divers into normality
@Phoebe Jensen & Seth Hill ☆ crédit/favim

La journée a été longue et enrichissante, l'une de celles où le soleil brille si haut et si fort que la visibilité sous l'eau est excellente même à trente mètres. Equipé de son scaphandre autonome et d'un partenaire de plongée attitré, Seth a passé la majorité de son temps sous l'eau, consommant ses bouteilles d'oxygène jusqu'à leur réserve. Cette première visite des épaves de Tangalooma - excursion de repérage dans un premier temps - l'a conforté dans le choix de cette nouvelle destination. Brisbane regorge de secrets et de merveilles qui ne demandent qu'à être déterrées, et ce terrain de jeu reste encore inexploré aux yeux de l'archéologue. De nouveaux défis à venir, des trésors qui l'attendent là, sous le sable enfoui dans l'immensité de l'océan que l'humanité toute entière n'aurait pas le temps d'exploiter. Aux lèvres, le sourire satisfait d'un spectateur à qui l'on vient de montrer la bande annonce la plus prometteuse de l'année.

Il est presque vingt heures quand Seth rentre au cinquante-et-un Kurilpa street, dans West End. Là, il s'est créé un petit cocon à son image, quasiment vide de décoration, pratique et fonctionnel, le strict minimum pour un américain fraîchement débarqué à Brisbane. Ne pas attirer l'attention, être un bon voisin, discret et prêt à rendre service, voilà ce que la société attend. C'est sans compter sur les quelques folles soirées qui s'y sont produites depuis son arrivée, et les murs qu'on lui avait vendus comme épais et favorisant l'insonorisation, qui au final ne remplissaient pas tant cette promesse.

Les bras chargés d'un immense sac Cressi, rempli de sa combinaison encore détrempée, du double détendeur, du gilet stabilisateur et de tous les accessoires qui accompagnent cet attirail, Seth franchit sans trop de peine les dernières marches d'escalier qui mènent à son perron. Il s'apprête à glisser sa clé dans la serrure lorsqu'un plomb de lestage tombe lourdement au sol, rebondissant de quelques millimètres dans un bruit sourd. Ne pouvant lâcher le sac sans tremper tout le palier, il se baisse agilement et laisse glisser ses doigts sur le parquet pour y récupérer le plomb, et le ranger à une place à laquelle il aurait dû rester. Ou peut-être l'a-t-il fait volontairement pour entamer une discussion avec la créature qui s'apprête à croiser son chemin.

En se redressant, il se retrouve nez-à-nez avec l'une de ses voisines, qu'il a déjà aperçue à plusieurs reprises mais dont il ne connait rien d'autre que le son de sa voix quand ils se saluent en se croisant dans les escaliers. "Désolé...", s'excuse-t-il pour le boucan, excuse probablement pas aussi sincère qu'il ne l'aurait voulue mais sur le moment, c'est l'usage le plus poli qui lui est venu à l'esprit. "Bonsoir", la gratifie-t-il formellement, comme les deux jeunes gens en ont l'habitude, en surjouant légèrement une maladresse dont il n'a jamais été victime. Si toutefois l'on peut parler d'une habitude au bout de seulement quelques semaines. Cette voisine a l'air relativement jeune, brunette soignée qui paraît propre sur elle, sans doute un peu trop. Timide au premier abord, ou est-ce de la distance?  

Il avait des jours où tout semblait aller de travers et aujourd'hui, il en faisait partie. D'abord, j'avais cassé mon aiguille de machine à coudre ce qui m'avait valu d'abimer le tissu d'une robe sur laquelle j'étais entrain de travailler, il avait donc fallut que je retire la pièce de tissu totalement ruinée pour en refaire un autre rapidement. Puis, il avait une cliente un peu mécontente car, sa mère lui avait dit qu'elle n'était pas mise en valeur dans sa jolie robe. Après cette épisode, j'étais sortie pour manger à l'extérieurs, prendre l'air et voir ma fille Keïla qui avait un instant de pause dans son emploi du temps. J'avais décidé de l'emmener prendre une glace et la moitié de la mienne avait glissée sur mon chemisier en soie, lorsqu'un gamin un peu trop turbulent avait tapé dans mon poignet. Non clairement, aujourd'hui on était loin du jour cool que j'avais eu l'habitude de passer depuis mon retour.

Totalement épuisée par tout ceci, j'étais rentrée pour prendre une douche et me poser dans le canapé avec la ferme intention de ne rien faire. J'avais lancé une série Netflix, un café bien chaud dans les mains, je prenais soin de ne plus faire de maladresse ne voulant pas me changer une nouvelle fois. C'est alors qu'un bruit dans le couloir se fait entendre, un bruit sourd de quelque chose qui tombe sur le sol et qui réussi à me faire sursauté, renversant une partie de mon café sur mon débardeur. Je rage intérieurement et tandis que j'entends toujours du bruit dans le couloir en direction de l'appartement de mon nouveau voisin. Je décide de prendre les devants. Cela n'est pas la première fois que je suis dérangeais par les bruits plus que étrange qui s'échappe de son appartement, c'est à croire qu'il pratique la box ou je ne sais quel art martiaux.

Je pose ma tasse sur la table et attrape un essuie-tout pour éponger rapidement le liquide brun de mon débardeur blanc, avant d'ouvrir la porte. Je remarque immédiatement le matériel de plongée tandis que l'homme est accroupie pour ramasser le plomb responsable de mon sursaut. Nos regards se croisent alors, tandis qu'il s'excuse rapidement avant de me saluer. "...Euh Bonsoir !" Je souris légèrement alors que quelque seconde avant j'avais bien l'intention de lui faire des remontrances. "Attendez ! Je vais vous aider !" Je m'avançais pour le libérer du détendeur et du gilet, sachant parfaitement que le matériel de plongée peut potentiellement peser une tonne. "Vous auriez dû les laisser sécher un peu dans la buanderie...Personnellement c'est ce que je fais avant de les remonter à l'appartement." Gardant mon sourire sur les lèvres, je tire rapidement la porte de mon appartement avec mon pied pour que la porte se referme.

A présent, j'avais une certaine curiosité envers cet homme, bien loin d'imaginer qu'il aurait pu être un plongeur également. "Vous avez plongé où ? Si ce n'est pas indiscret de ma part bien entendu..." Je savais que certain n'était pas très friand de dévoiler leur lieu de plongé, comme pour garder une part de mystère ou tout simplement ne pas partager un spot où une multitude de créatures évoluaient.

