the white bull
w/ @Phoebe Jensen ♫ crédit/lola

"Horus se lève pour apporter la lumière du soleil, Râ, pour briller sur cette terre. Pleurez l'âme du corps de l'homme sacrifié à la lumière de Râ, pendant qu'il navigue dans la barque, guidé par Sothis, qui le mène à son tombeau.", Seth parlait lentement, détachant chaque mot avec une intensité et un respect quasiment religieux. Il était dans son élément, traduisant les hiéroglyphes présents sur les tablettes retrouvées sur le continent australien, tentant de captiver un public amateur qui n'avait pas le vocabulaire spécifique à sa profession. La conférence du jour avait requis sa présence, et en tout bon archéologue qui se respectait, il avait répondu à l'appel en préparant son discours à la seconde près, condensant les informations pour qu'elles soient les plus judicieuses possibles, et surtout, intelligibles auprès de son auditoire. "L'archéologie recherche les faits, non la vérité.", conclut-il après une vingtaine de minutes d'exposé. Cette phrase - encore un double sens - était valable tant pour son métier que pour sa propre personne. L'américain avait trop souvent bafoué la vérité pour lui donner une quelconque valeur, lui préférant les faits, beaucoup plus concrets et parlants. "Des questions?", s'enquit-il, espérant que les journalistes ou autres curieux ne s'éterniseraient pas. Il balaya la salle du regard, attendant de voir des mains se lever, quand il aperçut parmi le monde et la foule, un visage familier qui se démarquait des masques placides du reste du public. Phoebe était là. Il se demandait bien pourquoi, d'ailleurs, l'archéologie n'étant pas son domaine de prédilection, puis il se rappela de l'exposition de costumes d'époque qui avait également lieu aujourd'hui.  

L'aile du musée consacrée à l'Egypte se désemplissait, les quelques participants à la conférence de Seth allant chercher une collation avant l'exposé suivant, donné par l'un de ses confrères. L'archéologue resta quelques minutes, finalement pas plus intéressé par le discours de son comparse que par le pot qui promettait du champagne à profusion. Récompense bien méritée pour avoir tenu la palabre de longues minutes durant, devant un auditoire qui probablement ne rêvait aussi qu'à s'abreuver du buffet de mignardises et d'alcool gratuit à volonté. Vêtu d'un costume beige, plutôt classe pour l'occasion, Seth pénétra la salle où la réception se tenait. L'endroit était déjà bondé, grouillant de discussions entremêlées créant un brouhaha sans nom, et l'américain ne se sentait pas de participer à l'une d'entre elles. Il se contenta d'attraper une coupe, sirotant tranquillement le nectar grisant qui se distillerait lentement dans ses veines. Seth repéra sa voisine, à quelques mètres derrière le buffet, dans un coin reculé du noyau de gens, visiblement accompagnée. A y regarder à deux fois, elle était en compagnie de Peter Sand, un confrère mais non moins rival de l'américain. Autant dire qu'il ne le portait pas dans ses bonnes grâces, c'était instinctif. "Monsieur Hill!", se fit-il interrompre. Distrait, il s'intrigua de ce que cet enfoiré de Sand pouvait bien vouloir à sa voisine. Des coups d'oeil éparses surveillaient discrètement la jeune femme du bout des yeux, écoutant négligemment les compliments d'une vieille rombière sur ses talents d'orateur.