Depuis la dernière fois que j'avais vu Jessy, j'avais pensé à elle, et à son problème. Enfin, à son traumatisme plutôt. Je m'en voulais un peu de ne pas l'avoir vu plutôt, de ne pas avoir été là pour elle. C'est con, je le sais, mais je ne peux m'en empêcher de me sentir coupable. J'aime pas quand mes proches souffrent et je me juge apte d'être tout le temps là pour eux vu que je suis dans les forces de l'ordre. Mon sens du devoir me tuera un jour, je le sais. En attendant, je m'étais dis qu'une petite soirée pourrait lui faire du bien. Depuis que j'étais sorti en boîte avec Jules, j'avais ressenti le besoin de sortir de nouveau, ça m'avait fait du bien, même si ça n'avait pas duré très longtemps. Au moins pour aller boire un verre. J'avais donc proposé à mon amie de passer la chercher pour se rendre directement au pub où j'avais pensé aller. Chaleureux, cosy, ambiancé niveau bonne musique, avec même un petit dancefloor pour ceux qui ont un peu trop picolé et qui veulent choper. Bref, une bonne ambiance que j'avais découvert grâce à mon boulot. Comme quoi, traîner avec des camés ça aide parfois. Je frappais donc chez Jessy et une fois qu'elle m'a ouvert je lui demandais Prête ? Je lui souriais, espérant qu'elle soit toujours partante pour aller boire quelques verres pour se sentir mieux, et prendre du bon temps. Ok, je suis pas du genre à prôner l'alcool, ni même à encourager, mais je sais que parfois ça peut faire du bien. Je suis encore loin de penser de la sorte, mais qui sait un jour, j'y arriverais peut-être si jamais vraiment j'ai un aussi grand traumatisme que Jessy. Et puis bon, faut que je la chaperonne si jamais elle boit trop, j'ai pas intérêt à boire moi non plus. Une chance, j'ai jamais vraiment bu. A part du vin à table quoi.
Elle se souvenait encore de la conversation avec Enzo qu'elle avait pu avoir lorsqu'ils étaient à la salle de sport. Il la trouvait un peu morose. Un peu déprimée. En même temps, c'était normal. C'était pas à cause de son agression qu'elle était comme ça. Mais à cause d'un homme. A cause de Justin. Elle avait pensé que ça y est, c'était bon. Qu'elle avait fini par trouver le bon. Ils s'étaient avoués leurs sentiments réciproques lorsqu'ils étaient à Londres. Il l'aimait. Elle l'aimait. Bien, c'était une bonne chose. Alors, ils avaient commencé à entamer une relation. Qui n'avait pas duré longtemps, fort malheureusement pour elle. Elle comprenait qu'il tenait à son père. Elle comprenait que Justin avait besoin de s'assurer qu'il aille bien. Mais de là à déménager de Brisbane ... Elle n'avait pas trop compris. Alors oui, ça lui avait foutu un coup au moral. Mais elle se souvenait de la promesse qu'elle avait fait à son frère : celle de ne plus boire d'alcool. Une petite bière, de temps à autre, mais c'était tout. Et rien de plus. Alors, quand Enzo lui avait dit qu'ils iraient boire un coup ... Ouais, Jessy n'était pas très ... comment dire ... sereine. Enfin, elle n'allait pas se prendre une murge pour autant. Elle boirait un verre. Peut-être deux. Mais pas plus. Elle n'avait pas envie de refaire des bêtises. Elle avait déconné une fois. Et pas avec n'importe qui. Le fiancé de son frère. Alors, forcément, elle ne souhaitait pas refaire la même erreur, même si ça ne se reproduirait pas comme son frère était seul en ce moment. Enfin, elle ne savait pas tout ce qui se passait dans la vie de son frère. Enfin, pour en revenir à ce qui nous intéresse, oui, elle avait accepté la proposition d'Enzo, bien qu'elle ne savait pas réellement dans quoi elle s'embarquait. Il avait sonné. Et il attendait sur le pas de la porte. Jessy avait fini par lui ouvrir. "Je sais pas si j'suis prête." En fait, elle était prête à faire marche arrière. Mais elle avait récupéré sa veste. Et son sac. "De toute manière, j'ai pas le choix, si ?" Elle avait eu un léger sourire et elle était sortie, fermant à double tour la porte de son appartement. "Bon, tu vas m'emmener où ?" C'était la grande question. De savoir où il allait l'emmener. "J'espère juste que y'a pas de gros chiens où on va ... J'flippe encore un peu quand j'en entends un."