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La jeune femme semble surprise de trouver dans son propre couloir un homme-grenouille avec sa seconde peau et tout son attirail sous le coude. Une grenouille aussi bruyante qu'un buffle tandis que tombe lourdement au sol le plomb qui aurait dû rester dans la poche du gilet, conçue à cet effet. Seth s'étonne de la gentillesse de sa voisine, qui se propose directement de lui prêter main forte en s'emparant d'une partie de ce qui charge les bras de l'archéologue. "Merci...", répond-t-il, décidément peu accoutumé à l'amabilité des locaux. Seth a vécu longtemps dans les quartiers froids et opportunistes du Maine occidental, avant de voyager à travers le monde. Il a rencontré des centaines de personnes différentes, aux cultures et aux mille visages, et la sympathie des gens envers les étrangers l'étonnera probablement toujours, même après tant d'années à barouder ça et là. En plus de lui prêter main forte, la jeune femme qui lui fait face lui donne aussi des conseils pratiques pour sa vie en communauté, en lui spécifiant qu'il peut laisser sécher sa combinaison et son matériel dans la buanderie de l'immeuble avant de tout remonter dans son appartement. "Merci pour l'astuce. Alors vous plongez, vous aussi?", la question n'en étant pas réellement une, puisqu'elle vient implicitement d'y répondre. "Entre plongeurs, on peut peut-être se tutoyer?", suggère-t-il, un sourire poli sur les lèvres. Après tout, leurs vies cohabitent à quelques mètres seulement l'une de l'autre, et tout porte à croire qu'ils ont davantage de points communs que les apparences ne le laissent à penser.

Seth glisse sa clé dans la serrure de sa porte d'entrée, la tourne deux fois vers la droite jusqu'à entendre le clic signalant que l'entrée est libre. Il pousse la porte de sa main inoccupée, invitant sa voisine à entrer d'un petit geste de la main. C'est la première fois qu'une femme qu'il n'a pas l'intention de "brutaliser" franchit le seuil de sa demeure australienne, et il se fait la réflexion tandis qu'il entre derrière elle. Intentionnellement, il ne referme pas tout de suite, il préfère éviter qu'elle ne pense qu'il veuille la séquestrer ou l'obliger à rester, elle a peut-être d'autres choses à faire dans son propre chez-elle. Toutefois, cette passion commune pour la plongée est un sujet à propos duquel il est ravi d'échanger avec elle. "J'ai fait les épaves de Tangalooma, au large de l'île Moreton. Tu connais?". L'endroit est relativement connu et fréquenté par les touristes, davantage par les plongeurs un minimum chevronnés, du moins assez pour s'aventurer à la plongée en épaves, mais Seth s'est aventuré un peu plus loin, ce matin-là, cherchant au fond de l'eau sur le sable trempé, les marques potentielles de quelque chose de plus grand, de plus précieux, que les ruines de bateaux noyés depuis des dizaines d'années. Conscient que cette discussion les mènerait probablement à parler davantage, il se dirigea vers la salle de bain tout en faisant signe à la jeune femme de le suivre. "Tu peux poser tout ça là, je m'en occuperai plus tard.", signale-t-il. Il doit tout rincer à l'eau claire pour ne pas que son matériel s'abîme avec le temps, et dieu sait à quel point Seth est rigoureusement méthodique et méticuleux quand il s'agit de prendre soin des objets qui passent sous ses doigts abiles.    

"Encore merci pour ton aide. Je peux te proposer quelque chose à boire?", s'enquière-t-il par politesse, et aussi parce que la jeune femme vient de prendre plus d'intérêt à ses yeux que les simples salutations échangées lors de leurs croisements dans le couloir, ou à l'entrée de l'immeuble, alors qu'ils sont tous les deux tête baissée englués dans leur quotidien bien rempli.    

En entendant à nouveau le bruit dans le couloir, j'avais grincé des dents. Une fois encore mon nouveau voisin faisait des siennes et autant les autres fois, je n'avais rien dit, autant là, je n'avais clairement pas l'humeur pour supporter ça. J'ouvrais donc ma porte, sûrement trop violemment, mais je me radoucis aussi en le voyant totalement submergé par son équipement de plongée. Sans réellement réfléchir, je viens attraper quelques équipements dans ses bras et je lui indique par la même occasion, qu'il est en droit de laisser tout ça dans la buanderie le temps que ça sèche. Je souris alors qu'il me gratifie d'un remerciement tout en hochant la tête, je pouvais bien lui offrir un conseil. Je hochais la tête à l'affirmatif, alors qu'il me demandait si je plongeais "Oui ! Je fais également partie d'une association pour la défense des créatures marines... Après, j'ai tendance à plutôt plonger en apnée." A la simple évocation de cette passion, mon stress de la journée et mon agacement disparaissaient.

"Oh oui bien sûr ! Et puis on est voisin... Ça serait bête de se vouvoyer." Je souris légèrement avant de le suivre pour pénétrer dans son appartement. J'apprenais qu'il avait plongé à Tangalooma, "Oui ! Elle est célèbre pour son centre d'éducation et de conservation marine ! Ils proposent aussi des activités pour nourrir les dauphins... Bien qu'honnêtement, je ne suis pas convaincu du bien-fondé de celle-ci. Je trouve que ça ne va pas très bien avec la conservation marine, bien qu'ils semblent indiquer que ça permet de sensibiliser les touristes. Enfin... J'imagine que tu as fait les épaves ?" Après tout, la plupart des plongeurs se rendaient là-bas pour admirer les bateaux et découvrir la biodiversité qui s'en servait comme d'habitat. J'avais continué de le suivre dans son appartement et je venais déposer le matériel où il me l'avait indiqué "Tu plonge depuis longtemps ? Car les épaves ne sont pas à la portée des novices qui débutent." Je souriais avant de l'entendre me remercier de lui avoir filé un coup de main tout en me proposant quelque chose à boire.

Je tentais de masquer mon soudain mal être, c'était toujours compliqué lorsqu'on m'invitait à boire, car je ne savais jamais comment les gens allaient interpréter le fait de demander une boisson soft. C'était comme dans les bars lorsque j'étais avec des amis, je devais toujours prétexter qu'il fallait que je rentre en étant sobre pour le travail. "... Euh... Oui avec plaisir... Un verre d'eau ou un jus de fruit, c'est largement suffisant !" J'inscrivais un nouveau sourire sur mes lippes espérant qu'il n'allait pas me proposer de l'alcool. J'avais conscience qu'une seule goutte pourrait me replonger dans la noirceur de mes démons et de mon enfer. Comme un funambule sur un fil, je pouvais chuter à tout moment si le vent devenait trop violent et parfois, je trouvais tout ceci fatiguant. Devoir sans cesse avoir honte, est-ce qu'on pouvait jeter la pierre à quelqu'un pour ça ? Surtout lorsqu'on ne connaissait pas réellement la personne ? "... En réalité, je ne peux plus boire d'alcool..."

