La journée avait été sale. Comme parfois, les galères s’accumulent et on ne voit pas trop  comment s’en sortir. Cora voit rouge à chaque secondes où il se passe quelque chose. Parce que c’est simple, depuis ce matin, il se passe sans arrêt quelque chose qui vient contrarier la rousse. A s’en croire marabouté, la seule explication plausible qu’elle trouve à ce qui lui arrive. D’autres, sans parler de destin ou de sorcellerie diraient juste qu’il y’a des hauts et des bas. Mais lui expliquer tout de suite relèverait d’une profonde envie de suicide tellement elle rage intérieurement. Patience, quand tu nous tiens. Tout ceci la mène donc au Pearl Café, où elle doit retrouver Eireen, sa copine de fac devenue aujourd’hui une de ses plus proche confidente. Elle est en retard. Déjà, à cause d’un incident impliquant un chemisier, un café et un passage rapide à la maison et aussi parce qu’elle n’a pas envie de laisser éclater sa mauvaise humeur au visage de son amie et que pour ça, elle doit prendre le temps de se calmer. Une façon de faire qui ne s’avère pas du tout efficace. Et qui en plus de ça le met encore plus en retard. Il suffit que la jeune femme entre dans le café et aperçoit son amie pour que tout éclate en elle et ça doit sortir. Elle se précipite vers la table de son amie. Ouais dans tout ça, elle a bien mérité de pouvoir manger comme un ogre. « Hey ! Désolée du retard ! » dit-elle avant d’embrasser son amie sur les joues. « Je suis désolée, tu ne devineras jamais tout ce qui m’arrive depuis ce matin. » Elle parle à une vitesse comme toujours. « Tu as commandé ? J’espère que tu ne m’as pas attendu. Désolée encore. » Elle mélange plainte et excuse. Oui vraiment, rien ne servait qu’elle tente de se calmer. Depuis son entrée, les regards sont tourné vers elle tellement qu’elle a l’air d’une furie. Elle s’en rend compte, alors pour le bien de tout le monde et surtout parce qu’elle doit éviter de se faire remarquer, elle  marque une pause, elle prend son souffle comme si elle faisait un exercice de relaxation avant de s’exprimer plus calmement. « Excuse-moi. Je n’ai pas pris le temps de me calmer. Tu vas bien ? » elle essaie d’être plus calme. Peut-être que la meilleure solution pour ça, et surtout pour ne pas s’énerver quand elle expliquera tout à son amie, ce serait de d’abord la laisse elle s’exprimer.  

Fort heureusement, sa bouche fait barrage  à tous les jurons qui rêveraient de s’en échapper. Qui aurait cru qu’un si joli brin de fille pouvait parfois penser de telles horreurs. Fort heureusement encore, une fois à sa place dans le Pearl Café, Cora se calme et tente de reprendre ses nerfs en moins. C’est une chose d’être agacée, mais depuis la violente dispute qu’elle avait eu avec Enzo il y’a plusieurs mois, elle se refuse à se donner à nouveau en spectacle. Surtout pour un truc aussi futile qu’une journée pleine d’embrouille, comme si ça n’arrivait à personne d’autre. Et puis, Eireen n’a peut-être pas forcément envie d’entendre son amie se plaindre. Qui cela ferait-il rêver voyons ? A part les commères dont Cora a su ne pas s’entourer. Elle est en retard. Une bien vilaine habitude dont beaucoup ont su s’accommoder. Tout comme le côté furie de la jeune femme. Eireen semble si calme à côté d’elle. C’est bien d’avoir su s’entourer de personne comme elle. Des personnes qui montrent un peu l’exemple comme dirait maman. « Ne t'inquiète pas. Ça arrive. C'est pas cinq minutes qui vont me tuer. Tu sais, tu devrais respirer un peu. Avant de mourir d'asphyxie. » Respirer ? Cora a cessé de respirer correctement à partir du moment où elle a choisi de reprendre une carrière dans le cinéma. Elle prend la remarque de son amie avec amusement. « Ouais, entre deux syncopes, ça devrait le faire. » dit-elle riant et en prenant place. Eireen n’a pas encore commandé. Voilà la première marque de gentillesse de la journée, Cora en serait presque émue si au final, ça n’était pas pas grand-chose. Elle