La question qui tue, en quelque sorte. Oui, elle lui avait demandé comment elle avait pu avoir son numéro. Parce que ... Et bien, parce qu'ils s'étaient croisés à de nombreuses reprises, oui. Mais à dire vrai, ils n'avaient pas échangé leur numéro. Et elle doutait de l'avoir fait, même si ... Et bien, même s'ils avaient couché ensemble. Elle se rappelait qu'il était parti au petit matin et qu'elle avait fait semblant de dormir. Mais elle ne lui avait pas donné son numéro. Ni la fois où ils s'étaient croisés au festival de Noël. Et encore moins lorsque Selina avait été à l'hôpital. Donc ... Donc, il avait dû filouter, d'une manière ou d'une autre. Et oui, la journaliste avait envie de savoir comment il avait fait ça. Non pas pour lui tirer les oreilles. Mais bon. Elle voulait savoir. Shane avait baissé la tête. Et il lui avoua que c'était par rapport à son dossier médical. C'était comme ça qu'il avait réussi à avoir son numéro. Est-ce qu'elle allait lui faire les gros yeux ? Lui dire quelque chose ? Lui tirer les oreilles ? Rien de tout ça. Même pas un regard désapprobateur. Rien du tout. "Je vois." Elle eut un léger hochement de la tête. Que pouvait-elle dire de plus ? Pas son genre de l'engueuler. Même si ça pouvait lui faire peur. Dans le sens où ... Et bien, dans le sens où la demoiselle se disait que n'importe qui pouvait accéder à ce genre d'informations. Et ça craignait. Et pas qu'un peu. "Heureusement que t'es pas un psychopathe dingue. Parce que ça m'inquiéterait un peu, j'dois avouer, qu'on puisse trouver mes coordonnées comme ça." Elle psychotait un peu ? Oui, peut-être bien. En même temps, c'était normal. Selina termina sa boisson. Et Shane lui posa une question. Il voulait la raccompagner. Enfin, seulement si la blonde était d'accord avec ça. Dans l'immédiat, elle se contenta d'hausser les épaules. "Tu veux peut-être aussi un tiroir chez moi, non ?" dit-elle en se mettant à rire. Oui, bon, elle le taquinait. Un peu. Elle voyait bien que la situation était ... difficile. Surtout pour lui. C'était pas évident pour elle mais elle n'avait pas le cul entre deux chaises, si on peut dire ça ainsi. "Non, j'rigole. Mais mon petit doigt me fait dire que tu dois également avoir mon adresse." Puisque c'était noté sur son dossier. Ou peut-être qu'il n'y avait pas fait attention.
Elle ne me fit aucun reproches, et pourtant je l’aurais sûrement mérité, seulement après ce que je venais d’apprendre, je ne pouvais pas laisser faire le destin et attendre de la croiser de nouveau. Alors j’avais pris mon courage à deux mains, voire même avec mes deux pieds, et j’étais allé le trouver. Ca avait été facile, mais pas psychologiquement. D’ailleurs avec la suite de ses propos, elle réussit à me faire culpabiliser. Non je ne suis pas psychopathe, mais c’est pas très correct de récupérer un numéro de téléphone de la sorte. Je sais, je suis vraiment désolé, j’ai un peu fraudé je l’avoue, mais en temps général c’est bien protéger ce genre d’informations confidentielles. Lui expliquais-je pour la rassurer, pour bien lui dire qu’à part moi ou mes collègues, personne ne pouvait avoir accès à ses informations. Mais voilà que je n’arrangeais pas mon cas, vu que je lui proposais de la raccompagner, en lui donnant une raison bizarre, et certainement perverse. Je m’en rendais compte une fois la connerie sortie. Je me suis senti encore tellement mal à l’aise quand elle me proposa un tiroir, même pour rire. Je fis d’ailleurs une sale tronche, tellement qu’elle comprit assez vite que je le prenais sérieusement. Ou tout du moins, que je risquais de me sentir encore plus mal par rapport à elle. Je ne me suis jamais senti aussi mal face à une femme tout de même. Du moins, avec la même dirons-nous. En attendant, si j’avais pris le soin d’avoir accès à son numéro de téléphone, je n’étais pas du tout allé plus loin Ah non même pas. C’est déjà pas mal de voler un numéro de téléphone, je me sens déjà assez mal, je ne me serais pas permis de récupérer aussi ton adresse. Lui répondais-je avec un sourire amusée mais gêné à la fois.
