Ces derniers jours avaient plutôt mouvementé dans la vie de Ginny. Mouvementé dans le sens émotionnelle. Le fait de revoir Ezra l'avait plus bouleversé qu'elle ne l'aurait pensé. Et durant ces jours, elle avait essayé de rester forte, rien que pour Noah. De faire comme si les mots qu'avait prononcé le garagiste lors de leur dernière rencontre ne l'avait pas affecté. Mais c'était bien trop difficile. Et elle qui avait pour habitude de retenir ses larmes, se retrouvait à les verser plus que d'habitude. Jamais devant son fils. Il ne devait pas la voir dans cet état. Qu'est-ce qu'il penserait pas la suite. Est-ce qu'elle pleurait parce qu'il n'allait pas mieux. C'était à cause de lui, qu'elle était triste. Non, Ginny ne voulait pas qu'il pense ça, que Noah se sente coupable. Elle ne voulait pas voir la bonne humeur et l'optimisme qu'il avait. Jamais devant Bailey. Elle ne voulait pas qu'il la voit dans cet état. Il ne voulait pas qu'il la pense faible et qu'elle serait prête à accepter tous ses désirs. A accepter d'avoir un deuxième enfant. Non, Ginny ne pourrait faire ça. Alors, elle craquait. Toujours, lorsqu'elle était seule. Personne n'avait besoin de savoir. Mais là, c'était différent. Son esprit et son corps lui disait d'arrêter de faire des efforts. Elle l'avait compris quand un infirmière lui avait dit que Noah devait faire un examen. Et elle s'était mise à fondre en larme devant cette infirmière. L'examen, ce n'était rien. La routine. Mais elle en avait marre. Tellement marre, que les nerfs de la jeune femme ont lâché. Elle voulait juste que cet enfer se termine. L'infirmière qui se trouvait devant elle, lui avait dit de rentrer, qu'elle avait besoin de repos. Rester dans cet hôpital n'était pas bon. Et ce qui venait de se passer en était la preuve. Et que si elle refusait quitter, alors elle allait appeler l'époux de la brune, la forçant à rentrer chez eux. Hors de question que Bailey la voit dans cet état, alors elle avait un peu trop facilement accepté de rentrer. Elle partait d'accord. Mais elle n'allait pas rentrer dans une maison où elle se sentait comme une étrangère. C'était une étrange sensation d'ailleurs. La jeune femme était de retour dans son pays d'origine, dans cette ville qui l'avait vu naître. Et pourtant rentrer chez elle n'était pas naturelle. Peut-être parce qu’inconsciemment, elle savait que cette maison faisait aussi partie de cette comédie.

Ginny était donc partie de l'hôpital. Elle avait pris sa voiture et avait commencé à rouler. Elle devait rentrer chez elle et se reposer. C'est le conseil que lui avait donné l'infirmière. Mais ce n'était pas du repos chez elle qu'elle avait besoin. C'était autre chose. C'était de faire une pause dans tout ce qui se passait dans sa vie. C'était d'aller dans ce lieu où elle se rendait lorsqu'elle avait besoin d'être à l'écart, lorsqu'elle avait besoin d'arrêter de réfléchir durant un court instant. Elle roulait donc jusqu'au centre-ville avant de se garer près de la fleuve. Oui, l'endroit où elle aimait se retrouver pour être au calme se trouvait en plein centre-ville de Brisbane. Mais les bords du fleuve c'était différent. C'était plus calme le long des promenades. Et lorsqu'on trouvait le bon endroit, on pourrait même penser qu'on se trouve à l'extérieur de la ville. Et elle se promenait le long du cours d'eau presque de façon automatique. Oui, elle savait où elle se dirigeait. Son coin. Son arbre. C'est là qu'elle allait lorsqu'elle était adolescente, lorsqu'une dispute éclatait avec ses parents ou qu'elle ne supportait plus cette pression familiale. Et c'est ce que Ginny avait besoin d'être pour avoir une sorte de retour aux sources. Au bout de quelques minutes de marche, elle s'y trouva enfin et comme elle se doutait, il n'y avait personne. Elle s'était adossée contre l'arbre, soufflant un bon coup. Juste un pause dans sa vie, où durant quelques minutes la brune n'allait plus penser à sa vie actuelle. Faire le vide dans son esprit. Elle se contenta donc de fermer les yeux, laisser quelques rayons de soleil frapper son visage. Durant ces quelques minutes, elle se sentait bien. Mais quelque chose était venue la déranger. Elle ne sentait plus les rayons de soleil sur son visage. Elle ne sentait plus cette chaleur qui la faisait se sentir bien. Lentement, elle ouvrit ses yeux. Une personne se trouvait devant elle. Et elle ne pouvait que la reconnaître. « Ezra ? » Sans doute qu'il y avait un peu d'étonnement, de surprise, dans sa voix. Oui, elle ne s'attendait pas à le voir aussi rapidement depuis leur dernière rencontre. Elle ne s'attendait pas non plus à le voir dans ce lieu aussi. Mais il était là. Devant elle.

