parler de toute façon, de son boulot; autant qu’elle parle du sien d’abord avant qu’ils n’embrayent sur le sien.

Il attendit donc qu’elle ait pu lui expliquer en quoi c’était davantage chargé ces derniers temps avant d’amorcer ce qu’il souhaitait partager avec elle. Il savait que ce n’était pas le genre de sujet qui allait particulièrement lui plaire, mais s’il y avait bien une personne à qui il se devait d’en parler d’abord, c’était elle. Pinçant un instant ses lèvres, il hésita avant de finalement se lancer. « Je vais quitter mon job. » Celui qui lui avait permis de retrouver une certaine stabilité quand il avait eu besoin - il était conscient des signaux que ça envoyait, donc il se permit de préciser rapidement. « C’est pas une décision sur un coup de tête, ou quoi que ce soit, et promis c’est pas… Je suis vraiment sobre. » Malone préférait même ajouter un léger haussement de mains comme pour clamer visuellement son innocence dès maintenant.

« Je suis plus tout jeune. » C’est vrai que le temps fait son œuvre. Que ce soit pour elle, comme pour lui. Si elle prenait, vraiment, le temps de le dévisager, Anna pourrait y déceler les rides au coin des yeux. Elle verrait également que les cheveux blancs arrivent petit à petit. Et que le cœur n’est plus aussi innocent qu’au tout début de leur histoire. Les photos de leurs premiers émois sont la preuve du temps qui passe. Certainement y verraient-elles que leurs visages demeurent moins juvéniles. Que l’insouciance a laissé place au sérieux d’une vie d’adulte. Et il y a des moments où Anna se perd dans ces souvenirs heureux. Des moments où elle se dit que tout avait si bien commencé. « Le temps s’en va si vite… » Se contente-t-elle de lui répondre simplement. Le temps l’éloigne, chaque jour, de ces temps d’avant. De ces moments où leur monde n’appartenait qu’à eux, où tout était si simple. Où ils n’avaient pas besoin de se comporter trop poliment comme ils le font en cet instant. Anna explique ce pour quoi Oscar attend. Et ne peut s’empêcher d’être amusée à imaginer Malone percher sur son balai. « Je suis sur que tu t’en sortirais très bien, au contraire. » Elle lève un sourcil amusé, parce que c’est la dernière chose qu’elle se verrait faire. Pas avec toute cette foule autour d’eux. Mais en croisant le regard de Malone, il y a comme cette évidence qu’il sait très bien le pourquoi du comment. Et ça la rassure toujours qu’il puisse savoir qu’elle n’a pas changé. Qu’elle est cette personne qui n’est pas forcément à l’aise dans la foule. Et qui ne fera rien en étant scrutée par mille yeux.
Il y a cet échange de banalités. Et cet été qui se termine doucement. Les chaleurs laissent place à des températures plus fraîches sans pour autant que ça soit glaciales. « J’ai pas vu l’été passer, je suis dégoûté aussi qu'on approche de l’hiver. » Elle se contente de sourire Anna, parce que l’été laisse place au renouveau. Il n’aura pas été simple. Et la famille Constantine n’aura pas été épargnée par les tragédies. Aussi, la conversation dévie vers des sujets qui n’appellent à évoquer les souvenirs faisant mal. Elle parle de son travail assez prenant. Mais surtout, elle demande ce qu’il est pour Malone. C’est bien plus important que de parler d’elle. Et ça.. ça le sera toujours. Il y aura plus d’attentions, le son sera bien plus atténué autour d’eux. Et savoir, attendre de savoir pour lui. « Ca va, t’en fais pas. » Mais c’est bien ça le problème : Anna s’en fera toujours. Elle aurait pu dire qu’elle s’en moque très bien. Qu’elle a refait sa vie avec un autre. Elle pourrait dire qu’il n’est plus que le père d’Oscar. Mais la réalité est autre. Il y a ces sentiments qu’elle n’explique pas. Ce besoin de le protéger en permanence. « Toujours sobre malgré tout. »  -  « Malgré tout ? » Il éveille le doute, la faisant froncer les sourcils. Pourquoi il s’est pas contenté de dire qu’il est sobre. Pourquoi cette tournure de phrase ? Tout de suite, le cerveau d’Anna se met en branle, commençant à essayer de comprendre ce qui peut bien lui arriver. « Parle moi de ton boulot, et je te parlerai du mien après. La première partie de l’année est toujours plus chargée, non ? » Est-ce qu’il a esquivé la réponse ? Anna n’en a aucune idée. Peut-être le mieux est de répondre. Mais elle sait que tôt ou tard, il faudra que Malone lui explique. Non pas qu’elle agisse comme un garde qui scrute ses faits et gestes. Mais plutôt que l’inquiétude la ronge de l’intérieur. Et ça la bouffera jusqu’à la fin des temps. « Et bien, il y a pas mal de représentations en ce moment alors on travaille beaucoup plus. » Elle glisse un petit sourire à Malone et ajoute « Il… Il y a des personnes qui sont en pleine tournée aussi alors il y a moins de mondes et pourtant, cette année, il y a plus d’élèves. Donc c’est très chargé. Mais j’aime tellement ce que je fais, Malone. » Finit-elle avec un grand sourire. Pouvoir jouer du piano est tout ce qu’elle a toujours aimé. Et lui-même le sait, de tous les appartements qu’ils ont pu avoir au long de leur vie. Le piano a toujours trouvé sa place dans les endroits où Anna y a posé ses doigts fins. Laissant la mélodie envahir l’espace, le temps. De ces instants chargés de vie et d’amour où elle se revoit encore. Jouer, Malone à côté avec Oscar tout bébé, posé sur ses genoux. La musique alimentant les coeurs et le petit garçon qui abattait ses mains avec force sur les touches, troublant le chemin des notes. Oh comme elle a pu chérir ses moments si précieux. Et ce que ça peut lui manquer. « Et toi alors ? Il doit tout le temps y avoir du monde. » Et elle a l’impression que ça grouille de partout. « Je vais quitter mon job. » Le visage d’Anna se décompose aussitôt passant du sourire à une expression de surprise amère. Pourquoi quitter son job ? Pourquoi le dire comme ça ? Pourquoi troubler l’équilibre. Toutes ces questions envahissent l’esprit de la pianiste, attendant avec impatience qu’il continue ses explications. « C’est pas une décision sur un coup de tête, ou quoi que ce soit, et promis c’est pas… Je suis vraiment sobre. » Qu’il répète qu’il est sobre et que ça n’a pas contrecarré sa décision ne rassure pas Anna. « Mais tu vas bosser où, maintenant ? Et pourquoi avoir décidé de quitter ton travail ? Tu as trouvé autre chose ? » Elle espère qu’il n’est pas parti la fleur au fusil, non plus. « Et c’est toujours sur Brisbane ? » L’angoisse la prend dans l’estomac. Et ce serait quelque chose de très difficile à avaler. De le savoir loin d’Oscar, et d’elle. Pire même il pourrait quitter l’Australie. « Tu ne t’en vas pas, n’est-ce pas ? » Sa voix fut plus tremblante que sur ses précédentes questions parce que dans le fond, elle s’inquiète vraiment. Elle ne pourrait pas le savoir si loin d’eux. Ou pire qu’il puisse revenir à l’armée, ce qui n’aurait pas de sens non plus. Mais plus ses pensées se confondent dans sa tête et moins Anna y voit clair.

