e mange de la viande oui » Je me rends compte que ça me fait une belle jambe en ouvrant le frigo. Pas de trace d’une quelconque viande. Je pense que je ne vais pas aller bien loin. Je m’étais pourtant promis d’aller faire les courses aujourd’hui. Mais une fois de plus je pense que je vais glisser une petite liste à Liv qui va s’en occuper pour moi. Elle me sauve la vie il n’y a pas à dire. « fais ce qui te fait envie, je m’adapte facilement » Je n’ai pas envie de me planter cette fois, j’ai compris mon erreur avec le vin. De toute évidence on a pas vraiment les même goûts et je n’ai pas envie de passer pour le goujat de service qui lui impose mes choix sous prétexte que je l’ai invité. Maintenant qu’on est tout le deux dans la cuisine je commence à me demander quelle mouche m’a piqué. Je ne suis pas un grand cuisinier et en plus je la connais à peine. Si ça se trouve on aura rien à se dire. Elle va me trouver lourd et elle viendra même plus garder Mathis alors que mon fils l’adore. Toutes ces pensées me traversent l’esprit à une telle vitesse que j’ai à peine le temps de les intercepter alors que j’ouvre l’armoire pour sortir les pâtes. « Allons-y pour les pâtes au saumon, c’est sans doute ce que j’ai le moins de chance de louper. » Je rigole un peu pour tenter tout de même de lui faire comprendre qu’il ne faut pas qu’elle s’attende à un grand festin.
« Ne t’inquiètes pas pour moi, l’eau fera très bien l’affaire » Je lui sourie puis retourne à mon histoire. Sortir une casserole, un poêle, le saumon qui heureusement pour moi est encore dans les dates. Je m’active un peu non sans lui glisser un petit verre d’eau avec un sourire amusé. Un peu honteux tout de même de n’avoir rien de mieux à lui proposer. « Si j’avais su que j’aurais une charmante compagnie ce soir, j’aurais au moins fait quelques courses. » Mais je suis quand même heureux qu’elle soit restée. Et puis c’est ce qui ressemble le plus à Jordan, un souper improvisé, sans chichi. J’ai dans l’idée qu’elle n’y verra pas d’objection. « Je sais qu’on a dit que j’étais un danger et que je devais toucher à rien, mais je peux au moins m’occuper de la salade ou d’autre chose ? J’aimerais bien t’être utile » « Va pour la salade alors. » Je ne vais pas refuser un peu d’aide. « Tu peux la prendre dans le frigo. » Elle se dirige vers ce dernier et je la vois jeter un œil aux photos qui orne la porte. La plus part sont de ma famille, de Mathis, de quelques moments heureux de ma vie. Puis il y a LA photo de Ian. La seule, l’unique que je garde chez moi. Une photo de nous plus jeune, avant que l’on ne s’engage dans l’armée. La simple idée que Jordan puis me poser des questions à son propos me crispe un peu mais j’essaye de ne pas le laisser paraître. Ce n’est pas pour rien si il n’apparaît nul part d’autre dans ma maison. Le faite que j’ai un jumeau semble être une sujet de conversation fort passionnant. Jusqu’à ce que l’on apprenne son décès. Je lui jette un coup d’œil et il me semble que son regard se porte plus sur une photo de Mathis. « Il te manque déjà ? Un vrai loveur cet enfant ! » Elle tourne son regard vers moi et je lui adresse un petit sourire amusé. « Je dirais bien ‘comme son père’ mais ça serait mentir. » ‘loveur’ n’est de toute évidence pas un descriptif pour parler de moi c’est une certitude. Il n’y a qu’à voir la façon dont j’ai presque fait fuir Jordan.
La salade en main elle vient me rejoindre vers le plan de travail. « C’est une passion la cuisine chez toi ? » Un léger rire sort de ma bouche à sa question. « Pas vraiment non. » « Pour moi ça reste un sacré mystère » Au moins sur ce point je peux la comprendre. « Je ne suis pas vraiment habitué à cuisiner pour être honnête. » Quand j’étais avec Allie c’était la cuisinière du couple, en Afghanistan je n’ai jamais touché à la cuisine, la même chose avec Savannah et entre deux je m’étais plus ou moins laissé mourir de faim – au point que mon père m’apportait à manger pour être sûr que je ne meurs pas de faim. « Mais depuis que j’ai Mathis j’essaye de m’y mettre. Je me dis qu’il faudra bien quelqu’un pour lui cuisiner des bons petits plats quand il sera en âge. Je peux décemment pas le nourrir aux chips et au coca. » Pour être honnête même moi je préférais mourir de faim que de bouffer ça toute la journée, mais il y a des choses que j’ai meilleure temps de garder pour moi. « Alors je m’y suis mis. Et étonnamment je trouve que ça a quelque chose d’assez… Relaxant. » Un peu difficile de l’expliquer mais c’est un sentiment plutôt fort chez moi. « Quand je rentre d’une journée de travail avec des mecs qui se prennent pour des caïds parce qu’ils ont volé une banane dans un supermarché, je fais cuire mes petites pâtes et je suis tranquille. » Au final c’est une chose qui me plait dans la vie de célibataire. Le silence, le calme. Souvent entaché par les pleurs de Mathis mais ça c’est une autre histoire.
Je tends la main pour attraper un couteau et frôle celle de Jordan. Lorsque mon regard se relève vers elle, je me sens légèrement rougir. « Désolé je voulais juste le… Le couteau. » Le retour de l’adolescente pré-pubère super. Mais je me reprends vite cette fois. « Enfin j’imagine que dans la vie on trouve tous des moyens de se relaxer. J’ai cru comprendre que c’était le dessin pour toi ? » Ca me semble plutôt évidement mais je me trompe peut-être. « Et peut-être couper de la salade. » Je rigole une nouvelle fois. « Qui sait grâce à moi tu vas peut-être te trouver un nouvel échappatoire. » Je la taquine un peu me doutant que couper de la salade à peu de chance de devenir une passion pour elle.
