I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Juste avant de partir, elle lui demanda de chercher la petite valise d'affaires qu'elle avait préparé pour l'heureux événement. Jamie l'avait guidé jusqu'à la voiture. Il restait parfaitement calme, étant certainement habitué au grand stress. Une fois dans la voiture, il laissait toujours une main auprès d'elle, qu'elle serrait de toutes ses forces. Joanne était partagée entre des dizaines d'émotions contradictoires, la pauvre était totalement perdue. La sérénité de son fiancé l'aidait à perdre totalement ses moyens. Sa main libre était constamment posée sur son ventre, tentant de respirer le plus tranquillement possible. Mais elle sentait son coeur tambouriner dans sa poitrine. Le trajet semblait durer une éternité et Joanne se voyait déjà dans un scénario catastrophe où ils seraient bloqués dans la circulation. Alors elle serrait bien plus fort sa main, et à chaque fois qu'une nouvelle contraction se faisait. Elle avait un peu abaissé le dossier de son siège, pour soulager un peu son dos. Jamie l'aida à sortir du véhicule et elle s'installa sur la première chaise qui était disponible. Elle avait cette pression sur le bas du ventre lui donnant l'impression que le bébé allait sortir dans la seconde. Son fiancé allait rapidement signaler sa présence avant de s'accroupir devant sa future femme, en lui prenant les mains. Il avait le regard si attendri, si amoureux. Des larmes coulèrent spontanément le long de ses joues. "Je ne sais même plus pourquoi je pleure." dit-elle en riant, mais la voix tremblante à cause des larmes qui continuaient de se déverser. Il y avait bien évidemment de la joie, du bonheur. Elle n'aurait jamais cru que ce jour viendrait. Mais aussi énormément d'appréhension et d'angoisse quant à l'accouchement, se demandant si tout allait bien se passer, et ce qui pourrait se passer dans le cas contraire. Elle serrait fort les mains dans les siennes, prenant de longues inspirations pour apaiser ses contractions qui devenaient du plus en plus douloureuses. Une poignée de minutes plus tard, le Dr. Winters arrivait dans la salle d'attente. Le sourire serein, il dit. "Alors, il a décidé de venir un peu plus tôt ? De combien, deux, ou trois semaines ?" Les yeux rieurs, il tentait certainement de soulager sa patiente, qui avait les yeux bien rouges. D'un sourire franc, elle lui confirma. "Trois semaines, oui." "Le Dr. Bush est sur un autre accouchement pour le moment, je vais m'occuper de vous. J'ai fait en sorte que ce soit des professionnels que vous connaissiez bien qui s'occupent de vous. La sage-femme que vous voyez -Lily, c'est bien ça ?- ne va pas tarder à arriver, je viens de l'appeler. Installez-vous sur le fauteuil roulant, on va vous conduire en salle de travail." Il ne voulait pas qu'elle fasse d'effort supplémentaire, déjà que l'accouchement était imminent. On prit les affaires que tenaient Jamie afin de les apporter dans la chambre dans la quelle elle se trouvera après l'accouchement. On aida la jeune femme à se changer et à s'installer dans le lit. On lui mit un brassard pour surveiller sa tension, de quoi surveiller son pouls et sa saturation en oxygène. Une des infirmières lui posa également une perfusion sur sa main droite. Jamie était juste là, et s'approchait d'elle une fois que tous les soins avaient été effectués. Elle ressentait grandement le besoin d'avoir un contact physique avec lui, sans quoi, elle serait perdue. Elle était si nerveuse, si paniquée. Mais elle avait tout de même ce fin sourire sur ses lèvres qui en disaient longs. Le Dr. Winters revint auprès d'elle ; il l'avait ausculté avant qu'elle ne soit constantée.[color=#006699] "J'ai l'impression que ça s'est intensifié, surtout pendant le trajet. Nous étions dans les embouteillages." Le médecin acquiesça d'un signe de tête avant d'être interpellée. "Je reviens dans quelques minutes. Et n'oubliez pas les exercices respiratoires dont nous avions également parlé, d'accord ?" Le couple était désormais un peu seul, son regard bleu reposait sur lui. "Un jour de grands changements, pas vrai ?" dit-elle avec un faible sourire ; diminué la douleur que lui procuraient ses contractions.
Nerveux, je cherche Liv du regard. Est-ce qu'elle n'est pas censée être près de Joanne pour son accouchement ? Aucune signe de sa tignasse rousse. Elle viendra peut-être plus tard. A moins qu'elle ne soit occupée avec le Dr Bush sur le cas de l'autre mère. J'accompagne ma fiancée jusqu'à la chambre de travail, mais on me laisse à la porte le temps de lui faire passer quelques examens, s'assurer que tout va bien. Cela fait, une infirmière s'approche de moi et me tend une tenue complète d'hôpital. « C'est une blague ? » je demande, un sourcil arqué. Pas que je veuille jouer les divas, mais cette blouse est bien moins glamour que le reste de ma garde robe. « C'est ça ou vous n'entrez pas. » rétorque-t-elle, visiblement très fière de rabattre le caquet du spécimen face à elle. Fort bien. J'enfile la blouse ainsi que de très mignons chaussons en papier et gagne enfin mon laisser passer auprès de la future maman. « Sexy, hein ? » je lance en lui montrant ma tenue avec amusement. Je trouve rapidement une chaise et m'assied à côté du lit. Joanne se saisit immédiatement de ma main. Winters ne tarde pas à quitter la pièce pour nous laisser un peu seuls. Entre mes doigts, je peux sentir ma paume moite de la jeune femme, toute sa panique. De ma main libre, j'essuie ses joues trempées par les larmes, un sourire attendri sur les lèvres. « C'est vrai, un jour de grands changements. » je répète tout bas. Je caresse sa main doucement et dépose un baiser sur sa joue. « Il est bientôt là. Plus que quelques heures. » C'est à la fois excitant et terriblement effrayant. Dans quelques heures, notre bébé sera là. Nous serons trois. Nous aurons la charge de ce petit être, cette responsabilité. Nous serons parents. Il y aura ce petit bout de nous deux qui vit et respire. « Tout va bien se passer. Tu n'as pas à avoir peur. » Je sais qu'elle l'est quand même. Et plus le travail avancera, plus le moment approchera, plus elle sera tétanisée. Tout ce que j'espère c'est qu'à la fin, elle et notre fils aillent bien. « Tu vas y arriver, j'en suis sûr. » dis-je en embrassant ses petits doigts un brin tremblants. « Et après, tu pourras tenir ton petit miracle dans tes bras. » Elle qui pensait qu'elle n'aurait jamais cette chance. Que ce droit lui était refusé. « Nous verrons s'il s'agit bien d'un petit Dan. » j'ajoute avec un sourire. Car nous pensons tous deux que même si nous aimons ce prénom, nous ne saurons s'il lui correspond, si c'est celui qui est fait pour lui, qu'une fois qu'il sera venu au monde et que nous l'aurons tenu dans nos bras. Comme s'il avait le pouvoir de décider un peu, lui aussi, de son prénom. « Il faudra que j'aille remettre la maison en ordre avant que vous ne rentriez. » dis-je avec un petit rire en pendant à l'immense amas de meubles qui se trouve actuellement sur la terrasse. « Milo doit être en ce moment en train d'escalader le mont canapé, et Ben doit sûrement casser une ou deux lampes. » Penaud comme il est. Il n'a jamais su comprendre sa propre taille ni sa propre force, ce qui le rend bien maladroit. Et son comparse, qui s'amuse d'un rien, adore grimper sur tous les meubles, voyant un nouveau défi dans chaque hauteur inatteignable. Je tente d'apaiser un peu l'esprit de ma douce ainsi, en lui faisant penser à autre chose, en essayant de la faire rire un peu. Mais les contractions la rappellent toujours à l'ordre, en plein dans le moment présent. « Est-ce que tu voudras que je sois présent le moment venu ? » je demande au bout de quelques minutes, caressant toujours le dos de sa main à un rythme régulier. Mon regard ne quitte pas le sien non plus, la tête appuyée sur le rebord du lit pour avoir la même inclinaison que celle de la jeune femme et être plus proche d'elle. Elle a déjà les pommettes plus roses, les yeux rougis et brillants. « Je comprendrais que tu préfères que j'attende dehors. » Je ne veux pas qu'elle soit gênée par ma présence dans un moment qui sera déjà bien assez difficile pour elle. Je serai toujours près d'elle, dans la pièce d'à côté.