@Malone Constantine  

et c'est toujours la même fin qui recommence

@anna constantine

lieu:comic con, nerdapalooza - event d'avril.
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« Malgré tout ? » Malone dodelina de la tête quelque peu. « Les derniers mois ont pas été faciles. » Parce-que même si tous les événements qui s’étaient passés ne l’atteignaient pas personnellement - il ne considérait pas la mort de Norman comme un drame personnel, même si cela en était un malgré tout -, cela atteignait les personnes qui étaient importantes à ses yeux et c’était amplement suffisant pour qu’il considère les derniers mois en rien aisé à être vécu. Alors effectivement, malgré tout, il était toujours sobre et c’était là une marque de la maturité qu’il avait gagné avec les années; il y avait quelques temps, il n’était pas sur qu’il aurait réussi à autant tenir qu’il le faisait là.

« Et bien, il y a pas mal de représentations en ce moment alors on travaille beaucoup plus. » Il se doutait que la réponse allait être de cet acabit là, si bien qu’aucun étonnement ne prit part sur son visage. « l… Il y a des personnes qui sont en pleine tournée aussi alors il y a moins de mondes et pourtant, cette année, il y a plus d’élèves. Donc c’est très chargé. Mais j’aime tellement ce que je fais, Malone. » Et elle n’avait même pas besoin de le dire parce-que cela se voyait, sur son visage et dans son regard, quand elle en parlait. Alors bien sur que ce fut avec un petit sourire qu’il répondit en premier. « J’ai aucun doute. » Il s’éclaircit quelque peu la gorge - était-ce normal pour lui de se retrouver à être si apaisé par cette idée, qu’elle appréciait réellement ce qu’elle faisait, tout en se trouvant gêné de ressentir ça justement ? « Ca se voit, quand t’en parles, que t’aimes ce que tu fais. » Et il savait sans même se renseigner qu’il n’était pas le seul à penser de cette sorte et que les personnes qui gravitaient autour d’elle en temps normal pouvaient le voir aussi; ses élèves avaient de la chance de l’avoir.

