Je tourne en rond comme un lion en cage. Je n’en peux plus, c’est la quatrième fois que je regarde mon portable sans pouvoir me résoudre à passer ce coup de fil. Kyrah devrait déjà être là, elle avait dit qu’elle serait là. Je regarde ma montre pour la énième fois. Dans 2 minutes c’est notre heure, celle de nos convocations respectives et je suis de plus en plus stressé. Je finis par me saisirai de mon téléphone pour l’appeler mais je tombe sur sa messagerie. « Kyrah, je suis un peu en stresse là alors si tu pouvais arriver genre très vi… » Je relève la tête pour la voir rentrer dans la salle un peu essoufflée. « Bordel j’ai cru que tu viendrais pas ! » Je dépose un baiser sur sa joue probablement un peu trop chaste au vu de nos antécédents. « Ca aurait été une bien vile vengeance » Je suis heureux qu’elle soit là, ça aurait pourtant été idiot de ne pas venir après avoir subit la prise de sang autant venir chercher les résultats. Je vais m’asseoir sur ma chaise alors que Kyrah me suis et vient se poser à côté. « C’est qu’un examen de routine, il y a pas de raison qu’on ait le VIH, je veux dire on en a parlé on se protège, tous les deux on… Il y a pas de raison. » J’ai beau parler je continue de stresser autant. « Ils auraient du appeler. Ils font ça d’habitude quand tout vas bien, ils appellent pour dire coucou il y a pas besoin de venir vous êtes super clean ! » Je suis entrain de me monter la tête je le sais bien, quand nous sommes venus faire la prise de sang le cabinet nous a directement fixé ce rendez-vous. Nous proposant par la même occasion de tester les autres MST et de faire un petit check-up. Puisqu’on était là c’était toujours bon à prendre mais maintenant je suis carrément entrain de flipper. La main de Kyrah vient trouver la mien comme pour me calmer et ça marche, le temps de quelques secondes je me sens un peu mieux. Je respire un grand coup et la porte s’ouvre sur l’un des médecins, la personne qui sort de son bureau a visiblement pleuré et je sens une boule se former dans ma gorge. « Monsieur Elio Harrington ? » Je me lève me séparant avec difficulté de la main de Kyrah. « Ca va aller… » Je parle pour moi, je parle pour elle, je ne sais plus je ne suis qu’une boule de stresse et devoir me séparer de Kyrah pour ce moment est atroce. Pourtant je dois bien, elle va sans doute être appelée pour son propre résultat par l’un de médecin dans quelques minutes à peine. Puisque nous ne sommes pas vraiment un couple c’est chacun son test.
Je rentre dans le bureau en le scrutant, le médecin n’est pas le même que celui qui m’a posé des questions à mon arrivée et sa tête ne me revient pas. « Alors alors, monsieur Harrington. » Il semble fouiller dans ces papiers et je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi il n’a pas préparé ça avant. Autant d’années d’études pour un tel merdier, qu’on m’en reparle de l’université. « Alors oui MST, fer, calcium… » Son stylo glisse sur la feuille sans s’arrêter alors que je me sens devenir de plus en plus blanc de second en second. « Tout va bien apparemment. » J’ai l’impression que je vais verser. « C’est une blague ? » Je suis presque un peu énervé sans trop comprendre pourquoi. « Pardon ? » « Vous m’avez fait venir jusqu’ici, suer comme un porc pour me dire que tout vas bien ? Je me suis préparé au pire et rien ! Rien ? » Le médecin sourit légèrement. « C’est la procédure monsieur nous voyons tous les patients pour leur expliquer les résultats des tests, on ne vous l’a pas expliqué quand vous êtes venu faire la prise de sang ? » Si bien sûr il me l’on dit, mais je croyais que c’était une ruse pour que ceux qui sont malade ne flippent pas trop. Qu’ils allaient quand même m’appeler avant si tout était bon… Apparemment pas de ruse dans cette clinique, je le saurais maintenant. « J’ai aussi cru entendre que votre femme était enceinte, félicitation. » Je suis un peu étonné par ces propos, puis je fais le rapprochement, prise de sang, enceinte. Bonjours le secret professionnel avec ce médecin, heureusement que je suis déjà au courant. « Oui ce… Elle n’est pas ma femme mais merci, pour les félicitations. » Je crois bien que c’est la première fois qu’on me félicite et ça me fait étrange. « Je peux y aller ? » Je vais bien c’est l’important non ? « Oui enfin… J’ai cru voir sur votre fiche que vous aviez eu des comportements à risques dernièrement et je voudrais être sûr que vous êtes conscient des risques de ce genre de pratiques ? Et si vous avez des questions je suis là pour y répondre. Nous avons aussi des fascicules à l’entrée... » Je le remercie d’un hochement de tête. « C’est bon merci tout vas bien… » Je n’ai pas besoin de leçons de morales je me sens déjà bien assez con comme ça. Quand je sors de la pièce Kyrah n’est plus là… Je l’attends en recommençant à faire les cents pas, de quoi donner la nausée à ceux qui attendent leur tour. Puis la porte s’ouvre sur la silhouette de la jeune femme et j’accours presque vers elle. « Alors tout va bien ? Moi ça va, alors dis moi que toi aussi ? » Je devrais sans doute moins m‘inquiéter pour elle, elle m’a dit elle même qu’elle avait fait un test il y a quelques semaines et qu’elle était clean. Pourtant je suis inquiet… Je suis toujours beaucoup trop inquiet quand ça concerne Kyrah et notre bébé. Mais j’imagine que c’est normal.
Je crois que je suis restée un peu trop longtemps sous la douche, l’eau commence à devenir froide. Je coupe sans plus tarder et sors de là pour m’enrouler dans une peignoir tout chaud. Je reste là immobile, quelques secondes, qui se transforment même peut-être en minutes. Les yeux clos, les mains tout contre moi pour rester bien au chaud. Mais je sursaute quand j’entends frapper à la porte de la salle de bain. « Kyrah, t’as fini ? » Merde, je crois que j’ai mis un peu trop de temps. Il y a deux salles de bain ici, mais on utilise toutes les deux la même Kelya et moi. « Entre, c’est ouvert ! » Je ne ferme jamais à clés, ça ne sert à rien, je sais qu’elle n’entrera pas sans frapper, et quand bien même, elle m’a déjà vue nue. « Je mets juste un coup de parfum et je file au boulot. » Je hoche la tête et reste au milieu de la salle de bain emmitouflée dans mon gros peignoir. « Ça va ? » Je hoche un peu la tête, mais Kelya comment à me connaître un peu trop bien à mon goût. « C’est aujourd’hui les résultats c’est ça ? » Je hoche à nouveau la tête, et une boule se forme dans mon ventre. « T’inquiètes pas, je suis sûre que ça va aller. Tu m’enverras un message quand même pour me dire ? » « Oui. » Elle vient plaquer un baiser sur ma tempe et quitte la salle de bain. J’en fais autant quelques secondes plus tard, pour être sûre de ne pas être en retard. M’habiller commence à devenir compliqué, parce que ça y est, mon ventre a pris un peu d’envergure, je ne peux pas vraiment le cacher, ou alors sous des vêtements amples. J’enfile alors un pull léger un peu large, sans rien en dessous, et un legging qui ne m’empêchera pas de respirer. Mon sac et me voilà partie en direction de la clinique là où nous avons fait une batterie de tests il n’y a pas moins d’une semaine. Lorsque je pousse la porte de la clinique, je trouve Elio, au milieu du hall, téléphone à l’oreille, qui me regarde comme si sa vie allait s’arrêter brutalement. Quoi ? Il a déjà eu ses résultats ? Je suis en regard ? Je regarde l’horloge derrière lui. Mais non en plus, pile à l’heure ! « Bordel j’ai cru que tu viendrais pas ! » Je m’approche et il dépose un baiser sur ma joue. « Je suis là. » « Ca aurait été une bien vile vengeance » J’esquisse un petit sourire à son sous-entendu de la dernière fois où il m’a plantée avant ma première échographie. Nous allons nous asseoir et je prends place à côté d’Elio. J’ai un coup de fatigue, mais j’essaie de faire surface. « C’est qu’un examen de routine, il y a pas de raison qu’on ait le VIH, je veux dire on en a parlé on se protège, tous les deux on… Il y a pas de raison. » Je tourne la tête dans la direction d’Elio qui semble véritablement stressé. « Ils auraient du appeler. Ils font ça d’habitude quand tout va bien, ils appellent pour dire coucou il y a pas besoin de venir vous êtes super clean ! » Sa jambe s’agite et je viens poser une main sur sa cuisse pour l’immobiliser. « Arrête ! Ça va aller ok ? » Pour une fois que c’est moi qui dis ça. Je ne suis pas moins stressée, mais j’essaie de garder mon calme. Ce qui est, quand on me connaît, quelque chose d’absolument étonnant. La main d’Elio vient récupérer la mienne et je sens qu’il s’apaise un peu, alors que nos doigts viennent déjà s’emmêler. Un médecin sort et appelle Elio qui se lève en se persuadant que tout va bien aller. Je hoche la tête et sépare ma main de la sienne pour le laisser filer, et le stress me monte une fois que la porte se referme sur lui. « Melle Tamara Malikov ? » Je déteste définitivement qu’on m’appelle par mon vrai prénom. « Oui. » Je me lève et récupère mon sac pour suivre le médecin dans la petite pièce, et je m’installe en face de lui. « Bon, tout va bien. » Je soupire de soulagement, parce que même en faisant bonne figure, il y avait toujours un stress. « Vous êtes enceinte de 18 semaines, c’est bien ça ? » Je hoche la tête. « Oui. » « Grossesse volontaire ? » Je me racle un peu la gorge. « Hum… non. » « Je vois, vous êtes suivie par un obstétricien ? » « Oui oui, ce n’est pas parce que c’est un accident que je ne fais pas les choses dans l’ordre. » « Hum… c’est pour cette raison que vous êtes venue faire un test de MST alors que vous avez forcément dû faire une prise de sang au moment d’apprendre pour votre grossesse. » Je fronce un peu les sourcils. « Vous insinuez quoi là ? » « Je n’insinue rien mademoiselle, je fais des déductions. Votre petit ami est le père de cet enfant ? » « Mais je rêve, vous êtes flic ou quoi ? Tout ça ne vous regarde pas. Je suis là uniquement pour mes résultats, pas pour que vous me fassiez la morale sur mes fréquentations. » Je me lève de la chaise, un peu excédée par son discours. « Je peux récupérer mes résultats s’il vous plait ? » Il hoche la tête et me donne les papiers. « Merci. Bonne journée. » Mon ton est froid et je fais directement demi-tour pour quitter la pièce. Elio accourt directement vers moi, encore tout stressé. « Alors tout va bien ? Moi ça va, alors dis moi que toi aussi ? » Je suis énervée, mais à par ça, ça va. « Oui ça va. Il m’a pris la tête mais ça va. » J’esquisse un mince sourire et lui fais un signe de tête. « On y va ? » Nous quittons la clinique et je croise machinalement mes bras sur ma poitrine alors qu’un silence s’installe, silence que je finis par briser. « Tu te demandes quand même pourquoi ils ont pas de cours de psychologie quand ils font médecine. Parce que putain, ils sont pas super doués ! » Je soupire un peu et me rends compte que je suis vraiment de mauvaise humeur, et que c’est idiot, puisque les nouvelles sont bonnes, au final. Je m’arrête et Elio s’arrête aussi du coup, me faisant face. Je me donne un coup de pieds aux fesses pour retrouver la joie de vivre qui m’anime en règle générale. « Je crois que tu me dois une glace pour fêter ça. Une glace, et… » Je m’approche de lui, avec mon côté féline, mes yeux qui pétillent. Je viens poser mes mains sur son torse et les laisse glisser jusqu’à sa nuque. « On peut fêter ça de plein de manières différentes… » Le sous-entendu est tel que le sourire d’Elio illumine son visage. Me voilà satisfaite.