s’apprête à raconter la folle journée qu’elle vient de vivre quand elle se dit qu’elle préfère connaître les dernières aventures d’Eireen, et puis, il vaut mieux attendre que la colère passe. Ce qui arrive après trois – quatre muffins en général, allez, ce sera cinq pour aujourd’hui. Déjà, quand Cora écoute son estomac, ça va mieux. Et puis, elle fait comme la brune vient de lui conseiller, elle respire. « Moi, ça va plutôt bien. J'reviens ... d'un petit voyage à l'étranger. Et j'crois que ça m'a fait un bien fou. » Ah ! La voilà qui oublie ses pensées. Elle ignorait qu’Eireen était partie. Elle se sent con sur le moment, à s’demander si elle prenait autant peu de nouvelles que ça et si elle était vraiment une bonne amie.  « Ah bon ? Où ça ? » demande t-elle précipitemment avant de demander, d’un air qui demande tous les détails. « Tu t’es amusée ? » Là voilà, tout ouïe. « Si ça t’a fait un bien fou, je suis sûre que oui. J’étais même pas au courant que t’étais partie. C’est bien mystérieux tout ça. » commente t-elle l’air taquin. Bon, Eireen est majeure et fait ce qu’elle veut, donc les mystères, ça ne regarde qu’elle. Tout d’même, Cora a besoin de savoir qu’au moins ses amies profitent de la vie. « Et du coup, comment ça se passe maintenant que t’es au barreau. Tu sais, j’donne ta carte à tous mes contacts. Je suis sûre qu’il y’en a à qui je l’ai donné plusieurs fois.» avoue t-elle, elle se trouve bien ridicule quand elle croise quelqu’un avec une forte probabilité d’avoir besoin d’un avocat et qu’elle lui donne la fameuse carte de visite. Mais après tout, c’est un moindre geste.

Cora est un bourreau de travail, c’est bien connu qu’elle n’arrive pas à passer sur une journée sans faire quoi que ce soit d’utile pour sa carrière. Après tout, comme disait maman, on n’arrive pas au top sans effort. Et malgré le fait avéré que maman était un despote prêt à n’importe quoi pour contrôler la carrière de sa fille, entre deux mauvais conseils, il y’en avait toujours un qui restait bon à prendre. Bon, dans le cas présent, on peut surtout affirmer qu’elle a eu tellement d’impact sur Cora que cette dernière a bien du mal à quitter les mauvaises habitudes données par sa mère. Ainsi, elle ne tient jamais en place. Il y’a la faute à maman, et la faute au café aussi. « Non, on va éviter les syncopes, ça serait bien quand même. T'imagine, te retrouver à l'hosto ? Crois-en mon expérience. Tu ne veux pas aller à l'hôpital. Ils sont capables de faire des erreurs monstrueuses. La bouffe est dégueulasse. » Elle s’était essayé la plaisanterie, pour une fois aujourd’hui. Mais il est vrai qu’avec Eireen, il ne vaut mieux trop rigoler sur le dos de la santé. La jeune femme avait passé suffisamment de temps à l’hôpital pour que l’on prenne cette question à la légère. Cora se calme. Elle redevient plus sérieuse pour remercier son amie de tant se soucier d’elle. « Ne t’en fais pas, je ne disais pas ça sérieusement. Je n’ai aucune intention d’aller à l’hôpital et crois moi, j’aimerais mieux éviter, mon emploi du temps va être difficile à respecter. Et puis, si la bouffe est dégueu. » Elle essaie d’être rassurante. Essaie. Parce qu’elle finit tout de même par parler travail. « Voyons, manger est comme ma raison d’être. » ajoute-t-elle pour revenir sur une note plus agréable. Elle n’aime pas trop brouiller les tableaux, surtout après une mauvaise journée comme celle-ci. Tout ce qu’elle demande, ce serait de passer un bon moment. Et surtout, elle le note bien dans sa tête, ne pas mentionner un seul instant le travail et ne se plaindre de rien. Un programme chargé quand on connait la jeune femme capable de passer du coq à l’âne et de parler de tout et de rien. Au final, elle laisse bien volontiers la parole à Eireen, de plus que maintenant que celle-ci a parlé de son dernier voyage, Cora aimerait en savoir plus. Elle l’écoute, qui parle de la Malaisie, avec un ton bien mystérieux pour quelqu’un qui