Si vous lui demandiez, il serait incapable de vous dire depuis combien de temps il pouvait être comme ça, ne bougeant pas, les mains dans les poches de sa veste devant la porte d’entrée principale de l’hôpital de Brisbane. Dix minutes, vingt minutes ? Tout ce qu’Ezra savait, c’est qu’il n’arrivait pas à faire abstraction de cette peur qui lui tiraillait le ventre et entrer. Deux choses faisaient qu’il avait peur: la dernière fois qu’il avait été à l’hôpital, c’était parce-qu’il avait échappé à la morte dans un accident de voiture avec Thomas, et il avait du passer un mois dans le coma pour laisser à sa tête le temps de cicatriser. De cet accident, il en gardait un mauvais souvenir. Et puis, depuis, entre Tom et lui ce n’était plus ça. Il y avait cette gêne de la part d’Ezra qui faisait que leur relation n’était pas au beau fixe. Ce qui chagrinait Ezra, car il n’aimait pas ne pas être en bons termes avec ses frères et soeurs. Mais le pire, c’était que c’était lui qui rendait cette relation compliquée car il n’arrivait pas à regarder Thomas dans les yeux, car il le fuyait, s’en voulant d’être responsable. D’avoir failli le tuer. D’avoir été l’auteur de cet accident absolument débile qui aurait pu leur couter la vie à tous les deux. Il se sentait tellement responsable qu’il ne se rappelait pas la dernière fois qu’il avait vu la couleur des yeux de Thomas. Ca s’arrangerait sûrement, s’était-il dit, mais le fait de se retrouver à rester devant la porte d’entrée de l’hôpital lui prouvait qu’il n’avait pas encore digéré. La deuxième raison était maintenant la raison pour laquelle il se tenait là en ce jour: son fils. Ginny avait tenu sa promesse et l’avait recontacté rapidement pour qu’il puisse venir voir Noah quatre ou cinq jours après son coup de fil. Apparemment, dans ces jours là, leur fils serait plus en forme - quelque-chose à voir avec les traitements. Et cette visite là lui faisait aussi peur à Ezra. Car il n’avait jamais vu son fils et que le voir pour le première fois dans un lit d’hôpital ce n’était pas la joie. Mais il n’avait pas le choix, c’était sa condition. Il était malade, voire même très malade de ce qu’il avait bien voulu retenir de sa discussion avec Ginny au garage. Cependant il avait peur. Peur de ne pas supporter l’image si leur fils était trop malade. Peur de ne pas supporter cette ambiance de service pédiatrique, se savoir entouré d’enfants malades n’était pas agréable. Peur ne pas être à la hauteur de cette rencontre, de marqué l’esprit de Noah d’une façon négative par une parole ou un geste déplacé. Et plein de petites choses comme ça qui semblaient lui traverser l’esprit. Alors il restait là, comme un idiot, à rassembler tout ce qu’il pouvait trouver de courage. Plusieurs fois il avait voulu allumer une cigarette pour se sentir mieux, pour dégager ce stress, mais il s’était retenu. Il avait pas envie que la première image que Noah ait de lui ce soit d’un homme qui sent la cigarette à plein nez. Image négative dès la première rencontre, ça n’était pas un scénario génial à imaginer. Inspirant une dernière fois un bol d’air chaud et humide d’été, il s’avança finalement vers les doubles portes, pénétrant à l’intérieur de l’hôpital. L’enduire était exactement comme dans ses souvenirs. Seules les personnes déambulant dans les couloirs semblaient avoir changé. Il demanda à l’accueil où se trouvait le service de pédiatrie - et se dit qu’il croiserait peut-être sa belle soeur au passage, travaillant dans ce service. Quoi qu’il ne savait pas s’il avait envie de la voir. Il n’avait parlé à aucun membre de sa famille de cette rencontre, et il voulait garder ça pour lui jusqu’à temps qu’il sache quelle position adopter par rapport à la situation. Il déambula alors dans les couloirs jusqu’à rejoindre le service, et le trajet lui parut trop court. Il ne savait pas s’il avait eu le temps de se préparer - mais pouvons nous être réellement prêts pour ce genre de rencontre ? Ezra suivit ensuite le chemin que lui avait indiqué Ginny, et rapidement la porte numéro 103 s’imposa devant son regard. Prendre une dernière inspiration. Lever la main, la fermer légèrement et venir taper trois petits coups sur le dos du bois. Signaler sa présence sans s’imposer. Si Ginny n’était pas là, elle n’ouvrirait pas et il n’aurait pas dérangé. Si elle était là, elle avait le choix d’ouvrir ou non. Normalement, elle devait être là pour pouvoir les présenter, faire en sorte que cette rencontre se passe pour le mieux. Mais elle aurait pu aussi vouloir les laisser seuls et partir de la chambre, ou alors partir en courant à l’autre bout de la ville si elle avait la même boule au ventre qu’Ezra pouvait avoir. Il ne savait pas depuis quand il avait pu être autant stressé. Peut-être la fois où il avait ouvert le garage avec son nom à lui, après l’avoir racheté à l’ancien propriétaire ? Il ne savait plus. Au bout d’un instant, il entendit des pas s’approcher de la porte. Son coeur accéléra encore un peu. Et cette dernière finit par s’ouvrir, lentement, mais elle s’ouvrit.

Cela faisait quelques jours qu'elle avait rendu visite à Ezra dans son garage. Quelques jours qu'elle lui avait annoncé qu'elle était de retour à Brisbane et qu'elle n'était pas seule. Noah, leur fils, était avec elle. Mais elle avait oublié un autre petit détail. Autre que son fils, la jeune femme était de retour en Australie avec cet homme qui état son mari. Du moins sur le papier, il l'était. Jamais, elle ne l'avais considéré comme tel. Juste un homme qu'on lui avait imposé de force. C'est sans doute pour ça qu'elle ne l'avait pas mentionné. Parce que pour Ginny ce n'était qu'un détail. Et pourtant, peut-être qu'elle aurait dû lui dire, pour que plus tard il n'y ai pas d'occasion gênante. Mais elle n'y avait pas pensé. Ce qui avait compté pour la brune à ce moment, c'était de parler de leur fils, de son état. Chose qu'ils avaient fait. Les autres détails passeraient plus tard, et ça malgré qu'elle n'avait pas envie de les aborder. Quelques jours qu'elle avait gardé cette rencontre secrète, comme si c'était quelque chose d'interdit. C'était le cas. Du moins, elle aurait pu le faire si elle avait eu le consentement de ses parents et/ou de son mari. Une façon de faire qui l'énervait au plus haut point. Alors, elle avait agi selon ses envies à elle. Un comportement qui n'était pas nouveau pour la brune. Un comportement qu'elle avait déjà adolescente, lorsqu'elle tenait tête à ses parents. Peut-être qu'elle aurait dû continuer ainsi. Sa vie serait certainement tout autre. Mais il était bien trop tard pour y repenser. Des jours se sont passés depuis cette rencontre. Il fallait qu'elle lui téléphone pour lui dire quand est-ce qu'il pouvait passer pour rendre visite à Noah. Quelques jours s'étaient écoulés avant qu'elle ne trouve le courage de le faire, lui annonçant qu'il pourrait passer quelques jours après. Le temps que le nouveau traitement que les médecins lui avaient donné fasse effet, pour qu'il puisse le voir dans un état acceptable. Certes, il serait certainement encore dans son lit, relié à un tas de machine, mais au moins, il ne serait pas trop affaibli à cause des médicaments. Ezra pourrait voir son fils dans un bon jour. C'est sans doute mieux pour une première rencontre. Et durant ces quelques jours d'attente, elle senti le stress monté. Est-ce qu'Ezra allait venir. C'est ce qu'il lui avait dit. Mais peut-être qu'il allait avoir peur d'affronter la réalité, de voir son fils malade. Et pourtant, elle espérait entendre frapper à la porte de la chambre et le voir entrer dans la pièce. Des jours d'attentes qui semblait interminables. Et pourtant, alors qu'elle était en train de veiller sur son fils endormi – un effet secondaire du traitement, de la fatigue, de temps en temps, surtout en fin de journée, mais pour le reste il semblait être en meilleur forme, retrouvant son sourire – elle avait entendu quelqu'un frappe à la porte. Signe de visite. Si cela avait été un membre du personnel médical ou de la famille, ils n'auraient pas frappé. Un léger sourire s'était dessiné sur le visage de la brune avant de se diriger vers la porte. Sourire qui s'était agrandi, lorsqu'elle avait ouvert cette porte et qu'elle vit en face d'elle Ezra. « Salut. » avait-elle dit dans un murmure, toujours en ayant avec un sourire sur son visage. Elle n'avait pas fermé la porte, sans doute pouvait-il voir Noah dormir. « Il devrait bientôt se réveiller. Lorsqu'il prend le traitement, il est toujours un peu fatigué, mais ensuite il est en pleine forme. » lui avait-elle dit avec un sourire rassurant. Oui, elle voulait le rassurer. Il ne voulait pas qu'il s'inquiète de l'état de leur fils. Il allait être en forme. Sans doute un peu trop. Mais, c'était sans doute mieux. « Je peux t'offrir un café en attendant ? » S'éloigner un peu de la chambre et ainsi pouvoir expliquer la situation. Ou du moins, essayer de le faire.