Ca m'avait fait un peu de peine d'entendre l'histoire d'amour chaotique de mon amie plutôt à la salle de sport. Alors forcément, je n'avais pas pu m'empêcher de lui proposer d'aller prendre un petit remontant, même si pour ma part, je pourrais prendre à la rigueur un petit verre de vin ou de cidre, histoire de l'accompagner psychologiquement. Et encore. Il faudrait que je prenne quelque chose à grignoter en plus de ça, sinon, non pas que je risque de vomir, mais presque. L'alcool sans bouffe me fait toujours un peu flipper. Faudrait aussi un jour que j'arrive à dépasser ça. Enfin, pas sûr que j'en ai réellement envie. En attendant, j'espérais que mon amie ne recule pas devant le fait de sortir, après que je sois rentré chez moi pour déposer mon sac de sport et me changer de tenue histoire d'être un peu mieux habillé que mon jogging. Quand Jessy m'ouvrit la porte, elle ne semblait pas très motivée, à croire qu'elle aussi avait des petits problèmes avec l'alcool, je l'avais bien compris aussi. Je me suis mis à rire légèrement quand elle me demanda si elle avait le choix Non en effet. Lui répondais-je avant qu'elle ne me demande où j'allais l'emmener, jusqu'à ce qu'elle rajoute l'histoire des gros chiens. Je fronçais légèrement les sourcils et lui répondais Bien sûr que non il n'y aura pas de gros chiens, je ne te ferais jamais ça voyons. Lui disais-je dans un doux sourire pour ensuite rajouter Il me semble que tu m'as dit que tu ne voulais boire qu'une bière à la rigueur donc j'ai pensé à un pub anglais pas très loin d'ici. Je suis pas très fan de bières, mais ils en ont des légères, alors pourquoi pas. Je venais de hausser les épaules, non très satisfait de ma part de céder ainsi à l'alcool, mais bon, pour 2° je n'allais pas non plus faire trop mon chieur.
Aller boire un coup, ça n'allait pas la tuer, non ? Une petite bière, ou une petite vodka. Ou autre chose. Mais un verre. Un seul verre. Et pas plus. Elle ne voulait pas se retrouver bourrée. Parce que ... parce qu'elle avait l'habitude de faire des bêtises sous l'emprise de l'alcool. Enfin, habitude, façon de parler. Mais ça lui était arrivé, oui, de déconner sous l'emprise de l'alcool. Et elle n'avait pas envie que ça recommence. Mais bon, en compagnie d'Enzo, Jessy était pratiquement sûre et certaine que ça irait. Ce dernier allait veiller sur elle et faire en sorte que tout se passe bien. Et si jamais elle buvait un peu trop, et bien, c'est lui qui ferait en sorte qu'elle rentre chez elle sans aucun ennui. "J'espère bien que y'aura pas de gros chiens. J'ai pas encore fait de thérapie ..." Le encore signifiait qu'elle y songeait mine de rien. Il lui fallait juste ... avoir le courage de pousser la porte d'un psy et d'aller parler de tout cela. Ce n'était pas évident. Parce qu'elle n'aimait pas aborder le sujet. C'était pénible. Très pénible. "Me fais pas les gros yeux. Je sais qu'il faut que j'aille consulter." Quand ? Là était toute la question à dire vrai. Ouais. Elle ne savait pas quand. Elle verrait bien. Enzo lui proposait d'aller boire un petit verre dans un pub anglais pas loin d'ici. Jessy avait fini par mettre sa veste et elle sortit finalement de chez elle. "Si t'es pas fan des bières, on peut aller ailleurs ... Ou avec un peu de chance, ils auront peut-être d'autres choses." dit-elle en haussant les épaules. Parce qu'elle n'allait pas non plus l'obliger à aller boire un verre dans un endroit qu'il n'aimerait pas vraiment. "Enfin, c'est toi qui vois. Faut pas non plus t'obliger de boire un truc que t'aimes pas." Bah oui. Elle pensait à lui. C'était normal après tout. Parce qu'il se décarcassait pour elle, pour qu'elle pense à autre chose qu'à son état d'âme. A la séparation d'avec Justin. "On y va ?" Ouais, elle le suivait.