Ces dernières semaines s’étaient enchaînées sans pour autant se ressembler. Ezra avait eu l’impression que sa vie s’était accélérée de façon considérable, et il n’arrivait pas à déterminer pour le moment si c’était pour le mieux ou non. Car, depuis ces dernières semaines, il avait aussi l’impression d’être l’ombre de lui même. Comme s’il n’était plus aux commandes de ce qu’il se passait dans sa vie. Tellement de choses sur lesquelles il était sûr avait été bouleversées. Ca avait bien sûr commencé avec le retour de Ginny, quelque-chose qu’il semblait improbable après tant d’années sans la moindre nouvelle. Et pourtant, elle était bien de retour, avec leur fils. Ensuite, il y avait eu cette soirée où Amelia et lui s’étaient embrassés. C’était arrivé comme ça, ce n’était pas planifié et depuis il n’osait pas trop aller lui parler, lui qui avait toujours été ouvert avec elle se retrouvait à ne plus savoir comment l’aborder. Chose absurde. Ils avaient bu et étaient tous les deux mal ce soir là, il devrait aller lui parler et clarifier les choses, mais il n’y arrivait pas. Il y avait ensuite cette histoire encore plus stupide avec le mari de Ginny - il ne comprenait toujours pas ce qu’il lui avait pris. Lui qui avait toujours gardé loin de lui tout ce qui se rapprochait de près ou de loin de la violence - c’était aussi pour ça qu’il n’avait jamais fait l’armée, contrairement à une bonne partie de sa famille, il détestait ça - c’était retrouvé à porter un coup au pauvre - pauvre ? - jeune homme. Il s’en voulait d’un côté, mais il avait trouvé ça plutôt libérateur d’un autre côté. Sentiment étrange pour une situation des plus étrange. Ca faisait donc beaucoup pour lui, qui avait eu l’habitude depuis ces cinq dernières années d’avoir une petite vie calme et rangée. Métro, boulot, dodo en somme. Il avait besoin de se retrouver et de se recentrer sur lui même. C’était donc pourquoi il avait décidé, en ce jour, de renouer avec une passion qu’il considérait avoir laissé trop longtemps de côté: la photographie. Depuis qu’il était petit, il avait toujours été plutôt doué avec un appareil photo dans les mains, et au fil des années il avait laissé cette passion prendre de la parce dans sa vie. Mais avec les récents événements, il n’y avait plus repensé. C’était donc auprès du fleuve de Brisbane qu’il avait décidé de se rendre pour se remettre dans cet élément qu’il aimait tant. S’entourer de personne inconnues, et les photographier dans des moments de la vie quotidienne. Se rappeler à quel point c’est bon parfois d’être juste là, profiter de ce qui nous entoure. La chance semblait être plutôt du côté d’Ezra aujourd’hui vu que le soleil était bien présent, lui permettant même d’être en polo. Le bise entourant le fleuve rendait l’air agréable, rien de tel pour avoir le temps de se poser et de prendre des clichés qui seraient considérés comme bon à la fin de la séance. Pendant plus d’une heure, Ezra se coupa du monde, se concentrant uniquement sur la vie des autres, le paysage, s’entourent de cet air qui faisait bon de respirer. Il lui semblait qu’il était seul et que le monde, pendant quelques instants, lui appartenait. Il pouvait lui donner l’apparence et les mouvements qu’il voulait, il était maître de ses mouvements. Et ça faisait du bine aussi d’avoir enfin l’impression d’avoir le contrôle sur quelque-chose, même si ce n’était pas sa vie, il avait le contrôle des clichés qu’il prenait. Certains diront que la vie est un long fleuve tranquille, mais Ezra ne croyait absolument pas à cette phrase idiote. La preuve en étant, qu’à un détour du fleuve, son objectif tomba sur quelqu’un qu’il - malheureusement peut-être pas, c’était un peu fort, cette vue lui était toujours des plus agréables - connaissait. Comme si le sort, le destin, avait fait en sorte qu’elle vienne elle aussi ce jour là, à ce moment là, dans cette partie du parc. Ezra baissa alors son objectif, plissant les yeux et soupirant légèrement. Il se demandait si, depuis qu’elle avait remis les pieds à Brisbane, ils n’étaient pas fait pour se revoir, quoi qu’il arrive. Comme attirés par deux aimants, se repoussant par la même occasion de façon assez violente. Il se rappelait très bien du dernier moment qu’il avait passé avec la jeune femme, la façon dont il lui avait très clairement fait comprendre ce qu’il avait pu ressentir au fil du temps qu’il avait passé seul ici, à Brisbane, alors qu’elle était partie refaire sa vie avec un autre et son fils. Sentiment amère refaisant surface, résumant très bien cette dernière rencontre. Mais Ezra n’était qu’un homme, un homme faible face aux yeux de biche de la demoiselle, et il commença alors à se diriger vers le pont le plus proche, qui lui permettrait de rejoindre la jeune femme. Ils maudissait sur tout le chemin, se demandant pourquoi il allait encore vers elle malgré le mal qu’elle lui faisait - encore. C’était plus fort que lui, il ne pourrait lutter. Il arriva - trop - rapidement à sa hauteur, son appareil photo toujours en main. Il entra dans son cercle d’intimité, celui dans lequel elle semblait s’être plongée. Ginny était assise au pied d’un arbre, les yeux fermés et la tête collée au tronc. Elle avait les traits du visage tirés, et le coeur d’Ezra eut encore un raté. Il faudrait qu’il apprenne à ce dernier à communiquer et mettre ses informations à jour avec son cerveau, pour qu’il arrête de réagir de la sorte dès qu’il voyait Ginny et surtout dès qu’il voyait que quelque-chose n’allait pas chez elle. La jeune femme finit d’’ailleurs par ouvrir les yeux, ramenant Ezra à la réalité. De là où il était, il lui cachait dorénavant les rayons du soleil, il ne savait pas si elle allait clairement le voir ou s'il serait complètement en contre jour. « Ezra ? » Elle semblait surprise de le voir devant elle et il ne put s’empêcher de se dire à lui même qu’il était surpris d’être ici aussi de toutes manières. Il resta alors quelques secondes penaud devant elle, les bras légèrement ballants, à ne trop savoir que faire. Voilà, il était là comme un idiot, car il n’avait pas prévu de la revoir aujourd’hui, il ne savait que lui dire. Finissant par faire une petite moue, il vint s’asseoir à ses côtés, posant à son tour sa tête contre l’arbre. « Salut… » Il se sentait encore plus stupide de n’avoir trouvé que ça à lui dire. En même temps, il y avait tellement de choses dont elle devait être au courant aujourd’hui et dont il était à moitié fière. Car dans ces semaines plus étranges les unes que les autres, il avait oublié de mentionner le fait aussi qu’un soir, après avoir - légèrement - abusé des boissons alcoolisées, il lui avait envoyé un sms plein d’amour, le genre de sms qu’il lui envoyait lorsqu’ils étaient plus jeune et qu’il était dans une soirée où la jeune femme n’était pas présente. Sauf qu’envoyer ça à une femme mariée, même si elle était la mère de votre enfant, ça ne faisait jamais bon genre. Il baissa alors le regard sur son appareil photo qu’il avait commencé à triturer de façon abusive. « Je… Je sais pas trop quoi te dire. Moi aussi je suis surpris d’être ici, si ça peut t’aider. Et… Je crois que je suis un idiot ? » Il se mordit l’intérieur de la joue. Bon sang, est-ce qu’il était sérieusement en train de commencer des excuses là - même si ça y ressemblait vraiment que de loin - ou il rêvait ?