La porte s'ouvrit, laissant place à Ginny. Elle avait décidé d'ouvrir la porte, décidé de laisser Ezra pénétrer dans cette chambre et pénétrer un peu plus dans cette intimité qu'elle avait avec son fils depuis cinq ans. Alors, quand il vit le sourire sur ses lèvres, il ne put s’empêcher d’avoir un petit sourire à son tour. Plus à sourire crispé qu’un réel sourire, le stress était toujours autant présent dans son corps, mais c’était le mieux qu’il pouvait faire pour le moment. « Salut. » Un mot simple, murmuré comme une espèce de promesse achevée de se revoir. Mais c’était suffisant. « Salut… » Et alors qu’Ezra lui répondait, son regard ne put s’empêcher de vagabonder. Après tout, il était devant la chambre - même si c’était une chambre d’hôpital - de son fils. Il devait être là, quelque part à portée de regard. Ce moment qu’il avait attendu depuis cinq ans, voir son visage, le connaître. Toutes ces années perdues, pendant lesquelles il aurait du être auprès de lui, où il aurait du jouer son rôle de père. La vie avait fait que ça n’avait pas pu se passer de la sorte, et Ezra était autant angoissé qu’un père qui attendait la naissance de son fils. En l’occurence ce n’était pas réellement sa naissance puisqu’il avait déjà cinq ans, mais ils étaient sur le point d’assister à la naissance d’une possible relation s’apparentant à celle d’un père et d’un fils. D’une relation tout court déjà serait bien, mais Ezra espérait qu’avec le temps, quelque-chose de plus pourrait s’instaurer. Alors quand son regard balaya l’espace de la chambre qui lui était visuellement accessible, son regard finit par tomber sur la silhouette d’un petit garçon allongé dans un lit, couronné d’une chevelure brune comme celle de sa mère… Et semblant si faible et fragile, relié aux câbles et tuyaux qu’Ezra pouvait apercevoir. Le choc se fit ressentir à ce moment là. C’était le genre de choc tellement marquant qu’Ezra s’en souviendrait toute sa vie. La première image qu’il garderait à jamais de son fils. Il lui sembla que son coeur se décomposa alors qu’il réalisait vraiment dans quel état il pouvait se trouver. Bien que Ginny l’ait prévenu quand ils s’étaient vu au garage, à ce moment là il ne se rendait pas compte. Il n’y a vraiment que lorsque l’on voit la situation en face que l’on se rend comptes de l’état des choses. Il avait tenté de nier un peu la réalité, malgré le stress interne lui rappelant qu’il devait s’attendre à cette vue et à ces ressentis. Mais imaginer la scène était beaucoup plus facile que de la vivre. Ezra le comprenait pleinement en ce moment même. Il se rendit comptes même qu’il devait avoir arrêté de respirer pendant un instant quand il dut prendre une grande bouffée d’air d’un coup. La voix de Ginny l’aida à se décrocher de cette vision, de ce corps frêle qu’il apercevait du pas de la porte. « Il devrait bientôt se réveiller. Lorsqu'il prend le traitement, il est toujours un peu fatigué, mais ensuite il est en pleine forme. » Ezra concentra sa vision de nouveau sur la jeune femme, qui gardait son beau sourire malgré la situation délicate et l’anxiété palpable dans l’atmosphère. Le jeune homme se demandait comment elle pouvait garder le sourire avec cette vision à longueur de journée. Comment avait-elle pu rester aussi solide alors que son fils semblait se dégrader sous ses yeux ? Il n’était resté là que quelques secondes à le regarder et pourtant il avait l’impression qu’une partie de ses certitudes sur la vie et qu’une partie de son monde était en train de tomber en ruines. Le triste affront de la réalité. « Je peux t'offrir un café en attendant ? » Il passa une main sur son visage, comme pour se forcer à revenir à une attitude normale, revenir à la réalité. Il se devait de bouger d’ici, elle avait raison. Il n’était pas prêt apparemment. Il avait beau avoir essayé de s’imaginer tous les scénarios possibles pour cette scène, rien ne semblait assez proche de ce qu’il était en train de vivre. « Ok… » Ce fut la seule chose qu’il fut capable de prononcer à peu près correctement sans que sa voix ne se casse. Tant d’émotions l’habitaient en ce moment même qu’il ne savait pas combien de temps il allait réussir à les refouler. Alors, avec le peu de neurones fonctionnant restant, Ezra réussit à s’éloigner de cette porte pour se diriger vers le salon café le plus proche. Ses jambes semblaient à peine réussir à le porter, il avançait dans le couloir tel un robot. Il n’avait même pas pris la peine de regarder si Ginny le suivait, car à cet instant il ne pensait qu’à la petite tête brune allongée dans le lit. Quand ils atteignirent enfin l’espace café, Ezra se laissa tomber dans le premier fauteuil qui fut à sa porter. Et l’instant d’après, il se tenait la tête dans les mains, les coudes posés sur ses genoux. Comment un enfant de cet âge là pouvait il avoir ça ? Il n’avait rien fait pour mériter qu’une  telle fatalité lui tombe dessus. Non, à cet âge là, les enfants sont censés être encore innocents et avoir pour seule préoccupation le choix de leur gâteaux pour le goûter du lendemain à l’école. Savoir quel nouveau jouet ils allaient pouvoir commander au père nöel au réveillon suivant. Pas savoir quel médicament on allait leur injecter le matin en guise de petit déjeuner. Le jeune homme soupira. Il prit ensuite la parole d’une voix tremblante - chose qui semblait arriver bien trop souvent pour le peu de temps qu’il avait passé avec Ginny depuis qu’elle était de retour en ville. « C… Comment tu… Fais ? » Trois mots, c’était peu. Et pourtant Ezra savait que Ginny allait comprendre. Comment faisait elle pour ne pas être dans l’état dans lequel il était à chaque fois qu’elle posait son regard plein d’amour sur son fils ? Comment faisait elle pour tenir, après toute ces années, alors que visiblement aucune amélioration de son état de santé ne pouvait être constaté ? Ezra n’était resté que quelques secondes le regard posé sur cet enfant, et pourtant il avait l’impression que toute une partie de son être venait d’être changée à tout jamais. Comment faisait on maintenant pour encore réussir à dormir la nuit ?

Quelques coups à la porte et elle s'était dépêchée d'ouvrir la porte. Enfin, dépêchée. Elle avait pris quelques secondes pour se préparer, poussant un léger soupire avant d'avoir un léger sourire sur le visage. Un sourire pour accueillir Ezra, pour lui montrer que tout allait bien, qu'il ne fallait pas l'inquiéter plus que ça. Il avait lui aussi un léger sourire. Un sourire sous l'effet du stress. Chose que la brune pouvait comprendre. Il allait enfin pouvoir voir, connaître ce fils auquel on l'avait arraché bien avant qu'il ne naisse. « Salut… » Et c'est à ce moment-là qu'elle vit le regard d'Ezra vagabonder dans la chambre, que son regard se porta sur Noah endormi. C'est à ce moment-là qu'elle vit l'expression du jeune homme changé. Il était sous le choc de cette vision. Sans doute qu'il ne s'attendait pas immédiatement à voir son fils dans cet état. Alors, toujours avec un léger sourire, elle essaya de le rassurer, de lui dire que c'était normal. Un effet secondaire du traitement, mais qu'ensuite il allait être en meilleur forme. Il fallait qu'il s'éloigne de la chambre. Le temps que l'image de Noah dans ce lit passe, que le choc passe. Alors, elle lui proposa de prendre un café. « Ok… » Son sourire s'était légèrement agrandi avant de prendre la direction de l'espace café. Un chemin qu'elle ne connaissait plus que bien et ça malgré le fait qu'elle soit de retour à Brisbane depuis peu de temps. C'était son endroit. L'endroit où elle se réfugiait quand c'était trop difficile de supporter. Lorsqu'elle a besoin de faire une pause dans ce qui lui arrivait. Elle laissa Ezra s'installer alors qu'elle était parti chercher les boissons. Et durant ce court instant, le sourire qu'elle avait s'effaça doucement. Ginny savait que c'était le moment pour lui dire les informations manquantes lors de son passage au garage. C'était le moment. Sans doute que cela ne serait pas agréable, mais elle devait le faire. Et elle était repartie en direction d'Ezra. Un léger sourire présent sur son visage, lui tendant la tasse de café. « C… Comment tu… Fais ? » Et le sourire qu'elle avait lorsqu'elle lui avait tendu la tasse de café, commençait doucement à disparaître. Elle n'avait pas besoin de lui demander sur quoi était le sujet de cette question. Elle le comprenait. Elle avait vu l'expression qu'Ezra avait lorsqu'il avait aperçu Noah endormi dans ce lit d'hôpital, avec touts ces machines à ses côtés. Un choc plus qu'énorme pour lui. La brune s'était assise en face de lui, tenant fermement la tasse. Comment faisait-elle pour tenir le coup, alors qu'elle voyait l'état de son fils ne pas s'améliorer de jour en jour. Bonne question. « Je le fais pour lui. Si Noah voit que je ne vais pas bien, alors lui non plus. Je me dois de rester forte pour lui. » Chose qui n'était pas facile. Elle voulait juste voir son fils heureux, sourire, malgré sa maladie. Ginny fondait souvent en larme quand elle rentrait chez elle. La jeune femme se demandait souvent pourquoi il fallait que cela arrive sur son fils. Est-ce que c'était une sorte de punition ? Si c'était le cas, pourquoi le punir lui, un enfant innocent. Ginny aurait largement préféré que ça soit elle plutôt que Noah. Malheureusement, ce n'était pas le cas. On l'avait puni un peu plus encore. Elle regarda quelques instants le contenu de sa tasse avant de plonger son regard et de prendre avant pousser un léger soupire et prendre la parole. « Pour Noah … » Elle s'était arrêtée de parler durant quelques instants. Signe qu'elle était gênée ou alors que le reste n'était pas bon à entendre, ce qui était un peu des deux. « Il serait préférable de ne pas dire tout de suite que tu es son père … Il pense que c'est quelqu'un d'autre. » Son regard fuyait celui d'Ezra. Elle n'osait même plus le regarder. Quelqu'un d'autre. Son mari en l’occurrence. Ce n'était certainement pas le genre de nouvelles auxquelles il aurait pu s'attendre.