j'suis sûre que ce sera très bon. Elle dit à sa remarque sur le fait que le plat finisse brûlé. Elle se dit que ça peut pas être pire qu'elle, un vrai danger public en cuisine, elle est parvenue à cramer des pâtes, par oubli, tête en l'air, elle zappe vite la casserole sur le feu. comme elle zappe beaucoup de choses en vrai. Avec le temps, elle s' est faite, elle n'y est pas douée, que peut-elle y faire ? c'est la vie, autant accepter son destin et de se concentrer ce qu'elle arrive à faire...pas grand-chose. Elle récupère le verre d'eau qu'il fait glisser devant et elle y trempe les lèvres, plus par obligation que par réelle soif. Elle n'a pas pu honorer son hôte avec le vin, elle se donne pour mission de le faire maintenant, surtout qu'elle se donne du mal. ne t'inquiètes pas ! Elle le rassure, ça ne la dérange pas, elle, abonnée aux plans plus qu'improvisés et à une simplicité de vie qu'il lui a bien réussi jusqu'ici. Surtout qu'elle s'impose chez lui, elle aurait tort de se plaindre de ce qu'il a à lui offrir. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle insiste pour se rendre un minimum utile et il accepte finalement. Sous ses directives, elle va chercher la salade dans le frigo et passe derrière l'évier pour se laver les mains, puis le légume. Curieuse, ses yeux vont en quête de ce qu'il y a autour, plus particulièrement des photos qui lui apprennent un peu plus sur le propriétaire des lieux. En réalité elle ne s'attarde pas sur ces visages inconnus et ses prunelles s'amourachent du petit Mathis tout sourire. je dirais aussi que son père Elle affirme avec un grand sourire, sincère. Elle trouve le gamin aussi beau que son paternel, différemment peut-être. Elle saisit ensuite le couteau par le manche et perd quelques secondes à l'observer, tentant de se souvenir la manière de s'en servir sans avoir à finir aux urgences. Autant a-t-elle proposé un coup de main avec assurance mais ses capacités inexistantes la rappellent à la réalité. Un véritable mystère comme elle l'a précédemment soulignée, une grande énigme. relaxant, vraiment ? Elle est étonnée, mais au fond pourquoi pas. C'est loin d'être son cas, elle doit se concentrer au maximum pour éviter de faire une bêtise et de paraitre trop incompétente. En somme, tous ses muscles sont tendus, surtout en sachant que sa main gauche est en danger. en tout cas, c'est super que tu y sois parvenu, à te mettre à la cuisine je veux et j'ai bien hâte de goûter ce que tu fais ! Elle lance avec entrain, un grand sourire sur les lèvres. Alors, elle prend sur elle et s'occupe de la salade, tout doucement, avec attention, en quête de symétrie. Bref tout ceci nécessite une profonde concentration et quand elle sent la peau de James effleurer la sienne, elle sursaute, à cause de la surprise. euh...oui, tiens Elle lui passe l'ustensile avec son sourire habituel, notant brièvement le comportement de James comme étrange, ou peut-être, elle ne le connait pas assez pour juger. Ou elle imagine des choses, on peut pas dire qu'elle soit douée pour comprendre les gens. pas vraiment elle répond quand il lui dit que le dessin la détend. C'est vrai que c'est important pour elle, presque naturel au même titre que respirer mais ce n'est pas ce qui la tranquillise vraiment. ce qui me relaxe en fait c'est danser, même si je suis pas très douée Un rire lui échappe, c'est vrai qu'elle a n'a aucun sens du rythme, sans doute fait-elle de la peine à ceux qui pourraient assister à ce spectacle navrant mais elle, ça l'amuse et c'est l'essentiel à ses yeux. Elle ne prévoit pas de devenir professionnel dans le domaine alors ça va. Toujours occupée par sa besogne, un moment d'inattention de quelques secondes fait dévier le couteau vers son index gauche qui subit une ligne horizontale. ouille ! Un petit cri, plus à cause de la surprise que de la douleur. Au fond, il fallait juste compter les minutes avant que que cela se produise, maladroite jusqu'au bout des ongles. Elle porte machinalement son doigt à sa bouche. bon je crois que c'est pas aujourd'hui que couper la salade deviendra une activité détente Elle se moque de sa bêtise, maladresse stupidité effarante, franchement, il n'y a qu'à elle que ça arrive. je suis vraiment désolée, je voulais t'aider un peu... Son expression change du tout au tour, se transformant en excuse, à savoir quelques plis sur le front et une lèvre inférieure malmenée. 'fin j'suis vraiment nulle, désolée elle passe vers l'évier pour passer la blessure sous l'eau. t'aurais un pansement ou quelque chose s'il-te-plait ? Elle a la sensation de pousser sa chance, d'abuser de son hospitalité et elle devine ses joues déjà rouges de gêne. désolée Encore et toujours, on dirait un vieux disque rayé ou un personnage secondaire abonné aux mêmes répliques.
'est étrange d’avoir une femme dans ma cuisine – en dehors de Liv évidement. Mais Jordan semble se mouvoir chez moi sans trop de gêne ce qui a quelque chose d’un peu rassurant – d’un peu confortable. Je la laisse faire – observer les alentours se faire sa place dans cette cuisine. Lieu qu’elle ne visite de toute évidence pas si souvent. Je m’étonne moi même de la laisser rentrer dans une certaine intimité sans que ça ne me gêne plus que ça – pire encore de l’y inviter. « Je dirais aussi que son père » Le compliment m’arrache un sourire un peu tendre et surtout un peu timide. Je l’aime bien cette fille – j’aime bien sa simplicité là façon dont elle vient se poser à côté de moi pour couper la salade comme si on était un vieux couple alors qu’en fait on se connaît si mal. Ca a quelque chose de charmant je ne peux pas le nier bien qu’elle m’affirme une fois de plus que la cuisine n’est pas son truc. Mais moi ça me relaxe et ça me plait. « En tout cas, c'est super que tu y sois parvenu, à te mettre à la cuisine je veux et j'ai bien hâte de goûter ce que tu fais ! » Je préfère ne pas en rajouter, mes talents culinaires n’étant pas si bon que ça j’ai peur qu’elle finisse pas être déçu du plat que je lui prépare. « J’ai tout intérêt à ne pas me louper alors. » Je rigole un peu alors que je finis de couper le saumon, allumant le feu à bonne température.