voulait juste démarrer l’année de bon pied. Cora est toute sourire en l’écoutant. Comme une enfant. Elle se doute qu’il y’a quelques trucs à revoir dans le discours d’Eireen, mais elle ne veut pas pousser sa curiosité au-delà et demander trop de détail. Après tout, n’est-elle pas elle aussi très secrète ? Elle se dit qu’au moment que rien ne reste caché très longtemps. Et de se le dire, ça lui glace le sang en pensant à ses propres secrets à elle. Mais passons. Au final, elle reste calme et ne demande pas plus. « D’accord. Et bien, quel coup d’tête. Si ça t’a ressourcé, c’est ce qui compte. J’espère que t’as pas été trop embêtée par la mousson. » Elle s’empare d’un court moment de silence pour faire signe au serveur de s’approcher quand il aura terminé. Elle se sent mieux, d’avoir remuer autres choses que ses problèmes a sûrement du faire son effet. Et d’ailleurs, si elle ne parle pas de son boulot. Rien ne l’empêche de poser des questions à la brune sur le sien. Après tout, c’est très récent. Beaucoup de chose peuvent changer en peu de temps. A l’entendre, tout se passe bien. « Et bien si ça s’trouve. D’ici quelques mois tu pourrais avoir sur les bras le plus scandales du show-business. Ce serait excitant. » dit-elle, sans trop de sérieux. A dire vrai, elle n’aimerait pas que ce genre d’affaire voit le jour. « Le serveur arrive, on devrait peut-être commander. J’ai telle-ment faim. » appuie t-elle avant de plonger son nez dans le menu, comme si choisir allait prendre du temps.

Cora pouvait imaginer pour quelque comme Eireen la santé n’était pas évidente à aborder. A vrai dire, elle se sent même un peu coupable d’avoir parlé un peu trop à la légère sur un sujet aussi important pour son amie. Mais, Cora est le genre à rire de tout. Elle ne voit jamais le souci à l’autodérision. Après, il est vrai que chez la jeune femme, il y’a peu de sujet tabou ou sensible. Enfin, il y’a en un, mais beaucoup trop secret pour qu’un jour quelqu’un ait même l’idée que cela puisse exister. De ce point de vue, elle est tranquille, mais doit tout de même le respect à ceux qui ne connaissent pas cette tranquillité. « Je sais bien que c'est ta raison d'être. Tu sais, parfois, t'as pas vraiment le choix que te retrouver à l'hôpital. » Tu parles d’une raison d’être. Cora peut carrément être achetée avec de la nourriture oui’ Mais oui, elle comprend le point de vie d’Eireen, fort heureusement, elle a une santé d’acier. « Enfin, j'espère bien que ça t'arrivera pas. Mais dans le cas où tu en viendrais à te retrouver hospitalisée, ça te permettrait de souffler un peu. Et même si la bouffe est pas géniale, t'inquiète, j'te laisserais pas mourir de faim. » Hum. Pas sûr qu’elle soufflerait. Connaissant la rousse, elle mettrait sûrement le temps à profit pour autre chose. Avec toute cette technologie, elle doute qu’il soit impossible de gérer une carrière du fond du lit. Enfin, à cet instant, elle se figure plutôt la scène où Eireen lui amène de la nourriture sous le manteau à l’hôpital, elle ne peut s’empêcher de rire toute seule. « God, je suis en train de t’imaginer m’apporter des muffins en secret et de me les sortir d’un sac façon Mary Poppins » Elle marque une pause, pour calmer son rire. « Plus sérieusement. Ne t’inquiète pas, je ne suis pas si overbookée que ça en ce moment. J’ai connu de bien pires périodes. » lui assure t-elle en se rappelant ses jeunes années de carrière. Oui, si à l’époque elle n’a pas fait burn out, alors aujourd’hui elle ne craint plus rien, elle est rôdée. Tout de même, elle apprécie qu’Eireen se soucis de cette question. Cora n’a pas beaucoup de proche pour le faire et c’est toujours rassurant d’avoir quelqu’un pour dire stop à sa place. On en revient toujours au même problème, son incapacité à agir en adulte. Au final, le sujet change. Assez parler de santé. Cora préfère aborder d’autres sujets bien plus joyeux, comme les dernières nouvelles de la brune. Celle-ci s’est envolé