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Vingt-et-une heures ce soir, au casino de Fortitude Valley., voilà le rendez-vous qu'il avait lancé au fantôme de son passé. Danaë version deux point zéro, démon d'insolence caché sous des traits d'ange, souvenir d'une période révolue. Elle avait bien changé, la petite. Autant physiquement que dans son comportement. Etait-ce seulement son mentor qui avait créé ce monstre d'assurance et de négligence, ou la perte de ses deux parents avait-elle joué sa part de responsabilité? Et quoi d'autre, encore? Seth n'avait pas le souvenir de lui avoir appris à être désobligeante et désinvolte, quand bien même il cautionnait ce genre de comportement, il était loin de le tolérer de la part de la fillette élevée dans la famille qui l'avait tiré de la rue et promu au rang de dieu de la négociation, et quelque part aussi, du chaos. Si faire bonne figure dans les couloirs de l'université était primordial pour ne pas entâcher sa couverture du parfait et irréprochable maître de conférence, il serait sans doute plus à l'aise à la table d'un casino, un verre à la main.

Il n'était pas tout à fait vingt-et-une heure quand sa voiture se garait sur le parking de l'Octopus, mais la nuit était déjà tombée, et avec elle le voile masquant les rides creusées par la routine et la lassitude. Le soir, défaits des contraintes professionnelles et des obligations familiales, les habitants de Brisbane pouvait être qui ils voulaient, eux-mêmes, ou une personne totalement différente. C'était à ce jeu-là que Seth avait appris à jouer à une Danaë adolescente, consciente du pouvoir d'appliquer cette leçon à n'importe quel moment de la journée, dans n'importe quel lieu et vers n'importe qui. Le monde à tes pieds, lui avait-il enseigné. Tandis qu'à ses propres pieds il écrasait le mégot d'une énième cigarette, envoyée trop vite dans ses poumons, il entreprit de pousser la porte. Le shoot de nicotine ne lui faisait plus rien, à ce stade, ses organes respiratoires étaient très probablement aussi noirs que son coeur solitaire.

Les odeurs, les vapeurs, les cris de désespoir des perdants et l'avidité des gagnants, tout ce vacarme se sentait à peine le seuil franchi. Le casino était un lieu de plaisir et de perdition, où l'on pouvait à la fois tout perdre et tout gagner. Seth n'était pas un adepte des jeux d'argent, toutefois il observait les lieux avec un intérêt tout particulier. Son contact calabrais l'avait mis sur la piste d'un éventuel partenaire, dont le siège n'était nul autre que l'Octopus. D'une pierre deux coups, ce soir il avait l'alibi parfait pour mettre les pieds dans cet endroit où coulait le luxe et le champagne. Danaë n'était pas encore là - tout du moins elle n'apparut pas dans le champ de vision de l'archéologue. Il se dirigea donc vers le bar, en l'attendant, et commanda  "Un whisky. Double. Sans glace. ", à la serveuse qui s'exécuta silencieusement. Assis sur son tabouret, Seth vit au loin un joueur hurler sur sa femme qui venait de lui faire perdre mille dollars à la roulette, une bande de jeunes adultes tenter leur chance dans une machine à sous, et un alcoolique à quelques mètres de lui qui ne tenait déjà presque plus au comptoir. Viendras-tu, Danaë?  


  

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Quelques heures ont été nécessaires, une fois rentrée, pour admettre cette nouvelle réalité. Son mentor, son lien ambigu de petite gazelle innocente est bien là, en ville, et lui donnera des cours tout au long de l'année. Pire, il lui a déjà donné rendez-vous. Sur quel pied doit-elle danser, auprès d'un homme qu'elle connait si bien, et qui demeure pourtant un inconnu ? L'apéritif avant l'heure était de mise pour faire passer la pilule; si rien n'a été raconté à sa sœur, c'est parce qu'elle ne réalise pas encore, parce qu'une partie d'elle préfère croire à une hallucination qu'à de véritables retrouvailles.

Les émotions en rollercoaster, quatre verres descendus pour noyer toute sensation, flotter au dessus des problèmes et des prises de tête dont elle se passerait volontiers. Peut-être est-ce positif, un appui pour le futur, un oiseau de bon augure, le signe du destin que tout se passera bien; peut-être est-ce un mauvais présage, l'amorce de sa chute annoncée par le cavalier de l'apocalypse. Sans être foncièrement superstitieuse, Danaë sait reconnaitre un tournant dans sa vie : perdre Amos et retrouver Seth, cela n'a rien d'anodin - le premier voulait foncièrement la sortir des emmerdes, quand le second y trempe depuis.. aussi loin qu'elle se souvienne.