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Jamie n'avait pas d'autres choix d'enfiler les vêtements qu'on lui donnait s'il veut rester auprès de la future maman. C'était surtout une question d'hygiène. Il s'était rapidement installé à ses côtés sur une chaise. La pièce revenait au calme dès que le médecin en sortir, et aucun des deux jeunes gens ne parlaient trop fort, comme pour ne pas perturber la sérénité de la chambre. Il gardait sa voix calme, rien que sa présence était des plus apaisantes. Joanne était tellement figée sur l'accouchement en lui-même qu'elle en oubliait ce qui en résultat. Un nouveau né. Que Jamie le mentionne ainsi la faisait sourire, même au milieu des larmes. L'émotion était encore bien vive, tout allait à la fois si vite et si lentement à ses yeux. Première fois maman, et aussi un petit peu perdue. Il était tellement confiant, certain que tout allait bien se passer. "Notre petit miracle." corrigea-t-elle spontanément, de sa voix fragile, mais avec une détermination. "C'est le nôtre." Elle gardait ses yeux rivés sur lui. Si elle voyait les dispositifs autour d'elle ; rien que le monde hospitalier, en soi ; elle paniquerait de plus belle. La période de travail s'associait avec un important exercice de respiration. C'était l'une des étapes où c'était assez risqué pour la jeune femme mais jusque là, elle s'en sortait très bien. Elle prenait de profondes inspirations et expirait longuement. Jamie changeait un peu de sujets, et mentionna les chiens, ce qui fit rire la jeune femme. Elle avait l'impression qu'elle n'avait pas ri depuis longtemps aussi. Mais la tension ainsi faite de son abdomen déclencha à nouveau de très vives contractions, qui durèrent de très longues secondes. La douleur faisait même perler quelques gouttes de sueur sur son visages, et cela n'allait pas être les dernières. Jamie finit par lui poser une question qui la surprit. Elle le regarda avec interrogation, après quoi il dit qu'il comprendrait qu'elle ne veuille pas de sa présence. "Non non non non..." dit-elle, comme si elle craignait qu'il allait l'abandonner. "Je voudrais que tu restes, je..." Elle déglutit difficilement sa salive. Ses yeux brillaient, à la fois d'excitation à l'idée de tenir son bébé dans ses bras, mais aussi de peur. "J'ai besoin que tu sois là." dit-elle la voix tremblante. "Je sais pas si je peux le faire si tu n'es pas là." lui confia-t-elle. "Je t'en supplie, reste avec moi. D'autant que tu le peux." Il y aura nécessairement un moment où on demandera au jeune père de sortir, pour des soins particuliers. "A moins que tu ne te sentes pas de rester aussi longtemps." Il avait toujours de très nombreux impératifs, et même si c'était une personne qui avait le coeur particulièrement bien accroché, peut-être qu'il y avait des choses qu'il ne voudrait pas voir. Joanne embrassa doucement sa main. "Je suis heureuse d'avoir le chance de construire ma famille avec toi." dit-elle, pendant une période où ses contractions ne lui faisaient pas des misère. "Le Dr. Winters a dit que je resterai quelques jours à l'hôpital de toute façon, ça laissera le temps aux livreurs de ramener les nouveaux meubles." Elle sourit. Continuer de parler du réaménagement du séjour lui faisait le plus grand bien. "Je découvrirai le nouvel intérieur en même temps que le bébé." Elle ne quittait pas un seul instant ses yeux verts. Ceux-ci semblaient tellement heureux, comblés. Ils restaient silencieux ainsi, à se regarder, à se parler par le biais des iris. Des conversations comme ça, ils n'en avaient pas eu depuis Sydney, et même à Sydney, ils étaient occupés à communiquer différemment. Etrangement, ce contact là lui faisait un peu oublier ses contractions. Joanne ne savait pas combien de temps ils passaient ainsi, à tout simplement se regarder. Il y avait le Dr. Winters qui passaient plusieurs fois pour observer la dilatation du col et admis que ça prenait assez de temps avec elle. Mais il semblait serein. Chaque accouchement devait être particulièrement différent. Il lui rappelait à chaque fois de bien continuer de penser à sa respiration et de ne pas hésiter si elle ressentait un quelconque malaise. Une poignée d'heures s'écoulaient ainsi. "Je n'avais pas de place dans la petite valise pour emmener quelques habits de naissance." dit-elle alors, se souvenant subitement de cela. "Tu voudras bien en ramener... dès que tu le pourras ?" lui demanda-t-elle, tout en se demandant s'il comptait réellement travailler le lendemain.
Le petit moniteur placé sur le ventre de Joanne montre continuellement l'état de santé du bébé. Vu les risques que comportent cet accouchement là, la sage-femme passe régulièrement vérifier les chiffres sur le boîtier. Tout semble aller pour le mieux. La tension de la mère et de l'enfant sont bonnes. Joanne respire correctement. C'est la grande préoccupation de tous. Mon regard la scrute toujours avec attention, et vérifie qu'elle pense bien à mettre en application tous les exercices de respiration dont elle m'avait parlé. Je lui souris toujours un peu lorsqu'elle inspire et expire profondément pour palier à la douleur des contractions, l'encourageant silencieusement. Elle est parfaite, elle s'en sort à merveille. Elle fera un excellent travail et nous donnera le plus beau fils qui soit. Au cas où, je préfère lui demander si elle veut de moi près d'elle pendant l'accouchement. Je ne veux pas m'imposer, surtout lorsque l'on sait l'état de notre couple depuis des semaines. Elle aurait pu préférer être seule, concentrée sur elle et son bébé. Mais elle m'assure que je peux rester. Que je dois rester. Je serre un peu plus sa main. « Je resterai là alors, ne t'en fais pas. » dis-je tout bas, essayant de la rassurer du mieux que je peux. Je sais que son calme ne tient qu'à un fil. Un fil maintenu par le contact de nos regards. « Je serai juste à côté. » Que ce soit dans cette pièce, dans la salle d'accouchement, ou dans une salle à côté si on m'en donne l'ordre. Je ne serai qu'à quelques mètres d'elle tout au plus, veillant sur elle. « Je ne te laisserais pour rien au monde. » Même si tout ceci doit me faire aussi peur qu'elle, elle sait à quel point je suis capable de prendre sur moi et tenir bon. Je ne suis pas impressionnable. Et une fois que j'ai décidé d'être auprès d'elle, il est absolument impossible de m'en détourner. « Rien ne pourrait être plus important. » j'ajoute avant qu'elle ne puisse penser que je serais capable de l'abandonner pour le travail. Le téléphone pourra sonner autant qu'il veut, après avoir prévenu mes collègues que ma fiancée est en train de donner la vie, ils sauront qu'il n'est pas question que j'aille où que ce soit. Londres pourrait brûler que je ne bougerais pas. Je me penche un peu vers Joanne pour déposer un très léger baiser sur ses lèvres. Je ne veux pas perturber sa respiration et me faire taper sur les doigts par Winters. La jeune femme reprend de sujet du réaménagement de la maison, sûrement pour se changer les idées. Penser à l'après doit avoir quelque chose de rassurant. Cela lui assure qu'elle y arrivera, et qu'elle rentrera chez nous avec notre bébé. Que tout ira bien. « Ca sentira encore la peinture fraîche. » dis-je avec un sourire. M'occuper de ce nouvel agencement occupera un peu le temps passé sans elle, en attendant que le médecin l'autorise à rentrer. Une fois que le bébé sera là, que tout le monde ira bien, il faudra bien que je retourne travailler pendant que Joanne se repose, et les visiteurs ne sont pas admis la nuit. Je risque de rentrer à la maison seul quelques jours. Obligé de me faire à dîner comme un grand. « Je dois terminer la fresque de sa chambre aussi. » j'ajoute en y pensant. « Je pensais avoir plus de temps que ça. Notre bonhomme me prend de court. » En soi, la peinture est très bien comme elle est, et il n'y a sûrement que moi pour voir tous les petits défauts qui me chafouinent et que je peux toujours corriger. Mes mains gardent bien serrées celles de Joanne. Tout près d'elle, mes yeux ne la quittent pas une seconde. Je lui souris tendrement sans faire attention au personnel qui défile près de nous ni au temps qui passe. Je me sens de plus en plus impatient et nerveux au fil des minutes, mais je garde ce calme dont la jeune femme a bien besoin. Elle se rappelle soudainement avoir oublié de prendre quelques affaires dans sa valise. « Je peux peut-être y aller maintenant. Il reste encore de bonnes heures avant que tout soit prêt pour que tu accouches, et ça ne me prendra que quelques minutes. » Vu l'heure, j'en ai pour grand maximum une heure si la circulation n'est pas de mon côté. Mais au regard que me jette Joanne et ses mains qui saisissent les miennes, ce n'est pas une bonne idée. « D'accord, d'accord. Je ne bouge pas de là. » dis-je avec un petit rire, attendri. Délicatement, je dégage quelques mèches blondes collées à son front en sueur. Il est assez frustrant de la voir se battre toute seule et ne rien pouvoir faire pour l'aider. « Est-ce que je peux au moins aller chercher quelque chose à boire ? » Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes là, mais ma gorge est sèche, et dans la mesure où je ne suis pas au bout de mes émotions pour aujourd'hui, je pense que je ferais mieux d'anticiper les heures à venir. « Tu as besoin de quoi que ce soit ? »
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Entendre Jamie dire qu'il resterait bien auprès la rassurait beaucoup, cela enlevait un poids de ses épaules. Il serrait même un peu plus fort sa main pour bien lui faire comprendre qu'il n'avait pas l'intention de bouger de place à moins que ce ne soit l'ordre d'un médecin. Il allait même jusqu'à dire qu'il n'y avait rien de plus important que ce moment. Joanne s'était aussi dit de son côté, que peut-être il voulait toujours maintenir cette distance entre eux, comme il l'avait manifesté quelques jours plus tôt, en s'éloignant d'elle juste après avoir tenté un baiser. Mais il pensait certainement à son fils avant tout, et il aurait l'honneur d'être parmi les premiers à le voir. Elle n'en savait rien, elle ne parvenait plus à aussi bien le décrypter qu'avant, même dans ce moment de bonheur qu'ils partageaient ensemble. Il lui fit un très léger baiser sur la bouche. Elle aurait tellement aimé qu'il l'embrasse un peu plus. Son affection lui manquait terriblement. Il fallait dire aussi qu'elle n'avait pas vraiment la tête à avancer elle-même de ce côté-là ces derniers temps. Pour se changer les idées, Joanne préférait parler du principal sujet conversation de la journée, et le seul qu'ils aient véritablement eu depuis des jours. "La fresque que tu as faite est déjà magnifique." lui dit-elle doucement. Elle savait que son fiancé était particulièrement perfectionniste, encore plus lorsque cela concernait une personne qu'il aimait plus que tout. Le connaissant, il allait encore travailler sur de très fins détails dès qu'il avait un peu de temps pour lui. Lorsque la jeune femme se souvint qu'elle n'avait pas pu emmener tout ce dont elle voulait, Jamie se proposa d'aller les chercher tout de suite. C'était un geste bienveillant, dans le fond, se disant que le plus tôt sera le mieux. Mais Joanne lui fit des yeux ronds, le suppliant de rester, craignant beaucoup que l'accouchement se passe avant qu'il n'ait le temps de revenir. Ses mains serraient de plus belle celles de son fiancé, qui comprit très rapidement le message qu'il lui transmettait. Tendrement, il libéra son front en sueur de quelques mèches de cheveux blonds s'étaient collés là. Le bel homme comptait tout de même aller se réhydrater avant la suite des événements. Joanne acquiesça d'un signe de tête, relâchant doucement ses mains. Les siennes étaient si moites. "Non, merci." dit-elle tout bas lorsqu'il demanda s'il avait besoin de quelques chose. Quelques minutes après qu'il n'ait quitté la pièce, le Dr. Winters entrait dans la chambre avec l'un de ses confrères, un anesthésiste. "Joanne, ça fait quelques heures que vous êtes là." Elle le regarda, perplexe, n'ayant véritablement pas vu le temps passé. "Le col est presque bon niveau dilatation, donc nous allons t'injecter le produit pour l'anesthésie péridurale, d'accord ? Je pense qu'il ne faudra qu'attendre une poignée d'heures pour ensuite aller en salle d'accouchement, mais au moins, vous aurez à moins subir vos contractions." La jeune femme acquiesça d'un simple signe de tête. L'infirmière l'aida à s'installer, assise au bord du lit, le temps que le médecin anesthésiste n'injecte le produit médicamenteux. Elle grimaça un peu en sentant l'aiguille traverser sa peau et, une fois fait, on l'aida à se réallonger. Elle était déjà tellement épuisée, la fatiguée s'étant accumulée depuis bien longtemps. En sortant du couloir, le Dr. Winters croisa Jamie, et lui expliqua ce qu'il venait de faire. Son fiancé revint s'installer auprès d'elle, avec de quoi boire. Dès qu'il était à nouveau auprès d'elle, Joanne reprit spontanément sa main. "C'est pour bientôt." dit-elle tout bas, avec un sourire léger. Celui-ci s'effaça rapidement par ses angoisses qui revinrent subitement au galop, et un nouveau flot de larmes se déversaient sur ses joues. Elle plaça une main devant sa bouche, pensant qu'étouffer ses pleurs permettaient de les avorter, mais rien n'y faisait. "Je suis désolée." dit-elle dans ses pleurs. Certainement désolée d'être aussi anxieuse et angoissée par l'accouchement. Sur l'instant, il lui était bien difficile de penser au bonheur qui allait suivre. Joanne prit énormément de temps à se remettre, malgré les mots et l'affection de son futur époux. Elle ne savait pas combien de temps était passé, certainement quelques heures, mais elle sentait le bébé appuyer de plus en plus vers le bas. Ca devait être la durée maximale d'attente du travail, car le médecin apparut au pied de la porte, en demandant, sereinement. "On y va ?" Les brancardiers, juste derrière, étaient prêts à l'emmener dans la salle d'accouchement.
