Jessy aimait bien se moquer, de temps à autre, du policier. C'était pas pour être méchante avec lui ou quoi que ce soit. Mais l'appeler Papy, ouais, elle trouvait ça marrant. Surtout qu'il ne disait rien. Il se mettait pas en pétard ou quoi que ce soit. Donc, il était vrai que ça l'encourageait à continuer de le faire à dire vrai. Et elle continuerait sans doute encore un moment. Tant que ... Et bien, tant qu'il ne lui dirait rien. Le jour où il se rebellerait et qu'il lui dirait que ça l'énervait, oui, sans doute qu'elle arrêterait. Mais pas pour le moment. "Oui, je sais, tu me le dis souvent." dit-elle dans un hochement de la tête. "Bien trop souvent d'ailleurs. Mais tu sais, hein, le sport et moi, on est pas trop potes. Enfin, on l'est un peu plus depuis que c'est toi qui me coaches. Mais tu serais pas dans les parages, j'suis pas certaine que je continuerais à y aller." Parce que c'était pas marrant. De faire du sport tout seul. Mais alors pas drôle du tout. Alors oui, elle préférait y aller quand Enzo était dans les parages. Le policier en vint à lui poser une question. Sur ce qu'elle allait boire. Il lui conseillait un peu d'alcool. Elle haussa quelque peu des épaules. "Euh ... Tu sais, l'alcool, c'est pas vraiment une bonne idée. Ou alors, seulement un verre." Parce qu'elle n'avait pas envie que se reproduise l'incident .. Enfin, son frère n'avait pas de copain actuellement. Du moins, pas qu'elle sache. Elle préférait pas savoir. Bien qu'elle espérait secrètement que son frère soit heureux et qu'il se trouve quelqu'un dans sa vie. Mais bon. "Peut-être un petit cocktail. Avec pas trop d'alcool dedans. Ca pourrait être un bon compromis." Ouais. Ca pourrait être pas mal. C'était certain.
Si pour sa part elle m’embête en m’appelant un peu trop souvent Papy, moi je me défends en lui disant que le sport est fait pour elle. Enfin, si on veut, je l’incite à en faire encore plus et toujours plus. Si je ne le faisais pas, elle ne serait jamais motivé, j’en suis persuadé, elle n’irait à la salle qu’une fois tous les trois mois, et c’est d’ailleurs bel et bien ce qu’elle me confirme. Moi j’en suis persuadé. Lui répondais-je dans un rire qui se voulait taquin. Je lui proposais alors de commander une boisson alcoolisée pour elle, pour qu’elle se sente un peu euphorique, plus à l’aise, plus détendue. Je pensais bien qu’elle allait refuser, mais finalement, elle se laissa tenter, et je souriais, heureux qu’elle m’écoute, quand elle me parla de son compromis qui était tout à fait acceptable C’est un bon compromis. Je vais peut-être même me laisser tenter par une petite bière légère pour t’accompagner. Oui il y a des soirs où j’ai envie de faire des efforts, et puis la bière est moins forte que le vin, même si c’est en quelque sorte j’ai cru comprendre que les degrés ne voulaient rien dire. Etrange oui, mais autant tester. Même si au final je ne leur prendrais que leur plus faible bière, histoire que ça ne m’atteigne pas trop, voire même pas du tout, je l’espère bien. C’est davantage pour que Jessy se sente moins seule. Je nous commandais alors nos verres au barman, avec nos exigences particulières et en attendant je demandais à mon amie Alors, c’est quoi ton traumatisme concernant l’alcool ? Oui parce que ça se voyait dans ses yeux qu’elle ne voulait pas boire, alors je me demande bien ce qu’il avait pu lui arriver pour qu’elle en arrive là.