L'Octopus est son terrain de jeu quotidien, presque une seconde maison; elle en connait chaque recoin, chaque visage et peut ainsi remarquer, d'un battement de cils, les nouvelles ombres errantes qui y déambulent. Seth fait partie du lot, et son regard l'accroche comme une entité intruse de l'habituelle équation. C'est son territoire, et cela rajoute à l'assurance nonchalante qui transpire de sa démarche. Loin des vieux jeans d'adolescente prépubère, la perche est désormais une femme, et souhaite être ainsi contemplée. Point de tenue simpliste : c'est le grand jeu, une robe dont elle apprécie la finesse, cette sensualité sobre et un brin prétentieuse qui lui colle au teint, mettant en valeur ses courbes graciles et ses longues jambes, toujours rehaussées de talons hauts. Que le diable tente donc de la prendre pour une jouvencelle, et elle répliquera de ses meilleurs atours.

Saluant un collègue, à peine étonné de la voir traîner dans les allées du Casino, Danaë se dirige vers le bar, vers l'assise disponible aux côtés de l'archéologue; ce n'est sûrement pas une bonne idée, et sans doute devrait-elle s'en tenir aux échanges professionnels d'université.. Mais le goût du danger est une drogue dont elle ne peut se passer. Seth représente toute cette folie qui la rend vivante, et une occasion de boucler la boucle avec son passé. - T'aurais au moins pu m'inviter au restau' pour un premier date. le salue-t-elle d'un sourire amusé, prenant place de trois quarts-face au bar, tout juste disposée à pivoter en sa direction. - La même chose, avec des glaçons. commande-t-elle en suivant, effleurant le visage de la barmaid d'une esquisse gratifiante. - Alors dis moi.. Qu'est-ce que tu caches cette fois ? prunelles ténébreuses en mire sur les jumelles; son arrivée n'est pas un hasard, et quiconque irait croire que Seth s'est rangé tomberait dans une vaste illusion. Il possède une motivation; quelque chose l'a amené à Brisbane, et elle se fera un plaisir de creuser pour découvrir ce qu'il en est. Dommage que ce ne soit vraisemblablement pas moi.
  

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La dualité de Janus, dieu romain des commencements et des fins, avec ses deux visages dont l'un était tourné vers le passé, et le second vers l'avenir, s'imposa à Seth comme une évidence. Il avait du mal lui-même à admettre l'énorme coïncidence qui avait bousculé sa journée, et peut-être bien, la suite de sa vie australienne. Il était comme Janus, dont les yeux multiples ne savaient où poser leur regard. Quelles chances y avait-il pour retrouver ici la jeune adolescente à qui il racontait des histoires, lui apprenant à en faire de même? Le passé nous rattrape toujours, et pourtant, il n'y avait jamais véritablement cru. La vie - ou le karma - venait apporter sa petite vengeance personnelle pour punir Seth d'avoir quitté le navire quand la famille Lescaut avait coulé, rejetant de la mer une belle et jeune naïade désormais nubile. Viendrait-elle se nourrir des nouveautés et l'abreuver des siennes? Ou s'écarterait-elle de cette voie ambiguë? Se cantonnerait-elle à leur passé révolu, ou regarderait-elle davantage vers un avenir incertain?

Seth, qui avait déjà bu la moitié de son whisky quand le doute se leva, la vit arriver de loin. Elle déambulait dans le casino en ligne droite, comme un mannequin sur une piste, pleine d'assurance et irradiant d'une beauté incontestable dans sa petite robe blanche, dont le bustier soulignait parfaitement sa poitrine et la coupe moulant divinement son corps frêle. La nymphe salua au passage un homme, qu'elle semblait connaître, parfaitement à l'aise dans un environnement qui, d'un point de vue extérieur, paraissait plutôt familier à la jeune femme. Seth le remarqua et en laissa échapper un bref rire amusé. Et elle sous-entendait qu'il aurait dû choisir un autre lieu de rendez-vous, comme un restaurant, pour un premier "date". "Tu as pourtant l'air parfaitement à ton aise ici.", lui répondit-il, le regard plein de sous-entendus. Allez, avoue, tu passes toutes tes soirées étudiantes ici avec tes petits copains de la fac? Tu y fais la plonge quand t'es pas en train d'attirer tous les regards?. "Je ne crois pas qu'on puisse appeler ça un "date".", rectifia-t-il. Il laisse sa phrase flotter dans l'air tandis que Danaë commandait la même boisson que celle qu'il venait de terminer d'une traite, décontenancé par l'aisance de la petite fille retrouvée. Il recommanda la même chose d'un geste du doigt qu'il tourna en rond dans l'air comme pour dire "encore".