Donc un type a planté une immense aiguille dans le dos, entre deux vertèbres de ma fiancée pour lui injecter de quoi la soulager de ses contractions. Je frisonne à cette idée, imaginant l'horrible sensation que cela doit être, mais je reste impassible. Seigneur, qui a un jour eu l'idée d'inventer une chose pareille ? Qui a eu l'esprit assez dérangé pour être le premier au monde à se dire qu'il faudrait essayer de planter cette aiguille là, au milieu du dos ? Les génies sont des cinglés, à n'en pas douter. Je remercie le docteur et retourne dans la chambre de la future maman. Trouver une fontaine a eau a relevé du parcours du combattant. Moi qui ne pensais pas partir plus de trente secondes, je l'ai finalement laissé de longues minutes, et je m'en veux un peu pour cela. Le regard brillant d'émotion, Joanne me dit que le moment est bientôt venu. Je lui souris tendrement, et reprends mes caresses sur le dos de sa main pour la tranquilliser. Je fronce un peu les sourcils quand je surprends de grosses larmes qui roulent de ses paupières à ses joues, et tombent en cascade ainsi sans s'arrêter. Me voilà bien démuni, ne sachant quoi faire pour la calmer. Je pose une main sur sa joue et essuie les larmes au fur et à mesure, sincèrement désolé de ne pas pouvoir faire plus. « Chut… Ne sois pas désolée. » je souffle tout bas dans l'espoir de la rassurer un peu. Mais face à l'imminence de ce moment qu'elle redoute tant depuis neuf mois, je doute de pouvoir dire quoi que ce soit qui puisse vraiment l'empêcher de paniquer. Mieux vaut qu'elle décharge toute cette peur maintenant, qu'elle verse un torrent de larmes si nécessaires, toutes chargées de la peur qui déborde de son petit corps. « Tu peux pleurer autant que tu veux si ça te fait du bien. Ce n'est rien. » Je lui parle pour occuper son esprit et le mien. Mais elle ne cesse de sangloter. Je la laisse faire sans la moindre trace de jugement. Je me contente de l'observer avec tendresse, caresser sa main, sa joue, et lui sourire de temps en temps. « Je sais que tu as peur. » Ma voix, très basse, ponctue le silence dans lequel résonnent les hoquets de chagrin et de panique de la jeune femme. Je finis par passer un bras autour de ses épaules, autant que je le peux, pour la serrer un peu contre moi. J'embrasse son front, sa tempe. « Tu vas y arriver, mon ange. » Bien sûr qu'elle va y arriver. Pour elle, pour le bébé, pour moi, elle tiendra bon, elle sera plus forte que jamais. « Une fois qu'il sera là, on pourra penser au mariage. » j'ajoute avec un petit sourire, espérant distraire son esprit juste une minute, lui faire penser à quelque chose de positif, de motivant. Qu'elle ait l'image de ce moment où nous nous dirons oui, et notre petit bout sera au premier rang pour voir son père et sa mère s'unir pour toujours. Le temps a filé à toute vitesse à mes yeux, car il est déjà l'heure. Mon coeur s'affole, il part au galop dans ma poitrine, soulève la crainte que je réprime en moi depuis des heures. J'appuie sur la tête de toutes ces émotions pour les noyer, la peur, la panique, afin qu'elles ne prennent pas le dessus sur moi. J'ajoute toujours plus de poids, de pression sur elles pour qu'elles n'atteignent pas la surface. Je tiens bon, parce que ma fiancée a besoin de moi. Je suis le brancard jusqu'à la salle d'accouchement, sans jamais quitter Joanne. Elle ne lâche pas ma main. Une fois arrivés, je laisse le personnel prendre les choses en main, et ne me concentre que sur elle. Je garde ses beaux iris bleus ancrés dans les miens pour que l'agitation ne la panique pas plus que ça n'est déjà le cas. « Je t'aime. » je murmure avant de l'embrasser sur le front. Son visage, ses muscles, tout son petit corps est crispé, couvert de sueur. On ne tarde pas à lui demander de pousser. Ils prennent le temps, dans un calme parfait, faisant toujours attention à ce que la jeune femme respire correctement, vérifiant sans cesse sans tension et son niveau d'oxygène. Elle écrase si bien ma main lorsqu'il lui est demandé de pousser que sa force semble décuplée à cet instant, mais je n'y fais pas vraiment attention. « N'oublies pas de respirer. » dis-je en voyant son visage rougi, ses joues brûlantes. Hors de question que quoi que ce soit aille de travers. On me demande de temps en temps de vérifier que la jeune femme ne glisse pas trop, ne se penche pas trop, qu'elle garde toujours la meilleure position possible. « Courage mon ange. Tu y es presque. » Mon rythme cardiaque ne cesse d'accélérer, et petit à petit, l'émotion me fait trembler. Mes yeux brillent un peu plus. Tout semble si irréel. Pendant quelques secondes, j'ai du mal à croire que je suis là, vraiment là, que tout cela se déroule pour de vrai. C'est peut-être un rêve, le fruit de mon imagination. Je n'en sais rien. Je me perds un peu dans mon émoi, mes pensées s'embrouillent, mon regard s'embue. « On est bons, je vois la tête. Encore un petit effort Joanne. »
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Jamie se montrait des plus compréhensifs face aux larmes de sa belle, estimant qu'elle avait surtout besoin d'évacuer ce trop plein d'appréhensions. Il restait fermement confiant quant au bon déroulé de l'accouchement, sachant qu'elle en était capable. "Le mariage..." dit-elle tout bas, songeuse et rêveuse. Cet événement là lui semblait irréaliste depuis qu'elle lui avait demandé sa main. Même s'il y avait la bague au doigt - qu'elle voulait à tout prix garder durant toute la dure de l'accouchement -, elle avait l'impression que c'étaitt compromis, voir perdu à jamais. L'entendre le mentionner lui mit du baume au coeur et durant quelques instants, elle souriait. Le médecin intervint, prêt à emmener la future maman dans la bonne pièce. Il y avait bien plus de personnel qui s'agitait dans la salle d'accouchement. Entre le Dr. Winters, l'anesthésiste, la sage-femme, une infirmière, Jamie et elle, il y avait de quoi faire. Tous les moniteurs étaient encore bien présents, évaluant l'activité du bébé ainsi que celle de la future maman. Celle-ci fut délicatement installée sur la table d'accouchement, la mobilisation fut assez difficile pour elle. Une fois que l'on s'assura qu'elle était bien assise. Bien qu'elle avait bien d'autres préoccupations, elle chercha immédiatement Jamie du regard, lui tendant la main afin de pouvoir à nouveau tenir la sienne. Elle sentait son coeur battre à vive allure. Tout le monde se préparait, s'habiller, se donnait quelques consignes et instructions dont Joanne ne comprenait pas un mot. Joanne se perdait un peu dans tout cela. Ses yeux, malgré la fatigue, regardaient absolument tout ce qui l'entourait et il n'y avait que les paroles de Jamie qui la recentraient un peu. "Joanne ?" Le Dr. Winters l'appela jusqu'à ce qu'il ait toute son attention. "Nous en avons déjà parlé de tout ça, vous vous souvenez de ce qu'il faut faire." Il savait bien que c'était certainement la partie la plus délicate. Certains de ses confrères trouvaient qu'il exagérait un peu à l'idée de surveiller constamment les constantes de sa patiente. Lui savait que c'était loin d'être excessif dans son cas. "Alors quand je vous le dirai, vous pousserez de toutes vos forces." Elle acquiesça d'un simple signe de tête, déjà tout en sueur. Pensif, Winters finit par dire à l'infirmière. "Mettez-lui déjà un peu d'oxygène." La jeune femme s'éxecuta dans la seconde, plaçant des lunettes à oxygène sous le nez de la future mère. Le médecin lui donna alors l'ordre de pousser. C'est ce que Joanne, de toutes ses forces. Ses dents se serraient au point d'avoir la mâchoir douloureuse. Ses doigts se contractaient à leur maximum autour de la main de Jamie. On lui demanda de recommencer, encore et encore, à plusieurs reprises. La sage-femme, Lily, s'occupa de lui prendre la deuxième et de l'encourager, lui rappelant bien les fameux exercices de respiration qu'elle lui avait appris, jusqu'à ce que le médecin sollicite la professionnelle pour qu'elle soit à ses côtés et l'assiste. Le travail se faisait particulièrement long, et Joanne commençait à s'épuiser. L'anesthésiste se chargea d'injecter un nouveau flash d'anesthésiant au niveau de son cathérer péridural. Par contre, sur le plan respiratoire, tout se passait bien, malgré l'épuisement et l'effort qu'on lui demandait de faire. Elle continuait de pousser, mais d'une moindre intensité. Malgré tout, on lui demanda de le faire encore une fois du plus fort qu'elle le pouvait. Joanne ne parvenait pas à suivre tout ce qui pouvait se dire et se faire autour d'elle, elle ne savait absolument pas où en était l'accouchement. Mais ce fut à cette poussée que la tête apparut enfin. Elle se sentait à bout de force, au point que chaque parole ne devienne