Il restait ainsi, la tête dans les mains. Toutes ces émotions qui tourbillonnaient en lui l’empêcher de penser correctement. Il ne savait pas ce qu’il faisait là, pourquoi il était comme ça. Pour dire, il n’entendit même pas Ginny revenir vers lui avec le café. Lorsqu’il eut pris la parole, il ne savait même pas si elle allait pouvoir entendre ses paroles. Mais il avait besoin qu’on l’aide même s’il ne s’en rendait pas comptes. Il n’était pas bien, perdait de sa stabilité psychologique au fur et à mesure que les secondes passaient. Ce petit corps frêle… Il avait l’impression que ses pensées étaient pire que redondantes. Il entrevit alors Ginny s’asseoir sur le fauteuil en face de lui, enfin il vit plutôt ses pieds, car il ne pouvait pas voir plus avec la façon dont il était assis. « Je le fais pour lui. Si Noah voit que je ne vais pas bien, alors lui non plus. Je me dois de rester forte pour lui. » Une réponse qui donna des frissons à Ezra. L’amour qu’elle lui portait pouvait être palpable dans l’air rien qu’avec ses paroles. Ezra n’avait jamais douté de sa capacité à être une bonne mère, il l’avait su à partir du moment où elle lui avait annoncé qu’elle était enceinte, ce jour là dans son appartement. L’époque où il pensait que tout irait encore bien, où il pensait qu’il pourrait être auprès de ces deux êtres qui allaient former sa famille. Ca ne s’était pas du tout passé comme ça, et il se trouvait là aujourd’hui à découvrir son fils, découvrir sa maladie, découvrir la souffrance de Ginny au travers des années. Une souffrance qu’il aurait du connaître, où il aurait du être là pour l’épauler. Il s’en voulait dans le fond, il s’en était toujours voulu depuis ces cinq dernières années. Mais ce n’était pas aussi difficile d’élever seule un enfant malade qu’un enfant en bonne santé. Ezra sembla ensuite entendre un soupire de la part de la jeune femme, mais il lui semblait loin tellement il avait du mal à rester les pieds sur terre. « Pour Noah… » Ginny coupa son fils de paroles. Malgré son état de choc, Ezra s’en rendit compte, car il lui semblait que ce silence devenait rapidement pesant pour les deux personnes. Il n’était cependant pas assez en forme pour tenter de comprendre pourquoi ce silence était nécessaire à la situation. S’il avait pu, il se serait préparé à ce que Ginnny allait lui dire. Il n’était pas prêt à voir Noah dans cet état, mais au moins il voyait son fils. Il n’était pas prêt à apprendre qu’il n’allait pas pouvoir le considérer comme tel quand ils seraient tous les deux. « Il serait préférable de ne pas dire tout de suite que tu es son père … Il pense que c'est quelqu'un d'autre. » Lentement, très lentement, Ezra releva la tête. Il n’était pas sûr de ce qu’il venait d’entendre, ou du moins il ne voulait pas y croire. Ginny venait-elle de lui dire qu’il ne savait pas qu’il existait ? Que Noah avait grandi pendant ces cinq années sans savoir que quelque part sur cette planète, une autre personne que sa maman l’aimait et n’attendait qu’une chose, de pouvoir le chérir ? Le regard d’Ezra était vide d’expression en ce moment, vide de pensées en ce moment. Il n’arrivait pas à capter le regard de Ginny, pour pouvoir comprendre réellement ses parents, elle le fuyait. Elle regardait ailleurs comme si elle avait honte ou qu’elle regrettait d’avoir prononcé ces paroles. Ezra ouvrit la bouche, mais aucun son n’arriva à en sortir aussi rapidement. Comment pouvait-il formuler quelque-chose alors qu’elle n’arrivait pas à pleinement comprendre pourquoi elle lui disait ça ? Quelqu’un d’autre… Bon Dieu. Non seulement, il n’avait pas pu jouer son rôle de père comme il l’aurait du, Ginny étant partie de Brisbane alors qu’elle était enceinte de Noah, mais apparemment un père de remplacement noircissait encore un peu plus ce tableau. « Tu veux dire… » Il sembla retrouver quelques facultés mentales, assez pour pouvoir parler et commencer à réfléchir sérieusement à la situation. Si Noah pensait qu’un autre homme était son père, c’était que Ginny avait du le présenter comme tel. Et si c’était le cas… Cela voulait dire alors qu’elle partageait sa vie avec un homme. Comme par réflexe, Ezra jeta alors son regard sur les mains de Ginny, qui tenaient les deux cafés qu’elle avait été cherché - il avait déjà oublié qu’ils étaient assis là pour prendre un café le temps qu’il intègre la vision de son fils malade. Et son regard tomba sur ce petit objet, qui pourrait être insouciant en temps normal, mais qui dans la situation actuelle donnait énormément de réponse. Une bague ornait l’annulaire gauche de la jeune femme, signe qu’elle était mariée à quelqu’un, signe que son coeur appartenait à une autre personne. Alors, pour la deuxième fois en deux temps qu’ils se revoyaient, le coeur d’Ezra sembla se décomposer dans sa poitrine. Même s’il ne pouvait plus appartenir à Ginny, avec les histoires qui s’étaient passées, il avait au moins eu ce petit espoir la dernière fois qu’elle pourrait encore éprouver quelque-chose pour lui, qu’il pouvait encore compter. Là, cet espoir s’était envolé. Il avait encore espérer quelque chose d’impossible, en gardant de son côté ses sentiments près de son coeur, ces sentiments qu’il éprouvait depuis des années. « C’est pas vrai… » Sa voix fut sèche cette fois ci lorsqu’il parla. Car il venait de se rendre comptes qu’il était encore plus con que ce qu’il avait compris jusque maintenant. Non seulement, il s’était fait de faux espoirs en pensant que ses sentiments à l’égard de Ginny avaient lieu d’être, mais en plus il venait de tomber dans une situation encore plus délicate. Il n’avait jamais vu son fils, ils ne se connaissaient pas, mais en plus le gamin pensait que son père était quelqu’un d’autre. Alors, ce fut comme la goutte d’eau qui fit dérober le vase pour Ezra. Il se leva de son fauteuil, passant sa main sur son visage comme pour voir si ce geste allait le ramener à la réalité. Il n’en fut rien. Ginny était toujours assise devant lui. « Comment t’as pu faire ça ? Lui faire ça, Ginny, hein ? » Quand elle était partie avec ses parents, Ezra avait ressenti de la colère envers elle, mais elle s’était vite estompée pour laisser place à une tristesse immense. Aujourd’hui, il était réellement en colère contre elle, en revanche. Elle avait commis, selon lui, un acte odieux. Pire que de laisser Ezra seul à Brisbane alors qu’elle attendait leur enfant.