Ses doigts n'effleurèrent pas le visage de la barmaid, il n'y eut aucune esquisse gratifiante de sa part. La naïade ne semblait pas seulement fréquenter cet endroit, elle "vivait" ici, d'une présence qui paraissait le plus naturel du monde, elle appartenait à ce lieu. Cette pensée fut balayée par la question à double tranchant de Danaë. Qu'est-ce qu'il faisait ici, à Brisbane? Qu'est-ce qu'il cachait cette fois?  "Rien que tu ne puisses mettre dans un rapport de stage.", répondit-il, amusé de la demande de la jeune femme, frileux de dévoiler tout de suite ses cartes. Comme s'il avait toujours quelque chose à cacher. Comme s'il avait d'autres idées derrière la tête que le simple emploi qu'elle lui connaissait depuis ce matin. Elle ne le connaissait plus, mais quelque part aussi, elle le connaissait bien. "Ton doyen te l'a dit ce matin, on m'a embauché comme maître de conférence en archéologie.", le sourire empli de malice sur ses lèvres trahissait tous les secrets et les non-dits et contrastait avec son regard assombri par le vice et les mensonges répétés. Pouvait-il seulement avoir assez confiance en elle pour lui révéler la raison de sa présence ici? "J'ai un chantier en parallèle, dans les environs.", résuma-t-il, excluant volontairement les détails. Il ne pouvait s'empêcher de la regarder, observant son visage comme un papyrus rempli de hiéroglyphes qu'il essayait de déchiffrer. Quand leurs verres furent posés sur le comptoir, il fut heureux de tremper les lèvres dans le sien pour détacher les yeux de l'oeuvre d'art adossée au marbre, à côté de lui. "Et toi. Qu'as-tu appris à cacher ici?", lança-t-il. Sa question pouvait aussi bien être interprétée comme ici, à Brisbane, ou ici, à l'Octopus. Il y avait bien des choses qu'elle ne lui disait pas et, de la même façon qu'il en était capable lorsqu'ils se fréquentaient en Amérique, il pouvait le sentir. C'était palpable comme une certitude au fond du coeur.        






  

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Welcome in my Kingdom. serait-elle tentée de lui dire, si le mystère n'était pas aussi alléchant. A l'évidence, une personne avec des qualités d'observation comme Seth ne pourra que tilter sur l'aisance qui irradie de ses pores, et traduit sa familiarité avec les lieux. Inutile de faire semblant, ou de prétendre l'inverse : il faut, au contraire, en tirer parti. C'est son terrain de jeu, son espace de sécurité - quoi qu'on puisse en dire, l'une des deux places de Brisbane qu'elle appelle "maison". Voulait-il l'impressionner en l'invitant ici ? L'amener dans une sphère que le souvenir d'une petite fille ne pourrait côtoyer ? Après tout, c'est vrai, il aurait pu choisir n'importe quel endroit, surtout pour leurs retrouvailles. L'aile d'un musée, un parc ou un restaurant, même la plage ou, pour rester dans leur thème, l'un des nombreux sites de fouille du continent. Au lieu de quoi, ils sont plantés entre les machines à sous - pas que cela lui déplaise, mais le choix est susceptible de la faire tiquer.

Un haussement d'épaules, appuyé de son sourire amusé, vient répondre à sa remarque; elle joue effrontément, oscille éhontément entre un comportement de gamine et celui d'une femme, dans la force de l'âge. P'têt bien qu'oui, p'têt bien qu'non. Il n'a pas vu les salons de l'étage, les loges privées et la luxure qui transpire des velours; c'est son péché mignon, et peut-être un moule dans lequel il aurait du mal à la projeter. - Non, en effet. souligne-t-elle d'un simple acquiescement, sans se départir de son air suffisant; - C'était juste pour te faire rebondir dessus. elle n'accepterait jamais un rencard avec Seth.... pas vrai ? Leur relation n'a strictement rien à voir avec des influences romantiques, sentimentales ou sexuelles, mais ce simple mot lui permettait de créer une brèche, et de laisser le ténébreux s'y engouffrer, ou la refermer. Moins de flou, plus de clarté dans les intentions.