secrètement à l’étranger. Une histoire qui cache quelque chose. Cora le sent. Mais, par respect pour les secrets des autres. Elle agit comme si elle n’avait pas d’autres questions. « Un sacré coup de tête d'ailleurs. Mais faut savoir écouter son coeur parfois. Et non pas sa raison. Et là, sur ce coup là, même si j'avais un peu de boulot, j'me suis dit que j'pourrais toujours faire ça en revenant et que j'pouvais pas passer à côté de ce petit voyage. » Ecouter son cœur ? En voilà une phrase. Cora ne peut s’empêcher de sourire. Définitivement, ça cache quelque chose. Voyons, pas besoin d’écouter son cœur pour prendre une pause dans un pays exotique. Elle acquiesce, comme si de rien. Elle déteste forcer les mains. « Tu sais ce que tu devrais faire ? Un petit week-end. Hors de la ville. Ou bien dans un spa. Ou quelque chose dans le genre. J'suis sûre que ça te ferait un bien fou. Et que ça t'éviterait d'être autant stressée. » Hum. Eireen marque un point. Bien que là, ce soit un peu trop tard puisqu’elle commence un nouveau tournage. Mais celui-ci terminé, il se pourrait qu’elle mette ce conseil en pratique. Néanmoins, une ombre au tableau. La solitude. Ce n’est jamais agréable d’être en vacance sans personne. « Tu sais ? Je pense que j’aimerais ça. Mais, j’ai des semaines de tournage qui vont arriver. Peut-être après ? Du coup, voudrais-tu m’accompagner ? Je ne peux pas te situer de date maintenant, mais si je m’y prends à l’avance. » Oui, il y’a des chances que ça se fasse. Ça allait juste demander de l’organisation, ce qui allait être un exercice dans sa tentative de prise en main. Elle poursuit. « Je me sens pas d’partir seule. Quand c’est du travail, c’est jamais un souci. Mais pour des vacances, j’aurais beaucoup d’mal à lâcher mon smartphone. » Ouais, c’est triste. Et voilà où en est le monde : pendu au téléphone. « On verra ce qui se passe dans quelques mois. A toi l'honneur ma chère puisque tu es affamée. » Cora ne la contredit pas. Elle dirige son attention vers le serveur, avant de lui demander tout sourire. « Alors, un myrtille, un tout chocolat et une énorme tasse de café. – elle marque une pause – et une part de cheesecake aussi. Merci ! » Voilà qui devrait faire l’affaire. Elle écoute patiemment Eireen faire de même, puis le serveur part. « Et donc on disait ? » demande t’elle, mémoire de poisson. « Ah oui ? Donc si jamais tu veux m’accompagner, je me charge de tout. » Oui bon, on peut craindre le pire quand Cora décide de prendre des responsabilités.

L’humour refait surface. Il suffit à Cora d’imaginer Eireen sous les traits d’une Mary Poppins chantante et distribuant tout plein de douceurs dans les couloirs d’hôpitaux pour changer le ton de la conversation. Parfois, elle est capable d’imaginer de ces scènes. Eireen rit avec elle, ce qui repose la rousse qui avait le sentiment d’avoir une belle boulette en prenant sa santé trop à la légère. La jeune femme est sensible lorsque l’on parle de maladie, mais elle ne manque jamais d’humour, ce qui est fort agréable. Cora ne s’imagine pas sans rire au moins toutes les heures. C’est peut-être ça qui la préserve d’un éventuel et réel burnout. « Bon, j'risque d'être interdite de séjour à l'hosto si jamais j'me fais choper. Mais j'te balancerais. Sans aucune hésitation. » Elle ouvre la bouche en grand, comme pour paraître choquée que son amie veuille la balancer. Ceci est plus une caricature qu’autre chose. « Je suis sûre que tu te ferais chopée, juste pour la fouille au corps. » Elle la taquine, une nouvelle fois. « Non sans rire, je t’imagine en train de chanter la chanson et d’claquer des doigts sauf qu’au lieu de faire la ménage, hop, tout le monde est guérit. » Oui, les gens dans les fauteuils se relèvent, et tout l’monde danse. Oui, Cora a une imagination tout ce qu’il y’a de plus fertile. Peut-être que la jeune femme devrait commencer à écrire des scénarios plutôt que de jouer la comédie. « Même si tu me demandes de