Je n’aime pas la tête qu’elle fait, non je n’aime pas du tout ça. Je me sens en panique totale cherchant dans ces yeux une lueur qui me rassurait. « Oui ça va. Il m’a pris la tête mais ça va. » Je soupire de soulagement en entendant ces mots, elle m’a fait peur à faire cette tête. « On y va ? » Je hoche la tête et pose ma main dans son dos pour la faire passer en premier, elle semble vraiment contrariée les bras croisés contre son torse. Le silence s’installe et je n’ose pas lui demander ce qu’il c’est passé, c’est moi qui l’ai mis dans cette position donc j’ai un peu peur que ça me retombe dessus. Je n’ai vraiment pas envie qu’on se prenne la tête une fois de plus. Elle finit par rompre le silence. « Tu te demandes quand même pourquoi ils ont pas de cours de psychologie quand ils font médecine. Parce que putain, ils sont pas super doués ! » Je ne peux qu’hoche la tête, ce n’est pas la première fois que je fais face à un médecin avec peu de tact, le mien était plutôt sympathique et pas trop prise de tête, apparemment j’ai eu le bon. « Qu’est ce qu’il t’a dit ? » Je me doute que ça a un rapport avec la grossesse sinon je ne vois pas pourquoi elle se mettrait dans cet état, ou lui aussi a laissé sous entendre qu’elle était une trainé, je sais qu’il n’y rien qui peut l’énerver plus que ça. Je trouve dommage que ce médecin gâche notre moment, nous allons tous le deux biens, je peux enfin souffler et pourtant je sens encore une certaine tension. D’ailleurs quand elle s’arrête au milieu du chemin je me place face à elle un peu stressé me demandant ce qu’elle va bien pouvoir dire. « Je crois que tu me dois une glace pour fêter ça. Une glace, et… » J’aime voir le sourire revenir sur son visage et encore plus quand il laisse place à son petit air félin qui me fait craquer. Sa main glisse de mon torse à ma nuque alors que son regard de feu me fait chavirer. « On peut fêter ça de plein de manières différentes… » Mes mains vont se poser sur ces hanches alors qu’un sourire vient se glisser sur mes lèvres. « C’est vrai ça ? Je vois pas du tout de quoi tu parles… » Je vais déposer au baiser dans sa nuque, puis je remonte petit à petit jusqu’à la bordure de ces lèvres m’éloigne alors un peu pour la regarder. « Merci de l’avoir fait avec moi… » Je sais qu’elle l’a sans doute fait plus pour elle que pour moi, mais je me sens rassuré maintenant. Pour nous deux… Pour le bébé aussi. Je vais poser mes lèvres sur les siennes avec douceur et rapidité. « Je crois que j’ai ce qu’il nous faut, j’ai de la glace à la maison. Et de la chantilly aussi. » Je lui fais un regard plein de sous entendus et attrapant sa main je l’attire avec moi dans une course à travers les ruelles. Je crois qu’elle comme moi nous sommes pressés d’arriver dans mon appartement. De plus il est juste pour nous pour plusieurs heures. Kaecy travaille et les jumeaux sont à l’école. Kyrah arrive avant moi dans le hall et avant qu’elle ne commence à monter les escaliers je l’attrape par les hanches pour l’empêcher d’aller plus loin et l’oblige à se retourner pour sceller ces lèvres aux miennes. Coinçant son corps contre la balustrade nous continuons à monter les escaliers en échangeant des baisers brulants. « Monsieur Harrigton ! » J’entends la voix totalement outrée de ma voisine qui nous toise depuis le haut des escaliers et je me sépare de Kyrah un peu honteux mais rigolant comme un gamin pris en flagrant délit. « Vous n’avez pas honte ! Et votre femme ? » Je croise le regard un peu étonné de Kyrah et je me marre encore plus. « On vous l’a déjà dit Mme Butterfield Kaecy n’est pas ma femme. » Elle lève les mains en l’air et se cache les yeux en descendant les escaliers. « Je ne veux pas être témoin de ça, non ! Ca non ! Un si jolie couple avec vos deux charmants garçons. » Nous montons les escaliers en vitesse et sans plus provoquer ma voisine. Arrivé devant la porte je l’ouvre en vitesse. « Charmant garçon, mon dieu cette femme a vraiment de la merde dans les yeux. » Les jumeaux sont pleins de choses, des vrais tornades sur pattes, des petits démons, mais charmant… Sans doute pas ! Sauf quand ils dorment peut-être. Nous rentrons dans l’appartement et je ferme à clef derrière nous, on ne sait jamais. J’ai tellement envie de Kyrah, là tout de suite que j’ai de la peine à me contenir pour ne pas retourner prendre d’assaut ces lèvres. Je me dirige vers la cuisine pour ouvrir le congélateur et en sortir la glace puis la fameuse crème chantilly. « Je me trompe ou on a pas besoin d’assiette ? » La chose que j’ai le plus envie de manger là tout de suite, c’est elle.
« Qu’est ce qu’il t’a dit ? » Je garde mes bras croisés et mon air renfrogné, soupirant légèrement. « Il a fait des vieilles insinuations pourries… mais j’ai pas envie d’y repenser. Toute manière c’est pas l’important. » C’est une certitude, parce que l’important, c’est que tout aille bien pour tout le monde. C’est rassurant. Et ça veut dire aussi qu’on va pouvoir partir sur de nouvelles bases. Bien sûr, pour ça, il faut avoir un minimum confiance l’un en l’autre, et ça c’est une toute autre histoire. Je me canalise un peu pour passer au dessus de cet énervement passager, et pour palier à ça, je décide de venir me fondre contre Elio, lui faisant bien comprendre ce dont j’ai envie. Le sourire qu’il me tend fait s’étirer un peu plus le mien. Voilà, c’est de ça dont j’avais besoin, exactement de ça. Je sens ses mains sur mes hanches me rapprocher un peu plus de lui, et mon sourire ne s’éteint pas. Bien au contraire, mes yeux s’illuminent d’une étincelle dont lui seul à le secret. « C’est vrai ça ? Je vois pas du tout de quoi tu parles… » J’arque un sourcil, amusée, conquise, féline. Il dépose un baiser dans mon cou, puis glisse jusqu’à l’arrête de ma mâchoire, et le coin de mes lèvres. « Merci de l’avoir fait avec moi… » Mon regard lui répond que ce n’est rien, bien au contraire, il a raison de m’avoir un peu poussée. Il le fallait. Il pose un baiser rapide et furtif sur mes lèvres, et c’est comme un goût d’inachevé. « Je crois que j’ai ce qu’il nous faut, j’ai de la glace à la maison. Et de la chantilly aussi. » Son regard rempli de sous-entendus… grrr… je le boufferai. Et d’ailleurs, c’est sans doute bien ce que je compte faire. Sa main attrape la mienne et nous courons tous les deux dans les rues qui nous mènent chez lui, sans se lâcher, nos rires raisonnant entre les parois des immeubles. J’entre avant lui dans le hall et en montant, Elio m’attrape et ma plaque contre lui alors que je penche la tête en arrière pour recevoir son baiser, et il me fait me retourner pour que celui-ci soit encore plus intense. Une marche nous sépare et je suis encore loin de faire sa taille, mais je suis toujours bien plus près de ses lèvres, et ce n’est pas pour me déplaire. D’ailleurs, je ne me prive pas pour les dévorer avec envie, alors que ma respiration est déjà bien plus courte. « Monsieur Harrigton ! » Je sursaute à moitié et me sépare d’Elio en entendant cette voix. Puis je relève les yeux, les laissant flirter avec la silhouette de cette vieille femme, plus haut. « Vous n’avez pas honte ! Et votre femme ? » Femme ? mais de quoi elle parle ? Je ne m’étonnerait plus de rien avec lui, enfin s’il y avait une femme dans sa vie, j’aurai aimé être au courant. Je tourne alors les yeux vers lui, sourcils un peu soulevés sous l’étonnement de dires de cette femme, et Elio rit un peu plus, ce qui me rassure, un peu au moins. Et c’est sa phrase qui finit de me rassurer. « On vous l’a déjà dit Mme Butterfield Kaecy n’est pas ma femme. » Je soupire un peu, rassurée pour de bon. « Je ne veux pas être témoin de ça, non ! Ca non ! Un si jolie couple avec vos deux charmants garçons. » Je ris un peu plus en la voyant descendre les escaliers, une mains sur la rambarde et l’autre sur ses yeux. Je la laisse descendre alors que nous montons chez Elio. Il ouvre la porte en vitesse et je m’engouffre dans cet appartement que je commence à connaître assez bien. « Charmants garçons, mon dieu cette femme a vraiment de la merde dans les yeux. » Je ris en l’accompagnant. « C’est peu d’le dire ! » Ils ont un côté vraiment chou, mais ils sont plus des petits démons qu’autre chose. Elle ne doit vraiment que les voir passer, et encore, même en les voyant, voyant ces bouilles, on se doute de ce qui se cache dessous. Je suis Elio dans la cuisine et le laisse sortir de la glace et de la chantilly. Je me mords la lèvre inférieure d’envie, d’envie de glace, de chantilly, et surtout de lui. « Je me trompe ou on a pas besoin d’assiette ? » Je m’avance vers lui, réduis la distance entre nos corps de manière féline, mes yeux brûlants dans les siens. Je viens récupérer la bombe de chantilly dans ses mains et la secoue de manière plus que suggestive, avant d’ouvrir le capuchon pour mettre le bec dans ma bouche et en avaler une noix. Je tire finalement la langue et en dépose un peu dessus avant d’aller embrasser Elio à pleine bouche pour partager ça avec lui. L’envie de lui est tellement présente que j’ai du mal à penser à autre chose. D’ailleurs, ça m’est même carrément impossible. Je récupère le pot de glace dans ma main et sans me séparer des lèvres du jeune homme, j’avance de manière à ce qu’il recule, plus ou moins à l’aveuglette, une main à ma hanche et une main en guise de canne d’aveugle. Je le pousse dans le canapé, le forçant à s’asseoir, alors que je reste debout une seconde, le regard plus brûlant que jamais. Je viens m’asseoir à califourchon sur lui et reprends ses lèvres d’assaut. Et sans qu’il ne s’y attende, je viens glisser ma main dans son pantalon, celle là même qui tenait le pot de glace depuis quelques dizaines de secondes, et qui est donc glacée. La différence de température est saisissante, et la contraction de son corps, de ses muscles, en témoigne. Ce qui me fait largement sourire, alors que je viens mordiller sa lèvre inférieure d’envie. La lionne en moi est de sortie. Je retire finalement ma main de son boxer et viens ouvrir sa ceinture, les boutons de son jean, et lui retire son t-shirt assez rapidement. Mes mains parcourent son torse parfaitement musclé, et je fonds totalement. Il est ma drogue. Ma respiration est bien plus courte, mon coeur semble rater régulièrement quelque battements, je ne me sens vivante que dans son regard et sous ses caresses. « Tu me rends dingue… » Ce n’est pas la première fois que je lui dis cette même phrase, mais c’est comme si chaque jour elle prenait un peu plus de sens et d’ampleur.