Thérapie … Quand Jessy sortit ce mot de sa bouche, je fus surpris. Oui. Mais pourtant c'était sûrement la meilleure chose à faire pour elle. Pas besoin de répondre quoi que ce soit, qu'elle compris de suite mon étonnement puisqu'elle savait qu'il fallait qu'elle parle de ce qui s'était passé à un spécialiste. Evidemment, parler de tout ça à ses porches n'est pas forcément la meilleure solution pour aller vraiment mieux, pour se débarrasser de ses démons, du moins, pas en totalité. Elle a tout le soutient dont elle a besoin, mais c'est elle-même qui doit s'aider à s'en sortir, parce qu'on ne peut pas être H24 avec elle, il faut qu'elle s'en sorte par ses propres moyens pour ne plus avoir ces peurs qui l'angoissent et qui l'empêche de profiter de la vie comme elle le faisait avant. Oui c'est sûrement la meilleure idée pour que tu te sentes vraiment mieux. Lui répondais-je simplement en souriant tendrement. Je lui avais alors annoncé ne pas être très fan de bières, donc forcément elle me proposait d'aller ailleurs. Je souriais de nouveau et lui répondais Non ne t'inquiète pas, ça ira pour moi, ils auront forcément des sodas dans le pire des cas. Lui répondais-je en lui envoyant un petit clin d'oeil. Oui parce que je suis persuadé d'avoir déjà bu des verres sans alcool dans ce pub, les ayant presque déjà tous fait dans cette ville, grâce ou à cause de mon boulot, même si au final je n'ai jamais pris une seule goutte d'alcool. Et là je ne suis pas sûr de vouloir commencer, même si ça m'est déjà arrivé de prendre un verre de vin sans manger. Enfin, si mon amie avait la phobie des chiens et de tous ses bruits qui peuvent l'effrayer, moi c'était bel et bien l'alcool qui m'effraie. J'ai peur de tomber dans ce gouffre qui m'a fait perdre ma mère et mes deux sœurs par la suite. Oui. Répondais-je à mon amie alors que nous nous dirigions vers ma voiture pour nous rendre dans ce pub.
