tw : Violence

Ce soir-là, aux environs de 22h, John rentrait d'une session de combats de rue qui avait eu lieu à quelques encablures de là dans un entrepôt désaffecté. Il n'avait fait qu'un seul combat comme d'ordinaire. Il se réservait uniquement pour challenger des petits nouveaux dont la côte grimpait au sein de ses paris illégaux, cela lui permettait ainsi de pouvoir ramasser un maximum d'argent en peu de temps. Mais forcément, ce n'était jamais des combats faciles et il avait prit plusieurs coups, dans les côtes notamment, il sentait d'ailleurs qu'il devait avoir quelques bleus en marchant dans la rue. Bien entendu il portait encore de nombreuses marques sur les phalanges des nombreux coups qu'il avait donné ce soir. Et enfin, il avait également son arcade gauche qui s'était mise à saigner et avait encore du sang sur son visage qui commençait à peine à sécher. Mais cela ne le gênait pas le moins du monde de rentrer ainsi chez lui et s'amusait même de voir des personnes le fuir du regard sur son passage. Il s'était garé pas très loin d'ici et serait bientôt arriver à sa voiture lorsqu'il entendit quelqu'un qui venait de crier au voleur de l'autre côté de la rue. Il devina une voix féminine mais ne put la localiser. Ce qu'il vit en revanche, c'était un homme en train de s'enfuir à toutes jambes sur l'autre trottoir. ”HEY” cria-t-il à son attention avant de se lancer à sa poursuite en traversant la route sans regarder, provoquant des coups de klaxon et un crissement de pneus d'une voiture qui avait freiné en urgence afin de l'éviter. Le chauffeur avait d'ailleurs ouvert sa fenêtre pour l'insulter mais John ne l'entendit à peine étant donné qu'il s'était déjà lancé à la poursuite du voleur qui avait tourné au premier croisement de rue.

John avait bien cinquante mètres de retard sur lui mais il le grignotait de plus en plus au rythme de chaque foulée, oubliant même la douleur lancinante que chaque pas sur le sol lançait au niveau de ses côtes. John avait une capacité d'absorption de la douleur bien supérieure à la moyenne du fait de son enfance et des violences qu'il avait subit. Il n'avait qu'un seul objectif en tête à cet instant et faisait donc une totale abstraction de la douleur qu'il pouvait ressentir. Le voleur avait bien vu qu'il était pris en chasse désormais, et on pouvait deviner que la panique le gagnait au fur et à mesure que John se rapprochait. Le voleur tourna une nouvelle fois dans une toute petite ruelle qui se révélera être finalement une impasse quelques dizaines de mètres plus loin. John s'arrêta de courir lorsqu'il vit que l'autre s'était arrêté et qu'il s'était retourné pour lui faire face. C'était un jeune délinquant, qui était rapide à courir certes mais plutôt frêle sur lui-même. Et bien que John s'était habitué à ne pas juger un adversaire à sa carrure, il devait bien s'avouer n'avoir aucun doute quand à l'issue de l'affrontement. Et cela dû se voir sur les traits de son visage car dès qu'il se mit à avancer, l'autre rendit rapidement les armes "Ok. Ok. C'est bon mec. Je te donne le sac. Tiens." Il avait tendu le sac à main de sa main gauche afin que John s'en saisisse mais cependant il était loin d'être idiot. John avait bien remarqué que sa main droite restait cachée, légèrement en retrait. Il avait perfectionné sa tactique à force de faire des combats et il s'avérait que cela s'apparentait finalement à une partie d'échecs où il fallait toujours anticiper le prochain coup de l'adversaire afin d'en venir à bout. C'est ce qui faisait aussi que John était redoutable dans cet exercice. Ce n'était pas uniquement de la force brute et une capacité à encaisser les coups, c'était aussi une vivacité d'esprit et un sens de l'observation aiguisé qui lui donnait bien souvent l'avantage. Et c'est dans cet état d'esprit qu'il s'approcha encore plus du voleur.

Lorsqu'il posa sa main droite pour attraper le sac à main, comme prévu l'agresseur dégaina un couteau pour venir le planter. Mais John avait anticipé, il avait aussitôt lâcher le sac à main et il lui bloqua le bras afin de se dégager de l'angle du couteau. Puis il avait frapper le bras de son agresseur sur son genou pour lui faire lâcher son couteau. Enfin il lui fit vriller son poignet pour le faire hurler de douleur et lui faire mettre un genou à terre. ”Et ça c'est pour la dame !” lui rétorqua John en lui adressant une droite bien puissante au niveau du visage, finissant de faire tomber au sol le jeune voleur. John ramassa alors le sac à main et s'apprêta à repartir lorsque le délinquant s'adressa de nouveau à lui en le menaçant "J'te promet qu'on va te retrouver avec mes frères et on va te fumer." John esquissa alors un sourire, posa de nouveau le sac à main par terre, puis se dirigea vers le délinquant avant de l'attraper par le col et de le redresser pour lui faire face et le regarder droit dans les yeux. Puis il s'adressa à lui d'un ton ferme ”Regarde moi bien ! Vous pouvez revenir à plusieurs. Mais si je recroise ta sale gueule un jour, je te promets que c'est toi qui te feras bouffer par les asticots au petit matin. On s'est bien compris ?” L'intensité du regard de John ne laissait pas de place au doute et c'est le jeune délinquant qui finit par baisser les yeux. John le relâcha alors en le poussant suffisamment fort pour qu'il retombe par terre comme un vulgaire déchet. Il reprit encore une fois le sac à main et s'en alla sans que le voleur n'ose dire un mot de plus cette fois.

