Aéroport de Brisbane, 14h12, terminal 5. J'attends ici, à la sortie, depuis presque une heure déjà. Le vol arrive seulement à 14h30. Si je me suis tellement prit a l'avance c'est parce que je n'avais pas d'autre choix. Maddison est occupé a planifier un mariage, Adrian travail et Hayden fait je ne sais quoi qui fait qu'il n'est pas à la maison. Personne n'a donc put me conduire et j'ai été obligé de prendre le bus puis le métro puis le bus de nouveau pour arriver ici. 2h dans les transports en commun et 30 min pour l'attente. Le problème est surtout que pas tous les bus ne sont accessible pour un fauteuil roulant et deux rames de métro était pleine. mais peu importe.

J'ai eu le temps de prendre un café puis de chercher le bon terminal. Et tout ça pour quoi? Pour accueillir Myrddin, mon meilleur ami d'enfance avec qui je n'ai plus eu aucun contact depuis ... 3 ans. 6 ans que notre relation s'est dégradé ou plutôt avons nous commencer à se perdre de vu depuis qu'il a quitté Cambridge pour Londres. Et là, il y a une semaine à peu près, je le retrouve un peu par hasard en surfant sur facebook. C'est dans un groupe qu'il a posté une recherche de logement à Brisbane. Je l'ai directement reconnu et directement contacté après avoir eu l'autorisation d'Hayden. C'est comme ça que nous avons recommencé à nous parler. Me voilà donc à l'aéroport pour l'emmener dans son nouveau chez lui.

J'avoue que je stresse un peu. Il ne m'a jamais vu en fauteuil roulant et ne me connaît qu'en tant que bipède. Je ne sais pas comment il va réagir, ce qu'il va faire, s'il va se sentir mal à l'aise ou quoique ce soit. Mais dans tous les cas il n'a pas vraiment le choix et va être obligé de s'y habituer. Enfin, j'avoue avoir du mal à l'imaginer entrain de me juger sur ma situation.

14h30, les portes s'ouvrent et les gens commencent à affluer dans le terminal. Je me redresse et me place un peu sur le côté pour pas trop leur bloquer le passage et essaie d’apercevoir Myrddin. Je lui ai que je serais habillé d'un jeans noir et d'un t-shirt bleu-gris. Mais dans tous les cas, si moi je ne le reconnais pas, lui me reconnaîtra à 100%. C'est un peu bête à dire mais c'est la vérité : Je suis le seul handicapé à attendre ici.

En voyant les portes s’ouvrir, je sens une bouffé de stresse monter en moi. Et s'il ne me reconnaît ? Et s'il avait vraiment beaucoup trop changer ? Je sais qu'il a passé une année 2015 très dure. J'ai appris par sa mère qu'il était à l'hôpital, dans le coma. Moi, je n'ai pas eu le courage d'aller le voir. Je n'osais plus sortir de chez moi et plus je me tien loin des hôpitaux, mieux je me porte. Pourtant, j'ai toujours demander des informations à sa mère. Elle m'en donnait sans problèmes, tout comme ma mère en donnait à la sienne lorsque j'étais dans ce cas. A presqu'un an d'intervalle, deux coups du sort. Nos deux mères n'ont jamais été loin l'une de l'autre et sont toujours resté en contact, se soutenant mutuellement. Je crois que c'est grâce à Charlotte Owens que ma mère a réussi à tenir le coup.

J'ai hésité a aller le voir à son chevet mais lorsque je m'y étais décidé, j'ai apprit qu'il s'était réveillé. Et je sais d'expérience -malheureusement- personnelle, que c'est le mauvais moment pour les anciens amis de réapparaître. Du coup, voilà. Ce n'est que lorsque j'ai vu son annonce sur internet il y a une semaine que je lui ai reparlé. Un sacré hasard je dois dire. Mais un très heureux hasard.