Si Anna avait trouvé un certain apaisement et une certaine stabilité dans son travail, c’était loin d’être le cas de Malone. « Et toi alors ? Il doit tout le temps y avoir du monde. » Et il savait très bien qu’elle serait la première réaction de celle qui était officiellement encore sa femme - d’où le fait qu’il avait désiré aborder le sujet de son travail à elle en premier avant d’aborder le sien. La surprise, qui n’en était pas une plaisante, trahissait les traits de son visage. « Mais tu vas bosser où, maintenant ? Et pourquoi avoir décidé de quitter ton travail ? Tu as trouvé autre chose ? » Et il ne pouvait pas blâmer l’inquiétude qui était sienne; autant parce-qu’elle était presque plaisante à voir que parce-qu’il la savait justifiée. C’était pour ça qu’il n’arrêtait pas de lui répéter qu’il était sobre, parce-que ce type de décision appartenait normalement à une version de lui qui l’était beaucoup moins. « J’ai décidé de le quitter parce-que j’en peux plus de bosser pour Cristina. Et pour James, par extension. » Même s’il ne cracherait jamais sur le fait que cela avait été on ne pouvait plus utile lorsqu’il en avait eu besoin, et que personne d’autre ne voulait lui donner sa chance, il était temps qu’il évolue. « J’ai trouvé autre chose, oui. C’est pour ça d’ailleurs que je quitte l’autre job, parce-que j’ai trouvé autre chose. »

« Et c’est toujours sur Brisbane ? Tu ne t’en vas pas, n’est-ce pas ? » - « Quoi ? Non, je enfin. » Il leva les deux mains devant lui, secouant quelque peu la tête de gauche à droite; deux réponses se confrontaient dans son esprit pour les deux questions qu’elle avait posé, qui n’étaient pas accordées. « C’est toujours à Brisbane, non je pars pas. » Il rouvrit les yeux, posa son regard sur Anna. « Pourquoi tu penses que je veux partir ? » Ce n’était pas tant la question qui était à mettre en avant ici, mais c’était celle qui lui était spontanément venue - et pour une fois, il ne s’était pas retenu de la poser si elle s’imposait à lui. D’ordinaire, il aurait fait en sorte de la formuler autrement, de la poser d’une meilleure façon - mais ils n’étaient pas supposés marcher sur des oeuf l’un avec l’autre; normalement. Aujourd’hui il faisait une entorse à sa propre règle et laissant libre court à ses pensées et ses paroles parce-que la situation soulignait peut-être quelque-chose d’autre: que la jeune femme pensait en permanence qu’il allait partir un jour ou l’autre.