- Of course. balance-t-elle, de son accent à la consonance new-yorkaise; les plans du dieu ne sont jamais à remettre dans un contexte officiel, et encore moins pour le domaine universitaire. Il n'a pas changé, et cela a le don de lui tirer un vilain rictus. C'est de ce Seth là dont j'ai besoin. - Un maître de conférence qu'on ne peut pas utiliser sur un cv.. Quel dommage. l'adrénaline revient doucement, courant subtil qui transcende l'organisme, vient créer quelques picotements au bout de ses doigts; le suspicieux l'attire indéniablement, c'est même tout ce qui peut la séduire. - Officiel ? s'enquiert-elle à sa suite, sachant pertinemment que certains archéologues se passent des autorisations pour fouiller.. Et rendre les rapports. Dans l'éclat scintillant de ses obsidiennes, pourra-t-il trouver toute la force de l'intérêt qui l'étreint à cette idée; que le chantier soit officiel ou pratiqué sous les radars, elle sera la première intéressée. - Moi-même. répondit-elle après une ou deux secondes de flottement, volontairement laissées en suspens. Danaë reste concise, ne lui laisse que des miettes avec lesquelles s'amuser, puisse-t-il tenter de la déchiffrer. Dans leur nature, c'est de loin le plus intéressant. Répond-elle au sens littéral, ou figuré ? - Je pense que tu l'ignores, mais l'Australie a été une destination imposée. Je suis simplement montée dans un avion. and here I am. Qu'a-t-elle fait ensuite de Brisbane ? C'est un chapitre qu'elle ne contera pas, qui n'a rien d'intéressant; après tout, s'il devait effectuer des recherches, peut-être réaliserait-il qu'elle n'a commencé ses études que tardivement, en comparaison de son temps passé sur le sol des kangourous. - Et je n'ai plus besoin de toi pour lire des hiéroglyphes. rajoute-t-elle, digne clin d’œil à un souvenir d'enfance : et ça, tu peux le lire ? Et là, y a marqué quoi ? La fuite d'Amérique a provoqué - ou forcé - sa prise d'indépendance, aujourd'hui revendiquée franchement; néanmoins, elle ne peut nier avoir besoin de lui, sur tout un tas de plans, de projets et de sujets. D'une façon ou d'une autre, bonhomme, tu reviendras dans mon filet.  

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Le choix du lieu de rendez-vous était tout trouvé, Seth n'avait pas eu à réfléchir bien longtemps. Sous des apparences de date potentiel, les intentions masquées d'en apprendre plus sur cet endroit, repérer les lieux, l'agencement, croiser un visage attendu, faussement familier. L'archéologue était encore loin de se douter que la jeune femme qui lui faisait face pouvait tout aussi bien être une porte d'entrée alternative pour le monde qu'il cherchait à pénétrer. Son contact calabrais lui avait signalé un point de chute ici, il ne manquait plus que l'occasion à saisir. L'heure était au funambulisme, et Seth sentit bien vite qu'il était entré dans un jeu pernicieux, marchant sur un fil en évitant les pièges que la naïade glissait dans ses mots, choisis avec l'intelligence d'une nymphe qui semblait habituée à retourner le cerveau de ses victimes. Pas avec moi, Danaë. Il se souvenait bien de la frêle Lescaut adolescente qui vénérait l'homme plus âgé, mature, aux mille histoires qu'il était alors, mais savait parfaitement que ces idylles adolescentes s'évanouissaient rapidement avec les années, la magie disparaissant avec les rencontres et les déceptions qui allaient avec. "Donc c'était un test.", s'amusa-t-il, dévoilant l'une de ses mimiques caractéristiques. La fugacité de l'adolescence n'était pas si loin, finalement, et sous la couche de maquillage et la robe d'une dame se cachait toujours la petite chose fragile que Seth appréciait tant, dans un passé révolu qui paraissait bien lointain. L'avait-il jamais considéré comme une... soeur? ou la moitié de ça? Non, la famille n'avait jamais été son fort. Elle était un pion sur l'échiquier géant de la vie, mais le genre de pion que l'on aimait garder jusqu'à la fin du jeu. Peut-être le deuxième fou, l'archéologue étant le premier.  

Elle piquait, délicieuse, du venin sur le bout de sa langue que l'on aimerait déguster, se lamentant d'avoir en face d'elle un maître de conférence inutilisable sur un curriculum vitae et donc inutile, par traduction. Seth ne s'en offusqua pas, l'enseignement n'était pas le nerf de sa guerre. "Les recommandations se méritent.", répliqua-t-il, plus par réflexe défensif et pour piquer la nymphe à son tour que par un quelconque réel besoin viscéral. Ce qui ressemblait à un semi sourire mesquin s'était brièvement dessiné sur ses lèvres, qu'il trempa à nouveau dans son whisky. Les tâcles gentillets menèrent vite à ce qui intéressait réellement Danaë, à savoir les activités professionnelles de l'archéologue qu'elle connaissait. Des activités officielles? "En partie.", répondit Seth, évasif, laissant ses pensées achever sa phrase. L'officieux n'a le mérite d'exister que parce que l'officiel le couvre. Il n'en dirait pas plus, pas avant de savoir à qui il avait réellement affaire, et quelque part, il fut soulagé de ne pas avoir à rester dans la retenue quand la discussion tourna autour de la brunette. "Il y a effectivement plusieurs chapitres qui m'ont échappé.", rétorqua-t-il. Le sujet était délicat. Etait-elle montée dans un avion pour fuir une Amérique qui en voulait à sa famille? "Qu'est-ce que tu es venue chercher ici, au juste?". L'asile? L'aventure? Le repos? L'échappatoire à tous tes problèmes?

