Kyrah a perdu notre bébé… Je voudrais ne pas y croire, rester dans le déni mais ça n’est plus le cas maintenant. Notre petite fille n’est plus là. Je regarde mes neveux entrain d’enfiler leur manteau continuant de retenir mes sanglots qui se pressent dans ma gorge. « Prends du temps pour toi Elio, si ils ont plus de questions j’y répondrais. » Je dépose un baiser sur le font de ma meilleure amie remerciant le ciel une fois de plus d’avoir mis Kaecy sur ma route. Depuis ma sortie de l’hôpital je n’ai plus pleuré, comme si tout mon stock avait été épuisé dans ce lieu sombre où j’avais appris la perte de notre enfant. Ca faisait plus de cinq jours aujourd’hui le temps qu’il m’avait fallu pour trouver le courage d’en parler aux jumeaux. Je redoutais cette conversation parce qu’elle était la dernière étape, celle qui représentait la rupture total avec ce petite être qui avait à peine pu partager ma vie. Et comme j’avais pu le pressentir l’annoncer à mes neveux avait été un déchirement sans nom. Je n’avais pas laissé les émotions me submerger parce que je ne voulais pas qu’ils me voient comme ça… pas qu’ils comprennent non plus la gravité de ce moment. Tout deux ont déjà perdu bien trop de gens… Comment leur expliquer que ce bébé - cette petite fille - qu’ils attendent avec impatience ne viendra jamais ? Que Kyrah à laquelle ils commençaient à s’attacher ne reviendra probablement plus non plus. Elle n’a pas répondu à mes messages, pas donné signe de vie bien que je la sache encore en vie… C’est peut être ce deuil solitaire qui fait le plus mal, réaliser une fois de plus que le peu de choses qui nous unissaient n’étaient qu’un leurre imposé par un bébé qu’elle n’avait pas désiré. Mais comment expliquer tout ça à des gamins ? Il faut utiliser les mots les plus simples, répondre aux questions les plus explicites. « Mais il est parti où le bébé ? » « C’est quand qu’il revient de la mort ? » « Maman aussi elle est à la mort alors elle va s’occuper de ton bébé? » J’aime l’idée que là haut ma sœur s’occuper de ma fille comme je le fais de ces fils. C’est comme un échange de bon procédé… Un deal entre nous.
Quand la porte claque je me laisse enfin aller, le larmes inondant mes joues et les sanglots prenant possession de tout mon corps alors que je vais me recroqueviller dans le canapé comme un fœtus. Jamais je n’ai laissé les émotions prendre le dessus sur moi de cette façon auparavant, mais sans les médicaments que je m’enfile un peu trop ces derniers jours – je ne suis plus capable de rien gérer. La porte sonne et je ne sais pas où je trouve la force de me lever. Les larmes ont cessé depuis quelques minutes mais avec un regard dans le miroir je peux bien voire que mes yeux sont encore rougis et mon visage bouffi. Je regarde par la Judas de la porte et c’est une silhouette connue qui se dessine derrière. J’hésite un instant à lui ouvrir et pourtant je le fais plongeant directement mon regard noir dans le sien. « Qu’est ce que tu fais là Heidi ? » Même pas de bonjour, la moindre politesse semble m’échapper quand il s’agit de la jeune femme. « Je croyais que t’avais pris la décision de ne plus venir. » Ou qu’on c’était plus ou moins mis d’accord là dessus. C’est étrange mais l’avoir proche de moi calme d’un coup ma peine. Comme si la rancœur que j’avais à son égard me prenait un peu de place, empiétant sur tout le reste et repoussant ma peine dans un coin. Je me sens mieux en la voyant… Mieux et pourtant toujours entrain de marcher sur ce fil si fragile tel un funambule. Sa réaction peu tout changer et je le sais – je le sens au plus profond de moi.
A la fin de la journée, quand la nuit tombe, tout ce que l'on veut, c'est être aux côtés de quelqu'un. Et cette histoire de prendre nos distances, et de faire semblant de ne pas s'intéresser aux autres, c'est des conneries. Alors on choisit les personnes dont on veut rester proche, et une fois qu'on a choisit ces personnes, on fait en sorte de rester près d'elles. Peu importe à quel point on les a blessées. Δ
Mon retour à Brisbane était compliqué. Voilà désormais approximativement cinq mois que j’avais décidé de revenir vivre dans la ville qui m’avait vu grandir et je ne me sentais toujours pas installée à proprement parler. Ma vie était un gros chantier. J’avais l’impression d’essayer de bâtir un palace sur de vieilles ruines à moitié délabrées. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même, mais toujours était-il que cela ne rendait pas pour autant la situation facile à accepter. Heureusement, comme toujours Kaecy était d’un soutien sans faille, d’une aide précieuse. Il semblait qu’elle trouvait toujours les mots et ce dans n’importe quelle situation, qu’elle savait exactement lorsqu’il fallait parler et lorsqu’il fallait aussi ne rien dire et laisser les choses se faire d’elles-mêmes. Je me demandais souvent si c’était parce qu’elle avait longtemps été privée d’un de ses 5 sens, qu’elle avait fini par développer une sorte d’empathie pour le genre humain. Nul doute qu’à côté du mot bonté dans le dictionnaire se trouvait une photo de Kaecy. Sans elle, je n’aurai pas supporté mon retour à Brisbane et tout ce que ça impliquait. Parce qu’au-delà du fait que je devais me confronter au fantôme de mon frère, je devais avant toute chose me confronter aux fantômes des relations passées que j’avais établies ici avant de tout plaquer pour partir loin d’ici. J’avais retrouvé Soren et Cléo, à qui j’en avais longtemps voulu de s’être mis ensemble et de faire comme si Matteo n’avait pas existé avant. Mes relations étaient désormais assez tendues avec chacun d’eux. Pourtant, la tension s’apaisait entre Cléo et moi depuis qu’elle m’avait annoncé qu’elle avait une petite fille qu’elle tenait de Matteo et dont j’étais la tante. J’avais pu passer un peu de temps avec ma nièce, Cami, et ça m’avait fait un bien fou. Cette petite fille était tout ce qu’il me restait de Matteo, en dehors de cette douleur poignante dans la poitrine et de ce vieux tas de souvenirs que j’avais beaucoup trop ressassés. Depuis que j’avais appris pour Cami, j’avais cessé d’en vouloir à Cléo et si je n’approuvais pas ses choix de vie, je gardai mes opinions pour moi. Je restais persuadée que d’ici peu de temps, ma relation avec Cléo reprendrait la tournure qu’elle avait avant le décès de mon frère. Par contre, vis-à-vis de Soren il n’en était pas du tout de même. Je ne parvenais pas à lui pardonner d’avoir trahi mon frère et moi par extension. J’étais réellement déçue de sa personne, et je restais persuadée que c’était ce qui me poussait à être encore plus cruelle envers lui. Au fond, j’agissais avec Soren exactement comme Elio avait réagi avec moi, il y avait quelques temps. Je voulais lui rendre la monnaie de sa pièce, lui faire mal comme il m’avait fait mal. Œil pour œil, dent pour dent, disait le proverbe. Et en parlant d’Elio, voilà plusieurs semaines que je n’avais pas la moindre nouvelle de sa part. J’avais rempli ma part du contrat : j’avais fait en sorte qu’il n’ait jamais à faire à moi. Je ne posais jamais de question à Kaecy à son sujet et je restais persuadée que de son côté, Kaecy ne racontait rien sur moi à Elio. Si la douleur d’avoir perdu un ami si proche qu’Elio était toujours bien présente à l’heure d’aujourd’hui, j’étais cependant résignée : notre amitié était finie et j’espérais qu’avec le temps, cette idée serait moins douloureuse, qu’elle me donnerait moins le vertige. Parfois j’avais envie de craquer, d’aller le voir. Mais je me ravisais à chaque fois, sachant pertinemment que je ne supporterai pas son rejet une deuxième fois.
Voilà plusieurs semaines que je n’étais pas venue jusqu’ici, pour frapper à la porte de cet appartement numéro 19 en plein Pine Rivers. Kaecy m’avait prévenu qu’elle serait à l’appartement normalement pour le reste de la journée et que si je voulais, je n’avais qu’à passer la voir, que nous pourrions ensuite aller en ville boire un café. J’étais donc partie la retrouver sur un coup de tête. Mais maintenant, face à cette porte, je fus prise de doutes. Et si c’était Elio qui ouvrait la porte ? Que devais-je dire ? Ou faire ? Il aurait peut-être été judicieux de ma part d’envoyer un message à Kaecy avant de débarquer ici, dans l’appartement qui était celui d’Elio à la base. Je finissais par secouer la tête, avant de me lancer et de toquer. Si c’était Elio qui ouvrait la porte, il me suffirait d’agir normalement, comme avec n’importe quel inconnu. Après tout, lui et moi serions probablement capables de nous comporter en adultes civilisés pendant trente secondes. Pourtant, malgré le scénario que je me répétais en boucle dans ma tête, je ne pouvais m’empêcher d’afficher une mine déconfite quand ce fut le visage d’Elio qui apparaîssait derrière la porte. Pendant quelques instants, je paniquais presque, cherchant vainement quelque chose à dire. J’étais tellement perturbée, partagée entre l’envie de faire demi-tour et celle d’agir en adulte, quitte à subir les foudres de celui qui était mon ami, que je ne remarquais pas tout de suite les yeux rougis d’Elio. « Qu’est-ce que tu fais là Heidi ? » « Euh… Je… Kaecy… » Les mots se bousculaient dans ma tête, mon cœur se serrait, je n’étais visiblement pas encore préparée à la froideur d’Elio à mon égard. « Je croyais que t’avais pris la décision de ne plus venir. » Je marquais une légère pause, me mordillant nerveusement la lèvre inférieure alors que j’essayais de me calmer et de lui répondre de façon intelligible. « Oui, je sais. Mais Kaecy m’avait dit qu’elle serait ici cet après-midi et que je n’avais qu’à passer. » A cet instant, l’idée que Kaecy ait pu volontairement oublier de me préciser qu’elle avait quelque chose à faire en ville me traversa l’esprit. Et c’est là que je les vis : les larmes qu’Elio semblait avoir versé peu de temps avant mon arrivée et tout se mettait en place dans ma tête. Nul doute qu’Elio avait besoin d’un peu de temps seul et que Kaecy dans sa délicatesse extrême lui a laissé l’espace dont il avait besoin pour quelques temps. « Peu importe, je la verrais plus tard » Et je faisais aussitôt demi-tour, prête à reprendre l’ascenseur qui n’avait pas bougé. Mais je me stoppais dans mon élan. « A moins que… » Je finis par faire face à Elio de nouveau, prêt à fermer la porte de nouveau. « Tu ne veuilles que je reste. Je sais bien qu’on a dit qu’on ne se voyait plus et qu’on ne se connaissait pas. Mais on pourrait faire, je ne sais pas moi, une trêve, le temps d’un après-midi. » Je tenais à Elio et le voir dans cet état m’alarmait. Il m’était impossible de ne pas lui proposer mon aide, maintenant la balle était dans son camp.
Evidement je ne m’attendais pas à tomber sur elle. J’avais cru comprendre à ces dires qu’elle ne mettrait plus les pieds ici et j’avais accepté cette alternative. C’était au final ce que je lui avait expressément demandé. Ne plus jamais la revoir était un déchirement que j’avais accepté parce que j’étais bien trop peiné pour faire autrement, pour passer au dessus des erreurs d’Heidi. Elle avait dit qu’elle ne viendrait plus et pourtant elle était là devant ma porte – probablement au pire des moments. « Euh… Je… Kaecy… » Mon regard noir se posait sur elle comme si à lui seul il pouvait lui faire comprendre qu’elle devait fuir. « Pas là. » Deux mots froids et durs qui étaient sortis de ma bouche comme de celle d’une machine sans sentiments. « Oui, je sais. Mais Kaecy m’avait dit qu’elle serait ici cet après-midi et que je n’avais qu’à passer. » Evidement qu’elle aurait du être là, sauf que l’après midi c’était déroulé un peu différemment que prévu et que ce qui était censé être mon tour de garde des jumeaux c’était transformé en annonce de mort. De quoi changer légèrement les plans. De toute évidence Kaecy avait oublié de prévenir Heidi de ce contre temps… Ou alors elle l’avait fait volontairement mais Je ne voulais pas la croire aussi stupide et cruelle envers Heidi. C’est Kaecy elle même qui avait du ramasser les pots cassés de notre dernière discussion. Elle ne lui aurait pas infligé ça une deuxième fois. « Bah, c’est pas le cas comme tu peux le voir. » J’avais ouvert légèrement la porte pour lui montrer l’appartement vide. Espérant qu’elle comprenne qu’elle n’avait plus qu’à prendre la fuite très vite avant qu’un flot de mots que je pourrais regretter ne sortent à nouveau de ma bouche. « Peu importe, je la verrais plus tard » Très bien, elle prenait la bonne décision probablement. Celle de ne pas tenir compte de ma mine déconfite que je tentais de cacher derrière un regard noir. Je me savais pourtant percé à jour. J’avais vu son regard se poser sur moi. Le regard de celle qui avait été mon amie, celle à qui j’aurais pu tout dire à une époque. Avant qu’elle ne gâche tout.