C'était pas bien ... de fouiner dans les rapports médicaux comme ça, c'était pas bien. Mais alors pas bien du tout. Seulement, il ne l'aurait pas fait, ils n'auraient pas pu se revoir. Ils n'auraient pas pu discuter. Ce n'était pas le but de Selina de ... Et bien, de le tenir éloigné de cette grossesse. Mais elle avait eu besoin de temps. Pour y réfléchir. Pour savoir quoi faire. Elle avait eu besoin de temps pour savoir comment elle allait tourner les choses. Ce qu'elle ferait. Garder ou ne pas garder l'enfant ... Non, au fond d'elle, la décision avait été prise assez rapidement. La blonde savait ce qu'elle voulait. Si ce n'était pas maintenant, ça ne serait jamais. Et même si maintenant n'était pas forcément le moment idéal, même si elle n'avait pas forcément imaginé avoir cet enfant à ce moment de sa vie, elle ne pouvait pas reculer. Elle ne voulait pas reculer. C'était pas de cette manière qu'elle avait songé à fonder une famille. Mais c'était fait. Et maintenant, elle devait s'y préparer. Du mieux qu'elle pouvait. Avec ou sans aide. "J'espère bien que c'est bien protégé. Et que c'est accessible uniquement au personnel médical." Ca l’ennuierait de savoir que n'importe qui pouvait y avoir accès. Bon, que les membres de l'hôpital puissent regarder tout cela, normal. Après tout, ils faisaient leur job et ils s'assuraient que ... Et bien, que les patients aillent bien et qu'ils fassent une espèce de suivi. Mais bon. Est-ce que ça la rassurait pour autant ? Pas vraiment. Elle espérait juste que ça n'allait pas se produire une nouvelle fois et qu'elle n'aurait pas la désagréable surprise de voir une nouvelle personne sur le pas de sa porte ou bien un inconnu qui l’appellerait. Ou un truc dans le genre. En tout cas, Selina essayait de détendre l'atmosphère mais c'était pas des plus évidents pour autant. Surtout pour lui. En tout cas, elle avait fini sa boisson, lui également. "Non, ouais ... j'aurais trouvé ça trop étrange de te retrouver sur le pas de ma porte." Elle s'était levée, puisqu'elle avait terminé. Elle avait adressé un petit regard à Shane. "Tu viens ?" Libre à lui de la suivre ou pas. Mais elle lui laissait le choix.
Oui, c'était bien protégé, elle n'avait aucun souci à se faire, même si forcément, nous autre médecin, nous avons accès aux dossiers des patients bien trop facilement. Mais je n'allais pas m'en plaindre, et trouver une solution bien plus sécurisé encore, parce que sinon cette discussion nous n'aurions pas pu l'avoir, ou tout du moins pas tout de suite. Elle n'avait donc pas de soucis à se faire, et encore moins de ma part, parce que je n'avais pris que le strict minimum, et si j'avais pu connaître tous les détails de sa vie passée, je ne l'avais pas fait, encore moins relevé son adresse postale. J'étais déjà bien trop stressé à l'idée de voler ainsi son numéro de téléphone. Mais c'était donc fait, et il ne me restait plus qu'à voir où elle habitait pour pouvoir m'y rendre en cas de besoin. Forcément, ça faisait bien plus pervers qu'autre chose comment j'avais proposé ça, mais elle ne semblait pas trop se braquer, encore heureux pour moi. Heureusement que je n'essayais plus de la draguer, sinon j'aurais certainement droit à quelques baffes. Faut croire que je sois désespéré et alcoolisé pour pouvoir draguer convenablement. Elle me sortit de mes pensées en se levant pour me demander si je venais avec elle ou non. Oui oui. Lui répondais-je tout en me relevant un peu trop rapidement et en me cognant le genou par la même occasion sous la table. Là aussi j'avais bu, c'est évident, je me sens comme sur un petit nuage. Mais ça devrait suffire pour prendre la route, mais pas assez pour me sentir parfaitement bien dans ma peau pour agir simplement et de façon normale.
Accueil