qu'un écho, et que sa vision se trouble. On lui demanda encore un effort. "J'en peux plus..." dit-elle, affaiblie. Son visage se tourna spontanément vers Jamie, les yeux mi-clos. Elle entendait sa voix, qui lui semblait lointaine. Encore une fois. Elle s'en voulait alors d'être à deux doigts du plus beau de tous les bonheurs et qu'elle n'y parvienne pas juste parce qu'elle était exténuée. Non, cela ne devait pas être ainsi. Alors Joanne poussa une dernière fois, ce qui fut largement suffisant pour libérer le reste du petit corps de son enfant, ainsi que le cordon. Il pleura spontanément, de lui-même, c'était à peu près tout Joanne se souvenait très distinctement. Elle sourit, sereine, heureuse. Mais elle avait les yeux fermés, épuisée. La sage-femme effectua les premiers soins, juste à côté, alors que les deux médecins continuaient à surveiller Joanne et attendre la libération du placenta. Une fois que le bébé avait été lavé, Lily s'approcha d'une jeune père avec le nourrisson enveloppé dans une serviette chaude, et l'invita à le prendre dans ses bras. Toute une éducation commençait alors là. Elle prit le temps de lui expliquer comment le tenir, à quoi il fallait faire attention dans ces cas-là. Le premier contact se fit alors avec le père, Joanne étant tout bonnement incapable de tenir un nouveau né. Le regard de Lily se dirigea mécaniquement sur le monitor. "Docteur, la tension." dit-elle tout bas. Joanne venait tout juste d'évacuer le placenta, mais ce qui inquiétait Winters était les saignements abondants qui l'accompagnaient, et la tension artérielle qui descendait dangereusement. Il demandait poliment à Lily d'emmener l'Anglais dans la salle à côté avec l'enfant. On la prit en charge en quelques heures, pendant qu'une infirmière continuait à lui parler et à la stimuler afin qu'elle ne perde pas totalement connaissance. Après quoi, Dr. Winters s'en allait immédiatement tout expliquer, sans mâcher ses mots -il connaissait bien le jeune Keynes aussi. "Joanne a fait ce que l'on appelle une hémorragie de la délivrance. Les facteurs ne sont pas clairement définies même s'il y en a certains qui sont avérés. Dans son cas, ce doit être parce que le travail a été particulièrement après que la poche des eaux se soient percés. Elle a fait une grosse chute de tension, mais nous lui avons injecté un produit assez costaud pour stopper l'hémorragie. Elle va bien, elle va très bien. Nous allons la reconduire dans sa chambre, mais nous continuerons de surveiller ses constantes de près pendant au moins vint-quatre heures." Il laissa un temps de pause le temps qu'il assimile toutes ces informations. "Elle aura uniquement un traitement avec du fer pour les prochains mois, nous profiterons de son hospitalisation pour lui donner des doses un peu plus élevées. Vous serez peut-être un peu surpris de sa pâleur, mais elle retrouvera progressivement des couleurs." Il toussota un peu, lui-même avait les traits tirés. "Elle s'en remet très bien même, j'avoue être impressionné de son état actuel compte tenu de ses antécédents. Je suppose qu'elle a une excellente motivation pour se réveiller au plus vite." ajouta-t-il avec un bien plus large sourire. "Toutes mes félicitations, Jamie. Le bébé est en parfaite santé, mais la sage-femme a certainement déjà du vous le dire. Il y aura juste quelques examens de routine à effectuer dans les premiers jours, mais ce petit garçon est en bonne santé." Le médecin se permit tout de même de regarder de plus près le nouveau né, qui avait les cheveux de son père. Pour les yeux, il fallait encore attendre un peu pour le savoir. "Lily, emmenez-le donc avec le petit. Il faut bien qu'il fasse la connaissance de sa mère."
Joanne est épuisée. Voilà un long moment qu'elle obéit aux paroles du docteur, poussant de toutes ses forces lorsque cela le lui est demandé. Des forces qui s'amenuisent avec le temps. Elle respire parfaitement. En soi, tout se déroule à la perfection. Pour un cas comme le sien, on ne saurait rêver mieux. Mais son énergie finit par l'abandonner. Alors que le petit est là, juste là, elle manque de baisser les bras. Mon regard dans le sien, l'air déterminé, je secoue la tête ; non, elle ne doit pas en rester là, elle peut le faire, il ne reste qu'une poussée à faire et elle en est capable. Elle en est capable. Juste une poussée, et le bébé est dehors. Sale et couvert de sang, le choc de l'arrivée au monde lui fait pousser un cri puissant. Un son qui m'atteint droit au coeur. Il est là. « Reposes-toi. » je murmure à la jeune mère qui tombe d'épuisement, déposant un dernier baiser sur son front avant de doucement lâcher sa main. Je m'écarte d'elle, laissant les soignants s'en occuper. Le cordon est coupé, le petit être lavé. Lorsqu'on le dépose dans les bras, dans son linge, il crie encore un peu et tente de mouvoir ses muscles neufs. J'écoute attentivement les indications de la sage-femme et corrige ma manière de le tenir en fonction de chacun de ses mots jusqu'à ne lus faire de faute. Quand elle me demande si j'ai des questions, je reste muet un instant, complètement subjugué. Et tout ce qui me vient à l'esprit, sortant du tourbillon de mes pensées, est un simple constat ; « Il est tellement petit. » Minuscule et si léger. Je crains de le briser en deux si je le serre trop fort à cause de ma nervosité. Je n'entends pas les inquiétudes du personnel et ne comprend pas vraiment pourquoi il m'est demandé de sortir, mais je m’exécute après un rapide coup d'oeil vers Joanne qui semble à peine consciente. Cette vision suffit à m'inquiéter. Et plus le temps passe dans la salle d'attente, plus elle m’horrifie et me fait paniquer. Mais j'ai ce petit être dans les bras, ce garçon qui vit ses premiers instants chez les vivants, et celles-ci ne doivent pas être teintées par l'inquiétude de son père. Il le sentirait, j'en suis certain. Et le monde lui ferait déjà peur. Non, pour encore un moment qui me semble durer une éternité, je dois tout contenir et faire pression sur mes émotions. Même si cela me fait trembler de plus en plus. Assis là, mon regard est incapable de se détacher du nouveau né. Il s'est calmé et semble dormir. Je frôle son minuscule visage rond du bout du pouce. Mes mains ont l'air immenses à côté de lui. Les yeux fermés, je tends l'oreille, l'écoute respirer. Tout va bien. Il est fort, mais nous le savons déjà. « Bienvenue parmi nous petit... » Je le regarde, et j'avoue que sur le moment, je ne sais pas quel nom prononcer. Moi qui pensais que cela serait évident. Impossible de déterminer s'il est plus Daniel qu'Oliver ou qu'autre chose. Je crois que le flot de mes pensées est encore trop agité pour cela. Tout ce que j'arrive à me dire, c'est que cet enfant est parfait. Je n'arrive pas à croire que je tiens pareil miracle entre mes mains. Ce savant mélange de deux êtres. « … Je pense qu'on laissera ta maman déterminer ton prénom. Tu la rencontreras bientôt. » je murmure tout bas, pour ne pas perturber son sommeil. L'hôpital est calme. Il n'y a pas âme qui vive dans les couloirs, en dehors de quelques infirmières qui passent. Je jette à coup d'oeil à l'heure. Il est aux alentours de trois heures du matin. En voyant cela, mon corps sa rappelle qu'il est bien fatigué, et qu'il n'a rien mangé depuis bien trop longtemps. Mais je serais incapable d'avaler quoi que ce soit tant que je n'ai pas des nouvelles de Joanne. Quand enfin Winters sors de la salle et s'approche de moi, je saute sur me jambes. Il m'explique les quelques complications qu'à connu la jeune femme. Elle a perdu beaucoup de sang. Ma mâchoire se serre, mon coeur se tord d'une manière insupportable. « Vous êtes sûr qu'elle va bien ? » je demande, la gorge serrée, la voix tremblante. Il m'assure qu'avec le traitement prévu, tout ira pour le mieux. Elle sera seulement pâle quelques jours. Je me sens trembler de plus en plus. Quand la sage-femme prend le petit pour le confier à sa mère, cela est presque un soulagement. Je n'arrivais plus à le tenir. « Je peux la voir ? » je demande avec ce qu'il me reste de contenance. « Bien sûr. » « J'arrive dans un instant alors. » Puis elle entre dans la chambre. Laissé seul dans le couloir, je me laisse tomber contre le mur et plaque une main sur ma bouche pour contenir mes sanglots. Toutes les émotions opprimées depuis des heures remontent à la surface pour exploser et me faire craquer violemment. Depuis les craintes à l'arrivée de l'hôpital à celles de l'accouchement, de la tendresse lors des heures d'attente au soulagement une fois le bébé arrivé, de la folle inquiétude en ayant appris pour l'hémorragie de ma fiancée au bonheur d'être père. Impossible de savoir ce qui prend le dessus. Je ne sais plus où donner de la tête et me