Bien sûr que c'était sortie tout seul, sans que je réfléchis réellement à ce que j'allais dire, mais après tout, il pouvait faire ce qu'il voulait de l'information et imaginer que je ne pouvais plus pour des raisons médicales ou tout autre chose. J'avais gardé mon sourire en lui indiquant cette information espérant ainsi ne pas avoir engendré un certain malaise dans notre conversation.

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Seth a toujours aimé la plongée en particulier et, de manière générale, l'ensemble de la vie sous-marine. Il trouve dans le monde du silence un calme et une paix qui ne sont possibles qu'à cet endroit-là, protégé du vacarme du quotidien sous une épaisse couche d'eau salée. Un masque sur les yeux et un détendeur en bouche, il pourrait bien y passer tout son temps si le besoin d'air frais ne l'obligeait pas à remonter ponctuellement à la surface. Trouver en sa voisine de palier une défenseuse de ce milieu-là lui procure un sentiment de familiarité instantané : la bonne entente entre plongeurs est souvent avérée. Il l'écoute parler avec passion et entrain, et remarque le regard brillant de sérénité de la jeune femme tandis qu'elle lui fait part de ses préférences personnelles: l'apnée. "Ah oui? Et quel est ton record?", demande-t-il, bien curieux de savoir combien de temps la demoiselle est capable de retenir son souffle. Ce qui pourrait être utile tant sous l'eau que dans d'autres circonstances, allez savoir. Seth est lui-même un amateur d'apnée, bien qu'il préfère le confort et l'aisance de la plongée en bouteilles, qui lui permet de passer bien plus de temps sans entendre le commun de mortels polluer ses oreilles de banalités inintéressantes.

"Je t'avoue que j'ai passé plus de temps sous l'eau que sur la terre ferme, à Tangalooma, mais j'imagine que cette activité avec les dauphins doit attirer du monde.", finit-il par dire. Seth est d'accord avec elle, le nourrissage des dauphins par des mains de touristes n'a rien de concordant avec la préservation de la faune locale. Les dauphins, il les aime mieux à des kilomètres des côtes et à l'état sauvage, loin de toute forme de domestication qui fait d'eux des clowns juste bons à lancer des ballons dans des spectacles hors de prix où les parents y emmènent leurs enfants pour le "spectacle". "C'est pas trop mon truc, perso...", avoue-t-il. La visite des épaves a suffit à son bonheur, tout du moins pour cette première immersion qu'il a déjà prévu de renouveler dans un futur proche. "En effet. Tu les as déjà faites?", demande-t-il à sa voisine, curieux du moindre détail qu'elle pourrait apporter et qui éventuellement lui donnerait des pistes pour ses futures excursions.

Force de proposition, la jeune femme l'aide à déposer tout son matériel dans la salle de bain tandis que la discussion se poursuit. Seth s'amuse de la facilité avec laquelle la brunette s'ouvre au dialogue, elle qui lui avait parue plutôt distante lorsqu'il la croisait dans les couloirs de l'immeuble. "Je plonge depuis plusieurs années, oui. Et j'ai la chance d'avoir un métier qui me permet d'allier l'utile à l'agréable, donc j'en profite.", son sourire se dessine un peu plus sur ses lèvres à l'évocation de l'alliance de l'utile et de l'agréable, lui qui ne manque jamais une occasion de concilier les deux. C'est avec cette vision que Seth propose à sa voisine quelque chose à boire, maigre remerciement pour le coup de main qu'elle vient de lui porter. La jeune femme semble mal à l'aise à l'évocation de l'alcool mais l'archéologue ne le relève pas, après tout, chacun mène sa vie comme bon lui semble, et il ne se permettrait jamais de juger les choix des autres. "Ce n'est pas un problème.", répond-t-il doucement, un sourire sincère se dessine ses lèvres. "Un jus d'oranges pressées, pour madame!", il annonce d'une façon théâtrale qui ressemblait à s'y méprendre à un véritable garçon de café, avant de se diriger vers la cuisine. Il n'est pas fan des boissons toutes faites, bourrées de sucres. Il n'est pas fan de sucre, tout court, d'ailleurs. Seth attrape une orange d'une main et un couteau de l'autre, et se tourne vers sa voisine, une moue joueuse sur le visage. Il lance l'orange en l'air, qui finit sa course empalée sur le couteau qu'il tient droit comme un i, et son regard s'assombrit, il plisse les yeux tout en regardant la jeune femme qui prend place sur son canapé.  

Naturellement en voyant l'équipement de plongée la conversation s'était faites plus fluide et on avait commencé à papoter. Il venait de passer de voisin trop bruyant et étrange à un voisin plutôt intéressant. Je lui expliquais donc que j'avais plus l'habitude de faire de l'apnée que d'utiliser des bouteilles, je trouvais plus confortable de pouvoir pleinement utiliser son corps sans être dérangé par un équipement. Le seul que j'avais par moment était une ceinture de plomb et une monopalme pour me déplacer plus rapidement dans l'eau. Je souriais alors qu'il me demandait la durée de mon apnée, "Et bien ça dépend de mon état de fatigue...Mais en général je suis entre trois et quatre minutes." Ce n'était pas extraordinaire et je savais que d'autres apnéiste pouvaient rester bien plus longtemps. "Après je fais pas d'apnée statique...J'aime pas ça. Mais je sais que certains peuvent rester longtemps quand ils consomment pas leur oxygène en bougeant." Je souriais tout en le suivant dans son appartement l'équipement dans les bras.

J'apprenais par la suite qu'il était partie du côté de Tangalooma pour plonger et si, je n'avais jamais eu l'occasion de m'y rendre, j'en avais déjà entendu parler. Je riais un peu à sa remarque sur le fait d'être rester bien plus dans l'eau que sur la terre ferme, "Je crois que j'aurais fais pareil !" Il valait mieux profiter à fond lorsqu'on allait là-bas surtout si, le côté attraction des dauphins n'était pas son truc. Je hochais la tête alors qu'il avouait qu'il n'avait pas d'intérêt pour ce genre de chose et je souriais un peu en reconnaissant là, une réflexion de plongeur. La plus part de ceux que je côtoyais, ne supportaient pas de voir les cétacés pris pour des animaux de foire. Je questionnais néanmoins le jeune homme car, les épaves n'étaient pas d'un niveau débutant et je secouais ma tête pour répondre à sa question. "Non ! Je n'ai jamais fais celle-là. J'ai fais Mooloolaba et je suis allée en Nouvelle-Zélande pour le corail noir du côté de Doubtful Sound...Je sais pas si tu connais ?"