« Malgré tout ? »
« Les derniers mois ont pas été faciles. » Anna ne peut qu’hocher la tête tant elle comprend combien il dit vrai. Que même s’il n’était pas proche de Norman, ça fait toujours quelque chose lorsque quelqu’un quitte ce monde. La pianiste en a eu le coeur serré également. Elle a préféré, pour autant, rester loin des obsèques familiales peu désireuse d’affronter le regard de la famille Constantine. Ils ont ce don de faire naître en elle un intense sentiment de culpabilité. Et ce même si aucun ne ressent un moindre ressentiment à son égard. Mais c’est plus fort qu’elle. Et durant une seconde, courte mais intense, Anna est presque tentée de venir se blottir contre Malone. De le serrer contre elle comme elle a pu le faire un nombre incalculable de fois. Lorsqu’il avait trop mal, il y a des années de cela. Lorsqu’il était perdu dans le monde de l’addiction, qu’il n’était même plus en mesure de réagir à la présence d’Anna. Mais elle s’interdit ce geste, s’en veut même d’y avoir pensé parce qu’il n’y a pas à avoir ce genre d’idées. Elle a mis un terme à leur histoire et aujourd’hui, tout va si bien. C’est un peu comme si l’effleurer serait capable de faire tomber toutes les tapisseries qu’elle a appliqué sur ses douleurs, sur ses sentiments. Au final, tout finirait par se décoller pour y révéler la vérité. Et de cela, Anna en a terriblement peur. Elle inspire alors de façon trop bruyante. Comme une sonnette d’alarme qui veut tant dire pour elle, voudra rien dire pour lui. Elle a passé le cap de chercher des explications dans ce que la vie leur réserve. « Oui je me doute que ça n’a pas été simple malgré tout… » Souffle Anna en réutilisant ces deux mots dans une symbolique qui veut parfois tout dire. « Mais Malone… Tu sais, je suis vraiment fière de toi. » Parce qu’elle croit en lui même si elle n’a plus forcément cru en leur union. Qu’il a fallu qu’elle se protège - enfin - pour ne pas vriller, pour ne pas qu’un autre drame puisse arriver. Et pourtant, elle pense, sincèrement, chacun de ses mots. Ils vibrent au son de sa voix apaisée. Dans son sourire qu’elle lui glisse avant de finir par détourner le regard vers leur fils. Comme bouée de sauvetage pour ne trop plonger dans le passé et tous ces souvenirs qui dansent autour d’elle quand il est, un peu trop, près d’elle.
Heureusement, la conversation s’envole vers des sujets bien plus rationnels. Le boulot. Le temps, sont des sujets aussi peu passionnants qu’ils alimentent la conversation pour ne pas tomber dans la gêne. Déjà qu’il lui en faut peur pour l’être. Alors parler de son travail est un peu une sorte de bouée. Pouvoir expliquer qu’en ce moment elle ne s’arrête pas mais qu’elle adore ça. Et ça se voit, ça s’entend, Anna vibre de pouvoir vivre de sa passion. « J’ai aucun doute. » Elle se contente d’hocher la tête avec ce sourire idiot sur son visage incapable de le faire partir tant il fait naître en elle des milliards d’émotions. « Ca se voit, quand t’en parles, que t’aimes ce que tu fais. » elle ne peut s’empêcher de rire doucement et d’ajouter « Mon père est toujours autant remonté contre moi. La dernière fois, il m’a demandé si je comptais arrêter mon hobby et me trouver un vrai travail argumentant cela sur le fait que ma soeur allait, prochainement, avoir une prestigieuse promotion. » Elle ajoute cela avec une indifférence un peu forcée. Elle se mentirait à elle de penser que ça ne lui fait pas quelque chose. Qe n’importe quel enfant a ce besoin d’être considéré par ses parents. Mais qu’au fond, il n’a jamais été le cas avec les parents Patterson.
En tout cas, si tout roule pour elle, la pianiste demeure surprise par l’annonce de Malone. Et c’est sans aucune retenue que les questions tombent. Elle a besoin d’être certaine que tout va bien. Elle a besoin d’être apaisée en sachant qu’il n’est pas en train de vriller. « J’ai décidé de le quitter parce-que j’en peux plus de bosser pour Cristina. Et pour James, par extension. » - « Ah. » Forcément, elle fait rapidement le rapprochement entre le décès de Norman et qu’il est le père de James. Peut-être qu’effectivement, ça joue là dessus. Pour autant, ça ne reste pas un motif valable pour se casser surtout quand il s’agit de Malone. « J’ai trouvé autre chose, oui. C’est pour ça d’ailleurs que je quitte l’autre job, parce-que j’ai trouvé autre chose. » Elle se sent à moitié rassurée, c’est vrai. Mais pour autant, son flot de questions se relance aussitôt. Se bousculent même entre ses lippes qui s’angoissent beaucoup trop. L’estomac se tord déjà en s’imaginant qu’il part vivre à l’autre bout de l’Australie. Ou pire même qu’il quitte le territoire australien pour aller vivre à l’étranger. « Quoi ? Non, je enfin. » Elle hausse un sourcil suspicieux, ne lui laissant presque pas le temps de parler. « Enfin quoi ? » ça lui ferait presque monter la moutarde au nez si Malone n’avait pas levé les mains pour apaiser la pianiste. « C’est toujours à Brisbane, non je pars pas. » Néanmoins, elle ne peut s’empêcher de froncer les sourcils. Elle le trouve pas aussi direct que d’ordinaire. Il lui paraît tourner autour du pot. « Pourquoi tu penses que je veux partir ? » La question tombe et lui fait réaliser qu’elle s’inquiète bien trop. Et qu’à cette réponse, Anna ne sait pas quoi y répondre. « Parce que j’ai l’impression que tu tournes autour du pot et que tu ne me dis pas tout. » Finit-elle par dire, en sentant l’angoisse lui étreindre la gorge. C’est toujours comme ça, ce sentiment revient et l’éternelle histoire recommence.

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« Oui je me doute que ça n’a pas été simple malgré tout… » Parce-que les événements indésirables avaient le don pour se mettre en travers de la route que lorsque ce n’était pas agréable, de toute manière; et il aurait surtout préféré que cela n’affecte pas ses frères et soeur comme cela l’avait fait. Lui, il s’en remettrait - il espérait simplement que ce serait leur cas à eux aussi et qu’ils n’en sortiraient pas trop abimés. « Mais Malone… Tu sais, je suis vraiment fière de toi. » D’un mouvement, il releva son regard pour le planter dans celui de celle qui était encore officiellement sa femme. Ce n’était pas des mots qu’il prenait à la légère, ce n’était pas des mots qu’il attendait ici - c’était surtout des mots qu’il avait espéré entendre pendant longtemps il y avait quelques temps de ça. Ils étaient toujours les bienvenus, il n’y avait qu’à voir le regard qu’il lui donnait ici, il aurait simplement aimé pouvoir les entendre dans des moments où il était moins bien en forme. Pas parce-qu’il les méritait plus dans ces moments là, c’était même le contraire, mais simplement parce-que savoir qu’elle était fière de lui était tout ce qu’il attendait à l’époque. Aujourd’hui il avait compris que ce serait là des paroles avec une portée différente, mais ce n’était pas pour autant qu’il n’était pas reconnaissant de l’entendre les dire. Avec un vague sourire, les joues ayant rougies quelque peu à l’évocation de ce qu’elle pouvait en ressentir, il garda son regard dans sa direction encore un instant avant de détourner quelque peu ce dernier. « Merci, Anna. » Elle ne se rendait peut-être pas compte à quel point c’était important pour lui d’entendre ça, même à retardement.