ne pas m'inquiéter, j'pourrais pas m'empêcher de le faire. T’as beau être pénible parfois, j'tiens quand même à toi. » Oooh. Malgré la grimace d’Eireen, Cora ne se sent que plus touchée. Ça fait du bien parfois d’avoir quelqu’un qui s’inquiète. Elle est presque certaine que si demain elle devait être hospitalisée, seule maman viendrait et ce serait pour lui faire tout un tas de reproche comme quoi elle a besoin d’elle pour gérer sa carrière et qu’elle n’aurait jamais du s’imaginer y arriver seule. Rien qu’en pensant à sa mère, le sourire de Cora se fige quelques secondes. Quelle femme atroce. Après cette pensée, Cora ne put que sourire de reconnaissance à son amie avant de changer de sujet. Il était hors de question que sa mère gâche cette rencontre ou quoi que ce soit d’autre dans sa vie. Eireen parle alors de son voyage en Malaisie, tout en restant évasive sur plein de sujet, ce qui indique à Cora qu’il peut-être plus dans cette histoire que ce que la brune veut dire. Tout ceci amuse Cora qui aimerait beaucoup savoir, mais qui préfère aussi ne pas poser trop de question. Elle-même est très secrète, ce serait un reproche bien hypocrite que de pointer du doigt tout ce qu’Eireen dit de bancale. Et puis, elle sait qu’elle saura un jour. La rousse sait être très patiente. Tout ceci les mène à parler de voyager. Enfin, amène surtout Eireen à lui conseiller de sortir un peu se reposer. Ce qui serait super sur le papier, mais Cora n’a pas le temps. Et puis, elle ne veut pas spécialement se le donner le temps. Elle devrait partir seule ? Non. La solitude est un sentiment qui prendre éjà bien assez de place dans la vie de la rousse. « T'es pas drôle tu sais ? » Elle hoche la tête. « Et noooon, je sais. » Il faut la comprendre. Sa carrière, c’est tout ce que Cora a. Elle ne peut pas la mettre de côté. Elle a déjà pris un risque énorme il y’a plusieurs années en le faisant. Malheureusement, sa situation n’est plus la même. Néanmoins, un voyage entre copine lui semble tout à fait faisable, et puisqu’Eireen propose l’idée autant qu’elle se sacrifie. « Ouais ... Euh ... » Elle n’a pas l’air grandement excitée à cette nouvelle, mais la conversation est vite rompue par le serveur qui arrive. Comme à son habitude, Cora en commande une tonne. Et encore, parce qu’elle ne veut pas inquiéter son amie avec le surmenage, elle ne commande qu’un seul mug de café. Elle est bien capable d’en demander avec un refill toutes les dix minutes. Finalement, il part. « J't'accompagnerais, t'inquiète. Je vais t'aider à te désintoxiquer de ton téléphone. Au moins pour un week-end. Deux petits jours. » Voilà une grande nouvelle. La rousse ne put s’empêcher de sourire et de commencer à réfléchir à un éventuel lieu de vacance. « Un week end ? Et c’est moi qui suis pas drôle ? » Oui après tout, c’est elle qui avait suggérer de partir en vacance. Néanmoins, cela vaut mieux si on doit prendre en compte la condition pas de téléphone pendant le séjour. « Quarante-huit petites heures. Tu tiendras. » « La vraie question est, est ce que mon agent tiendra sans moi. Si je suis avec toi, je peux oublier mon téléphone. C’est pas comme si j’avais une foule d’amis. » dit-elle avec un sourire un peu forcé. Après, cela est son choix aussi. « Après, on n'a pas forcément besoin de faire une excursion dans un autre pays. Un petit week-end tranquille dans un petit chalet, au bord d'un lac. » euuh. Cora reste bloquée. « Oui enfin tu sais. Moi, la nature. Tout ça. » Oui, Cora est une femme de la ville. « Sans oublier le fait que dès que tu quittes la civilisation, tu as toutes les chances de te retrouver avec une araignée de la taille de ton poing dans la salle de bain. Je préfère éviter. » Et elle insiste d’un geste de tête. « Mais, si c’est une question d’argent, tu sais que je m’en charge. Je peux nous dégoter un aller-retour Espagne en jet privé sans problème. » Oh oui, maintenant qu’elle a lancé l’idée. Elle veut aller en Europe.