Je l'écoutais ensuite me dire qu'il plongeait depuis plusieurs année maintenant et il semblait avoir un métier qui lui permettait de le faire régulièrement. "Ah oui ? Tu travail dans quoi ?" Puis je l'entendais me demander si je voulais boire quelque chose, immédiatement le stress monta d'un cran et je me décidais finalement, à lui dire que je ne pouvais pas boire d'alcool sans entrer dans les détails. A ma surprise, il ne demanda rien de plus sur ce sujet et ça semblait même ne pas être un problème. Je me détendais un peu alors qu'il annonçait un jus d'orange frais en plus. Je le suivais en souriant et alors que je m'installais sur le canapé, je remarquais son geste, "Et bien ! J'ai même le droit au show qui va avec ?!" Je riais un peu n'ayant vu dans ce mouvement qu'un moyen de m'impressionner. "Tu te plais dans l'immeuble du coup ?" Je ne savais pas vraiment si, il avait déjà pu échanger avec d'autre locataires, bien que j'avais le sentiment que tout le monde faisait sa vie de son côté.

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Trois et quatre minutes, sans reprendre son souffle, peuvent paraître une éternité. Pourtant, plus du double de temps s'est déjà écoulé depuis que la brunette a franchi le seuil de l'appartement de Seth, et ces minutes lui avaient paru ne durer que quelques secondes. "C'est déjà une belle prouesse.", valide-t-il, son esprit ne pouvant s'empêcher de divaguer sur d'autres sports où cette performance peut être utile. Et Seth ne comprend pas pourquoi il voit des sous-entendus partout ou si le manque de compagnie se fait sentir, mais lui non plus n'est pas adepte du statique. Il n'y a rien de mieux qu'un corps qui remue gracilement entre les flots, rien de plus beau. Il hoche la tête à l'affirmative pour signaler à la jeune femme qu'il approuve son raisonnement. La conversation est fluide, facile, il n'aurait jamais cru que ça soit le cas, lui qui est d'habitude relativement sauvage et ne se lie pas aisément. Le monde des plongeurs est un océan de mystères inexpliqués.

"Si ça te tente, je pourrai t'y emmener, à l'occasion.", il se surprend lui-même à proposer à cette inconnue en passe de ne plus l'être. Après tout, pourquoi pas. La jeune femme semble s'y connaître, et puis la plongée se fait obligatoirement en binôme, autant que ce soit avec quelqu'un de sympa. Lier l'utile à l'agréable, on en revient toujours à ce vieux dicton. D'autant plus que cette voisine doit être sublime dans une combinaison de plongée qui moule son corps svelte et tonique. "J'ai entendu parler de ce spot mais n'ai pas encore eu l'occasion de le faire. Peut-être un jour!". L'exploration sous-marine du jeune homme est essentiellement concentrée autour de son métier, bien qu'il aime aussi découvrir les merveilles de l'océan, celles qui n'ont pas connu la main de l'homme, les perles et trésors que le monde du silence a à offrir. "Je suis archéologue.", répond-t-il à la question que la brunette vient de lui poser. "Du coup, j'ai tout le loisir de plonger sur notes de frais.", il sourit, car il est son propre patron, et ça l'amuse de faire comme s'il dépendait de quelqu'un d'autre. Il omet les détails de ses activités intentionnellement, il n'aime pas beaucoup parler de lui en général. Il détourne donc la conversation sur la ravissante jeune femme qui vient de s'installer sur son canapé. "Et toi, tu fais quoi dans la vie?", demande-t-il, réellement curieux d'en apprendre plus sur cette mystérieuse cohabitante.

Tandis qu'il joue avec les oranges et les presse dans la cuisine, elle s'amuse de ses pitreries, et Seth apprécie de la voir détendue et riante, ce qui était le but de la manoeuvre. Il prend l'initiative de verser le contenu - avec la pulpe - dans deux grands verres, et va rejoindre son invité sur le canapé. "Voilà pour toi.", il lui tend le jus directement dans ses mains avant de prendre place sur le siège à côté d'elle, puis, rapprochant son propre verre du sien: "A la plongée?", trinque-t-il en plongeant son regard loin dans celui de la jeune femme comme le veut la tradition, ravi que cette passion commune provoque l'occasion de connaître cette fameuse voisine. "A vrai dire, je ne sais pas si je resterai là très longtemps.", avoue-t-il. L'archéologue est en location pour l'instant, le temps de savoir s'il s'établira longtemps dans les parages ou non. "C'est le premier appartement correct que j'ai trouvé en arrivant à Brisbane, en fait... C'est largement suffisant pour ce que j'y fais.", poursuit-il. Manger, boire, dormir, baiser, il passe le reste du temps à flâner dans les rues, attablé à un café, ou pour la majeure partie du temps, trop affairé à son travail à la fois dans les fouilles et à l'université.

J'étais parfaitement consciente que je pouvais encore améliorer mon temps en apnée, mais il avait plus de difficulté lorsqu'on était en dynamique contrairement au statique. Il fallait prendre en compte l'oxygène que devait obtenir les muscles en mouvement. Je souriais alors qu'il me complimentait sur ma prouesse. Puis je l'entends me dire qu'on pourrait se rendre ensemble à Tangalooma, invitation surprenante tout de même, mais plutôt tentante je devais bien le reconnaître. "Avec plaisir ! Je serais curieuse de voir les épaves et de pouvoir faire de l'apnée là-bas !" Puis je lui expose les endroits où je me suis rendu dans le coin de Brisbane et un peu plus loin en Nouvelle-Zélande. "Et bien on pourra s'y rendre aussi alors ! Je serais contente de pouvoir te le faire découvrir." Après tout, il te propose de voir Tangalooma, tu pouvais bien lui proposer de voir Mooloolaba.

Curieusement, je souhaite savoir ce qu'il fait comme métier pour pouvoir ainsi plonger et j'apprends rapidement qu'il archéologue. Je n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer quelqu'un pratiquant se métier et je ne cesse de sourire. Décidément, j'allais passer pour une tarée à sourire ainsi. Mais je trouvais cette rencontre des plus intéressante, moi qui l'avait surement jugé trop rapidement. Je sortais de mes pensées en l'entendant me demander ce que je faisais comme métier, "J'ai une boutique internet de robes de mariées que je confectionne moi-même." Je me demandais toujours ce que les gens pouvaient penser au premier abord quand j'indiquais mon métier. Est-ce qu'ils pensaient que je vivais dans un monde de paillettes ? D'utopie ? Est-ce que ça pouvait faire peur à ceux qui ne souhaitent pas s'engager ? Ou au contraire motivé ceux qu'il le voulait ? Il fallait toujours que je me pose mille questions lorsque j'étais en contact avec les autres, comme pour me trouver des excuses ? Anticiper des réactions ? "Enfin...Je ne fais que les confectionner hein ! J'ai déjà donné dans le mariage et je ne compte pas y replonger." Je riais un peu, laissant planer l'information que j'étais célibataire, pourquoi d'ailleurs ? Peut-être bien parce qu'il avait éveillé une certaine curiosité.

