"J'aurais. Sans doute. Mais pas ici. Tu sais très bien qu'il y a toujours des petites oreilles indiscrètes qui traînent partout." Ooh. Elle ne s’attendait pas tellement à une réponse à la positive. Cora n’est pas le genre à courir après ses amies pour avoir des détails croustillants sur leurs vies. A vrai dire, elle trouve ça affreusement déplacé et elle n’a jamais compris ces filles qui se réunissent juste pour parler de leurs petits amis et de leurs contacts privés. Après, c’est sûrement parce qu’elle est une célibataire de longue date. Et qu’Eireen aussi. Et que ce n’est pas plus le genre de la brune. Mais de mémoire, même quand elle était avec son fiancé, jamais elle n’avait fait ça. « Ne t’en fais pas, je ne m’attend pas sérieusement à ce que tu m’racontes tout ça. » Non, et elle avait raison de ne pas vouloir le faire en public comme ça. Il n’était pas rare que l’on épie Cora. Elle est bien la plus mauvaise des amies dès qu’il s’agit de cela. "Faudra qu'on s'trouve un petit créneau pour qu'on discute de tout ça, au calme." Ouuh, ça veut dire confidence. Et ça veut surtout dire que Cora pensait juste quand Eireen a parlé de la Malaisie, il y’a bien quelque chose de nouveau dans sa vie. Sûrement trop nouveau qu’elle sache, mais tout de même. « On a tout le temps. Tu m’en parleras quand ce sera sérieux. » dit-elle avec un clin d’œil, un peu comme pour lui dire qu’elle a deviné et que son amie n’est pas obligée de livrer son secret. « Je te fais une place bientôt. » Elle n’y manquerait pas. Après bientôt chez Cora, ça veut souvent dire pas avant le mois prochain. Mais Eireen doit y être habituée et ce n’est pas un cas d’urgence. Déjà, qu’elle arrive à libérer une semaine pour leur voyage. Ce n’est pas tant question d’avoir l’intérêt de Cora, quand elle passe du temps avec quelqu’un, elle n’a pas la tête ailleurs. C’est juste question de réussir à choper un créneau. Sachant qu’elle peut être appelée pour une scène à tout moment, il suffit juste que le réalisateur en ait la lubie. Cet emploi du temps chargé en inquiète plus d’un, et suscite souvent l’incompréhension. Pourquoi travailler autant ? "Moins de travail, un esprit moins tourmenté. Après, je sais pas si j'suis la meilleure pour ça mais bon, j'suis pas mal quand même." Et bien, elle essaiera à l’avenir de penser un peu plus comme Eireen. Elle est tellement gentille son amie. C’est très agréable, d’avoir quelqu’un qui s’inquiète. Même si c’est un peu souvent pour pas grand-chose. C’est aussi un peu pour la remercier que Cora aimerait partir en vacance avec elle. "L'Espagne, c'est bien. Mais toi, tu vas griller. L'Angleterre, il fait tout le temps moche, et j'présume qu'en Irlande, ça doit être le cas." Eeeet, c’est qu’elle a raison la petite. Quoique, être australienne n’est pas non plus la meilleure des idées quand on a sa peau. Mais Cora avait réussi à trouver comment ne pas en faire une trop grosse gêne. "L'Islande, ça peut être cool. Avec les geysers et les sources chaudes. On irait voir les volcans. Ou alors, un pays nordique. Ils font des massages divins à ce que j'ai entendu dire. Ils ont aussi des sources chaudes ... Et des saunas ... Bon, après, j'sais pas si leurs magasins sont bien mais bon. On pourrait peut-être même aller faire du ski. Mauvaise idée. Manquerait plus qu'on se casse quelque chose. "Elle saute sur sa chaise. Toute excitée. Eireen a eu l’idée parfaite. « Non, c’est bon laisse tomber. L’Islande c’est parfait. Et au pire, si les magasins ne vont pas, on fera escales ailleurs. Je veux aller voir les volcans et apprendre à prononcer leurs noms. » dit-elle en riant. Et dire qu’Eireen a failli proposé le ski. « Et bon, sérieusement ? Le ski ? » Come on. Déjà qu’elle a réussi à trouver comment tenir sur des talons, on ne va pas lui demander de faire de même sur la neige. « Là, si je me fais quelque chose, ce serait le meilleur moyen de me faire prendre des vacances je crois. » Elle rit, prend quelques secondes pour regarder l’heure, chose qu’elle n’avait pas faite. « Oh mon dieu ! Déjà ? Je vais pas tarder. Je suis désoléee. » Bon, elle a jor cinq minutes pour terminer ce qu’elle a commander. Elle commence par le chessecake, qu’elle s’empresse d’avaler.