Ezra se demandait comment elle pouvait tenir en voyant Noah dans cet état. Elle n'allait pas lui mentir. C'était difficile de le voir ainsi. Chaque jour, elle n'arrêtait pas de se dire que ce n'était pas une vie pour lui. Qu'il ne devrait pas vivre ainsi. Il devrait vivre comme un enfant de cinq ans ordinaire. Elle voulait voir Noah jouer avec ses camarades, faire un sport. Et pas enchaîner les rendez-vous à l'hôpital ou les opérations. Elle pouvait comprendre qu'Ezra soit perturbé de voir ça. Il n'était pas habitué. Il faudra sûrement du temps pour ça, mais elle l'aiderait à ce qu'il fasse à cette idée. Il ne fallait pas qu'il soit seul pour supporter ça. Et elle a répondu à sa question. Elle pensait tout simplement à Noah. Si elle restait forte pour lui, si elle ne craquait pas, c'était tout simplement pour lui. Ce n'était pas toujours comme ça. Durant les premiers mois, c'était plus que difficile pour la jeune femme. Et petit à petit, elle avait appris à faire avec. Puis, Ginny s'était lancée. Difficilement, mais elle l'avait fait. Elle avait dit à Ezra que Noah pensait que c'était un autre homme qui était son père. Une autre chose que ses parents lui ont malheureusement imposé. Une autre chose qu'ils avaient fait pour la rendre un peu plus malheureuse. La brune fuyait toujours le regard d'Ezra. Est-ce qu'il comprenait ses paroles ? Ou alors était-ce le contraire à cause du choc qu'il avait eu depuis qu'il avait Noah dans ce lit. « Tu veux dire… » Elle gardait la tête baissé durant quelques secondes avant de lever la tête, plongeant son regard dans celui d'Ezra. Il semblait perdu, tentant d'analyser la situation. Elle vit les yeux du jeune homme se poser sur ses mains. Son regard était fixé sur la bague qu'elle portait à son annulaire gauche. Son alliance. Une bague qui servait plus de menottes plus qu'autre chose. Et à nouveau, Ginny baissa son regard, honteuse. Oui, elle était mariée. Malheureusement. « C’est pas vrai… » Elle se mordait l'intérieur de la joue. Il parlait d'un ton sec. Sans doute qu'il ne s'attendait pas non plus à avoir ce genre de nouvelle. Peut-être qu'il se disait qu'elle avait refait sa vie et n'était allée le voir que par intérêt. Qu'à présent, elle s'en fichait complètement de lui à présent. S'il pensait ça, alors il avait complètement tort. Elle entendit un bruit. Une chaise qui semblait bouger. Lorsqu'elle osa lever son regard, elle vit Ezra debout, passant ses mains sur son visage. Est-ce qu'il était en colère ? Bien sûr qu'il l'était. « Comment t’as pu faire ça ? Lui faire ça, Ginny, hein ? » Elle se leva à son tour, se rapprochant un peu d'Ezra. Elle voulait posé sa main sur son bras, mais s'était ravisée à la dernière seconde. Ce n'était pas le moment. « Ce n'est pas ce que tu crois. » souffla-t-elle. Enfin, si c'était justement c'était ce qu'il croyait. Ginny était une femme mariée. Cette bague qu'elle portait à son annulaire état là pour le prouver. Ce sont juste les conditions de son mariage qui n'était certainement ce qu'il pouvait penser. « Tu sais ce que je pense du mariage. » dit-elle en lâchant un soupir. Se marier était un concept totalement stupide pour la jeune femme. Pour Ginny, il n'y avait pas besoin d'une cérémonie stupide pour prouver qu'on s'aimer. Elle le pensait déjà lorsqu'elle était avec Ezra et cela n'avait pas changé « C'était ma surprise en arrivant en Angleterre. » dit-elle en levant les yeux. Une surprise dont elle se serait bien passé. C'est à peine qu'elle était arrivée sur le sol anglais qu'on lui avait dit que deux semaines après, elle allait se marier. Deux semaines c'était peut être exagéré. Un mois, voir un mois et demi après son arrivée. Ce mariage avait été organisé rapidement. Trop rapidement pour que ça soit vrai. Il fallait être rapide. Personne ne devait voir le ventre de Ginny qui s'arrondissait petit à petit. Cela aurait été une honte. « Si ça ne tenait qu'à moi, Noah aurait connaissance de qui est son père. » lui avait-elle dit en plongeant son regard celui d'Ezra. Bien sûr que Ginny avait honte de ce qu'elle faisait. De mentir sur l'identité du père de Noah. Mais si seulement, elle avait pu faire le contraire, la jeune femme l'aurait fait. Mais si elle le faisait réellement, elle risquait de perdre son fils et elle n'en voulait aucun que ça se passe ainsi.

Leurs regards s’étaient croisés, elle avait enfin réussi à relever le regard vers Ezra. Mais ce temps fut bref, car quand Ezra finit par lui parler de façon plus sérieuse et plus sèche, elle détourna de nouveau le regard. Ezra soupira. Il ne comprenait pas comment elle pouvait lui lancer ça, en pleine figure, et ne pas assumer par la suite. Après qu’il ait fini de lui parler, Ginny s’était levée à son tour. Elle s’était rapprochée de lui, comme elle faisait avant quand ils étaient ensemble. Avant, elle serait venue le prendre dans ses bras pour le rassurer. Aujourd’hui, elle s’était contentée de rester debout à côté de lui, et c’était pas plus mal, car si elle avait tenté quelque conque geste envers lui, il y aurait eu de grandes chances qu’il l’envoie balader. Il ne supporterait pas un seul contact physique avec elle là, pas maintenant qu’il savait qu’un homme partageait sa vie. Qu’elle y était même mariée. Ca le dégoûtait. « Ce n'est pas ce que tu crois. » Ezra leva les yeux au ciel. Ce n’est pas ce qu’il croyait, et la bague alors, c’était une illusion ? Il savait que les sentiments qu’il avait pour Ginny le rendait à moitié aveugle, mais pas au point de voir des objets apparaître. « Me prends pas pour un idiot, s’il te plait… » « Tu sais ce que je pense du mariage. » « Je pensais savoir, Ginny. Je pensais… » Il s’était rendu comptes qu’au fur et à mesure de leur échange de paroles, il avait rapproché son visage de celui de Ginny, se trouvant maintenant à une dizaine de centimètres de la jeune femme. Il n’avait pas osé s’approcher d’elle autant jusque maintenant, car il se passait exactement ce qu’il avait anticipé. Son coeur s’affola un peu plus quand il se  rendit compte qu’il était aussi proche d’elle, son souffle devint un peu plus rapide. Comme lorsqu’il s’était approché d’elle cette nuit là, à l’anniversaire de son frère. Qu’ils s’étaient embrassés pour la première fois. Il dut se retenir de ne pas s’approcher d’elle encore plus et de déposer ses lèvres contre les siennes. Car malgré toute la colère qu’il éprouvait à ce moment là, l’attirance qu’il avait pour elle était plus forte que tout ça. Et quand elle releva les yeux vers lui, qu’il croisa son regard d’aussi près, pour sûr son coeur loupa un battement. Heureusement que les paroles qu’elle dit derrière ravivèrent la colère qui commençait à se faire la malle. « C'était ma surprise en arrivant en Angleterre. » Alors une fois de plus, il leva les yeux au ciel, se reculant de Ginny pour garder cette distance de sécurité, c’était comme ça qu’il le voyait. Il n’y croyait pas, son histoire était trop grosse pour qu’on y croit. Elle qui détestait le mariage, elle se retrouvait mariée sans être mise au courant. Il ne pouvait pas y croire, si c’était la Ginny qu’il connait, ça ne pouvait pas être vrai. « Essaies pas de me faire croire n’importe quoi. Si tu aimais vraiment pas le mariage, comme la Ginny de l’époque, t’aurais pas cette bague au doigt. » Il pointa alors la bague d’un doigt accusateur. Avant de soupirer et de retourner s’asseoir dans son fauteuil. Il ne savait même pas pourquoi il restait là, comment il arrivait à rester là avec elle, alors qu’elle le dégoûtait. Il tapotait les accoudoirs du fauteuil nerveusement avec ses doigts. « Si ça ne tenait qu'à moi, Noah aurait connaissance de qui est son père. » Le jeune homme releva directement un regard noir vers Ginny, alors qu’elle le regardait enfin cette fois ci. Son sang ne fit qu’un tour et cette fois ci, il laissa ses paroles sortir. Après tout, il n’avait rien à perdre, il se dit. D’accord, il était là pour voir son fils, mais s’il ne savait pas qui il était alors est-ce vraiment nécessaire de se présenter ? Il perdrait peut-être l’occasion de la vie, mais de toutes façons il était perdu dans ses envies et ses besoins, dans ses pensées et ses émotions. « Ca ne tenait qu’à toi. Tu aurais pu choisir de lui dire la vérité, mais tu l’as pas fait. Pourquoi, Ginny, hein ? C’était peut-être la seule chose que tu aurais pu faire pour me garder dans le décor. D’accord, j’étais pas là, mais c’est quand même mon fils non ? Jusqu’à preuve du contraire, c’était moi qui était là quand il a été fait ce gosse. Pas l’autre. Il a fait quoi pour mériter le titre de père, hein ? Ca me dégoûte. » Il détourna le regard quand il eut fini de parler. Sa voix n’avait pas cessé d’être sèche lorsqu’il avait parlé, il avait juste réussi à retenir d’élever la voix. Ils étaient quand même dans un hôpital, il n’avait pas le droit d’hausser la voix et d’imposer leurs soucis à toutes les personnes qui se trouvaient autour.

« Me prends pas pour un idiot, s’il te plait… » Elle ne pu rien dire. C'est vrai, elle ne peut pas nier qu'elle n'était pas mariée. Cela aurait été un mensonge. La bague qu'elle portait était là pour lui rappeler qu'elle appartenait à un autre homme. Oui, parce que c'était exactement ce que cette alliance signifiait. Non pas qu'elle aimait un homme au point de l'épouser, parce que si c'était réellement le cas, sans doute qu'elle aurait épousé Ezra sans hésitation. Non, là elle n'était qu'un prix. Une récompense. Autant dire que cela n'avait pas arrangé sa vision du mariage. Au contraire. « Je pensais savoir, Ginny. Je pensais… » Elle s'était mise à soupirer. Et c'était le cas. Mais bien sûr, il ne la croyait. Cette stupide bague était là pour lui montrer que la jeune femme avait changé d'avis. Et sans se rendre compte, Ezra s'était rapproché d'elle. C'est lorsqu'elle senti le souffle du jeune homme contre sa peau. Une sensation agréable qui lui fit oublier durant un court instant ce qui se passait. Elle plongea simplement son regard dans celui d'Ezra, s'y perdant totalement. Cela n'avait duré que quelques secondes. Cela l'avait perturbé aussi. Son visage était bien trop proche de celui de la brune. Le tentation de goûter à nouveau ses lèvres. Non, elle ne devait pas le faire. Elle devait se retenir. Malheureusement. Alors, elle repris la parole. Son mariage était une surprise. Une désagréable surprise. « Essaies pas de me faire croire n’importe quoi. Si tu aimais vraiment pas le mariage, comme la Ginny de l’époque, t’aurais pas cette bague au doigt. » dit-il en se reculant. C'était mieux ainsi. S'il avait été encore aussi proche qu'elle, sans doute la jeune femme aurait facilement craqué. Il avait pointé son alliance. Alliance avec laquelle Ginny jouait avec, la faisant tourner. Signe qu'elle était mal à l'aise. « On me l'a imposé ce mariage. Je n'avais rien demandé. J'étais juste un morceau de viande qu'on a échangé. » souffla-t-elle. Un morceau de viande. Un prix. En aucun cas, durant ce mariage, on l'avait considéré comme une personne qui avait des envies. Non, on lui imposait ce genre de choix auxquels elle était plus que contre. Et Ezra était de nouveau assis sur le fauteuil, et nerveusement ses doigts tapaient sur l'accoudoir. Elle voulait que Noah connaissent son père. Son véritable père. Et non pas qu'il ait à subir cet ignoble mensonge. « Ca ne tenait qu’à toi. Tu aurais pu choisir de lui dire la vérité, mais tu l’as pas fait. Pourquoi, Ginny, hein ? C’était peut-être la seule chose que tu aurais pu faire pour me garder dans le décor. D’accord, j’étais pas là, mais c’est quand même mon fils non ? Jusqu’à preuve du contraire, c’était moi qui était là quand il a été fait ce gosse. Pas l’autre. Il a fait quoi pour mériter le titre de père, hein ? Ca me dégoûte. » Il lui avait répondu sèchement, ne la regardant même pas. Elle aurait pu faire ça. Peut-être bien. Mais si elle avait fait ça, ses parents auraient sans doute nier. Ezra n'avait jamais été le père de Noah pour eux. Pour le plus grand malheur de la jeune femme. Ce n'était qu'une amourette de passage, rien de sérieux. Malheureusement pour eux, Ginny était tombée enceinte et était plus qu'amoureuse d'Ezra. « Mes parents … » Bien sûr que ses parents y était pour quelque chose. « Ils ont eu cette stupide idée de faire le contrat de mariage. Ils peuvent me reprendre Noah. Je t'avais déjà perdu toi. Je voulais pas le perdre non plus. » Sa voix s'était légèrement brisée. Elle n'avait pas crié. Elle avait essayé de rester calme. De ne pas craquer. Malheureusement, elle avait échouée.