Me redressant, je regarde les gens qui passent et tente d’apercevoir mon ami. C'est, presque en même temps que nous nous voyons. Lorsque nos regards se croisent, je sens mon cœur qui s'accélère et un sourire qui prends place sur mon visage. Ce même sourire qui s'agrandit encore et encore au fur et à mesure que mon ami s'approche. Et au final il lâche ses valises et, se penchant en avant, m'enlace. Je m'empresse de répondre à l'étreinte qui, bien que courte, fut tout de même bien intense. Ça fait tellement de bien de l'avoir à nouveau dans mes bras ! Lorsqu'il se redresse et qu'il me complimente, disant que je n'ai pas changé, que je suis resté tout aussi mignon et que s'il ne le savait pas il me donnerait bien moins de 26 ans, je rigole doucement.

 «T'as pas perdu ton humour toi, hein » souriais-je, amusé  «et puis ça doit faire à peu près 1h que j'attends ? Mais ce n'est pas grave, j'ai mal géré mon coup avec les transports en commun et tout  » j'hausse les épaules  « Mais j'ai pu boire un café ce qui est tout de même une bonne chose » j'incline légèrement la tête sur le côté et l'observe avant de me redresser  « On y va ? Plus vite on est reparti plus vite on est à la maison. Et la dernière navette que je peux emprunter sans problème part à 18h30.» je regarde ma montre  « On est encore large, mais elles ne roulent que deux fois dans l'heure donc ...voilà. On risque de devoir attendre longtemps si on ne prends pas la prochaine. » Je le regarde et lui fait signe de me suivre.  « Si tu veux accrocher ton sac à dos aux poignets de mon fauteuil n'hésite pas surtout, ok ? » je me met en route et roule doucement, slalomant entre les gens  « ça a été sinon ? Le voyage est horrible, non ? » je souris  « Quand je suis arrivé ici, j'ai dormis pendant presque 24h et j'ai mis presqu'une semaine pour m'habituer au décalage horaire »je rigole doucement et me dirige vers la sortie de l'aéroport

Je parle beaucoup, non ? Sans doute. Sûrement est-ce pour cacher ce sorte de malaise qui réside encore moi. Même si ça me fait plus que plaisir de voir Myrddin après tant d'années, même si, en le voyant là et après l'avoir eu dans mes bras je suis bien plus serein, il y a, en moi, toujours une part de crainte. Et si nous avions trop changé ? Et si, au final, nos deux caractères ne sont plus du tout compatible ? Que ferons-nous ? Ce sera une déception. Une très grande déception. Comme lorsqu'il est parti à Londres. Je me suis battu pour avoir de ses nouvelles, j'ai tout fait pour rester en contact avec lui. Téléphone, SMS, skype. Mais il était beaucoup trop prit par ses études et par son travail que j'ai finalement cesser de faire des efforts à tenter de maintenir le contact. Et pourtant, je n'ai jamais cesser d'avoir de ses nouvelles de part sa mère. Se pourrait-il qu'il m'abandonne à nouveau de la sorte ? Pour l'instant nous habitons ensemble mais qu'en sera-t-il lorsqu'il partira ? Je ne veux pas y penser. Pas encore. Pas maintenant alors que je viens tout juste de le trouver.

Alors je me confond en paroles qui n'ont que très peu de sens. Je parle et parle, souvent pour ne rien dire, juste pour combler un silence. Je sais que Myrddin doit être crevé, peut-être a-t-il justement envie d'un peu de silence et de répits, mais c'est bien plus fort que moi. Après lui avoir expliquer la galère des transports en commun, je lui demande comment s'est passé le vol et lui avoue que le jetlag c'est vraiment horrible, que j'ai eu du mal à m'y faire moi-même. Il me répond sans hésitation que ça risque d'être la même chose pour lui ne serait que pour le temps de sommeil à rattraper. Ça me conforte dans l'idée que nous allons devoir rentrer le plus vite possible. Au pire, il pourra s’assoupir dans le métro, étant donné que nous auront bien une vingtaine de minutes de route. Mais tout d'abord, le bus.