Elle ne peut réprimer son rire face à la grimace d’Eireen quand elle sous-entend qu’elle pourrait aimer se faire pincer pour une fouille au corps. Il semblerait qu’elle vienne de choquer son amie, ce qui rend la grimace deux fois plus drôle. "T'as pas honte ? Enfin, en même temps ... Si c'est un mec plutôt mignon ..." Double fou rire. Cette fausse manière d’être offusquée. Cora ne peut s’empêcher de taquiner son amie. Elle aimait bien parfois, faire des sous-entend durs. « Tu sais, si ça me permettait d’être touchée un peu plus souvent. J’irais en amener de la bouffe en douce dans les hôpitaux. » Et plutôt deux fois qu’une. Mais Cora ne se sent pas d’étaler sa trop grande solitude amoureuse au beau milieu d’un café. C’était le genre d’état d’âme qu’elle préfère garder pour elle. Un petit peu comme Eireen et ses secrets. Cela ne l’avait pas empêché une semaine plus tôt de ressortir sa vieille bague de fiançailles, que Priam lui avait offertes quand leur relation était au beau fixe. C’est un bien beau bijou et elle ne voyait pas pourquoi elle ne devrait plus le porter sous prétexte qu’ils n’étaient plus ensemble depuis des années. Alors elle l’avait enfilé. Et aujourd’hui encore, elle la porte à son annulaire gauche. Comme une fiancée. Mais personne ne faisait attention et puis au final, si y’a pas l’homme, ça ne devient qu’un vulgaire bijou. Un vulgaire bijou qui coûte un rein. Cora préfère divaguer sur Mary Poppins, elle est lancée dans son propre délire mais préfère le refreiner. Après tout, la conversation doit être sérieuse. Eireen, de toute façon, ne fait que la ramener sur terre au moment où elle lui parle de son métier et surtout du fait qu’elle travaille beaucoup trop. Ce qui est vrai. Mais on oublie bien vite que Cora a peu de chose à côté de sa carrière. "Une semaine, si tu veux, j'm'en fiche. Mais tu penses tenir une semaine sans téléphone ? Ou juste le soir avant d'aller dormir ?" Oh oui. Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait déjà viré ce truc. Mais, on n’est pas Cora Coverdale si personne ne peut vous joindre. Au diable ton agent. Je sais que tu l'aimes bien. Mais faut que tu penses un peu à toi mon chou." Elle ne peut qu’acquiescer. C’est vrai qu’il est sympa cet homme, mais il la harcèle un petit peu trop. « Ne t’en fais pas, si je le préviens à l’avance. Je suis sûre qu’il ne me laissera qu’une centaine de message. Au pire, je te laisserais gérer mon téléphone. Comme une maman. Une semaine ne me fait pas peur. Au pire, après ça je serais parée pour enfin faire de la télé-réalité. » Elle ajoute en riant. Le sarcasme, que c’est beau. Cora déteste la télé-réalité. Elle le revendique publiquement, mais il n’empêche que des offres continuaient à venir sur la table. Si elle faisait ça, ça marquerait avec certitude la fin de sa carrière et elle pourrait se mettre à faire des strip-tease "C'est dommage. Parce que la nature, c'est chouette, c'est pas comme si je proposais un week-end camping." Ouais …. Chouette. Pas vraiment pour Cora. Elle est d’accord, la nature c’est bien. Mais elle va tout de suite changer de discours si on lui demande de dormir dehors une nuit. Après, elle peut faire un effort si Eireen a peur de dépenser. La Malaisie a déjà dû lui coûter. Quoique, Cora pouvait lui offrir. "C'est pas qu'une question d'argent. "C'est en Espagne que tu voudrais aller ou bien c'était une destination comme une autre ?" Et bien, c’était une destination comme une autre. Mais maintenant qu’elle y pense. Elle réfléchit quelques minutes. Minutes pendant lesquels le serveur revient avec leur commande. « Et bien, maintenant que j’y pense. Oui. L’Espagne. Je veux aller à Barcelone et me faire insulter en catalan. » Bon, elle grossit le tableau. "Bon, revenons-en à nos moutons. L'Espagne alors ? Pour aller faire bronzette ?" Elle s’y voit déjà. « Pour faire bronzette, dois-je te rappeler que j’attrape des coups d’soleil en deux minutes ? Mais pour faire du shopping. Allez voir du soccer. Plein de chose. Ça me botte carrément. » Elle a un regain d’énergie en en parlant. « Par contre, ça serait pas pour tout d’suite. C’est l’hiver là-bas. Je pense qu’on reste mieux à Brisbane côté température. » Oui, parce que manquait plus que ça. Il ne faut pas qu’elle ait trop froid. « Oui, faudra qu’on se fasse ça. En mai, ma mère m’a dit qu’elle serait en Australie, ça m’arrange d’être sur un autre continent à ce moment là. »