Quand ma main frôle la sienne je me sens rougir légèrement. C’est un peu gênant mais au fond ça a quelque chose de plutôt plaisant ressentir cette petite frénésie, cette adrénaline. Même si j’ai plutôt l’impression que je lui ai fait peur. « Euh...oui, tiens » J’attrape le couteau pour couper quelques oignons et le repose sur la planche tentant de revenir sur le sujet initial pour chasser mon léger malaise. « Pas vraiment, ce qui me relaxe en fait c'est danser, même si je suis pas très douée » Je m’étonne de cette réponse, jetant un coup d’œil à Jordan non sans me demander quel genre de danseuse elle est. « Ah oui quel genre de danse ? » Un sourire un peu amusé se dessine sur mon visage alors que je me décide à lui confier un de mes secrets d’enfant. « Tu vas peut-être pas le croire si je te le dis mais quand j’étais jeune j’ai fait de la danse de salon ! Et j’étais pas si mauvais en plus… Enfin mes frères se foutaient assez de ma poire pour me décider à arrêter. Mais qui sait j’aurais peut-être pu faire carrière sans eux. » Je rigole un coup parce que je dois bien être honnête je n’étais pas si bon que ça. Mon prof ne cessait de me dire que j’étais aussi raide qu’une planche. Mais je faisais tout de même des progrès. « Je pourrais peut-être mettre un peu de musique plus tard que tu me montre tes talents. » Je la taquine un peu cette fois me doutant qu’elle n’aura pas envie de danser seule mais d’un coup l’idée d’un fond sonore ne me semble pas si mauvaise. Promis pas de classique pour Jordan je pense que j’ai compris la leçon avec le vin… Jordan est un jeune – pense jeune James.
Perdu dans mes pensés je la lâche du regard quelque secondes. Mais assez pour que ça soit sa plainte qui me ramène à elle. « Ouille ! » Je grimace avant même d’oser tourner la tête pour voir le spectacle qui m’attend. « Bon je crois que c'est pas aujourd'hui que couper la salade deviendra une activité détente. » Le doigt dans la bouche elle baragouine quelques mots qui m’arrachent un sourire bien que je sois légèrement inquiet pour son doigt. « Je suis vraiment désolée, je voulais t'aider un peu... » Je lâchais ma cuisine pour me rapprocher un peu d’elle lui faisant sortir le doigt de la bouche pour observer un peu les dégâts. « C’est pas grave… » J’étais sincère mais de toute évidence Jordan se sentait d’un coup très coupable et embêtée ce qui m’étonnait un peu de sa part, se dirigeant vers l’évier elle me fit dos. « Fin j'suis vraiment nulle, désolée. T'aurais un pansement ou quelque chose s'il-te-plait ? » Je pouvais entendre dans sa voix un certain malaise qui me faisait un peu de la peine. « Je vais te chercher ça. » J’étais parti à peine quelques secondes, le temps de trouver de quoi désinfecter la plaie et la protéger. Revenant dans la cuisine j’avais tendu la main pour qu’elle me donne la sienne. « Fais moi voir. Je vais m’en occuper. Je suis un vrai chef scout. » M’asseyant face à elle sur la chaise j’avais posé le kit de soin proche de moi prenant délicatement sa main dans la mienne. « Ca a pas l’air trop grave. » Passant un coup de désinfectant dessus j’avais vite fait installé le pansement m’amusant un peu de m’occuper d’elle comme d’un enfant. « Désolée » Je relevais un nouvelle fois le regard vers elle cette fois avec un sourire. « Vraiment Jordan… C’est pas grave arrête de t’excuser. Ca arrive à tout le monde – même aux meilleurs. » J’avais fait remonter très légèrement ma main le long de son bras pour la poser dessus d’un geste un peu plus protecteur. « Je sais que tu voulais m’aider… Et c’est ma faute tu m’as dit que tu étais maladroite j’aurais pas du te laisser le couteau. » Un sourire sincère sur le visage j’avais fini par me lever. Sans trop savoir quoi penser de ce petit aparté. « Et si je te laissais le dressage de table plutôt ? » Directement une image d’assiette cassée m’avait traversé l’esprit mais j’avais envie de lui donner l’opportunité de se rattraper. « J’ai rien de trop précieux dans mes armoires à casser je te rassure. » J’étais alors retourné à ma cuisine. « Ca sera prêt dans une dizaine de minute. »
« J’ai tout intérêt à ne pas me louper alors. » il lâche un petit rire et elle aussi. Elle se dit que toute façon, ça peut pas être pire que ce qu’elle fait à la maison quand elle a épuisé sa réservé de bonbons et qu’elle finit d’ailleurs par manger, trouvant cela pas très…mauvais disons. De toute façon, quand on a faim, on finit par manger ce qui se présente et ce qui est cuit, oui, parce qu’il lui arrive de faire dans le cru. Ou dans le bruler selon les périodes. « Ah oui quel genre de danse ? » qu’il lui demande lorsqu’elle a évoqué sa passion pour la danse, passion à sens unique quand on la voit danser et sur ce point, elle est bien d’accord, pas franchement du genre à crier haut et fort qu’elle sait faire quelque chose auquel son corps se refuse. « J’ai fait un peu de danse classique quand j’étais petite » elle hausse les épaules, ça remonte à tellement loin tout ça, comme un autre siècle ou une autre dimension, sa mère n’avait pas encore toutes ces poches de cernes ainsi que les bras abimés d’avoir été trop piqués. « Aujourd’hui, je fais dans le moderne » moderne est un mot tellement vaste ce qui lui évite de se lancer dans des descriptions qu’elle ne mérite lorsque sa danse consiste simplement à mettre la musique à fond dans son appart et à se défouler en petite tenue, ce qui ne laisse pas son voisinage franchement indifférent, ce que la techno -ou autre nom technique qu’ils ignorent- peut faire comme boucan. « Tu vas peut-être pas le croire si je te le dis mais quand j’étais jeune j’ai fait de la danse de salon ! Et j’étais pas si mauvais en plus… Enfin mes frères se foutaient assez de ma poire pour me décider à arrêter. Mais qui sait j’aurais peut-être pu faire carrière sans eux. » elle arrête ce qu’elle fait pour accorder toute son attention à James, un grand sourire aux lèvres « Vraiment ? » elle le voit assez mal dans ce genre d’activité, plus particulièrement la danse de salon, mais après tout pourquoi pas ? « Tu pourras m’apprendre quelques pas ? » elle demande finalement avec cette expression perdue entre le chat botté et les yeux de cocker à laquelle on résiste difficilement. « Je pourrais peut-être mettre un peu de musique plus tard que tu me montre tes talents. » elle a un petit rire amusé dans lequel on peut clairement voir le manque de conviction « ça vaut pas le coup, mais par contre toi, oui, j’aimerais bien une petite démo »