« Mon père est toujours autant remonté contre moi. La dernière fois, il m’a demandé si je comptais arrêter mon hobby et me trouver un vrai travail argumentant cela sur le fait que ma soeur allait, prochainement, avoir une prestigieuse promotion. » Un petit rire échappa à Malone. « Y’a certaines choses qui changeront jamais alors. » Parce-que c’était là un discours que le père de la jeune femme tenait depuis des années - s’ils avaient été en meilleurs termes, ou disons dans des termes moins gênants, il lui aurait même demandé si l’opinion que son père avait de lui avait changé - il était sur que la réponse était non, simplement pour confirmer l’idée.

Parler du travail d’Anna, même si cela lui faisait rappeler qu’elle n’était effectivement pas dans un domaine que son propre père considérait comme du véritable travail n’était pas réellement appréciable, était toujours plus simple que de parler de celui de Malone. Pas qu’il n’en avait pas envie, simplement que c’était un quelque-chose qui avait toujours un gout doux-amer dans la bouche de tout le monde: personne n’avait oublié que c’était à cause de ce dernier que la descente aux enfers avait été longue. L’annoncer à la jeune femme avait donc une saveur particulière, qu’il n’appréciait pas plus que de mesure - et surtout qui pouvait déclencher bien d’autres choses en lien. « Ah. » L’explication primaire était des plus simples: certes, travailler pour les Weatherton avait été une occasion qu’il n’aurait pu laisser passer et dont il se devrait d’être toujours reconnaissant. Mais ce n’était plus un endroit où il avait envie de mettre les pieds, et c’était surtout des personnes pour qui il n’avait plus envie de travailler. Une autre opportunité s’était présentée, il comptait l’accepter et ainsi il pourrait séparer son chemin de son cousin et de sa femme. « Enfin quoi ? » Sauf que l’annoncer à Anna était plus simple dans son esprit que ça l’était en réalité, et ses questions ainsi que son inquiétude n’étaient pas là pour l’aider à formuler correctement ce qu’il voulait dire. Malone ne s’était pas attendu, par exemple, à ce qu’elle imagine qu’il puisse quitter la ville. « Parce que j’ai l’impression que tu tournes autour du pot et que tu ne me dis pas tout. » - « Je tourne autour du pot parce-que j’ai peur de ta réaction. » Sa réponse avait fusé, était même surement partie trop vite car il n’aurait pas voulu le formuler ainsi, ni le dire avec une certaine dureté dans sa voix qu’il ne prenait plus normalement depuis des années. Alors, à peine une ou deux secondes après avoir terminé sa phrase et s’en être rendu compte, ses épaules s’affaissèrent et une se mit à se replier sur lui-même - pas tant physiquement que dans son regard et sa prestance. « Pardon. » Elle avait déjà donné dans ce domaine, pas la peine d’y retourner. « Je veux juste pas que t’aies peur, parce-que c’est vraiment une bonne décision en l’occurence. » Il savait qu’il était seul responsable de tout ça, ce n’était pas le soucis. « Et on sait tous les deux que quand j’ai changé de boulot les autres fois, c’était pas que pour les bonnes raisons. » Pour une fois, c’était le cas. Promis, que soulignait son regard.