Un thérapie. Ca ne pourrait lui faire que du bien à dire vrai. Même si ... Et bien, même si ça ne lui faisait clairement pas plaisir. Mais en même temps, elle ne pouvait pas ... elle ne pouvait pas baisser les bras. Elle devait se bouger. Emily avait subi pire, elle, quand elle était à l'autre bout de la Terre. Elle en était revenue. Pas en bon état. Mais elle n'avait pas consulté. Et bien qu'elles n'en parlaient pas toutes les deux, Jessy savait. Elle savait que sa jumelle n'allait pas bien. Elle savait qu'elle faisait des cauchemars. Et Jessy ne faisait rien. Elle ne faisait rien parce que Emily ne voulait pas lui en parler. Elle se confiait, quelque peu, à Henri. Mais l'autre jeune femme Bush ... était vraiment au plus mal. Et Jessy ne pouvait pas se permettre de se laisser aller sur une telle pente. Non. Elle devait ... Elle devait se bouger. Elle devait aller mieux. Alors, quand elle en avait parlé à Enzo, il avait été surpris. Et il l'avait regardé d'un drôle d'air d'ailleurs. Se demandant, sans doute, pourquoi elle lui annonçait ça maintenant. "Je sais pas si c'est la meilleure des idées mais au moins, j'me dis que j'pourrais mettre ça derrière moi. Et il est vraiment temps que je le fasse." Elle ne pouvait pas se replier sur elle-même. Elle devait tourner la page. Et pour le moment, elle n'avait pas l'impression d'y être arrivée correctement. Alors, si elle pouvait s'en débarrasser une bonne fois pour toute ... de cette peur ... de cette sensation de ne pas avoir réussi à avoir le contrôle de sa vie à ce moment là ... Ca passerait ... Avec de l'aide mais ça passerait. Elle s'en faisait la promesse. Mais bon, ils n'allaient pas parler de cela ce soir. Non. Ils allaient boire un verre. Ils iraient s'amuser. Pas danser parce qu'ils n'iraient pas dans une discothèque mais boire quelques verres. "Si tu bois seulement des sodas alors, j'vais t'accompagner avec des sodas moi aussi." Ouais, pas question qu'elle boive des bières. Enfin, elle verrait bien. Parce qu'ils n'étaient pas encore partis. Enfin, ils étaient partis. Ils étaient grimpés dans la voiture de Enzo. Et ils avaient filé. "En tout cas ... c'est très gentil ... de veiller sur moi comme ça." Elle avait eu un hochement de la tête. Elle appréciait. Et pas qu'un peu. "J'ai pas vraiment envie d'inquiéter mon frère. Il a déjà assez de problèmes comme ça avec ma soeur Emily." Elle ne savait plus ... Si elle lui avait donné tous les détails. "Tu te rappelles ? J't'avais parlé une fois de ma soeur Emily. Elle aussi elle a vécu des choses pas drôles. Pas aussi grave que la mienne. Mais ouais ... Ca va pas fort aussi. Alors, j'préfère qu'Henry se concentre sur elle que sur moi."
L’idée d’aller consulter ne semblait pas vraiment enchanter Jessy. Et je ne pouvais que comprendre, moi-même je n’avais pas voulu un seul instant consulter quand mon père était parti pour un monde meilleur et que ma mère avait sombré dans l’alcool. Et je m’en étais sorti. Du moins, je le pense. Certes ça a été un réel traumatisme mais aujourd’hui je le vis bien et j’apprends de mes erreurs pour être un homme meilleur. J’ai toujours su me relever et me débrouiller seul même quand je n’avais plus aucune sœur à mes côtés. Je pouvais donc croire que ça pouvait être la même chose pour mon amie mais son traumatisme est bien différent et bien plus effrayant. Ça lui bouffe même ses journées. Il fallait qu’elle trouve une solution. Mais ce n’était pas à moi de le lui dicter. Je lui souriais simplement pour lui montrer mon soutien, même si elle l’avait très bien compris. Je lui annonçais par la suite que je ne risquais pas de boire vu que ça n’a jamais été mon truc. Et apparemment, ça ne semblait pas la brancher pour ce soir non plus. On verra bien. Lui répondais-je [/b][/color]Il se pourrait que je brise ma petite règle pour quelques degrés d’alcool, qui sait …[/b][/color] Oui bizarrement j’étais motivé et je voulais un peu lui faire oublier les problèmes qu’elle avait. Une fois dans la voiture, voilà qu’elle m’annonça quelque chose qui m’interloqua et me fit bien tendre l’oreille. J’avais bien entendu parler de sa jumelle, Emily, et de son frère bien entendu, mais je n’étais pas sûr d’être au courant de ce qu’il lui était réellement arrivé. Mais elle non plus n’avait pas la vie toute rose. Et malgré son incident, ça me faisait plaisir que Jessy se retourne vers moi. C’est généreux de ta part. Lui confiais-je en souriant. Mais ça risque aussi de t’éloigner en même temps, même si pour ma part, ça me fasse plaisir que tu te confies à moi ! Lui répondais-je en lui donnant arbitrairement mon avis. Ce n’est pas en les tenant à l’écart aussi qu’elle arrivera elle à s’en sortir. Le soutien de la famille, quand on peut l’avoir, est le meilleur des soutiens.