Tandis que nous sortons de l'aéroport, je reprends la parole  « ça va très bien se passer » le rassurais-je lorsqu'il me demande comme ça va se passer avec Hayden.  « Et oui, il y aura assez de place normalement. Mon lit est un lit deux place, mais si ça te gêne de trop on pourra toujours mettre un matelas au sol dans ma chambre et ce sera parfait. Sinon il y a bien le canapé qui se déplie et qui fait aussi office de lit deux places. Tu n'as vraiment aucun souci à te faire de côté » je lui offre un sourire rassurant et m'avance vers l'arrêt de bus  « Et Hayden il est totalement enchanté. D'ailleurs, il s'excuse de ne pas avoir put venir aussi aujourd'hui, il était occupé quelque part à faire je ne sais quoi. Mais il rentre ce bientôt. Il devrait être à la maison quand on sera rentré nous aussi.» je regarde mon ami et souris doucement  « Mais vu ta tête, je pense que tu feras sa connaissance seulement demain» je rigole un peu avant d'hausser les épaules  « Il est adorable Hayden, tu verras » un fin sourire vient étirer mes lèvres, comme bien souvent lorsque je parle de cet homme qui a littéralement changé ma vie.

J'ai l'impression que la plus grande crainte pour Myrddin c'est de savoir si Hayden va l'accepter ou non.Il me parle, certes,du fait qu'il espère qu'il y ait assez de place, m'explique en même temps qu'il risque de me déranger dans mon sommeil s'il dort avec moi, puis vient directement me demander ce qu'il en est de mon colocataire. Je lui réponds avec la plus grande des certitudes et sincérité, que mon sauveur est quelqu'un de tout à fait adorable. Myrddin comprends donc totalement ce qu'il doit comprendre : que mon ami est très gentil. L'anglais me confirme d'ailleurs le fond de sa pensée. J'hoche vivement la tête avant de préciser que, de toute manière, il va sûrement apprendre à le connaître seulement demain.

Je me joins furtivement à son rire tandis que nous sortons de l'aéroport et gratifie du regard un homme qui nous tiens la porte. En nous dirigeons vers l'arrêt de bus, Myrddin souhaite savoir comment j'ai rencontré Hayden et si ce n'est qu'un ami. Je rigole doucement d'un rire quelque peu amer  «Vu la violence avec laquelle je me suis séparé de mon ex je ne pense pas que je vais me remettre en couple de si tôt » sauf si Daniel revient vers moi, me dit être désolé et me dit qu'il m'aime encore. Je secoue légèrement la tête pour enlever ses pensées de ma tête. Je ne vais quand même pas me remettre avec lui, non ? Après tout ce que j'ai vécu … enfin peu importe.  «Non, non, Hayden s'est juste un ami. Je l'ai rencontré à Sydney lorsque ... » je voulais me jeter d'une falaise et qu'il m'a retenu au dernier moment reprenais-je dans ma tête en me coupant d'un coup. Je ne vais pas parler de cette tentative de suicide à Myrddin. Pas maintenant alors qu'on vient tout juste de se retrouver. Mais j'avoue que, d'un côté, je me sens un peu mal de lui mentir.

 «Enfin, Sydney donc. J'y étais un week-end avec le travail et voilà. J'ai dormi dans le même hôtel que Hayden et je l'ai retrouvé ici,à Brisbane. Sachant que j'habitais avec mon cop...mon ex copain mais que je me suis séparé de lui avant de partir à Sydney, Hayden m'a proposer de m'héberger et...voilà, ça fait maintenant 2 mois j'habite chez lui. C'est super cool, ça me plaît beaucoup. » J'ai bien sauver le coup, non ? Enfin. Je lance un coup d’œil vers ma montre puis bloque ma roue droite pour me tourner et regarder sur le plan.  « Hm, on peut prendre celui de 14h58 » je me retourne à nouveau et regarde autour de moi  « une petite dizaine de minutes encore»