Pendant un instant, Ezra eut peur de regretter ce qu’il venait de dire. Après tout, il avait été dur dans ses propos. Juste, mais dur. Cela faisait cinq ans qu’ils ne se côtoyaient plus et lui trouvait le moyen de lui parler aussi sèchement. Mais contre toutes attentes, il ne s’en voulait pas. A vrai dire, il trouva même que ça lui avait fait du bien, pour une fois, de juste laisser parler son coeur et de dire ce qu’il pensait. Pour une fois, il avait fait part de son réel ressentit du moment à Ginny sur la situation. Lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle partait avec leur enfant, il n’avait su trouver les mots à l’époque pour dire ce qu’il ressentait, la trahison qui parcourait ses veines, ce manque déjà présent alors que Ginny venait à peine de passer le pas de la porte. Il n’avait su la retenir, trouver les mots qui l’aurait rassuré et convaincu de rester encore un peu plus longtemps pour qu’il puisse la serrer une dernière fois dans ses bras, voire même qu’il puisse la convaincre de rester et de s’opposer à ses parents. Il n’avait su lui courir après, car il ne comprenait pas sa décision de suivre ses parents à l’époque. Et aujourd’hui encore il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas qu’une ou deux personnes puissent guider, non diriger votre vie de la sorte. Alors il n’osait regarder Ginny en ce moment même, car malgré tout, tous ces sentiments ressortaient. Oui, ça faisait du bien de parler enfin de ça, de cette situation merdique dans laquelle ils semblaient toujours être malgré le temps passé. Mais ça faisait aussi mal de voir réellement tout ce que vous avez perdu pendant cinq ans parce-qu’à l’époque vous n’aviez pas eu le courage de faire les choses bien. Ezra ne savait pas si Ginny allait réagir à ses paroles ou si maintenant elle allait juste le laisser en plan, le laisser là, seul une nouvelle fois, ne supportant pas ce qu’il venait oser de dire. Elle aurait ses raisons, il ne nierait pas, mais ça lui ferait encore plus de mal qu’après tout ce temps elle ne lui accorde même pas cinq minutes pour lui dire la vérité en face, pour accepter le fait qu’elle lui devait aussi la vérité. Alors, lorsqu’il entendit la voix de la jeune femme résonner à ses oreilles, une partie de lui fut soulager, même si ce qu’elle s’apprêtait à dire n’allait pas le mettre en joie une fois de plus. « Mes parents… Ils ont eu cette stupide idée de faire le contrat de mariage. Ils peuvent me reprendre Noah. Je t'avais déjà perdu toi. Je voulais pas le perdre non plus. » Je t’avais perdu toi… Ezra ne savait pas ce qu’il devait s’autoriser à ressentir et à répondre ce moment là. D’un côté, comme un idiot et comme à chaque fois que Ginny sortait une phrase plutôt gentille à son égard, il ne pouvait s’empêcher d’avoir un léger loupé cardiaque, comme si son coeur s’en foutait royalement de la situation dans laquelle il mettait son propriétaire en le faisant ressentir ça. Mais de l’autre, c’était toujours la même histoire. Les parents, les parents, toujours les parents McGrath. Ezra secoua la tête, passa une main dans ses cheveux, avant de soupirer. Il ne releva pas le regard vers Ginny car il ne s’en sentait pas capable pour le moment. L’énervement et la frustration qu’il avait ressenti lorsqu’il avait parlé plus tôt étaient toujours présents, et il ne voulait pas que la situation s’arrête ici, bien qu’il se disait n’avoir rien à perdre. Idiot, il était, de vouloir garder cette conversation vivante parce-que c’était elle, et que malgré tout ce n’était pas rien, ça n’avait jamais été rien pour lui. « Tes parents… Ils ont toujours eu le dos large, je sais, mais Ginny tu aurais pu refuser. Tu aurais pu rester ici malgré leurs idées à la con de garder leur foutue réputation inexistante intacte. Tu aurais pu choisir de vivre ta propre vie, tu aurais pu choisir Brisbane… Tu aurais pu me choisir… » Sa dernière phrase, il la prononça dans un soupire, à demi-audible. Il ne savait pas pourquoi il venait de dire ça, pourquoi il venait de prononcer certaines de ses plus profondes pensées à voix haute. ll ne voulait pas que Ginny voit toujours le garçon brisé en lui. Il l’avait déjà bien assez montré, il voulait lui faire voir maintenant qu’il saurait se détacher d’elle si c’était ce qui était juste. Mais ce n’était que des mensonges. Comment faire pour agir à contre courant de ce que vous ressentez réellement ? Même s’il n’aimait pas montrer ses sentiments en publique, Ezra n’avait jamais été un menteur, il ne le serait probablement jamais. Surtout pas envers elle. Toujours la même rengaine. Il reprit la parole d’une voix presque normalement audible par la suite, toujours légèrement sèche, il n’arrivait pas à enlever cette amertume qu’il ressentait au fond du coeur, mais de moins en moins sèche tout de même. « Je ne t’aurai pas abandonné moi, je serai resté à tes côtés, je t’aurai aidé. Au lieu de ça, tu m’as laissé pour mort ici. Je t’en ai voulu, Ginny. Je t’en ai tellement voulu… » Un petit rire nerveux s’échappa alors de ses lèvres. Nerveux et triste en même temps. Ces souvenirs… Il n’aurait pas voulu les ressortir aussi facilement, les revivre aussi rapidement. Cinq années, ça peut être long, extrêmement long même quand l’être que vous chérissiez tant est loin. Mais les émotions, elles, restent toujours réelles malgré tout, malgré le temps passé, malgré la vie qui continue. Ezra était en train d’en payer la triste vérité.

La brune avait essayé de se justifier. De lui expliquer pourquoi c'était un autre homme qui avait pris la place de père dans l'esprit du petit garçon. Ses parents. Eux et leurs stupides idées. Eux qui pensait que Ginny allait apporter la honte sur leur famille à cause de cette grossesse. Ils étaient loin d'être heureux quand ils avaient appris la nouvelle. Pas vraiment la réaction ordinaire. Ils auraient pu être heureux de voir leur fille l'être. Cela avait été tout le contraire. « Tes parents… Ils ont toujours eu le dos large, je sais, mais Ginny tu aurais pu refuser. Tu aurais pu rester ici malgré leurs idées à la con de garder leur foutue réputation inexistante intacte. Tu aurais pu choisir de vivre ta propre vie, tu aurais pu choisir Brisbane… Tu aurais pu me choisir… » La jeune femme se mordait légèrement les lèvres. Elle aurait pu le choisir. Elle aurait pu aller contre les idées de ses parents et rester avec Ezra. Vivre la vie qu'elle a toujours voulu avec lui. Mais non. Elle avait tout gâché. Elle était partie. Laissant filé cette vie qu'elle rêve encore. La brune n'arrivait pas à parler. Le contredire ne servait à rien. Elle restait donc silencieuse, lui prouvant que durant toutes ces années de séparation étaient en grande partie de sa faute. Même si, durant ses cinq années, elle s'attendait à le voir débarquer pour mettre fin à cette situation. Ils étaient tous les deux fautifs. Ginny plus qu'Ezra c'est vrai. « Je ne t’aurai pas abandonné moi, je serai resté à tes côtés, je t’aurai aidé. Au lieu de ça, tu m’as laissé pour mort ici. Je t’en ai voulu, Ginny. Je t’en ai tellement voulu… » Elle poussa un léger soupir. Oui, sans doute que ça serait passer ainsi. Elle osa lever le regard vers Ezra. Il lui en voulait. C'était totalement compréhensible. « J'avais peur. » dit-elle faiblement. Elle n'avait que vingt ans. Avoir un enfant aussi jeune n'était pas dans ses plans. Et tout s'était bousculé dans l'esprit de la jeune femme. Ezra lui avait bien dit que tout irait bien. Peut-être qu'elle aurait dû l'écouter. Résister à ses parents. Mais est-ce que tout aurait été pareil, lorsqu'ils auraient su que leur enfant était malade. Est-ce que tout aurait été pareil ? Peut-être qu'au final, cela les aurait séparé. Ce n'était que des hypothèses. Peut-être que tout était faux. Mais il était trop tard pour le savoir. « Je m'en suis voulue aussi. Dès fois, je rêvais de prendre mes affaires. De partir avec Noah et revenir. Mais j'avais trop peur. » dit-elle, alors qu'elle baissa à nouveau la tête, légèrement honteuse. Avoir peur, ce n'était pas normalement dans le caractère de la jeune femme. Elle avait déjà tenté de tenir tête à ses parents. Elle avait déjà connu la foudre de leur colère. Et ça ne l'avait pas dérangé. Mais là, elle n'était plus seule. Noah était là. Et la peur qu'elle avait, ce n'était pas pour elle, mais pour son fils. Elle ne voulait pas qu'il souffre à cause de ses actes. Il était innocent. Totalement innocent. Il n'avait pas besoin de ça en plus. Et puis, il y avait Ezra. Si elle n'avait pas suivi la décision de ses parents, la brune était quasiment certaine qu'ils lui auraient fait vivre un enfer. Une chose de plus qu'elle ne voulait pas. Elle inspira profondément avant de reprendre la parole, et surtout d'avoir le courage de croiser son regard. « Tu dois me détester. Je le comprend. Je ne demandais pas à être pardonnée. » Sans doute que jamais elle ne pourrait l'être. Ginny lui avait bien trop fait de mal pour ça. Elle avait tout gâché. « Mais n'en veut pas à Noah. Il n'y est pour rien. Pour le moment, il n'est pas au courant de toute l'histoire. Mais je ne veux pas qu'il vive dans ce mensonge éternellement. Je sais pas comment, mais je veux qu'il sache que tu es son père. » Autant dire que pour le moment, c'était compliqué. Elle improvisait. Peut-être que cela allait marcher. Peut-être que non. Cinq ans qu'elle mentait et c'était déjà beaucoup trop.