En se rendant près de la rivière, Ginny pensait pouvoir faire une pause autours des événements qui avaient pu se produire ses dernières semaines et ainsi donc faire le vide dans son esprit. Elle en avait besoin. Vraiment besoin. Et cela avait bien commencé. Elle prenait le soleil. Elle profitait du calme. Mais ce n'était qu'une question de quelques minutes, puisque quelqu'un semblait se trouver devant elle. Et en ouvrant, elle ne pouvait qu'être surprise. Ezra était devant elle. Lui qui a dit qu'il ne voulait pas la voir avant que Noah ne sache la vérité, avant que Noah ne sache qui est son véritable père. Chose qu'elle n'avait pas encore fait. Elle avait tenté à quelques reprises. Elle s'était dit qu'elle allait le faire. Sauf qu'elle reculait à chaque fois, mais elle ne pouvait plus faire ça longtemps. C'est l'état de son fils qui était en jeu. Noah devait savoir qu'il allait potentiellement avoir une greffe où le donneur serait son père. Son père biologique. Et maintenant, Ezra était devant elle. Peut-être que c'était juste un hasard. Peut-être que lui aussi se baladait près de la rivière. Brisbane était une grande ville, mais on ne pouvait rien contre le hasard. Ils ne pouvaient pas s'éviter éternellement. Ou c'était quelque chose contre leur volonté qui semblait vouloir les réunir. Et ils étaient à nouveau en face de l'autre. Le garagiste semblait aussi surprise qu'elle face à leur rencontre hasardeuse. Ils s'étaient regardés durant quelques secondes. Et durant ces quelques secondes un silence s'était installé. Peut-être qu'il fallait qu'il se parle. Ou faire un geste particulier. Sauf que Ginny ne savait pas quoi faire. Alors, elle se taisait tout simplement. Et puis, Ezra était venu s'asseoir à ses côtés. « Salut… » La jeune femme tourna la vers lui, un léger sourire était présent sur son visage. Un sourire gêné. Et maintenant, qu'est-ce qu'elle devait faire. Engager la conversation ? Mais sur quoi ? Elle n'en savait rien. Le regard de la jeune femme se posa alors sur ce que tenait Ezra. Un appareil photo. Et vu la façon dont ses doigts jouaient avec l'appareil, il devait être aussi gêné qu'elle par cette rencontre hasardeuse. « Je… Je sais pas trop quoi te dire. Moi aussi je suis surpris d’être ici, si ça peut t’aider. Et… Je crois que je suis un idiot ? » Elle leva la tête. Apparemment, Ginny n'était pas la seule à ne pas savoir quoi dire, ni même quoi faire. Est-ce que cela devait sans doute la rassurer. « Un idiot à quel sujet ? Le message ou alors ce qui s'est passé à l'hôpital ? » dit-elle avec un léger sourire en coin. Le message qu'Ezra lui avait envoyé. Le genre de message qu'il lui envoyait lorsqu'ils étaient encore ensemble. Cela l'avait surprise lorsqu'elle l'avait lu. Mais, elle n'avait pas pu s'empêcher de penser que ce message lui faisait plaisir. De savoir qu'Ezra avait encore des sentiments pour elle. Si c'était vraiment le cas. Après tout, il n'avait pas l'air dans son état normal lorsqu'il l'avait envoyé. Mais elle l'espérait tellement que ça soit le cas. Qu'il pensait les mots qu'il avait pu lui envoyer. Et c'était sans doute mal de penser ça. Après tout, elle était une femme mariée. Enfin, c'est ce qu'elle devait montrer, même si ce mariage n'était qu'un mensonge. Et ce qui c'était passé à l'hôpital. Une altercation entre le garagiste et son époux. Ce n'était pas passé inaperçu. Bailey avait gardé quelques traces. Après tout, Ezra l'avait averti de ce qui se passerait s'il venait à le croiser. Et il avait tenu parole.