Les choses débutent enfin, à savoir que Jordan se retrouve avec un couteau en main et son doigt à quelques centimètres, ce qui devait donc arriver, se produit à savoir qu’elle finit par s’entailler. Fidèle à elle-même, elle se confond en excuses, de toute façon que peut-elle faire de plus ? « C’est pas grave… » il a l’air sincère mais elle ne peut s’empêcher de s’en vouloir, elle a comme l’impression de passer sa soirée à s’excuser, nul doute que cela risque de rapidement agacer James, aussi gentil soit-il. « Je vais te chercher ça. » il disparait dans les couloirs à la recherche d’un petit pansement, l’abandonnant quelques secondes avec sa culpabilité. Elle se rend soudain compte qu’elle aurait bien souhaité l’impressionner, au moins sur ce point malgré le fait qu’elle ne soit capable de grand-chose. Elle ne comprend pas ce besoin mais comprend cependant qu’elle a échoué, comme dans beaucoup d’autres essais. « Fais-moi voir. Je vais m’en occuper. Je suis un vrai chef scout. Ca a pas l’air trop grave.» elle secoue la tête, non, ça ne l’est pas, heureusement d’ailleurs, il ne manquerait plus qu’ils finissent aux urgences à cause de sa maladresse. Elle le laisse appliquer les soins adéquats, avec une extrême gentillesse, il faut au moins ça avec un boulet de son acabit. « Vraiment Jordan… C’est pas grave arrête de t’excuser. Ça arrive à tout le monde – même aux meilleurs. Je sais que tu voulais m’aider… Et c’est ma faute tu m’as dit que tu étais maladroite j’aurais pas dû te laisser le couteau. » Finalement, elle esquisse un petit sourire, posant machinalement sa main sur celle de James « ce n’est pas de ta faute si je suis maladroite tout de même » elle se laisse aller à un bref éclat de rire avant de poser sur le jeune père de famille un regard reconnaissant « je te remercie en tout cas. Le contact dure quelques secondes mais assez pour Jordan l’apprécie, tactile comme elle l’est, elle trouve contre la peau de James un réconfort plutôt chaleureux. « Et si je te laissais le dressage de table plutôt ? J’ai rien de trop précieux dans mes armoires à casser je te rassure. Ça sera prêt dans une dizaine de minute. » Elle observe brièvement le pansement avant d’accepter la mission « Ça, je peux faire ! » elle dit avec conviction avant de voler vers les placards attraper deux assiettes, deux fourchettes et deux couteaux et d’aller les disposer sur la table à manger. Elle est ensuite revenue pour récupérer les verres et remplir une bouteille d’eau qu’elle dépose à côté du reste. Son aisance à se retrouver dans la cuisine montre à quel point elle a ses habitudes ici, à force de farfouiller durant ses heures de garde d’enfants. « Tu vas boire du vin ou de l’eau ? » elle lui demande au bout d’un moment, désireuse de bien faire cette fois, au moins qu’elle puisse réussir quelque chose et qu’il ne regrette pas trop de l’avoir invitée à manger. En attendant qu’il ait terminé, elle se place de l’autre côté pour éviter de le déranger et observe chacun de ses gestes avec une minutie artistique, se disant que le dessin qui en résulterait pourrait être intéressant. « Tu parlais de tes frères, tu en as beaucoup ? » en tant que fille unique qui se respecte, les personnes ayant grandies plus entourées la fascinent, car, elle n’aurait pas été contre connaitre ce sentiment de fraternité.
l faut croire que Jordan était une fille pleine de surprise. Je ne l’imaginais pas danseuse à ses heures perdues, mais mon regard glissant sur elle – et sans aucun doute peu discret – laissait libre court à mon imagination ce qui n’était pas déplaisant. « J’ai fait un peu de danse classique quand j’étais petite » Un léger sourire sur les lèvres je me tournais vers elle un peu surpris. « C’est marrant je ne t’aurais pas imaginé dans le classique. Tu portais le tutu rose aussi ? » Je m’amusais à imaginer la scène mais plus que ça le côté strict de la danse ne semblait pas lui coller à la peau. Je l’imaginais difficilement se faire dicter ses pas par une prof de danse au chignon trop serré. «Aujourd’hui, je fais dans le moderne » Là tout de suite je l’imaginais un peu plus. Bien que la description reste vague. Mais puisque que nous parlions de danse autant que je lui avoue moi aussi un de mes petits secrets. « Vraiment ? » Je ne pouvais empêcher un petit rire de sortir, sachant que la nouvelle pouvait être plutôt étonnante. « On a peine à le croire je le sais bien. » Je rigolais un peu bêtement, pour être honnête je crois que je devais une fière chandelle à mes frères qui m’avaient fait arrêter avant que je ne me mette la honte devant tout le monde. « Tu pourras m’apprendre quelques pas ? » « Oulala non très mauvaise idée ! » Je secouais machinalement la tête alors que mon regard se posait sur la jolie blonde et son minois qui essayait de m’amadouer. « C’était il y a longtemps en plus – je me souviens à peine. » Ce n’était pas tout à fait vrai – j’avais quelques restes bien que plutôt élémentaires et qui sans doute, ne mettaient pas mes talents de danseur au grand jour. Je préférais encore que ça soit elle qui me montre ses talents. Je n’ai jamais trop aimé être sur le devant de la scène de toute façon. « ça vaut pas le coup, mais par contre toi, oui, j’aimerais bien une petite démo » Je jetais un nouveau regard vers elle avec une pointe de malice dans le regard cette fois. « Disons que ça sera donnant-donnant alors. » C’était le seul pacte que j’étais d’accord de passer.
Jordan avait ripé – assez pour que son doigt saigne méchamment – mais pas assez pour que ça m’inquiète vraiment. J’avais soigné ça avec les moyens du bord essayant de la rassurer comme je le pouvais alors qu’elle se confondait en excuse. Sa main était finalement venue se pose sur la mien me procurant un chaleur plutôt agréable. « ce n’est pas de ta faute si je suis maladroite tout de même. Je te remercie en tout cas. » Me relevant j’avais jeté un dernier regard vers elle. « Tout le plaisir était pour moi – je n’ai pas souvent l’occasion de prendre soin d’une demoiselle en détresse. » Evidement le mot était un peu fort mais c’était plus pour l’amuser un peu que je l’avais utilisé, lui adressant un petit clin d’œil alors que j’allais ranger la trousse de secours.