Je commençais déjà à fermer la porte quand sa voix retient mon geste. « A moins que… » Déglutissant difficilement je rouvrant lentement la porte pour lui faire face. Je savais ce qu’elle s’apprêtait à dire. Ces mots que j’aurais voulu entendre à une époque car ils auraient juste permis de casser cette solitude qui me rendait fou mais aujourd’hui… Aujourd’hui ils me plongeaient simplement dans l’incertitude de ma propre réaction. « Tu ne veuilles que je reste. Je sais bien qu’on a dit qu’on ne se voyait plus et qu’on ne se connaissait pas. Mais on pourrait faire, je ne sais pas moi, une trêve, le temps d’un après-midi. » « T’es sérieuse ? » Haussant les sourcils je la regardais médusé qu’elle ose me proposer un accord aussi impensable que celui là. « Il n’y a pas de trêve à ce que je t’ai dis Heidi, pas de pause ! C’est pas un jeu ! Pas un truc qu’on peut modeler comme on le veut à notre bon plaisir. » J’attrapais la porte dans ma main cherchant un appuie car rien que parler semblait me demander un effort dont les larmes m’avaient vidé. « Je veux pas que tu restes, je veux pas que tu rentres chez moi, que tu me regarde avec cette pitié . Je veux pas te parler… Non je veux parler à personne. » Les larmes remontaient à mes yeux sans que je ne puisse les contrôler. Heidi était entrain de payer le prix d’une colère qu’elle n’avait pas déclenchée mais qui grondait au fond de moi depuis quelques jours. Un colère que je n’avais pu déverser sur personne parce qu’il n’y avait pas de coupable à la mort de notre enfant. « Je veux parler à personne… » Je m’effondrais petit à petit sur la porte, mon dos se voutant, mon regard se baissant en même temps que ma tête pour regarder le sol et tenter de cacher les larmes que je ne pouvait retenir. « Pas de ça » La colère faisait place à nouveau à la douleur. « Je veux juste arrêter d’avoir mal… » Je devais avoir l’air d’un gamin sans défense d’un coup. Finit Elio le gros dur, je n’étais qu’un homme complètement dévasté – dépassé par une situation qu’il m’était impossible de gérer dignement. « Ca fait trop mal… » Les larmes redoublaient sur mes joues, je perdais déjà la sensation de mon corps qui était pris de léger tremblement. Evidement Heidi semblait ne pas savoir comment réagir à ce soudain retournement de situation. Elle ne l’avait pas vu arriver – moi non plus. Je la sentais hésitante – ne sachant comment faire pour ne pas s’initier dans une peine qui ne la concernait pas et dont je voulais la tenir éloigné et pourtant un spectacle de désespoir que je lui offrais sans être capable de me maitriser. Sa main finit par venir toucher mon bras. Un geste simple qui m’apaisa légèrement. Sans que je ne puisse me retenir j’avais alors à mon tour fais un pas vers elle cherchant la chaleur de son corps dans un étreinte que nous n’avions pas partagé depuis de nombreuse années. Retrouver son odeur, la chaleur de son corps, le toucher de ces cheveux qui me chatouillent le nez me fait du bien. Je me laisse aller à cette étreinte, à ces mains qui m’entourent, en oubliant presque ma rancœur – ma haine à son égard. L’espace d’un instant elle redevient cette amie – celle que j’aurais aimé qu’elle reste. Quand je me sépare d’elle je sens un certain malaise. J’ouvre la porte légèrement pour la faire entrer. Je n’ai rien besoin de dire… Je sais que je ne devrais pas faire ça – lui donner l’illusion que tout ça change quelque chose parce que les quelques instants où j’ai pu oublier ce qu’elle nous a fait vivre ont disparu quand mon regard c’est posé à nouveau dans le sien. « Qu’est ce que tu veux boire ? » Je renifle un peu, me réjouissant d’aller à la cuisine pour trouver un mouchoir. Je me sens trop faible pour me battre avec elle… Peut-être qu’on peut faire cette trêve qu’elle me propose… Peut-être que j’ai juste besoin de l’amie qu’elle était même si c’est pour quelques minutes seulement. Au fond je sais bien pourtant que je me leurre et que je risque de nous faire plus de mal encore à nous deux. Que j’utilise toutes ces émotions qu’elle fait naitre en moi pour essayer de fuir celles que je ressens quand je pense à notre fille et à Kyrah parce qu’elles sont encore pires.
A la fin de la journée, quand la nuit tombe, tout ce que l'on veut, c'est être aux côtés de quelqu'un. Et cette histoire de prendre nos distances, et de faire semblant de ne pas s'intéresser aux autres, c'est des conneries. Alors on choisit les personnes dont on veut rester proche, et une fois qu'on a choisit ces personnes, on fait en sorte de rester près d'elles. Peu importe à quel point on les a blessées. Δ
« Bah, c’est pas le cas comme tu peux le voir. » Sans réelle surprise, Elio était d’une amabilité exemplaire à mon égard. J’encaissais donc le coup sans trop de difficulté, je m’y étais de toute façon préparée et j’avais eu quelques semaines pour me faire à l’idée que notre amitié était bel et bien terminée. Et visiblement Elio, lui campait toujours sur ses positions, refusant fermement d’accepter mes excuses et de pardonner mes erreurs. Je choisissais donc de faire demi-tour, de respecter le contrat que nous avions passé tacitement lors de notre dernière rencontre. Ce n’était pas facile pour moi de le laisser là, seul avec cet air désespéré peint sur le visage, malgré la colère qu’il éprouvait à mon égard. Ce n’était pas facile de me dire que plus jamais, je ne compterai parmi les personnes dont il accepterait le réconfort et la compagnie. Et alors que je me ravisais, que je me stoppais dans mon élan pour retourner d’où je venais et que je songeais tout juste à proposer à Elio de rester avec lui un petit peu, je le sentais rouvrir la porte de son appartement pour avoir le temps d’écouter ce que j’avais à lui dire. Au moment même où les mots passaient la barrière de mes lèvres, je savais que c’était une mauvaise idée, que j’allais me prendre une tornade en pleine face. Ce n’était pas le moment de l’énerver, déjà qu’il était visiblement plus que sur les nerfs. Il était certain que j’allais en prendre pour mon grade. Je serais alors la mâchoire, maintenant que je venais de lâcher la bombe, attendant la réaction volcanique d’Elio, sur le pas de la porte. J’inspirais un bon coup, pour me donner le courage de supporter ce qu’il se préparait à m’envoyer en pleine figure. Et la réaction explosive de mon ami ne se fit pas attendre. « T’es sérieuse ? Il n’y a pas de trêve à ce que je t’ai dit Heidi, pas de pause ! C’est pas un jeu ! Pas un truc qu’on peut modeler comme on le veut à notre bon plaisir. » Si au début, il semblait plus médusé par l’audace dont j’avais fait preuve en lui proposant une trêve, rapidement ce fût la colère qui l’emporta. « Je veux pas que tu restes, je veux pas que tu rentres chez moi, que tu me regarde avec cette pitié . Je veux pas te parler… Non je veux parler à personne. » Mais doucement, je sentais la voix d’Elio qui se faisait moins vindicative, plus tremblante. Je ne tardais pas à remarquer les larmes qui venaient perler aux coins de ses yeux. « Je veux parler à personne… Pas de ça. Je veux juste arrêter d’avoir mal… Ca fait trop mal… » A mesure qu’Elio parlait, je remarquais qu’il se tassait, se recroquevillais sur lui-même, agrippant cette poignée de porte comme si c’était la seule chose qui lui permettait d’être encore debout face à moi alors que son regard flirtait avec le sol, certainement pour dissimuler les larmes dans ses yeux. Je restais figée là, sur place, incapable du moindre mouvement. J’étais partagée entre l’envie irrépressible de me jeter au cou d’Elio pour le serrer contre moi et lui jurer que tout se passerait bien et la certitude que si j’esquissais le moindre mouvement envers lui, j’essuierai un rejet de sa part. Pourtant voir Elio dans cet état me brisa le cœur, beaucoup plus que de l’entendre me dire qu’il ne voulait plus jamais me voir. De toute ma vie, je n’avais jamais vu Elio dans un tel état, à part peut-être le jour de la cérémonie d’adieu de Matteo. Le voir ainsi me bouleversait littéralement et je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’il traversait pour être dans un tel état. J’étais loin de m’imaginer, en revanche, qu’il venait de perdre un enfant puisque j’ignorais totalement qu’il allait devenir père. Et sans y avoir réfléchit et sans réellement m’en rendre compte, ma main était venue se poser sur le bras d’Elio. C’était un geste simple, qui n’engageait à rien et qui laissait au jeune homme tout le temps de rejeter ce contact physique, le tout premier que nous avions depuis mon retour à Brisbane. Par ce geste, j’espérais ainsi montrer à Elio que j’étais là, que malgré mes erreurs passées, le conflit qui nous opposait depuis des mois et les mots durs et pleins de rancœur qu’avait eu Elio envers-moi, je serai toujours là pour lui, même s’il n’était pas encore prêt à l’accepter. Alors que je m’attendais à ce qu’Elio retire son bras de sous mes doigts, il s’avança vers moi. Il me serra dans ses bras et si pendant quelques instants cela me perturba légèrement, je ne me faisais pas prier bien longtemps avant de passer à mon tour mes bras autour de son cou pour le serrer contre moi. Bien que ce n’était pas moi qui avait besoin de réconfort à cet instant-là, cette étreinte me mit du baume au cœur. Au final, c’était comme rentrer à la maison après un long moment. Il semblait que malgré le temps et l’éloignement je n’avais rien oublié, ni le réconfort que pouvait m’apporter la chaleur de son corps, ni l’effet que produisait son souffle sur mes cheveux, ni même son parfum dont je m’enivrais à cet instant, consciente que tout ceci ne changerait rien en définitive à notre relation. Et je suis partagée entre deux sentiments plutôt contradictoires : le bonheur de retrouver cette étreinte si familière et la désagréable sensation de profiter d’Elio dans un moment où il n’était pas apte à me repousser une fois de plus. Je voulais être là pour lui, mais je restais consciente que lui ne tenait pas autant que moi à ce que je sois là pour lui en ce moment. Elio finit par se détacher de moi et aussitôt une sorte malaise s’installait entre nous, parce que nous étions conscients tous les deux que la situation était étrange, que cette trêve que j’avais pourtant moi-même proposé était assez étrange à vivre. Mais Elio m’invitait à entrer dans l’appartement et je le faisais sans plus tarder, parce que j’avais envie d’être là, de profiter de cette journée en suspens, de cette trêve pour retrouver Elio au moins le temps d’un après-midi. « Qu’est-ce que tu veux boire ? » Je m’installais sur le canapé, au milieu des jouets des jumeaux. « Un thé s’il te plait » Je n’osais pas parler, parce que j’avais peur de dire quelque chose de travers, d’en dire trop et qu’Elio change d’avis et décide qu’il était temps pour moi de rentrer chez moi, de mettre fin à cette entrevue. D’un autre côté, je brûlais de savoir ce qui perturbait ainsi mon ami et de pouvoir lui apporter mon aide. Alors qu’Elio mettait l’eau à bouillir, un silence s’installa entre nous deux. Et après de longues minutes, durant lesquelles je me mordillais nerveusement la lèvre inférieure, je finissais par dire ce qui me brûlait les lèvres depuis un moment. « Tu sais, si tu as besoin de parler, je suis toujours aussi douée pour écouter. »
J’ai beau me convaincre que je ne suis pas entrain de faire une connerie en l’invitant à entrer tout les signaux lumineux sont entrain de clignoter dans mon cerveau. Si j’arrive par miracle à ne pas me faire du mal en provoquant ce contact entre nous je donne moins chère de la peau d’Heidi. Je me sais cruel de souffler le chaud et le froid sur notre relation, d’utiliser son envie de revenir dans ma vie pour combler un manque que j’ai sur le moment tout en sachant pertinemment que ça ne changera rien pour moi. C’est cruel et de loin pas à la mesure de l’amitié que nous avons un jour partagé. J’ai beau l’avoir banni de ma vie, elle mérite mieux que ce que je suis entrain de nous infliger. La vérité c’est que je ne suis pas sur à cet instant précis d’avoir invité Heidi pour ce qu’elle est… Non j’ai plus invité la possibilité de palier à ma solitude – de faire taire un peu du mal-être dont je me détache avec peine depuis plusieurs jours. Peut-être aussi qu’aujourd’hui, Heidi est la seule personne au monde à me permettre de le faire, car elle fait naitre en moi d’autres émotions et que je les laisse prendre la place pour remplacer les autres – au moins en parti. « Un thé s’il te plait » C’est parfait, un bon moyen d’instaurer une distance entre nous – faire chauffer de l’eau prendra un moment. Un moment que nous passons en silence alors même que je lui fais dos, me concentrant sur l’eau que j’ai mise à bouillir comme redoutant de voir apparaître une bulle qui m’indiquerait que l’eau est chaude. Mais après plusieurs minutes de silence, je déchante, pas besoin que nous soyons l’un à côté de l’autre pour que la question que je redoute sorte de la bouche d’Heidi. Hésitante, comme apeurée de dépasser des limites que je ne sais plus moi même où fixer. « Tu sais, si tu as besoin de parler, je suis toujours aussi douée pour écouter. » J’ai presque de la peine à me souvenir. Me rappeler de cette époque où elle aurait été une de ces oreilles attentives à laquelle j’aurais aimé me confier. Vers qui j’aurais pu vider ma peine sans me mettre de filtre – sans avoir peur de voir la personne disparaitre de ma vie pour ne plus jamais donner de nouvelles. Je n’ai donc rien répondu, m’occupant de sortir l’eau de sur le feu pour la glisser dans deux tasse distinct, mettant un sachet pour chacun de nous avant de me retourner pour enfin oser lui faire face. Toujours sans un mot je me diriger vers elle. « Fait attention c’est chaud… » Je lui tends sa tasse puis pose la mienne sur la table avant de faire une fois de plus demi tour pour aller nous chercher du sucre dans une silence qui semble d’un coup absolument mortel. Repoussant le moment il me faudra bien dire quelque chose.