Enzo conduisait, tranquillement. Jessy lui avait parlé, brièvement, de sa soeur Emily qui avait des soucis. De gros soucis depuis son retour d'Afghanistan. C'était fini son boulot chez les Seals. Mais ... c'était l'horreur maintenant dans sa vie. Jessy essayait, tant bien que mal, de rendre le sourire à sa soeur. De faire en sorte que ça aille bien pour elle. Mais elle ne savait pas comment l'aider sans passer par une thérapie pour elle-même. Alors, elle devait se faire soigner. Ou du moins, elle devait parler de ce qui lui était arrivé. Pour exorciser tout cela. Pour passer à autre chose. Pour ne plus penser à tout cela. Pour pouvoir tourner la page, définitivement. Enzo appréciait beaucoup qu'elle se confie à lui, au lieu de son frère. Mais il avait peur, à dire vrai, qu'elle n'en vienne à s'éloigner de son frangin. Elle secoua la tête. "Je pense pas que ça arrivera. On s'est déjà éloignés à cause de quelques histoires. Je lui ai dit que tout allait bien en rapport à cette histoire. Et je crois que, d'une certaine manière, ça le soulage un peu." Elle ne pouvait pas en être certaine mais bon. "La vie n'est pas drôle pour lui. Ma jumelle vit chez lui. Et ... elle fait beaucoup de cauchemars. Elle crie beaucoup aussi quand elle est en transe comme ça. Donc, tu sais, l'ennuyer avec mon histoire d'agression, ça le ferait encore plus s'inquiéter pour moi." Et même si c'était gentil, même si c'était adorable qu'il s'inquiète pour elle, Jessy ne voulait pas lui infliger cela. Non. Du tout. Il n'avait pas besoin de cela. Pas avec Emily. "Donc, oui, c'est toi que je vais embêter." Elle lui tira la langue. "C'est comme si t'avais une nouvelle frangine. Sauf que j'suis pas ta soeur. Mais j't'embêterais quand même." Elle savait qu'elle pouvait compter sur Enzo. Elle savait qu'il serait là. Qu'elle pouvait le déranger. Qu'elle pouvait tout lui dire. Donc, oui, si ça n'allait pas, c'est lui qu'elle irait voir. Son frère après dans le cas où il ne serait pas disponible. "Sauf si ça t'embête."
Ca me touchait vraiment que Jessy veuille se confier à moi, quelque soit la véritable raison pour laquelle elle ne veut pas embêter son frère avec ça. Je trouvais ça dommage, je me disais même que ça pourrait les éloigner un peu, mais finalement Jessy m'expliqua mieux les choses et je comprenais où elle voulait en venir. Oui il y avait peu de chance pour qu'ils s'éloignent c'est sûr, et ça me faisait mal au cœur d'entendre les souffrances que sa jumelle subissait en ce moment. Ca ne doit vraiment pas être facile tous les jours. Encore moins pour le frère. Je comprend. Répondais-je simplement, après les explications de mon amie, ne voulant pas non plus être trop indiscret avec toute cette histoire de famille qui ne me regarde pas. Tout ce qui m'importe pour ma part, c'est que Jessy aille bien, et mieux surtout. Elle me fit rire par la suite en me faisant part que ce serait bien moi qu'elle embêterait, comme mes sœurs peuvent m'embêter parfois pour des histoires sans importance. Sauf que là, ce n'est pas du tout sans importance. Et évidemment que ça ne m'embêtait pas. Tu veux m'embêter mais seulement si ça m'embête pas ? Lui demandais-je perplexe et amusais par cette réplique du tonnerre. Je finis par rire et à lui répondre Mais non ne t'inquiète pas, tu ne m'embête pas, tu sais bien que tu peux m'appeler ou débarquer à n'importe quelle heure chez moi. C'est pas comme si j'avais une vie secrète amoureuse. J'ai juste ma fille de temps à autre, mais elle fait tellement bien ses nuits que même un tremblement de terre ne la réveillerait pas ! Disais-je dans un dernier rire.