Je m'installe alors sur son canapé tout en le regardant faire le show avec les oranges trouvant cette façon de faire plutôt amusante avant, de glisser mes doigts autour du verre qu'il m'amène. "Merci !" Je trinque avec lui, lançant mon regard glisser dans le sien un sourire toujours sur les lèvres et une sensation étrange dans le bas de mon ventre. Est-ce que j'étais seule depuis bien trop longtemps et que mon corps réagissait ainsi ? Ou alors, il m'attirait réellement au point de me dire qu'un dérapage ne ferait de mal à personne ? Je préférais donc lui demander si, il se plaisait dans l'immeuble, revenir à des banalités et laissant mes lèvres glisser dans le verre espérant que mon malaise ne serait pas perçu. Je hoche la tête en posant le verre sur la table basse, "Ah oui ! Je comprends...Après, il y a surement mieux en ville, dans des quartiers plus cher par contre. Tu as même des maisons et villa avec une vue sur mer dans le quartier de Bayside." Je souriais un peu, "J'avais une maison là-bas...Mais, j'ai dû la vendre et quand je suis revenu à Brisbane, j'ai trouvé que cet appartement." Je ris un peu, "Je réalise que je passe pour une énigme maintenant !" Est-ce que son côté archéologue allait vouloir fouiller un peu mon passé afin de découvrir qui j'étais réellement ? Est-ce que je venais de mettre en place une technique pour l'attirer encore ? Certainement !

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Le courant passe si bien que les sorties plongée s'organisent, se profilent à l'horizon, et c'est bien la première fois depuis que Seth a mis les pieds à Brisbane qu'il ne se sent pas sur la défensive, même s'il se doit de garder une certaine réserve. C'est dans ses gênes, c'est dans son sang. C'est grâce à ça qu'il a pu percer et faire son chemin pour en arriver là aujourd'hui, en ne comptant que sur lui-même et en se méfiant des personnes qui, sous leur beau sourire, cachent une âme toute pourrie et viciée, meurtrie par l'envie et la jalousie. Aussi il ne prend pas les mots de la brunette pour argent comptant: ce qui doit se faire, se fera. Il a une entière confiance au destin pour cela. Une seule certitude pour l'instant, celle qu'il est curieux d'en apprendre davantage à son sujet, de la découvrir un peu plus. De la découvrir tout court, d'ailleurs, de savoir quelle personne se cache sous ses vêtements, là où les êtres humains sont le plus fragiles, le plus honnêtes. A découvert.

La voisine confectionne des robes de mariées qu'elle vend sur sa boutique en ligne. En voilà un métier original, qui lui offre tout le loisir de laisser libre court à sa créativité. "Tu dois avoir des doigts de fée alors...", constate Seth, son regard se posant sur les mains de la jeune femme, recourbées autour de son verre de jus d'orange. Elle est très jolie, il doit bien l'admettre, et la simple présence d'une silhouette féminine sur son lieu de vie le rappelle à ses pulsions les plus primitives, bien qu'il n'en montre rien. La personne qu'il a en face de lui est passée par les abîmes sinueux du mariage, et affirme ne pas souhaiter y replonger. "On ne sait jamais de quoi la vie est faite.", réplique-t-il, un sourire malicieux aux lèvres. Sourire autant malvenu qu'il ne croit pas - et n'a jamais cru - aux bienfaits d'une union civile ou religieuse entre deux personnes. Pour quoi faire? Si ce n'est léguer un patrimoine quand on est sur le point de passer l'arme à gauche. Il est fermement opposé à l'idée de se marier un jour, mais comme le disait sa mère quand il était petit, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Heureusement pour lui, il n'a jamais prêté grand intérêt à ce que lui racontait sa matriarche.

Assis à côté d'elle sur le canapé, il trempe ses lèvres dans son verre mais le repose sur la table sans en avoir bu la moitié, préférant écouter sa voisine lancer des bribes d'informations très personnelles. Phoebe avait une maison à Bayside, qu'elle a dû vendre, puis a repris un appartement dans cet immeuble à son retour, ce qui implique qu'elle était partie pendant un temps. Bayside, le quartier des villas au prix exhorbitant. L'argent n'est pas un problème pour Seth, il peut se permettre le temps de savoir où est-ce qu'il veut s'établir réellement. Et pour l'instant, aujourd'hui à cette heure-ci, il n'a aucune intention de déménager de son canapé, occupé par une belle créature. Il rit légèrement à l'évocation du mot "énigme", puis il se passe la main dans les cheveux avant de reprendre le verre qu'il a posé quelques instants plus tôt. "Disons que c'est mon métier, de creuser, de trouver les vérités qui se cachent sous la surface.", affirme-t-il d'une voix douce, ses yeux soutenant le regard de la jeune femme, essayant d'y semer une petite graine qui germerait - ou pas d'ailleurs - dans son esprit. "Et puis, il faut prendre son temps quand on parle de découvrir des trésors...", il ajoute, clairement entré dans un jeu de séduction. Seth est un joueur, il provoque d'un simple regard et à grands coups de paroles bien appuyées, souvent à double sens. Il aime jouer avec les mots, avec les gestes, avec les gens.  

Naturellement je racontais mon métier au jeune homme et je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en l'entendant parler de mes doigts de fée. "Certaines de mes clientes me le disent effectivement...mais je ne suis pas certaine que ça soit véritablement le cas." Je remarquais alors son regard qui venait se poser sur mes mains englobant le verre de jus d'orange. Préférant ne pas me faire des illusions, je continuais de parler et j'avouais alors avoir déjà été mariée et ne pas vouloir repasser une bague à mon doigt. Je préférais rester libre de pouvoir partir si, c'était nécessaire. Ne souhaitant nullement repasser devant un juge et affronter à nouveau les idées tordues de mon ex époux. Un nouveau sourire se déposa sur mes lèvres, "C'est certains ! Mais vraiment je ne souhaites pas renouveler cette expérience. C'est surement compréhensible quand son ex mari tente de vous tuer." Je pinçais légèrement mes lèvres avant de les tremper une nouvelle fois dans mon verre. Je n'avais pas honte des épreuves que j'avais traverser et ça faisait partie de moi. Après tout en voulant faire ma connaissance, les gens allaient être confronter à cette réalité.