La conversation prend une déviation intéressante quand Cora commence à taquiner Eireen sur les hommes. De voir la jeune femme s’offusquer pour rien de plus qu’une simple blague tendancieuse fait beaucoup rire Cora. "Espèce de petite coquine va." Eireen et ses grimaces d’enfant ne font que conforter Cora dans sa vanne. Elle en profite pour ajouter qu’elle n’aurait rien contre une petite séance de caresse avec un agent de sécurité. "Tu sais, hein, si tu veux te faire tripoter, y'a d'autres moyens que la fouille au corps. Enfin, j'dis ça, j'dis rien." Ouais. Eireen a raison. Et heureusement qu’il ne faut pas risquer la vie de malades pour avoir une approche avec quelqu’un. Enfin, elle dit ça, mais Cora court encore moins après les hommes qu’après des vacances. Quelque chose qu’elle a bien du mal à expliquer. Et quelque chose que Cora n’expliquera pas aujourd’hui. Non pas qu’elle craigne de se confier à Eireen, l’endroit est tout simplement pas bien choisi. « Oui, c’est vrai. Mais bon, j’sais pas si ça me rendrait tant service que ça. » Encore et toujours. Sa carrière et son image à gérer. Qu’une chose qu’elle ait face la première page, voilà qui lui donne des frissons jusque dans les reins. Déjà que souvent, elle doit tourner sa langue sept fois dans sa bouche pour que ça ne soit pas mal interprété. Voilà pourquoi le meilleur sujet de conversation qui soit à ce moment, c’est l’établissement d’hypothétique future vacance que Cora pourrait après son prochain tournage. Elle en parle simplement, là où beaucoup auraient des palpitations à s’imaginer quelque part à s’dorer la pilule. C’est que Cora, elle n’est pas très vacance. Toujours à s’bouger. Il faut avouer que la jeune femme n’est pas facile à faire changer d’idée. Toutefois, ce qu’Eireen lui offre lui plait. Même si c’est sans téléphone en sa possession. Après tout, comment elle faisait avant ? "Bien. Tu seras alors comme les enfants. Privée de téléphone pendant la journée. Et tu l'auras que le soir. Crois-moi. Ca va peut-être te manquer le premier jour. Et puis, après, tu vas t'habituer. Et ça te fera un grand bien." Et bien, ça va être compliqué pour ses fesses si Eireen si met à l’autorité. Elle s’imagine déjà devoir demander l’autorisation, comme une gamine. Quoique, maman avait toujours tout dicté et Cora n’avait pas eu grande occasion de demander quoi que ce soit. D’ailleurs, si elles allaient en Europe, Cora préférait le faire tant que sa mère n’y serait pas. Même si cette dernière ne vit pas en Espagne, seule une mer les aurait séparés. Trop peu pour la jeune femme qui préfère cent fois l’immensité de l’océan. Bien sûr, elle lui enverra tout d’même son bon baiser, mais sur une carte postale si possible. "On fera ça en mai alors si ça t'arrange." Oh que oui ! Personne n’était sans savoir la relation tendu que Cora peut avoir avec a mère. "Dis-moi avant, par contre, les dates pour lesquelles tu voudrais partir. Histoire que j'prévienne mon associé qu'il pourra pas compter sur moi durant cette période." « Ne t’en fais, j’dirais au plus vite. D’ailleurs, je te précise que si je ne peux pas avoir de téléphone. Toi, tu n’auras pas de travail avec toi. Histoire d’équité. » Oui, même si Eireen est certainement beaucoup moins au nirvana que Cora question travail. Mais, c’est normal, de sa définition, Eireen travaille. Cora, elle n’a pas autant de chose à savoir pour sa carrière. Juste être au rendez-vous, jouer et tacher de ne pas montrer faire de strip-tease ou montrer sa poitrine en public. « Enfin, j’espère que la destination te dérange pas. On peut aller en Irlande aussi, faudra juste que tu fasses une croix sur la bronzette. » Après tout, ça pourrait être pas mal. « Je pense que ça m'éviterait de cuire aussi. » dit-elle, pour plaisanter plus qu'autre chose.