Je n'ai jamais été bon en mensonge.Bien au contraire. Et Myrddin est un acteur. Pensais-je réellement pouvoir le convaincre en lui disant ces conneries ? Non, bien sûr que non. D'ailleurs, il me le fait bien assez rapidement comprendre. Rien que par son regard pendant que je confond dans mes mensonges, je remarque qu'il n'est pas dupe. Pas du tout même. Son regard le trahis et c'est peut-être pour ça que je suis devenu hésitant, que mon mensonge n'a pas aboutie. Lorsqu'il prend la parole pour me répondre, ça ne fait que confirmer mes pensées : il ne me croit pas. Il me dit d'ailleurs qu'un jour je lui raconterais l'histoire exact avec mon ex et la vraie raison de mon séjour à Sydney. Je baisse vivement le regard, touché et me pince les lèvres. Fort heureusement, Myrddin me dit que non, ce ne sera pas pour aujourd'hui car il est trop crevé. Ça m'arrange fortement je dois dire!

J'hoche donc simplement la tête  «Un jour peut-être, oui » soufflais-je, tout en gardant le regard baisser. Afin de rester sur une note positive, Myrddin parle ensuite un peu d'Hayden disant que s'il a été là pour moi c'est le principal et que c'est bel et bien pour cette raison là qu'il ne pourra pas le détester. Je lève mon regard, affichant un léger sourire et hoche doucement la tête  «Oui, tu verras, il est très gentil. Tu ne peux pas le détester »

Et finalement, mon ami change enfin de sujet ! Il parle de la très grande différence de température entre l’Australie et l’Angleterre mais surtout du le changement de saisons qui sont inversé ici par rapport à l'Europe. Je me passe une main dans les cheveux et hoche la tête  «Ouais. Mais j'ai l'impression qu'il fait exceptionnellement chaud cette année. Enfin, en tout cas les Australiens que je connais me le dise » je souris doucement  «Et ouais, le changement de saison est sûrement le plus dur. Ça a beau faire plusieurs mois que je suis ici, mon corps ne s'est toujours pas réglé sur les saisons inversées » lui avouais.

Une petite dizaine de minutes plus tard arrive le bus. Malgré la cohue, je ressens à nouveau cette gentillesse des Australiens qui, même s'ils sont pressés, me laisse passer en premier. Et même s'ils ne sont pas content ou que ça ne leur plaît pas, ils le pensent mais ne le disent pas. Dans tous les cas, je me retrouve là, garé à l’emplacement prévu à côté de Myrddin. Celui-ci ne semble pas aller très bien et me supplie de lui dire qu'on en aura pas pour longtemps. Je me pince légèrement les lèvres et hausse les épaules  « Une dizaine de minutes de bus puis une vingtaines de minutes de métro et après encore deux ou trois minutes à pied … ou a roue» lui expliquais-je  «ça va aller ? » je dois dire que le voir comme ça, dans cet état m'inquiète quand même pas mal.

Myrddin est vraiment crever. Je me rappelle d'un jeune homme énergique et plein de vie, motivé et optimiste à tout bout de champs. Mais les aléas de la vie ont fait qu'il change. Je sais que la chaleur environnante ne fait qu'augmenter ce nouveau état d'esprit dans lequel il se trouve. D'après sa mère, il n'est plus le même. Ce qui est totalement normal. Qui serait encore le même en se réveillant après deux mois de coma et en voyant que son corps lui dit merde ? Qui le serait encore quand les séquelles d'un accident ou d'une agression ne lui permettent plus de continuer notre passion ? J'ai appris, toujours par ma mère, que Myrddin a dut renoncer d'être acteur. Pour une raison qui m'échappe mais que je vais sans doute apprendre assez rapidement. Ce n'est donc pas seulement le fait d'avoir 20h d'avion, 24h de décalage horaire et une toute nouvelle saison derrière lui qui le met aussi mal. Mais peu importe.

J'hoche doucement la tête  « Tu pourras dormir assez rapidement, t'inquiète pas » lui assurais-je  «Et ce ne seront ni moi ni Hayden qui te réveillerons, t'inquiète pas » précisais-je. Myrddin me dit ensuite que ce serait tout à fait normal si d'un coup il ne se rappelle plus de quoi on parle. Je souris doucement et hoche la tête  « OK, pas de souci»

J'ai aussi compris le message 5/5 et me tait donc. Tout le reste du voyage se passe en silence. Les 10 minutes de bus sont longues mais nous arrivons finalement à destination. Pendant les 20 minutes de métro Myrddin trouve une place assise et s'endort presque directement. Je le laisse dormir, observant simplement les gens dans le métro et ne le réveil qu'une minute avant de descendre. Nous sortons du métro et remontons à la surface. Toujours en silence, nous nous dirigeons vers le bâtiment dans lequel se trouve le loft d'Hayden. Une fois à l'intérieur de la grande pièce, je me tourne à nouveau vers mon ami.