Le sport, c'était moche. C'était très moche. Enfin, si on laissait Jessy parler du sport. Elle n'aimait pas tant que cela. Et elle ne regardait pas forcément non plus le sport. Non pas que ça ne l'intéressait pas. Mais c'était plus ou moins le cas d'ailleurs. Elle préférait, et de loin, parler d'art ou des choses dans le genre. En tout cas, le Zozo, il était pas drôle. Parce qu'il venait d'avouer haut et fort qu'il savait que Jessy n'irait plus à la salle de sport s'il n'était pas dans les parages. "Faudra que j'arrive à te faire mentir alors." C'est à dire y aller sans forcément y aller à reculons et y aller avec le sourire ... Ouais, et bin, c'était sans doute pas demain la veille mais bon. Un jour ou l'autre, peut-être qu'elle irait à la salle de sport sans râler. Enfin, passons. Jessy ne voulait pas boire beaucoup d'alcool. Elle n'avait pas envie de se prendre une cuite. Elle n'avait pas envie de répéter certaines erreurs. Alors oui. Moins d'alcool dans son sang il y avait, mieux elle se portait à dire vrai. Et ça lui allait bien mieux comme ça. "Allez, parfait. On fait comme ça alors." Enzo avait commandé sa boisson. Et Jessy en avait fait de même. Enzo lui posa une question. En rapport à l'alcool. Et pourquoi elle n'avait pas envie d'en boire. "Ca remonte à plus d'un an. J'venais de me faire larguer par un connard." En même temps, c'était peut-être de sa faute à elle. Peut-être qu'elle s'était imaginée des choses. Ou qu'elle avait cru voir des choses alors qu'il n'y avait rien. "J'ai beaucoup bu ... ce soir là ... J'ai appelé mon frère pour qu'il vienne me chercher mais il a pas pu se déplacer. Et c'est son fiancé qui est venu. Sauf que ... Voilà quoi ... On a fait des folies ensemble. Mon frère l'a su. Et il m'en a voulu pendant un moment. Et donc, on s'est fait la promesse de ne plus toucher à l'alcool. Ou presque pas." Parce que Henry avait tendance ... Et bien, deux fois qu'il avait eu un excès d'alcool et à deux reprises, il avait couché avec une femme et l'avait mise enceinte. Donc, voilà quoi. L'alcool et les Bush, c'était pas une bonne idée. Du tout. "Donc voilà. Moins d'alcool pour lui et pour moi, et mieux on se porte."
Me faire mentir, quelle drôle d’idée ! Je me suis mis à rire de nouveau quand elle me fit remarquer ça. Je ne lui mentais pas, j’essayais juste de la motiver. Mais je savais bien qu’elle ne serait jamais ami avec le sport, et je le respecte totalement, j’en joue simplement. Même si elle sait pertinemment que c’est bon pour le corps, et bon aussi si jamais elle se fait agresser de nouveau. Elle aura davantage de force pour pouvoir se défendre. On se mit d’accord par la suite d’un petit compromis par rapport à l’alcool, et je me sentais même prêt à l’accompagner à cette petite dose. Non pas d’alcool fort bien entendu, j’étais bien trop traumatiser encore pour ça. Et je ne voulais pas ce traumatisme s’en aille par ailleurs. Ca me va parfaitement ainsi. Mais qui parle de traumatisme, elle semblait en avoir un concernant l’alcool, alors forcément j’étais plutôt curieux de savoir ce qu’il lui était arrivé. Je me suis senti de nouveau mal par rapport à ce qu’elle se soit fait larguer par un con. C’est que dans sa petite vie elle en avait vécu des salles choses et j’en apprends tous les jours avec elle. Bon ça ne fait pas non plus de longues années qu’on se connaît mais tout de même. Elle poursuivit son histoire malgré mon regard surpris et curieux, pour m’annoncer qu’elle avait fait des galipettes avec le fiancé de son frère. Je me retenais de rire en plaquant ma main sur ma bouche, essayant du mieux que je pouvais pour paraître choqué et ne pas paraître déplacé, mais bon dieu que c’était une situation cocasse, et bien drôle faut l’avouer. Moins drôle pour son frère bien évidemment. Je me râclais alors la gorge pour lui répondre Oui c’est sûr que l’alcool c’est mauvais, j’en ai trop fait les frais également. Mais ils sont toujours ensemble du coup ? Oui ça m’intriguait du coup, même si au fond c’était triste cette histoire.
Ouais. L'alcool. C'était moche. C'était très moche. Parce que sous l'emprise de l'alcool, on venait toujours à faire des bêtises. Des choses qu'on regrettait. Des choses qu'on aurait aimé qui se passent autrement. Elle avait pas eu de chance sur ce coup là. Et surtout, elle avait failli perdre son frangin. C'était ça le pire à dire vrai. D'avoir risqué de le perdre. D'avoir risqué qu'il ne veuille plus lui parler et qu'Henry la raye de sa vie. Mais non. L'eau avait coulé sous les ponts. Et ça s'était arrangé. Et heureusement d'ailleurs. Bon, oui, elle aurait retrouvé une sorte de frangin chez Enzo. Mais c'était pas pareil. Du tout. En lui racontant tout ça, Enzo avait plaqué sa main sur sa bouche. "J'me doute que t'as envie d'éclater de rire. Mais merci de ne pas le faire. Parce que c'est pas drôle quand même." Même avec le temps, ça restait pas drôle mine de rien. Le policier faisait son curieux. Il voulait savoir si son frère était toujours avec son fiancé. Elle pencha la tête sur le côté. "Ta soeur coucherait avec ta fiancée, tu penses que tu resterais avec ladite fiancée ?" Bon, en même temps, quand une personne était gay et qu'elle se retrouvait trompée par son ou sa conjointe qui avait couché avec une personne de l'autre sexe, ouais ... C'était peut-être moins douloureux. Mais bon. Elle recommencerait pas. "Non. Ils sont plus ensemble. Avec le temps, Henry a fini par me remercier parce qu'il m'a dit que si ça se trouvait, son fiancé aurait fait un autre écart alors qu'ils seraient mariés. M'enfin, j'm'en suis voulue un moment." Et elle s'en voulait toujours un peu. "C'est derrière nous mais j'dois avouer que sur le coup, j'ai eu peur ... Peur qu'il ne veuille plus m'adresser la parole." Mais tout ça, c'était fini. Elle n'avait plus à craindre ça.