Me remettant aux fourneaux je lui avais laissé l’opportunité de mettre la table ce qui avait semblé l’enchanter. Et qu’elle avait d’ailleurs réussi à le faire sans casser quoi que ce soit. « Tu vas boire du vin ou de l’eau ? » Le sujet épineux entre nous. L’eau ou le vin. Ne me retournant pas alors que je cuisinais encore j’avais pris un moment pour y réfléchir. « Je crois que je vais t’accompagner à l’eau. Ça sera plus sage. » J’avais l’alcool un peu dur et il m’en suffisait de peu pour en sentir les effets. Continuant à cuisine je n’avais pas remarqué que Jordan était venu se poser pour m’observer – et c’était sans doute mieux car cette idée m’aurait sans doute un peu perturbée. « La table est prête ? Parce que le repas oui. » Je m’étais retourné pour voir Jordan posée tranquillement. Un peu étonné par son calme soudain. Attrapant la casserole j’avais vidé le tout dans une grande assiette pour la poser sur la table m’installant en face de Jordan. « Tu parlais de tes frères, tu en as beaucoup ? » Attrapant de quoi la servir un sourire radieux c’était installé sur mon visage, probablement ce que l’évocation de ma famille procurait chez moi le plus souvent. « Oui, on est un grande famille. Pleins de mecs pour une seule fille. Ma sœur… La pauvre elle en vu de toutes les couleurs avec nous. » Volontairement je ne dis pas le nombre, parce que je ne sais plus ce qu’il faut dire. Parce que parler d’un nombre revient soit à ignorer la mort de Ian soit m’oblige à en parler ce que j’évite au maximum. « Mais je te rassure elle nous a apporté son lot de problèmes elle aussi. » Et pas des moindre c’était sans doute l’enfant la plus difficile de la fratrie. « Et toi ? Tu as des frères et sœur ? » Je me rendais compte une fois de plus que je ne connaissais rien de Jordan – je ne savais pas où elle vivait, avec qui. Si même elle avait un compagnon ou une compagne qui sait. Lui servant son verre d’eau puis le mien j’avais levé nos verres pour lui souhaiter un bon appétit et nous avions pu commencer à manger. « C’est pas si mauvais… » Oui je me lançais des fleurs mais j’étais étonné plutôt en bien. A croire que la présence de Jordan m’avait permis d’augmenter mes compétences de cuisinier.
« C’est marrant je ne t’aurais pas imaginé dans le classique. Tu portais le tutu rose aussi ? » on le lui dit souvent ça, qu’on ne l’y imaginait pas, ça se comprend. La danse classique rythme avec rigueur et discipline, ça lui va tellement pas comme image tant elle est libre. Pourtant, elle en a fait et elle a même aimé ça, elle a pas mal appris sur le maintien, ce qui se manifeste parfois quand elle se décide à faire un effort. « Le tutu rose, le nœud papillon rose dans les cheveux, la totale » elle lâche un petit rire en se souvenant de ses tenues et de l’air que ça lui donnait. Elle a quelques photos, les rares qu’elle garde son enfances, les autres s’étant perdues dans les méandres du bordel qui régnait chez elles à l’époque, si on ajoute à ça les déménagements. « Oulala non très mauvaise idée ! C’était il y a longtemps en plus – je me souviens à peine. » elle a une petite moue déçue parce qu’il aurait bien voulu voir ça, mais finit par hausser les épaules, ponctuant son geste par un « c’est dommage » sincère, mais elle peut comprendre, ça doit faire si longtemps. Tout comme elle n’est pas certaine de pouvoir refaire quoique ce soit de technique et niveau souplesse, on n’était loin ce qu’elle avait plus jeune. « Disons que ça sera donnant-donnant alors. » une réponse logique à sa demande de démonstration et elle a un petit sourire amusé, se rendant compte que peut-être que James n’avait pas tout oublié « Pourquoi pas, oui »
« Tout le plaisir était pour moi – je n’ai pas souvent l’occasion de prendre soin d’une demoiselle en détresse. » elle s’esclaffe un instant, demoiselle en détresse un joli euphémisme pour une maladroite chronique ? Son titre l’amuse, de même que son côté gaffeur et son incapacité à parvenir à faire quoique ce soit de constructif de ses deux mains, quoique ce dernier point, l’afflige plus qu’autre chose, mais avec le temps, elle a su s’en accommoder, elle n’a d’autre choix que de vivre avec elle-même. « Je crois que je vais t’accompagner à l’eau. Ça sera plus sage. » elle hoche la tête en finissant de mettre la table, reprenant la carafe d’eau pour la remplir complètement vu qu’ils sont deux à y recourir. « La table est prête ? Parce que le repas oui. » elle jette un œil vers la dite la table, sait-on jamais qu’elle ait oublié quelque chose, on peut pas dire qu’elle se fasse réellement confiance. « Oui, c’est bon ! » répond-t-elle après un rapide inventaire ce qui doit s’y retrouver. James rapporte ce qu’il a cuisiné et ils peuvent enfin s’installer. La discussion s’axe rapidement sur la famille de l’hôte de maison et la façon dont il en parle donne le sourire à Blondie, enfin l’expression qu’il prend, l’amour est clairement perceptible. « Oui, on est un grande famille. Pleins de mecs pour une seule fille. Ma sœur… La pauvre elle en vu de toutes les couleurs avec nous. Mais je te rassure elle nous a apporté son lot de problèmes elle aussi. » elle lâche un petit rire, cette petite tribu lui donne l’impression d’être très soudée, comme l’idée qu’elle se fait des familles nombreuses, unies et aimantes. « Ça doit être bizarre d’être la seule fille tout de même » pas en négatif, juste bizarre…ou peut-être pas dans le fond, elle ne sait rien de tout ça quand on y pense alors ce serait s’avancer sur un sujet qu’elle ne maitrise pas. « Et pour l’entente, ca se passe bien ? » Car on est aussi si nombreux et surtout différents, il est pas impossible que les disputes éclatent souvent, quoique ça aussi, ça doit être pas mal, rendant certainement la maison plus vivante, ce qui a beaucoup manqué chez elle. Et qui manque encore d’ailleurs, d’où la musique jouant sans cesse. « Et toi ? Tu as des frères et sœur ? » Comme il fallait s’y attendre, le sujet s’oriente vers elle « non, mais j’aurais bien aimé ! » Elle esquisse un petit sourire. Peut-être qu’elle en a, de ce père dont elle ignore tout et sur lequel elle fantasme parfois avant de secouer la tête et de trouver mieux à faire. « Merci » dit-elle quand il lui sert son verre avant qu’elle ne fasse honneur au plat préparé. Et le moins qu’on puisse dire c’est que c’est très éloigné de ce qu’elle a l’habitude de faire, ce qui est un gros point et qui dans le fond n’est pas difficile à faire. « C’est même très bon ! » qu’elle s’exclame avec un grand sourire aux lèvres. Il n’y a pas à dire, rien en vaut les repas faits maison. « Tu es trop modeste » autant dire qu’elle mange avec appétit, veillant cependant à surveiller ses manières, elle n’est pas chez elle et son besoin de ne pas se ridiculiser devant James est toujours présent, avouons-le. « Ca donne envie de venir manger plus souvent chez toi » elle dit cela sur le ton de la plaisanterie, même s’il y a un fond de sérieux, après tout ils vivent dans le même quartier, ce qui serait bien pratique quand on y pense. Mais elle se fait déjà payer pour ses prestations de baby-sitter occasionnelle, il ne va pas en plus à lui faire à manger, ce serait bien exigeant de sa part, en plus de s’imposer. Le repas se poursuit dans la bonne humeur, et Jordan est bien contente qu’il l’ait invité à rester. « Merci pour le repas, c’était délicieux » un petit sourire et elle entreprend de débarrasser la table, c’est la moindre des choses, vérifiant quand même sa manière de faire pour qu’elle ne fasse pas une autre gaffe, il ne manquerait plus que ça. « Je peux t’aider avec la vaisselle si tu veux… » elle regarde autour d’elle « ou autre chose » toujours ce besoin de se rendre utile.