Mon état d’esprit a bien changé en quelques secondes. Le stresse a belle et bien disparu pour laisser place à l’envie irrésistible de Kyrah, cette même envie qu’elle est la seule a savoir susciter de cette manière. Elle prend les devants, attrapant le pot de glace et la chantilly et me poussant dans le canapé après avoir partagé un peu de chantilly avec moi. Je me laisse faire et alors qu’elle est encore debout devant moi j’en profite pour l’observer, les courbes de son corps qui me font tourner la tête. Son ventre qui commence légèrement à s’arrondir mais ne fait que s’ajouter à son charme, la grossesse lui va bien, ou alors c’est le fait de savoir que c’est mon enfant qui grandit en elle qui fait monter tous ces sentiments en moi. Enfin, elle vient se mettre a califourchon sur moi et nos lèvres se retrouvent dans un baiser passionné. Je me laisse aller à ces caresses jusqu’à se que sa main glacée vienne subitement se glisser dans mon pantalon. « Oh putain. » Tout mon corps se crispe face à se changement de température brutal. Ma respiration se fait plus saccadée alors qu’elle mord ma lèvre sensuellement, je me laisse faire comme un patin sous ces gestes. Sa main ressort de mon pantalon pour venir m’enlever mon T-shirt et déjà déboutonner mon pantalon, de toute évidence elle n’a aucune envie qu’on prenne notre temps aujourd’hui. Moi non plus d’ailleurs. « Tu me rends dingue… » Savoir que je lui fais cet effet ne fait que redoubler mon ardeur et je lui retire son haut en vitesse. Ma main se glisse derrière son dos pour défaire son soutien gorge alors que nos langues s’entremêlent jouant l’une avec l’autre. Mes mains parcourent son corps avant de la saisir pour l’allonger sur le canapé, faisant descendre mes baisers dans son cou. Je me saisis de son pantalon et de ses dessous en même temps pour les descendre d’un coup sec, je me sens plus animal d’un coup. Me séparant un peu d’elle pour la défaire totalement de ces vêtements je les fais voler alors que j’enlève mon propre pantalon. Nue sur mon canapé, elle semble à ma merci et je l’observe un moment depuis le haut. Je ne la touche plus, seul nos regards semblent nous permettre de communiquer. « Comment tu fais pour me donner toujours autant envie de toi ? » Cette attraction pour elle me rend fou, mais aujourd’hui elle semble me faire plus de bien que de mal. Comme si nous commencions enfin à trouver un équilibre, scabreux mais un équilibre tout de même. Tellement fragile que j’ai peur de le casser à chacune de mes phrase… Mais pour une fois j’ai l’impression qu’on en vaut la peine. La peine que j’y fasse attention. « T’est belle. » Je vais me positionner au dessus d’elle, entre ces jambes. J’ai gardé mon caleçon et c’est la seule distance qu’il reste entre nous. Ces mains se glissent dans mes cheveux alors que les miennes parcourent son corps avec envie, prenant possession de ces parcelles de peau que je voudrais pouvoir faire mienne, au moins pour une instant. « Je meurs de faim… » Evidement mon regard sur elle en dit long sur le genre d’appétit qui me ronge, j’ai faim d’elle, de son corps mais je veux jouer encore un peu et j’attrape la bonbonne de chantilly sur la table basse pour la secouer sous les yeux de Kyrah. Puis la pointant vers elle, je dépose une ligne sur son corps partant du bas de son nombril pour remonter entre ces seins. Le contact froid de la chantilly lui fait cambrer légèrement son corps augmentant mon envie d’elle, je ne peux pas lui résister quand elle se joue de moi comme ça. Je m’attaque enfin à la crème que j’ai déposée sur son corps prenant mon temps pour la manger, ma langue léchant sa peau avec envie, mes lèvres se saisissant de cette crème pour remonter petit à petit vers son visage. Quand j’arrive au bout mon désir est brulant et le sien aussi, j’embrasse sa bouche avec passion me collant un peu plus à son intimité alors que la mienne est ferme et dur contre elle. Je n’ai déjà plus envie d’attendre et baissant légèrement mon caleçon je m’introduis en elle sans prévenir. Son corps se courbe, ces mains me serrent plus fort alors que mon bassin entame des vagues sensuelles en elle. Mon désir est tellement fort qu’il prend possession de tout mon corps, agissant presque à ma place. Des râles de plaisir incontrôlables sortent de ma bouche. J’ai l’impression de ne pas avoir fait ça depuis une éternité. C’est tellement bon que même une heure sans elle, sans son corps contre le mien peut créer un manque. Alors que ma main va titiller son intimité j’entends mon portable sonner sur le comptoir. Nos regards se croisent alors qu’elle semble me supplier de ne pas y faire attention. Pas besoin de me le demander deux fois. « On s’en fiche… Ca doit pas être important. » Je devrais pas je sais, j’ai des responsabilités mais là il n’y a rien d’autre que Kyrah. Kyrah et son corps parfait et chaud qui me donne tant de plaisir.
A l’instant où ma main prend contact avec sa virilité déjà bien tendue, un sourire se pose sur mes lèvres, victorieux. « Oh putain. » Je me mords la lèvre avec envie et sensualité. J’ai tellement envie de lui, c’est dingue, il me rend barjot et je ne me cache pas pour lui dire d’ailleurs. Je ne peux pas attendre plus, l’envie et le désir me consument, tout entière. Je ne perds pas de temps avant de lui retirer son t-shirt et déboutonner son pantalon, dans des gestes rapides, secs, alors que ma respiration s’accélère à mesure que les secondes passent. A son tour, il retire mon haut, passe ses mains dans son dos et dégrafe mon soutien gorge d’une main de maître. Je soupire, comme libérée de quelque chose qui me serrait un peu trop, et ma poitrine qui l’appelle déjà. Nos langues ne se quittent plus comme scellées, exactement là où elles doivent être. En une fraction de seconde, Elio m’attrape, me retourne et m’allonge sur le canapé, ce qui me fait lâcher un petit gémissement. Les yeux clos, je le laisse m’embrasser là où il en a envie. Aujourd’hui, c’est encore pire que d’habitude, parce que nous savons aussi bien l’un que l’autre que nous ne craignons rien, ni la maladie, ni la grossesse, alors toutes les barrières morales semblent s’exiler, tout autant que mon pantalon qui ne fait pas long feu sous les mains de mon partenaire, emportant avec lui mon reste de sous-vêtement. Il se redresse pour retirer à son tour son pantalon, et je ne le quitte pas des yeux, passant mes mains dans mes cheveux qui étaient venus se plaquer devant mon visage. Les lèvres légèrement entre-ouvertes, la respiration rapide et bruyante, je le dévore du regard, n’attendant plus qu’une chose, c’est qu’il me rejoigne, et vite. Et puis il reste là, loin, trop loin, à me regarder alors que ma poitrine se soulève à une vitesse folle tellement l’envie de lui est dévorante. « Comment tu fais pour me donner toujours autant envie de toi ? » Je souris, conquise. « T’es belle. » Je secoue la tête, amusée, et viens placer mon pied entre ses jambes pour l’attirer à moi, et enfin nos corps se retrouvent, j’en laisse même échapper un léger râle de plaisir, juste par le simple contact de sa peau contre la mienne. Je le laisse prendre place entre mes jambes, mais clairement, son caleçon me gêne, d’autant plus que je sens la pression de son érection tout contre moi, ça me rend dingue. Il aura ma peau. Mes mains glissent sur lui, dans son dos, ses cheveux, je veux le posséder. « Je meurs de faim… » Il me regarde avec envie et je n’ai pas besoin de plus qu’un dixième de seconde pour comprendre le sous-entendu loquace. Il récupère la bombe de chantilly et la secoue un peu, alors que je me redresse légèrement sur mes coudes tout en continuant de le dévorer des yeux. Il vient alors déposer la pointe de la bombe au niveau de mon ventre et appuie de manière à ce que la crème en sorte, faisant contracter tout mon corps au contact du froid. Je me laisse retomber sur le dos et cambre même mon corps lorsqu’il remonte jusqu’à ma poitrine. J’emprisonne ma lèvre entre mes dents et étouffe à moitié un gémissement laissant comprendre à Elio que je ne vais pas tenir longtemps. Et le pire, c’est qu’il s’amuse déjà à me faire patienter. Je déteste ça. Et il est foutrement doué. Je peux sentir sa langue passer un peu partout sur ma peau, et, les yeux clos, je le laisse faire, sentant le désir monter encore et encore. Je n’en peux plus d’attendre, il me rend complètement tarée. A l’instant où mes lèvres retrouvent les siennes, je viens griffer son dos pour lui faire comprendre à quel point je n’en peux plus, le sentir fermement entre mes jambes et ce tissus qui me démange, je vais pas tenir. Mais avant même que je n’ai eu le temps d’ouvrir la bouche pour dire quelque chose, monsieur a descendu son caleçon pour venir s’introduire en moi. Le gémissement qui s’extirpe de mes lèvres est explicite, je n’attendais que ça. « Боже мой , святой дерьмо » Je n’ai plus vraiment l’habitude de parler russe, mais il y a des moments comme ça où je ne peux plus rien retenir. Par ces quelques jurons, comprenez simplement le plaisir qui m’anime. Je remonte un peu mes jambes, en profitant avec habilité pour faire descendre son caleçon le long de ses jambes, par simple jeu de pied, je finis par me positionner de manière à ce qu’il ait toute la place nécessaire pour que je puisse le sentir du mieux possible. Mon bassin vient onduler à l’unisson du sien, alors que mes gémissements se font plus bruyants, plus nombreux aussi. Sa main vient se faufiler entre nos corps et je sens le bout de ses doigts titiller l’endroit exact qui me donnera un maximum de plaisir. Il le sait, on le sait tous les deux. Le combo des deux est juste l’extase garantie. Et d’ailleurs, à l’instant même où je sens son contact, je perds pieds. Mes ongles griffent son dos telle une tigresse et j’en redemande. Mais son téléphone sonne et Elio s’arrête un instant. Il est pas sérieux là ? Je le regarde avec toute l’intensité qui me caractérise, et j’ajoute tout de même, dans le doute. « Si tu te lèves pour décrocher je te préviens je t’arrache les dents à mains nues ! » Je le vois sourire, avant de me répondre. « On s’en fiche… Ca doit pas être important. » J’aime mieux ça. Je profite d’ailleurs de ce petit moment de battement pour m’échapper une seconde, séparant nos corps à regret. Elio me regarde, interrogateur, et je lui fais signe de s’asseoir sur le canapé. J’ai envie qu’il puisse avoir tout le loisir de me regarder. Sans plus tarder, je viens placer mes genoux de part et d’autres de ses jambes, et ne tarde pas à refaire de nos corps une union parfaite. Doucement d’abord, je viens onduler mon bassin, alors que les mains d’Elio me caressent. Je le force à garder les yeux ouverts pour me regarder, une main dans ses cheveux, l’autre sur son torse. je me penche un peu plus sur lui, continuant mes va-et-viens plus lents et plus profonds, juste pour faire grimper un peu plus la température. Je me penche un peu plus sur lui pour l’embrasser avec une sensualité folle, un baiser lent et langoureux, à l’image de mes mouvements de bassin. Je finis par séparer nos lèvres, les yeux clos, posant mon front contre le sien, je viens murmurer quelques mots qu’il ne comprendra pas, par simple protection « если бы вы знали , как сильно я люблю тебя. ». Nos souffles se mélangent, et rien ne sera jamais de pareil à cet instant. Je me livre à lui, complètement, entièrement, je suis sienne, maintenant et à jamais.