Il est venu le temps des confidences. Malheureusement, l’endroit n’est pas adéquat. Certes, Cora sortir au Pearl ’Café. Les muffins sont divin et c’est tellement moins sur bondé qu’un Starbucks coffee mais la clientèle est là et un bon ragot peut se propager très vite sans prévenir. Eireen n’est pas soumise non plus à la contrainte médiatique, mais même si Cora avait cette chance, elle serait toute aussi réservée. C’est pourquoi elle ne blâme pas son amie ou n’essaie pas de lui faire cracher le morceau. Si c’est sérieux, elle le saura bien un jour. Eireen n’aurait pas trop le choix que de lui dire, et en attendant, Cora sait être patiente. Elle n’allait pas exiger des autres qu’ils lui racontent ce qu’elle garde privé. Et puis, oui, elle le sera bien assez tôt. "Bientôt ... pas dans trois mois j'espère." La brune vient de toucher un point important. Evidemment que « tôt » chez Cora n’a pas le même sens que chez beaucoup de monde. Eireen serait même sûrement disponible bien avant que Cora ne trouve cinq minutes pour aller chez le coiffeur. Enfin, la remarque fait rire la rousse. « Promis ! Je te contacterais avant. » Elle espère que ce n’est pas une promesse en vain. C’est parfois difficile de trouver du temps pour autant de monde. C’est pourquoi l’entourage de Cora est au final très restreint. Il ne reste que les personnes qui comprennent. Et de toute façon, Cora est bien forcée ‘être libre avant maintenant qu’elles ont arrêtés une période pour leur vacance. Un coin loin d’ici – loin de maman en fait – et au soleil de préférence. Non pas qu’elle en soit dingue, mais si elle devait partir pour voir de la flotte, elle irait dans le pays d’à côté. Le choix de la destination reste tout de même sujet à controverse. Elle sent qu’Eireen n’est pas emballée plus que ça par sa proposition, et si la brune est trop gentille pour le faire savoir, Cora insiste pour connaître le fond de sa pensée. Après tout, ce sont ses vacances à elle aussi. Elle doit en garder un bon souvenir. La discussion finit par trancher, ce sera l’Islande. "Va pour l'Islande alors. Comme tu dis, pour le shopping, on pourra toujours aller ailleurs." Oui, surtout que c’est à quelques heures de vol de Paris ou Londres, après être venue d’Australie, elles ne seraient plus à ça près. "Le ski, c'est sympa. Et c'est bon pour toi si tu veux te faire tripoter par un moniteur. De toute manière, j'doute qu'il y ait beaucoup de neige." Elle remet à rire. « Ca a un côté très fantasme quand de se faire tripoter dans l’froid par un sportif. Maiiis, je ne suis pas sûre de vouloir risquer un accident pour ça. » Non, sûrement pas. Elle avait déjà trop entendu ces histoires de ski qui terminent à l’hôpital. Sa montre finit par indiquer qu’elle traine depuis trop longtemps là. Elle commence à s’activer, parce que, elle parle, elle parle, mais elle ne mange pas. Et bientôt, elle va devoir repartir. "Quoi ? Déjà ?" « Ouais, j’ai un essayage après. » explique t-elle la bouche pleine. "Prends le temps de mâcher. Tu vas t'étouffer avec ton cheesecake sinon et on sera obligé de te faire du bouche à bouche pour te réanimer." Décidément, Eireen a tout d’une maman avec elle, ce qui fait rire la rousse qui ralentit. Et dire que son amie est plus jeune, vu son comportement, on se poserait bien la question à nouveau. "Et dire qu'on n'a même pas eu le temps de parler du pourquoi tu étais si énervée en arrivant." Ah oui. C’est vrai. Cora relève la tête en tente d’avaler. « Tu t’rend compte ? ça veut dire que tu m’as détendue. » dit-elle en souriant. « J’étais en colère parce que ma mère est à Brisbane et qu’elle est venue me voir sur le tournage. Je déteste quand elle fait ça, comme si elle était en charge. Comme si, elle pouvait m’dire comment j’dois gérer ma vie. » Elle commence à s’emporter à nouveau. « J’aimerais juste ne plus jamais la voir. »