est pas désagréable, un repas, une jolie fille qui en plus de ça s’intéresse un peu à ce que j’ai à dire, je dois l’avouer je me sens bien d’un coup – un peu comme si tous mes problèmes s’effaçaient d’un coup pour que je puisse profiter pleinement de ce moment simple. Parce que c’est ce qu’il est… simple. Pas de grande sérénade ni de faux semblants, il me semble que je peux parler à Jordan comme si elle était un peu un part de ma famille. Comme si même sans les connaitre elle pouvait s’imaginer le temps d’un instant ce que c’est que d’appartenir à ce grand troupeau un peu fou. « Ça doit être bizarre d’être la seule fille tout de même » Je rigole doucement ne sachant trop comment lui décrire ma sœur pour qu’elle comprenne un peu la situation. « Pas quand il s’agit de Danny crois moi. » Faut dire que la petite dernière ne manque pas de caractère et que ce n’est pas vraiment le genre de fille à se laisser marcher sur les pieds. « Je pense qu’elle a pas eu trop d’autre choix que de se mettre un peu à notre niveau, on était pas tous des grand frères gentils à prendre soin de leur petite princesse de sœur, plutôt à la traiter comme un mec. Et je peux te dire qu’elle tape fort cette brute. » Je ris maintenant de bon cœur en repensant à certains moments de notre enfance. Fait dire que pour ma part je n’ai jamais été du genre très violent du coup j’ai plus encaissé ses coups de petite sœur que montré mon autorité de grand frère. Mais au final c’est peut-être grâce à ça qu’aujourd’hui le courant passe bien entre nous. Du moins le peu de fois où je la vois. « Et pour l’entente, ca se passe bien ? » Je hausse un peu les épaules, menant mon verre d’eau à la bouche et regrettant tout de même de ne pas m’être laissé tenter par un verre de vin. Tant pis pour moi ça m’apprendra à jouer les types bien. « Disons que c’est jamais facile avec autant d’enfants… » Je ris un peu n’osant jamais trop imaginer l’enfer qu’on a du faire subir à notre père – et aujourd’hui encore d’ailleurs. « Mais que même si il y a quelques tensions parfois au final on s’aime et on est toujours là les un pour les autres… J’imagine que c’est ce qui compte le plus. » J’avais pour ma part de la peine à imaginer ce que ça devait faire d’être enfant unique, de n’avoir personne sur son dos mais aussi personne sur qui compter en cas de coup dur. Evidement il y a les amis, ou les parents mais la fratrie c’est tellement sacré pour moi… «non, mais j’aurais bien aimé ! » « Je comprends bien… Ca doit pas être évident d’être le seul enfant. Personne à accuser à notre place quand on fait une bêtise. » C’était une blague évidement même si je devais avouer que c’était arrivé plus d’une fois chez les Beauregard. « Je pense que je serais devenu fou si j’avais été le seul fils de mon père ! On avait au moins la chance d’être assez pour lui occuper l’esprit chacun notre tour… Enfin je ne connais pas tes parents mais si ils sont la moitié comme est mon père ça devait être quelque chose. » J’y allais à pas feutré sachant que les sujets touchant la famille sont parfois sensible, c’était le cas pour moi en un certain sens et je voulais bien croire que je n’étais pas le seul.
Je mange mon repas avec appétit, parce qu’il faut bien le dire je commençais à avoir sérieusement faim, mon petit sandwich de midi n’ayant plus d’effet. Et j’étais heureux de voir Jordan en faire de même. « C’est même très bon. Tu es trop modeste. Ca donne envie de venir manger plus souvent chez toi » Je lui adresse un regard un peu complice attendant pourtant quelques secondes avant de répondre à son commentaire, comme si j’avais peur de choisir la mauvaise réponse. « Et bien je crois que je devrais t’inviter plus souvent dans ce cas… » Un léger sourire, un regard vaguement échangé et je me félicite de ne pas rougir cette fois. J’aime bien sa compagnie, j’aime bien aussi l’idée d’être un peu moins seul. La solitude je n’ai jamais aimé ça, peut-être aussi une des raisons qui m’ont poussées à me jeter corps et âme dans une nouvelle relation alors même que celle précédente venait juste de finir. Cette peur de la solitude. Elle est un peu comblée avec Mathis mais c’est un enfant et les conversations avec lui se réduisent souvent à moi qui parle et lui qui gazouille.