Si ça avait été n’importe qui d’autre, Anna aurait pris la chose avec bien plus de résilience. Si par exemple, Samuel lui avait dit vouloir arrêter la musique ou changer de carrière ou autre, elle aurait très probablement réagi avec bien plus de légèreté. Elle aurait été capable d’y déceler tout le positif d’un tel changement. Elle aurait été de cette nature bienveillante à penser que le plus beau reste à venir dans toute décision prise. Après tout, il n’y a rien de mieux quand il s’agit de prendre les décisions qui font du bien. Qui donnent un souffle nouveau, qui permettent de donner un nouvel élan à l’existence humaine. Mais quand il s’agit de Malone… C’est plus fort qu’elle mais le seul sentiment qui vient dans son coeur, c’est l’inquiétude. C’est la peur du changement, la crainte que tout bascule vers une rechute. Et c’est indescriptible ce qu’elle peut ressentir dans ses cas-là. Anna se retrancher derrière ses murailles, presque sur la défensive et un peu trop même. Cela dit, elle reconnait que les raisons de ce changement pro sont légitimes. Pour autant, elle ne peut s’empêcher de ne pas comprendre pourquoi Malone met autant de temps à lui faire son annonce, la faisant presque se questionner sur le pourquoi du comment, jusqu’à commencer à douter de la véracité d’une telle décision. Pour autant quand elle lui demande pourquoi il tourne autant autour du pot, la réponse arrive, trop vite même. « Je tourne autour du pot parce-que j’ai peur de ta réaction. » Ses sourcils se froncent aussitôt et les battements de son coeur s’affolent. Ça éveillerait presque les démons endormis. Les mains qui se mettraient presque à trembler.  Elle ne comprend pas cette « peur » qu’il a. Elle en vient même à se questionner sur sa façon d’être. Si elle a fait ou dit quelque chose de mal lui donnant aussi peu de confiance pour lui dire les choses d’emblée. « Peur… » Se contente-t-elle de répéter sans laisser entrevoir la moindre colère ou tristesse. A vrai dire, elle ne comprend pas. Et peut-être a-t-il parlé trop vite ? Le dévisageant, elle voit sa mine changer. Et puis le mot qui arrive et qu’elle a appris à détester durant ces années : « Pardon. » Elle reste muette parce que dans le fond, elle s’en moque de ses excuses. Elle veut simplement être certaine que tout aille pour le mieux, qu’elle puis continuer ce long chemin qui la ramène vers la confiance qu’elle lui témoignait, autrefois. « Je veux juste pas que t’aies peur, parce-que c’est vraiment une bonne décision en l’occurence. » Une bonne décision dont elle ne connait pas les tenants et les aboutissants. Et qu’elle a hâte de connaître pour mieux en juger. Pour être  plus rassurée. « Et on sait tous les deux que quand j’ai changé de boulot les autres fois, c’était pas que pour les bonnes raisons. » C’est qu’il n’a pas tort dans ses mots. Et Anna le dévisage longtemps, sans détourner le regard durant tout le temps où il a parlé. Où elle a entendu cette voix, tellement chérie par le passé, et elle a vraiment envie de le croire. De lui faire confiance face à tout ce qu’il entreprend depuis. Malgré tout, elle ne peut s’empêcher d’être peinée et ça, c’est plus fort qu’elle. L’égo et l’orgeuil sont parfois bien plus forts que toute autre émotion bien plus positive. « Peut-être qu’effectivement, j’ai eu peur que ça soit la même chose que les fois précédentes mais je pensais que les choses avaient changé depuis Noël. » Elle sent que ça ne veut pas dire grand chose alors elle apporte des précisions « Je veux dire que tu sais que je t’encourage vraiment dans tout ce que tu fais. Je te vois redevenir celui que tu étais et je vois que tu fais tout pour t’en sortir. Alors que tu puisses avoir peur de ce que je peux penser… » Peut-être qu’elle n’a pas montré les bonnes attitudes pour l’aider ? Elle a l’impression de mettre du sien, pourtant. De faire en sorte que tout aille mieux entre eux pour le bien être de leur fils. « Au contraire, si c’est une bonne décision, je suis contente pour toi… Tu vas bosser dans quoi ? »


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Les mots de Malone lui avaient échappé trop rapidement, et bien sur qu’il s’en voulait que ce soit le cas; ce n’était pas de cette manière là qu’il souhaitait s’adresser à Anna, et même ce n’était pas de cette façon que quiconque devrait lui parler. « Peur… » Et il savait aussi que toutes les excuses qu’il pourrait lui donner ne seraient pas assez, ne seraient pas ce qu’elle attendait là où elle aurait surement préféré, pour commencer, ne pas le voir user de ce type de réaction. Il aurait aimé que ce ne soit pas le cas, mais parfois cela était plus grand que lui et certaines vieilles habitudes refaisaient surface bien plus rapidement que prévu. Pour le moment malheureusement, c’était là tout ce qu’il pouvait lui offrir: des excuses. Alors, il s’excusa, enchainant avec les raisons derrière cette peur qu’elle avait nommé, comme pointé du doigt. C’était davantage par rapport à sa réaction à elle face à cette nouvelle qu’il éprouvait ce ressenti là - pas pour lui-même, ce n’était jamais pour lui même.

Il n’aurait pas pensé que d’exposer de manière aussi directe, aussi crue les raisons qui l’avaient poussé à agir de cette manière là laisseraient un silence si imposant entre eux. Parfois, il se devait de se rappeler aussi qu’ils n’étaient mariés que sur papier désormais et simplement parce-que mettre le nez dans la paresse n’était pas à l’ordre du jour- mais que ce n’était plus une vérité qui évitait justement les moments quelque peu pesant, gênant, entre eux. « Peut-être qu’effectivement, j’ai eu peur que ça soit la même chose que les fois précédentes mais je pensais que les choses avaient changé depuis Noël. » Il ne pouvait lui en vouloir - il ne pourrait jamais lui en vouloir. « Je veux dire que tu sais que je t’encourage vraiment dans tout ce que tu fais. Je te vois redevenir celui que tu étais et je vois que tu fais tout pour t’en sortir. Alors que tu puisses avoir peur de ce que je peux penser… » Il délogea son regard qui se portait dans sa direction jusqu’alors. « Au contraire, si c’est une bonne décision, je suis contente pour toi… Tu vas bosser dans quoi ? » Il lui semblait qu’elle posait désormais la question simplement parce-que c’était ce qui était attendu d’elle ici, maintenant, et non parce-que cela pourrait être une réponse qu’elle aurait envie de connaitre. Il ne pouvait pas non plus lui en vouloir pour ça - il ne pourrait jamais réellement lui en vouloir pour quoi que ce soit. « Je vais rester dans la sécurité, mais pour un poste plus important. Dans une boite… peu importe la taille de la boite en fait. » Il fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre. « Je vais être garde du corps pour un poste important, cette fois ci, c’est surtout ça qui change. » Il serait de toute façon désigné pour le reste de sa vie à s’engager dans ce type d’emploi, parce-que c’était là ce qui était attendu de lui avec la formation qu’il avait reçu. Il ne s’en plaignait pas, il avait fait des choix et vivait avec les conséquences de ces derniers - il aurait simplement préféré ne pas être contraint de subir le reste de sa carrière alors qu’il en avait déjà une belle qui l’attendait devant lui. Certains avenirs n’étaient simplement pas aussi simples à préserver que d’autres.