noie complètement. Mes jambes semblent à peine capables de supporter mon poids. Il me faut de longues minutes pour évacuer tout ceci, incapable de retenir ou faire cesser le flot de larmes. Quand je parviens enfin à me calmer, il ne reste qu'une phrase qui se répète en boucle dans ma tête. Je suis papa. Je suis papa. Je sèche mes joues, respire un coup, retourne me chercher d'un verre d'eau que je vide d'une traite. Je me donne le temps de me remettre de mes émotions, espérant que mes yeux ne seront pas trop rouges et bouffis quand je rejoindrai Joanne dans sa chambre. Enfin je frappe à la porte et entre sans attendre de réponse. Mon sourire revient immédiatement en voyant la belle tenir son fils dans ses bras avec tendresse. Je m'assied sur le bord du lit, juste à côté d'eux. « Comment tu te sens ? » je demande, même si cela peut sembler idiot. Epuisée, à bout de forces, faible. Voilà comment elle doit se sentir après tout ceci. Mon regard se baisse et se pose sur le bébé. « Il est beau, n'est-ce pas ? » Tous les parents doivent trouver que leur enfant est le plus beau qui soit et je ne fais pas exception à la règle, subjugué par ce petit être. Il y a quelques heures, Joanne le portait encore. Il y a neuf mois, il ne faisait que quelques millimètres. « Tu as fait un travail formidable. » dis-je à la jeune mère avec un sourire tendre. Je pose une main sur sa joue, le regard débordant d'admiration. « Tu as été parfaite. Je suis tellement fier de toi. » Je m'approche un peu plus et dépose un long baiser sur ses lèvres. Cette fois, nous ne sommes qu'un pour toujours. Elle tient là le fruit de notre union, de notre amour. Elle m'offre le plus beau cadeau qui soit. Et à ce moment là, toute rancoeur s'est envolée. Il n'en reste plus une once. « Je t'aime. » je murmure au bord de ses lèvres. Je dépose ensuite un très léger baiser sur le front du tout petit. Mon regard se pose de nouveau sur notre fils qui semble si paisible après toute cette agitation. Le frôle son minuscule nez et ses bonnes joues du bout du doigt, souriant face à tant de beauté. Les larmes sont si difficiles à retenir malgré l'averse qui a déferlé sur mes joues plus tôt. L'émotion est bien trop vive. Alors j'essuie l'une d'elles qui s'est échappé du bord de mes yeux. « Alors, comment est-ce qu'il s'appelle ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Les bips du moniteur résonnaient encore longuement comme un écho lointain jusqu'à qu'ils deviennent de nouveau bien nets, bien distincts. Les images qu'elle pouvait voir reprenaient peu à peu des formes et des contours bien tracés. Joanne peinait à sortir de sa torpeur, il fallut de longues minutes pour qu'elle parvienne ne serait-ce qu'à cligner des yeux. Elle était dans la chambre qu'on lui avait réservé. Il y avait de quoi prendre soin du bébé, dans cette pièce. Tout le matériel pour le changer, le laver et bien évidemment le petit berceau que l'on avait mis juste à côté de son lit. Cette vision lui semblait quasi irréelle, comme si elle était encore en train de rêver. Avant d'avoir été enceinte, elle n'avait jamais considéré pouvoir se retrouver un jour en maternité. Il faisait nuit noire dehors, la jeune femme n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Son lit était légèrement inclinée, de sorte à ce qu'elle soit en position demi-assise. Son bassin lui faisait un peu mal, mais c'était largement supportable comparé aux contractions qu'elle avait eu quelques heures plus tôt. Joanne rêvassait un peu, l'air complètement perdu. Difficile de réaliser tout ce qu'il venait de se passer. On toqua délicatement à la porte, et on entra. La belle blonde pivota sa tête en direction de l'entrée, ou sa sage-femme apparut avec quelque chose dans les bras. Dans la seconde qui suivit, le rythme cardiaque de la jeune femme s’accéléra, et s'afficha également sur le moniteur. Il était là, juste là. A quelques mètres d'elle. Elle ne l'avait pas encore vu, elle ne savait pas à qui il ressemblait le plus, elle était si épuisée en salle d'accouchement qu'elle n'avait pas eu la force de le prendre contre elle. Lily lui sourit tendrement, et s'approcha doucement de la jeune femme. Sous le coup de l'émotion, des larmes de joie bordèrent ses iris bleus. Elle se redressa pour pouvoir le voir le plus vite possible. La soignante l'invita directement à le prendre dans ses bras. Joanne les tendit afin de pouvoir accueillir son fils. C'était quasi instinctif, elle le tenait comme il fallait sans avoir besoin du moindre conseil, de la moindre consigne. La sage-femme aurait certainement voulu lui donner quelques informations, quand elle passerait pour l'allaitement par exemple, mais elle préférait laisser la jeune maman découvrir son enfant. Celui-ci s'exprimera de lui-même lorsqu'il aura faim. Elle quitta donc la pièce, laissant Joanne avec son petit miracle. Elle l'admira pendant de longues minutes, le trouvant incroyablement beau. L'avoir tout contre elle lui donna un regain d'énergie, pour quelques instants supplémentaires avec lui. "Mon trésor..." dit-elle tout bas, en venant ensuite l'embrasser sur le front. Le bébé était si calme, si paisible. Il était impossible de ne pas craquer de tendresse devant ce petit bout. Il se mit à tenir un doigt de sa mère avec sa toute petite main. Joanne se demandait s'il savait qu'il était dans les bras de sa mère. Celle-ci avait tellement de choses à lui dire, mais les mots ne venaient pas, ayant l'impression qu'il réceptionnait bien tous les messages qu'elle pouvait lui transmettre. Elle passait son doigt sur sa joue, elle ne se lassait pas de l'embrasser sur le front. Et lorsque ce n'était pas le cas, Joanne l'admirait. Elle était maman. On toqua une nouvelle fois à la fois, et cette fois-ci, ce fut son fiancé qui se présenta, les yeux bien rouges mais avec un sourire qui ne se décollait pas de ses lèvres. Jamie s'installa sur le bord du lit, juste à côté. "Ca va. Ca va parfaitement bien." Car le bonheur était bien au-dessus de son épuisement certain. Elle lui souriait avec tendresse, caressant sa joue en voyant de plus près ses yeux verts fraîchement émus, et encore bien brillants. Elle acquiesça d'un signe de tête lorsqu'il disait à quel point leur bébé était beau. Joanne laissa échapper un rire, évacuant ce trop plein de bonheur, et versa elle-même quelques larmes de joie. "Il est parfait." parvint-elle à dire après un hoquet. "Il te ressemble beaucoup, je trouve." Ce qui était une très bonne chose pour elle. Jamie capta ensuite le regard de sa fiancée et déposa une main tendre sur sa joue. Elle fut touchée par chacun de ses mots, ses yeux se firent que briller davantage. Joanne appuya sa tête contre sa main, ne faisant que demander par là un peu plus de son affection. Il l'embrassa ensuite longuement. Un baiser tendre et des plus amoureux. Un baiser comme ils n'en avaient pas fait ensemble depuis bien longtemps. Joanne avait l'impression que leur univers bien à eux recommençait alors à se construire autour d'eux. "Je t'aime aussi." lui répondit-elle tout bas. Jamie était sans cesse subjuguée par son fils, et de nouvelles larmes coulèrent le long de ses joues. Sa fiancée le regarda avec énormément de tendresse et glissa l'une de ses mains dans ses cheveux pour les lui caresser. "Difficile à dire... En le voyant, je me dis que les deux prénoms lui iraient merveilleusement bien." dit-elle, pensive, en caressant tendrement la joue de son fils. "Mais tu ne voulais pas que l'on utilise Oliver comme premier prénom." se souvint-elle. "Alors, ce sera Daniel." Son regard se posa sur Jamie. "A moins que tu avais une autre idée en tête." Peut-être qu'il avait eu une illumination entre temps, un autre prénom qui lui était directement venu à l'esprit. "Tu crois qu'il le sait ? Qu'il est là, avec ses parents ?" finit-elle par demader. Est-ce qu'un si tout petit être pouvait déjà ressentir tout l'amour qu'on pouvait lui porter en cet instant ? Le Dr. Winters fit ensuite apparition dans la chambre et s'approche de la nouvelle famille afin de s'assurer que tout va bien. "Jamie, je vous mets en arrêt pendant une semaine." dit-il alors d'un ton qui laissait clairement deviner qu'il ne comptait pas lui laisser le choix. "Hors de question que vous vous pointiez à votre travail dans moins de cinq heures. Et vous avez besoin de repos, de toute façon." Son regard se tourna ensuite vers. "On continuera de surveiller de près vos paramètres vitaux encore pendant quelques heures. Vous avez déjà repris quelques couleurs. Pensez tout de même à vous reposer aussi, d'accord ? Jamie, si vous préférez rester, nous vous trouverons bien un lit, mais sinon, n'hésitez pas à bien vous reposer chez vous et revenir dès que vous vous sentirez mieux."