Quand je me décide enfin à aller m’asseoir à côté d’elle je ressens une sensation étrange. Cette même configuration entre nous que lors de sa dernière venue. Cette même fois que je pensais être la dernière. Et pourtant. « Je veux pas parler de ça… » Mon ton est calme, répondant enfin à sa question. Ce n’est pas elle, c’est moi qui n’en suis pas capable. Pas maintenant… Pas comme ça. Je n’ai plus les mots et encore moins pour expliquer depuis le début. « Je voudrais… » Je cherche dans mon esprit ce qui m’a poussé à avoir envie de l’avoir près de moi. Ce que j’ai pensé qu’elle pourrait m’apporter et ça me vient. « Je voudrais revenir en arrière… Avant… Avant tout ça quand on était juste jeunes et que les choses semblaient plus simples. Quand mon plus gros problème était de savoir quelle bouteille je devais acheter pour la soirée… Quand Matt était encore là et Leah et… » Je suis incapable d’aller plus loin et je tourne mon regard vers elle. « Tu veux bien me raconter ça… Cette vie qu’on avait ? » Je voudrais juste une anecdote, un souvenir de se passé qui me laisserait penser à autre chose. Oublier la situation merdique dans laquelle nous sommes tous. Les évènements qui s’enchainent et ne nous aident pas… « Comme quand on avait construit la cabane des singes, ou quand Matt c’était fait charger par la vache en colère quand on jouait au toréador… Ou ce que tu veux… » Je lui laisse le choix de trouver l’anecdote qui lui parle le plus. Ca me pince le cœur quand j’y pense. Tout ces souvenirs que nous avons partagé, ces peurs, ces joies, ces moments de tristesses aussi mais où nous étions soudés… Pourquoi tout ça a changé. Pourquoi la vie nous a retiré les choses le plus importantes de notre univers… Grandir c’est de la merde…
A la fin de la journée, quand la nuit tombe, tout ce que l'on veut, c'est être aux côtés de quelqu'un. Et cette histoire de prendre nos distances, et de faire semblant de ne pas s'intéresser aux autres, c'est des conneries. Alors on choisit les personnes dont on veut rester proche, et une fois qu'on a choisit ces personnes, on fait en sorte de rester près d'elles. Peu importe à quel point on les a blessées. Δ
C’était clairement étrange. J’avais rêvé de ce moment pendant des semaines depuis mon retour, ce moment où enfin Elio m’inviterait à rentrer chez lui, pour faire autre chose qu’attendre que Kaecy ne vienne me retrouver. Voilà des mois que j’espérais qu’enfin Elio m’accorderait un court moment pour qu’on puisse parler calmement, sans nécessairement aborder les sujets sensibles tels que mon départ précipité et mon retour inopiné, qu’il me laisse une chance de lui montrer qu’il n’avait pas eu tort de m’accorder son amitié et que je n’avais pas tant que ça changé avec le temps. Pourtant maintenant que ce moment m’était accordé, je n’arrivais pas à en profiter pleinement, ni réellement à m’en réjouir parce qu’une part de moi ne cessait de se demander quand est-ce qu’Elio allait de nouveau me jeter dehors. Parce qu’il était évident selon moi qu’Elio n’avait pas la moindre idée de ce qu’il devait faire de moi, qu’une part de lui continuait de m’en vouloir pour ce que j’avais fait mais qu’une autre partie de lui ne pouvait s’empêcher de me vouloir à ses côtés. Evidemment, même si je tâchais de ne pas oublier la lourde dispute que nous avions eu la dernière fois qui s’était soldée par la fin de notre amitié, il m’était assez difficile de ne pas voir dans cet infime rapprochement une lueur d’espoir concernant notre relation. Il m’était assez difficile de me résoudre à voir ma relation avec Elio se dégrader à ce point sans pour autant faire tout ce qui était en mon pouvoir pour tenter de la sauvegarder. Je me mordillais nerveusement la lèvre inférieure tout en observant Elio qui était de dos et que faisait bouillir l’eau pour le thé que je venais de lui demander. C’était terrible cette sensation, ce sentiment de ne pas être ma place et pour autant d’être justement là où je devais me trouver, cette impression de ne pas savoir sur quel pied danser. J’avais peur de parler, de dire quoique ce soit de travers et que cela ne déclenche une fois de plus la colère d’Elio et d’un autre côté, je ne supportais pas ce silence gêné qui s’était installé entre nous, seulement entrecoupé de nos quelques paroles banales à propos du thé.
Finalement, Elio s’installait à mes côtés pour répondre à ce que j’avais dit déjà quelques minutes plus tôt. « Je veux pas parler de ça… » Evidemment, je m’en doutais, mais ça avait été plus fort, j’avais eu besoin de lui dire qu’il pouvait compter sur moi, même s’il en doutait fortement à l’heure actuelle. Néanmoins, et ce malgré la réponse négative d’Elio à ma tentative de rapprochement, je ne me sentais ni vexée, ni déçue. Il n’avait pas répondu ça sur un ton agressif, ni même avec brutalité. Au contraire, il avait dit ça de façon posée et je pouvais largement comprendre sa décision. « Je voudrais… Je voudrais revenir en arrière… Avant… Avant tout ça quand on était juste jeunes et que les choses semblaient plus simples. Quand mon plus gros problème était de savoir quelle bouteille je devais acheter pour la soirée… Quand Matt était encore là et Leah et…» Elio se stoppa un instant, laissant un petit silence s’installer entre nous alors que je le fixais, ma tassé de thé chaude entre les mains. « Tu veux bien me raconter ça… Cette vie qu’on avait ? Comme quand on avait construit la cabane des singes, ou quand Matt c’était fait charger par la vache en colère quand on jouait au toréador… Ou ce que tu veux… » A l’évocation de ces souvenirs, je ne peux empêcher un petit rire de s’échapper de mes lèvres, c’étaient indéniablement de supers moments qui resteraient gravés dans ma mémoire toute ma vie sans le moindre doute, ce genre d’histoires que je raconterais à mes petits-enfants. Néanmoins, malgré l’aspect joyeux de ces souvenirs, je ne pouvais empêcher mon regard d’avoir cette lueur étrange dans les yeux à l’évocation de Matteo et de Leah et mon cœur se serre doucement.
« Je sais exactement ce que je vais te raconter, c’est un de mes meilleurs souvenirs de tous les temps » répondis-je alors en plantant mes yeux noisettes dans ceux d’Elio qui venait de tourner son regard vers moi. Je souriais un instant, rien qu’en songeant à ce souvenir qui m’avait particulièrement marqué sans que je puisse réellement dire pourquoi lui plus qu’un autre. « C’était cette soirée d’Halloween chez Tobias Miller, tu sais, il avait invité tout le monde dans sa maison, on devait déjà avoir 15-16 ans à l’époque, il avait aménagé tout le premier étage de sa maison pour en faire un parcours d’Halloween. On était tous les 4 réunis et ça faisait un moment qu’on avait pas trouvé un moment tous les 4, juste nous 4. On était montés pour aller faire le parcours. Et je ne sais pas pourquoi on a eu cette idée, toi et moi mais on avait décidé de se séparer de Matteo et Kaecy pour leur faire peur. On s’était cachés dans un coin, toi et moi, en attendant que Kaecy et Matt se rendent compte de notre absence. On riait tellement tous les deux qu’on avait failli se faire repérer. Je me souviens encore que je me mordais la langue pour me retenir de rire parce que Kaecy et Matteo commençaient vraiment à s’énerver contre nous. Je me souviens aussi que tu m’avais glissé un compliment dans l’oreille, quelque chose à propos de ma tenue, je ne m’en souviens pas réellement. Tout ce que je sais, c’est qu’à l’époque, j’étais bien contente d’être dans le noir pour éviter que tu ne remarques que ça m’avait fait rougir. Je sais que ça rentrait dans notre petit jeu à tous les deux, mais ce compliment m’avait énormément touché venant de toi. » Je souriais doucement, sans quitter Elio du regard alors que je jouais nerveusement avec une mèche de mes cheveux bruns, un peu nerveusement. Toujours, Elio avait représenté pour moi une sorte de modèle et lorsque j’obtenais son approbation dans quelque domaine que ce soit, je trouvais ça énormément gratifiant. J’appréciais l’idée qu’Elio me trouve belle, et j’adorais notre petit jeu de séduction à l’insu de Matteo. Parfois, je me souvenais m’être demandée ce que deviendrait ma relation avec Elio une fois que Matteo ne serait plus là, si seulement j’avais su... « Bref, on a réussi notre coup et on a fait peur à Kaecy et Matteo. On avait tellement ri à cette soirée-là, c’était une des meilleures soirées que j’avais pu faire. Je crois que c’est ce soir-là que je me suis rendue compte à quel point j’avais de la chance de vous avoir tous les 3, si seulement j’avais su à l’époque, je crois que j’aurai apprécié davantage chaque instant ». Je finissais par me taire, attendant, avec une appréhension non négligeable la réaction d’Elio.