La voix que Ginny prit pour s’adresser à lui était faible, comme si elle prononçait ses mot du bout des lèvres. « J'avais peur. Je m'en suis voulue aussi. Dès fois, je rêvais de prendre mes affaires. De partir avec Noah et revenir. Mais j'avais trop peur. » Ezra ne pouvait voir, la tête baissée comme il l’avait, la position honteuse que Ginny abordait à ce moment là. Non, il était encore trop écoeuré pour réussir à la regarder de nouveau, de suite. Il tentait déjà de ne pas partir en courant, il y arrivait presque bien, c’étaient déjà assez d’efforts. Il voulait que cette conversation aille jusqu’à son terme, il voulait que pour une fois, ils se parlent réellement, voire même se parlent tout court vu qu’ils n’avaient eu aucune communication pendant les cinq dernières années. Alors il s’abstint de tout commentaire sur ce que Ginny venait de dire, sinon il sentait qu’il allait une fois de plus s’énerver - et ce n’était pas le but. Il devait garder son calme, même s’il bouillonnait intérieurement et qu’il pouvait éclater à tout moment. « Tu dois me détester. Je le comprend. Je ne demandais pas à être pardonnée. Mais n'en veut pas à Noah. Il n'y est pour rien. Pour le moment, il n'est pas au courant de toute l'histoire. Mais je ne veux pas qu'il vive dans ce mensonge éternellement. Je sais pas comment, mais je veux qu'il sache que tu es son père. » Alors lentement, très lentement, Ezra fit des efforts sur lui même pour relever sa tête et son regard vers la jeune femme. Très lentement, ses yeux vinrent accrocher les siens, alors que le reste de son corps était en combat contre lui même pour ne pas se lever et exploser de colère. Il y avait tellement de mots qui se bousculaient dans la tête d’Ezra en ce moment même, tellement de mots qui voulaient sortir mais qu’il tentait de contenir parce-qu’il ne fallait pas qu’il soit aussi cruel avec elle. Malgré tout ce qu’elle avait pu lui faire, être cruel n’était pas réellement dans les habitudes d’Ezra. Pas consciemment, en tous cas, et pas avec Ginny. Elle restait ce petit bout de femme fragile qu’il avait rencontré des années auparavant et pour qui il aurait tout donné, jusqu’à sa propre vie. Regardez où ils en étaient. Des promesses d’avenir et de futur côte-à-côte envolés en une nuit, cinq ans auparavant. Tous les mots qui avaient pu être prononcés l’un envers l’autre, ces mots d’amour et de tendresse, envolés. Tous ces moments volés au temps pour pouvoir profiter de la personne chérie, disparus. Tous ces souvenirs qui revenaient par flash en mémoire à Ezra, tous ces souvenirs jetés depuis longtemps aux oubliettes qui refaisaient surface comme par réflexe. Cela poussa Ezra a enfin réagir. Il fallait qu’il fasse quelque-chose, de toutes façons, il ne pouvait pas rester là sur son fauteuil à la regarder. Très lentement, aussi lentement qu’il avait levé son regard vers elle, il se leva du fauteuil et s’approcha une énième fois d’elle. Il s’approcha tellement que ses lèvres vinrent effleurer l’oreille de la jeune femme, le souffle d’Ezra venant en contact avec l’orifice lorsqu’il respirait. Il se contenait tellement de ne pas hurler sa colère au monde que lorsqu’il prit la parole, sa voix était digne des meilleurs films d’horreur - bien qu’il n’aurait pas voulu avoir cet effet flippant, il se laissa aller. « Je t’ai tellement détesté, Ginny. Je t’ai détesté à m’en détester moi-même et le monde entier. Je me suis détesté de t’aimer autant, que ton départ ruine autant ma vie. La pardon serait trop gentil par rapport à tout ce que tu as pu me faire ressentir, tout ce temps que j’ai souffert de ton absence, de ton départ. Noah n’a rien à voir dans cette histoire, il doit garder son esprit d’enfant tant qu’il le peut encore. Mais en ne lui avouant pas la vérité, tu l’as mêlé malgré lui à nos histoires. C’était ton choix. Maintenant, moi j’en ai marre de me faire prendre pour un con, alors la prochain fois que tu oseras m’adresser la parole, j’espère que ce sera pour me dire qu’il est au courant. Je vais aller voir Noah, seul, et je lui dirai rien. Je lui dirai pas que je suis son père. Parce-que je pense pas que ce soit à moi de lui dire. Et je compte revenir le voir dès que j’en aurai l’occasion, même si ça me fait mal de ne pas pouvoir voir dans son regard qu’il me reconnait. En revanche, si je croise l’autre gros con qui prétend être son père alors que je suis dans les parages, je te promets de gentiment le remettre à sa place. Et n’essaies pas de m’en empêcher. » Il déglutit tant bien que mal. Il venait enfin de dire ce qu’il avait sur le coeur. Il avait même beaucoup trop parlé, mais il s’en fichait. Il écarta alors son visage de l’oreille de Ginny, le parfum de la jeune femme commençant déjà à lui monter à la tête. En ce moment même, il avait autant envie de lui briser le coeur comme elle lui avait fait que de l’embrasser et de retrouver la chaleur de son corps sans plus attendre. Tellement de sentiments contradictoires en lui qui montraient bien que la situation n’était pas normale, et qu’il faudrait la régler rapidement. Mais pour le moment, Ezra n’en pouvait juste plus. Il voulait pouvoir aller voir le visage de Noah, pouvoir imprimer son visage d’ange à jamais dans sa mémoire et rentrer chez lui par la suite, se morfondre dans son canapé jusqu’à temps qu’il daigne être l’heure de retourner travailler le lendemain.