Joanne est aussi pâle que me l’avait dit Winters. Elle semble faible et manquante de vitalité. Pourtant, son regard est plus vif que jamais, et son sourire radieux. Elle tient son miracle dans ses bras, l’enfant qu’elle pensait ne jamais avoir, et cela lui confère toute la force dont elle a besoin. Nos regards se croisent ou se rivent sur le bébé, si paisible. Oui, il est parfait. En tous points. On devine déjà qu’il aura les cheveux foncés de son père, et non la blondeur de sa maman. D’après elle, il me ressemble déjà. « Comment tu peux voir ça ? » je demande avec un petit rire tant cela me semble ridicule. Le visage de notre fils va encore bien changer au fil des jours, des mois, des années. Peut-être qu’il lui ressemblera bien plus qu’à moi, peut-être qu’il aura ses yeux clairs et ses traits doux. J’espère que le grand calme de notre petit bout est bon signe, et qu’il en sera toujours ainsi. Joanne hésite aussi à propos du prénom. Autant l’un que l’autre de nos choix de prédilection semblent lui aller comme un gant. C’est assez étrange de se dire qu’un nom pour aller ou non à un être dont on vient à peine de faire la connaissance, impossible d’expliquer les critères qui poussent à dire qu’il doit être nommé d’une manière plutôt que d’une autre. Comme si le son du prénom devait coller à son aura. Puisque Joanne souhaite respecter mon choix de ne pas donner le prénom de mon frère à notre fils, c’est l’autre option qui l’emporte. Il n’y en a pas d’autre qui me vienne à l’esprit. « Daniel c’est parfait. » dis-je tout bas. « Daniel Oliver Keynes. » je répète, toujours avec un sourire. Je dépose un baiser sur la joue de Joanne. Son petit chef-d’œuvre a un nom. Quelque part, cela le rend encore plus réel, vivant, et officialise son entrée dans la famille. Notre petit Dan. « Je crois qu’il le sait, oui. » je réponds à sa question. Ou du moins, s’il n’a pas encore conscience de qui nous sommes, il se sait lové dans des bras tendres, entouré d’amour. L’apparition du docteur Winters met fin à notre moment d’intimité. Mes yeux s’arrondissent lorsqu’il donne presque l’ordre que je n’aille pas travailler pendant une semaine. « Une sem… » Je m’apprête à protester, mais son ton laisse bien comprendre que je n’ai pas le choix. Néanmoins, je le suis de près quand il quitte la chambre et le retiens dans le couloir. « Attendez, Dr Winters. » Il me fait face, sachant déjà ce que je vais dire, le regard sévère. « Je ne peux pas m’absenter toute une semaine du travail. » Il ne se rend pas compte de ce que cela représente à ce moment précis de ma carrière. Qui prendra l’antenne à ma place ? « Ce n’est pas négociable, Jamie. » dit-il main dans les poches, visage fermé, mais gardant toujours ce regard bienveillant. « Nous en avons déjà parlé. L’arrivée du bébé est un moment important pour vous, pour votre couple et votre famille. Il peut devenir un moment critique si vous essayez d’allier ces émotions au stress de votre travail. Et vous ne voudriez pas qu’une crise particulièrement violente survienne maintenant. Vous savez comment ça fonctionne. » Je baisse les yeux comme un enfant qu’on gronde. Trop d’émotions vécues trop intensément, et ce bien malgré moi. Le cocktail peut devenir explosif, ingérable. « Je sais que c’est difficile à entendre, mais vous ne pouvez pas tenir les deux bouts. » Gérer l’arrivée de mon fils et mon travail. Je peux être persuadé d’avoir les épaules, mais pas les nerfs pour ça. Il n’y a rien de plus frustrant que de constater toutes les choses que je ne peux pas vivre normalement. Impuissant, je suis obligé d’être plus que prudent et raisonnable pour éviter la catastrophe. « Prenez soin de votre fils, de Joanne, et de vous-même. Profitez-en. » Oui, je le peux bien. Je ne vais pas cracher dans la soupe. Une semaine de pause pour profiter de ma famille. Je suppose que plus qu’une personne en rêverait. « Quand est-ce que vous avez mangé la dernière fois ? » demande Winters avec un air un peu plus inquiet. « Je ne sais plus… » Hier midi peut-être. Et encore, pas si j’étais trop absorbé par la chambre du petit. « Allez avaler quelque chose et reposez-vous, sinon vous allez finir avec une mine pire que celle de votre fiancée. » J’acquiesce d’un faible signe de tête. Je me sens quelque peu engourdi. Sûrement le manque de sucre et la fatigue. Ca ne manque jamais. Sans plus un mot, je retourne dans la chambre de Joanne. Elle tient son bébé comme la chose la plus précieuse au monde et l’observe comme s’il s’agissait de la huitième merveille du monde. Il suffit de cette vision pour me faire sourire de nouveau. J’approche et me rassied au bord du lit, à côté de ma nouvelle petite famille. Je reste un moment, là, à profiter de la présence de mes deux trésors, admirant parfois la mère, parfois le fils. J’ai l’impression de ne rien mériter de tout cela. Au bout d’une petite demi-heure, je me relève ; « Je vais faire un saut à la maison, je reviens immédiatement. Ben et Milo n’ont quasiment rien mangé de la journée. Et moi non plus. Je vais en profiter pour cherche les habits de naissance. Tu as besoin d’autre chose ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"Je trouve que la forme du visage, c'est plus toi." dit-elle avec un sourire tendre en le regardant. "Et j'ai hâte qu'il ouvre ses yeux, pour en voir la couleur." S'ils allaient être verts ou bleus. C'était un petit suspens qu'elle avait hâte de lever. "Il aurait déjà tellement de choses à voir." dit-elle tout bas, en caressant la joue de son enfant. Tout un monde à découvrir, bien quel le petit ne sera pas en mesure de distinguer clairement les formes pendant une première période. Mais il saura déjà reconnaître les voix, les odeurs, les touchers. Joanne trouvait tout ceci fascinant, à l'idée qu'il ait tout un monde à découvrir à peine ses sens étaient-ils éveillés. Le choix du prénom fut quant à lui un peu moins certain, mais se décida quand même. "Ca sonne bien je trouve." dit-elle lorsqu'il le prononça entièrement. "Ca lui va bien." Jamie embrassa sa belle sur la joue et le médecin fit son apparition dans la pièce. Il était assez ferme concernant l'arrêt de travail qu'il imposait, Joanne savait que ça allait le contrarier, mais ne dit pas un mot. A vrai dire, elle adorerait qu'il ait une semaine de disponible, après la naissance. Elle savait que cela lui ferait le plus grand bien et qu'il pourrait faire ainsi un peu plus connaissance avec son enfant, le voir un peu plus avant de se relancer dans la radio. Joanne espérait secrètement que tout ceci soit aussi un tournant dans leur relation, qu'il.s parviendront à être tout aussi complices qu'ils avaient pu l'être durant cette semaine-là, où il n'y avait pas grand chose pour les interrompre mis à part leur petit trésor. A la seconde où Winters avait quitté la pièce, Jamie sortit également, allant certainement négocier ce qu'on lui imposait. Il s'était absenté quelques minutes. Durant celles-ci, Joanne ne se lassait de regarder son fils, qui était particulièrement calme. Il semblait si serein, à l'aise. Il tenait toujours entre ses tout petits doigts celui de sa mère. Elle l'embrassait régulièrement sur le front. Elle lui chantonna une toute petite berceuse bouche fermée et s'arrêta aussitôt lorsque son fiancé vint retrouver sa place initiale. Immédiatement, elle posa sa tête contre son épaule, sans s'épuiser de porter son enfant. Le temps passait, il n'y avait pas besoin d'avoir de conversation, ce n'était pas nécessaire. Le bel homme finit par se lever. "Tu veux bien me ramener mon gros gilet en laine ? Le beige." demanda-t-elle, un peu embarrassée. "Mais si tu préfères rester à la maison pour dormir un peu, ça attendra très bien demain. Tu as l'air épuisé." Et leur lit serait certainement bien plus confortable que celui qu'on pourrait lui proposer ici. Elle ne voulait que son bien-être et pas qu'il se mette à souffrir du dos au petit matin. Joanne attendait et accepta sa réponse et il fila rapidement réfler ces quelques impératifs. Après quoi, la sage-femme profita de l'occasion pour aller la voir, prendre sa tension, parler un peu du bébé et de ce qu'elle prévoyait de lui faire faire dans les jours à venir. La soignante lui demanda à plusieurs reprises si elle ne voulait pas allonger le bébé afin qu'elle dorme un petit peu mais le jeune maman avait bien du mal à s'en détacher. Elle l'aimait tellement. Une petite heure plus tard, Daniel commençait un petit peu à s'agiter et à grimacer. Un peu alarmée, Joanne fit appel à la sage-femme. Elle se sentait un peu bête de ne pas avoir deviné qu'il aurait éventuellement un peu faim. "Vous voulez essayer de l'allaiter ?" "Je peux ?" demanda-t-elle. Elle savait que tout ne s'était pas parfaitement bien passé durant l'accouchement, elle se disait qu'il y avait peut-être des contre-indications concernant l'allaitement. Mais Lily lui sourit et haussa les épaules. "Bien sûr." Ce fut presque un soulagement de savoir que cela était toujours possible, c'était une chose à laquelle elle tenait. Et quand même, elle n'aurait pas pu le faire, elle n'aurait pas été déçue non plus. La sage-femme l'aida alors à baisser un peu sa chemise d'hôpital afin que l'un de ses seins soit à l'air. Elle l'aida à disposer le bébé dans la bonne position et lui expliqua que les premières fois, il pouvait peiner à avoir une bonne préhension au niveau du mamelon et que ça pouvait un peu l'énerver. Mais chaque bébé était différent, et chacun prenait plus ou moins de temps à comprendre comment cela fonctionnait. Le bébé de Joanne avait besoin de quelques minutes avant de s'y retrouver, mais une fois qu'il avait bien compris, il ne bougeait plus d'un pouce, sauf sa bouche qui suçotait tranquillement.