Ce rire qui sort de ces lèvres… Il m’a manqué. C’est fou comme on ne se rend pas compte de ces petites choses qui parfois vous manque. Quand je l’entends je me demande comment j’ai pu oublier le son mélodieux de son bonheur… Peut-être parce que je ne l’ai pas entendu depuis si longtemps. J’avais sans doute occulté jusqu’à son existence et pourtant dans ce moment de ma vie compliqué l’entendre me fait du bien, comme un petit bout de barbe à papa qui se dépose sur ma langue. C’est court – mais intense. Et je ne veux pas que ça parte si vite – je veux me souvenir du bonheur – de l’avant. Je voudrais penser à ces moments sans ressentir cette boule dans mon ventre cette impression que les belles choses sont passées et ne reviendront plus. « Je sais exactement ce que je vais te raconter, c’est un de mes meilleurs souvenirs de tous les temps » Je l’écoute raconter ce vieux souvenir d’une de nos soirées. Je ne pensais pas qu’elle choisirait celui-là parmi tant d’autres et pourtant quand elle le raconte toutes les émotions de cette soirée remontent en moi. « Je me souviens aussi que tu m’avais glissé un compliment dans l’oreille, quelque chose à propos de ma tenue, je ne m’en souviens pas réellement. » Un sourire se dessine sur mon visage quand je repense à sa tenue, je me souviens de ce compliment parce que je l’avais trouvé magnifique habillée comme ça, je l’avais trouvé changée. Peut-être même que c’était lors de cette soirée que j’avais commencé à me demander ce qui aurait pu se passer entre nous si Matteo n’avait pas fait parti de l’équation. Mais il en faisait parti – et ça suffisait pour me poser les limites nécessaires. Celles pour ne pas tout faire foirer en tentant n’importe quoi alors que la seule chose qui m’intéressait vraiment à cette époque c’était ma liberté – et la certitude que je pourrais faire ce que je voudrais bientôt. J’écoute le reste de l’histoire avec une légère nostalgie. Cette histoire qui fait resurgir en moi ces sentiments un peu ambigus que nous avons partagé l’un pour l’autre. Ce petit jeu entre nous qui était voué à en rester là. « Bref, on a réussi notre coup et on a fait peur à Kaecy et Matteo. On avait tellement ri à cette soirée-là, c’était une des meilleures soirées que j’avais pu faire. Je crois que c’est ce soir-là que je me suis rendue compte à quel point j’avais de la chance de vous avoir tous les 3, si seulement j’avais su à l’époque, je crois que j’aurai apprécié davantage chaque instant » Je me dis qu’on a apprécié – comme des ados insouciants mais quand même. Je me dis que sans doute on aurait pas pu faire mieux parce qu’on était nous et qu’on vivait… « On formait une belle équipe… » Evidement cette époque était bien lointaine. La mort de Matt n’avait pas été le seul facture influant sur nous – nous avions tous grandi, évolué. Heidi avait quitté la ville pour s’installer à Sydney et jamais personne ne lui en avait voulu – ça allait dans l’ordre des choses de grandir. De suivre le court de nos vies respectives. Pour ma part j’avais écumé le monde lapidant tout mon héritage, Matt’ avait choisi l’armée et Kaecy l’Italie… « Je me souviens qu’on avait fait tellement peur à Kaecy qu’elle avait failli s’étouffer avec son chewing gum ! Tu l’as verrais maintenant avec les jumeaux ça la rend folle quand elle les voit mâcher… Pire qu’une mère poule. » C’est toujours étrange pour moi de parler de Kaecy comme si elle était la mère des jumeaux… Mais c’est le rôle qu’elle a pris dans leur vie. Ce rôle de substitution qu’elle et moi tentons de tenir comme nous le pouvons. « On avait aussi croisé cette voyante ! Je crois que c’était la tante de Tobias… Complètement givrée cette femme avec sa boule magique. Mais elle n’avait pas dit que des bêtises… Elle avait prédit l’héritage que j’allais recevoir, en lisant les lignes de ma main soit disant… » Comme si c’était la chose la plus naturelle à faire ma main c’était dirigée vers la sienne la retournant légèrement pour laisser mon doigt glisser le longs de ces fameuses lignes... « Comme si c’était vraiment ces lignes qui définissaient notre avenir… » Je sens à nouveau des émotions négatives se saisir de moi et je ne leur laisse pas le temps de prendre le dessus. Les chassant aussi vite que possible alors que ma main quitte la sienne et va se poser sur sa cuisse pendant que mon visage est déformé par une grimace d’excitation. « Je me souviens d’un truc ! » Je tapote presque sa cuisse tant je me sens surexcité de me souvenir de ça. « Elle nous avait parlé de Mme Schlouny !!! Tu te souviens d’elle n’est ce pas ? » Madame Schlouny avait été notre prof de piano pendant des années. J’avais toujours été un grand passionné de musique, et Heidi me rejoignait sur le piano, nous avions la même prof et elle c’était mise en tête de nous faire faire des concerts à quatre mains. « La voyante disait qu’elle voyait dans ta ligne de main la présence d’un esprit tyrannique mais qui te permettait de faire vivre des choses en toi ! Et qu’elle avait vu le même chez moi. Ca ne pouvait être que Mme Schlouny… » J’en rigole aujourd’hui mais avoir cette vieille femme comme prof n’avait pas toujours été de tout repos. « Elle était folle mais j’adorais pourtant prendre ces cours avec toi… Je me souviens… » Ma voix se fait un peu plus douce et lente, évoquer ces souvenirs fait remonter en moi des émotions d’adolescent que je n’ai pas évoqué depuis si longtemps. « Le moment que je préférais c’était quand tu jouais et que je me tenais un peu plus derrière toi, tu remontais toujours tes cheveux avant de commencer et j’adorais regarder ton cou… Je sais pas pourquoi mais c’était… Beau… » Je m’arrête un moment… Mes yeux se posant dans ceux d’Heidi. Je sens qu’elle aussi est prise par l’émotion de ce moment. De ces souvenirs presque oubliés. Heidi a sans aucun douté été mon premier émoi d’adolescent… Je n’étais pas si précoce à l’époque pas tant intéressé par les filles. Elle était la seule à faire une légère différence… « J’aimais te voir jouer… » L’intensité du regard que nous échangeons me rend étrange – je ne pense plus à rien d’autre qu’à cet émoi de jeunesse qui me reprend, à ces opportunités que je n’ai jamais saisi et je le fais… Je me penche un peu vers elle venant capturer ces lèvres dans un baiser. C’est sans doute un geste idiots, bien trop tardif et provoqué par des émotions qui ne sont pas du tout les bonnes. Mais sur le moment ça fait du bien… Ca fait le vide dans ma tête. Ca fait taire les douleurs… Puis ça s’arrête et prenant un peu d’espace je sonde maintenant le regard d’Heidi… J’en ai envie mais je ne devrais pas recommencer… Pas utiliser une vieille histoire pour oublier le mal que ça me fait que Kyrah me rejette… Mais plus rien ne m’en empêche aujourd’hui. Plus de bébé pour me relier à Kyrah, plus de Matteo… Plus que Heidi et moi sur ce canapé et le souvenir de ces désirs d’adolescents jamais assouvis.
A la fin de la journée, quand la nuit tombe, tout ce que l'on veut, c'est être aux côtés de quelqu'un. Et cette histoire de prendre nos distances, et de faire semblant de ne pas s'intéresser aux autres, c'est des conneries. Alors on choisit les personnes dont on veut rester proche, et une fois qu'on a choisit ces personnes, on fait en sorte de rester près d'elles. Peu importe à quel point on les a blessées. Δ
Lorsqu'Elio m’avait demandé de lui faire part d'un souvenir c’était aussitôt celui-ci qui s’était présenté à moi. Je n'en connaissais pas réellement la raison et j’étais bien incapable de dire pourquoi ce souvenir là plutôt qu'un autre. Parce que la vérité c'était qu'il y avait bien trop de bons souvenirs à évoquer, qui se mélangeaient pêle-mêle dans un tourbillon de joie, de rires, de moments privilégiés. Certes tout n'avait pas toujours été rose, nous avions tous nos caractères au sein de la bande et cela provoquait régulièrement des étincelles mais rien n'avait jamais su entacher de façon irrémédiable notre amitié si profonde et sincère (à part peut-être la mort de Matteo et ma fuite hors de Brisbane). Mais aujourd’hui, maintenant que nous avions grandi et que j’avais pris du recul sur les choses, mêmes les moments difficiles, ces disputent et ces éclats de voix devenaient de bons souvenirs, des souvenirs auxquels je tenais beaucoup. Pendant mon année d'exil, je m’étais accrochée à ces souvenirs comme une noyée à sa bouée, je les ressassais sans cesse et peut-être qu'ainsi je les idéalisais en quelque sorte. Toujours était-il que c’était ce souvenir de cette soirée avec tout ce petit monde réuni qui m'était aussitôt revenu. Peut-être était-ce parce que malgré moi, et sans réellement me l’expliquer, voir Elio me rappelait aussitôt ces sentiments que j'avais eu à son égard, ces jeux de regard auxquels nous nous prêtions plus jeunes. Indéniablement, lors de mon année seule à Adelaide, suite à la mort de mon frère, je m’étais quelque fois demandée si nous ne nous étions pas fixés autant de barrières, est-ce que j’aurai été aux côtés d'Elio plutôt qu'à ceux de Dean. Mais la question ne trouvait aucune réponse, puisqu'Elio et moi avions fixé des règles strictes : tout ceci n’était qu'un jeu et Matteo nous tuerait si jamais il apprenait notre petit passe-temps. « On formait une belle équipe… » déclara alors Elio, dans un petit sourire suite à l’évocation de ce souvenir et avec un sourire encore plus large que le sien, j'acquiesçais en hochant doucement la tête. « Je me souviens qu’on avait fait tellement peur à Kaecy qu’elle avait failli s’étouffer avec son chewing gum ! Tu l’as verrais maintenant avec les jumeaux ça la rend folle quand elle les voit mâcher… Pire qu’une mère poule. » enchaîna-t-il et je me mettais à rire, de ce genre de rire communicatif, léger. « Et Matteo qui tirait a tronche parce qu'il avait sursaute et qu'on a pas arrêté de se moquer de lui tout le reste de la soirée. » J’adorais mon frère mais il était impossible de nier qu’il était assez mauvais perdant. « Et Kaecy est vraiment une mère formidable pour les jumeaux. Vous êtes courageux » ajoutais-je en plantant un regard sérieux dans celui d'Elio. Je savais que je m'aventurais sur une pente glissante, mais après tout, il m'avait presque tendu la perche et je voulais profiter de notre trêve pour dire à Elio ce que je pensais de lui, surtout le positif. « On avait aussi croisé cette voyante ! Je crois que c’était la tante de Tobias… Complètement givrée cette femme avec sa boule magique. Mais elle n’avait pas dit que des bêtises… Elle avait prédit l’héritage que j’allais recevoir, en lisant les lignes de ma main soit disant… Comme si c’était vraiment ces lignes qui définissaient notre avenir… » Je levais aussitôt les yeux au ciel, pas réellement d'accord avec ça alors qu'Elio attrapait ma main. Je me laissais faire, surprise par un tel rapprochement, il me semblait qu'Elio ne m’avait pas touchée depuis un siècle. C’était réellement perturbant de sentir ses doigts caresser la paume de ma main doucement, mais je le laissais faire avant de donner mon opinion à propos de tout ceci. « Quelle vieille chouette celle-là. Autant pour toi elle avait peut-être pas totalement tord, mais pour moi elle s'était bien plantée. Tu te souviens, elle avait prédit que je serai heureuse en amour. Deux jours plus tard, Sam se trouvait une nouvelle copine alors qu’on était encore en « pause » ! En plus, sa nouvelle copine était vraiment moche. » J'agrémentais ma réplique, d'un petit reniflement pour signifier toute ma désapprobation. « Je me souviens d’un truc ! » s'exclama aussitôt Elio, me faisant presque sursauter en venant placer sa main sur ma cuisse. Le contact de sa peau chaude contre ma peau nue, puisque je portais une robe par ce temps encore ensoleillé, fit naître un sourire amusé sur mes lèvres : c'était beaucoup de contacts physiques pour quelqu’un qui était censé vouloir me rayer de sa vie. « Elle nous avait parlé de Mme Schlouny ! Tu te souviens d’elle n’est ce pas ? » « Bien entendu que je me souviens de Mme Schlouny, on ne peut pas l'oublier si facilement et je l'ai croisé l'autre matin au marché. Mais j’avais oublié que la tante de Tobias nous avait parlé d'elle ! » répondis-je avec un petit rire. « La voyante disait qu’elle voyait dans ta ligne de main la présence d’un esprit tyrannique mais qui te permettait de faire vivre des choses en toi ! Et qu’elle avait vu le même chez moi. Ca ne pouvait être que Mme Schlouny… Elle était folle mais j’adorais pourtant prendre ces cours avec toi… Je me souviens… » Évidemment j’adorais ces cours de Piano, mais cela n’avait pas grand-chose à voir avec Mme Schoulny mais plutôt avec l’instrument en lui-même et la passion qu’il m’inspirait, mais également grâce à la présence d'Elio à mes côtés. Je ne ratais jamais un seul cours de Piano, toujours pressée d'y retrouver mon ami de toujours, de partager notre passion. « Le moment que je préférais c’était quand tu jouais et que je me tenais un peu plus derrière toi, tu remontais toujours tes cheveux avant de commencer et j’adorais regarder ton cou… Je sais pas pourquoi mais c’était… Beau… J’aimais te voir jouer… » A l’évocation de ce souvenir, je me mordillais la lèvre en souriant, touchée par celui-ci. Mon regard restait ancré dans celui d'Elio. « J'adorais ces cours, c’était une des rares fois où on se voyait tous les deux, sans personne, sans Matteo et sans Kaecy. C’était précieux. Et jouer avec toi, c’était toujours agréable. J’adorais nos quatre mains, on était vraiment pas mauvais pour ça en plus ! ». Et suite à l’évocation de ce souvenir très personnel, Elio venait m'embrasser. Cela me perturba un peu, j'avais du mal à croire ce qui se passait alors qu'il m’avait demandé de disparaitre de sa vie quelques semaines auparavant. Mais je ne me laissais pas surprendre longtemps et je l’embrassais en retour. Rapidement, cependant Elio mit fin au baiser, un baiser avec une drôle de saveur. C’était étrange de l’embrasser enfin, après toutes ses années passées à jouer. C’était donc celui-ci le goût de ses lèvres ? Et aussitôt, ce baiser prit un goût de trop peu. Je portais instinctivement mes doigts à mes lèvres avant de relever le regard vers Elio pour croiser le sien. Ce regard que nous échangions était d'une intensité rare, chargé de tous ces souvenirs, de notre dispute récente ainsi que de tous ces moments passés à se draguer mutuellement. « Excuse-moi mais… » murmurais-je tout bas, m'excusant d'avance pour ce que je m’apprêtais à faire. Et je venais alors m’installer sur les genoux d'Elio, à califourchon avant de poser mes mains de part et d'autre de son visage pour venir l’embrasser. D'abord, mon baiser ce fit timide, presque hésitant, comme si je voulais laisser à Elio tout le temps de refuser une telle avance. Puis peu à peu, le baiser se chargea de lui-même en émotions, entre ces souvenirs qui nous rendaient nostalgiques et ces disputent qui nous opposaient.