« C’est une bonne décision, oui. » Il baissa quelque peu la tête, son regard accroché ses mains jouant nerveusement l’une avec l’autre - mais. « Les choses ont vraiment changé depuis Noël. Même avant, en vrai, mais je t’ai pas assez donné l’occasion de le voir. » Parce-qu’il marchait sur des oeufs quand il s’agissait d’Anna, de leur relation, de sa présence aux côtés du petit - mais. « Mais j’ai toujours peur que tu penses d’abord au pire quand c’est pour moi plutôt que tu sois contente. T’as pas à l’être, je te demande rien de ce côté là, tu me dois rien, je - » Il inspira longuement pour calmer ses paroles qui affluaient bien trop rapidement pour ce qui était nécessaire ici - mais. « Mais je suis conscient que ça implique toujours forcément Oscar, que tu veux le meilleur pour lui et que c’est aussi ce que je veux. Que j’ai été un père affreux pour lui pendant longtemps et que t’as peur que ce soit de nouveau le cas. » Ce n’était pas un reproche: il était lucide sur ce point là. Mais - « Ce job là va me demander plus d’heures libres. Plus de disponibilités. Et je sais pas comment je vais pouvoir être dispo pour Oscar. » Il releva son regard vers Anna. « Je veux faire les efforts pour lui, mais j’ai besoin de ce job pour être présent mais d’une meilleure façon pour lui. »