Finalement, j'opte pour le repos à domicile. Ce n'est déjà pas forcément une bonne idée de conduire dans cet état de fatigue, je ne suis pas certain d'être capable de reprendre le volant après m'être arrêté à la maison. Et puis, à l'hôpital, je ne suis plus d'aucune utilité. Tout le monde a besoin de dormir. J'embrasse Joanne une dernière fois et lui souhaite une bonne nuit, puis effectue les mêmes gestes avec notre bébé avant de quitter la chambre, leur adressant un regard jusqu'à la dernière seconde. Ils sont si beaux, tous les deux. En quittant le bâtiment, je me répète que je suis particulièrement chanceux. Et le plus heureux qui soit. Mon fils est né. Tout change désormais. Le chemin jusqu'à la maison est particulièrement court. Je m'efforce de ne pas piquer du nez et rentre aussi vite que possible. Les traditionnels aboiements m'accueillent derrière la porte. « Je sais, je sais. J'arrive tout de suite. » Les chien se cessent de sauter entre mes jambes, s'appuyant de tout leur poids sur moi et aboyant inlassablement. ''C'est pas qu'on est pas contents que tu sois enfin de retour, cher maître, mais on meurt de faim'', pourraient-ils dire s'ils étaient doués de parole. Sans précipitation, et franchement ralenti par la fatigue, je pose mon manteau dans l'entrée et mes clés dans le bol du hall. Mon regard se pose sur l'immensité de ce rez-de-chaussée tellement vide. Je pourrais entendre mes propres pas résonner. Il fait frisquet à l'intérieur, et un courant d'air règne ; la baie vitrée est restée grande ouverte tout ce temps. Je ferme toutes les portes-fenêtres, laissant les meubles sur la terrasse à l'extérieur. Ca attendra. De toute manière, maintenant, j'ai toute une semaine pour réaménager le salon. C'est largement plus que le temps nécessaire. Enfin je me rends dans la cuisine et remplis les bols des chiens qui se jettent immédiatement sur la nourriture. Les pauvres. Pour ma part, trop exténué pour me préparer quoi que ce soit qui nécessite plus d'une minute au micro-ondes, j'ouvre le frigo et me trouve un reste de plat de pâtes. Parfait. La fatigue est telle que mon estomac a peu d'appétit. Je ne mange que parce que je sais que mon corps en a besoin. L'assiette terminée, je m'assied au milieu du salon vide avec les chiens, leur accordant un peu de l'attention dont ils ont cruellement manqué pendant ces dernières heures. Mes mains caressent leurs frimousses et leurs flancs généreusement. « Eh, devinez qui vient de pointer le bout de son petit nez à la maternité ? » je demande en attrapant la grosse bouille de Ben dont le regard penaud ne semble rien comprendre à ce que je raconte. Milo, lui, s'agite l'air de dire que lui, il sait, il a deviné. « Il sera à la maison dans quelques jours. » Et il ajoutera un peu plus de vie dans cette maison. Des rires, des cris. Des jouets jonchant le sol où je suis à cet instant. Bientôt cette maison sera un vrai foyer. J'espère de tout coeur que nous y reprouverons le même bonheur qu'avant. Bien trop fatigué pour continuer de jouer, j'abandonne les chiens et éteins les lumières. Je me traîne machinalement dans l'escalier, le couloir de l'étage, jusqu'à la chambre, et me laisse quasiment tomber dans le lit sans prendre la peine de me changer. Il ne faut pas plus qu'une dizaine de secondes après que ma tête ait touché l'oreiller pour que je m'endorme profondément.
Je ne retourne à la maternité que le lendemain, en fin de matinée, me disant que rien ne presse : Joanne doit être épuisée et a besoin de nombreuses heures de sommeil elle aussi. J'ai pris toutes les affaires qu'elle souhaitait dans un sac, dans lequel j'ai ajouté mon ordinateur portable. Pas que je compte travailler depuis l'hôpital, non, même si je ne pourrais sûrement pas m'empêcher d'avoir un œil sur mes mails. Mai je compte surtout l'utiliser pour commander tous les nouveaux meubles pour le salon, les éléments de décoration, afin que tout soit livré le plus vite possible. Je prends le temps de passer à la radio pour informer tout le monde de l'heureux événement. Et puisque l'hôtel de ville est sur le chemin, j'en profite pour déclarer la naissance de notre fils, passant une bonne heure dans la paperasse. Une bonne chose de faite. Passant à côté du fleuriste chez lequel je prends habituellement les bouquets que j'offre à ma belle, je choisis avec le propriétaire les fleurs qui forment une immense composition des plus colorées. Il est bientôt dix heures quand j'entre dans la chambre de ma fiancée. Elle dort toujours. Daniel aussi. Alors c'est sans un bruit que je m'installe dans le petit fauteuil dans un coin de la pièce. De là, je peux les observer, veiller sur eux. La sage-femme, différente de la veille, toute attendrie, a disposé les fleurs au chevet de la jeune femme. Il se passe encore quasiment une heure avant que le petit ne se manifeste. Ses petits membres recroquevillés s'étirent à peine, sa bouche ouverte en parfait o laisse finalement apparaître le bout de sa langue, comme s'il cherchait le sein de sa mère. C'est lorsqu'il réalise qu'il n'y a rien à manger à portée de main qu'il émet quelques petits hoquets de protestation. Le nez rivé sur l'ordinateur, vaquant d'un site à l'autre, je relève le regard quand je l'entends. Je dépose la machine sur le côté et me lève pour prendre Daniel dans mes bras avant qu'il ne réveille sa mère, espérant le calmer un peu. Mes bercements ne font effet qu'une dizaine de minutes. Monsieur a faim et le fait savoir. Cette fois, c'est Joanne qui se réveille. Je m'assied près d'elle et l'embrasse tendrement. « Bonjour mon ange. Je crois que quelqu'un a faim. » dis-je avant de déposer notre fils dans ses bras. Je la regarde allaiter avec une aisance folle, comme si elle avait fait cela tout sa vie. Je suppose qu'il y a une bonne part d'instinct là-dedans. « J'ai tes affaires, ton gilet, et je me suis permis de te prendre quelques livres. J'ai aussi apporté l'ordinateur pour que nous puissions choisir les nouveaux meubles. Et de quoi griffonner pour… vous immortaliser tous les deux sur le papier. » J'attends en revanche que Joanne ait meilleure mine pour me permettre de prendre des photos. Je pense qu'elle n'aimerait pas que les souvenirs que nous aurons pour toujours de ce moment là la montrent aussi pâle.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Après que Daniel ait pu bien remplir son estomac, il s'endormit au sein de sa mère. Celle-ci, à bout de force, se dut d'appeler un soignant afin qu'on l'aide à le remettre dans son petit berceau, où il pourra dormir paisible. Tout comme Joanne, d'ailleurs, qui n'en pouvait plus. Il ne fallut qu'une fraction de seconde, bien sous la couverture, avant qu'elle ne s'endorme profondément, et d'une traite. Son sommeil était des plus sereines, des plus paisibles, bien qu'elle avait toujours une oreille très alerte pour entendre le petit s'agiter. Mais rien de ce fait. Enchaîner ainsi les heures de sommeil était tout particulièrement réparateur. Cela faisait des nuits qu'elle n'avait pas aussi bien dormi. La lumière du jour peina à l'extirper de son sommeil, jusqu'à ce qu'elle sente quelqu'un s'asseoir juste à côté d'elle. Joanne s'étira un peu, et souriait, répondant amoureusement au baiser de son fiancé. Elle se redressa dans le lit avant de prendre le nouveau né dans ses bras. Elle se découvrit un peu et le garçon trouva sans grand mal sa source de nourriture. Il y arrivait déjà bien mieux que la dernière. Joanne avait une main qui soutenait sa petite tête et elle caresse ses petits cheveux, tout fins, avec son pouce, le regardant avec toujours autant d'amour. "Tu veux bien déjà me donner le gilet, s'il te plaît ? Il ne fait pas toujours très chaud, ici." lui demanda-t-elle avec un sourire tendre, avant se revenir sur son enfant. Joanne avouait être un peu surprise en sachant qu'il comptait à nouveau l'utiliser comme modèle. Dans sa tête, il n'avait pas sorti une feuille de papier pour la dessiner elle, vu la situation de leur relation. Cela signifiait beaucoup pour elle, qu'il avait encore un certain intérêt, qu'elle l'inspirait toujours, quelque part. C'était aussi très flatteur. Elle lui sourit tendrement. S'il avait travaillé, il n'aurait jamais eu le temps pour ça. Joanne remarqua enfin l'immense composition florale qui était non loin d'elle - elle eut tout de même besoin d'un certain temps pour émerger complètement. "C'est toi qui a ramené les fleurs ?" demanda-t-elle, toute émue. "Elles sont magnifiques." Elle les admira quelques instants, songeuse, jusque ce qu'elle sente que Dan avait mangé à sa faim. Joanne se revêtit très rapidement et tint le bébé à la verticale tout contre elle en attendant le rôt. "Merci." dit-elle ensuite tout bas, en le regardant. Pour les fleurs, pour le gilet, pour le bouquin. "Merci pour tout." Pour leur famille, leur bébé, leur bonheur ensemble. Elle lui souriait tendrement quelques temps avant de l'attirer un peu plus contre elle. "Viens." Elle se décala dans son lit afin que Jamie puisse tendre ses jambes s'il le voulait. "Prends le un peu." Joanne lui transmit alors très délicatement leur trésor afin que le père puisse également profiter du bonheur que de l'avoir dans ses bras. Joanne adorait voir cette image là, c'était encore plus que ce qu'elle aurait pu s'imaginer. Elle en profita pour rapidement enfiler son gilet et déposa sa tête contre son épaule. "Il est très calme." dit-elle tout bas, voyant Daniel s'endormir paisiblement. "Ca a même surpris la sage-femme qui a pris le relais ce matin, lorsqu'elle était passée me prendre la tension. Elle disait qu'il y en avait qui s'agitaient et braillaient bien plus dans les chambres voisines." Tout naturellement, elle se blottit un peu plus contre son fiancé. Cette affection lui avait cruellement manqué. "Elle a dit qu'elle passerait en fin d'après-midi pour le laver, je me suis dit que tu voudrais peut-être être là aussi. A moins que tu n'avais d'autres choses de prévu pour ce soir." Jamie savait s'occuper et charger ses journées en quelques minutes seulement. Cela ne la surprendrait pas qu'il ait prévu quelque chose de particulier. "Tu as réussi à bien dormir cette nuit ? Tu as pu manger quelque chose avant de partir ?" s'inquiéta-t-elle. Elle espérait qu'il s'était pris le temps de bien manger et se reposer. "Oh, regarde ! Il ouvre un tout petit les yeux."