Finalement, Cora est parvenue à calmer ses nerfs. Pour cela, rien de tel que de parler de tout et de rien avec Eireen. Elle en oublierait presque les réprimandes outrageantes que sa mère a eu plus tôt à son égard. Cette dernière a toujours eu beaucoup de pouvoir sur Cora, encore plus à une époque qu’aujourd’hui, et la jeune femme avait beau avoir coupé les ponts avec celle qui l’avait mis au monde, cette influence résistait. Fort heureusement, de balayer sa mère hors de sa vie avait permis à Cora de rencontrer bon nombre de bonne personne qui lui montraient chaque jour qu’elle pouvait être elle-même malgré ses défauts. Que ce n’est pas grave. Des gens qui la prennent comme elle est, au lieu de sans cesse vouloir la corriger. Avec Eireen, elle parle de tout, elle prend beaucoup de plaisir à taquiner son amie et à aborder des sujets coquins avec légèreté. De toute manière, elles sont bien adultes non ? « En public, non, c'est clair que ça aidera pas vraiment. Mais j'suis sûre que tu finiras par trouver quelqu'un de chouette, de sympa, et tu pourras alors faire des petites choses dans l'intimité. » Ouuh, des petites choses dans l’intimité. Visiblement, Eireen a des choses à raconter. Cora ne peut s’empêcher de lui faire un clin d’œil en lui répondant « Ah oui ? Une expérience à partager ? » Elle n’est pas sérieuse au fond. Elle sait Eireen assez timide et de toute manière, chacun sa vie privée. C’est juste la drôlerie de cette conversation, et puis ça lui permet de penser à autre chose et pour ça : bravo Eireen. Cora ne poursuit pas sur sa lancée. Elle aimerait bien pouvoir parler de quelqu’un de chouette et sympa, mais dans sa vie là. Y’a juste personne. Et c’est tout aussi bien comme ça. Elle peut se concentrer sur sa carrière, même si ce n’est pas ce que son amie aimerait entendre. Alors autant causer voyage. Les détails se règlent rapidement. Ce sera l’Europe, une semaine et sans téléphone. C’est assez faisable en fin de compte. Cora est pendu à son téléphone que quand elle est seule, ou parce que son agent l’appelle. C’est une nana seule qui se divertie par le biais d’application supposée remonter sa barre de sociabilité. Pour l’instant, elle est en bonne compagnie. « Ca ne me serait même pas venu à l'idée d'amener du boulot en vacances. » Eireen n’est pas drôle sur le coup. Cora serait le genre à emporter des script avec elle. Remarque, en lecture de plage, ça passe non ? « Pas même un peu ? » Non, bien sûr que non. « Et bien, tu seras mon gourou alors. Pour une vie de travail plus saine. » Elle lève son mug de café, comme pour trinquer à la brune. Ce qu’elle trouve drôle. Mais le doute que la destination plaise à son amie se fait sentir. Cora, elle se sent petite fille gâtée, comme si Eireen devait se charger d’elle. « C'est toi qui vois Cora. Espagne, Irlande ou tout autre pays, c'est pas important. L'important, c'est que tu te reposes un peu et que tu penses à autre chose. » Oui, c’est bien ce qu’Eireen fait. Elle prend soin d’elle. « Oui mais, j’ai envie que ça te fasse plaisir aussi. Alors, je préfère que tu me dises ce que tu préfères. » Elle sait qu’Eireen veut que l’éloigner du travail, mais Cora ne peut pas lui demander ça en sachant qu’elle n’est pas en vacance là où elle aimerait alors. « J’insiste, sinon on part sur l’endroit le plus pluvieux de la planète. » Elle ne sait pas si elle en serait réellement capable, mais elle espère avoir la crédibilité pour une véritable menace.