Je n’avais pas pensé être un jour capable d’évoquer le passé avec elle, d’une façon aussi légère. « Et Matteo qui tirait a tronche parce qu'il avait sursaute et qu'on a pas arrêté de se moquer de lui tout le reste de la soirée. » Même parler de Matteo semblait plus simple, quand on l’évoquait de cette façon il n’était qu’un vieux souvenir comme les autres et plus la personne décédée qui avait brisé nos cœurs et par la même occasion notre amitié. « Et Kaecy est vraiment une mère formidable pour les jumeaux. Vous êtes courageux » Pendant longtemps je ne m’étais pas considéré comme courageux mais plutôt comme pris au piège Dans cette vie dont je n’avais pas voulu. Heureusement Kaecy avait toujours été là pour m’épauler et j’avais conscience de ne pas arriver à grand chose sans elle. « Merci… Enfin c’est surtout Kaecy. Elle doit presque s’occuper de 3 gamins. » Je le disais en riant mais au final je n’étais pas si loin de la réalité. Je ne lui rendais pas la tache plus facile c’était en tout cas une certitude. « Quelle vieille chouette celle-là. Autant pour toi elle avait peut-être pas totalement tord, mais pour moi elle s'était bien plantée. Tu te souviens, elle avait prédit que je serai heureuse en amour. Deux jours plus tard, Sam se trouvait une nouvelle copine alors qu’on était encore en « pause » ! En plus, sa nouvelle copine était vraiment moche. » J’avais évidement oublié cette histoire. Nos amourettes de jeune n’étaient pas bien importantes à cette époque mais maintenant qu’elle m’en reparlait je revoyais très bien la tête de cette fille. « J’avoue, il n’a pas gagné au change. Mais de toute façon je savais qu’elle ne pouvait pas parler de lui… Il était nul ce mec ! » Je pensais qu’elle valait mieux que ça, je l’ai toujours pensé… Du moins jusqu’à ce que je découvre cette nouvelle facette d’elle – Heidi la lâche et la fuyarde… Que tous mes jugements sur sa personne ne soient remis en cause.
Parler de ces cours de piano faisait naitre une émotion étrange en moi – le souvenir de ces instants partagés – de ceux que je volais en la regardant jouer, des questionnements qui prenaient place dans mon esprit alors qu’elle faisait courir ces doigts sur l’instrument. C’étaient des instants particuliers. « J'adorais ces cours, c’était une des rares fois où on se voyait tous les deux, sans personne, sans Matteo et sans Kaecy. C’était précieux. Et jouer avec toi, c’était toujours agréable. J’adorais nos quatre mains, on était vraiment pas mauvais pour ça en plus ! » C’est vrai qu’on était bon – qu’on s’entendait bien. Il y avait une certaine harmonie entre nous. Comme si pour jouer ensemble il nous suffisait de nous connecter l’un à l’autre. Ca n’était pas si compliqué. Nous l’étions déjà un peu sans même le chercher par nos petits jeux de séduction. J’avais joint mes lèvres aux siennes sans y penser, comme un besoin que me dictait mon corps. Incapable cette fois de résister à une tentation qui m’avait accompagné toute mon adolescence. C’était triste à dire mais à l’époque j’avais bien trop de respect pour lui infliger ça, pour lui offrir un baiser sans lendemain. Ca n’aurait pas eu de sens – ca aurait tout cassé. Aujourd’hui nous étions des adultes… Nous n’étions plus vraiment amis et Matt était mort… Je n’avais plus de barrière plus de raison de ne pas me laisser aller à mes envies. Il y aurait bien eu Kyrah mais son silence me prédisait la fin de ce qui aurait pu exister entre nous. Perdre ce bébé avait été l’événement de trop celui qui ne nous permettrait pas de nous relever. C’est ce que j’avais cru lire dans son regard, ce que son silence me confirmait un peu plus tous les jours. J’étais libre… Libre et malheureux. Mais libre d’embrasser Heidi et même d’aimer ça. Pourtant je me retirais un peu pour sonder son regard. J’avais sans doute été un peu brusque, et l’incompréhension se lisait sur son visage. Pourtant elle m’avait rendu ce baiser, j’avais senti sa langue qui jouait avec la mienne, son souffle qui se faisait plus saccadé… Mes yeux dans les siens j’étais tout simplement incapable de bouger. Attentant un verdict de sa part. Un mouvement. « Excuse-moi mais… » Mes yeux c’était baissés sur ces lèvres les désirants encore. Ces paroles semblaient annoncer un refus de sa part et il me fallut un moment pour analyser ce qui était entrain de se passer, son corps qui venait se positionner au dessus du mien, ces baisers tendres sur mes lèvres, leur lenteur leur timidité. Je la regardais faire avec inquiétude sans oser lui donner le signal… Celui qui lui dirait que j’en ai envie moi aussi. Que je veux de ça maintenant. Mais vite elle le comprend ces baisers se font plus longs plus passionnés et je sens la fougue de ma jeunesse me reprendre. Ces lèvres ont un petit gout sucré que je leur avais presque deviné. Combien de fois avais-je pensé au gout de ces baisers me disant que jamais je ne pourrais y gouter. ? Certains avaient un gout de regret, d’autre de désir, un combo de souvenirs et d’amertumes qui rendait nos gestes plus passionnés.
Mes mains sur ces cuisses, sur ces fesses, glissant sous sa robe pour venir au contact de sa peau frissonnante. Au contact de la chaleur de son dos. Je sens son envie, elle se mélange à la mienne. J’ose d’ailleurs à peine respirer, de peur qu’elle s’en aille, de peur de tout casser. Mes mains remontent encore un peu plus sur sa peau nue jusqu’à rentrer en contact avec son soutien-gorge. Je n’ose pas encore le défaire, ça va trop vite. Dans mon regard Heidi est encore une adolescente, elle est et reste la jeune fille pour qui j’avais tant de désir inassouvie et je le sens dans nos étreintes qui reflètent nos désirs abandonnés. Nous ne sommes plus nous, nous somme ces adolescents que nous venons de décrire. Oubliant les épreuve de la vie qui nous on séparées. Lentement je redescends mes mains, elles glissent le long de ces cuisses pour remonter sur son ventre et d’un geste lent je commencer à défaire les bouton de devant sur sa robe. Ma bouche quitte la sienne, mes yeux s’accrochant aux boutons que j’ouvre l’un après l’autre laisse découvrir sa poitrine,… Mon excitation devient plus grande mais je sais encore la contrôler, le dernier bouton ouvert je remonte mes yeux vers les siens. J’ai peur de la regarder et envie en même temps. Mes mains parcourent ce corps que je ne connais pas encore, je le découvre autrement, différent de la façon dont je l’avais imaginé. Heidi est une femme aujourd'hui, elle c’est développée autrement mais ça me plait. La douceur de sa peau sur ma main me pousse à continuer la découverte, son ventre, la naissance de ces seins, sa nuque son visage que j’ose à peine toucher du bout des doigts avant de revenir chercher ces lèvres pour les emprisonner dans les miennes. Mon désir a pris le contrôle me laissant oublier le reste… Je ferme les yeux assez fort pour repousser cette autre femme, pour ne pas être un de ces mecs qui couchent avec une fille en pensant à un autre. Pourtant c’est presque le cas, car la Heidi à laquelle je pense n’est pas celle dans mes bras… Elle est celle que je connaissais avant… Cette personne différente… Même si je ne suis plus sûr de savoir vraiment faire la différence.
A la fin de la journée, quand la nuit tombe, tout ce que l'on veut, c'est être aux côtés de quelqu'un. Et cette histoire de prendre nos distances, et de faire semblant de ne pas s'intéresser aux autres, c'est des conneries. Alors on choisit les personnes dont on veut rester proche, et une fois qu'on a choisit ces personnes, on fait en sorte de rester près d'elles. Peu importe à quel point on les a blessées. Δ
Au sein même de ma tête régnait la confusion la plus totale. Ce baiser qu'Elio venait de me donner me perturbait bien plus que je ne le laissais paraître. C’était le baiser de l’interdit, un baiser dont j’avais longtemps rêvé, un baiser que j'avais imaginé des centaines de fois, un baiser que j'avais renoncé à recevoir depuis longtemps parce qu’il aurait mis trop de choses en péril. C’était tout ce que nous nous étions interdis jeunes, pour le bien de notre bande. Pourtant ce n’était pas l'envie d'essayer qui nous avait manqué mais notre amitié passait avant tout, il fallait à tout prix la préserver. Et puis tôt ou tard, Matteo et Kaecy l'auraient appris et nous en auraient voulu, surtout Matteo le connaissant. Nous embrasser aurait mis en péril notre amitié, si chère à nos yeux. Cela risquait de mettre l’équilibre de notre relation à rude épreuve et c’était tout ce qu'on ne voulait pas. Quitte à nous retenir pendant des années, voire pendant toute une vie. Parce qu'au vu de ma relation actuelle avec Elio, il n'y avait aucune raison pour que nous nous embrassions ce soir. Je n’étais pas censée me trouver là, à ses côtés sur ce canapé, j’étais censée disparaître de sa vie. Pourtant, contre toute attente, ce baiser qu'Elio avait entreprit ne mettait pas en péril notre relation, il semblait au contraire nous rapprocher, nous ramener à ce moment où nous étions encore des adolescents aux hormones perturbées et qui attendaient ce baiser avec une impatience à peine dissimulée. Ce baiser avait éveillé en moi des sentiments que je n’aurai jamais cru ressentir à nouveau. Cette véritable attirance physique (mais pas que) pour Elio, cette complicité, ce besoin de me sentir proche de lui et cette envie de lui plaire. Je me sentais bien et à l’aise en sa compagnie, malgré les tensions qui nous entouraient.