De son coin d’oeil, Ezra put voir que Ginny avait relevé le regard vers lui, mais il n’osait pas en faire de même, trop honteux. Il préférait rester focalisé sur son appareil photo, c’était plus sûr. Il ne savait pas comment elle allait réagir face au fait qu’il d’une, était venu la déranger encore une fois aujourd’hui alors qu’elle semblait vouloir rester dans sa petite bulle d’intimité, et de deux, par rapport à toutes les conneries qu’il semblait avoir fait ces derniers temps. « Un idiot à quel sujet ? Le message ou alors ce qui s'est passé à l'hôpital ? » Il n’eut même pas besoin de se tourner vers elle pour entendre le petit sourire qui devait accompagner ses paroles. Il était vrai que dit comme ça, il ne savait pas s’il avait lui-même parlé du sms ou de l’hôpital. Il sourit légèrement à son tour. Il eut aussi envie de se mettre une claque pour être trop faible devant elle. Il était toujours censé lui en vouloir pour la trahison qu’elle avait fait, en n’avertissant pas Noah de qui était son vrai père. Mais la situation qu’il était en train de vivre là était beaucoup plus risible que propre à se rabâcher les mêmes histoires. Alors, sans vraiment qu’il n’y soit prêt, un petit rire commença à émaner de sa gorge. Doucement, au début, puis légèrement plus franc par la suite. « Aucune idée franchement. Les deux, je pense ? Mais je saurai pas te dire quand quelle situation j’ai été le pus idiot. Enfin si, l’hôpital j’ai été très idiot, et pour le message… On doit vraiment en parler ? C’était déjà assez gênant de m’en rendre comptes le lendemain matin, crois moi ! » Et alors il finit par tourner sa tête vers la jeune femme, un sourire moqueur de lui même aux lèvres. Ce message, il n’aurait jamais du l’envoyer car cette soirée là n’aurait jamais du exister. Il était tombé dans un traquenard fait par quelques habitués du garage, qui avaient absolument tenus à aller boire un coup le soir tombé. Un verre, deux verres, trop de verres et comme à chaque fois Ezra était incapable de se rappeler de ce qu’il avait fait la veille. Heureusement, avec le temps, il avait pris l’habitude de savoir quoi vérifier le lendemain matin, après une soirée trop arrosée. Son téléphone notamment. Et sa tête lorsqu’il avait découvert le sms qu’il avait envoyé à Ginny pendant la nuit devait être mémorable. Ezra soupira en y repensant. « Et puis en plus, ça donne juste une nouvelle bonne raison à ton cher et tendre de venir me retrouver, à son tour… » sa voix mourut sur la fin de sa phrase. Cette partie de l’histoire, il n’en était pas si fier. Il ne savait pas pourquoi il s’était laissé autant aller avec Bailey ce jour là, mais peut-être pour la première fois depuis qu’il était né, il avait porté un coup à une personne sans que ce soit elle qui ait commencé. Le dernier frère Beauregard était peut-être en train de vivre tout simplement sa crise de la trentaine, il n’en savait trop rien, mais il était sûr que ça allait en étonner plus d’un dans la famille s’ils apprenaient ça. Même sa soeur Danny avait toujours été plus bagarreuse que lui, c’était pour dire. Quelques secondes s’écoulèrent et Ezra finit par perdre son sourire. « Tu n’es pas avec Noah ? » Ezra avouerait volontiers qu’il aurait été heureux de recroiser Ginny avec le gamin. Ca aurait été une occasion de le voir réellement. Cependant, s’il lui posait cette question, c’était aussi pour tâter le terrain et voir si elle allait lui parler réellement. A savoir si elle avait avoué à Noah qui était son père, pas son père imposteur. Il se souvenait parfaitement qu’il avait dit à Ginny qui ne lui reparlerait plus d’ici à ce qu’elle l’aurait fait, mais la voir là dans ce parc, seule, ça l’avait déboussolé et il n’avait pas tenu parole sur ce coup. Il avait déjà tenu parole par rapport à Bailey, c’était déjà pas mal. Et puis, malgré toute la colère qu’il pourrait éprouver envers Ginny, elle ne serait jamais que de passage car ses vrais sentiments étaient plus forts que cette émotion passagère.

Il avait été idiot. Ou du moins, il avait agit bêtement. Mais sur quoi. Le message. Le comportement qu'il avait pu avoir avec le mari de la brune. Et lorsqu'elle avait posé la question, elle avait vu le sourire d'Ezra. Un sourire qui l'avait fait sourire aussi. Puis un rire. C'était à ce moment-là que son sourire s'était agrandi. Ce rire. Cela lui avait manqué. Durant quelques secondes, elle sentait bien lorsqu'elle l'avait entendu. « Aucune idée franchement. Les deux, je pense ? Mais je saurai pas te dire quand quelle situation j’ai été le pus idiot. Enfin si, l’hôpital j’ai été très idiot, et pour le message… On doit vraiment en parler ? C’était déjà assez gênant de m’en rendre comptes le lendemain matin, crois moi ! » Ezra s'était tourné vers elle. La brune avait plongé son regard dans le sien, se perdant dans ses yeux, dans son sourire. Est-ce qu'il fallait en parler ? Peut-être pas. Mais elle en avait besoin. « Tu le pensais ce que t'as envoyé ? Ou c'est l'alcool. » Elle avait besoin de le savoir. Elle avait besoin de savoir si Ezra tenait encore à elle de cette façon là et l'alcool n'avait été qu'un facteur pour lui donner du courage à l'avouer. Ou alors, l'alcool lui avait fait faire n'importe quoi. Ces mots envoyés ne signifiaient absolument rien. Ginny ne savait pas quelle option elle préférerait. Bien sûr que cela lui ferait plaisir de savoir qu'il avait encore des sentiments pour elle, qu'il ne l'avait pas oublié. Mais elle ne pouvait plus se le permettre. Normalement. Et si le message avait été envoyé, alors que ce n'était que l'alcool qui guidait la conduite d'Ezra, peut-être bien que cela aurait un peu déçu la jeune femme. Parce que même si à présent, et malheureusement, la jeune femme était mariée, une part d'elle n'avait jamais pu totalement oublier Ezra. Sans doute grâce à Noah qui tenait beaucoup de son père. Et ses sentiments, ses souvenirs, qu'elle ne pouvait même pas essayer de faire semblant, de faire des efforts pour tomber amoureuse ou avoir quelques sentiments pour Bailey.  « Et puis en plus, ça donne juste une nouvelle bonne  raison à ton cher et tendre de venir me retrouver, à son tour… » La voix d'Ezra avait faibli à la fin de sa phrase. La jeune femme eu un frisson lorsqu'il l'entendit prononcer cher et tendre. Bailey était tout sauf ça. Certes, il était son mari, mais qu'à un point de vue administratif. Les sentiments ce n'était pas encore ça. « Crois-moi, il doit avoir autre chose à penser en ce moment. » souffla-t-elle. Peut-être qu'il avait oublié cet incident en allant se réconforter dans les bras d'une autre femme. Et elle ne pouvait pas lui en vouloir. Il allait voir ailleurs pour qu'une femme lui donne ce qu'elle ne peut pas lui donner. « Et peut-être que la prochaine fois je pourrais assister au fait qu'Ezra Beauregard se batte ? » Et un léger sourire s'était dessiner sur le visage de la jeune femme. Ezra, ce n'était pas le genre à faire ça. Alors forcément, lorsqu'elle avait entendu cette histoire, cela l'avait surprise. Et ça, même s'il lui avait dit qu'il ferait ce genre de chose s'il venait à croiser son mari. Mais elle s'était dit qu'une fois la colère passer, il n'allait pas le faire. Et pourtant, cela avait été vraiment le cas. « Tu n’es pas avec Noah ? » Et son sourire s'était évanoui rapidement. Noah. Il était encore à l'hôpital. « Il est à l'hôpital. Les médecins lui font encore des examens. » Sa voix se brisa. Elle faisait un effort pour ne pas craquer. Pas comme elle avait pu faire devant l'infirmière. Et son regard était fuyant, se posant sur l'appareil que tenait Ezra dans les mains. « Tu fais toujours de la photo ? » dit-elle avec un léger sourire. Un moyen de changer de conversation. C'est bien l'une des rare fois où Ginny n'avait pas envie de parler de son fils.