Déranger Henry avec cette histoire, non. Son frère avait d'autres chats à fouetter. Alors, qu'il se concentre sur Emily. Et Jessy serait ravie de lui annoncer que tout allait bien pour elle. Ca ferait une épine dans le pied d'Henry en moins, si on pouvait dire cela ainsi. Parce que oui, même si elle ne lui en parlait pas, il ne pouvait pas vraiment s'empêcher de lui en parler à dire vrai. Non. Il lui demandait assez régulièrement si ça allait bien. Et elle faisait comme si c'était le cas. "Bah oui ... j'aimerais pas te pourrir la vie avec mes plaintes si ça t'emmerde. J'ai pas envie de t'empoisonner non plus." Elle secoua la tête, tout en le regardant. Non. Elle n'avait pas envie de l'embêter plus que cela à dire vrai. Mais elle se doutait que ... Et bien, que ça pouvait être compliqué. Qu'il ne pouvait pas toujours être là pour elle. Mais bon, elle viendrait l'embêter de temps à autre. Pas tout le temps. Elle ne voulait pas trop l'ennuyer non plus. Enzo tenta de la rassurer en lui disant qu'elle pouvait venir à n'importe quel moment. L'appeler aussi à n'importe quelle heure. Actuellement, les amours, c'était pas ça. Et les seules visites qu'il avait, c'était sa fille. Et elle dormait bien. Donc, elle ne dérangerait pas vraiment. Même si ça inquiétait un peu Jessy, quand même, d'apprendre que l'agent des stups n'avait pas de vie ... sociale. Ou plutôt, sentimentale. "Pas de relation secrète ?" Jessy secoua la tête. "Faudra arranger ça un de ces jours. A moins que tu te complaises dans la solitude." Mais elle doutait que ça soit le cas. Peut-être qu'il était mieux tout seul dans l'immédiat. Il était vrai qu'ils parlaient souvent d'elle. Quand ils étaient au festival en juillet, c'était là qu'elle avait appris qu'il avait une fille. A croire qu'il était très secret le Zozo. Jessy tourna la tête sur le côté, regardant par la fenêtre. Semble-t-il qu'ils étaient bientôt arrivés.
Vraiment, s’il y a bien quelque chose qui ne me dérangera jamais, c’est d’être là pour une personne qui le mérite vraiment, et qui a vraiment besoin de mon aide. Maintenant, il se trouve que Jessy est devenue une amie pour moi, alors forcément elle n’avait pas besoin de davantage d’excuse pour venir squatter chez moi ou bien pour m’embêter par téléphone. Je ne suis malheureusement pas toujours disponible, mais je finis toujours par rappeler. A part bien sûr quand mon téléphone portable fait une sale chute, mais c’est bien la chose la plus rare. Je me suis mis à rire face au nouveau terme que Jessy avait employé et lui répondais Tu ne m’empoisonnes pas Jessy, même si tu devais me déranger parce que t’as un ongle cassé, ben non, ça me dérangerait pas. Disais-je en continuant de rire. Mais forcément, elle n’avait pas lâché une miette de ce que je lui avais dit, et c’est vrai que si on parlait plus souvent d’elle, on parlait rarement de notre vie sentimentale. Et bien sûr il avait fallu que j’en parle. J’aurais mieux fait de me taire. Mais bon, au moins elle sait qu’elle peut vraiment me déranger tout le temps. J’ai de nouveau ri lorsqu’elle me demanda si j’avais une relation secrète Oula non. Oula, pas forcément, je voudrais bien certes, mais on va dire que c’est quelque peu compliqué pour moi ces derniers temps Pas vraiment. . Lui répondais-je à sa remarque sur mon éventuelle envie de solitude. J’ai l’impression qu’on me punie d’avoir quitté ma fiancée depuis un an. J’ai que des relations foireuses, c’est pas la joie, mais franchement je le vis bien. . Oui j’avais envie d’une femme dans ma vie, mais j’en ai plusieurs depuis justement plus d’un an, alors pourquoi me formaliser ?