Maintenant que j'avais goûté aux lèvres d'Elio, il m'apparaissait que je ne pouvais pas en rester là, sans y gouter davantage comme pour rattraper toutes ces années de frustration et de retenue. Je suivais alors mon instinct le plus primaire, ayant toujours été relativement entreprenante, même lorsque j’étais plus jeune. Je savais faire en sorte d'obtenir ce que je voulais et en ce moment même c’était Elio. Le baiser d'abord presque pudique ne tarda pas à devenir fiévreux, plus passionné. En un rien de temps mon cœur s'emballa de nouveau, mon souffle s'accéléra alors que mes lèvres prenaient activement possession des siennes. Mes mains se glissaient ensuite dans les cheveux d'Elio, les agrippant légèrement pour plaquer sa bouche un peu plus contre la mienne. Nos langues se livraient à une danse endiablée. C’était un baiser on ne pouvait plus langoureux, presque un peu violent. C’était de genre de baiser où les émotions se mélangent, se percutent, aussi paradoxales soient-elles, où les lèvres sont meurtries par l’intensité du baiser auquel on les soumets. Peu à peu, je sentais Elio qui se laissait aller à explorer un peu plus en avant mon corps. Il déposa ses mains sur mes cuisses nues avant de remonter sur mes fesses, lentement, sous ma robe. Le contact de sa peau chaude me fit aussitôt frissonner et une légère chair de poule s’installa sur ma peau. Je sentais aussitôt le désir monter en moi, lentement mais sûrement au fur et à mesure que les mains d'Elio se posaient sur ma peau. Je venais alors me coller un peu plus à lui, alors que mes mains jusqu’ici coincées dans ses cheveux venaient parcourir son torse par-dessus son t-shirt. En un quart de seconde la température dans la pièce avait augmenté de bons nombres de degrés, cela faisait des années qu’on ne m’avait plus embrassé de la sorte. Je n'arrivais plus à penser à autre chose qu'aux lèvres d'Elio contre les miennes et à sa peau sur la mienne.
Lorsqu'Elio remonta ses mains sous ma robe jusqu’à mon soutien-gorge, un frisson de désir remonta ma colonne vertébrale depuis mon échine. Mais le jeune homme se stoppa un instant, rompant notre baiser, et j'en profitais pour lui retirer son t-shirt. Après avoir laissé tomber ce dernier, je ne savais trop où (c’était bien là ma dernière préoccupation) j'observais un instant le spectacle qui s'offrait à moi en me mordillant la lèvre inférieure comme à mon habitude. Du bout de mes doigts, je venais caresser le torse d'Elio avec douceur, descendant parfois sur son ventre tout en essayant de lui tirer quelques frissons. Mais Elio ne me laissait pas de répit très longtemps et peu après avoir abandonné l'idée de détacher mon soutien-gorge, il revenait à la charge en déboutonnant les quelques boutons de ma robe. Aussitôt, je la laissais tomber sur le sol, au pied du canapé, me retrouvant face à Elio en sous-vêtements. Ces derniers n'avaient rien d'affriolant, je portais un simple soutien-gorge en dentelle noire qui laissait à peine entrevoir ce qui se trouvait dessous et une culotte de la même matière. C’était étrange d’être là à moitié nue, face à un Elio torse nu. Nous y avions pensé pendant des années et ça n'arrivait que maintenant, alors que nous avions grandi et que les adolescents que nous étions alors s’étaient transformés en adultes. Bien que j'avais toujours été très à l'aise avec mon corps, je me mettais soudainement à hésiter, presque complexer. J’avais aujourd’hui le corps d'une femme, mais ce corps était-il à la hauteur de ce qu'Elio s’était sûrement imaginé pendant des années ? Et comme en écho à mes inquiétudes, Elio venait parcourir mon corps de ses doigts, l'observant d'un œil presque critique, bien que je pouvais encore sans la moindre hésitation possible, y lire le désir que je faisait naitre chez lui.
Chaque centimètre carré de ma peau qu'il touchait, mon ventre, la naissance de mes seins, ma nuque, tout, semblait me brûler aussitôt que ses doigts n'y étaient plus. Je le laissais me toucher patiemment, se familiariser peu à peu avec mon corps, tandis que le sien semblait être exactement comme je l'avais toujours imaginé : musclé et ferme. Elio venait ensuite m'embrasser à nouveau, mais cette fois-ci une émotion primait nettement sur toutes les autres dans le baiser que nous échangions : le désir, cette envie de l'autre que nous partagions tous les deux. Alors que nos langues se mêlaient, je venais coller davantage mon corps contre celui d'Elio, plaquant mon bassin contre le sien avant de le mouvoir pour faire légèrement grimper la température entre nous deux. Mon rythme cardiaque s'accélérait alors, au fur et à mesure que l’envie grimpait en moi. Je finissais par mettre fin à notre baiser, approuvant le besoin de reprendre mon souffle un instant. « Tu as peut-être besoin que je t’aide ? » ajoutais-je d’un air mutin en attrapant ses mains pour les guider peu à peu vers l'attache de mon soutien-gorge. Cette petite pique était la preuve que je n’avais pas tant changé que ça, puisque même dans un tel moment, je gardais ce côté malicieux et taquin qui m'avait toujours caractérisé et qui avait su nous rapprocher au fil des années. Mon regard ne quittait pas Elio des yeux alors que celui-ci me retirait mon soutien-gorge pour la toute première fois. J'attendais avec une impatience mêlée à une certaine incertitude inconfortable, une réaction de sa part (en espérant que celle-ci soit positive évidemment).
Le contact de son corps aussi proche du mien fait monter mon excitation, cette façon dont elle augmente un peu plus la pression de mon excitation contre elle me faisant sortir un léger gémissement de plaisir enfouit contre ces lèvres. Ces lèvres qui me piquent et me brulent tant elles semblent s’enflammer contre les miennes mais dont je suis bien incapable de me défaire. Elle fait tout taire en moi pour que n’existe plus que le désir de ce moment et quelques souvenirs d’un passer que je croyais bien enfoui. Elle se débarrasse de mon T-shirt et je sens une sensation étrange m’envahir, une certaine nudité qui n’était pas dans nos habitudes. Certes elle avait vu mon corps d’adolescent en maillot de bain mais j’avais changé depuis ce temps et jamais elle ne m’avait touché de cette façon, ces mains sur mon torse, sur mon ventre, le contact de sa peau qui fait se mélanger les émotions dans ma tête. Il y a une brèche un instant où je peux oublier ce qui nous a séparé, où je me dois de l’oublier. Je me sens plus timide avec elle, alors que je suis habituellement entreprenant, je m’étonne à laisser tomber l’idée de lui enlever son soutien-gorge pour commencer plus gentiment par défaire sa robe. C’est elle qui la fait voler, me laissant par la même occasion deviner son désir grandissant de me sentir plus proche d’elle.
J’observe ce corps sous un nouvel angle. Lui aussi est différent, il m’évoque le désir, l’envie d’elle encore plus fortement maintenant qu’elle est a moitié nu face à moi. Mes mains vont à sa rencontre, tout mon corps veut la découvrir. J’imagine ce que nos deux corps l’un contre l’autre vont ressentir mais l’imaginaire n’est pas assez explicite pour me donner un vrai idée des sensations. J’ai besoin de tester, je le veux. Ma bouche retrouve la sienne avide de baiser, tout transpire notre excitation mutuelle notre envie l’un de l’autre et pourtant je suis incapable de continuer mes gestes pour la déshabiller. Je suis comme un adolescent, comme si je n’avais jamais touché à une femme et que je découvrais un corps pour la première fois. Son corps qui se colle au mien, nos peaux qui rentrent en contact, ventre contre ventre, torse contre torse, lèvres contre lèvres. Et son bassin qui ondule au dessus de mon excitation ne lui laissant aucune chance d’y résister. Quand elle se défait un peu de moi je peine à retrouver mes esprits. A savoir ce que je suis entrain de faire – une sacré connerie probablement – et pourtant rien ne semble proche de m’arrêter et encore moins ce regard électrique qu’elle pose sur moi. « Tu as peut-être besoin que je t’aide ? » Je laisse un sourire amusé se dessiner sur mes lèvres en entendant son commentaire qui lui ressemble tellement. Elle prend les devants menant mes mains vers ce soutiens gorge que je n’ose pas défaire. Elle m’en donne la permission, et je me laisse guider. Je l’en défais avec lenteur, observant son corps nu s’offrir à moi avec une pointe d’anxiété. Elle est belle – bien plus encore que je n’avais osé l’imaginer. Mon regard se pose sur elle sans trouver les mots, toujours emplit d’un désir profond. Mes mains remontant le long de ces hanches pour aller saisir ces seins avec passion cette fois. Envolé l’adolescent timide je fais basculer Heidi sur le canapé pour me mettre au dessus d’elle entre des jambes.
Mais baisers d’abord sur sa bouche puis venant eux aussi découvrir son corps. Sa nuque la naissance de ces seins, son ventre, cette culotte seule tissue qu’il lui reste encore. Je m’amuse avec faisant durer le plaisir sans la lui ôter alors que ces mains viennent déboutonner mon pantalon. Je me sépare un peu d’elle pour le faire glisser le long de mes jambes et l’envoyer valser puis je reviens au dessus d’elle, entre ces jambes. Mon excitation bien présente et à peine camouflée par mon boxer. J’entame des légers mouvements au dessus d’elle en me penchant pour revenir à l’assaut de ces lèvres. Le frottement de mon membre sur le sien uniquement séparés par ces deux fines couches de vêtement commence à me faire tourner la tête. Je dois me stopper un instant, ma main venant se poser sur le visage d’Heidi, je plonge mon regard dans le sien avec intensité… Je la vois elle vraiment et ça me choque… Elle n’est plus la gamine pour qui je craquais et que je draguais dans le dos de son frère… Je me pince légèrement les lèvres et arrête les mouvements de de mon bassin contre elle. « Ca ne changera rien Heidi… » Je le murmure avec une pointe de tristesse dans la voix. Je sais que je peux tout briser. Je suis sans doute entrain de le faire mais je ne pourrais pas me regarder dans la glace si je deviens ce connard qui couche avec elle pour ensuite lui dire qu’il la déteste toujours. Que ce n’était qu’un rayon de soleil dans un brouillard qui ne s’estompe pas. Qu’un instant où les choses peuvent être différentes. Je ne pourrais plus me regarder dans le miroir si je lui laisse croire ça alors que là en la regardant, en la sentant si proche de moi je sais avec qui je suis. Pour autant mon excitation et mon envie d’elle sont toujours présentes… Mais on doit être deux pour s’unir… Deux être consentants.
A la fin de la journée, quand la nuit tombe, tout ce que l'on veut, c'est être aux côtés de quelqu'un. Et cette histoire de prendre nos distances, et de faire semblant de ne pas s'intéresser aux autres, c'est des conneries. Alors on choisit les personnes dont on veut rester proche, et une fois qu'on a choisit ces personnes, on fait en sorte de rester près d'elles. Peu importe à quel point on les a blessées. Δ
(Ca chaaauffe par ici)
C’était exactement comme si je redécouvrais Elio, comme si je le découvrais tout court, pour la première fois de ma vie. Il me semblait que c’était la première fois que je posais mon regard sur ce corps que j’avais pourtant côtoyé pendant des années, que c’était la première fois que je touchais cette peau, que c’était la première fois qu’Elio posait ses mains sur moi. C’était à la fois terriblement déstabilisant et indéniablement excitant. Mon corps et mon cerveau ne savaient plus trop où donner de la tête, il était difficile de faire le tri entre tout ce qui se passait entre nous deux. Parmi les désirs adolescents qui refaisaient surface, les rancœurs passées qui restaient toujours bien présentes et l’excitation de faire quelque chose qu’on n’était très certainement pas censés faire, je devais avouer que je ne savais pas trop quoi penser de tout ceci. Peut-être valait-il mieux ne pas penser du tout, débrancher mon cerveau et faire ce que je voulais, ce que mon corps voulait faire sans me poser un milliard de questions. Après tout n’étais-je pas revenue ici dans le but de vivre ma vie comme je l’entendais, de vivre ma vie pleinement, à fond, sans la moindre barrière (si ce n’était mes propres motivations) ? Oui, il fallait sûrement que je fasse ça, que je fonce tête baissée, je m’occuperais de mes questions, de mes états d’âmes et de mes éventuels regrets plus tard, loin d’Elio et de cette confusion qu’il semait au sein même de ma petite tête. De toute façon, le baiser que j’échangeais avec Elio eut tôt fait de me faire oublier mes inquiétudes, j’avais juste envie de ses lèvres encore plus contre les miennes, de sa peau juste là, collée à la mienne. Je voulais sentir son souffle chaud et court contre ma peau frissonnante de plaisir.