Ces mots russes m’étonnent. Je ne me souviens pas l’avoir déjà entendu parler sa langue maternelle mais ça a un côté plutôt excitant, de plus vu son intonation je peux facilement imaginer qu’elle n’a pas fait une prière mais que c’est plutôt un compliment pour moi, ou un moyen de me montrer qu’elle aussi prend du plaisir. Je ressens cette même jouissance en m’unissant à elle, nous ne faisons plus qu’un, nos corps bougeant au même rythme nos respiration se collant l’une sur l’autre comme si nous n’étions qu’un même être. En parfaite osmose. Je me laisse dévorer totalement par mon désir pour elle, toutes les barrières semblent sauter, me permettre de ressentir tout plus fort – plus vif – au plus proche de la réalité. Jusqu’à ce que mon portable se mette à sonner me sortant de ma transe pour quelques instants. « Si tu te lèves pour décrocher je te préviens je t’arrache les dents à mains nues ! » Un léger sourire s’affiche sur mon visage. Il est évident que je ne vais pas décrocher, pour le moment nous sommes bien plus important que l’univers qui nous entoure, je ne vois qu’elle – je ne pense qu’à elle. Mais alors que je m’apprête à l’enlacer à nouveau elle glisse d’entre mes bras pour s’éloigner un peu. Je ne comprends pas pourquoi elle s’éloigne et l’interroge du regard. Comme si nous n’avions pas besoin de mots elle me comprend et m’indique que je peux m’asseoir sur le canapé. De toute évidence elle a sa petite idée derrière la tête. Très vite elle vient se placer au dessus de moi unissant nos corps à nouveau dans un geste lent qui fait déjà monter un grognement de plaisir en moi. Son regard est plongé dans le mien, avec une telle ardeur que je suis bien incapable de m’en séparer, son corps ondulant de manière ample et si profonde que tout mon corps semble en trembler. Ce moment est d’une intensité inégalable, et cette fois je me sens nu, vraiment nu. Par comme un homme dont on a enlevé tous ces vêtements, non cette nudité là je la connais déjà, elle ne m’a jamais gênée, non c’est bien plus profond que ça, je m’offre à elle corps et âme, j’ai l’impression qu’elle peut tout voir de moi aujourd’hui et ça me va… Ca me va parce que par ce baiser tendre et sensuelle qu’elle me donne elle semble tout accepter… Parce que quand elle me touche de cette façon et qu’elle me fait ressentir autant d’émotions, j’ai l’impression que c’est tout ce qui compte au monde… Que je ne pourrais me suffire que de ça. Et déjà ces lèvres se séparent des miennes, nos fronts se collent, son souffle chaud et rapide se mêlant au mien comme un caresse. « если бы вы знали , как сильно я люблю тебя. » J’ouvre les yeux lentement décollant mon front du sien pour chercher son regard. Sans savoir ce qu’elle vient de me dire je sens une émotion étrange me submerger, un besoin de la garder proche de moi pour toujours. Une fragilité en elle - une faille qu’elle m’offre et dans laquelle je m’engouffre comme je peux. Je ne lui demande pas ce que ces mots veulent dire, j’ai compris qu’elle ne me le dirait pas. Que c’est un secret qu’elle gardera pour elle, et c’est peut-être mieux ainsi. Ces mouvements toujours aussi intenses continuent de faire monter le plaisir en moi, ma main glisse sur sa joue, dans sa nuque pour l’attire à moi dans un baiser lent et profond alors que mon autre bras se place dans son dos pour la serre contre moi ne laissant plus un seul espace entre nos deux corps nus. Je veux de cette intimité avec elle – je veux de cette délicatesse que nous nous offrons trop peu souvent au milieu de nos multiples querelles. Nos lèvres se séparant je vais nicher ma tête dans sa nuque alors que mes mains vont reprendre position de chaque côté de ces hanches comme pour aider ces mouvements. « Kyrah… » Son prénom dans un soupire de plaisir, je sais qu’elle aime ça, je sens ces mouvements se faire plus rapides, graduellement, en douceur elle augmente la vitesse de ces vas et viens pour faire monter le plaisir jusqu’à sa limite… Elle commence à la connaître – à me connaître. Ce moment où je suis proche de venir. Je sais qu’elle en veut plus mais mon corps ne peux pas tout supporter ma main va prendre le relais, je la glisse entre nous alors que ces mouvements ralentissent, je caresse son intimité avec vigueur, je la sens se contracter légèrement, la jouissance qui s’empare de son corps m’indique que je dois continuer, sa main se pose sur la mienne pour me guider alors que son corps se crispe au dessus du mien dans un orgasme dont je ressens moi même les sensations. Mon corps est envahi d’un léger frisson alors qu’elle se laisse aller au plaisir son visage si proche du mien. Je lui laisse juste le temps de reprendre, avant de resserrer mes bras autour d’elle pour me lever l’emportant avec moi. Ces jambes vont entourer mon corps pour avoir un prise alors que je place mes mains sous ses fesses pour la maintenir dans cette position. Je ne bouge plus maintenant, j’attends son signale, j’attends de savoir si son appétit est toujours aussi grand et toute évidence c’est le cas. Déjà elle use de la force de ces bras qui entourent mon cou et de ses jambes pour faire bouger son bassin contre moi. A nouveau nos gestes sont lents et tout son corps colle le mien. J’enlève mes mains et ces pieds vont toucher le sol. Nos corps se détachent l’un de l’autre alors qu’un léger sourire s’affiche sur mes lèvres. « Viens… » J’attrape sa main et je vais me coucher sur le canapé mon dos contre le siège, ne lâchant pas ma main elle se place devant moi, son dos venant coller mon torse alors que je dépose déjà un baiser dans sa nuque. Sa jambe vient s’enrouler autour de la mienne me laissant la place pour m’introduire à nouveau en elle. Ma main va parcourir son corps, la fermeté de ces seins, son ventre qui s’arrondit légèrement, son visage que je tourne vers moi pour embrasser ces lèvres alors que mes mouvements se font plus rapides. Je sens le plaisir monter à nouveau. Ma main descend pour stimuler une fois de plus les parties les plus sensibles de son anatomie, il faut peu de temps pour que je la sente à nouveau prêt à venir. C’est mon cas aussi. Son intimité est déjà entrain de se resserrer autour de la mienne, amplifiant les sensations, le tremblement de son corps et les gémissement qu’elle m’offre m’indique qu’elle est entrain de venir et la contraction de son intimité sur la mienne me réserve le même sort à peine quelques secondes plus tard. Tout mon corps est pris d’assaut par cet orgasme qu’elle me donne. Cette fois je ne retiens pas un cris de plaisir que tout mon immeuble peut sans doute entendre mais je m’en fiche. Je me fiche de tout. Après la jouissance, tout mon corps se relâche, ma main remontant pour entourer son corps. Je fais encore de léger vas et viens alors avant de m’extraire totalement d’elle. Elle se retourne pour me faire face et j’ai l’impression que déjà elle veut fuir. C’est ce qu’elle fait après l’amour, elle trouve un moyen de fuir ce moment, de passer à autre chose ou de le faire durer un peu plus comme pour l’éviter, peut-être est-il trop intime pour elle. Mais aujourd’hui je veux juste vivre ça avec elle. Ma main dessine les contours de son corps, je fais glisser mes doigts le long de ces cuisses, de ces fesses, remontant par son bras jusqu’à sa nuque. Nos regards se croisent à nouveau et un mince sourire éclaire mon visage. « Je ne sais pas comment expliquer ça mais j’ai l’impression que… C’est comme si mon corps avait été crée pour le tien. Comme si… » Je ne veux pas aller trop loin, pas en livrer trop. Je ne suis pas prêt à le dire et je doute qu’elle le soit à l’entendre. Non je me contente de cette vérité espérant qu’elle la ressente comme moi. « Comme une évidence. » Je ne me souviens pas avoir déjà procuré autant de plaisir à une femme, mais c’est comme si j’étais fait pour lui en donner à elle autant qu’elle sait m’en donner. Comme si nous avions été crée dans le but de nous retrouver un jour…
Une fois à califourchon sur lui, l’intensité de nos regards me fait frissonner d’autant plus. Je glisse mes mains dans sa nuque et continue lentement et profondément ces mouvements de bassin qui visiblement lui font autant d’effet qu’à moi. Ses grognements de plaisir me font frissonner encore et encore, c’est jouissif. Mon regard oscille entre ses yeux de manière puissante, et j’ai l’impression de pouvoir ressentir tout un tas de choses que je n’ai jamais ressentie auparavant. Peut-être que je me laisse aller différemment aujourd’hui, peut-être que notre relation prend un virage, un tournant inattendu. Si j’avais su lorsque je l’ai vu la première fois, cette fois où il m’a surprise avec Erin, qu’on en arriverait là, que je porterais son enfant et que nous ferions l’amour dans une union plus que parfaite. J’en perds mon souffle, je n’arrive plus à garder les yeux ouverts tant le plaisir est grand. Et quelques mots sortent d’entre mes lèvres, en russe, parce que je suis encore incapable de les prononcer en français. Il me regarde, et je lui fais comprendre qu’il vaut mieux ne pas me poser de questions. Ce qu’il ne fait pas, d’ailleurs. Comme quoi la communion est parfaite entre nous. Après avoir perdu un peu le fil de mes mouvements, je reprends doucement l’amplitude de mes va-et viens, reprenant d’assaut ses lèvres comme pour arrêter de trop penser. Ça a toujours été notre manière de faire. Faire l’amour pour ne pas parler, ne pas penser, panser les plaies, les déchirures… C’est ce que nous sommes, mais aujourd’hui, un peu plus que ça. « Kyrah… » Mon corps tout entier frémit en l’entendant prononcer mon prénom dans un soupir de plaisir, c’est presque mieux encore que l’orgasme, et je suppose qu’il le sait. Je viens mordre sa lèvre alors qu’il rapproche un peu plus mon corps contre le sien, créant un frottement plaisant au niveau de mon entre jambes. Le plaisir s’invite de plus en plus et j’augmente un peu plus l’amplitude de mes mouvements, accélérant la cadence pour mon plaisir comme pour le sien alors que je sens ses mains se cramponner sur mes fesses. Je ne contrôle plus rien, ni ma respiration, ni ma tête qui commence à tourner sévèrement. Je sens le corps d’Elio se contracter et il es proche de l’extase. Pas maintenant… J’ai l’impression de le connaître par soeur, sur le bout des doigts, et déjà je ralentis la cadence pour lui laisser le temps de respirer, pour que ça dure le plus longtemps possible. Déjà, il vient glisser sa main entre nos corps comme un peu plus tôt, me procurant des caresses intimes plus que plaisantes. Il me connaît lui aussi sur le bout des doigts, et c’est rien de le dire. Je viens poser ma main sur la sienne, pas tant pour le guider, puisqu’il sait très bien le faire tout seul, mais plutôt pour l’inciter à continuer, ou lui faire comprendre que c’est beaucoup trop bon pour être vrai, même si ma voix sait très bien se faire comprendre par les gémissements qui s’extirpent de mes lèvres. Ceux-ci deviennent de plus en plus rapides, et j’enfouis mon visage dans son cou, sentant mon corps se contracter autour de lui, contre lui, c’est une sensation divine. Mes mains glissent dans ses cheveux alors que les siennes m’entourent. Il se lève et je resserre mon étreinte autour de lui, je ne veux pas qu’il se retire, je veux le sentir en moi encore et encore. J’ai du mal à reprendre ma respiration, mes esprits, alors que je me presse un peu plus contre lui, lui faisant comprendre que je ne compte pas m’en tenir à ça. Finalement, il me laisse poser les pieds au sol, séparant nos corps à regret. « Viens… » Je le laisse me guider, ce qui ne me ressemble pas vraiment, mais j’en ai envie, j’ai envie de lâcher les rennes, de me laisser aller dans ses bras, ne pas vouloir toujours mener la danse. Il m’allonge sur lui, dos à lui, et déjà je me sens frustrée de ne pouvoir réellement le toucher, l’embrasser comme il se doit. Mais très vite, je peux le sentir à nouveau en moi et je laisse échapper un soupir, un gémissement traduisant mon plaisir de le retrouver. Ses mains parcourent mon corps et je le laisse faire avec plaisir. Je passe mes mains en arrière pour enfoncer mes doigts dans ses cheveux, me cambrant légèrement et un peu plus à chaque coup de reins un peu plus profond, mais rien comparé à l’instant où sa main retrouve le chemin de mon intimité, me procurant un plaisir sans faille. « Putain Elio… » Oui, parce que c’est beaucoup trop bon. Ses mouvements de bassin se font plus rapides et je me contracte encore plus de seconde en seconde, sentant venir un nouvel orgasme, mais celui là en même temps que lui, ce qui est tellement rare dans un couple hétéro. Mon corps frissonne en entendant son râle de plaisir et je ne peux que sourire de béatitude. Délicatement, il termine ce moment de plaisir intime par quelques doux va-et -viens avant de se retirer, me laissant nue de lui. Ma poitrine se soulève encore rapidement, j’ai du mal à reprendre mon souffle. Je me retourne finalement pour être face à lui, contre lui, sur lui. Je ne réfléchis pas, je reste là, alors que ma respiration reprend doucement un rythme quasiment normal. Ses caresses me font frissonner, et il doit sûrement le sentir sous ses doigts. Mon corps ne ment pas, il réagit au quart de tour lorsqu’il sent le toucher d’Elio. Une réaction physique immédiate. Je relève un peu le regard et croise le sien, avant de voir son visage s’illuminer d’un sourire tout à fait adorable. « Je ne sais pas comment expliquer ça mais j’ai l’impression que… C’est comme si mon corps avait été crée pour le tien. Comme si… Comme une évidence. » Je laisse mes yeux flirter avec les siens, sans savoir trop quoi dire, quoi faire. Et puis je regarde ses lèvres, viens y passer un doigt, dessinant leur contour avec délicatesse. « J’ai cette même sensation, parfois. » Oui, parce que ce n’est pas toujours, les moments où il me fait me sortir de mes gonds, j’ai un peu de mal à ne penser qu’à nos corps qui sont faits l’un pour l’autre. Ma main glisse dans ses cheveux et mon regard la suit, fuyant légèrement ses yeux qui semblent me scruter à la recherche d’une réponse allant un peu plus vers ce qu’il attend de moi. Je lui souris, doucement, avant de lâcher en murmurant, comme une note à moi même. « Qu’est-ce que je fais avec toi ? » C’est vrai, on a pas grand chose en commun, on est vraiment différents, bien que similaires sur certains points, mais sans savoir pourquoi, c’est comme si une force surpuissante nous poussait sans arrêt dans les bras l’un de l’autre. Impossible d’y remédier. « J’ai… » Je le regarde cette fois avec un peu plus de profondeur, plus d’intensité. « Personne m’a jamais fait l’amour comme toi… » Si ce n’est pas le signe que quelque chose de particulier se passe entre nous… Mais comme souvent, on ne peut pas être tranquilles, et son téléphone sonne une nouvelle fois. Je soupire un peu, légèrement triste que ça coupe cet instant. Je me lève et me dirige là où me mène la sonnerie, récupérant le téléphone d’Elio pour le lui apporter. Je m’installe près de lui sur le canapé maintenant qu’il est assis, et j’attends que ça se passe, les yeux dans le vague, pensive de ce qu’il vient de me dire.
