Don't hurt yourself.
Cora & Elena

Ce déjeuner était sympathique, même si pour être franche en elle-même, Elena n’était pas vraiment à l’aise. Cora était adorable, prévenante et semblait vouloir la voir aller mieux. Mais la blonde n’aimait pas forcément que l’on s’intéresse, que l’on s’occupe d’elle. Même si ces marques d’attentions la rapprochaient plus de celle qu’elle avait pu être à une époque, celle qu’elle était devenue se battait contre ce côté doux et sensible. On ne devait pas s’intéresser à elle, elle ne valait pas le coup. Elle ne servait à personne, on n’avait besoin d’elle nul part. Même celui à qui elle tenait le plus au monde ne semblait pas s’intéresser à elle. Pour autant, Cora, si prévenante, méritait qu’elle fasse des efforts. Elle ne serait pas obligée d’en faire après, mais au moins maintenant. Elle chassa ses idées noires en continuant de manger sa salade et à force de curiosité et de réponses enjouées, l’italienne finit par laisser sa personnalité joyeuse reprendre le dessus. Elle avait envie d’y arriver et pour cela il fallait au moins qu’elle pose un doigt de pied dans la salle d’audition. L’actrice avait réussi son coup, désormais, elle voulait y retourner. Et ce malgré la petite voix qui lui criait qu’elle n’y arriverait pas, qu’elle était nulle et que même si elle s’emballait maintenant, elle déchanterait vite en recevant une réponse négative. Le stress monta alors aussi vite qu’une envie d’aller aux toilettes et elle sentit son coeur s’emballer. Non, elle ne devait pas penser à ça. Un jour, elle aussi y arriverait et elle n’aurait plus à passer de castings, ni à recevoir ces messages tous préparés pour vous informer que vous n’avez pas été prit. Un jour, les réalisateurs s’arracheraient son emploi du temps. Elle devrait faire des choix et cesserait d’inonder les boîtes mails des directeurs de casting. Un jour, mais pour cela elle devait cesser de stresser à la simple idée de passer un casting. Et encore une fois, celle qui prenait soin d’elle depuis bientôt une heure sut trouver les bons mots pour la calmer. Effectivement, l’audition se passait avec elle, rien de bien méchant donc et de toutes manières, même si elle se loupait elle avait fait une rencontre vraiment chouette aujourd’hui. Elle hocha vivement de la tête avant de soupirer un bon coup. « Tu as raison, faut que je me calme, c’est mon gros problème. » Un petit rire nerveux lui échappa et elle finit rapidement ses deux dernières bouchées. « On y va ? Je suppose que l’heure arrive non? » Elle allait devoir se concentrer et grâce à Cora cela serait plus simple. Le ventre plein et le moral un peu plus haut. Il allait falloir affronter les regards extérieurs, qu’importe elle avait mangé avec miss Coverdale ! Elle fit signe au serveur pour qu’il leur apporte l’addition, après s’être assurée bien évidemment que Cora avait fini son assiette de frites, qu’elle avait d’ailleurs mangé avec beaucoup d’entrain.

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Cora & Elena

Accepter le succès, que l’on puisse réussir malgré tout ce qui a pu se passer et prouver le contraire. Elena n’avait pas l’habitude de laisser ces choses là rentrer chez elle. La blonde avait en fait plutôt tendance à se fermer des portes toute seule, à refuser d’essayer même. Se lancer pouvait impliquer de se casser la figure et ses genoux à vifs prouvaient bien qu’elle en avait vu assez pour le savoir. Mais la flamme de cette jolie rousse à qui tout souriait semblait la réchauffer un peu et lui donner l’envie de se laisser le droit. Rien ne lui assurait qu’elle réussisse à passer haut la main cette audition, mais elle n’en sortirait que plus forte. Du moins, c’est ce dont elle essayait de se convaincre en finissant sa salade. L’actrice en face d’elle pouvait être fière, elle avait réussi en à peine une heure, deux exploits de taille. Faire manger Elena et lui donner envie de retourner attendre son tour pour passer l’audition.
De ses yeux bleus fuyant, elle observa sa bienfaitrice finir rapidement son assiette de frites. Malgré les tremblements incontrôlables qui agitaient ses main, elle acquiesça d’un hochement de tête. En réalité, elle n’était pas vraiment prête, mais qui pouvait bien l’être dans ce genre de moments ? Elle finit par se lever et suivre celle qui lui donnerait bientôt la réplique. Penser à ça, prouvait bien qu’au fond, elle avait plus ou moins accepté l’idée que oui, elle allait retourner se confronter à toutes ces vipères qui attendaient leur tour, se mesurer aussi à son plus grand ennemi, son esprit. Celui-ci même qui s’amusait à la torturer et à la rabaisser continuellement. Le plus triste dans cette histoire relevait peut-être du fait qu’il prenait tour à tour le visage de son père, de sa mère et de Raffaele. Elle poussa un soupir pour se défaire de ces idées noires qui revenaient à peine les avait-elle chassées. Suivant le mouvement, elle s’arrêta non loin de l’entrée et une fois de plus opina du chef aux paroles de Cora. Elle avait l’impression que si elle ouvrait la bouche, son déjeuner s’échapperait. L’estomac au bord des lèvres, elle murmura tout de même un merci timide, mais reconnaissant et ce malgré son coeur tambourinant contre sa poitrine. Difficile de croire en ce qu’elle venait d’entendre, même si une vague de plaisir venait de la submerger. Serait-ce suffisant pour lui donner le courage d’y arriver ? Ce fut la question qu’elle se posa en retournant attendre son tour, froissant entre ses doigts le petit papier que venait de lui glisser la célébrité. Pour sûr, personne d’autre dans la salle ne pouvait se vanter d’avoir le numéro de Cora. Peut-être serait-ce sa seule consolation aujourd’hui. Mais pour le moment assise au milieu de ses adversaires, Elena tentait tant bien que mal de se concentrer sur son texte, qu’importe si elle devait encore attendre deux heures. Au moins, maintenant, il y avait une petite lumière qui l’attendait dans cette salle.

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