Mateo était plein de doutes depuis un bon moment maintenant. Avoir vu les corps inanimés des sujets à cause de la drogue qu'ils avaient respirés, les avoir mis en place comme si leur avion s'était crashé n'avait fait qu'accentuer ces doutes ; autant que cela avait pu le galvaniser d'être enfin dans le feu de l'action après tous ces mois de préparation. Il se sentait enfin à sa place, en quelques sortes. Les généticiens et les gestionnaires de confinement des dinosaures avaient de quoi prouver leurs talents depuis bien longtemps mais dans son service de contrôle des sujets humains, jusqu'ici, Mateo n'avait pas vraiment eu le loisir de briller et de prouver sa valeur : tout se jouait pour lui maintenant que l'opération avait commencée pour de bon. Il avait participé à la sélection des cobayes humains et connaissait leurs profils sur le bout des doigts ; leurs forces, leurs faiblesses, le danger qu'ils représentaient vis à vis de l'expérimentation. Il avait passé des heures à analyser leurs vies, leurs caractères, à faire des suppositions sur leurs chances de survies sur l'île. Savoir que Diego allait finalement être infiltré lui aussi l'avait agacé autant que cela l'inquiétait, mais jamais Mateo n'aurait cru croiser la moitié du service de génétique en haillons au milieu des sujets. Remettre en cause les choix d'E. Vile n'était pas dans son intérêt il le savait, mais il avait du mal à ravaler sa colère quand à celui ci puisqu'il ne le comprenait pas et qu'il était fatigué d'avance, craignant de devoir surveiller ses collègues autant que les sujets eux mêmes, par crainte qu'ils fassent rater toute l'opération d'infiltration. Il avait attendu le moment opportun pour aller parler en toute discrétion à l'une de ses collègues qu'il connaissait plutôt bien. A cette distance du camp de fortune que les survivants étaient en train de construire, il était au moins sûr que personne ne les entendrait parler. « Eve ? » Ils étaient à l'orée de la forêt, mimant de ramasser du bois sec pour tenter d'aider les survivants à faire un feu. « Si tous les généticiens se retrouvent sur le terrain, qui s'occupe de faire tourner le labo ? » Qu'il demandait, sincèrement inquiet de la réponse.