Ginny avait fini par plonger son regard dans celui d’Ezra, et le coeur du jeune homme eut encore un loupé. Bordel, ça l’énervait tellement de ne pas contrôler ça lorsqu’elle était là. « Tu le pensais ce que t'as envoyé ? Ou c'est l'alcool. » Ezra ne put s’empêcher d’avoir un petit soupire à la question de Ginny. Il ne savait pas ce qu’il pouvait dire et ce qu’il devait garder pour lui. Après tout, avouer à une femme mariée qu’on l’aime, c’était pas très correct. Qu’importe ce qui avait pu se passer avant, si vous aviez eu une histoire ou non. Alors là, lui confirmer… « J’aurai aimé pouvoir te dire que c’était l’alcool, mais ça aurait été mentir… » C’est à ce moment là qu’il décida de détourner son regard. Dire la vérité à Ginny, passons. Mais il n’était pas prêt à assumer et à rester là après de tels aveux à la regarder dans les yeux. Il était plus que gêné et ça devait se ressentir à des kilomètres à la ronde. Il avait envie de s mettre des baffes pour avoir envoyé ce message, la situation avait déjà trop de compliqué pour être résolue, il avait fallu qu’il en rajoute une couche. Un silence s’installa pendant un instant entre les deux jeunes gens. Ils devaient être perdu chacun dans leurs pensées respectives. C’est Ezra qui reprit la parole, mentionnant Bailey. Il ne connaissait pas la relation qu’avait Ginny avec cet homme, mais étant sa femme, il n’avait pu empêcher de le nommé comme cher et tendre pour elle. Une façon d’en savoir un peu plus, inconsciemment, mais aussi une façon de pointer quelqu’un dans la vie qui déplaisait à Ezra. « Crois-moi, il doit avoir autre chose à penser en ce moment. » La réponse de Ginny eut lieu dans un soupire, comme si elle était peinée de dire ça. Autre chose à penser ? Ezra fronça les sourcils. Comment pouvait-il avoir autre chose à penser que sa femme ? N’était-ce pas ça, le but du mariage en soi, le ait de n’avoir d’yeux que pour cette personne ? D’accord, Ginny lui avait parlé de l’histoire de ce mariage arrangé, mais c’était de son côté. Avait-il aussi été arrangé du côté du jeune homme ? Il n put s’empêcher de faire son curieux. C’était mal, mais bon, tant pis. « Autre chose à penser ? » « Et peut-être que la prochaine fois je pourrais assister au fait qu'Ezra Beauregard se batte ? » Bon, là, il ne put empêcher un sourire de venir s’incruster sur son visage alors qu’il levait les yeux au ciel. Ginny venait d’avoir la réaction qu’aurait eu n’importe lequel de ses frères en apprenant l’altercation qu’il avait eu avec Bailey. Ezra avait tellement toujours été le seul des Beauregard à ne jamais porter de coups, voire même à réprimander les gens qui avaient eu l’audace d’en donner, que le simple fait d’apprendre qu’il avait pu passer par là aussi choquait tout le monde. « Se battre, se battre… C’est un bien grand mot ! Ca a surtout été… Plus fort que moi. Ouais. » Il vint se passer une main dans les cheveux, ne sachant trop comment expliquer ce qu’il s’était passé. « Ca a été plutôt quelque-chose d’instinctif. J’ai pas trop réfléchi. Enfin si, je savais que j’aurai envie de lui mettre une en le voyant, mais sur le moment je m’étais contrôlé… J’suis peut-être un bad-boy dans le fond, qui sait. » Il haussa les épaules. Il n’était pas convaincu par ses propres paroles, il savait que s’il en était venu aux mains avec Bailey, c’était uniquement parce-qu’il y avait Ginny dans l’équation. Ca aurait été n’importe quelle autre personne, il y aurait eu une fin différente à cette histoire. « Ca peut te donner une idée pour le sms envoyé, à savoir est-ce que ton mari en aurait pris une si le sms avait été rédigé par l’alcool, par exemple… » Vas-y, enfonce toi tout seul Ezra. Ce n’était pas obligatoire d’être rajouté ça. Il soupira, et préféra partir sur un sujet qui enchantait plus Ginny depuis qu’il s’était revu la première fois, leur fils. Il lui demanda implicitement pourquoi elle n’était pas avec lui, et la réaction qu’eut Ginny déboussola Ezra. Elle perdit directement son sourire et répondit d’une voix brisée. « Il est à l'hôpital. Les médecins lui font encore des examens. » Le jeune homme fronça les sourcils. D’accord, il commençait à comprendre à quel point la jeune femme s’inquiétait pour son fils - depuis qu’il avait appris la maladie de Noah, Ezra y pensait aussi, en permanence. Mais de là à avoir une mine de six pieds de long pour des examens… A moins que ces derniers ne soient de la plus haute importance et apportent des nouvelles qui feraient changer le cours des choses, changer encore plus son état. Ezra n’espérait pas, et il n’eut pas le temps de poser plus de questions car Ginny renchaina sur autre chose. « Tu fais toujours de la photo ? » Il tenterait d’avoir des réponses par rapport à Noah plus tard alors, donc. Il leva son appareil en direction de la jeune femme, le secouant légèrement avec un petit sourire. « Toujours. C’est une des choses que j’ai toujours gardé, depuis tout petit. J’aurai pas abandonné. Et puis, ça fait du bien de voir le monde différemment, à travers l’objectif. » Même si son modèle préféré avait déguerpi en même temps que la femme de sa vie et son gosse, il s’était refusé d’arrêter la photo. C’était peut-être d’ailleurs la seule activité qui avait impliqué Ginny à l’époque qu’il n’avait pas abandonné. Parce-que c’était une partie entière de lui et qu’il avait toujours tenu un appareil entre ses mains. Il n’était pas un professionnel, mais c’était sa passion, une partie de lui, un pied dans son intimité et son monde qu’il s’était construit au fur et à mesure que le temps passait.