J’observais son torse musclé, démuni de son t-shirt, en me mordillant la lèvre inférieure alors que je pressais mon bassin sensuellement contre le sien, dans le but unique de le rendre un peu plus fou. Mes ongles glissaient doucement contre la peau de mon ancien ami, lui décrochant par instants de petits frissons qui me tiraient un sourire en coin, visiblement amusée. Elio venait à son tour, plus en avant dans l’exploration de mon corps, qui me semblait littéralement brûlant à l’heure qu’il était. Après que je lui ai lancé une petite pique concernant sa pudeur et son manque d’initiative à mon égard, qui le fit sourire, Elio se décidait enfin à me retirer ce soutien-gorge qui n’avait décidément plus sa place entre nous deux. Et pendant quelques instants, je le laissais m’observer, se familiariser avec ce corps qu’il ne connaissait pas, qu’il n’avait jamais connu ainsi. J’aurai pu me sentir mal à l’aise d’être ainsi observée, scrutée, anxieuse à l’idée de savoir si mon corps d’aujourd’hui correspondait à ses attentes de l’époque (ce qui ne serait certainement pas le cas), mais je ne me sentais pas gênée le moins du monde. Je pouvais lire dans le regard désireux du jeune homme que la marchandise semblait être parfaitement à son goût, peut-être même était-elle au-delà de ses attentes de jeune garçon. Un petit rire m’échappait, alors qu’Elio posait enfin ses mains sur ma peau de nouveau, remontant le long de mes hanches, m’arrachant un frisson, pour venir se saisir de mes seins. Je n’avais pas nécessairement une poitrine généreuse, sans pour autant avoir de petits seins : ils tenaient parfaitement dans la paume d’une main, ronds et fermes.
Visiblement la vue de ma poitrine avait suffi à déclencher quelque chose chez Elio, puisque tout à coup, il ne semblait plus pudique du tout, pour mon plus grand plaisir à l’instant même où il me faisait basculer sous lui. Mon souffle et les battements de mon cœur s’emballaient aussitôt qu’Elio entreprenait de découvrir mon corps, armé de ses lèvres. Chaque baiser faisait naître sur ma peau une légère chair de poule, témoignage visible de l’état d’excitation dans lequel ce petit jeu avec lui me plongeait. Je me cambrais légèrement lorsqu’il descendait sur mon ventre et sur ma culotte. C’était une douce torture, un supplice délectable et c’était aussi frustrant que bon de le voir se jouer ainsi de mes sens. Sans plus tarder, je venais déboutonner le jean d’Elio pour le lui retirer, après tout ce n’était pas juste que je sois si exposée à sa merci alors que lui se trimballait encore fièrement en pantalon. Il était largement temps qu’il découvre lui-aussi que je savais très bien me jouer des sens d’autrui. Alors que nous nous embrassions une énième fois, toujours plus fiévreusement, je sentais son excitation venir à la rencontre de mon bassin, malgré la barrière de tissus qui séparait nos peaux avides de l’autre. Je grognais légèrement alors qu’Elio stoppait ses mouvements de bassin et plongeais mes yeux noisettes dans les siens un instant.
« Ca ne changera rien Heidi… » Je le fixais pendant quelques instants, sans réellement comprendre de quoi il voulait bien parler, le désir qui parcourait mon corps, le brûlait depuis plusieurs minutes semblait affaiblir grandement mes capacités de réflexion. Mais je ne tardais pas à comprendre où Elio voulait en venir. Je rejetais la tête en arrière contre le canapé, levant les yeux au ciel, tout en soupirant lourdement. Pourquoi fallait-il donc qu’il gâche un tel moment ? Mon corps n’était pas prêt à endurer une conversation et actuellement tout ce que je souhaitais s’était de le sentir encore plus proche de moi. Mais visiblement, Elio n’avait pas choisi de garder ses regrets et ses inquiétudes pour plus tard, contrairement à moi. Je posais alors ma main sur son torse, me redressant légèrement sur mon autre coude pour lui faire face, mon regard noisette planté dans le sien.
« Ecoute moi une bonne fois Elio Harrington. Je ne suis plus la Heidi que tu avais connu, ce n’est pas la première fois que je vais coucher avec un type et crois-moi, ce n’est pas parce que j'ai été avec Dean pendant presque 10 ans que je n’ai jamais eu d’aventures sans lendemain. Maintenant si tu crois que je couche avec toi, uniquement dans le but de te pousser à m’accepter à nouveau dans ta vie, j’en serai fortement vexée ! Je te rappelle que c’est moi qui ait mis sur le tapis cette histoire de trêve, alors pourquoi ne pas en profiter à fond, pour une fois que l’on ne se crie pas l’un sur l’autre ? Alors si tu ne veux pas coucher avec moi, dis-le et comme ça l’histoire est classée. Mais sinon, je t’en supplie Elio, tais-toi et fais-moi l’amour bon sang ! » Et sans attendre sa réponse, que je connaissais déjà vu ce que je sentais contre mon intimité, je glissais une de mes mains entre nos deux corps, le long de son ventre d’abord puis jusque sous l’élastique de son boxer. Avec un regard de malice à son attention, je venais doucement caresser de mes doigts agiles l’excitation d’Elio, avec une certaine lenteur, pour le faire languir et le punir un peu aussi d’avoir interrompu ce qui promettait d’être une super partie de jambes en l’air. Heureusement pour lui, le feu ardent qu’il avait réveillé en moi n’était pas encore prêt à s’éteindre et je comptais bien terminer ce que l’on avait commencé.
Gasmask
Dernière édition par Heidi Hellington le Sam 19 Mar 2016 - 22:49, édité 1 fois
J’aurais pu le faire – peut-être même que j’aurais dû – me taire. Aller au bout de ce que nos deux corps semblent vouloir plus que tout à ce moment même. Mais je suis incapable de regarder Heidi dans les yeux – de la voire me désirer, de la sentir toucher mon corps, de m’unir à elle sans être sûr qu’elle sait ce que ces gestes veulent dire. Qu’ils ne sont que le résultat de mon mal être actuel, qu’elle devient mon ancre dans un monde qui part en vrille parce que je n’air rien d’autre à quoi m’accrocher… Mais que ce n’est que passager. Même si le désir ne s’en ira sans doute vraiment jamais – comme ces questions qui trottent dans ma tête… Les « et si… » Et si Matteo n’était pas mort, et si nous avions craqué plus tôt, et si elle était la personne dont j’avais réellement besoin dans ma vie ? Trop de suppositions que je laisse se dissiper alors que me revient la rancœur. Cette rancœur que je cache sous les baisers, que le désir de son corps fait momentanément fuir. Parce qu’au dessus d’elle je sens tout mon corps frémir au contact du sien, que ces mains qui touchent mon corps me font frémir, que son regard m’ensorcelle même quand elle me regarde avec cet air légèrement désespéré… Comme si j’étais un imbécile de couper ce moment. Je le suis sans doute… Parce que j’en ai tellement envie.
Et maintenant elle va fuir.
Et alors que je m’attends à un geste de rejet elle pose sa main sur mon torse, gardant son regard river au mien. Cette lueur taquine toujours présente. Ce désir que nous partageons. « Ecoute moi une bonne fois Elio Harrington. » Je m’étonne d’entendre mon nom en entier dans sa bouche. Comme si j’étais un gamin prêt à se faire engueuler. Je me relève légèrement alors qu’elle en fait de même, pour écouter la suite « Je ne suis plus la Heidi que tu avais connu, ce n’est pas la première fois que je vais coucher avec un type et crois-moi, ce n’est pas parce que j'ai été avec Dean pendant presque 10 ans que je n’ai jamais eu d’aventures sans lendemain. Maintenant si tu crois que je couche avec toi, uniquement dans le but de te pousser à m’accepter à nouveau dans ta vie, j’en serai fortement vexée ! Je te rappelle que c’est moi qui ait mis sur le tapis cette histoire de trêve, alors pourquoi ne pas en profiter à fond, pour une fois que l’on ne se crie pas l’un sur l’autre ? Alors si tu ne veux pas coucher avec moi, dis-le et comme ça l’histoire est classée. Mais sinon, je t’en supplie Elio, tais-toi et fais-moi l’amour bon sang ! » Je reste bouche bée devant ce laïus qu’elle vient de me servir, me sentant un peu bête. Je le vois, qu’elle n’est plus la jeune fille que j’ai connue et pourtant elle est toujours Heidi… Elle est toujours ce fantasme d’adolescent que je ne pensais jamais assouvir. Elle est belle, elle est douce et sa main qui glisse le long de mon torse me rend fou, quand elle rentre en contact avec mon excitation mon regard se fait plus suave, mon désir remontant aussi vite « J’en ai envie. » Je me rapproche un peu d’elle pour poser un rapide baiser sur ces lèvres puis me sépare à peine sentant encore son souffle chaud se mélanger au mien. « Très envie. » Cette fois je repars à l’assaut de ses lèvres ma langue venant jouer avec la sienne, mes mains se reposant sur son corps alors que la sienne se joue encore de moi faisant monter un peu plus la pression. Ces caresses se font plus poussées, plus plaisantes encore m’arrachant un grognement de plaisir alors que mes baisers descendent le long de son corps jusqu’à ce que sa main soit obligée de quitter son contact avec mon excitation.
Je dépose quelques baisers sur le bas de son ventre mon regard coquin cherchant le sienne alors que je saisis sa culotte avec mes dents pour la faire glisser lentement le long de ces jambes. Je prends mon temps faisant monter la tension un peu plus. Je finis par m’en débarrasser avec la main la faisant voler dans un recoin inconnue de l’appartement. Puis je remonte non sans déposer à nouveau des baisers sur chaque partie de son corps qui traine sur mon chemin. Ses mollets, ses genoux, l’intérieur de ses cuisses qui me mènent dangereusement vers son intimité qui s’offre à moi. Il ne semble plus y avoir de gêne entre nous. Plus de ce petit Elio timide, elle réveille l’animal en moi, le désir incontrôlable. Je ne tente d’ailleurs même plus de le contrôler alors que je vais m’amuser de son intimité avec ma langue. Je la découvre. Ce qui la fait frémir, ces parties moins sensibles. Je la découvre femme et prête à me recevoir. D’ailleurs je n’ai plus envie d’attendre. Je me lève pour la laisser seule un instant, fouillant dans un des tiroirs de l’entrée pour en retirer une capote. Bien heureux que les jumeaux ne s’en soient pas servis pour en faire un ballon. Puis revenant vers la jeune femme je prends le temps d’observer son corps nu sur la canapé. « Tu sais que t’es plutôt belle comme ça ? » Une réflexion qui m’est sortie sans même réfléchir alors que le regard un peu coquin j’ouvre de mes dents l’emballage du préservatif pour le brandir comme en cherchant son consentement. Je me rapproche lentement d’elle non sans la quitter du regard. Partagé entre l’envie de me lier à elle et une certaine appréhension que cet instant arrive enfin… Qu’est ce qui se passera quand le fantasme sera assouvi ?
