Swann cligne des yeux, encore pris entre sommeil et confusion, tandis que le monde reprend lentement forme autour de lui. Les vagues frappent la plage avec un rythme presque hypnotique, apaisant et terrifiant à la fois. Il secoue doucement la tête, sentant les grains de sable collés à sa peau et la chaleur écrasante du soleil. Un peu plus loin, des morceaux de l'avion s’éparpillent le long de la plage, certaines parties fumant encore, comme pour leur rappeler l'accident brutal.

Il cherche rapidement Arthur du regard. Quand il aperçoit enfin sa silhouette, un soupir de soulagement lui échappe, son corps se détend presque instantanément. Lentement, il se lève et s'approche de lui, trébuchant légèrement dans le sable. Arthur semble encore sonné, perdu entre la réalité et les bribes d'un rêve trop violent pour être vrai.

Swann pose une main légère sur son épaule pour attirer son attention, l'air faussement calme pour ne pas trahir l'angoisse qui lui serre la poitrine. « Arthur… » Sa voix est douce, presque un murmure, comme s'il craignait que parler plus fort ne réveille un danger caché.

Les vagues continuent de rouler en arrière-plan, leur bruit couvrant les bribes de conversations entre les autres survivants qui commencent aussi à se relever. L’air est lourd, chargé d'une tension que Swann ne comprend pas encore, mais qu'il ressent jusque dans ses os. Il s'accroupit près d'Arthur, plongeant son regard dans le sien avec une inquiétude mal dissimulée.

« Tu es… tu es entier ? » Il tente un sourire, maladroit, cherchant à rassurer autant Arthur que lui-même. Pourtant, ses mains tremblent légèrement, et il détourne le regard, incapable de maintenir cette façade sereine plus longtemps.

Un cri perçant retentit soudainement au loin, au-delà de la plage, venant des profondeurs de cette jungle oppressante qui semble les observer en silence. Swann tressaille, son regard se tournant instinctivement vers les arbres massifs et sombres qui forment une frontière menaçante tout autour d’eux. Il serre les mâchoires, essayant de garder contenance, même si l'inquiétude se lit dans ses yeux.

« On devrait… réfléchir à ce qu'on fait ensuite. » dit-il enfin, sa voix un peu plus faible, le regard rivé sur l’orée de la jungle. Pourtant, il ne bouge pas, comme si rester auprès d’Arthur, près de l’épave, pouvait repousser un peu plus l’évidence du danger.

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« Arthur… » Il reconnaît cette voix. Son corps endolori lui fait savoir qu’ouvrir les yeux sera douloureux. Il essaye, malgré tout. Les rayons du soleil agressent ses pupilles, le forçant à refermer ses paupières, tandis qu’un mal de crâne des enfers se faufile entre ses tempes. À ses côtés, un corps s’agite et cette voix qui le ramène à la réalité. Swann. Il ouvre à nouveau les yeux, pour trouver le regard de son meilleur ami. Empli d’une inquiétude qui ne fait aucun sens avec leur voyage prévu. Cherchant à se relever, il vacille et se rattrape d’une main plantée dans le sable chaud. C’est quoi ce bordel ?

« Tu es… tu es entier ? » - « Je crois. » Passant une main à l’arrière de son crâne, il sent une bosse se former à la racine de ses cheveux. « T’as rien ? » Immédiatement, son regard analyse la silhouette d’un Swann bien plus vaillant que lui. Il lui faudra un instant, avant de pleinement prendre conscience de leur environnement. Non loin de là, se tiennent la carcasse de l’avion, d’autres survivants et une plage bordée d’une forêt de laquelle s’échappe un cri glaçant. Instinctivement, Arthur se redresse pour se placer devant Swann. Il en a toujours été ainsi, le protéger. Une manière de le remercier pour tout le reste. 

Après le cri, vint un autre bruit. Comme un rugissement ou quelque chose d’animal. « C’était quoi ça ? » Le cri se fait à nouveau entendre et, pour une fois, Arthur n’est pas rassuré. « On devrait… réfléchir à ce qu'on fait ensuite. » Se tirer de cette plage serait déjà un bon début. Retrouvant ses esprits, il analyse la situation. « Choppe le sac là. » Il ne sait pas ce qu’il contient, mais cela pourra toujours servir. Se mettant sur ses pieds, il aide Swann à faire de même. Quelque chose lui dit, qu’ils feraient mieux de ne pas rester à découvert trop longtemps.

Il n’a pas le temps de planifier, que des animaux s’échappent de la lisière de la forêt. Des animaux venus d’un autre temps. « C’est quoi ce délire ? » Ils sont petits, mais ont l’air vorace. Et surtout curieux de s’approcher d’eux. « Bouge Swann. » Il attrape le bras de son ami et l’entraîne vers la forêt, à l’opposé d’où les dinosaures se sont échappés. « T’as vu la même chose que moi, hein ? » Est-ce qu’il a pris un truc avant de monter dans l’avion ? Il n’en a pas le souvenir, mais ce serait un peu trop fort. Ils courent un moment, assez pour trouver un arbre immense, au tronc légèrement creux. « Ça va ? » Swann est essoufflé et il n’a aucune idée où est-ce qu’ils vont bien pouvoir aller maintenant. Est-ce que le buisson venait de bouger non loin d’eux ?