 « Ma chambre est juste là » lui indiquais-je avant de me diriger vers la cuisine. J'attrape un verre et une bouteille d'eau, cale le tout entre mes jambes et roule vers Myrddin qui est déjà aller dans la chambre.  « Le plus important ici c'est que tu restes hydrater et de boire plus qu'en Angleterre. J'ai fait la bêtise au début de ne pas boire assez et ça m'a valut un allez simple à l'hôpital » je lui souris doucement et pose le tout sur la table de chevet  « Si tu as besoin de quoiqu-...» je me tais lorsque sens mon portable vibrer dans ma poche  « Excuse moi.» j'attrape le phone et décroche en commençant à me tourner.

Lorsque j'entends que la femme se présente comme un agent de police, je sens que les nouvelles ne seront pas bonnes. Et j'avais raison. Je me fige à la sortie de la chambre et, la gorgé serrée, ne parviens qu'à dire un petit 'ok' étouffé avant de raccrocher. Je laisse tomber mon portable sur mes jambes et pose une main tremblante devant ma bouche. Je prends plusieurs profondes inspirations mais fini par sortir complètement de la chambre pour me diriger vers la cuisine, ne pouvant pas croire ce que je viens d'apprendre.

Cet appel est le genre qu'on ne voit que dans les films et où se demande bien si la personne qui décroche n'est pas entrain d'exagérer la chose. Jamais, oh non jamais de la vie je n'aurais imaginer ne serait-ce qu'une fraction de seconde que je vivrais le même genre de calvaire. Que mon monde s'écroule une deuxième fois en deux mois. J'ai l'impression, comme bien trop souvent, que ma vie m'échappe. En cet instant précis, le monde se serait arrêté de tourné, la ville aurait explosée ou l'apocalypse aurait commencée que je n'aurais rien pris en compte de tout ça.

Daniel est mort. Une over dose à première vu. Un profond sentiment de culpabilité m'enserre le cœur et me prends aux tripes. Une envie de vomir, un haut le cœur. Arrêté dans la cuisine, le regard posé sur mon portable, une main sur la bouche, j'essaie d'étouffer un sanglot mais ne peut empêcher les larmes de couler. Je me mord les doigts, prends plusieurs profondes inspirations et essaie du mieux que je peux de ne pas craquer. Lorsque j'entends Myrddin arriver derrière moi et me parler, j'ai un moment de lucidité. Un très court instant durant lequel je parviens à reprendre le contrôle sur mes sentiments et qui me permet de parler.

 «Daniel, il ... » c'est tout ce que je parviens à dire. Les autres mots restent bloqué dans ma gorgé étouffés par un sanglot, très vite suivi par bien d'autre. Je craque et pleurs devant Myrddin que je viens de retrouver et qui n'a sans doute pas les nerfs à me supporter maintenant. Mais quoi faire ? Comment pourrais-je me calmer si je garde ça pour moi ? Lorsque je sens la main de mon ami se poser sur mon épaule, je lève furtivement mon regard embué de larme vers lui puis m'avance et vais me blottir dans ses bras.  « Il est … il a été retrouvé … mort. Putain » j'agrippe le t-shirt de Myrddin et me tend brusquement en me serrant d'avantage contre lui  «Putain … il est ...pourquoi ? Merde … !» j'enfouis mon visage mouillé de larme dans le t-shirt de mon ami  «Il... il ne méritait pas de … de ...de finir comme ça …  »

Comment ? Où ? Pourquoi? Mais surtout, est-il mort seul, triste et déprimé chez lui ? Avait-il quelqu'un avec lui qui aurait put le sauver ? Y avait-il quelqu'un qui l'a accompagné dans sa mort ? Depuis combien de temps était-il déjà mort? Trop de questions, pas assez de réponses. Je garde les yeux fermé et laisse libre court à mes émotions, ne retenant plus mes larmes, mes sanglot reprenant de plus belle. Jamais je n'aurais pensé que la vie se finirait de cette manière pour Daniel.

