Ils étaient donc quatre survivants. Quatre c’était bien trop peu, l’avion était plein. Le désastre était immense, les corps mutilés de ceux qui avaient cru faire le voyage de leur vie jonchaient le sol. La vision était horrible et avait retourné l’estomac du pompier qui était pourtant habitué à voir des choses difficiles. Jamais il n’avait été confronté à quelque chose d’une telle ampleur et il s’était senti bien seul. D’habitude quand il était en intervention, il n’était jamais seul, il avait son équipe sur qui compter. Aujourd’hui son équipe n’était pas là, il y avait bien Quino mais à eux deux c’était bien trop peu pour sauver tout le monde. Ils avaient tous les deux fait le tour des survivants mais il n’y avait rien à faire : beaucoup étaient morts sur le coup ou n’en avaient pas pour très longtemps. Seuls un homme et une femme tenaient encore sur leurs jambes : Pedro et Bill, un homme maigrichon et l’autre en état de choc. Il était pourtant temps de partir : ils avaient fouillé les valises à la recherche de matériel et de nourriture mais ils ne pouvaient pas rester là. Ils devaient partir explorer, partir à la recherche d’aide, peut-être des habitations n’étaient pas si lointaines ? Et puis rester à côté de la carcasse de l’avion, attendre des secours qui ne viendraient peut-être pas c’était surtout se mettre en danger. Le cri de la bête féroce non identifiée était une motivation suffisante pour qu’ils évitent de rester statiques : Russell n’avait aucune envie de se faire dévorer en pleine nuit. Bill pourtant restait immobile, comme paralysé à côté de l’avion et du corps d’une jeune femme : sa fiancée. “On ne peut pas la laisser.” Russell avait l’habitude des états de chocs, il essaya donc de le convaincre en douceur. “Bill on doit bouger, il faut qu’on aille chercher de l’aide.” Il secoua frénétiquement la tête. “On ne peut pas la laisser toute seule comme ça.” Russell jeta un coup d’oeil en arrière pour regarder Quino avant de reporter son attention sur Bill. “Je comprends, je te promets qu’on reviendra vite la voir d’accord ? On part quelques heures et on revient ça te va ?” Il hocha la tête avant de dire. “D’accord, elle a besoin d’aide c’est vrai.” Il était complètement dans le déni mais il acceptait au moins de les suivre, c’était déjà ça de gagné. Russell s’approcha de Quino pour lui demander : “On part vers où ? Tu as une idée ?” Il chuchota pour que les deux autres survivants ne l’entendent pas. “J’espère qu’ils tiendront le choc, c’est pas gagné.”