J’aurais pu avoir peur qu’elle s’en aille. Elle aurait pu le faire, avec Kyrah je marche toujours sur des œufs. Qu’ai-je le droit de dire sans qu’elle se vexe ? Quel sujet éviter ? Quand les aborder ? C’est une perpétuelle bataille dans ma tête. C’est sans fin je le sais, parce que tout ce qui sort de ma bouche peut prendre une tournure démesurée quand c’est entre nous… Mais pas cette fois – elle frissonne sous mes doigts, elle ne lâche pas mon regard et je me sens bien. Assez apaisé pour lui avouer quelques mots qui font tellement sens pour moi. « J’ai cette même sensation, parfois. » Mon sourire disparaît pendant un instant… Je sais qu’elle a raison, que ce n’est pas toujours aussi évident. J’ai comme cette capacité de ranger les choses dans des boites, de ne penser qu’à se qu’on vit là – en ce moment – sans prendre compte du reste. Kyrah voit le tout… La globalité de cette situation bien plus compliquée qu’une simple osmose sexuelle. Mon regard traine vers le bas jusqu’à ce que sa main vienne définir le contour de mes lèvres et que je relève les yeux pour plonger mon regard dans le sien une nouvelle fois. Sa main glisse dans mes cheveux et je l’observe, peut-être que je voudrais qu’elle m’en donne plus sans savoir vraiment ce que j’attends d’elle. Peut-être que j’ai peur autant que j’ai envie de me rendre compte de ce qu’elle représente aujourd’hui dans ma vie. Pas juste parce qu’elle porte mon bébé mais parce qu’il y a toutes ces émotions en moi qui ne vivent que pour elle – que je n’ai jamais connues de cette façon avant. « Qu’est-ce que je fais avec toi ? » Un léger sourire s’affiche aussi sur mon visage, il fait écho au sien. A ce murmure qu’elle c’est dit plus pour elle que pour moi mais que j’aurais tout aussi bien pu prononcer. « J’en ai aucune idée. » Je sourie un peu plus cette fois, parce que c’est bien l’essence de notre relation. Ce quelque chose qui n’a aucun sens, qui n’aurait jamais du exister mais qui est bien là. Je suis tombé amoureux de Kyrah, pas comme dans les comptes pas de cette amour doux dans lequel on se laisse glisser. Je suis vraiment tombé de très haut, dans un amour dévorant et bien trop effrayant pour qu’on l’accepte sans se battre. Je me bats contre elle parce que c’est comme la seule manière de me battre contre ces sentiments dont je n’ai jamais voulus. Je ne voulais pas de Kyrah, de personne en fait, je ne voulais pas de tout ça mais maintenant que c’est là comment imaginer vivre sans ? « J’ai… » Enfin son regard revient vers moi et mon cœur arrête presque de battre tant son regard est perçant. « Personne m’a jamais fait l’amour comme toi… » Nous continuons à nous regarder avec cette même intensité. Mon cœur bat tellement vite dans ma poitrine maintenant comme si il voulait rattraper le temps perdu. Un frisson me parcourt l’échine alors que je pense à la façon dont nous venons de faire l’amour, à cet instant hors du temps. A ce que nous nous sommes dit sans un mot… C’est effrayant, ça l’est vraiment. « Je… » La sonnerie de mon portable retenti à nouveau me sortant de mes pensées pour me projeter avec violence dans la vrai vie. Je voudrais oublier une fois de plus, mais de toute façon c’est trop tard je sais que l’instant est passé… Impossible de nous remettre dedans et faire comme si de rien n’était. Kyrah est de toute façon déjà débout pour aller chercher mon portable. Je me relève pour m’asseoir au bord du canapé me frottant les yeux comme si je me réveillais d’un rêve. Le retour sur terre est un peu difficile. « Merci. » J’attrape le téléphone et décroche en voyant le prénom de Kaecy sur l’écran. « Oui ?... J’étais occupé… Qu’est ce qu’ils ont fait cette fois ?... Tu peux pas y aller… D’accord… Oui d’accord j’y vais… Moi aussi à ce soir. » Je raccroche jouant avec le portable sans regarder Kyrah. Je déteste la façon dont la vie nous a rattrapé trop vite, trop brutalement. « Les jumeaux ont encore fait une connerie il faut que j’aille à l’école. » Je hoche la tête me pinçant la lèvre du bas alors que je lui jette un coup d’œil. Encore une fois elle est confrontée à la réalité de ma vie, celle où je dois m’occuper de deux gamins impossibles, et cette réalité pourrait bien être en partie la sienne quand ce bébé viendra au monde. Quand elle deviendra mère. « Tu viens avec moi ? » Je n’ai aucune envie de me séparer d’elle pour le moment « Je vais vite me doucher tu m’accompagnes ? » Je tente un petit sourire pour qu’elle accepte. Evidement la douche et rapide et nous n’aurons rien le temps de faire mais tout de même.
La douche finie et nos habits enfilés à nouveau, nous quittons l’appartement en vitesse. Dans les escaliers ma main va attraper la sienne mais quand nous arrivons à la porte d’entrée elles se séparent comme d’un commun accord. J’ai un léger pincement au cœur mais de toute évidence, ni elle ni moi ne sommes prêt à passer ce genre de petites étapes du quotidien. L’école n’est pas très loin mais de toute façon je n’ai pas de voiture alors nous n’avons que nos pieds pour nous y rendre. « Je voulais te demander… » Je choisis sans doute très mal mon moment pour parler de ça, mais c’est comme si je le faisais exprès, je sais que nous allons bientôt arriver à l’école, ça nous empêchera d’en parler trop longtemps. « Je vais… Je dois le dire à ma mèrrr… à Erin. Pour le bébé, il va falloir lui dire parce que… Enfin tu sais bien pourquoi. » Parler d’Erin avec Kyrah me met toujours très mal à l’aise et semble creuser un énorme fossé entre nous. Du moins je sais que je le fais moi, que je prends plus de distance parce que comme d’habitude j’ai des images que je ne voudrais pas avoir dans la tête. Que ça me donne envie de vomir tellement je me sens mal. « Est-ce que tu veux être là ? Est-ce que tu veux qu’on lui dise ensemble ou alors je peux le faire seul… » Je ne sais pas ce que je préfère mais je crois que l’idée qu’elles en parlent sans moi une autre fois en « tête à tête » me fait du mal… Que j’ai peur de ce que ça pourrait emmener. Une fois de plus…
Quelques minutes après nous arrivons devant l’école, je rentre avec Kyrah dans le hall me dirigeant vers le bureau que je connais déjà trop bien. « Elio, nous vous attendions. » La réceptionniste me connaît bien mieux que ce que je ne voudrais. « Je reviens tout de suite. » Je laisse Kyrah là, me disant que c’est déplacé de la faire entrer avec moi. Un savon de plus passé par le directeur et je ressors avec les jumeau, l’un bleu, l’autre jaune et les vêtements à moitié déchirés au ciseau. Je jette un regard à Kyrah. « Ils ont fait ça à tout le monde… » Chacun un main dans la main je les tire dehors du bâtiment alors qu’ils braillent comme des animaux. « Mais FERMEZ LA ! Vous avez pas fini vos conneries sérieux… » Je suis carrément à bout de nerf. « Maintenant tenez vous au moins bien jusqu’à la maison. » Dès que je cris les jumeaux baissent la tête mais je sais que ça ne va pas durer bien longtemps. Je regarde Kyrah sans trop savoir où me mettre. « Ils sont virés pour quelques jours… Je dois les ramener à la maison. » On peut définitivement dire au revoir à notre moment ensemble. Pour autant j’aimerai qu’elle reste... Puis il serait sans doute temps qu’elle fasse vraiment connaissance avec les jumeaux.
« Je… » Je suis pendue à ses lèvres, mes yeux plongés dans les siens, avec cette intensité qui nous est propre. Mais le téléphone nous coupe une nouvelle fois, et j’ai l’impression que c’est comme un signe. Comme à chaque fois que nous nous retrouvons à parler de choses plus sérieuses. Un rappel à l’ordre de la vie, de toute évidence. Alors je ne cherche pas à comprendre et je me lève pour aller chercher le téléphone. « Oui ?... J’étais occupé… Qu’est ce qu’ils ont fait cette fois ?... Tu peux pas y aller… D’accord… Oui d’accord j’y vais… Moi aussi à ce soir. » Kaecy, donc. Et ça parle des jumeaux. Je me recroqueville un peu sur le canapé, rabattant mes jambes contre ma poitrine, un signe de protection, sans doute, mais surtout parce que j’ai un peu froid. La redescente sur Terre est un peu brutale. « Les jumeaux ont encore fait une connerie il faut que j’aille à l’école. » Je hoche doucement la tête, le regardant quand il me regarde. Je pense que je vais rentrer, de toute manière. J’ai un tas de trucs à faire et… « Tu viens avec moi ? » Mon coeur s’emballe un peu, et j’ai du mal à comprendre. D’ailleurs, il doit bien le voir dans mon regard. Il me demande de l’accompagner à l’école pour aller chercher ses neveux ? Vraiment ? « Je euh… si tu veux oui. » Je suis comme incapable de lui dire non, encore trop secouée par cet échange que nous venons d’avoir un peu plus tôt. Pas seulement sexuel, mais il y avait autre chose cette fois. Une espèce de sincérité plus présente que les fois précédentes. « Je vais vite me doucher tu m’accompagnes ? » Je me contente de hocher doucement la tête et je le suis sans broncher. L’atmosphère est devenue un peu étrange, chacun dans nos pensées, je me sens tout à coup bizarre, sans trop savoir pourquoi. Sûrement les hormones qui se jouent de moi, une fois encore. Moi qui pensais qu’on avait toute la journée pour nous, pour profiter d’être seuls tous les deux, mais non. Les jumeaux viennent entraver mes plans, nos plans, et ça me mine un peu, je n’arrive pas vraiment à le cacher. En sortant, nous nous rhabillons dans le silence et quittons la maison sans trop tarder. Nos mains précédemment jointes se séparent d’un commun accord avant de rejoindre la rue, comme si notre histoire devait rester entre les murs de cette maison, ou d’une autre, mais ne jamais sortir. J’enfouis mes mains dans mes poches et marche sans un mot, le silence est pesant, mais Elio vient rapidement le briser. « Je voulais te demander… » Je tourne la tête dans son sens pour le regarder et le laisser continuer. Même si j’ai un peu peur de ce qu’il va dire, comme à chaque fois. « Je vais… Je dois le dire à ma mèrrr… à Erin. Pour le bébé, il va falloir lui dire parce que… Enfin tu sais bien pourquoi. » Cette fois je détourne le regard et le laisse flirter avec le sol qui semble se dérober sous mes pieds. Combien de fois j’ai pensé à elle, à trouver un moyen de lui dire pour cet enfant qui grandit en moi, son petit fils en quelque sorte, même si elle n’est pas la mère biologique d’Elio, c’est tout comme. J’ai tellement peur de sa réaction, tellement peur de ce qu’elle pourrait dire ou faire. Je sais combien elle était - et est sûrement encore - attachée à moi, et lui avouer que je couche avec son fils depuis assez longtemps pour être enceinte de lui depuis quatre mois. Ce serait trop dur. J’en tremble presque. « Est-ce que tu veux être là ? Est-ce que tu veux qu’on lui dise ensemble ou alors je peux le faire seul… » Je serre un peu les dents, sachant déjà que peu importe la façon dont elle l’apprendra, ça risque d’être vraiment difficile pour elle. « Tu lui diras toi, je pense que c’est mieux. » J’aurai pu aller la voir seule, mais ce n’est pas la meilleure idée qui soit. Je sais que de mon côté, au vue de mes sentiments pour Elio, je ne craquerai plus pour elle, mais je ne voudrais pas qu’elle essaie de me faire douter de mes sentiments envers lui, même si je ne m’avoue même pas encore tout à fait ce qui m’anime lorsqu’il est avec moi. Et puis, je n’ai pas vraiment envie d’être là quand elle se mettra en colère contre lui, parce qu’il est inconscient de m’avoir mise en cloque. Je crois que j’en ai assez fait pour la destruction de cette famille.