Le repas touche gentiment à sa fin et un regard vers l’horloge m’indique qu’il est déjà tard… Pourtant je n’ai pas envie qu’elle parte. Je voudrais qu’on danse, qu’on parle ou n’importe quoi qui la retiendrait un peu même si demain je me lève fatigué pour aller bosser. « Merci pour le repas, c’était délicieux » « Merci à toi d’être restée c’était… Délicieux aussi. » Je fais un léger sourire avant de détourner le regard n’assumant pas tout à faire ce genre de compliments. J’attrape la carafe d’eau que je dépose sur le rebord de l’évier pour ensuite attraper les assiettes qu’elle me tend et les poser dans le lavabo. « Je peux t’aider avec la vaisselle si tu veux… » « Ca va aller ne t’inquiète pas… » Je n’ai pas envie qu’elle reste pour faire la vaisselle, je l’ai invité je peux au moins assumer cette partie. Déjà qu’à cause de moi elle a perdu un bout de doigt on ne va pas en rajouter. « Je m’en occuperais après. » Je me retourne et Jordan et tout proche. A côté de moi, un peu plus petite, je cherche son regard quelques secondes juste le temps de sentir mon cœur battre un peu plus fort à l’idée de ce que je pourrais faire. « ou autre chose » Il s’emballe, sa tape dans ma poitrine alors que je fais encore un pas en avant pour me retrouver bien trop proche d’elle d’un coup. A une distance qui n’est plus du tout sécuritaire. « Il a peut-être quelque chose… » Ma voix est un peu différente cette fois et elle doit sans doute y lire la suite des événements, ma main qui passe dans son dos pour l’attirer à moi alors que je vais poser mes lèvres contre les siennes. C’est agréable, elle a se petit gout sucré et enivrant qui est loin d’être désagréable mais pour autant je n’ose pas accentuer plus le baiser comme cherchant un consentement de sa part. Je me sépare un peu d’elle sentant cette fois une petit gêne alors que je reste pourtant si proche de son corps… « Hem.. » Je dois bien le dire je manque de mot. « Voilà… » Ca c’est du romantisme, un vrai loveur James… Un vrai loveur…
Il mentionne une Danny, qui serait sa sœur et elle se demande si c’est aussi à Danny à elle. Ses prunelles s’accrochent au visage de James pour y chercher des similitudes avec son amie, mais rien. Elle, aussi, avait parlé d’une grande famille, du fait d’être la seule fille au milieu d’une tribu de mecs. Peut-être qu’elle se trompe, Jordan, ce serait pas la première fois, ni la dernière d’ailleurs. Elle hoche la tête, signe qu’elle l’écoute et range ses pensées pour plus tard, se promettant recomposer les morceaux de ce puzzle pourtant évident. En tout cas, plus il parle de sa famille, plus elle sent l’envie monter, puis s’évaporer. Blondie est pas de nature envieuse, pas longtemps du moins. Elle se dit simplement que grandir entourée semble plutôt cool et peut-être qu’elle aurait mieux fini ou qu’elle serait…à quoi bon, les choses sont ce qu’elles sont, ça aurait pu être pire. Il y a mieux mais il y a surtout pire et c’est sur ce principe que semble être bâti le mental de Jordan. De fragiles fondations qui tiennent pourtant malgré les intempéries, pourtant quelques légères fissures se manifestent lorsqu’il vient mentionner ses parents, assez brièvement pour son sourire ne perde son éclat que quelques secondes. « Oh, ca va, c’était plutôt cool chez moi » et c’est tout ce qu’elle dira sur ce sujet, ce soir en tout cas.
Le repas se poursuit tranquillement et Jordan est contente de constater que James n’est pas totalement contre au fait qu’elle passe de temps en temps manger chez lui, ce qui arrangerait bien Blondie et Camille chez qui elle passe le plus clair de son temps. Hassan aussi, quoique lui, semble avoir totalement disparu de la circulation depuis son déménagement, ce sont des choses qui arrivent. Le dîner terminé, elle s’empresse de débarrasser histoire de se rendre utile et de compenser ses autres maladresses. Elle se sent même prête à passer devant l’évier, au moins ça, elle est persuadée de pouvoir réussir, avec un peu de volonté et de prudence. James s’y oppose et elle est un peu déçue blondie au fond, une corde se pince brutalement quelque part, elle se sent bien ici et aurait bien voulu rester plus longtemps. Elle ne doit pas se plaindre, c’est plus qu’elle aurait pu espérer, il lui reste plus qu’à apprécier ce qu’il a bien voulu lui donner et à partir sur une bonne note. Alors qu’elle s’apprête à annoncer son départ, James ouvre la bouche et dès que son regard croise le sien, un frisson lui dévale l’échine. Ce sont bientôt des dizaines d’autres lorsque la main du brun s’aventure dans dos et finalement son cœur s’emballe au contact de leurs lèvres. Le contact est doux et perturbant, peut-être trop bref pour blondie. Ses prunelles dévisagent l’homme face à elle, des dizaines de questions qui vont finir par la rendre sourde mais ses lèvres restent muselées. Elle comprend pas trop… elle aurait jamais cru que… James… elle… comme ça… c’est pas si important quand on y pense, son regard s’abaisse vers la bouche du jeune papa, trahissant son envie de poursuivre. Et jordan est de celles qui écoutent leur envie avant leur raison. Elle réduit le peu de distance encore existante et ses mains se posent sur le visage de James tandis qu’elle l’attire vers elle pour un baiser beaucoup plus engagé. Son corps se colle au sien, l’invitation est ainsi lancée, elle ignore s’il prévoyait d’aller plus loin. Elle délaisse ses lèvres quelques instants pour se concentrer sur ses yeux à la recherche d’un signe qui ferait pencher la balance d’un côté ou d’un autre. Elle attend qu’il prenne une décision, pour eux deux. Blondie, elle a l’habitude qu’on décide pour elle, elle se laisse porter par la volonté des autres, finissant par y trouver son compte. Les désirs de James seront les siens, quel qu’ils soient.