Ce n'était pas quelque chose qui était facile. Ginny le savait très bien. Cela aurait bien trop beau de revenir à Brisbane, voir que rien n'avait changé. Voir qu'Ezra ne lui en voulait pas de tout ce qu'elle avait pu faire, de son abandon, de sa trahison. Oui, cela aurait été bien trop beau. Alors oui, elle lui avait honteusement qu'elle avait eu peur. Qu'elle aurait très bien pu aller contre l'avis de ses parents et retourner à ses côtés. Vivre une vie de famille comme ils avaient pu l'espérer au début de la grossesse de la brune. Au lieu de ça, elle avait choisi la lâcheté. Et elle regrettait amèrement. Il pouvait la détester. La haïr même. Elle pouvait le comprendre. Mais ce qu'elle ne voulait pas, c'est que ce qu'il peut ressentir à l'égard de la brune se répercute sur son fils. Il était innocent. Il ne devait être victime de ses erreurs. Et elle allait réparer ça. Elle ne savait pas comment, mais elle allait le faire. Et Ezra avait doucement lever le regard vers la jeune femme. La brune ne lâcha pas ce regard. Et elle le vit se lever aussi doucement de sa chaise. Elle sentait son cœur battre de plus en plus vite, alors que sa respiration était de plus en plus lente. Elle avait cette impression que tout allait au ralenti lorsqu'il s'approchait d'elle. Petit à petit. A chaque pas, elle avait cette sensation que son cœur était sur le point de lâcher. Est-ce qu'il allait se mettre en colère, la laisser exploser dans cet hôpital. Elle s'y attendait. Au lieu de ça, le visage d'Ezra se rapprochant doucement d'elle. La jeune femme senti ses joues légèrement chauffés. A présent, elles devaient être légèrement rosées. Et les lèvres se retrouvèrent rapidement coincées entre les dents de la jeune femme. Et il se rapprochait encore. A un point, qu'elle pouvait sentir le souffle du garagiste contre sa peau. Le visage d'Ezra n'était pas en face du sien, mais légèrement décalé, sa bouche près de l'oreille de la brune. Et elle attendait qu'il prenne la parole, redoutant presque les mots qu'il allait prononcer. « Je t’ai tellement détesté, Ginny. Je t’ai détesté à m’en détester moi-même et le monde entier. Je me suis détesté de t’aimer autant, que ton départ ruine autant ma vie. La pardon serait trop gentil par rapport à tout ce que tu as pu me faire ressentir, tout ce temps que j’ai souffert de ton absence, de ton départ. Noah n’a rien à voir dans cette histoire, il doit garder son esprit d’enfant tant qu’il le peut encore. Mais en ne lui avouant pas la vérité, tu l’as mêlé malgré lui à nos histoires. C’était ton choix. Maintenant, moi j’en ai marre de me faire prendre pour un con, alors la prochain fois que tu oseras m’adresser la parole, j’espère que ce sera pour me dire qu’il est au courant. Je vais aller voir Noah, seul, et je lui dirai rien. Je lui dirai pas que je suis son père. Parce-que je pense pas que ce soit à moi de lui dire. Et je compte revenir le voir dès que j’en aurai l’occasion, même si ça me fait mal de ne pas pouvoir voir dans son regard qu’il me reconnait. En revanche, si je croise l’autre gros con qui prétend être son père alors que je suis dans les parages, je te promets de gentiment le remettre à sa place. Et n’essaies pas de m’en empêcher. » Et son cœur s'arrêta de battre durant un second. Elle avait l'impression qu'elle se mordait les lèvres, jusqu'à les avoir en sang. Elle sentait les larmes qui commençaient à monter au coin de ses yeux. Ces paroles, elle les méritait. D'un certains sens, elle s'était préparée mentalement à ça. A ces potentiels mots. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Entre penser être prête et l'être réellement, il y avait une différence. Et elle l'était en train de le vivre. Chaque mots prononcé par Ezra était comme un coup de couteau en plein cœur. Sa respiration se coupait. L'envie de pleurer était là. Mais elle se retenait. Parce que c'était ce qu'elle méritait. Parce que c'était sa punition. Elle se recula d'un pas, essayant de croiser son regard. Elle acquiesça lentement la tête pour éviter de parler. Pour éviter de craquer et de fondre en larme. De toute façon, ça ne servirait à rien maintenant. Elle devait être forte. Au moins encore un peu. Le temps qu'Ezra soit encore avec elle. Et dès qu'il partira, qu'il s'éloignera de la jeune femme pourra alors laisser couler ses larmes et de laisser tomber cette carapace qu'elle essaye de faire tenir depuis déjà cinq ans.

Le temps semblait comme suspendu tout le temps où Ezra avait pris la parole et c’est seulement quand il finit de parler et qu’il recula légèrement son visage que le décor autour sembla reprendre vie normalement. Ils restèrent quelques secondes tous les deux ainsi, à ne pas bouger, beaucoup trop près l’un de l’autre. Et finalement Ginny finit par faire un pas en arrière, s’écartant d’Ezra. Son regard vint chercher celui du jeune homme et il put y déceler de la tristesse. Cependant, il n’en était même pas désolé. Il l’aurait voulu l’être, il n’aimait pas être aussi cru avec les gens, mais il n’y arrivait tout simplement pas car ça lui faisait beaucoup trop de bien d’être enfin honnête avec tout le monde, lui y compris. Il s’était libéré en disant ces mots, il se sentait plus léger maintenant, si bien que lorsqu’il reprit la parole, sa voix était légèrement plus douce. Toujours autant agacée cependant, ça ça n’était pas parti. « Attends moi ici, je repasserai par là quand j’aurai fini avec Noah, tu sauras quand j’aurai quitté les lieux au moins comme ça. Il doit encore dormir alors je ne vais pas en avoir pour longtemps. » Alors, quittant la jeune femme des yeux, il partir en direction de la chambre de son fils. Son fils. Il allait enfin le voir, après tant d’années. Il n’allait sûrement pas pouvoir lui parler, mais au moins il saurait à quoi ressemblait son doux visage. Il allait pouvoir mettre une image sur ce petit garçon qu’il tentait d’imaginer depuis des années. Il allait enfin voir à quoi ressemblait son sang, sa chair, celui pour qui il ferait n’importe quoi alors qu’il ne l’avait pas encore rencontré. Ezra s’arrêta dans sa course à quelques mètres de la porte de la chambre. Il avait besoin de se calme un peu. Car s’il avait tord et que le petit garçon était réveillé, il ne pouvait pas arriver avec toute cette colère qui l’animait dans la chambre. Non, il fallait qu’il tente d’être le plus zen possible malgré les circonstances. Noah n’avait rien fait et ne méritait pas de voir son père pour la première fois de sa vie alors qu’il était en colère - même s’il ne saurait pas qu’il était son père. Non, Ezra chassa ses pensées et se concentra pendant quelques instants sur des choses plus joyeuses, comme sa famille, ses neveux, sa nouvelle nièce. Il fallait qu’il pense à ces petits êtres plein d’énergie qui donnait envie d’être heureux, qui donnait envie de faire des efforts. Et quelques instants plus tard, Ezra se sentait enfin assez apaisé pour entrer dans la chambre. Il jeta alors un regard à l’intérieur de la pièce, et il put de nouveau voir cette frêle silhouette qui était allongée dans le lit. Noah n’avait pas bougé et semblait dormir toujours autant profondément. Il entra alors aussi silencieusement qu’il le put et s’avança jusqu’au lit. Et plus il avançait, plus il pouvait voir les machines qui entouraient le gamin. C’était impressionnant, et c’était tout autant affreux de voir ça. Comment un enfant de cet âge pouvait mériter de vivre comme ça ? Il n’avait rien fait pour mériter ça non. Ezra ressentait alors pour la première fois clairement ce besoin animal, de protection envers sa progéniture. C’était bizarre autant qu’agréable à ressentir. Il avait l’impression qu’il devenait plus fort pour résister pour quelqu’un d’autre. Mais en même temps, il se sentait tellement faible et impuissant face à cette maladie qui semblait le ronger de l’intérieur. Il réussit à marcher jusqu’au fauteuil qui se situait à côté du lit, où il s’assit avec difficulté. Il sentait les larmes monter alors qu’il posait lentement son regard sur le visage de son fils. L’enfant dormait paisiblement, et il semblait à Ezra qu’il n’avait jamais vu quelque-chose d’aussi magnifique. Ce n’était absolument pas une pensée objective, mais c’était pourtant tout ce qu’il ressentait en ce moment même. Il ressemblait à sa mère aussi, et c’était peut-être ce qui frappa le plus Ezra. Il avait l’impression de revoir des trais de Ginny lorsqu’elle était plus jeune. Il avait l’impression de revoir ces photos de famille qu’elle avait rangé dans des coffres, dans sa chambre de gamine. Et pourtant, certains traits de l’enfant n’appartenaient pas à la jeune femme. Non, certains traits lui rappelaient d’autres photos, situés dans d’autres albums, ceux de que son père gardait chez lui. Des photos de la fratrie Beauregard lorsqu’ils étaient petits. Il se souvenait particulièrement d’une photo qu’il avait retrouvé un jour, de sa mère et lui alors qu’il avait pas loin de quatre ans, juste avant qu’elle ne quitte ce monde. Noah avait de ses traits, et au moment où il le comprit, il laissa une des larmes qui menaçait de s’échapper depuis le début descendre le long de sa joue. Celle là, Ginny n’aurait pas le plaisir de la voir. Et puis, voir son fils pour la première fois, c’était plutôt une bonne raison de ne plus être fort et d’abaisser des barrières. Ezra resta alors là, assis, à regarder Noah pendant un temps qui lui sembla tellement rapidement et tellement lent à la fois. Il ne prit pas la peine de regarder l’heure, il s’en fichait, il savait qu’il pouvait profiter de ce moment, imprégner à jamais dans sa mémoire le visage de ce petit bout d’homme. Il savait aussi que Ginny ne viendrait pas le déranger, et si l’autre con venait, il ferait comme il l’avait promis à Ginny: il le remettrait à sa place. Cependant, même s’l aurait aimé rester encore des heures là, il savait qu’il ne pouvait pas rester indéfiniment. Le garçon finirait par avoir besoin de traitements ou quelque-chose en rapport avec sa maladie, et Ezra devrait être parti à ce moment là. Tant que Ginny n’aurait pas fait l’effort de dire la vérité à Noah, il ne voyait pas l’utilité que le monde entier sache qu’il était venu ici. C’était un facteur de risque que Noah apprenne cette nouvelle plus rapidement que prévu. Se levant alors du fauteuil, soupirant, il hésita un instant avant de quitter la chambre puis se laissa aller à un geste qu’il avait eu envie de faire puis qu’il était arrivé dans la chambre. Il se pencha vers le gamin et vint déposer un baiser sur son front. Rapide, mais contenant tout l’amour qu’Ezra était capable d’éprouver à son égard. Le petit bonhomme bougea légèrement au contact des lèvres d’Ezra sur son front mais ne se réveilla pas pour autant. Ezra sortit alors doucement de la chambre, aussi silencieusement qu’il était rentré, tirant la porte sur son passage. Et soupira un grand coup, se passant les mains sur le visage lorsqu’il sortit de la chambre. Bordel. Il venait, enfin, après cinq ans d’ignorance, rencontrer son fils, voir son visage. Il en avait les mains qui tremblaient, et maintenant il ne voulait qu’une chose, c’était rentrer chez lui pour pouvoir ressasser ce moment tranquillement, analyser les faits, et comprendre ce que Ginny venait de lui avouer aussi. Ginny… Elle devait toujours l’attendre dans la salle café, et rien que de penser qu’il devait revoir le visage de la jeune femme avant de s’en aller fit remonter quelques amertumes au sein du jeune homme. Mais il lui avait dit qu’il repasserait par là, alors il se mit en route vers cette fameuse pièce. Et elle était bien là, dos à lui et face au paysage que lui offrait la baie vitrée, une vue imprenable sur une partie de Brisbane. Il vint alors se planter à côté d’elle, ne lui adressant ni la parole ni un regard. Il ne savait pas pourquoi il ne s’était pas contenté de lui dire qu’il partait et de réellement partir directement derrière. Malgré qu’il la détestait plus que tout en ce moment même, le fait de savoir qu’elle n’était pas loin de lui lui donnait envie d’être proche d’elle - comme quoi les sentiments étaient toujours plus forts que les émotions.