Nous arrivons assez vite à l’école et la secrétaire reconnaît Elio immédiatement. « Je reviens tout de suite. » Je hoche la tête et le regarde partir. Je me sens bizarre depuis tout à l’heure. Ça n’allait déjà pas très bien depuis que ce foutu téléphone nous a coupé dans un moment intime et particulier, mais depuis qu’Elio a parlé de sa mère, c’est pire encore. Je tourne en rond comme un lion en cage, en espérant arriver à me calmer avant qu’il revienne avec les jumeaux. J’aurai mieux fait de refuser, rentrer chez Kelya, je ne sais pas, mais ne pas rester avec lui. Je frotte mes mains sur mon visage pour essayer de me canaliser, me calmer, mais c’est plus difficile que je l’imaginais. Je quitterai bien cette école sur le champs avant qu’ils ne sortent du bureau du directeur, mais ce serait déplacé. Pourtant, j’en meurs d’envie. Et d’ailleurs, à l’instant où je pose ma main sur la poignée de la porte qui me mènerait à l’extérieur, Elio sort du bureau et je fais volte face d’un seul coup, l’air de rien, comme si je n’avais pas pris la décision de m’enfuir, une fois encore. Mon regard descend sur les jumeaux qui sont dans un état pitoyable et bizarrement, le sourire me revient, même si j’essaie de le réprimer en me mordant les lèvres. « Ils ont fait ça à tout le monde… » Merde. Ils sont vraiment infernaux ! Je regarde Elio les engueuler et ils se calment légèrement alors que nous quittons ensemble l’école pour faire le trajet à pied jusqu’à la maison. « Ils sont virés pour quelques jours… Je dois les ramener à la maison. » Je soupire un peu, j’avais très bien compris. « Qu’est-ce qu’elle fait là Cruella ? » Je fronce les sourcils en fusillant Danny du regard alors que Scott prend le relais. « On va le voir notre bébé bientôt ? » Je soupire. « Non ! Vous pourrez le voir que quand vous serez sages ! Vous êtes vilains et vous êtes en train de rendre chèvre Elio ! » Je ne sais pas d’où je sors cet élan d’autorité d’un seul coup. « T’es pas gentille ! » Je fronce un peu plus les sourcils avant de tourner la tête vers Elio. « C’est l’hôpital qui se fout de la charité ! ». « Et puis en plus t’es pas notre mère, donc t’as rien à dire ! » Oh putain ! Que je perde mon bébé dans l’instant si il a ne serait-ce qu’un quart du gène de ces gosses. Je vais me taper la tête contre le mur. Je m’arrête d’ailleurs, net, choquée par les propos du petit garçon. Et là, j’ai le droit de faire demi-tour et courir loin là ? Je regarde Elio l’air de lui demander qu’il fasse quelque chose sinon je vais en prendre un pour taper sur l’autre. Définitivement, je ne suis pas encore prête à être mère, heureusement qu’il me reste quelques mois pour m’y préparer !
Je me rends bien compte qu’elle aimerait être ailleurs. Que se retrouver à m’attendre devant le bureau du directeur, alors que je me fais passer un énième savon qui me fait bien comprendre que je suis un incapable avec les jumeaux n’est probablement pas dans son top des moments favoris. Je n’aurais sans doute pas dû l’amener. Je sais aussi que les jumeaux vont poser des questions. Puis cette conversation sur ma mère a jeté un froid, crée un espace que je n’arrive pas à réduire, je ne sais même pas si j’en ai vraiment envie. Je le dirais seul, elle ne veut pas être là et je comprend – c’est peut-être plus simple. Pourtant, je n’ai aucune idée des mots que je vais bien pouvoir utiliser. Erin va sans doute me détester, elle risque de pleurer, de ne pas comprendre et je doute d’avoir les mots pour lui expliquer. J’ai moi même de la peine à comprendre… Quand je ressors avec les deux crapules je vois bien qu’elle retient un sourire amusé. Ce n’est pas mon cas, à une époque ça me faisait légèrement rire aujourd’hui leurs bêtises commencent à être lourdes et j’ai peur qu’elle aient des répercutions qu’ils ne sont pas encore capables de comprendre. Que l’on me retire leur garde en me jugeant incompétent. Je sais que c’est sans doute le cas le plus souvent, que je ne sais pas comment les gérer, mais je ne peux pas les imaginer loin de moi. « Qu’est-ce qu’elle fait là Cruella ? » Je lève les yeux aux ciels en entendant les propos de Dani, sérieusement il va continuer longtemps à l’appeler Cruella ? « Tais toi et marches droit. » Il se retourne en relevant la tête comme un petit chien prétentieux et je soupire légèrement. « On va le voir notre bébé bientôt ? » Sérieusement il faut qu’il se taisent tous le deux ou je pense que je vais leur arracher la tête. « Non ! Vous pourrez le voir que quand vous serez sages ! Vous êtes vilains et vous êtes en train de rendre chèvre Elio ! » Je relève le regard vers Kyrah un peu étonné de la façon dont elle vient de s’adresser à Scott. Je ne sais pas si je me sens reconnaissant qu’elle prenne mon parti ou alors si je trouve ça un peu déplacé qu’elle les remette à leur place alors que c’est mon job. « T’es pas gentille ! » C’est vers moi que se tourne son regard, mais je hausse légèrement les épaules ne sachant quoi répondre à ça. « C’est l’hôpital qui se fout de la charité ! ». « Et puis en plus t’es pas notre mère, donc t’as rien à dire ! » Mes yeux s’ouvrent cette fois grands alors que j’entends ces paroles sortir de la bouche de Scott. J’ai toujours redouté qu’ils disent ces mots, à Kaecy ou à moi, mais jusqu’à maintenant ça n’était jamais arrivé. De toute évidence si ils ont accepté une part de notre autorité c’est bien autre chose pour celle de Kyrah. Elle s’arrête d’un coup sec et je la regarde un peu étonné. Je crois qu’elle attend de ma part une réaction cette fois. « Je heu… » Je suis un peu mal à l’aise. Elle n’est pas sa mère il a raison et en même temps je me rends bien compte qu’il ne peut pas lui parler comme ça sans que je réagisse. « C’est sans doute pas ta mère mais ça veut pas dire que tu lui dois pas un minimum de respect. Et c’est elle la mère de ce bébé. » Il me regarde en fronçant les sourcils, pas du tout convaincu. Puis arrivant devant l’immeuble il court à la porte pour l’ouvrir et monte en trombe suivit de près par son frère. « Je suis désolé il aurait pas du… » Je sais bien que ce n’est pas moi qui devrait m’excuser, que j’aurais du le demander aux jumeaux. J’ouvre la porte à Kyrah pour qu’elle rentre avec moi et j’ai l’impression qu’elle hésite. Elle est sans doute entrain de penser à partir mais mon regard croché dans le sien insiste et elle rentre. Je rejoins les jumeaux devant la porte qui sont entrain de faire les andouilles. Je glisse la clef dans la serrure mais stoppe l’ouverture à mi-chemin en entendant les propos de Scott. « On va manger une glace maintenant ? » Je fronce les sourcils. « Non vous allez pas manger un glace. Vous allez commencer par présenter des excuses à Kyrah et après vous serez punis parce que vous avez fait n’importe quoi. C’est pas des vacances, vous avez été viré. C’est une punition. » Ces gamins sont vraiment impossibles, rien ne semble les arrêter, ni les faire réfléchir. « Mais d’habitude on mange des glaces » « Moi je dis pas des excuses. Je l’aime pas Cruella, elle est nulle, je veux Olivia elle était mieux. Elle est où Olivia, je veux qu’elle revienne. » Je n’aime pas son intonation de voix, et cette fois mon regard devient noir. Je suis carrément choqué d’entendre ces mots sortir de la bouche de Dani, c’est d’habitude le plus gentil des deux, le plus avenant. Je le attrape les deux pas le T-shirt pour les amener devant la salle de bain. « Allez prendre une douche et prenez le temps de penser à ce que vous venez de dire. On va en reparler quand vous sortez de là. » Je repousse ce moment parce que je n’ai jamais su y faire. Que je ne sais pas trouver les bons mots avec ces gamins.
Les jumeaux disparaissent dans la salle de bain et je me retourne pour faire face à Kyrah plutôt mal à l’aise. Je n’aime pas qu’elle voit ce côté là de moi, celui où je ne maitrise rien, où je me fais totalement dépasser par les évènements. Un silence plus que désagréable s’installe entre nous et je me racle un peu la gorge. Je sais bien qu’elle a envie de prendre la fuite et je ne peux pas lui en vouloir. « Ils sont pas tous comme ça… » Elle me regarde un peu étonnée. « Les enfants ils sont pas tous comme Dani et Scott. Ils ont… Ils ont pas eu une vie facile. » Je sais que ça n’excuse rien, que je ne devrais pas tout leur laisser passer. Mais j’apprends un peu plus tous les jours. « Est-ce que t’es entrain de te dire que je vais être un mauvais père ? » Je sens un frisson de peur me parcourir l’échine et je dois sans doute pâlir, alors que ma voix est moins sûre. « Parce que je vais leur parler, ils vont te présenter des excuses ils auraient pas du… » Je me dirige vers la cuisine me pausant sur une de chaise haute en soupirant légèrement. « Les jumeaux ont déjà perdu beaucoup de personnes à qui ils tenaient. C’est pas contre toi tu sais, ils sont énervés … C’est à moi qu’ils en veulent, c’est pour ça qu’ils agissent si mal… Ils m’en veulent pour Olivia, parce qu’ils c’étaient attachés et qu’elle est partie et… C’est pas toujours facile mais ça … Ce genre de moment, c’est le pire… Il y a beaucoup de bonheur aussi. Surtout… » Je sais pas pourquoi je lui dis tout ça, je crois que j’ai peur que ça l’effraye une fois de plus. Ou que ça soit moi qui la fasse fuir, ce que ma vie représente pour elle, ce que je suis en dehors d’un amant comme elle n’en a jamais connu.