Je demandais ensuite par la suite, si il se plaisait dans l'immeuble et j'apprenais qu'il n'avait pas encore établit réellement de lieu de vie. Alors, naturellement je lui parlais des différents quartiers de Brisbane et plus particulièrement celui de Bayside où j'avais pu acheter une maison il y a quelques années de ça avant de devoir la vendre pour pouvoir me payer ma cure de désintoxication. En parlant de ça, je réalisais alors que je devais passer pour encore plus mystérieuse aux yeux du garçon et je ne manquais pas de lui faire remarquer un peu amusé de la situation. Je le fixais alors qu'il m'expliquait que c'était son métier de creuser et chercher pour découvrir ce qu'il avait sous la surface et quel vérité on pouvait en tirer. Un sourire amusé étira mes lèvres avant qu'il ne parle de découvrir des trésors. Bien que j'étais loin de penser être moi-même un trésor qu'on avait envie de découvrir, mais l'image était plutôt jolie et flatteuse à mon égard.

"Tu ne t'es jamais trompé ? En pensant avoir entre les mains un somptueux trésor qui n'en était pas un ? Je suppose que par moment, certains sont capable d'être trompeur et qu'à force de chercher un trésor, on peut se méprendre sur la véritable nature ?" C'était d'ailleurs le cas chez les être humains, j'en avais moi-même fait les frais. "Et en même temps j'imagine que le contraire est possible ? Croire qu'il ne s'agit que d'un vulgaire morceau de rien et qui s'avère en réalité être le vrai trésor qu'on cherchait..." Je souriais repensant à l'homme qui avait un temps partagé ma vie avant de se suicider pour ne plus être un fléau pour personne. Cet homme qui m'avait fait touché l'enfer et dont, par je ne sais quel miracle, j'avais réussi à revenir. Un peu à la façon de cette déesse mésopotamienne Ishtar, qui se déleste de tout ses trésors pour affronter l'enfer où règne sa sœur Ereshkigal avant de revenir parmi les vivants et de retrouver l'homme qu'elle aimait. "Dis moi, toi qui est archéologue...Quelle période préfère tu ?"

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@Phoebe Jensen & Seth Hill ☆ crédit/favim

Seth n'a nul doute quant à la dextérité de la jeune femme pour confectionner des robes de mariée au tissu souvent fragile, fin mais tellement qualitatif. Cela implique d'être minutieux et concentré et habile de ses mains, d'où la certitude que la brune a des doigts de fée. "Je suis sûr que tu te sous-estimes.", réplique-t-il tandis qu'il sent qu'elle remet en doute ses propres talents, quand bien même il n'a encore jamais eu l'occasion d'éprouver ses dires. Elle a des mains fines et soignées, et son annulaire qui jadis portait un anneau qui la reliait à un homme, est désormais nu. Libre de toute chaîne, défait d'une étrave qui visiblement n'avait pas été de tout repos pour elle, captive d'un bourreau qui a bien failli détruire sa prisonnière. Les lèvres de Seth se pincent, il est à la fois désolé qu'elle ait vécu tout ça, et quelque part, entre gêné et flatté qu'elle lui livre des expériences si personnelles alors qu'ils viennent tout juste de faire connaissance. Elle a l'air entière et honnête, elle est tout ce qu'il s'efforce de montrer aux autres, et tout ce qu'il n'est pas. Et la présence solaire de la jeune femme malgré son passé trouble le rappelle à sa propre condition. Un menteur, qui joue avec les apparences et avec la vérité comme on lance la balle à un chien qui remue gentiment la queue. "Je suis content qu'il n'ait pas réussi.", c'est sorti tout seul, et ce n'est pas forcément la réponse que l'on attend à ce genre de nouvelle, mais la sienne est spontanée et surtout, une fois n'est pas coutume, pleine de sincérité. "Il est où maintenant?", demande-t-il, curieux de la réaction de la jeune femme, essayant de deviner si cette expérience l'a rendue totalement fermée aux relations avec la gente masculine, ou bien si elle a encore des sentiments pour son ex mari, quels qu'ils puissent être. Seth croit au syndrôme de Stockholm, et au fait qu'il faut une part d'obscurité pour que la lumière règne dans les relations humaines. Tout ne peut pas toujours être rose, il faut un juste milieu.

Est-ce que Seth s'est déjà trompé dans ses relations aussi bien que dans son métier? Evidemment, il n'est qu'un être humain après tout. L'expérience et les années de vie l'ont aidées à perfectionner son intuition, qui se révèle souvent lui donner raison, mais les erreurs existent. Est-ce qu'il avait pensé toucher un trésor et s'était retrouvé déçu? Et inversement? "Je ne cherche pas les trésors, mais je sais les reconnaître quand j'en vois un.", réplique-t-il, conscient du double sens de sa réponse. "Quand on s'attend à rien, on n'est jamais déçu. C'est ma façon de voir les choses, quel que soit le trésor ou pas que j'ai devant moi.", à vrai dire, il ne s'extasie plus beaucoup devant les vases canopes, les morceaux de statue ou les bijoux anciens. Il en a vu tellement, tout ça fait partie de son quotidien. Bien entendu, il est toujours exalté à l'idée de faire une découverte majeure, mais il ne faut pas oublier la face cachée du conte de fée: écrire, enjoliver et falsifier des rapports interminables, fabriquer des faux, les remplacer, revendre les pièces volées, le tout dans une discrétion optimale. Rester hors de tout soupçon est primordial. Malgré tout ça, il aime son double métier, et toute l'adrénaline qu'il fait couler dans ses veines. "L'Egypte antique. Mais ça ne m'empêche pas de m'intéresser à tout.", il aime toutes les mythologies, les histoires, les traditions d'un passé désormais révolu. La mythologie égyptienne en particulier touche son coeur, puisqu'il porte le même prénom que l'un de ses dieux, qui le fascine depuis qu'il est tout petit. "Qu'est-ce que tu en penses, toi, de la chasse aux trésors?", s'enquit-il, ses yeux ne pouvant quitter le visage de la jeune femme. Sa question est à nouveau ambigu, la chasse aux trésors pouvant se référer autant à l'archéologie qu'aux relations humaines. Est-ce qu'elle est curieuse de découvertes?

