Oui, qu’elle se dit, un taxi ça coute cher, surtout les soirs de fête. Un business lucratif qui rapporte un max, bon, faut dire aussi que transporter des gens dans son état à elle ou bien, ça n’a rien d’une promenade de santé, autant qu’ils y trouvent aussi leur compte sinon la balance serait complètement déséquilibrée. « vaut mieux aller chez moi alors » qu’elle dit sans grande conviction, mais elle se dit que ça doit être la solution la plus logique à l’heure actuelle. Son appartement n’est pas loin, ça sert à rien de balancer par la fenêtre du fric qu’elle n’a pas. Et puis, bon, elle est pas trop la Jordan, elle a conscience qu’il y a des chances que chez elle, elle s’endorme sur le canapé ou sur le sol selon son degré de motivation. La voix d’Elie l’extirpe de ses pensées et elle penche la tête sur le côté, l’air de demandé, voir quoi ? oui voir quoi déjà ? il lui faut quelques longues secondes avant que son cerveau ne trouve la réponse. « j’pense ouais » pas très clairement en tout cas, quoique, si elle se trompe pas, le balcon donne en direction de la plage, mais bon, c’est sûr que ce serait mieux une assistance directe, comme passer d’une télévision normale à du HD. Ses pas les guident vers son appartement lorsque la brune à ses côtés lui fait savoir que les jeunes non loin d’elles partent vers la plage, avant de disparaitre, comme avaler par la nuit. Blondie la suit du regard, la regarde discuter avec les dits jeunes qui partent vers la plage avant de lui faire signe de venir. Sans trop comprendre, Jordan se dirige vers elle, son grand sourire sur les lèvres. « Bonjour ! » lance-t-elle au groupe composé de deux garçons et de deux filles, deux couples sûrement. « Merci de bien vouloir nous déposer » regard reconnaissant à l’appui, elle offre cette expression d’ingénue à qui l’on offre le bon Dieu sans confession. Les deux amies se serrent sur la banquette arrière, Elie finissant sur les genoux de Jordan, l’idée de croiser des policiers ne fait pas chemin dans son esprit « ca va, t’es bien installée ? » la question est pour Elie et le véhicule démarre. Le conducteur met la musique, la conversation bat son plein, les éclats de rire fusent, en somme ils font connaissance, sait-on jamais si leurs chemins se recroisent. La route est plus rapide que Jordan l’aurait cru et un des jeunes crie qu’ils sont à la plage. Elles sortent de la voiture et Jordan court sur le sable, maladroite, elle a vite fait de s’emmêler et de s’étaler comme une crêpe, hilare de sa propre bêtise. « Ah ! Regarde ! Les feux ! » Elle hèle Elie, faisant signe vers le ciel comme si cette dernière ne l’aurait pas vu sans son aide. « C’est tellement beau ! Toutes ces couleurs ! » Une véritable gamine au matin de noël.
L’alcool, ce doux liquide qui vous embarque mille lieux ailleurs, qui empêche vos neurones de se connecter correctement. Éloigné de tous vos problèmes, le monde vous semble plus léger, moins noir, même au fin fond de la nuit, quand à bout de forces vous chercher désespérément quoi faire. En temps normal, un bout de canapé, voir de tapis suffit à récolter votre sommeil sans rêve. Mais un soir de réveillon se doit d’être fêté jusqu’au matin venu, c’est d’ailleurs là que se trouve tout l’intérêt de cette soirée. Oui finir la soirée chez Jordan n’était pas une mauvaise idée, mais Elie avait tout de même très envie de voir les feux d’artifices. Depuis que cette idée s’était installée dans sa tête, elle ne semblait plus vouloir s’en aller, avait même commencé à défaire ses valises. Elles DEVAIENT aller voir les feux d’artifices. Et ces jeunes paraissaient être la solution parfaite à leur problème de transport. Pas forcément la solution la plus raisonnable, de purs inconnus, à côté d’une boîte de nuit, rien n’indiquait qu’ils n’étaient pas aussi alcoolisés qu’elles et donc inaptes à conduire. Mais leurs cerveaux embués ne leur permettait pas d’accéder à ce genre de réflexions. Aussi s’embarquent-elles dans un road trip de quelques minutes, Elie sur les genoux de Jordan, la tête contre le plafond, brinquebalée dans tous les sens, le sourire jusqu’aux oreilles. Si elle est bien installée ? Aucune idée à vrai dire, il n’y a que le vent des fenêtres ouvertes dans ses cheveux, la musique à fond dans l’habitacle. « Oui t’inquiètes ! » Alors que les présentations se font, relations éclair dans cette soirée mouvementée, Elie joue avec une mèche de cheveux blonde de son amie, riant aux éclats. Puis ils arrivent et bientôt le sable grince sous ses chaussures, qu’elle enlève rapidement pour rejoindre le sol froid. Ses petons s’enfoncent sous la poudre de cailloux et la voilà qui court à la suite de son amie, après avoir remercié chaleureusement leurs compagnons de route. Un grand éclat de rire lui échappe tandis qu’elle observe la blonde s’étaler par terre et la voilà qui suit du regard son doigt qui se lève vers ces lumières éclatantes dans le ciel. Des étoiles de toutes les couleurs, qui explosent à grand bruit, laissant une traîne de paillettes colorées derrière elles. Béate, Elie s’assit à côté de son amie. C’était beau, qu’importe ce qui se passerait le lendemain, dans quelques heures, pour le moment, tout allait bien. Cette année commençait sous le signe joyeux de l’amitié et de la vie. Ce qui se passait pour le moment était un cadeau, le présent.
Accueil