Quelques minutes plus tard, il revient dans la rue initiale où avait eu le vol, à la recherche de celle qui s'était fait substituer son sac à main. Ne l'ayant pas aperçu avant de prendre le voleur en chasse, il espérait qu'elle ne serait pas partie. Mais finalement il la remarqua de loin, vu qu'elle regardait dans sa direction avec espérance certainement et sans doute choquée de s'être fait voler son sac comme cela en pleine rue. John ignorait ce qu'il y avait à l'intérieur du sac mais il se doutait qu'il devait s'y trouver une bonne partie de sa vie. Ainsi, alors qu'il réduisait les mètres entre eux au fur et à mesure, il était agréablement surpris d'avoir prêté assistance à une aussi belle femme, un peu plus jeune que lui visiblement. Il montra ensuite le sac à main qu'il avait réussit à récupérer et à voir le sourire qui illumina le visage de la jeune femme, il sut immédiatement qu'il aurait envi de faire davantage connaissance avec elle, une pointe de désir commençant à germer en lui. Après le paquet d'argent qu'il venait de se faire lors de son combat, c'était définitivement son jour de chance aujourd'hui... et il savait déjà qu'il ne l'oublierait pas de sitôt alors qu'il arriva enfin devant la jeune femme. ”C'est à toi ?” lui demanda-t-il avec un large sourire, oubliant totalement les traces de combat et de sang qu'il portait encore à son visage et sur les mains, se contentant de la dévorer des yeux tout en se pinçant les lèvres.

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"Oh merci !!" s'exclama, pleine de joie et sans doute aussi de reconnaissance, la jeune femme qui se tenait juste devant John et à qui il venait de rapporter son sac à main. Il restait ainsi debout devant elle, sans dire un mot, avant qu'elle ne relève enfin les yeux dans sa direction. John crut y percevoir une étincelle au fond de ses iris noisette lorsque leurs regards se captèrent enfin. Mais peut-être que cela n'était finalement que le reflet lumineux du lampadaire qui se trouvait derrière lui après tout... Elle mit quelques instants à se caler sur les traits de son visage avant qu'elle ne remarque sa blessure à l'arcade. "C'est pas vrai ! Tu... tu saignes." John l'avait presque oubliée cette vilaine blessure qu'il s'était faite lors du combat qu'il avait livré ce soir, entièrement submergé par l'aura que dégageait cette belle inconnue. ”Ce n'est rien t'inquiètes...” lui dit-il pour la rassurer mais elle semblait chercher quelque chose autour d'elle avant qu'elle ne lui attrape le poignet une fois qu'elle avait trouvé ce qu'elle cherchait. John ne comprit pas tout de suite où elle voulait en venir mais se laissa entraîner volontiers derrière elle, la dévorant toujours du regard, jusqu'à ce qu'elle l'amène devant un petit muret. "Assieds-toi." lui dit-elle avec juste ce qu'il fallait de fermeté dans le ton de sa voix, contrastant à merveille avec le timbre naturel plus doux qu'elle avait eu tout à l'heure et qui avait tout de suite plu au jeune homme. Des femmes il en avait côtoyé un paquet, cumulant les aventures depuis bientôt quinze ans et il aurait bien été incapable d'en dire le nombre exact, mais la jeune femme qui se trouvait devant lui dégageait quelque chose d'autre qu'il n'avait pas encore eu la chance de croiser dans sa vie. Ainsi il lui obéit et s'assit sur le muret en question pendant qu'elle cherchait quelque chose dans son sac. La situation l'amusait beaucoup et un sourire ne quittait pas son visage depuis tout à l'heure, la voyant finalement sortir une petite trousse de secours. ”Dis donc c'est tout un arsenal que tu as là...” plaisanta-t-il en voyant les différents produits se soins qui se trouvaient à l'intérieur. Evidemment cela n'avait absolument rien à voir avec l'arsenal que lui cachait au sein d'une fausse armoire dans son appartement, chacun ayant ses propres centres d'intérêts. Et si lui possédait tout un arsenal d'armes à son domicile du fait de son activité illégale, si elle avait tout un équipement de soins constamment sur elle, peut-être que cela voudrait dire qu'elle travaillait dans le milieu médical ? Une infirmière peut-être ? En tout cas, cette déduction lui semblait probable étant donné qu'elle avait pris de quoi le désinfecter au niveau de l'arcade dans un premier temps. Elle se trouvait juste devant lui et il avait senti que cela semblait important pour elle, alors il la laissait faire. Il entreprit juste d'écarter ses deux jambes, dégageant ainsi de la place pour qu'elle puisse se rapprocher davantage en venant presque se coller à lui pour mieux voir et soigner la blessure qu'il avait à l'arcade. Elle était vraiment à croquer à la voir aussi concentrée sur sa tâche, à s'occuper ainsi de lui. En cherchant au fin fond de sa mémoire, il n'y avait eu qu'une seule autre femme qui avait déjà pris soin de lui de cette manière et c'était sa petite sœur après qu'il avait essuyé de nombreux coups pendant leur enfance. Elle avait donc régulièrement joué à l'infirmière et lui jouait le jeu afin de leur faire un peu oublier l'horrible quotidien qu'ils avaient vécus pendant toutes ces années. Mais ce soir, c'était différent, il ressentait une forte attirance envers celle qui le soignait et, l'air de rien, il bougea sa jambe droite pour la laisser revenir à l'arrière de la cuisse de son infirmière du jour en la frôlant légèrement. Suffisamment pour sentir une certaine électricité se créer petit à petit sans que le contact ne soit trop marqué ou appuyé. Juste ce qu'il fallait pour faire monter l'excitation...