Le sourire de l'archéologue était sincère, cette fois, quand il apprit que la jeune femme savait lire les hiéroglyphes. Là, tu m'intéresses. Une sorte d'approbation se lut dans les traits de son visage, était-ce donc cela que l'on appelait fierté? Il n'en avait jamais éprouvé pour quiconque d'autre que sa propre personne, et se trouvait ravi de voir que l'enseignement sauvage qu'il avait prodigué à la petite fille lui avait donné envie de prolonger les études en la matière. Seth sortit de sa poche son téléphone, laissa glisser son doigt dans la galerie d'images pour en trouver une en particulier et le reposa, à plat, sur le marbre du comptoir, devant elle. "Qu'est-ce que tu comprends?", lui demanda-t-il, testant ses connaissances. Sur la photo, trois cartouches à l'effigie de Sethi Ier. Bien sûr, il connaissait déjà la réponse, elle était même l'une des raisons principales de sa présence à Brisbane.






  

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Sa mimique valait bien le test, et rappela à Danaë combien elle pouvait apprécier ces petits détails, quelques années plus tôt. Tendre écho aux nombreux instants partagés, dont ne subsistait dorénavant que leur amour commun pour les vestiges, le goût du passé et l'attrait des reliques officieusement récupérées. - La plupart des hommes qui me donnent des rendez-vous appellent ça des "dates". Forcément, ça prête à confusion. c'est faux, et il le sait désormais, autant qu'elle en joue; s'il est vrai qu'on l'invite régulièrement, Danaë ne se faisait pas d'illusion sur la qualité de cette entrevue. Au moins maintenant, peut-elle tremper ses lèvres tranquillement dans son verre, sans risquer - priori - d'être dévorée du regard par l'homme qui se tient à son côté. Il ne ferait pas ça à son ancienne petite sœur, pas vrai ?

C'est drôle d'avoir cette conversation, plus de dix ans après. Ses parents lui ont ouvert les portes du métier; voilà qu'il peut lui renvoyer l'ascenseur, et la propulser dans les meilleurs coins du monde. Mais l'archéologie est un monde de requins - pire, de requins hypocrites, et il faut savoir habilement placer ses pions, au risque de creuser et de s'enterrer seul dans sa vilaine réputation. - C'est vrai. Peut-être qu'un jour tu seras digne d'une lettre de ma part. un haussement d'épaules, peu convaincue; pas sur, et Danaë se fait un malin plaisir de prendre le contrepied de ses déclarations, comme si elle possédait un quelconque ascendant dans le domaine. Sa répartie s'entraîne depuis de longues années aux côtés de Raelyn; s'il faut parfois tenir tête à la figure pensante du Club, autant dire qu'elle ne courbera guère l'échine devant le dieu de son enfance. - AH. ça l'intéresse, évidemment. C'est plus facile de fouiller quand on peut piocher comme un connard, sans se soucier des couches stratigraphiques; suffit de tirer au substrat les trésors qu'il renferme, de les déclarer hors-contexte - ou de ne pas les déclarer du tout, et chacun est libre de les emporter. C'est ainsi que l'une de ses armoires renferme des pièces éparses, qui devraient appartenir à des musées. Quoi qu'il en soit, l'un et l'autre sont loin d'en avoir terminé sur ce terrain.

- Peut-être que t'as pas raté grand chose. sa gestuelle manque de trahir une pointe de nervosité, qu'elle réprime d'une longue gorgée d'alcool; s'il savait, comment la percevrait-il ? - Mmh.. Je dirais que c'est plutôt l'ici qui m'a trouvée. Raelyn l'a amenée ici, et jamais n'a-t-elle songé à en repartir. Qu'est-elle venue chercher ? - Une façon de m'élever, j'imagine. concéda-t-elle enfin, après tant de réponses absconses. Danaë ne voulait certainement pas rester la petite fille, mais grandir pour se faire sa place, son nid, sa réputation. Auprès de la blonde, tout cela devenait possible; il suffisait d'être patiente, loyale, d'apporter son savoir-faire et éventuellement quelques idées.