 

Il était évident qu'à mes yeux certaines créatrices avaient bien plus d'or dans les doigts que moi, sinon, j'aurais connu un succès incroyable ce qui n'était pas le cas. Je n'avais certes, pas à rougir de ma petite notoriété et des commandes qui ne faisaient que tomber dans mon ordinateur, si bien que j'avais dû repousser mon agenda pour des prochaines commandes. Mes lèvres s'étiraient légèrement en l'entendant me dire que j'étais surement entrain de me sous estimée et il avait certainement raison, c'était une habitude chez moi. D'autant plus quand, je faisais le bilan de toute ma vie et ce que j'avais réellement accomplie. Un mariage foireux, soldé par un divorce et une tentative de meurtre, la seule chose positive de cette histoire c'était ma fille. Car mine de rien, j'avais réussi à la conduire sur un chemin paisible et elle avait toute sa vie à présent devant elle. Je sortais de mes pensées en l'entendant reprendre la parole, bien heureux de voir que mon ex mari n'ait pas réussi à me tuer. Je souriais en secouant la tête, "Pour être honnête, ça m'aurait fais mal qu'il y arrive..." Je riais un peu remarquant le double sens de ma phrase, pour l'heure, il n'était pas question pour moi de mourir. "Il va croupir en prison le reste de sa vie !" Certainement qu'une aura sombre était passée dans mon regard en disant cela à voix haute, "Et je ferais en sorte que ça ne change jamais !" S'il avait seulement le simple espoir de revoir la lumière du jour, je le briserais. Il allait comprendre le sens du mot torture et je n'allais nullement culpabiliser pour ça.

Je buvais une gorgée du jus d'orange pour retrouver mon côté solaire et ne pas me laisser envahir par la noirceur repoussant le petit diable sur mon épaule qui m'invite à continuer sur cette voie. Il valait mieux aborder des sujets plus intéressant plutôt que donner de l'importance à cet abruti. En écoutant l'archéologue, je ne pouvais m'empêcher d'avoir le sentiment qu'il faisait beaucoup de double sens dans ses phrases et bien entendu que cette façon de m'aborder me plaisait. C'était plutôt flatteur d'avoir le sentiment de plaire à un homme, bien que je n'imaginais pas qu'on puisse encore trouver de l'intérêt chez moi ou du moins pas du façon trop intime. Je quittais à nouveau mes pensées pour l'entendre répondre à ma question et découvrir qu'il affectionnait l'Égypte antique bien qu'il avait l'air de s'intéresser un peu à tout. Je hochais la tête, "J'imagine que c'est le propre de l'homme d'être curieux de tout et surtout de son passé...Quoi de mieux pour connaître qui nous sommes que de regarder dans le rétroviseur. J'imagine que c'est que ainsi qu'on peut expliquer les agissements de notre civilisation actuelle." Je haussais les épaules replongeant mes lèvres dans le verre.

Une nouvelle question et je baissais le verre essayant de réfléchir, ayant une nouvelle fois compris le double sens caché. "J'imagine que tout être humain recherche son trésor...bien que certains ont stoppés les recherches et finiront par se morfondre dans leur solitude et n'éveilleront par leurs esprits en découvrant des nouveautés. Les humains ont besoin de faire des expériences et la chasse aux trésors doit certainement être stimulante et excitante. J'imagine qu'on doit en ressortir avec une forme de jouissance lorsqu'on le trouve et qu'on le tient entre ses mains...Mais je comprends aussi ceux qui ne veulent pas prendre le risque pour ne pas connaître la déception de s'être trompé..." Je plongeais mon regard dans le sien sentant une certaine curiosité de pousser un peu plus le vice avec lui. La curiosité de découvrir pleinement ce voisin avait quelque chose d'aussi excitant de partie à la recherche d'un trésor. "...Et alors...Penses tu être en présence d'un trésor..." J'avais murmuré en me penchant en avant pour poser le verre sur la table basse sans quitter son regard.

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@Phoebe Jensen & Seth Hill ☆ crédit/favim

La détermination dont fait preuve la jeune femme lui fait gagner des points supplémentaires dans l'estime de Seth, qui apprécie son caractère, parfait mélange entre douceur et agressivité, quand il s'agit de défendre ses intérêts. Son ex mari a été condamné à perpétuité, il croupit désormais dans une prison pour les jours qu'il lui reste à vivre. Ce qui est sans doute mieux comme ça, même si Seth ne peut s'empêcher d'imaginer qu'il aurait tué toute personne essayer d'attenter à sa propre vie. Quoique, en y réfléchissant bien, peut-être pas. Il a toujours aimé les jeux étranges, ceux où coule le sang et les larmes, où les cris se mêlent à la pluie battante, et les orgasmes brûlants au tonnerre. Mais ces jeux-là peuvent être dangereux, lorsqu'on ne sait pas les intentions de ceux qui en partagent la partie. Quoiqu'il en soit, l'archéologue détecte en Phoebe un tempérament, une aura, qui lui dit qu'elle a beau avoir l'air gentille sous ses airs de sainte nitouche, elle est loin d'être docile et peut parfaitement montrer les crocs lorsque l'on touche à ses intérêts. Et ça lui plaît, autant que ça le met au défi de titiller ce comportement défensif. Ses lèvres s'étirent brièvement en un rictus amusé, il acquiesçe de la tête pour approuver les paroles de la jeune femme. De toute évidence, elle n'éprouve plus que de la haine envers cet homme qui a partagé sa vie. Mais la haine est aussi dangereuse, elle peut si vite se muer en autre chose, comme tous ces sentiments trop forts pour être compris et maîtrisés. "Tant mieux, alors.", répond-t-il vaguement, ses pensées vagabondant avant de revenir sur l'objet de son attention.

La brunette devient de plus en plus intéressante, décidément. Sa façon de penser - et de répondre - dessine la métaphore d'une porte d'entrée entrouverte dans l'esprit de Seth. "Tout à fait. Enfin, regarder devant soi c'est bien aussi, ça évite les accidents...", blague-t-il pour contrer l'image du rétroviseur qu'elle vient de donner. Connaître et comprendre le passé est une chose, vivre l'instant présent et profiter de la vie en est une autre. Seth aime faire les deux, mais le plus souvent, il s'ancre dans la réalité plutôt que dans ses rêves. Du concret, du physique, du réel.

Les trésors sont concrets, physiques, réels. Et cette discussion prend un tour plutôt amusant, quand on y pense. La rhétorique de la jeune femme fait sourire Seth, parce qu'elle est mignonne quand elle parle beaucoup comme ça, et que là tout de suite, il aurait pu plaquer sa bouche contre la sienne pour leur épargner toute cette philosophie autour de la chasse au trésor. Mais il n'en fait rien, se contentant de la regarder, d'observer sa façon élégante et féminine de se tenir, de s'accrocher comme ça à son verre de jus d'orange. Il la contemple sans gêne, comme s'il la caressait presque du regard, et il apprécie tellement la vue qu'il en perd momentanément un morceau de la conversation, avant qu'une question ne le tire de sa contemplation. Est-ce qu'il pense être en présence d'un trésor? Son sourire s'agrandit. Il se tourne un peu plus pour avoir la jeune femme bien en face de lui, toujours assis à côté d'elle, et plonge ses grands yeux verts dans ceux de la brunette lorsqu'il répond d'une voix ferme et pleine d'assurance. "Je te dirai ça quand je l'aurai entre les mains.", il répond d'une voix basse et grave, articulant chaque mot comme s'il essayait d'ancrer cette idée dans la tête bien faite de la belle brune. Comme une certitude, une promesse. Son instinct de chasseur vient de se réveiller.    