Le message qu'elle avait reçu de sa part. Elle avait ce besoin de savoir s'il pensait ce qu'il avait pu lui envoyer ou alors si ce n'était que le résultat de l'alcool qu'il avait sûrement trop bu durant cette soirée. « J’aurai aimé pouvoir te dire que c’était l’alcool, mais ça aurait été mentir… » A la suite de sa réponse, Ginny n'avait pas pu s'empêcher de sourire un peu plus, alors qu'il avait détourné le regard, comme s'il avait eu honte, s'il était gêné. Cela pouvait se comprendre au vu de la situation. Cinq ans ont passé depuis la jeune femme était partie, le lassant alors qu'ils avaient cette possibilité de construire un véritable avenir, de construire une vie de famille. Elle lui avait enlevé ça. Et pourtant, il ressentait toujours quelque chose pour elle. Oui, la brune était heureuse d'entendre cette réponse. Elle ne devrait pas. Elle était une femme mariée. Elle devait aimer son mari. Devait, mais c'est bien tout autre chose qui se passait. Les sentiments qu'elle pouvait ressentir ce n'était pas envers Bailey, mais bien pour Ezra. C'est donc tout naturellement que ses lèvres s'étaient un peu plus étirées. La jeune femme n'avait rien dit, s'étant simplement contenter de sourire, c'était sa réponse. Et après quelques secondes de silence, Ezra mentionna Bailey sans prononcer son nom, ce qui eu l'effet de donner un frisson à la brune. Sur ce point-là, il ne devait pas trop s'inquiéter. Enfin du moins, elle l'espérait. Pour la jeune femme, il devait certainement penser à autre chose. Au bout de cinq ans, il avait sans doute espérer qu'il arrête de faire des efforts pour sa femme. Elle l'espérait. Cela serait sans doute plus facile.« Autre chose à penser ? » Elle leva la tête, poussant un léger soupire, mais en même temps n'avait pas avoir un faible sourire à sa question. Serait-il curieux. Sans doute, sinon il ne l'aurait pas posé. « D'autres femmes à aller voir, entre autre. » Sa voix n'était pas brisé. Elle ne semblait même pas être affectée par ce qu'elle venait de dire. Bailey avait des maîtresses. Ce n'était pas un secret. Et elle avait fait avec depuis ses cinq années de vie commune. Mais rapidement, Ginny avait changé de sujet. Ezra en train de se battre. Ou du moins de faire preuve de violence envers quelqu'un d'autre. C'était quelque chose d'extraordinaire. Qu'est-ce qu'elle aurait voir ça au moins une fois dans sa vie. Et la brune vit le sourire se dessiner sur le visage du jeune homme. Ce sourire qu'est-ce qu'elle aimait le voir. « Se battre, se battre… C’est un bien grand mot ! Ca a surtout été… Plus fort que moi. Ouais. » Et les lèvres de la jeune femme s'étaient un peu plus étirées, surtout lorsqu'elle vit Ezra passer sa main dans ses cheveux. Durant quelques secondes, elle se perdit dans ses pensées. Elle avait l'impression de retourner cinq ans en arrière, lorsqu'elle aimait le regardé, se perdant dans ses pensées, mais la voix d'Ezra la ramena bien rapidement à la réalité. « Ca a été plutôt quelque-chose d’instinctif. J’ai pas trop réfléchi. Enfin si, je savais que j’aurai envie de lui mettre une en le voyant, mais sur le moment je m’étais contrôlé… J’suis peut-être un bad-boy dans le fond, qui sait. » Et le sourire de la jeune femme s'était encore un peu plus agrandi. A croire qu'elle commençait à se sentir comme lorsqu'elle était adolescente, lorsqu'elle venait de rencontrer Ezra. Et ça lui faisait un peu du bien de faire ce genre de pause avec tout ce qui se passait dans sa vie. Elle se sentait enfin un peu heureuse. « Ca peut te donner une idée pour le sms envoyé, à savoir est-ce que ton mari en aurait pris une si le sms avait été rédigé par l’alcool, par exemple… » Ginny avait toujours ce petit sourire sur son visage, mais elle baissa rapidement le regard. Et puis Noah vint dans la conversation. Bien sûr qu'il devait demander où il était pourquoi. Pourquoi il n'était pas avec elle. Il se souciait de lui. Et c'est à partir de ce moment-là que le sourire de la brune s'effaça rapidement de son visage. Noah était pas là. Encore à l'hôpital. Encore pour des examens. Sans doute qu'il devait se demander pourquoi elle faisait cette tête pour de simples examens. Au bout de cinq ans, elle en avait marre de voir ça, de voir son fils supporter tout ça à un si jeune âge. Alors, elle changea rapidement de sujet. Son appareil photo. « Toujours. C’est une des choses que j’ai toujours gardé, depuis tout petit. J’aurai pas abandonné. Et puis, ça fait du bien de voir le monde différemment, à travers l’objectif. » Après avoir regardé quelque secondes l'appareil avant de reporter son regard sur lui, toujours avec un léger sourire qui illuminait son visage. « J'ai toujours aimé tes photos. » Une remarque un peu simple et sans doute idiote, mais c'était la vérité. Elle aimait ses photos. Elle aimait aussi le voir prendre des photos. « Et qu'est-ce que tu prenais en photo ? » demanda-t-elle par curiosité, pour faire la conversation sans doute. Mais elle avait vraiment envie de savoir ce qu'il pouvait photographier. « Peut-être que tu pourrais même me montrer ce que t'as fait durant ces cinq années. » Une proposition qui cette fois n'était pas si innocente. Une manière de lui demander indirectement quand est-ce qu'il pourrait se revoir. Elle se souvenait qu'il lui avait dit qu'il ne voulait pas lui parler tant qu'elle n'aurait pas dit la vérité à Noah. Mais pourtant, elle avait ce besoin de le voir, de sentir sa présence, depuis qu'elle était revenue à Brisbane, depuis qu'elle avait recroisé pour la première fois Ezra.

