Un sourire s’enchevêtre aux lèvres d’Alienor, complètement sous le charme, alors que John valide l’idée de se revoir. Que tout ça ne soit pas simplement un one-night stand. Pas qu’elle soit contre l’idée des coups d’un soir – parfois c’est agréable de ne pas chercher à se prendre la tête avec l’idée d’une relation et simplement profiter du moment présent –, mais à force d’enchaîner des histoires branlantes et soit trop éphémère, soit qui lui brisent le cœur, Ally a envie d’autre chose. Des bras d’un homme pour la réchauffer la nuit. De l’odeur du café qu’on aurait préparé rien que pour elle le matin. De mots d’amour pour égayer son quotidien. Et, même si elle ne connaît John que depuis quelques heures, il semble avoir le profil parfait pour ça.
Un véritable prince charmant. Qui ne fuit pas quand elle lui avoue avoir un fils – alors que ça en a déjà rebuté plus d’un la perspective de se traîner une mère de famille.
– Tom !La jeune mère aurait pu parler pendant des heures de son fils qui l’impressionnait chaque jour un peu plus. Cependant, ce soir, elle avait d’autres idées en tête que de s’étendre sur les extraordinaires capacités du garçon de 6 ans. Ils pouvaient bien mettre ce sujet de côté, histoire de se découvrir autrement… le reste viendrait plus tard.
* * *
Trois semaines plus tard.Impossible de tricher, le foulard est trop bien installé au-dessus de ses paupières pour que la victime du subterfuge tente de jeter un coup d’œil vers la destination surprise. Curieuse de nature, Alienor tente de capter tous les indices qui l’entourent, du ronronnement des voitures aux piaillements des oiseaux – dommage qu’elle ne soit pas assez douée en ornithologie pour les reconnaître et surtout cartographes leurs habitats, devinant ainsi dans quel coin ils roulent même si, de toute manière, ces choses là ne marchaient que dans les films. De toute manière, elle fait entièrement confiance à celui qui l’a aveuglée. Clay dirait probablement qu’elle est bien trop naïve, sauf que ça fait bien cinq ans que le bougre a disparu sans se décider à donner des nouvelles. Qu’importe, Ally est capable de se débrouiller toute seule. Enfin presque ; Tom est chez sa marraine et sa soirée est libre jusqu’au bout de la nuit. De quoi bien profiter de celui qui met des paillettes dans sa vie depuis trois semaines déjà.
Un véritable conte de fée.– J’espère que tu n’es pas en train de m’emmener en pleine forêt pour me faire creuser ma propre tombe avant de m’y pousser, s’amuse-t-elle sur le ton de la plaisanterie.
John est, à ses yeux, bien trop gentil pour se révéler être un malfrat. De son propre avis, il est le genre idéal et si elle ne lui a pas encore officiellement présenté son fils, elle sait que ce moment ne tardera plus vraiment. Elle a retardé l’échéance car elle ne veut pas que Tom s’attache avant de souffrir d’une potentielle séparation. Mais il faut se rendre à l’évidence :il est l’homme parfait, et elle est complètement en train de tomber amoureuse.
La voiture finit par s’immobiliser et avant d’avoir pu dire quoi que ce soit, Alienor se retrouve seule à patienter dans son siège, tout en résistant à l’envie terrible d’arracher le bandeau qui lui cache la vue.
Serait-ce si terrible ? Après tout, elle peut le glisser rapidement et il n’en saurait jamais rien… Elle se contraint cependant à respecter les règles du jeu, jusqu’au moment où l’organisateur de tout ça revient. La tension est à son comble alors qu’il l’aide à sortir de l’automobile tout en l’embrassant dans le cou qu’il sait si sensible à ce genre de caresse.
D’un hochement de la tête, la femme n’hésite pas à confirmer à quel point elle lui fait confiance. Et c’est sans aucune hésitation qu’elle lui emboîte le pas, tout en s’accrochant à lui. Malgré le tissu de ses habits, elle peut sentir les muscles qu’elle connaît assez bien désormais, pour avoir pu les caresser plus d’une fois ces derniers temps.
– En tout cas, tu sais ménager le suspens !Enfin, elle le sent bouger pour venir se glisser dans son dos et, naturellement, sa tête se laisse bercer contre son torse. L’odeur de son parfum l’enivre un instant et elle pourrait rester ainsi pendant des heures. Seulement, la curiosité la ramène brusquement sur Terre alors qu’il l’autorise enfin à ôter son bandeau. Enfin… presque. Les trois secondes s’égrainent bien trop lentement et elle trépigne quand enfin le dernier chiffre est prononcé. Le foulard retiré, Alienor cligne quelque fois des yeux face à la lumière qui lui fait face et, surtout, le paysage qui la laisse momentanément sans voix.
– C’est… c’est la première fois qu’on m’organise un truc comme ça, parvient-elle finalement enfin à articuler.
Ça la change des rencards avec Saul qui l’emmenait dans des restaurants poussiéreux desquels ils finissaient toujours pas se tirer en courant car il n’avait jamais de quoi payer. Ou bien des lapins que lui laissait constamment un de ses ex. Là, la vue est magnifique et l’émeut presque. Se blottissant un peu plus contre le torse dans son dos, elle ne peut s’empêcher de murmurer face à la beauté de la ville.
– Merci.le cœur tout émoustillé.