Les jumeaux ne sont pas tendres avec moi, je ne sais pas vraiment s’ils ont déjà été tendres avec quelqu’un à vrai dire. Et puis, je n’ai pas grand chose à dire, ce n’est pas à moi de faire leur éducation. Mais au moment où l’un des deux - ne me demandez pas lequel, je n’y arrive toujours pas - me demande s’ils pourront bientôt voir le bébé, je le rembarre un peu sèchement. Mais les garçons ne l’entendent pas de cette oreille, et je suis soufflée de la réponse du petit rouquin. « Je heu… » Bien sûr. Elio n’a définitivement aucune autorité sur ces gamins, et même quand ils sont insolents, il ne sait pas quoi dire. « C’est sans doute pas ta mère mais ça veut pas dire que tu lui dois pas un minimum de respect. Et c’est elle la mère de ce bébé. » Je lève les yeux au ciel, pas totalement convaincue par ce qu’il vient de dire, mais surtout par la manière qu’il a de s’adresser aux jumeaux. Je sais bien qu’il n’est pas leur père, mais il est leur tuteur, et il doit arriver à les cadrer, un minimum. « Je suis désolé il aurait pas du… » Je soupire un peu, énervée par la situation. « Ouais. » Quoi répondre d’autre de toute manière. Je ne vais pas lui dire que ce n’st pas grave, ce serait mentir. Pas que ce soit vraiment grave, mais je me dis qu’il ne fait pas tellement d’efforts non plus. Elio ouvre la porte et les garçons se faufilent pour grimper les escaliers qui les séparent de leur appartement. J’hésite un instant et Elio semble insister, de par son simple regard. Je ne sais pas pourquoi je suis encore là, et je ne sais pas non plus pourquoi je finis par céder, une fois encore, à son regard de chien battu. Finalement nous montons jusqu’à l’appartement et les garçons semblent faire encore des siennes. Suite à quoi Elio s’énerve un peu. « Non vous allez pas manger un glace. Vous allez commencer par présenter des excuses à Kyrah et après vous serez punis parce que vous avez fait n’importe quoi. C’est pas des vacances, vous avez été viré. C’est une punition. » Je suis un peu rassurée de voir qu’il peut avoir un minimum d’autorité avec eux. Mais je vais bien vite déchanter. « Moi je dis pas des excuses. Je l’aime pas Cruella, elle est nulle, je veux Olivia elle était mieux. Elle est où Olivia, je veux qu’elle revienne. » Mon coeur se serre, mon corps entier se contracte, ma mâchoire me fait presque mal tellement elle est serrée. Je regarde Elio, les larmes au bord des yeux, et baisse finalement le regard. « Allez prendre une douche et prenez le temps de penser à ce que vous venez de dire. On va en reparler quand vous sortez de là. » Il les emmène juste dans la salle de bain avant de revenir auprès de moi. Il me regarde longuement, sans rien dire. Je n’ai rien à dire non plus, je suis simplement déçue qu’il ne soit même pas capable de me défendre face à deux loustics comme eux. Je meurs d’envie de m’échapper, je n’ai pas ma place ici quand ils sont là, je ne l’ai déjà qu’à moitié quand je suis seule avec Elio. Je n’ai rien à faire ici, je veux m’échapper, mais Elio prend la parole. « Ils sont pas tous comme ça… » Je fronce un peu les sourcils, cherchant à comprendre. « Les enfants ils sont pas tous comme Dani et Scott. Ils ont… Ils ont pas eu une vie facile. » Je croise mes bras, signe de protection, de recul aussi sûrement. Je me referme comme une huitre, sans forcément détourner mon regard du jeune homme. « Est-ce que t’es entrain de te dire que je vais être un mauvais père ? » Je soupire et baisse cette fois le regard pour river mes yeux sur le sol. « Non… enfin je sais pas, j’en sais rien Elio… » je suis totalement paumée face à tout ce qui concerne cette grossesse. Je sais qu’il ne fera pas un mauvais père, du moins, je l’espère. Je sais qu’il sera aimant, et qu’il aimera son enfant plus que de raison, mais je crois qu’il va falloir qu’il apprenne à se faire entendre et comprendre. Je ne voulais déjà pas avoir d’enfant, alors si je dois en plus de ça avoir le mauvais rôle du parent qui gueule sans arrête, pas question. « Parce que je vais leur parler, ils vont te présenter des excuses ils auraient pas du… » « Laisse tomber. » Ma voix est bien plus sèche. La sienne semble trembler, il ne sais pas vraiment ou se mettre, il a sans doute honte. « Les jumeaux ont déjà perdu beaucoup de personnes à qui ils tenaient. C’est pas contre toi tu sais, ils sont énervés … C’est à moi qu’ils en veulent, c’est pour ça qu’ils agissent si mal… Ils m’en veulent pour Olivia, parce qu’ils c’étaient attachés et qu’elle est partie et… C’est pas toujours facile mais ça … Ce genre de moment, c’est le pire… Il y a beaucoup de bonheur aussi. Surtout… » Je ne sais pas exactement pourquoi il me raconte tout ça. Si c’est pour me rassurer, ça ne marche pas trop. Si c’est pour le déculpabiliser, je n’ai pas besoin d’entendre tout ce qu’il me dit. Je n’ai pas besoin de ça. J’ai juste besoin qu’il me prouve un peu que je ne suis pas qu’un meuble, pas que bonne à lui donner du plaisir. Non, je ne suis pas aussi parfaite qu’Olivia, j’ai beaucoup de défauts, mais je ne demande pas grand chose, et si je dois quémander un minimum de respect de la part de son entourage, on va pas y arriver. « Je sais bien qu’ils ont pas eu une enfance facile Elio. Mais ils sont pas seuls, y’a toi, et Kaecy. C’est juste que… » Je soupire un peu et passe mes mains nerveusement dans mes cheveux. « Je sais pas. Si t’arrives même pas à imposer à tes neveux le respect des gens, je sais pas comment tu vas te débrouiller quand le bébé sera là… » Je secoue un peu la tête et baisse les yeux, une boule se nichant dans ma gorge. « Je suis pas psychologue, mais j’ai regardé plein de fois des émissions à la con qui expliquaient comment éduquer les gamins. J’ai pas de leçons à te donner, je suis mal placée pour ça, mais je pense juste que s’ils font des conneries, c’est peut-être juste parce qu’ils y a une couille quelque part tu crois pas ? Et non, ce n’est pas uniquement parce qu’ils ont perdu leur mère. » Je soupire un peu et secoue la tête à nouveau, fuyant son regard. « Je sais même pas pourquoi je te dis ça, de toute manière, ils l’ont très bien dit, je suis pas leur mère, j’ai rien à dire. Tu es leur tuteur, c’est à toi de te débrouiller avec eux. En attendant, je suis pas la bienvenue, du moins pas quand ils sont là. Donc je vais éviter de jouer au yoyo avec mes hormones, si tu veux bien. » J’insinue donc que je préfère partir plutôt que de péter un câble et dire des choses que je pourrais regretter. Que ce soit à lui ou aux jumeaux.
Je leur cherche des excuses à ces deux crapules. Ou alors, je m’en cherche à moi peut-être. Parce que c’est plus simple de me dire que la situation est compliquée et que c’est pour ça que j’ai l’impression d’échouer. Plutôt que d’avouer simplement que je ne suis peut-être pas réellement à la hauteur. Que je n’étais pas prêt à assumer deux gamins et que je ne le suis sans doute pas plus à être père à mon tour. « Non… enfin je sais pas, j’en sais rien Elio… » Mon cœur se serre dans ma poitrine et en même temps je sais que je ne peux pas lui en vouloir, que je ne suis pas vraiment un exemple à suivre en terme d’éducation. Mais je veux m’améliorer, vraiment je sais qu’il y a encore du boulot mais on fait notre chemin eux et moi et je tiens à ce qu’ils présentent leurs excuses. . « Laisse tomber. » Je fronce les sourcils avec un regard réprobateur. « Non, j’y tiens vraiment. » Je ne compte pas laisser tomber, je pense au contraire que ça a de l’importance. « Je sais bien qu’ils ont pas eu une enfance facile Elio. Mais ils sont pas seuls, y’a toi, et Kaecy. C’est juste que… » Je baisse la tête un peu honteux, je ne suis pas sûr d’avoir envie d’entendre ce qu’elle a à dire, parce que c’est tellement plus simple de poser un regard sur la situation depuis l’extérieur et de me juger. Je voudrais qu’elle ne le fasse pas, qu’elle soit une aide dans ma vie, mais entre nous les choses n’ont jamais réellement marché comme ça. Et maintenant qu’elle est enceinte de moi je sais que ça ne fait que compliquer les choses. « Je sais pas. Si t’arrives même pas à imposer à tes neveux le respect des gens, je sais pas comment tu vas te débrouiller quand le bébé sera là… » Ces propos me blessent c’est sûr mais je les prends sans monter sur mes grand chevaux. Je hoche la tête en baissant le regard. Elle me renvoie à mes propres peurs, celles d’échouer une nouvelle fois et en plus d’être douloureux c’est déstabilisant. Je n’aurais sans doute pas du poser la question mais ce n’est pas la première fois que je me met dans une situation que j’aurais du éviter… la première étant cette grossesse. « Je suis pas psychologue, mais j’ai regardé plein de fois des émissions à la con qui expliquaient comment éduquer les gamins. J’ai pas de leçons à te donner, je suis mal placée pour ça, mais je pense juste que s’ils font des conneries, c’est peut-être juste parce qu’ils y a une couille quelque part tu crois pas ? Et non, ce n’est pas uniquement parce qu’ils ont perdu leur mère. » Cette fois je relève la tête en la fixant. Qu’est ce qu’elle vient me baratiner avec sa merde d’émission pour éduquer des gamins ? Est-ce qu’elle a ne serait-ce qu’une idée de ce que c’est ? Oui elle est bien mal placée c’est une certitude. « Tu crois que je le sais pas ? Que je ne me remets pas en question et que je mets tout sur le dos de cet événement ? Evidement que je ne sais pas comment les faire être des parfaits petits enfants bien élevés parce que ce n’était pas supposé être mon job. Moi je venais chez eux et je les faisais faire des conneries, et j’étais le tonton rigolo avec qui ils n’avaient pas de limites. Et d’un coup ça a changé… C’est pas comme avoir son propre enfant… C’est pas mes fils. Peut-être bien que je les protège trop et que je suis pas assez dur avec eux mais… C’est pas si simple merde… » Je tape légèrement du point sur la table. Je devrais sans doute pas réagir comme ça, parce que je doute que Kyrah ait dit ça pour me blesser, mais je me sens mal – que même elle soit capable de voir à quel point je suis incompétent ça m’effraye. Je suis totalement flippé de pas être à la hauteur et encore plus de savoir que je ne suis pas le seul à le penser. « Je sais même pas pourquoi je te dis ça, de toute manière, ils l’ont très bien dit, je suis pas leur mère, j’ai rien à dire. Tu es leur tuteur, c’est à toi de te débrouiller avec eux. En attendant, je suis pas la bienvenue, du moins pas quand ils sont là. Donc je vais éviter de jouer au yoyo avec mes hormones, si tu veux bien. » Je hoche la tête me pinçant si fort l’intérieur de la joue entre mes dents que je commence à sentir le gout du sang. Qu’elle prenne la fuite, je sais même pas pourquoi elle ne l’a pas fait avant. Moi aussi je le ferais si j’avais le choix – je partirais aussi. Ca serait tellement plus simple… « Ca te plait sans doute pas Kyrah mais quand notre bébé sera né… Ils feront partis de sa vie et donc un peu de la tienne… » Une nouvelle étape à passer pour Kyrah, oui elle n’avait pas pour géniteur de son enfant le mec avec la vie la plus simple et malheureusement elle devait en assumer les conséquences. J’ai bien compris à son regard qu’elle a décidé de partir, que c’est trop pour elle et je ne sais pas si la retenir serait une bonne idée. Elle se dirige vers l’entre et je la suis en silence les mains dans les poches puis alors qu’elle semble prête à partir je l’attrape délicatement par le bras pour l’obliger à me regarder. « Je veux…. Je voudrais vraiment qu’ils s’excusent. Tu veux bien leur laisser une chance… Me laisse une chance ? » Je pose mon regard dans le sien et de ma main je fais remonter son menton pour l’obliger à me regarder. « Tu fais parti de ma vie maintenant Kyrah… » Je sens mon ventre ce serrer en énonçant ces mots, je n’ai jamais été aussi claire et pourtant c’est le cas. Elle en fait parti pour au moins les 18 prochaines années, voir même plus. « Et t’as raison, ils peuvent pas te parler comme ça, il faut qu’ils le sachent. » je lâche son menton en entendant les jumeaux papoter dans la salle de bain. Je tourne le regard vers là-bas puis à nouveau sur Kyrah. « Juste pour ça… Tu pourras partir après je ne te retiendrais plus » Je la quitte sur le pas de la porte pour aller toquer à la salle de bain et je rentre pour retrouver Dani et Scott entrain de se frapper avec les serviettes. En me voyant ils se taisent et rangent leur serviette un peu honteux. Je vais m’agenouiller devant eux. « Vous avez réfléchi ? » Ils ne répondent d’abord rien. « Oui mais elle est pas gentille. » Je soupire légèrement les attrapant pour les asseoir sur le bord de la baignoire. « Ecoutez les garçons… Vous ne connaissez presque pas Kyrah. Vous pourriez lui laisser une chance. Bientôt elle va mettre un petit être au monde et il va faire parti de notre famille. Donc elle aussi… Ce que vous avez dit avant ça lui a fait de la peine. C’était méchant et elle le méritait pas… C’est mal de blesser les gens comme ça. » Ma voix est douce et tous les deux baissent la tête. « Je savais pas que Cruella elle pouvait être triste. » « Oui elle peut, et j’aimerais que tu arrêtes de l’appeler Cruella. » Il semble un peu ennuyé par cette demande mais ne rajoute rien. « On est désolé… » Je passe ma main dans les cheveux de cette petite crapule. « C’est pas à moi qu’il faut s’excuser c’est à Kyrah. » Tous le deux hochent la tête. J’ai l’impression que pour une fois ils ont compris le message et je n’ai absolument aucune idée de comment j’ai fait ça. « Allez enfiler des habits et quand vous aurez trouvez quoi lui dire pour vous excuser venez nous voir. » Je donne une petit tape sur les fesses de Scott qui sort en dernier de la salle de bain à moitié nu pour courir dans sa chambre. Puis je sors à mon tour espérant que Kyrah est toujours là.