Est-ce qu'elle en profiterait ? Si jamais elle avait un souci ? Pas forcément en profiter. Mais oui. Si elle ne savait pas vers qui se tourner, si elle ne savait pas qui pourrait l'aider, ou bien l'écouter, oui, elle taperait à la porte d'Enzo. Même si elle ne savait pas vraiment où il habitait. Mais qu'importe. Elle savait qu'elle pouvait compter sur lui. Et c'était agréable. "Ouais mais non. J'vais quand même pas venir te déranger pour un ongle cassé." Elle secoua la tête. "Parce que ça serait carrément abusé et que ça m'ennuierait de le faire." Bien sûr, c'était façon de parler. Si c'est quelque chose qu'elle pouvait gérer, alors, oui, elle se débrouillerait pour ne pas ennuyer Henri. Ou bien Enzo. Dans le cas où c'était plus compliqué, dans le cas où elle avait besoin d'une épaule sur laquelle pleurer, ou bien des bras pour se faire consoler, ouais, elle se tournerait vers Enzo. En tout cas, c'était difficilement compréhensible ... dans le sens où elle trouvait étrange que Enzo soit seul. M'enfin, si ça lui allait comme ça ... C'était peut-être pas le cas. Si ça se trouvait, il en souffrait. Il lui expliqua avoir l'impression que c'était une espèce de punition. Pour avoir quitté sa fiancée. "Les relations foireuses, j'connais." dit-elle dans un hochement de la tête. "J'en ai eu quelques unes aussi." Voilà pourquoi la solitude, ça ne lui faisait pas de mal à dire vrai. Mais alors, pas du tout. Certes, elle aurait aimé que ça se passe bien avec Justin. Mais la vie en avait décidé autrement. "Doit y avoir des personnes qui doivent être faites pour rester toutes seules je pense." Elle ne désespérait pas. Mais presque à dire vrai. Elle se disait que y'avait forcément quelqu'un qui l'attendait, quelque part. Mais bon.
Bien sûr que je me doutais bien qu’elle n’allait pas venir vers moi pour une histoire d’ongle cassé, mais c’était juste pour bien insister sur le fait qu’elle n’avait même pas besoin d’une réelle raison pour venir me parler ou me déranger. En pleine mission, valait mieux pas pour sa propre sécurité, et la mienne par la même occasion mais si elle avait vraiment un problème, je mettrais mon travail de côté le temps de lui venir en aide. J’espérais que tu dirais ça au fond. Lui répondais-je dans un petit sourire, parce que oui, si elle venait me réveiller en pleine nuit pour un ongle cassé, pas sûr que je sois de très bonne humeur, et surtout ça prouverait que mon amie est bien trop superficielle. C’est alors qu’on se mit à parler des relations amoureuses, en lui apprenant mon éternel célibat. C’est triste oui, mais au final, c’est pas plus mal ainsi. Mais apparemment Jessy aussi n’avait pas beaucoup de chances dans ce genre de relations, donc forcément on se comprenait. Peut-être. Lui répondais-je pas très sûr de ce qu’elle avançait par rapport aux personnes seules. J’ai vraiment du mal à m’y faire, à me dire que je finirais vieil homme célibataire, incapable de vivre avec une femme. Je suis sûr que tu trouveras quelqu’un avant moi en tout cas ! T’es bien plus sexy que moi ! Lui disais-je avec un petit rire pour détendre l’atmosphère par rapport aux relations foireuses, même si ça m’intéresserait bien d’en connaître quelques-unes concernant Jessy.