« D'autres femmes à aller voir, entre autre. » Ezra ne nierait pas avoir été légèrement surpris par cette réponse. Il s’attendait à quelque-chose qui puisse mettre en jeu la relation de couple des deux jeunes gens, mais il ne s’attendait pas à ce que Ginny parle aussi facilement et comme si c’était normal de l’infidélité de son mari. Alors, pendant quelques instants, Ezra resta sans rien dire, sourcil rehaussé, plein d’incompréhension. Avant que son cerveau n’enregistre l’information - un peu trop facilement, d’ailleurs. C’était mal de penser que c’était bien pour lui, si le couple de Ginny était un mariage arrangé pour les deux partis. C’était mal de laisser son coeur et son cerveau s’emballer à cette nouvelle. Mais cela voulait dire que ses sentiments à lui, ces mêmes sentiments qu’il avait enfoui pendant cinq longues années, ne soient pas voués à rien. Même s’il avait détesté Ginny de l’avoir laissé tomber comme une vielle chaussette, même si une partie de lui la détestait toujours de ne pas avoir dit la vérité à leur fils, un grosse partie restant était heureuse d’apprendre cette nouvelle. Sûrement vainement, mais assez pour nourrir son espoir qu’au fond, elle était toujours la Ginny de l’époque qu’il avait connu, la Ginny dont il était tombé amoureux et qui était amoureuse de lui. Alors, il ne fit pas de commentaire, retenant simplement un sourire. Ne pas s’emballer et ne pas faire d’erreur, c’était devenu le mot d’ordre du moment. Ils dévièrent ensuite sur différent sujet, et Ginny ne voulut pas s’attarder sur Noah. Même si Ezra ne se sentait pas encore apte à en parler si ouvertement qu’il le voudrait, il laissa couler pour cette fois. Ginny semblait déjà assez mal, ayant une mine des plus tirée, il se dit qu’il reporterait cette conversation à un autre moment, bien qu’il lui ait dit le contraire la dernière fois qu’ils s’étaient vu. Mais en ce moment même, ils semblaient être tous les deux entrés dans une bulle en dehors du temps, dans laquelle ils avaient d’un coup cinq ans de moins. Alors, quand Ginny parla de la photographie à Ezra, il ne put s’empêcher de lui répondre. D’une, parce-qu’il avait toujours aimé parler photo, c’était sa petite passion à lui. De deux, parce-qu’il était bien, même s’il l’avouait pas, avec elle. Juste là, tous les deux, à parler. « J'ai toujours aimé tes photos. » Un sourire se dessina sur le visage d’Ezra. Oui, son avis avait de l’importance, il en avait toujours eu. Fut un temps où il lui demandait conseils tout le temps, où il lui montrait la moindre de ses captures, comme si son avis était celui qui trancherait si le cliché était bon ou non. « Et qu'est-ce que tu prenais en photo ? » « J’étais venu sans idée précise. J’ai pris des photos des gens qui passaient là, de la vie qui passe en gros. C’était plus pour prendre l’air aujourd’hui, je dois avouer. C’est à travers l’objectif que je t’ai vu, et que je suis venu te déranger. » Il fit un petit moue, accompagné d’un petit haussement d’épaules. Oui, il était encore en train de lui faire des excuses. Déguisées, mais s’en étaient quand même. Là, il s’excusait de l’avoir dérangé, car lorsqu’il était arrivé, elle semblait perdue dans sa bulle et ses pensées. D’un côté, il était reconnaissant qu’elle ne l’ait pas envoyé voir ailleurs, il se serait senti mal. De toutes façons, dès que ça revenait à elle, il se sentait mal si quelque-chose déviait du chemin qui semblait juste. Et en même temps, elle aurait eu toutes les raisons de le faire, leur dernière rencontre avait été chaotique et le simple fait qu’il soit de retour autour d’elle, dans une partie de sa vie, devait lui faire de grands changements. Ce n’était pas rien d’avoir le père de votre fils non loin, ça pouvait faire remontrer des souvenirs - bons ou mauvais - enfouis à jamais, ça pouvait vous faire remettre en question. Et Ezra espérait quand même que Ginny se posait certaines questions de cet ordre là, à savoir quel rôle était-il censé tenir lui maintenant, père de Noah. Biologique, au moins. « Peut-être que tu pourrais même me montrer ce que t'as fait durant ces cinq années. » Ezra sortit de ses pensées et releva le regard vers Ginny, ne sachant pas si elle était sérieuse ou non en entendant sa réponse. Mais apparemment, si, elle l’était. Elle venait donc, d’une pierre deux coups - sachant pertinemment qu’il n’avait pas cinq ans de photos avec lui - de lui montrer d’un côté ce qu’avait été sa vie pendant ces cinq dernières années, qu’est-ce qu’elle avait manqué, et de l’autre côté de se revoir. Aussi simplement que cela. Ezra, après avoir digéré cette question comme il le pouvait, cligna rapidement des cils pour reprendre ses esprits avant de venir allumer l’appareil photo. Il n’avait peut-être pas cinq ans de photos sur lui, mais il avait au moins quelques mois d’avance. Il remonta alors la carte mémoire jusqu’à tomber sur une photo du nouvel an. Une grosse