A la fin de la journée, quand la nuit tombe, tout ce que l'on veut, c'est être aux côtés de quelqu'un. Et cette histoire de prendre nos distances, et de faire semblant de ne pas s'intéresser aux autres, c'est des conneries. Alors on choisit les personnes dont on veut rester proche, et une fois qu'on a choisit ces personnes, on fait en sorte de rester près d'elles. Peu importe à quel point on les a blessées. Δ
(Ca chaaauffe par ici)
Après ma petite tirade, Elio me regardait d’un drôle d’air. D’accord, il ne voulait pas de moi. Je sentais soudainement la morsure désagréable d’une piqûre à l’égo. Elio ne me désirait pas comme je le désirais en cet instant. J’avais certainement mal interpréter les signaux que son corps semblait m’envoyer. Ce n’était rien après tout, d’ici quelques jours mon ego s’en serait remis et la vie continuait son chemin. Pendant un bref instant, face au regard incrédule de mon ancien ami, j’étais prête à abandonner ce que j’étais en train de faire. J’allais stopper la descente de ma main vers son boxer quand il reprenait la parole. « J’en ai envie. » glissa-t-il. Et je souriais, soulagée de ne pas m’être trompée, contre ses lèvres qu’il venait poser sur les miennes. « Très envie. » Et je riais doucement, avant de répondre avec fougue à son baiser. C’était un baiser ardent, clairement nous venions de laisser tomber tous nos doutes pour nous contenter de suivre nos instincts les plus primaires. Nous nous abandonnions l’un à l’autre, et Dieu que c’était agréable. Ca faisait une éternité qu’on m’avait embrassé de la sorte, avec autant de passion et une certaine urgence, comme si c’était la dernière fois, comme si tout pouvait cesser d’un instant à l’autre. Après plusieurs années de vie commune, il était évident qu’une partie de la passion s’évanouissait, au profit d’une certaine tendresse. Mais à cet instant, je n’avais pas nécessairement envie de tendresse, j’avais envie d’être étreinte fermement, j’avais envie de sentir la chaleur du corps d’Elio tout contre le mien, j’avais envie de sentir mon cœur s’emballer suffisamment pour avoir l’impression qu’il allait imploser. D’une main experte, aidée de mes doigts agiles, je caressais Elio, sentant son excitation prendre de plus en plus de vigueur. Je ne pouvais retenir un sourire satisfait et amusé alors qu’il grognait de plaisir. Décidé à ne pas se laisser faire, Elio décida de riposter en embrassant la peau de mon corps. Peu à peu, je laissais tomber les caresses que je faisais à Elio pour le laisser prendre les devants. Je me positionnais sur mes coudes pour relever légèrement mon buste et observer Elio descendre ses lèvres le long de mon ventre. Je me mordillais la lèvre inférieure, alors que je lui lançais un regard enflammé alors qu’il retirait ma culotte avec ses dents, soulevant légèrement mon bassin pour l’aider. Je me retrouvais finalement totalement nue face à lui alors qu’il persistait à vouloir me tuer d’impatience. Je sentais l’excitation qui grimpait en flèche en moi, le petit jeu d’Elio commençait à me laisser pantelante d’impatience. Il embrassait mes jambes, remontait sur mes genoux, à l’intérieur de mes cuisses. « Tu vas finir par me rendre folle » glissais-je dans un soupir d’aise. Des frissons parcouraient tout mon corps dans l’attendre de le sentir enfin embrasser mon intimité. Ce qu’il finit par faire, pour mon plus grand plaisir. Alors que sa langue, experte, se jouait de mes sens, je rejetais la tête en arrière en laissant échapper un faible gémissement de plaisir. Je me cambrais contre le canapé alors qu’il s’évertuait à me faire plaisir. Mes doigts venaient aussitôt se mêler à ses cheveux que j’agrippais légèrement. Tout mon corps s’enflammait littéralement au contact de la peau d’Elio et tout ceci commençait réellement à me faire perdre la tête. Si mon corps avait pendant longtemps appartenu à un autre, il semblait réagir au quart de tour à la présence de celui d’Elio, pour notre plus grand plaisir. Peut-être au final, que nous avions bien fait de mettre autant de temps avant de sauter le pas, de faire ça alors qu’il y avait tant de tensions entre nous deux, parce qu’il était clair que toute sa frustration ne faisait que rendre l’acte en lui-même plus excitant encore. Finalement, Elio finissait par arrêter sa douce torture, désireux, autant que moi, d’en arriver aux choses sérieuses. Il se levait un instant, pour aller fouiller je ne savais où à la recherche d’un préservatif. Seule sur le canapé, sans le corps brûlant d’Elio contre le mien, j’avais soudainement froid. « Tu sais que t’es plutôt belle comme ça ? » dit-il alors qu’il revenait avec ce qu’il était allé chercher. « T’es pas mal non plus dans ton genre » glissais-je avec un sourire en coin. Il était vrai qu’il n’y avait en cet instant, pas la moindre gêne entre nous deux. Il était assez difficile de croire que c’était la première fois que nous nous abandonnions à ce genre de contacts. Elio sorti la capote de son emballage et se rapprocha de moi. Je l’attirais à moi, le faisant tomber sur le canapé pour m’installer à califourchon sur lui. Les deux mains posées fermement sur son torse musclé, je venais l’embrasser avec ardeur. Puis j’attrapais le préservatif qui se trouvait toujours dans sa main pour le lui mettre sans plus tarder. « Je suis d’avis d’en venir rapidement aux choses sérieuses » plaisantais-je en lui lançant un regard brûlant de désir. Puis lentement, je venais me positionner au-dessus de lui avant de venir m’empaler doucement sur son excitation. Je faisais durer le plaisir, prenant tout mon temps, pour ressentir toutes les sensations qui se bousculaient en moi. Une fois arrivée jusqu’à la garde, j’entreprenais un lent mouvement de va-et-vient, ayant bien envie de faire tourner la tête de ce cher Elio qui ne m’avait pas épargné lui non plus. Faire l’amour avec Elio en cet instant avait un goût de redécouverte. Pas seulement parce que je ne connaissais pas du tout Elio de ce point de vue-là, ni son corps. Mais surtout parce que pour la première fois depuis plus de 8 ans, je couchais avec quelqu’un d’autre que Dean. Et bien que je ne pensais pas nécessairement à lui en cet instant et que je ne regrettais rien, je ne pouvais m’empêcher de songer que cette partie de jambe en l’air là indiquait clairement le début d’une nouvelle vie pour moi. Et c’était assez amusant de songer que je commençais ma nouvelle vie en faisant l’amour avec Elio, qui avait été le premier homme sur lequel j’avais pu craquer. C’était une façon de boucler la boucle. Peu à peu, j’accélérais le rythme de mes va et vient, me penchant vers Elio pour venir l’embrasser fiévreusement, mêlant sensuellement ma langue à la sienne.
Le désire me consumait entièrement maintenant faisait taire les rengaines de mon esprit qui me criaient que ce désir n’était pas une bonne idée. J’avais refoulé pendant tant d’années mes envies concernant Heidi que les laisser sortir d’un coup semblait presque trop violent. Mon excitation incontrôlable me poussant vers elle, vers le désir de ce corps que je redécouvrais comme celui d’une femme. Une belle femme qui plus est ce qui ne faisait pas baisser mon envie bien au contraire, ma langue se jouant d’elle pour faire monter son désir. « Tu vas finir par me rendre folle » C’était bien là le but, je voulais partager mon désir avec elle, cette folie passagère qui m’avait englouti quand j’avais posé mes lèvres sur les siennes pour la première fois. Je n’étais plus vraiment moi mais ça ne me gênait pas bien au contraire. Cette impression d’être dans un monde parallèle, un monde où ces gestes auraient eu du sens… Ou ils serraient arrivés à un autre moment. Ou peut-être que je me trompais en pensant que ce moment était le mauvais – nous étions peut-être destiné à nous retrouver à ce moment précis, la rancœur et la colère se mêlant au désir naissant. Ou plutôt renaissant puisqu’il avait existé des années auparavant sans que jamais nous ne l’assouvissions. Aujourd’hui nous nous apprêtions à le faire et il l’attente de ce moment semblait petit à petit devenir insupportable à tel point qu’il me fallait prendre les devants. Quittant son corps à regret pour quelques instant, celui de trouve de quoi nous protéger. J’avais appris de mes erreurs, et si le désir prenait le dessus il n’en était pas moins important de garder la tête froide. Du moins le peu de tête qu’il me restait et qui semblait s’évaporer à la vu du corps nu d’Heidi étendu sur le canapé et ne semblant attendre que moi. « T’es pas mal non plus dans ton genre » Nous dévorant mutuellement du regard j’avais entrepris de parcourir les quelques mètres nous séparant encore pour qu’enfin nos corps se retrouvent. La passion dévorante du moment me faisait oublier tout le reste pour que n’existe plus qu’Heidi et ce regard taquin qu’elle posait dans le mien.
Je me laissais faire par ses mains expertes – bien plus que je ne l’aurais imaginé – qui se posaient d’abord sur mon torse alors qu’elle se plaçait au dessus de moi avant de me prendre le préservatif pour le déposer sur mon excitation sans aucune gêne. « Je suis d’avis d’en venir rapidement aux choses sérieuses » « Je n’aurais pas mieux dit. » Tous deux étions à la limite de l’implosion, le désir brulant se répercutant sur nos corps qui collés l’un à l’autre semblaient en feu. Je la désirais si ardemment maintenant que son mouvement lent pour nous unir me rendait fou. Augmentant encore un désir qui semblait pourtant déjà à son paroxysme. Mon souffle saccadé sur ces lèvres – ces lèvres qui se rapprochant des miennes nous unissant dans un baisée passionné alors que la cadence des ces mouvements s’accélérait pour mon plaisir. Difficile de réaliser que nous en étions arrivée là – à ce moment d’unions totale que j’avais désiré pendant si longtemps. Le plaisir était au dessus encore de ce que j’avais pu imaginer, mes lèvres se séparant des siennes pour venir découvrir le reste de son visage, sa mâchoire, son cou remontant jusqu'à son oreille en savourant la gout légèrement salé de sa peau. Mordillant son lobe je ne pouvais retenir quelques mot fiévreux qui passaient la porte de mes lèvres. « J’en avais tellement envie. » Une révélation qu’elle connaît sans doute déjà parce que je sais que nous partagions cette envie, je pensais juste l’avoir enfouie profondément sous la rancœur après son départ. De toute évidence je m’étais trompé.
Revenant prendre d’assaut ces lèvres mes mains glissaient sous ces fesses pour accompagner ses mouvements, caresser sa peau et reprendre un peu le dessus. Puis d’un geste presque trop brusque je arrêtais son geste pour sentir la pénétration profonde entre nous. Passant mes mains sous ses fesses pour me lever avec elle, son corps si proche du mien, ses jambes se resserrant contre mes hanche pour ne pas tomber et garder ce même contact, cette même union entre nous. Nos regard se mêlant avec passion alors que je restais un instant debout sans bouger, profitant simplement de l’intensité du moment avant de venir la coucher sur le canapé me plaçant au dessus d’elle avec tout le plaisir de pouvoir observer son corps brulant de désir. J’entamais des mouvements lents et profonds mes mains parcourant à nouveau ce corps nu et neuf à découvrir jusqu’à venir se glisser entre ces jambes pour stimuler un peu plus son plaisir alors que ma bouche venait mordiller légèrement ces seins jouant avec ces tétons comme le ferais un bébé. Je m’amusais de cette situation nouvelle oubliant cette pudeur qui avait été la notre. Accélérant petit à petit la vitesse de mes mouvements je n’hésitais pas à coller maintenant mon corps au sien, totalement, l’écrasant sans doute de mon poids alors que nos lèvres s’amusaient les une des autres. Jusqu’à ce qu’un mouvement un peu maladroit, sans doute pour changer la position nous éjecte tous les deux au sol. Elle au dessus de moi, mon dos tapant sur le tapis et me coupant pour un instant le soufflant avec qu’un rire sincère ne sort de ma bouche. « Tu fais dans le sexe douloureux ? Je savais pas ça. » Je la taquine un peu, attendant que la léger douleur dans mon dos ne s’évapore totalement sans doute grâce aux mouvements d’Heidi au dessus de moi. Plutôt heureux qu’elle reprenne le dessus, je la laissais faire d’abord avant de me relever, d’abord sur mes coudes pour observer ces mouvements sur moi, puis totalement pour venir entourer son corps de mes bras et intensifier un peu plus ma pénétration, sentant mon désir toucher bientôt à sa fin.