Le meilleur de tout cela ? Le temps lui avait clairement permis de progresser. Percer le secret des hiéroglyphes constituait un objectif de longue date, validé au cours des derniers mois. Le plus étonnant dans cette histoire ? La façon dont il la regarda, comme si Danaë s'était changée en Champollion, annonçant avoir résolu une énigme vieille de deux mille ans. Ses propres parents n'avaient jamais eu de réaction similaire à son égard - peut-être avaient-ils manqué de temps, mais tout de même. Pour autant, l'archéologue ne se contenta pas d'une tape sur l'épaule, ou d'une coupe de champagne pour fêter ça; non, il fallait un test en retour, une sorte de ticket d'entrée dans la discipline, ainsi que l'obtention de son respect. - Alors.. Facile. Amen.. Mhat. Amenemhat, douzième dynastie. ça ne dura qu'une seconde, ses traits ne pouvant rester sérieux. - J'déconne, j'déconne, ne me renie pas. réflexe, elle posa la main sur son avant-bras, avant de reprendre avec un certain professionnalisme. - C'est le père de Ramsès II, ce cher Séthy 1er. Nouvel-Empire, dix-neuvième dynastie. et, pour la forme, ajouta: - La vérité-justice de Rê demeure.. Ou perdure, les deux fonctionnent. Pour celui du milieu, c'est Séthy, aimé de Ptah. Le dieu memphite. ses prunelles se plantèrent dans les siennes, brillantes de fierté; satisfait, cow-boy ?

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Seth voulut répondre, mais se retint. A quoi bon? La plupart des hommes qui donnaient rendez-vous à sa petite protégée du passé appelaient ça des "dates". Je ne suis pas la plupart des hommes, et tu devrais le savoir. Après tout, il n'avait pas à justifier de qui il avait été, et de qui il était aujourd'hui. Danaë n'était ni sa soeur, ni une potentielle proie. Encore moins un banal date. Elle était quelque part entre tout ça, fantôme divin d'un passé révolu, à l'image d'une relique splendide et rutilante qui brillerait entre ses doigts experts. Il ne fut pas étonné de l'entendre évoquer futilement ses conquêtes, avec le physique qu'elle avait acquis au fil des ans, n'importe quel être humain normalement constitué la trouverait à son goût. Même Seth, malgré les tendances faussement incestueuses de cette condition, ne pouvait que l'admettre. Son caractère désinvolte et son assurance trahissaient l'expérience qu'elle avait acquise dans le domaine. Au point même d'en inverser les rôles, d'en oublier le respect des aînés et d'émettre des doutes sur le fait qu'un jour, peut-être, l'archéologue serait digne d'une lettre de sa part. Nouveau soupire amusé, hilarité désabusée sur les lèvres de Seth. "Je ne vis que pour être digne de toi, tu sais bien.", répliqua-t-il, le ton théâtral et la mimique qui allaient avec. Il leva les yeux au ciel pour étayer ses dires, et s'il regardait assez haut, il pourrait sans doute apercevoir l'estime que la jeune femme avait d'elle-même.

Peut-être qu'il n'avait pas râté grand chose, ou peut-être que si. A la façon qu'eut Danaë de répondre, Seth sentit bien qu'il y avait tout un monde inexploré derrière les paroles de la naïade. Etait-ce de la pudeur ou de la gêne masquée? Pire encore, de la honte? Il ne sut le dire, après tout, l'archéologue ne lui connaissait que ses airs enfantins et transparents d'adolescente pourrie gâtée. La nymphe qui se tenait en face de lui évoluait à des années lumières du souvenir qu'il en avait gardé, et ce changement aurait été perceptible même pour un aveugle. On cherche tous une façon de nous élever, c'était une certitude. Une aura de mystère planait sur la jeune femme, éveillant l'intérêt de Seth comme autant d'énigmes irrésolues qui faisaient vibrer son coeur mort et noir. Il était curieux. Curieux de savoir ce qu'elle avait traversé pour qu'une ombre traverse son regard, pour que la défensive soit une ligne de conduite, pour qu'elle agisse comme une bête blessée.

Pourtant, l'espace d'une seconde, il crut revoir sous ses yeux la jeune et insouciante fille Lescaut. Les sourcils qu'il avait froncé, lui donnant un regard méchant, - réaction automatique alors que Danaë  faisait une lecture catastrophique des cartouches qu'il lui présentait en photo - retrouvèrent leur position initiale quand la jeune femme vint éteindre le feu en posant une main sur l'avant-bras de l'américain, avouant avec humour son erreur intentionnelle. Il souffla, rassuré. "Tu m'as fait peur. J'allais déjà me retrousser les manches", et t'en coller une derrière la tête, gamine effrontée que tu es. Mais elle lui prouva quelle élève appliquée elle était devenue, déchiffrant à la perfection l'image présentée. Il acquiesçait, les yeux brillants de fierté, la dévisageant en silence comme s'il la découvrait vraiment pour la première fois.

Conscient des longues secondes qui s'écoulaient alors, il reprit ses esprits et poursuivit, sans détacher ses iris verdoyants des prunelles sombres de la brunette. "Si tu me dis ce que tu fais exactement ici...", et il insista sur ce dernier mot, "je te dirai pourquoi je te montre ça.", proposa-t-il. Le deal lui semblait équitable, elle n'aurait rien de bien extraordinaire à lui avouer face à ce qu'il s'apprêtait à lui vendre. Plus rien ne l'étonnait, ni le genre humain, ni les travers de ce monde dont il faisait lui-même partie intégrante, créature pleine de vices et adepte d'occupations malsaines et illégales. Connaissant les jeux passés, il se permit tout de même d'ajouter: "Et ne t'avise pas de me mentir, je le saurai.". Il avait toujours eu le nez fin pour détecter les menteurs, étant lui-même l'un des meilleurs dans le domaine. Là-dessus, il doutait que l'élève ait eu le temps de dépasser le maître.







