a not so meet-cute
@Channing Walker + Willow Storm
lieu: the walker group, central business district, spring hill

« Maman, je t’ai déjà dit cent fois de ne pas fumer dans la maison. » Il y a un large nuage de boucane qui entoure ta mère, un coude contre la table, le menton appuyé contre une main, l’autre te faisant signe de lui foutre la paix d’une manière qui est bien trop familière. Si tu ne parviens pas à regretter pleinement d’avoir quitté cet appartement minable dans lequel tu as passé toute ton adolescence, tu ne peux t’empêcher de t’en vouloir de ne pas avoir les moyens de sortir ta sœur de cette misère. Alors tu fais du mieux que tu peux, même si tu n’as pas le temps, même si tu n’as pas les moyens de gaspiller ton gaz entre ton appartement et celui de ta mère. Tu sais que si tu n’apportes pas ta sœur à l’école, ce n'est certainement pas ta génitrice qui va l’y mener. Surtout pas dans l’état dans lequel elle semble être ce matin. Tu sais que si elle est réveillée à cette heure-là, c’est qu’elle ne s’est pas encore couchée. Tu détestes penser au fait qu’il n’y avait personne avec Jessie pendant la nuit, mais au moins elle sait comment te rejoindre s’il y arrive quoique ce soit et tu te consoles avec le fait qu’elle soit assez grande pour ne laisser personne entrer. C’est plus que ce que toi tu avais à son âge, malheureusement. « T’es prête? » que tu demandes à Jessie une fois qu’elle apparaît à l’entrée de la cuisine. Il y a des noeuds dans ses cheveux, des tâches sur son uniforme et elle te paraît encore plus mince que la dernière fois que tu l’as vu, il y a deux jours à peine. Si tu ne peux rien faire pour ce dernier point, tu sais qu’une fois dans ta voiture, il y a une brosse qui va trouver le chemin de ses cheveux et un uniforme fraîchement lavé sur le siège arrière de ta voiture. Il y a longtemps que tu sais maintenant que le mieux que tu puisses faire pour ta sœur, c’est d’avoir tout ce qu’elle peut avoir de besoin à portée de main, loin des négligences et des vols trop fréquents de votre mère.

Il y a quelques larmes qui coulent sur les joues de ta sœur lorsque tu t’attaques à ses cheveux une fois devant l’école, mais les remerciements sont sincères lorsqu’elle te souhaite une bonne journée. Tu t’assures qu’elle parte avec le lunch que tu lui as préparé, persuadé que les armoires et le frigo sont une fois encore complètement vides chez ta mère. C’est toujours comme ça, après un weekend de débauche. Tu promets de lui faire un rapport complet sur le début de ta deuxième semaine de travail au Walker Group, même si tu crains de ne rien avoir de bien intéressant à lui dire, considérant que ton travail d’assistante de l’assistante consiste surtout à faire des photocopies et préparer des cafés pour des gens qui ne prennent même pas le temps de te dire bonjour lorsqu’ils te croisent dans les corridors. C’est loin de la carrière de rêve que tu t’imaginais en architecture lorsque tu as commencé tes études il y a si longtemps de ça maintenant, mais c’est un pas dans la porte que tu n’avais pas le mois dernier alors tu essayes de te convaincre que ça en vaut la peine, qu’au moins, tu es plus proche que jamais d’un futur qui aurait dû être le tien, même s’il ne le sera probablement jamais désormais. C’est seulement lorsque tu entres dans les bureaux que tu réalises que ton linge empeste désormais la cigarette, tes cheveux aussi probablement. Tu soupires, alors que tu cherches encore dans quelle direction te rentre, la bâtisse du Walker Group encore peu familière pour toi. Les mains armées de gobelets remplis de café, tu erres rapidement les corridors à la recherche de ta superviseure, le nez dans ton téléphone à la recherche du local où elle t’a donne rendez-vous. Tu ne vois pas l’homme qui approche trop rapidement dans ta direction, pas avant qu’un des cafés dans tes mains ne finisse sur sa chemise blanche, un autre peinturant ta blouse et t’ébouillanant au passage. « Fuck, fuck, fuck. » tu murmures alors que tu cherches comment faire disparaître le liquide qui brûle ton épiderme, tes mains encore pleines t’empêchant de faire quoique ce soit. Tu relèves la tête, te souvenant soudainement que tu n’es pas la seule victime de ta maladresse. « Oh putain, je suis désolée. » Le juron s’échappe involontairement de tes lèvres, alors que tu fais face à un air sévère qui ne semble pas le moindrement impressionné par ta présence ici ce matin. What’s new?