Elle eut un hochement de la tête. "Parfait, on est d'accord. Je ne tire la carte de Zozo que si jamais j'ai vraiment un gros souci." Et qu'elle ne pouvait pas voir avec son frère ou bien avec sa famille. Mais elle n'en abuserait pas trop. Elle n'avait pas envie de ... d'être envahissante à dire vrai. Et elle n'avait pas envie de le déranger à n'importe quel moment. Enfin, Jessy ne s'inquiétait pas trop sur le sujet. Ca irait bien. Ils parlèrent d'un sujet un peu plus ... comment dire. Léger. Oui, les amours, c'était pas ... la joie. Pour lui. Comme pour elle à dire vrai. Et Enzo en vint à se mettre à rire tandis qu'il avouait qu'elle trouverait un copain bien avant que lui-même ne se trouve une copine parce qu'elle était plus sexy. Alors, oui, Jessy s'était mise à rire à son tour. "Ouais, c'est possible." dit-elle dans un hochement de la tête. "Bien que je suis sûre que tu finiras par trouver chaussure à ton pied. Enfin, j'espère pour toi." Jessy vit l'enseigne lumineuse du bar. Ils venaient d'arriver. Ne restait à Enzo plus qu'à se garer et ils finiraient le trajet à pied. Ouais, ça pourrait être bien. Marcher un petit peu. Prendre l'air. Ca faisait toujours du bien. "Tu sais, hein, pour un papy, t'es pas trop mal." Elle l'appelait souvent papy. En rapport au fait qu'il était plus vieux qu'elle et qu'il avait plus d'expérience, dans tout un tas de domaine. Elle adorait le charrier.
Le fait de se sentir utile a toujours été important pour moi, surtout avec mes proches. Aider les plus démunis et surtout les plus en danger est ce qui m’attire également, sinon je ne ferais pas ce métier, bien que parfois je me demande pourquoi j’ai choisi cette voie. J’aurais pu faire simple flic, ou même aller chez les agents spéciaux, ça m’aurait rapporté bien plus gros et ça aurait été certainement bien moins fatiguant. Seulement je ne pouvais plus quitter l’Australie, voyagé 11 mois sur 12 pour ne jamais être de retour pour faire des recherches sur mes sœurs. Aujourd’hui, oui je pourrais éventuellement le faire, mais je suis bien dans mon boulot, surtout que finalement, c’est grâce à ma mère ironiquement que je me suis dirigé là-dedans. Je me sens totalement fait pour ça, alors il n’y a pas de raison que je change, je peux très bien aider même dans ce service. Mais ça ne m’aidait pas non plus à avoir une réelle vie amoureuse. J’avais réussi pendant presque 4 ans. Pour au final me rendre compte que j’avais besoin d’espace. Alors suis-je vraiment fait pour l’amour ? J’en doute parfois, mais j’ai envie d’y croire, d’essayer de nouveau. Les femmes font mon bonheur, je le sens, mais je n’ai peut-être pas besoin de plus au final. Mais moi aussi j’espérais trouver chaussure à mon pied, c’est évident. Jessy finit par me faire rire en me disant que je n’étais pas trop mal et surtout en me surnommant de papy, chose que je n’avais pas entendue depuis un petit moment Ouais je te l’ai déjà rabâché que le sport maintient la jeunesse ! Lui répondais-je avec un petit clin d’œil alors qu’on se dirigeait droit dans le bar. Alors, tu sais ce que tu veux boire ? Autant prendre une boisson alcoolisée non ? Profite pendant que je suis là, je pourrais même essayer de te suivre qui sait … Lui disais-je malicieusement.