Il fait nuit. C’est que l’obscurité tombe vite, ici. Le ressac fait un drôle de bruit. Rien, ici, n’a l’air naturel. A la lumière de sa lampe torche qu’elle a calée entre ses dents, Murphy pousse un macchabée sur le flanc. La chaleur et les mouches n’ont pas encore complètement lancé cet atroce processus qu’est la diffusion olfactive des effluves de cadavre. Autrement dit : ça ne sent pas encore la pourriture.

Murphy a dégoté deux paquets de chips, une lampe et elle trimballe encore ses quelques livres. Avec un peu de chance, dans quelques temps, ils deviendront des ressources précieuses. Quand les vivants se feront chier, il restera des livres. Et Murphy compte bien les échanger contre une autre ressource de valeur. Soudain, un bruit métallique. Le sol est composé de sable, ce qui ne l’aide pas dans sa quête de fouille active. Qui sait, quelqu’un pourrait avoir bientôt envie de retrouver ses affaires… et il se pourrait qu’elles se trouvent dans le sac que Murphy a arraché au cadavre d’une passagère.

Elle n’est pas armée, mais c’est tout comme. Dans sa main droite, une fourchette dérobée au service de l’avion, qui s’est éparpillé dans le sable. « Pitié, pitié… » Elle lève les mains, dans l’espoir que le type qui lui fait face la pense sans défenses. Elle ne l’attaquera que s’il fait de même. En attendant, la solution de facilité semble plutôt être celle de feindre n’être qu’une petite chose fragile. « Je… Je m’appelle Murphy… » Elle tient malgré tout fermement cette fourchette en garde, prête à se défendre. Malheureusement pour Murphy, la fouille ne s’est pas montrée fructueuse au point qu’elle trouve une véritable arme pour se défendre. Au loin, un hurlement. Le coeur de la jeune femme rate un battement. « C’est toi qui as fait ça ? » Son étonnement n’est pas feint. Il faut dire qu’elle est presque certaine d’avoir vu une forme étrange s’ébrouer dans les fourrés…

@arthur coventry t'es armé bogoss ?

Tout s’est enchaîné à une vitesse hallucinante. Le crash. Swann qui l’entraîne vers la forêt. Swann qui saigne abondamment. Mettre a profit des années de médecine avec quelques feuilles et des bouts de branches s’avère pratiquement inutile, mais Arthur improvise. Au loin, sur la plage, les autres survivants hurlent à la mort, certains s’éparpillent autour d’eux et soudainement un rugissement les invite au silence. De leur cachette près d’un arbre, ils ne sont témoins de rien, mais les bruits semblent parvenir d’animaux non identifiés, des créatures auxquels il n’aimerait se frotter. De quelques feuilles, il crée un semblant de pansement, quelque chose qui fera l’affaire si Swann applique une pression constante. Il voit le visage de son ami blêmir à mesure que les heures défilent sans qu’ils ne comprennent comment ils ont pu atterrir là. Et surtout, sans que le moindre secours ne semble vouloir intervenir. « Je vais retourner à l’avion, essayer de trouver une trousse de secours. » Bien sûr que Swann cherche à l’en dissuader, qu’il lui rappelle que tous les films où un duo se sépare cela se termine forcément mal. Les arguments sont nombreux, mais Arthur refuse de le voir se vider de son sang afin de prouver une théorie inventée de toute pièce par Hollywood. « Je reviens vite. » Ils exécutent leur check habituel, juste au cas où, et Arthur file à nouveau vers la plage.

Sur le chemin, il est persuadé d’avoir croisé une créature venue d’un autre âge. Et en arrivant sur la plage, il aperçoit des traces qui ne sont définitivement pas humaines et encore moins appartenant à un animal connu. Soudainement inquiet d’avoir laissé Swann seul dans la forêt, il presse le pas. Dans la carcasse de l’avion, il ne perd pas une minute. Dans le cockpit, dont la porte n'était étrangement absolument pas verrouillée, il trouve un sac précieux. Une arme, quelques munitions, une paire de lunettes de soleil et ce qui s’apparente à un couteau.

Armé, il s’apprête à fouiller le reste, l’autre moitié, pour une trousse. Dans sa panique, il ne voit pas la jeune femme qui le supplie soudainement. « Pitié, pitié… » Il sursaute, manque d’aller chercher l’arme qu’il a caché à la ceinture de son jean, mais s’abstient. « Je… Je m’appelle Murphy… » Il hésite, avant de répondre. « Arthur. » Elle paraît aller bien. Et surtout, elle a quelques sacs près d’elle. « J’ai besoin… » Il n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’un cri déchire le ciel. Son cœur s’accélère soudainement. « C’est toi qui as fait ça? » Interloqué, il l'observe un instant. « Je suis juste en face de toi. » Elle a bien conscience qu’il n’a pas crié. « Je sais pas ce qu’il se passe, mais y’a des animaux étranges sur cette île. » Et maintenant il veut avoir accès à son sac. « T’as des trucs de premiers soins là-dedans? » Autant demander gentiment avant de faire usage de la force. « Mon pote est mal en point. »