 

Lorsqu'on parlait de mon ex mari en général il n'y avait que de la haine qui émanait de moi. Je ne comptais plus le laisser avoir la moindre emprise sur moi, bien que quelque part, la haine que j'avais pour lui était encore un moyen de sa part de m'atteindre. Heureusement, il allait rester derrière les barreaux et même si, sa conduite lui permettrait surement un jour de demander une révision de peine, je comptais enfoncer suffisamment le clou pour qu'il reste attacher là-bas. Je le connaissais suffisamment maintenant pour savoir qu'il était un véritable manipulateur et qu'une fois dehors, il finirait ce qu'il avait commencé. J'entendais l'archéologue confirmer que c'était très bien ainsi avant de débattre sur un nouveau sujet.

Il avait au moins le mérite d'éveiller en moi des idées sur laquelle je ne m'étais encore jamais réellement penché comme la façon dont on pouvait interagir avec son passé et je riais un peu à la remarque de l'homme en ce qui concernait de regarder devant soi pour éviter les accidents. "J'imagine effectivement qu'il vaut mieux garder le contrôle !" Je souriais tandis qu'il lançait un nouveau débat sur la chasse aux trésors laissant un nouveau double sens planer. J'exposais mon avis sur le sujet, bien que je n'avais jamais vraiment pris le temps de réfléchir à tout ceci avant aujourd'hui. Peut-être que j'étais trop philosophique dans ma façon de voir le monde ? Ou alors trop naïve ? Quoi qu'il en soit, sa façon de me regarder à cet instant faisait naître en moi, un certain désir. Il avait bien longtemps qu'on ne m'avait pas montré autant d'intérêt et j'étais loin d'être une sainte concernant mes désirs charnels, n'hésitant jamais pour me faire plaisir lorsqu'une opportunité pouvait arriver.

J'avais donc laissé la question tomber tout en me rapprochant légèrement de l'archéologue. Sa réponse ne met pas longtemps à tomber entre nous, entre ses mains et je continue de fixer ses yeux. Il est évident qu'il est plein de confiance et je ne doute pas qu'il doit être devenu un pro en la matière. Sa façon de se ternir, de parler, tout indique qu'il aime jouer avec les jeunes femmes et les séduire. "Tu ne crois pas que tu perds du temps du coup à discuter avec moi ? Alors que tu pourrais déjà l'avoir entre tes doigts..." La commissure de mes lèvres s'étire légèrement trouvant le jeu parfaitement à ma convenance. Au diable les idéaux de faire d'abord connaissance avec un homme, pour l'instant, je voulais juste m'amuser et pourquoi pas prendre du plaisir. J'osais finalement glisser mon index sous son menton avant de le faire courir sur son cou, mes yeux toujours plongés dans les siens.

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@Phoebe Jensen & Seth Hill ☆ crédit/favim

♫

Contre toute attente, la partie de chasse a bel et bien démarré, et le badinage s'installe progressivement entre les deux voisins. Tester, tenter, déstabiliser, provoquer, que ce soit avec les mots ou les gestes, Seth se prend rapidement au jeu. C'est une activité dans laquelle il se sent à l'aise, et loin d'être aisément déstabilisé, il aime sentir le suspense et l'excitation grandir en lui dans les détours que prennent les dialogues. Va-t-elle céder? Est-elle assez courageuse? Ou encore, va-t-elle s'enfuir? L'ignorance et la découverte sont d'autant plus excitantes que la révélation du trésor en elle-même. Seth observe la brunette rire de sa blague, et ce son ne fait qu'augmenter la tension positive qui commence à peser dans la pièce. L'atmosphère est en train de changer, il ne s'agit plus là que d'un simple verre de remerciement, c'est le début d'autre chose. Une chose dans laquelle on peut se permettre de laisser le contrôle nous échapper, pour justement mieux en profiter. Lâcher les renes, n'écouter que ses propres pulsions, défaire les entraves de notre animal intérieur. Vaut-il vraiment mieux de garder le contrôle? "ça dépend, pas toujours.", affirme l'archéologue, ses pupilles cherchant la réaction dans celles de sa voisine.

Le regard de Seth s'attarde sur les lèvres de la jeune femme un instant, puis remonte à ses yeux, son front sur lequel tombent les mèches de ses cheveux. Il la jauge, imaginant la texture de sa peau sous la pulpe de ses doigts, le goût de sa chair, les réactions qu'elle pourrait avoir si elle passait sous ses mains. Est-ce qu'il perd du temps à discuter avec elle? Il ne trouve pas, son temps est largement employé à analyser la jeune femme, et il pourrait même se passer de toute discussion que ça ne le gênerait pas. "Alors que tu pourrais déjà l'avoir entre tes doigts...", a-t-elle dit. Le sang de Seth commence déjà à se réchauffer dans ses veines, il sent ses mains chaudes vibrer d'impatience, mais il reste de marbre, savourant l'instant de flottement et toute la tension entre le corps de la brunette et le sien qui ne demande qu'à s'emparer d'elle. Le courant électrique se prolonge et s'intensifie tandis qu'elle passe son doigt sur le menton puis sur le cou de l'américain, et il se rapproche si près de son visage qu'il peut sentir son propre souffle se réverber contre les lèvres de Phoebe quand il lui répond: " J'aime bien prendre mon temps quand le trésor en vaut la peine.", souffle-t-il, sa bouche frôlant la sienne avant qu'il ne recule, lentement mais sûrement, laissant l'intention avortée d'un baiser qui n'aura pas finalement pas lieu. Bien sûr, il a très envie de l'embrasser, entre mille autres choses également, d'ailleurs. Mais le jeu ne fait que commencer, et Seth n'est pas un sprinter, c'est un coureur de fond, il aime courir après sa proie et faire monter le désir, car il sait que l'explosion n'en sera que meilleure pour tous les deux. "Je vais devoir y aller", annonce-t-il d'un ton formel, plat, exposant la réalité concrète du retour à la vie réelle après l'instant de flottement sur le nuage de la sensualité. A son tour, il frôle la joue de la jeune femme de la paume de sa main et lui remet une mèche de cheveux derrière l'oreille avec une délicatesse experte. "Je me ferai un plaisir de venir te trouver pour que nous poursuivions cette... conversation.", achève-t-il, son sourire en disant long - et pourtant si peu - sur ses intentions.