  

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A dire vrai, c'est plutôt le contraire : Danaë a toujours vécu dans le challenge, avec l'idée d'héritage qui incombe à sa position, et l'insidieuse pression exercée par une lignée d'aïeux arnaqueurs, sans parler du fils prodige que son père était ravi d'accueillir. Il y avait ses parents, et lui; leur savoir-faire, leurs habitudes, leurs attentes, et une gamine qui baigne dans ce fatras d'histoire universelle sans réellement savoir où et comment débuter. Des parents taulards, un mentor de fortune absent : il a fallu se construire seule, et se débrouiller pour construire quelque chose de ses propres mains. La jouvencelle est bien vite revenue vers le terreau ancestral; par habitude, par alchimie avec le passé, pour tout un tas de raisons qui lui échappent encore aujourd'hui. Néanmoins, une chose est certaine : elle a toujours souhaité être digne de lui, de ses leçons, du temps pris à son côté pour lui enseigner les rudiments, faire parler des anecdotes qui rendent le métier tangible et lui permettront de ne pas répéter les erreurs de ses parents. - Non.. ça, c'est moi. admit-elle, plus sérieuse cette fois. Le désir de la petite fille ne s'est jamais complètement évaporé.

Elle a bien failli se noyer au large d'une vie rêvée, d'un confort utopique obtenu au prix de sa dignité, des monceaux d'innocence balancés ça et là à qui voulait bien les acheter, s'approprier la petite pute avant qu'elle ne fonde sous le poids de ses propres desseins. Est-elle seulement revenue au rivage ? Pas vraiment. Car lorsque la mer vous prend, c'est une partie de votre être qu'elle conserve jalousement; cette vie-là lui a crevé le cœur et l'a soigneusement planqué dans un coffre. Danaë n'est qu'une légende, un coup de vent dans une conversation; rayonnante mais invisible, pour les autres comme pour elle-même, une parure iridescente mais terriblement creuse lorsqu'on observe au dedans.

- Rassure toi.. J'ai pris ça au sérieux. peut-être pratique-t-elle l'art pour les mauvaises raisons, mais au regard des hiéroglyphes - et des langues mortes au sens large, une sorte de modestie vient l'étreindre, et Naë réalise combien elle est chanceuse de pouvoir comprendre, écrire et interpréter un langage vieux de plusieurs millénaires. Elle se sent toujours minuscule face aux symboles, témoins d'un génie oublié et dont les traductions n'ont de cesse d'être renouvelées. - Il y a quelque chose de très poétique et de très puissant avec l'ancienne Égypte. Quand je déchiffre, quand j'observe ces monuments.. J'ai la sensation qu'ils ont créé la magie. Tu vois ? plus de bassesse ou d'ineptie, le timbre coule tranquillement le long d'émotions sincères, qu'elle peut enfin partager avec quelqu'un qui, supposément, comprendra de quoi elle parle.

Mais ils ne sont pas venus ici, simplement pour échanger trois banalités. Danaë n'imagine pas Seth comme quelqu'un qui se permet de perdre du temps avec ses fréquentations. S'il veut la vérité, elle est disposée à la lui offrir; après tout, il a déjà compris que sa place au Casino n'est plus à faire. A quoi bon mentir, alors qu'elle a tout à y gagner ? - Je travaille ici, c'est aussi simple que ça. la réponse risque de le décevoir, tant elle est concise et ne permet pas spécialement de tirer d'autres conclusions. Après tout, cela correspond grosso modo à un job étudiant. Et la brune est très loin d'envisager qu'il puisse lui-même détenir des contacts qui le rapprocheraient de cet environnement. - Allez, crache le morceau. J'ai rien perdu de ma curiosité ! obsidiennes brillantes d'intérêt, le buste clairement tourné dans sa direction : Seth possède toute son attention, comme au bon vieux temps.

two-faced janus' duality
w/@Danaë Lescaut  ♫ gif/wattpad

Ainsi les choses ne pouvaient pas changer dans leur intégralité. Le monde avait beau continuer de tourner, certaines habitudes profondément ancrées se retrouvaient absorbées dans les caractères et les mœurs, et les fils des relations solides - même si elles appartenaient à un passé lointain - ne se décousaient pas aussi facilement que l'on tournait les pages d'un calendrier. Des années n'avaient pas suffi à abolir le lien de confiance entre Danaë et Seth, et même s'il avait été amoindri, balayé par leurs évolutions personnelles respectives, l'archéologue était capable de sentir qu'au fond, dans sa structure la plus brute et la plus pure, le respect mutuel qu'ils se portaient l'un à l'autre était demeuré intact. Et la petite fille était toujours aussi intéressée par les histoires de tombeaux ouverts, de bijoux dérobés, d'artéfacts maudits et par l'adrénaline induite par le danger de se faire prendre. Le goût du risque, comme on l'appelait, était l'essence du moteur qui animait Seth depuis des années.