Elle continue de ressentir cette sensation désagréable dans son estomac. Elle lui rappelle que les mots de Malone ont eu leur petit effet et qu’elle en a été blessée. La vérité, c’est qu’il en faut toujours peu pour qu’il l’atteigne. C’est même trop facile, tel un véritable jeu d’enfant dans lequel Anna se sent tellement vulnérable. C’est une sensation étrange que de lui faire face, de l’observer dire et être, devenir et faire du mal. Tout en le dévisageant comme s’il était éloigné d’elle. Comme si elle le regardait au travers de jumelles. Comme s’il était devenu un inconnu, dont elle a pourtant été très proche. C’est idiot de ressentir pareille chose, cela fait des années qu’ils ne sont plus ce qu’ils étaient. Mais c’est plus fort qu’elle. Il a été l’amour de sa vie même si aujourd’hui, il n’est plus l’homme de sa vie. Elle a en été si proche au point qu’ils ne parviennent, plus désormais, à communiquer sans être sur des charbons ardents. A être sur une telle retenue que forcément, le moindre écart et tout semble prendre une telle importance. Notamment de savoir où est-ce que Malone va travailler. Il est crucial pour Anna de le savoir, d’être certaine que ce n’est pas du gros n’importe quoi. « Je vais rester dans la sécurité, mais pour un poste plus important. Dans une boite… peu importe la taille de la boite en fait. » Silencieuse, la pianiste le laisse parler sans dire mot. Déjà), c’est rassurant il lui a pas annoncé se reconvertir dans des études d’avocat ou d’aller bosser dans le nucléaire. « Je vais être garde du corps pour un poste important, cette fois ci, c’est surtout ça qui change. » Elle hoche la tête en lui glissant un semblant de sourire encourageant. Il ne vole pas haut, c’est vrai. Il a du mal à s’étaler sur son visage, c’est vrai. Mais elle fait de son mieux pour l’encourager, pour croire qu’il a sans doute pris une bonne décision que de simplement bosser dans l’entreprise de son cousin. « Donc c’est une bonne décision… » Lui souffle Anna pour espérer, ainsi, arriver aux tenants et aux aboutissants des plus complets. Elle ne le laissera pas en paix tant qu’elle ne saura pas de toute manière.
« C’est une bonne décision, oui. » Son regard dévie sur les mains de Malone, sur son attitude aussi. Et il y a quelque chose qui ne colle pas. Elle reste sur ses gardes. Elle est méfiante. Comme depuis qu’il lui a promis qu’il arrêterait de se droguer aux antidouleurs. Elle travaille là dessus, pourtant. Elle fait des efforts pour s’ouvrir à lui comme autrefois. Mais malgré cela, il subsiste des vestiges du passé où elle n’est pas dotée de cette certitude dont elle lui a toujours fait preuve. « Les choses ont vraiment changé depuis Noël. Même avant, en vrai, mais je t’ai pas assez donné l’occasion de le voir. » Elle ne peut s’empêcher de laisser un petit soupir presque imperceptible. C’est plus fort qu’elle. Mais il arrive sur cette conversation où la pianiste sent qu’il tourne autour du pot, encore une fois. Et elle n’aime pas ça. Oh bien sûr, il faudrait qu’elle puisse se rendre compte qu’elle-même ne lui laisse pas le temps, qu’elle n’est pas patiente pour un sou. « Mais j’ai toujours peur que tu penses d’abord au pire quand c’est pour moi plutôt que tu sois contente. T’as pas à l’être, je te demande rien de ce côté là, tu me dois rien, je - » Le mot « peur » qui revient de nouveau et qui a le don d’éveiller de lui faire du mal. De la faire se remettre en question. Est-elle si effrayante que ça ? Donne-t-elle cette impression d’être la personne la moins safe pour se confier ? « Mais je suis conscient que ça implique toujours forcément Oscar, que tu veux le meilleur pour lui et que c’est aussi ce que je veux. Que j’ai été un père affreux pour lui pendant longtemps et que t’as peur que ce soit de nouveau le cas. » Cette fois-ci, les prunelles noisette reviennent se poser sur le visage de l’ancien militaire ravagé de tant de malheurs. « Arrête ne dis pas ça. » Se contente de lui répondre Anna d’une voix lasse. « Il nous faut du temps, c’est tout. Je veux sincèrement ton bonheur, Malone. Que tu sois heureux. Mais il nous faut du temps. » Elle répète encore une fois ces mots, réalisant que c’est beaucoup plus de temps qu’ils en ont. Et Anna se sent confrontée à ses propres démons, ceux où elle est clairement incapable de redonner une confiance totale à Malone. Où elle est sur ses gardes en permanence. Et ça lui tord l’estomac en mille. Ça la brûle comme de la lave qui coule dans sa gorge. C’est intolérable comme douleur même. « Et donc ce job… » Finit-elle par dire la gorge nouée plus que de raisons. Il est sans doute le seul à pouvoir l’atteindre au plus profond d’elle-même, à l’ébranler dans ses chairs, dans son âme. Et étrangère à ce qu’ils étaient, Anna se blinde pour ne plus ressentir cette souffrance, pour paraître détachée même si ça devient plus que difficile de faire bonne figure. Elle n’aime pas la tournure de cette conversation. Elle n’aime pas qu’il puisse avoir peur de ses réactions. Elle n’aime pas qu’il tourne autour du pot. Elle n’aime pas, elle n’aime pas. « Ce job là va me demander plus d’heures libres. Plus de disponibilités. Et je sais pas comment je vais pouvoir être dispo pour Oscar. » Le regard d’Anna se confronte à celui de Malone. « Je veux faire les efforts pour lui, mais j’ai besoin de ce job pour être présent mais d’une meilleure façon pour lui. » Ainsi c’est ça le problème dans ce changement de job… « Donc tu seras beaucoup moins disponible pour Oscar ? » Demande-t-elle confirmation, voulant être certaine qu’il n’y aurait pas un autre vice caché qu’il aurait omis de lui dire. Cela étant, elle ne pourrait pas lui reprocher de moins voir le petit d’autant plus qu’il n’a pas la garde, qu’il le voit peu de par la garde exclusive qu’elle détient et dont elle se rattache fermement. Ce n’est pas qu’elle est ce genre de mère qui empêche un enfant de voir son père. C’est surtout qu’elle est traumatisée de tout ce qu’elle a vécu et que petit à petit, elle se fait violence pour oser, pour augmenter les temps entre le père et son fils. « Il va être déçu de moins te voir, je peux te le garantir… » Souffle Anna d’une voix triste. Son regard se détourne vers leur fils qui est en grande conversation avec son copain. « Il se met souvent en colère pour des choses futiles. Ses professeurs me disent qu’il est parfois insolent aussi. Et quand j’essaye de parler avec lui, il ne veut rien me dire. Je dois aussi lui faire peur… » Ajoute-t-elle d’une voix blasée. Alors oui, il va bientôt avoir dix ans. Il devient un garçon et file droit vers l’adolescence mais Anna n’est pas dupe sur la situation qu’il vit. « Est-ce que tu sauras faire machine arrière si ton nouveau travail devient un frein pour voir ton fils ? » Finit par demander la pianiste en laissant ses yeux revenir vers celui qui demeure, toujours, son époux.

@Malone Constantine