Mais il ne savait même pas si elle avait remarqué ce léger affleurement car elle restait concentrée telle une professionnelle et s'occupait désormais de ses mains qu'elle entreprit de bander. ”Ce n'est pas obligé tu sais...” lui dit-il mais en continuant malgré tout de se laisser faire, appréciant par-dessus tout le contact léger et délicat des mains de la jeune femme sur sa peau. Une fois qu'elle avait finit sa tâche, elle releva enfin ses beaux yeux noisette sur lui, ce qui le fit naturellement craquer. Elle n'avait pas reculé et se trouvait toujours très proche de John, elle était entrée naturellement dans sa bulle et lui devait certainement être dans sa sienne sans que ni l'un ni l'autre ne se rejette, on pouvait palper ce rapprochement dans l'air. Cependant elle venait malgré tout de rompre le contact physique avec lui en terminant les soins et, de peur qu'elle ne s'éloigne trop vite, il posa sa main sur son avant bras comme pour l'inciter à rester. "Navrée... tu veux que je t'accompagne à l'hôpital ? Je bosse au Mater Hospital, je devrais pouvoir te faire passer en priorité..." La jeune femme lui avait parler d'un air désolé tout en faisant une légère moue. En tout cas, il eut la confirmation qu'elle travaillait bien dans le milieu médical comme il se l'était supposé. "Et peut-être qu'après je pourrai t'inviter à boire un verre pour te remercier ?" ajouta-t-elle ensuite avec une lueur au fond du regard. Ainsi, il ne devait pas la laisser indifférente et c'est tout ce que John avait retenu à cet instant précis. L'hôpital il en avait que faire, ce n'était pas la première fois qu'il avait des hématomes sur le corps et il savait très bien s'en remettre naturellement sans avoir à passer par la case urgence. Sans compter qu'il n'avait absolument aucune intention de passer les prochaines heures à venir dans une salle d'attente au milieu de personnes malades et d'une ambiance sonore qui mettrait son baromètre corporel d'excitation proche de zéro... Non à cet instant précis, il avait envie d'une toute autre compagnie... ”Je n'ai pas besoin d'aller à l'hôpital, j'ai déjà tout ce qu'il me faut ici. De plus, je suis persuadé qu'on n'aurait pas pu me soigner mieux que cela... Merci” lui dit-il d'un ton charmeur en la regardant dans les yeux avant de faire glisser ses doigts le long de son avant bras jusqu'à son poignet. Il lui prit ensuite la main afin de pouvoir l'observer plus attentivement sous toutes ses coutures comme s'il s'agissait d'un objet précieux ”Tu as vraiment des doigts de fée...” la complimenta-t-il avant de venir poser la main de la jeune femme directement à plat sur la poitrine de John afin qu'elle puisse sentir les battements de son cœur juste en dessous. Il y avait des choses qu'on ne pouvait pas comprendre dans la vie et cet instant en faisait irrémédiablement partie. Alors qu'il ne savait absolument rien de cette femme, même pas son nom, il avait juste envie que ce contact ne s'arrête pour rien au monde et qu'elle se rapproche encore plus de lui...

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