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@Channing Walker + Willow Storm
lieu: the walker group, central business district, spring hill

Il ne manquait plus que ça. Tout ce que tu voulais, pour une fois dans ta vie, c’est que les choses roulent le plus normalement possible. Pas d’accroche, pas d’embrouille. Juste toi, un boulot moindrement convenable, une réputation qui ne te colle pas à la peau comme celle que tu arbores depuis ta plus tendre enfance et enfin la chance d’être bien quelque part. Est-ce que c’était trop demandé? Tu voulais croire que non, qu’après tout ce que tu avais traversé avec ta sœur, vous auriez enfin droit à un peu de répit. Que ce boulot au Walker Group serait ta chance à un renouveau, même si ton poste n’est pas celui dont tu as toujours rêvé et que tes tâches sont loin de t’apporter le sentiment de satisfaction que tu espérais tant obtenir au travers des murs de cet établissement. Non, ça, tu aurais pu vivre avec. Dieu sait que tu vivais avec bien pire au quotidien, mais au moins, tu n’étais personne ici. Que l’assistante d’une assistante, quelqu’un qui se perd entre les murs, quelqu’un dont on oublie l’existence. Mais ça, c’était avant que tu ne deviennes celle qui renverse des cafés sur les employés. Avant que tu ne deviennes celle qu’on se permet de relooker de la tête aux pieds avec un regard tellement plein de jugements que si tu n’étais pas déjà habituée à ce genre de traitements, tu aurais sans doute eu envie de disparaître sur place. Mais fort heureusement pour toi, tu es habitué aux regards froids et aux jugements peu camouflés, et si tu persistes à te sentir mal d’avoir ébouillanté l’homme face à toi, son attitude fait rapidement fondre toute trace de culpabilité. « Pas autant que moi. Lâchez ça, vous continuez de vous ébouillanter. » Il n’a pas tort, mais il y a ce côté puéril et défiant de ta personnalité qui te donne presque envie de ne pas l’écouter, même si franchement, tes pauvres mains risquent de regretter le contact continu avec le café.

C’est presque comique, la manière dont vous vous penchez en même temps, tes genoux qui rentrent légèrement en collision avec les siens alors que tu déposes finalement le café au sol, à la recherche de quelque chose, n’importe quoi pour essayer de l’aider à essuyer la tâche sur sa chemise, oubliant temporairement que ta blouse à aussi fait les frais de cet accident. « C’est pas dramatique, laissez. » « J’essayais simplement d’aider. » que tu marmonnes, plus pour toi que pour lui. Ton regard s’attarde finalement sur le sien, et tu es choquée sur place lorsque des yeux ambrés s’accrochent aux tiens, une chaleur qui en émane si différente de tout ce que le reste de son être semble décidé à montrer au monde entier. Tu abandonnes toute tentative de lui venir en aide, essuyant machinalement tes mains humides contre le tissu foncé de ton pantalon. Tu es en train de te mettre encore plus en retard avec tout ça, et tu ne sais toujours pas où tu t’en vas. « Vous en profiterez pour vous changer, Willow. » « Pardon? » Tu n’apprécies pas le ton avec lequel il te parle, la manière dont il prononce ton prénom comme s’il s’agissait d’une insulte. Tu fronces les sourcils, incapable de te retenir de le dévisager de la même manière dont il ne s’est pas gêné de le faire avec toi. Tu n’es pas petite, mais il te domine de plusieurs centimètres, sa présence est imposante bien au-delà de son apparence physique. Tu refuses de te faire toute petite devant lui, ton regard continuant de défier le sien. « Puisque vous avez une tenue qui vous attend, pas vrai? » « J’avais pas vraiment prévu de me faire attaquer par un café ce matin, donc non. » que tu répliques sur le même ton qu’il emploie à ton égard. Tu sais que tu devrais calmer ton attitude, te la jouer plus douce, pour ne pas laisser une mauvaise première impression, mais tu es déjà à bout de patience et de toute évidence, ta journée ne semble pas être sur le point de s’améliorer. « Je pense que vous devriez vous inquiéter pour votre look plutôt que du mien. » Tu cherches sa chemise des yeux, à la recherche de ce tag ridicule sur lequel son nom devrait être inscrit, sans le trouver. « Et si je me trompe pas, le name tag est obligatoire. » que tu rajoutes d’un ton faussement saccharine, un faux sourire habitant tes lèvres.