D'abord mon père et maintenant Daniel ? A deux ans d'intervalle, deux des personnes qui me sont -ou m'ont été- le plus chères sont mortes. Au moment où ma vie semblait enfin reprendre de nouveau un chemin plus serein et plus agréable, quand j'ai enfin trouvé un moyen de remonter la pente, il fallait que quelque chose comme ça se produise. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Un sentiment d'amertume se propage dans mes tripes. Daniel m'a réduit à néant lorsque nous étions ensemble, il a gâché deux mois de ma vie. Telle une drogue il a fait tant de ravage, mais j'étais accroc. Je pensais pouvoir le sauver. Et même maintenant que nous ne sommes plus ensemble il trouve toujours un moyen de me continuer à creuser cette blessure en moi qui s'est refermé il n'y a que très peu de temps. Il est mort, comme ça, d'un coup.

La culpabilité. Voilà ce qui m'abrite aussi en ce moment. J'aurais du faire plus, j'aurais du aller sonner chez lui la dernière fois quand j'ai vu de la lumière. J'aurais du insister en l’appelant, peu importe si je l'énerve. J'aurais dut tout mettre en mon pouvoir pour réussir à l'approcher à nouveau. J'aurais du.... j'aurais dut être là pour lui. Je n'aurais pas dut attendre qu'il me donne de ses nouvelles de lui-même. Mais je n'ai rien fait de tout ça. Et si ça avait changé quoique ce soit ? Et si rien de tout ça ne serait arrivé si j'avais sonner chez lui cette nuit dernière ? Je me fais du mal moi-même en jetant la faute sur moi. Ce n'es absolument pas de ma faute, rien de tout ça n'est arrivé à cause de moi. Il est le seul fautif dans toute cette histoire. Il savait qu'il jouait avec le feu, qu'il mettait sa vie en danger.

En sentant l'étreinte de Myrddin se faire plus sincère, je referme d'avantage mon emprise sur son t-shirt, comme si ça m'aidait pour m'accrocher à la réalité. Je ne veux pas à nouveau perdre pied alors que je viens tout juste d'avoir réussi à sortir la tête hors de l'eau. Je ferme les yeux, crispe mon visage mais frissonne légèrement sous les caresses de mon ami. Il m'assure être sincèrement désolé mais qu'il est là. Ouais mais s'il part à nouveau ? Comme quand il avait 20 ans. S'il part à nouveau et qu'il ne me donne plus aucune nouvelle. A qui pourrais-je bien m'accrocher à ce moment là ? Je déglutis difficilement, la gorgé serrée et essaie de me blottir d'avantage contre lui.

 «merci  » parvenais-je à souffler avant que ma voix ne se brise à nouveau. Si je continue à parler, je sais que je vais recommencer à pleurer.  « Désolé » finissais-je tout de même par dire en me redressant. Je me passe une main sous le nez et renifle  «tu ... ça va aller  » disais-je doucement  « Tu peux allez dormir, je … ça va ….aller ….» je me mord la lèvre inférieure en sentant que je craque de nouveau. Je prends une profonde inspiration et me redresse lorsque mon téléphone sonne à nouveau.

Je sors mon portable de ma poche et me fige en voyant le numéro de la mère de Daniel apparaître sur l'écran.  « c'pas vrai ...» soufflais-je en plaquant à nouveau ma main devant ma bouche  «Je … je peux pas  »je secoue la tête et annule l'appel  en secouant la tête. Mon corps est soudainement à nouveau secouer de sanglots et je craque encore une fois. Faire face aux parents de Daniel ? Leur expliquer pourquoi je n'ai pas été là pour leur fils ? Je ne sais pas si j'y arriverais.