Pendant que Joanne nourrit le petit, j'effectue un rapide aller-retour jusqu'au sac que j'ai apporté, en tire le hilet en question et vient le déposer sur les épaules de la jeune femme une fois qu'elle a terminé. Une fois réinstallée, elle remarque le bouquet à côté d'elle. Je souris timidement. Je ne voulais pas venir les mains vides, pas après qu'elle m'ait offert un cadeau pareil, un si beau garçon. Mais si d'habitude j'ai un bon flair pour gâter mes proches, j'admets que dans un cas pareil, je ne savais vraiment pas quoi faire. Les fleurs sont un choix classique dont je risque de ne pas savoir me contenter, néanmoins elles feront l'affaire pour le moment. « Content qu'elles te plaisent. Ce n'est vraiment pas grand-chose par rapport à... » Mon regard se pose sur Daniel. Des fleurs contre un bébé, oui, ce n'est vraiment pas grand-chose. C'est même ridiculement peu. Mais Joanne semble bien assez apprécier le geste, me remerciant plusieurs fois. Elle me fait une petite place dans le lit ; je m'assied à côté d'elle, me faisant aussi petit que possible, et n'osant poser qu'une jambe sur le matelas. Elle dépose un Daniel content et repus dans mes bras. J'ai toujours peur de mal le tenir. Je me sentais tellement maladroit hier après l'accouchement, Lily ne cessait de me corriger. Joanne m'explique que notre fils est bien plus calme que les nouveaux-nés des chambres voisines, qu'il impressionne par son calme -et cela me soulage grandement. « C'est normal, c'est un bébé parfait. » dis-je avec un sourire amusé. Sentant la tête de la jeune femme prendre appui sur mon épaule, mon coeur s'emballe un peu. Cela fait si longtemps que nous n'avons pas été aussi affectueux l'un envers l'autre. Et voilà que nous sommes une petite famille soudée. Je l'embrasse sur le front tendrement. Je l'aime tellement. « Non, je n'ai rien de prévu. » je réponds tout bas. Mon emploi du temps était déjà peu chargé cette semaine, voilà qu'il s'est complètement vidé. Je resterai donc jusqu'au bain de notre fils. Je suppose que cela ne me fera pas de mal de voir comment la sage-femme s'y prend. Je n'ai pas le temps d'assurer à Joanne que j'ai pu dormir et manger comme il faut avant de venir (néanmoins, je n'ai pas encore déjeuné, et je pense qu'une sieste s'imposera d'elle-même plus tard dans l'après-midi car mon repos fut plutôt court en comparaison aux émotions vécues) qu'elle s'extasie devant notre petit bout qui tente d'ouvrir ses paupières. Il ne nous permet pas encore de voir la couleur de ses petits yeux, gardant à ce sujet sa dose de suspense. « Bonjour Joanne. Monsieur Keynes. Tout va bien ici ? » demande une sage-femme s'étant faite toute petite dans un coin de la porte, osant à peine nous interrompre. « On ne va pas tarder à vous apporter votre plateau-repas maintenant que vous êtes réveillée. » ajoute-t-elle avec un petit sourire timide avant de repartir aussitôt. De nouveau seuls, je redresse légèrement le visage de Joanne pour capter son regard, puis pose mon front contre le sien. Mon nez glisse le long de sa joue, la frôle lentement pour retrouver le contact de ses lèvres. Je l'embrasse longuement, tendrement, et redécouvre une caresse si douce qui m'a tellement manqué. Si ce moment pouvait durer pour toujours, juste elle, moi, et notre petit garçon. « On est capables de faire de jolies choses, tous les deux, hein ? » je murmure au bord de sa bouche, souriant légèrement. « Regardes-moi cette œuvre d'art. » Mon regard retrouve la petite bouille de Daniel, mon pouce caressant doucement sa tête. « Je n'arrive pas à croire que j'étais prêt à passer ma vie sans vivre un moment pareil. » Il a fallu perdre un bébé pour que le déclic se fasse. Il a aussi fallu tout l'amour que Joanne pouvait donner. Si ce n'était pas pour elle, avec elle, rien de tout ceci n'aurait existé. Un moment de silence s'installe. Notre fils s'impose vite comme le nouveau centre du monde, un petit roi soleil qui dévore notre attention, notre tendresse, nous laissant là à l'observer se mouvoir un peu avec, continuellement, ce sourire un peu niais et le regard débordant d'amour. Il ne fait rien, ou pas grand-chose, et cela suffit à faire de lui le plus beau et captivant spectacle qui soit. Impossible de se lasser de le regarder essayer d'ouvrir sa main, étendre ses jambes, alors que ses muscles ne sont pas encore assez éveillés pour ça ; de constater à quel point il est minuscule, ne serais-ce qu'en comparaison avec mes grandes mains, et si léger, si fragile alors qu'il prenait tant d'espace dans le ventre de Joanne. Celui-ci a encore la même taille qu'avant l'accouchement. Il faudra du temps avant qu'il ne reprenne une forme normale. La sage-femme réapparaît sur le seul de la porte, poussant une desserte contenant le déjeuner de la jeune femme qu'elle vient déposer à côté du lit. « Viens, bonhomme, laissons ta maman manger un bout elle aussi. » je murmure en me glissant hors du lit, Daniel dans les bras. Je fais quelques pas avec lui dans la chambre, tranquillement. Je ne m'attendais pas à ce qu'il ait déjà autant de cheveux à la naissance. « Je me suis occupé de tout l'administratif ce matin. » dis-je pendant que Joanne mange selon son appétit. « Il ne nous reste qu'à lui trouver un parrain et une marraine. » Point qui m'a été souligné à l'hôtel de ville et auquel j'avoue n'avoir jamais réfléchi. Alors forcément je pense à Thomas qui m'a fait l'honneur d'être le parrain de sa petite Clara. A Ezra, qui a toujours été un ami de confiance. Une foule de noms me viennent et impossible de me décider.
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Jamie se sentait presque honteux de n'avoir que ramener des fleurs, par rapport au cadeau qu'elle avait pu lui offrir durant la nuit. Sa fiancée lui sourit tendrement. Elle n'en avait jamais demandé tant, et n'en demandera jamais. Mais il l'avait toujours gâté, sans forcément de raisons ; et même lorsqu'ils étaient séparés, pour Noël. "Elles sont parfaites." lui assura-t-elle avec un sourire toujours dessiné sur son visage. Jamie n'osait pas trop prendre ses aises sur le lit alors qu'elle lui faisait un peu plus de place. Il portait désormais son fils dans ses bras, encore un petit maladroitement jusqu'à ce qu'il trouve la position correcte. C'était une habitude qu'il allait très vite avoir, à force d'entraînement. Il le trouvait parfait. Joanne avait toujours eu cette crainte que le bébé ne lui plaise pas d'une manière ou d'une autre, qu'il n'en voulait plus une fois qu'il était né. C'était compréhensible. Combien d'hommes ont pris la fuite en laissant leur mère seule quelques mois après la naissance ? Jamie n'était pas un lâche, mais il avait le droit d'avoir peur de cette soudaine prise de responsabilité supplémentaire. Mais il était bien là, à aimer et à chérir son fils d'autant qu'il le pouvait. C'était si attendrissant. Elle craignait qu'il la rejette un peu une fois qu'elle avait posé sa tête sur son épaule, mais il n'en était rien, bien au contraire. Il l'embrassait même sur le front, geste qui s'était fait extrêmement rare depuis qu'ils étaient à nouveau ensemble. Il comptait bien rester pour le reste de la journée, ce qui la ravit. Daniel ouvrit légèrement les yeux, ce n'était pas suffisant pour deviner la couleur de ses iris, mais le fait qu'il ouvre pour la première fois les yeux depuis sa naissance la touchait. Il ne devait pas encore voir grand-chose, mais cela allait venir avec un peu de temps. La sage-femme fit une discrète intervention pour s'assurer que tout allait bien et pour signaler qu'on avait servir le repas à la jeune maman. Celle-ci remercia la soignante avec un sourire franc. Une fois à nouveau seuls, Jamie tenta de capter le regard de sa belle. Elle se plongea dans ses yeux quelques secondes plus tard, et son coeur s'emballa immédiatement lorsqu'il vint déposer son front contre le sien. Il poursuivit avec une caresse tendre le long de sa joue. Joanne fermait les yeux pour profiter de ce contact, alors que son coeur battait à toute allure. Et il l'embrassa longuement, comme un baiser qu'ils n'avaient pas fait depuis très longtemps. Rempli d'amour et de tendresse. Elle ressentait tellement de choses en cet instant, un peu comme si c'était la première fois qu'ils s'embrassaient. Elle acquiesça d'un simple signe de tête, totalement charmée par son regard. La jeune femme caressa tendrement la joue de son fiancé, alors que ses yeux étaient rivés sur leur petit bout. "Tout ça grâce à toi." lui dit-elle tout bas, avec énormément de reconnaissance. Joanne complexait déjà énormément sur son ventre. Elle s'était renseignée à ce sujet, qu'il faudra quelques jours pour que ça dégonfle, et des semaines et des mois pour qu'elle retrouve peut-être l'allure d'un ventre normal. Elle devrait déjà s'avouer chanceuse de ne pas avoir de vergetures ; elle avait été particulièrement préventive de ce côté-là. Mais déjà qu'elle n'avait pas une grande assurance, savoir son corps si difforme, bien que ce soit plus que naturel, la perturbait déjà beaucoup. On ne tarda pas à lui rapporté un plateau repas que l'on posa sur l'adaptable. Jamie se leva du lit avec le bébé dans les bras pour la laisser manger tranquillement. Joanne s'installa au bord du lit. Elle n'avait pas beaucoup d’appétit, mais elle en connaissait plus d'un qui allait l'inciter à manger, alors elle grignotait, ici et là, en prenant son temps. Elle écouta Jamie dire qu'il avait déjà réglé certaines choses avant de venir ici et qu'il fallait décider qui serait le parrain et la marraine. Joanne avait déjà quelques noms en tête, et, ce n'était que des personnes qu'elle avait connu du côté de Jamie. Elle n'avait pas vraiment envie d'attribuer l'un de ces titres à son frère ou à sa soeur, qui ne lui donnaient que très peu de nouvelles. "J'avais pensé à Gaby." dit-elle doucement après quelques secondes de silence. "Elle était déjà plus qu'enthousiaste d'être une tante, je n'imagine pas comment elle sera si elle se savait marraine. Et si c'est elle, il la verra régulièrement, je sais qu'elle ne manquera pas une occasion pour venir le voir." La jeune femme n'avait plus faim, et éloigna un petit peu l'adaptable du lit. Elle voulait faire quelques pas, cela faisait des heures qu'elle n'avait pas mis les pieds au sol. Elle restait tout de même appuyée à au pied de lit. "Et pour le parrain... Je me suis dit peut-être ... Ezra." Elle le connaissait peu, c'était une chose, mais en une fois, ils s'étaient tous les deux rapprochés et s'étaient très vite bien entendus. Joanne restait tout de même surprise qu'il ait voulu la voir elle ce jour-là, et pas quelqu'un d'autre. Elle ne doutait pas qu'il ferait un excellent parrain également, et ça lui ferait aussi certainement plaisir. Elle regardait avec affection Jamie porter leur enfant, en attendant de voir ce qu'il en pensait.