Je crois bien qu’une nouvelle fois, j’aurai mieux fait de fermer ma gueule. Je me le dis souvent, mais je ne le mets pas assez en application. En voyant le regard d’Elio, j’ai envie de me cacher dans un trou de souris. Mes paroles sont allées plus vite que ma pensée, et je le regrette déjà. Qu’est-ce qui me prend de donner des leçons d’éducation ? Non mais sérieusement ? J’ai perdu la boule ou quoi ? Bien sûr qu’il ne fait pas tout correctement mais aucun parent n’en est capable. Il n’y a que dans les films que c’est possible, et encore. « Tu crois que je le sais pas ? Que je ne me remets pas en question et que je mets tout sur le dos de cet événement ? Evidement que je ne sais pas comment les faire être des parfaits petits enfants bien élevés parce que ce n’était pas supposé être mon job. Moi je venais chez eux et je les faisais faire des conneries, et j’étais le tonton rigolo avec qui ils n’avaient pas de limites. Et d’un coup ça a changé… C’est pas comme avoir son propre enfant… C’est pas mes fils. Peut-être bien que je les protège trop et que je suis pas assez dur avec eux mais… C’est pas si simple merde… » Mon regard reste planté dans le sien, un peu brumeux, tout le temps de sa tirade. Je sursaute au moment où son poing vient s’écraser sur la table. Il est énervé, et il a de quoi. Je ne sais pas quoi dire, quoi répondre à ça, alors je laisse un léger silence flotter, quelques secondes, avant de lui dire que je ferai mieux de partir, bien réfléchi. « Ca te plait sans doute pas Kyrah mais quand notre bébé sera né… Ils feront partis de sa vie et donc un peu de la tienne… » Je serre un peu les dents, parce que je sais qu’il n’a pas tord, et je baisse les yeux comme une enfant qui se fait engueuler. C’est plus fort que moi. Ma fierté m’empêche bien souvent d’avouer que j’ai tord, m’avouer vaincue. Je n’ai rien à ajouter à ça, alors je me retourne pour aller doucement vers la porte. Je ne me précipite pas, de toute manière, ça ne sert à rien. Mais à l’instant où je sens la main d’Elio se refermer sur mon bras, avec une certaine poigne, mais une infinie délicatesse, je sens mon coeur s’emballer et mon souffle se raccourcir légèrement. Il me force à me retourner et je le regarde droit dans les yeux. « Je veux…. Je voudrais vraiment qu’ils s’excusent. Tu veux bien leur laisser une chance… Me laisse une chance ? » Mon regard oscille entre ses yeux, sans un son qui s’extirpe de mes lèvres, juste ma respiration. « Tu fais parti de ma vie maintenant Kyrah… » Pourquoi j’ai envie de me jeter sur lui pour l’embrasser ? Là, tout de suite ? Je sens les papillons s’affoler dans mon ventre, et je jure avoir senti notre bébé bouger une nouvelle fois, mais je ne dis rien, j’avale juste difficilement ma salive, ne détournant pas pour autant mon regard de lui. « D’accord. » Quoi lui répondre d’autre. Il vient de m’avoir, de me piéger, avec une phrase pareille, que voulait-il que je lui réponde d’autre. Je lui donnerai le bon dieu sans confession lorsqu’il me fait ces yeux là. « Et t’as raison, ils peuvent pas te parler comme ça, il faut qu’ils le sachent. » Je suis un peu rassurée de savoir qu’il est d’accord avec moi sur ce point. « Juste pour ça… Tu pourras partir après je ne te retiendrais plus » Je ne dis rien, je le laisse lâcher mon bras et partir en direction de la salle de bain. Je prends une grande inspiration, comme pour calmer mon souffle, mon coeur, mon cerveau. Je ferme même les yeux quelques secondes pour me calmer légèrement. Cet élan de colère qui s’est emparé de moi à la suite des mots des jumeaux, ce n’est pas anodin. C’est bien que d’un côté, j’y tiens un peu Si j’en avais eu rien à foutre, je n’aurai rien dit, ou pire, j’aurai rétorqué quelque chose. Je viens finalement m’installer sur le canapé. Je récupère une petite voiture qui était sous mes fesses, et me laisse aller dans l’assise, calant mon dos contre le dossier. Machinalement, une main vient se poser sur mon ventre, le caressant du bout de mon pouce, alors que de mon autre main, je fais tourner la petite voiture entre mes doigts. Je n’entends pas ce qui se raconte dans la salle de bain, je préfère ne pas savoir. Ils sont sûrement encore en train de me cracher dessus. Finalement, Elio revient auprès de moi et je dépose la voiture sur la table basse en me redressant un peu. Je me racle doucement la gorge et regarde le jeune homme. « Ils sont calmés ? » Il se contente de hocher la tête et je vois apparaître deux petites têtes rousses derrière Elio. Ils sont habillés un peu n’importe comment, et dans d’autres circonstances, ça aurait pu me faire rire. Je les regarde tous le deux se positionner en face de moi, les mains dans le dos comme s’ils allaient réciter une poésie à leur maîtresse. « On voudrait te dire pardon Cr…. Kyrah. » « Oui, on est désolés. On a pas été très gentils avec toi. » J’esquisse un fin sourire. « Et puis Dani il aimait bien Olivia, mais moi je m’en fiche. » Il hausse les épaules et je regarde le petit Scott. Cette fois mon sourire s’étire un peu plus. « Moi aussi je m’en fiche ! Je veux juste que Elio il soit content ! » L’autre petite tête rousse regarde son oncle avec un petit sourire tout à fait adorable. Je les préfère comme ça, c’est certain. « Et toi, tu l’aimes Elio ? Tu veux qu’il soit content toi aussi ? » Je regarde le petit garçon, un peu soufflée par sa question. Bien sûr, les enfants n’ont pas vraiment de mal avec la notion d’amour, ça change en grandissant. « Je euh.. » Je regarde alors Elio, un peu prise de cours. « Oui, bien sûr ! » Je me racle un peu la gorge. « Je veux qu’il soit content ! » Je n’ai pas répondu à la première partie de la question, il est sûrement trop tôt pour ça, même si moi, je la connais la réponse. Depuis bien trop longtemps d’ailleurs. Scott vient récupérer la main d’Elio qui est resté debout un peu plus loin et il l’amène près de moi, le forçant à s’asseoir à mes côtés. Il prend ma main aussi et les met l’une dans l’autre. « Voilà. ». « Et quand le bébé sera là il dormira ici à la maison ? Avec Kyrah ? » Je commence à me sentir mal à l’aie de trop de plans sur la commette. « Vous savez, c’est pas encore pour tout de suite ! On a le temps d’y réfléchir ! » « Il bouge ? On peut lui faire un bisou ? » J’avais la hantise que ce moment arrive à un moment, mais fallait bien y passer. « Il bouge pas encore trop non, enfin, sauf quand Elio pose sa main dessus. » Je tourne la tête vers le jeune homme et sans tarder il vient poser sa main sur mon ventre. Les garçons s’approchent et en font de même. Trois mains sur mon ventre. Si j’avais su un jour que ce genre de truc pourrait m’arriver. « Moi je veux que ce soit une fille. » « Arrête c’est nul les filles ! » Je ris un peu et regarde Elio avec complicité. Je crois que c’est exactement ce qu’il voulait, ce moment.
Je souffle légèrement en sortant de la salle de bain. Heureux d’être arrivé à quelque chose avec eux. Plus de Kyrah dans l’entrée, mon cœur se serre légèrement mais quand je retourne au salon elle est là. Assise sur le canapé – elle a décidé de rester. « Ils sont calmés ? » Je hoche légèrement la tête ne sachant trop quoi ajouter. Je ne sais pas ce que les jumeaux vont trouver à lui dire et j’avoue que ça me fait un peu stresser. Ils arrivent d’ailleurs déjà, habillé n’importe comment, Scott encore entrain d’essayer d’enfiler son T-shirt. Je le stoppe pour l’y aider et regarde ces deux crapules totalement de braillés se poster devant Kyrah comme deux petites anges prêt à réciter. « On voudrait te dire pardon Cr…. Kyrah. » « Oui, on est désolés. On a pas été très gentils avec toi. Et puis Dani il aimait bien Olivia, mais moi je m’en fiche. » Ce n’est pas très délicat comme manière d’approche mais j’espère que Kyrah sera voir leur bonne volonté et leur envie sincère de s’excuser. Et vu le sourire qui étire ces lèvres je peux en juger que oui. « Moi aussi je m’en fiche ! Je veux juste que Elio il soit content ! » Serrant légèrement les lèvres je sens un vague d’émotion me saisir alors que je garde les yeux rivés sur les jumeaux. « Et toi, tu l’aimes Elio ? Tu veux qu’il soit content toi aussi ? » Cette fois mes yeux s’ouvrent un peu plus grand d’étonnement et un peu de gène. « Je euh.. » Je suis resté debout à côté du canapé et je vois bien que Kyrah cherche mon regard un peu mal à l’aise, je finis par lui faire un sourire un peu désolé tout en haussant légèrement les épaules. C’est d’elle qu’il attende un réponse, sûr ce coup elle va devoir se débrouiller. « Oui, bien sûr ! Je veux qu’il soit content ! » Elle s’en sort plutôt bien et Scott vient maintenant chercher ma main pour m’emmener vers Kyrah, je vais m’asseoir à quelques centimètres d’elle et ils enlacent nos mains. J’ai presque l’impression qu’ils sont entrain de nous marier. Il ne manquerait plus qu’un « oui je le veux. » Et l’affaire serait bouclée. « Voilà. » « Et quand le bébé sera là il dormira ici à la maison ? Avec Kyrah ? » Sa question me souffle un peu et je laisse échapper un vague. « Wouah euh… » Qui laisse transparaitre un certain malaise. Sans que je comprenne comment Kyrah semble plus enclin à leur répondre bien que je sente un certain malaise chez elle aussi. « Vous savez, c’est pas encore pour tout de suite ! On a le temps d’y réfléchir ! » « Il bouge ? On peut lui faire un bisou ? » « Il bouge pas encore trop non, enfin, sauf quand Elio pose sa main dessus. » Je ne le savais pas… Evidement je me souviens de ce moment magique ou j’ai senti notre enfant bouger sous mes doigts pour la première fois – mais je pensais que c’était maintenant monnaie courante pour la jeune femme. Sans trop réfléchir ma main va se glisser sur son ventre et très vite les deux petites pattes des jumeaux viennent me rejoindre. « Moi je veux que ce soit une fille. » « Arrête c’est nul les filles ! » Je rigole légèrement alors que je sens un mouvement sous ma main. Mon regard s’illumine d’un coup. « Vous avez senti ? » Les jumeaux commencent à s’activer comme deux piles sur pattes. « Ouuuuais c’était trop cool ! » Scott se rapproche un peu plus du ventre de Kyrah pour lui murmurer. « Si t’es un garçon bah moi je t’apprendrais à jouer au foot et même que je te prêterais mon ballon. » C’est une grande preuve d’amour pour Scott, il chérie son ballon plus que tout. « Hey c’est pas juste ! T’as pas le droit de lui… » Je coupe Dani dans son élan sentant une nouvelle dispute arriver. « C’est bon les garçons, peu importe si c’est une fille ou un garçon vous pourrez faire pleins de choses ensemble c’est promis. » Ils ont l’air d’accord sur ce point. « Filez dans votre chambre maintenant ! » J’ai beau être attendri je n’ai pas oublié pourquoi les deux étaient à la maison. Ils soupirent légèrement mais enlève leurs mains pour prendre la direction de la chambre. « Et pas de console, je vous rappelle que vous êtes punis. » Râlant un peu les jumeaux disparaissent de notre vu nous laissant une nouvelle fois tous les deux. Ma main encore posé sur son ventre vient cette fois se glisser sous ses vêtements pour retrouver le contact avec sa peau, alors que je caresse son ventre avec de fins mouvements. « Désolé si ça t’as mis un peu mal à l’aise. Ils peuvent être de vrai guimauve quand ils s’y mettent. » Je rigole légèrement me rendant bien compte que c’est aussi mon cas. On est sans doute pas de la même famille pour rien. Mon autre main va pour sa part se glisser dans sa nuque et je me rapproche d’elle pour déposer un baiser sur ces lèvres. Je veux lui dire merci de cette façon – merci d’être restée et d’avoir permis à ce moment d’exister parce que j’ai l’impression que c’est quelque chose d’important. « Tu sais ils ont pas totalement tord.. » Je me racle un peu la gorge un peu mal à l’aise. « On devrait commencer à y penser… Il reste tout juste quatre mois c’est pas… C’est bientôt là et… » Je bouge mon épaule un peu mal à l’aise. Encore une fois je sais que je m’aventure sur une pente glissante en abordant ce sujet et j’y vais avec des pincettes. « On regard depuis plusieurs mois pour un nouvel appartement avec Kaecy… C’est trop petit pour nous quatre ici et… Il y aura une chambre pour le bébé du coup… Pour quand il sera ici et je me dis qu’on pourrait mettre un lit… Pour toi, si tu veux… Quand tu voudras. » Je m’emmêle un peu les pinceaux Je sais que Kyrah n’a pas vraiment de lieu fixe, qu’elle vit chez une amie et je n’ai aucune idée de comment cette dernière va accepter la venue d’un enfant. Est-ce qu’il vivra avec moi ? Avec elle ? Le mieux serait avec nous deux mais je ne me vois pas lui demander clairement de venir vivre avec nous. Je voudrais juste qu’elle sache qu’elle sera la bienvenue… Qu’elle aura si elle le veut son lit et aucune obligation de partager le mien… Je pense que dans cette relation un peu étrange que nous avons… Nous avons tous les deux besoin de ça. Cette possibilité d’espace. Si je l’enferme je sais que ça va l’étouffer.