e sens le désir renaitre en moi – comme si il s’était éloigné depuis trop longtemps et retrouvait vie au contact de ce corps féminin – celui de Jordan et son regard qui se pose dans le mien alors que je bégaye presque – incapable de trouver les bons mots. Peut-être parce qu’il n’y en a pas – que seul les gestes sont nos alliés dans ce genre de situation et Jordan se rapproche à nouveau avec plus de fougue ses lèvres se collent aux miennes – sa langue se fraye son chemin pour jouer avec la mienne. Mes mains découvrent alors ce nouveau corps un peu timidement en premier lieu puis avec plus de panache, d’envie – de désir alors que je me colle contre elle. J’oublie qu’elle est jeune, qu’elle est la baby-sitter que je ne sais presque rien d’elle – j’oublie tout sauf le contact délicieux de sa peau. Elle se décolle un instant plongeant son regard dans le mien – comme un invitation. Je comprends que j’ai le pouvoir celui de décider – celui de faire demi tour et de m’arrêter là, mais je n’en ai aucune envie, tout mon corps ne réclame qu’elle pour le moment et son regard qui sonde le mien ne fait que de renforcer cette envie – ce besoin. Ma main remonte dans sa nuque pour l’attirer à moi – mon corps plaquant le sien contre la rebord de la cuisinière – je ne suis plus que désir à l’instant présent. Mes baisers descendent dans son cou – mon excitation un peu plus encouragée encore par ce souffle court qu’elle laisse s’exprimer à mon oreille. Sans arrêter de l’embrasser je la mène jusqu’au salon – jusqu’au canapé où je la guide pour qu’elle se couche – mon corps un dessus du sien – brulant d’une passion nouvelle. Je n’ai plus peur de mal faire maintenant seul l’envie me guide et je la laisse faire. Nous sommes deux êtres consentants et c’est tout ce qu’il y a à retenir. Mes mains glissent sous son t-shirt à la découverte de sa peau si chaude – un frisson me parcourt alors que je la libère de ce vêtement observant son corps à moitié dénudé qui m’est encore inconnu. Jordan est belle – elle est bien faite et tout en elle me donne envie. Je retrouve ses lèvres aussi vite que je les avais quittés – me débarrassant moi aussi de mon t-shirt qui est superflu. Mon corps se fraie un chemin entre ses jambes mon excitation déjà bien présente alors que les vêtements nous séparent encore. J’attrape maintenant ses mains dans les miennes, les serrant fortement en les levant au dessus de sa tête alors que mes baisers vont à la rencontre de son corps – sur ses lèvres, dans sa nuque, entre ses seins je finis par remonter à son visage. Son regard plein de désir s’encre dans le mien et je me sens revivre – je me sens être un homme à nouveau…
Et Mathis se met à pleurer…
Je voudrais pouvoir prétendre que je ne l’entends pas – je voudrais dire à Jordan que ça a peu d’importance, qu’il peut pleurer. Mais je ne suis pas ce genre d’homme et je pense qu’elle le sait. Je lâche ses mains en me positionnant sur mes coudes, la nuque repliée au dessus d’elle. Un soupire de frustration se frayant un chemin entre mes lèvres avant que je ne pince ses dernières dans une mimique désolée. « Je suis désolé Jordan je… Je reviens… » Je ne sais pas si elle sera encore là. J’aimerai que ça soit le cas mais je pense que l’instant a été brisé. Je m’en vais pour aller voir Mathis dans sa chambre le prenant dans mes bras pour le bercer et je finis par redescendre avec lui. Je n’ai même pas pris la peine de réenfiler mon T-shirt et je me sens un peu mal à l’aise de cette nudité maintenant. Jordan est encore là – je ne sais pas si elle a prévu de prendre la fuite mais si c’est le cas ça n’est pas encore fait. « Je… Je crois qu’il a faim… » Je voudrais lui dire de rester – de ne pas partir mais rien ne sort de ma bouche. Peut-être parce que ce sont les mots d’un homme qui pense qu’elle en a envie et je n’en suis pas si sûr. Je suis un peu perdu et le tourbillon de sensations qui me submerge n’aide en rien.
Blondie n’a pas à attendre bien longtemps puisque les lèvres de James retrouvent de nouveau les siennes pour un baiser plus affirmé. Ses mains se font plus curieuses, plus conquérantes lorsqu’elles se lancent à l’assaut de son corps. L’hésitation a quitté ses gestes, elle peut le sentir, il sont plus assurés désormais. Elle se laisse faire, Jordan, sentant son corps s’enflammer au contact de James. Elle s’abandonne à ces douces caresses, libérant quelques soupirs quand la connexion est rompue, puis se laisse guider jusqu’au canapé du salon, allongée sur le dos, James la surplombant. Ses prunelles s’accrochent aux siennes et y trouvant l’assentiment silencieux qu’elle recherchait, elle part, elle, aussi, en exploration sur ce corps encore inconnu. Elle aimerait en retracer chaque contour blondie, laisser courir ses doigts sur chaque forme qu’entrainerait la contraction des muscles de son amant du soir. Elle peut le sentir aussi fébrile qu’elle, aussi impatient peut-être, parce qu’elle veut aller au bout de cette myriade de frissons qui lui dévalent le dos quand sa peau nue entre en contact avec celle de James. Impatience amplifiée lorsqu’il rend ses mains prisonnières au-dessus de sa tête. La position est frustrante et Jordan a vite fait d’initier une rencontre entre leurs bassins, lentement, au rythme de cette mélodie qu’elle seule entend, allant taquiner cette érection qu’elle sent au travers des vêtements. La nuit prend une tournure inattendue, mais elle s’en plaint pas, elle aime ce feu que les lèvres de James laissent contre sa peau à chacun de leur passage. Elle peut voir qu’il la désire autant qu’elle, tout est mis en place pour qu’elle s’oublie aux affres de cette attirance jusqu’au petit matin… alors pourquoi ces pleurs qui viennent remplacer la musique dans son esprit ? Il lui faut quelques secondes à blondie pour identifier la source, et un regard à James lui fait prendre conscience que la magie s’est évaporée, il n’y aura pas de suite. « Je suis désolé Jordan je… Je reviens… » Elle hoche la tête alors qu’il disparait dans les couloirs. Elle se redresse vivement, aussi rouge que son vêtement au sol, qu’elle ramasse d’ailleurs. Ses pensées s’affolent, les questions s’entremêlent. Elle peine à comprendre ce qui s’est passé et ce qui ça signifie, pas dit qu’il y ait un sens. Elle se rhabille rapidement et James apparait finalement, Mathis dans les bras « Je… Je crois qu’il a faim… » « A-attends quelques secondes » elle disparait un instant dans la cuisine pour préparer ce lait qu’elle avait laissé de côté au cas où le petit se réveille –et pour accessoirement échapper à la gêne s’étant immiscé entre James et elle. Elle y retourne finalement, lorsqu’elle se sent capable d’affronter son regard sans devenir pivoine « Tiens, je m’étais dit que ça servirait, pas que je l’ai laissé dehors comme ça, hein, je sais que c’est pas… » voilà qu’elle se lance dans une explication aussi inutile qu’incompréhensible alors elle se tait et sourit, comme à son habitude « je vais y aller moi » pour de bon cette fois qu’elle a envie d’ajouter « pas la peine de me raccompagner, Mathis tiendra pas une minute de plus » elle lâche un petit sourire qui l’aide à vaincre son embarras. Elle récupère son sac qu’elle passe sur l’épaule « merci pour le repas et je vous dis à bientôt » quand, elle ne sait pas, quand elle sera revenue de Sydney et quand il aura besoin de ses services. Ses pas la mènent à l’extérieur où elle secoue plusieurs fois la tête, désireuse d’oublier ce qui vient de se passer.
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