C'était un mauvais moment à passer. Elle se doutait qu'elle devait en arriver là. A traverser ce moment difficile. Elle devait faire avec les mots durs d'Ezra. Une vilaine étape à endurer. Si elle devait sans doute choisir entre son accouchement et le moment qu'elle était en train de vivre pour savoir ce qui faisait le plus mal, elle n'hésiterait pas une seconde et répondrait que c'est ce qui se passait actuellement. Oui, elle avait souffert en mettant au monde Noah, mais cette douleur était vite partie lorsqu'elle a tenu son fils entre les bras. Mais là c'était différent. Le regard. Le ton de la voix d'Ezra. Ces paroles. Bien sûr que ça la blessait. Et ça à chaque fois qu'elle repensera à ce moment, elle ressentira cette douleur. Mais elle devait faire avec. Et elle se retenait de pleurer. Ce n'était pas le bon moment pour le faire. « Attends moi ici, je repasserai par là quand j’aurai fini avec Noah, tu sauras quand j’aurai quitté les lieux au moins comme ça. Il doit encore dormir alors je ne vais pas en avoir pour longtemps. » Une nouvelle fois, elle acquiesça légèrement la tête. Elle aurait aimé être présente lors de ce moment. Voir comment Ezra réagit en rencontrant pour la première fois son fils. Elle aurait voulu garder ça en mémoire. Mais elle savait que ça serait mal venue de sa part. Surtout après ces révélations. Alors, elle le laissait y aller seul. C'était aussi sans doute mieux ainsi. Et il était parti. Elle sentait son éloignement. Et lorsqu'Ezra était enfin parti, loin d'elle, la jeune femme poussa un long soupir, sentant qu'elle commençait à craquer. Mais elle ne devait pas. Elle s'était installé sur un des fauteuil. Elle ferma lentement les yeux et se concentrait lentement sur sa respiration. Normalement, cela la calmait. Normalement. Mais là, c'était différent. Impossible pour elle de se calmer. Alors, elle tenta autre chose. Son regard s'était posé sur le paysage qu'elle avait en face d'elle. Une vue sur Brisbane. Au moins, une partie de la ville. Et Ginny commençait doucement à devenir de la nostalgique. Elle commençait à repenser à sa vie d'avant. Lorsqu'elle était adolescente. Quand elle a rencontrer Ezra. Tout les moments de bonheur qu'elle avait pu avoir avec lui durant ces quelques années où ils étaient ensemble. Ces quelques années où elle était parfaitement heureuse. Où elle n'avait pas à se forger cette carapace. Où elle pouvait être elle-même. C'était trop. Beaucoup trop. Elle n'arrivait plus à être forte. Ginny avait emmagasiné depuis trop longtemps. Elle n'arrivait plus à se montrer forte. Alors doucement, elle senti une larme couler le long de sa joue. Elle tenta d'enlever cette larme. Mais dès qu'elle en enlevait une, une autre la remplaçait immédiatement. Durant quelques minutes, elle n'arrivaient pas à stopper cette crise de larmes. De longues minutes. Elle détestait être ça. Elle avait l'impression d'être faible pour Noah. Et en même temps, avoir pleuré ainsi ça la rendait plus forte, en quelques sortes. Et voilà, après ces longues minutes qu'elle s'était arrêtée. Les yeux légèrement rouge. Ses joues marqués par les larmes. Et c'est forcément à ce moment-là, qu'il y avait quelqu'un qui s'était installé à ses côtés. Ezra était de retour. Qu'est-ce qu'elle devait faire. Croiser son regard. Lui parler. Mais que lui dire. « Noah dort encore ? » C'était la seule question qui lui est venu. La jeune femme avait aussi pris soin de ne pas croiser directement son regard.

Ils devaient avoir l’air un peu idiots tous les deux, ici, devant cette baie vitrée. A ne pas se regarder. Et pourtant, c’est sûrement la seule chose qu’ils étaient capables de faire. Ezra ne savait pas dans quel état se trouvait Ginny, si les mots qu’il lui avait prononcé tout à l’heure avait eu un effet sur elle ou quelque-chose, car il n’avait pas voulu lui jeter un seul regard à partir du moment où il avait commencé à dire ce qu’il avait sur le coeur. Il espérait qu’il avait réussi à la toucher un minimum, qu’elle aurait compris dans quel état lui se trouvait. Bien sûr, c’était une question qu’il ne lui poserait jamais directement, question de fierté. C’est d’ailleurs Ginny qui mit fin à ce silence infernal. Ezra de son côté ne l’aurait probablement pas fait, d’une parce-qu’il ne savait pas à quel point il était toujours énervé contre la jeune femme, et s’il aurait su quoi lui dire. Et puis, raison la plus importante de tous à ses yeux, il ne pensait pas que c’était à lui de faire le premier pas cette fois ci. C’était qu’il était un peu têtu lorsqu’il s’y mettait aussi. « Noah dort encore ? » Une question simple. Un peu trop simple au goût d’Ezra, qui se contenta en une premier temps de serrer ses mâchoires. Il ne prenait pas la peine de lancer un regard direct en direction de la jeune femme, il n’avait pas l’envie de le faire. Surtout que du coin de l’oeil, il put voir qu’elle avait plus ou tourné son regard vers lui - et s’il voyait de la haine dans son regard en le croisant ? De la tristesse ? Ou toute autre chose ? Il ne saurait comment il réagirait, il ne se reconnaissait plus parfois lorsqu’il était avec elle. Lui qui ne s’énervait que rarement, il était un bouillon de colère depuis presque une heure maintenant à ses côtés. Il mit donc un petit temps avant de répondre à la question de Ginny, alors qu’il savait très bien la réponse. N’importe quelle personne passant dans les alentours auraient pu limite répondre à cette question, mais Ezra voulait être sûr de prendre un ton plutôt neutre en répondant, il avait déjà été assez clair sur son ressentit par rapport à la jeune femme. « Oui, il dort encore, et profondément. Il ne saura même pas que je suis passé, tu n'as pas à t’en faire. » Aucune colère, aucune joie, aucune tristesse n’avait transparu dans la voix du jeune homme. Rien. Il avait réussi à lui répondre d’une façon on ne peut plus neutre. Un exploit. Mais maintenant, il savait qu’il devait partir, qu'il devait laisser son fils prendre tout le repos dont il avait besoin, et Ginny peut-être reprendre ses esprits si elle avait besoin. Il commença à jouer nerveusement avec ses mains avant de prendre la parole - il en avait marre de ne pas savoir comment se sentir auprès de Ginny. Il fut un temps où il n’avait même pas à se poser la question, tout était naturel, tout était normal entre eux deux. Bordel, que c’était le bon temps, une autre époque qui semblait si lointaine maintenant. Il finit par soupirer. « Je repasserai voir Noah. Je sais pas quand encore, je te tiendrai au courant. Mais peut-être pas tout de suite, j’ai… Besoin de prendre du temps pour moi là. » Il se leva du fauteuil où il s’était assis pour s’installer aux côtés de Ginny. Toujours regardant en direction du paysage de la baie vitrée. Et alors seulement, seulement lorsqu’il dut se retourner pour se mettre dans une trajectoire vers la sortie, il croisa enfin le regard de Ginny. Elle avait les yeux rougis, ils pouvaient les voir à des kilomètres - il ne les connaissait que trop bien. Elle avait d’ailleurs la tête qu’elle avait lorsqu’elle était plus jeune et qu’elle s’engueulait trop avec sa meilleure amie - ou pire, le jour où elle était venue dire à Ezra qu’elle partait. Il ressentit un moment frisson dans le dos au moment où il repensa furtivement à ce mauvais moment. Cependant, le problème qu’il avait maintenant, c’est comme il avait vu qu’elle n’allait pas bien, une bonne partie de la colère qu’il pouvait ressentir à son égard jusque maintenant c’était envolée et avait laissé place à son coeur qui se serrait de voir la femme pour qui il éprouvait toujours quelque-chose de fort dans cet état. Il était désemparé. S’en aller et faire comme si de rien n’était ou rester et dire quelque-chose pour la réconforter, faire en sorte qu’elle aille mieux ? Ezra était têtu, mais était et surtout faible face à cette bouille d’ange qu’était Ginny. Soupirant alors, mais cette fois ci plus tristement, il vin s’accroupir en face du fauteuil où était assise Ginny, plantant son regard droit dans le sien. « Tu peux déballer ce que tu as sur le coeur aussi tu sais. »