Elle n'était pas si différente de lui, au final, et sa soif d'apprentissage lui rappelait le petit garçon qu'il était, période révolue depuis bien longtemps, toujours le nez fourré dans les livres ou collé aux vitrines du musée dans lequel bossait son paternel comme gardien de nuit. Le cerveau épongeait chaque goutte de savoir, chaque histoire qui rendrait richissime même le plus pauvre des hommes. Danaë avait pris son éducation au sérieux, qualité qui semblait perdurer à travers les années. "Je vois ça. Finalement, il y a des choses qui ne changent pas.", affirma-t-il, et cela résonna comme un beau compliment venant de lui. Comme si la démonstration de la jeune femme ne suffisait pas, voilà qu'elle fit l'éloge de l'Egypte antique, comparant son architecture et son écriture à de la magie, sentiment que Seth partageait. Evidemment qu'il le partageait, et elle devait savoir qu'elle venait de toucher une corde sensible. Discrètement, ses lèvres se mordirent, dissimulées derrière un sourire sincère. "Bien sûr que je vois.", je vois que tu m'en collerais presque les frissons, que je me suis toujours dit que j'épouserais la femme qui me parlerait comme ça, qui brûlerait de la même passion interdite, et il a fallu que ça tombe sur toi. Le soupir face aux détours que prenait parfois le destin, chatouillant les orgueils et contrecarrant tous les plans. La mythologie égyptienne transpirait la poussière, le sang et les larmes. Tout ce qu'il aimait. La violence et les jeux de pouvoir, les mensonges et les conspirations, autant de vices qui avaient forgé un empire éternel dont le monde se souviendrait à jamais.

Danaë travaillait ici, "tout simplement". L'intuition aiguisée de l'américain pointait sous les radars une vérité enjolivée, presque un mensonge par omission. Il y avait autre chose, un complément que la naïade omettait volontairement, par pudeur ou par prudence, allez savoir. "Quelque chose me dit que tu ne travailles pas dans les cuisines, mais d'accord.", je ne t'en demanderai pas plus, j'attendrai que tu le fasses de toi-même. Il n'allait pas poser davantage de questions, après tout, cela ne le regardait pas. "En tout cas, si t'as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas.", politesse banale, déformation du passé, dévouement éternel envers la famille Lescaut. Tu n'es plus toute seule. L'avait-elle seulement jamais été? Il n'était ni son père, ni son frère, ni un vulgaire mécène, mais cela ne l'empêchait pas de la vouloir en bonne santé et à l'abri du besoin.

Donnant-donnant, la réponse de la brunette avait beau être concise, Seth devait remplir sa part du marché. Il tapota sur le tactile de son téléphone, rallumant l'écran sur la photo. Le pilotage automatique s'enclencha. "Sethi premier a beau avoir été enseveli dans la Vallée des Rois, plusieurs cartouches de temples à son effigie ont été retrouvés dans diverses villes d'Egypte.", commença-t-il, débutant son récit comme un "il était une fois". "Dont ces trois-là, déterrés sous plusieurs mètres de sable et de terre, dans les dunes de Dahab, près du Mont Sinai.", il poursuivait, donnant l'historique de la découverte des gravures représentées sur les pixels lumineux de son cellulaire. "La proximité du site avec les frontières saoudiennes a rendu les fouilles plutôt périlleuses", dit-il avec la conviction de quelqu'un qui aurait vécu ces évènements, bien qu'il n'y fut pas. "Les hauts dirigeants de la dynastie Al Saoud ont envoyé des émissaires pour mettre la main sur les trésors que les archéologues dénicheraient à cet endroit, sauf qu'il n'y a pas eu de négociation.", ils étaient venus, avaient pris, étaient repartis. "Conscient que conserver un pareil trésor en Arabie Saoudite serait préjudiciable, parce que l'état niait toute implication dans ce vol, le père Al Saoud a envoyé des pirates pour planquer le butin... je te laisse deviner où?", sa phrase demeura en suspens, laissant à Danaë le bon soin de la terminer. Il avait parlé avec lenteur, l'œil brillant d'excitation, trahissant toute la passion qu'il avait pour les énigmes irrésolues de l'Histoire.