"Faut savoir ce que tu veux ma grande. Mais bon, oui, y'a d'autres manières de se faire tripoter sans ... et bien, sans risquer de se briser le cou ou un truc dans le genre. Manquerait plus que tu te casses une jambe. Et après, tu vas m'en vouloir à mort. Alors non. On va pas prendre le risque." Elle observe Eireen qui hoche la tête. Elle se dit aussi qu’elle a amené leur conversation dans une voie bien étrange. Parler de caresses dans la neige, c’est bien étrange. Mais bon, on dira que le célibat d’Cora doit lui peser un peu. Plus sérieusement, Eireen n’avait pas tort. Bien sûr, Cora ne lui en voudra pas à mort si un accident lui arrivait, mais elle aurait à vouloir la suivre dans de nouvelles aventures après ça. Disons qu’il suffit d’une mésaventure pour passer à Cora l’envie de reproduire une expérience. Elle grimace en hochant la tête. « Oui, donc tu es d’accord. Pas de ski. » Elle peut voir la mine déçue d’Eireen. Elle le regrette, mais là, il s’agit de sa santé et de son métier qui pourrait en pâtir à l’avenir. « Si j’ai besoin de me faire peloter, je mettrais à exécution le plan bouffe dans les hôpitaux. » Oui, cela lui semble être une affaire plus sûre. Bien sûr, elle ne va pas relancer la conversation sur les hôpitaux. De toute manière, l’heure de partir va bientôt sonner. C’est à contrecœur mais elles doivent savoir que chaque bonne chose a une fin. Elles devraient déjà se féliciter d’avoir eu une aussi longue conversation sans que le téléphone de Cora ne se mette à vibrer pour on ne sait quelle urgence. Elle tente alors d’avaler tout ce qu’elle a commandé à grande vitesse. Quelle merveilleuse idée elle a eu de commander tout ça dis donc. Disons qu’elle avait besoin de manger à ce moment-là, pour penser à autre chose qu’à sa mère et les remontrances qu’elle lui avait faite plus tôt. Fort heureusement, Eireen avait réussi à lui changer les idées, elles n’avaient même pas eu besoin de vraiment partir en voyage pour ça. Juste d’en parler. "Bah au moins, tu sais que si t'es en pétard grave, tu peux venir me voir. Et ça t'évitera de t'énerver toute seule." Ouais. Mais les rancœurs et la fille sont tenaces, et il y’a beaucoup de chose à dire pour les comprendre. Certes, il y’a l’éducation sévère que Cora a reçu entre les plateaux, ce dont Eireen est au courant. Mais, il y’a l’affaire du bébé, ce dont Cora ne parlera jamais. "Serre les fesses et respire un bon coup. Avant de devenir toute rouge." Entre deux bouchées, cette remarque la fait rire. "Si je puis me permettre ... Si ça te bouffe de la voir ... Dis-lui une bonne fois pour toute qu'elle t'emmerde et que t'as besoin d'espace. J'dis pas que ça va fonctionner. Mais ça pourrait. Et ça t'éviterait bien des soucis." Et là encore, si les choses peuvent être aussi simple. « Je lui ai déjà dit, des centaines de fois. J’ai tout arrêté pour qu’elle me lâche, mais elle revient à chaque fois, et ça me fatigue encore plus. Et maintenant, j’ai juste l’énergie de l’écouter se plaindre de moi, de Finn ou de Brynn et je repars en courant. » explique t-elle, elle sait qu’Eireen veut son bien mais il est difficile de comprendre combien la mère de Cora l’a épuisé mentalement, et combien la jeune femme est démunie face à elle.

"Fais gaffe quand même à tes miches. Parfois, ils poussent la fouille un peu loin. Et puis, faut que tu sois sûre que ça soit un mec qui te tripote. Et pas une nana." Bwarf, elle a envie de dire. Des mains sont des mains. L’imagination ferait le reste. Mais elle se contente d’hausser les épaules. Eireen sait bien que de toute façon, Cora n’est pas sérieuse. Elle a déjà bien assez de mal à nouer des relations, alors se laisser toucher par un(e) inconnu(e), ça relève de l’impossible. Mais plaisanter sur le sujet permet à Cora de penser à autre chose et c’est le principal dans tout ça puisque c’est pour cela que de temps en temps, elle trouve un moment pour voir ses amies. Elles lui permettent de se détendre. Un moment bien court malheureusement puisque Cora doit repartir aussi vite. Au moins, ce sera le cœur léger et l’esprit libre. Exit maman et ses remontrances. Bien que ce soir, il faudra sûrement qu’elle en parle à Finn. Lui aussi, il aura sûrement eu la visite. Quoique, sur ce coup, il a plus les tripes de ne pas avoir ouvert la porte. Cora devrait en prendre de la graine. D’ailleurs, Eireen ne manque pas de lui donner ce conseil. Si seulement c’était si simple. La mère Coverdale a une influence trop grande sur la rousse encore. "T'as plus qu'à serrer les fesses alors. Et attendre que ça se passe. En tout cas, sache que si elle te gonfle ou qu'elle t'empoisonne, n'hésite pas à m'appeler. Qu'on cause." Haha. « Ouais, enfin j’vais éviter de trop me plaindre. J’vais supporter, ça fait vingt ans que ça dure alors. » dit-elle en se levant, prête à partir. « T’façon maintenant qu’elle vit en Europe, c’est vivable. » Elle s’empare de son sac, ses affaires avant de ranger sa chaise et de déposer un billet sur la table. « Allez, je laisse. On s’appelle et prend soin de toi. » Elle embrasse la joue de son amie avant de se précipiter à nouveau vers la sortie. Comme à chaque fois, elle est déjà en retard

FIN