C’est comme lorsqu’on assiste à une chute, on a envie de rire, et pourtant on a peur que l’autre ne soit blessé. Un comportement humain très étrange, et c’est un peu ce qu’il m’était arrivé avec l’histoire de Jessy et du fiancé de son frère. Je respectais bien sûr leur histoire, voilà pourquoi je m’empêchais tout simplement de rire, et j’avais bien fait, parce que sinon c’est elle qui m’en aurait voulu au final. Elle répondu ensuite à ma question par une autre question et franchement avec tout ce qu’on voit, la réponse semblait évidente Y’en a, oui, j’en suis persuadé. Et ils sont totalement masochistes ceux qui font ça, ou alors totalement fou amoureux. Ca aurait pu être le cas de son frère, mais j’étais plutôt content pour lui et elle que ce ne soit pas le cas. Il est sain d’esprit, c’est le principal. Parce que non, il n’était pas resté avec son fiancé et avait même remercié sa sœur en quelque sorte. Un peu tordu, mais pas si illogique que cela. Mais il était encore plus logique qu’elle s’en soit voulu longtemps. Et qu’elle s’en veuille encore, même si ce n’est pas ce qu’elle m’a dit, ce ne serait pas étonnant. Je comprends tout à fait. En même temps vous êtes relier par le sang, c’est censé être le lien le plus fort. Mais c’est vrai que parfois il ne résiste pas. Enfin, seulement quand les frères et sœurs n’ont jamais été vraiment proches. Parce que je sais pertinemment que pour ma part je pourrais tout pardonner à ma sœur. Même à celle que je n’ai pas revu depuis bien des années. Pour moi c’est sacré oui, alors forcément ça me semble logique. C’est alors que nos verres sont enfin arrivés, et on put trinquer à … Je levais mon verre A la famille ? Lui demandais-je pour avoir son avis. Après tout, on venait d’en parler et je ne trouvais rien de mieux à fêter pour l’instant.
Des dingues ? Ouais, y'avait des dingues sur terre. Des sado-maso. Des personnes qui aimaient bien se faire mal. Ou qui se fichaient de souffrir en amour. Des personnes qui préféraient fermer les yeux. Et rester avec celui ou celle qu'ils aimaient, et ce même si ... Et bien, même si y'avait trahison. Mais non. Henry n'était pas resté avec son fiancé. Il était parti. Et avec le temps, Henry l'avait remerciée de cet écart. Elle, quand elle y pensait, ça la faisait encore rougir. Elle était encore honteuse par rapport à tout cela. Et elle était sûre et certaine qu'elle ne pourrait jamais réellement oublier. Quand bien même elle voudrait le faire, y'avait toujours ... Oui, quand elle regardait son frère, il y avait toujours ... ce souvenir honteux qu'elle avait. Ouais ... Elle aimerait bien pouvoir l'effacer en un claquement de doigts. Mais elle n'y arriverait pas. "Ouais .... l'amour est aveugle pour certains ..." se contenta-t-elle de lui dire en haussant des épaules. L'amour était parfois stupide. Très stupide. Mais bon, Jessy se contentait de ne pas y penser. Parce que ... Et bien, parce qu'elle n'avait pas de chance en amour, elle non plus. Enfin, passons. Jessy lui avoua qu'elle avait eu peur, à un moment, que son frère s'éloigne d'elle à jamais. Oui, elle avait eu peur de le perdre. Mais tout est bien qui finit bien comme on le dit souvent. Et ça s'était arrangé. Et tant mieux d'ailleurs. "Oui, mais ... la trahison, ça fait mal quand même. Et il a mis du temps avant de me refaire confiance." Ce qui était tout à fait normal. "Et maintenant, ça va bien entre nous. Et tant mieux d'ailleurs." Elle n'aurait pas aimé rester fâchée avec lui. Pas du tout. On venait de servir leurs verres. Et Enzo avait pris le sien, le levant quelque peu. Il voulait trinquer. "A la famille, oui."