partie d la famille Beauregard y était réunie, les cousins Keynes et Rhodes présents également. « Voici à quoi ressemble la famille maintenant. Comme tu peux le voir, on est toujours aussi nombreux, même plus maintenant ! » Il eut un sourire tendre. A chaque fois qu’il parlait de sa famille, il avait ce sentiment de bien-être qui courrait son corps. Ca lui rappelait toujours à quel point il était chanceux d’avoir une famille comme la sienne. « Tu reconnais facilement Thomas et James, ils ont vieilli mais ils on toujours les mêmes têtes. Ici, tu as Ida, la femme de Thomas, et Alexander leur fils. Ida était encore enceinte sur cette photo, elle a accouché y’a pas très longtemps, c’est une petite Clara. Là, tu as Liv, la fem… Ex-femme de Matthew, lui manque à l'appel. Et ici, tu as Jamie et Gabriella, nos cousins d’Angleterre - une longue histoire ça aussi. » Cette photo était tellement représentative et tellement pleine de vie. Elle représentait tellement en une seule fois la famille Beauregard. Elle était tellement chargée d’histoire aussi. Parler de sa famille d’un coup comme ça n’avait pas fait penser à Ezra qu’il manquait énormément d’éléments à Ginny pour tout comprendre, notamment le décès de Ian, le frère jumeau de James, et d’où il avait des cousins d’Angleterre.

Ginny avait un peu trop facilement avoué l’infidélité de son mari. Peut-être pour lui montrer que dans son mariage, il n'y avait rien de vrai. Et surtout pas les sentiments. Un mariage qui devait arrangé tout le monde. En tout cas, cela avait arrangé Bailey, qui grâce à cette union, avait un statut social plus élevé. Et puis, les parents la brune ne pouvait que se féliciter d'avoir organisé ce mariage. La réputation de la famille était impeccable. Leur petit dernière s'était finalement trouvé un bon parti et en plus de ça avait fondé une famille. Oui, tout le monde était heureux. Sauf Ginny. Elle détestait cette situation. Elle détestait cette comédie. Mais elle devait la jouer, ayant peur des conséquences. Elle aurait sans doute aussi la jouer devant Ezra, lui montrer qu'elle était passé à autre chose, qu'elle avait le plus merveilleux des maris, mais elle ne pouvait pas. Cela lui reviendrait à mentir et à le blesser sans doute encore plus qu'il ne l'était déjà. Et puis, la brune ne lui avait jamais menti, ce n'était pas maintenant qu'elle le ferait. Oui son mari la trompait et il ne le cachait pas. C'était comme ça depuis cinq ans, elle s'était faite à ce mode de vie. Et un autre sujet était rapidement venu. Noah. Forcément que ce sujet-là allait venir. Elle s'attendait à ce qu'il lui demande si le petit garçon savait la vérité, mais ce n'était pas le cas. Ezra lui avait demandé où se trouvait leur fils. Et rapidement, Ginny changea d'expression. Il n'était pas là, encore à l'hôpital. Et cela commençait à lui peser. Elle n'en pouvait plus de le voir dans cet hôpital. S'il pouvait sortir une journée ou même quelques heures, ça la soulagerait de le voir dans un autre environnement. Ginny changea rapidement de sujet de conversation, voulant parler de quelque chose qui serait un peu plus joyeux. La photo. C'était un bon moyen pour changer, plus ou moins, subtilement de sujet. La brune regardait avec un petit sourire l'appareil que tenait Ezra entre les mains. La jeune femme avait toujours apprécié voir les photos. Elle lui avait toujours donné un avis sur les clichés qu'il faisait, que ce soit bon au mauvais. Elle lui disait toujours ce qu'elle pensait. Ce n'était pas parce qu'elle était sa petite-amie, qu'elle devait être sympa et toujours dit ce qu'il voulait entendre. Puis, Ginny continuait à être curieuse. Qu'es-ce qu'il était en train de prendre en photo. « J’étais venu sans idée précise. J’ai pris des photos des gens qui passaient là, de la vie qui passe en gros. C’était plus pour prendre l’air aujourd’hui, je dois avouer. C’est à travers l’objectif que je t’ai vu, et que je suis venu te déranger. » Le léger sourire de la brune s'était un peu plus agrandi, alors qu'il avait eu une petite moue et un haussement d'épaule comme s'il voulait s'excuser, alors qu'il n'y avait aucun problème. Au contraire, elle aimait le fait qu'il soit venu vers, alors qu'il lui avait dit quelques jours plus tôt qu''il ne lui parlerait pas tant que Noah ne serait pas au courant sur ses véritables origines. Alors oui, elle était heureuse qu'il soit venu la déranger. Et Ginny continuait d'être curieuse. Une simple phrase, une simple demanda qui voulait tout dire. Elle voulait voir les clichés qu'il avait pu faire durant ses cinq dernières années. Une façon de voir qu'avait été sa vie durant tout ce temps-là. Une façon aussi lui demander de se revoir, parce qu'il n'avait pas ces cinq années de photos sur lui. Et cette demande avait surpris Ezra. En tout cas, après quelques secondes, le temps que la question de la jeune femme passe, il avait allumé son appareil photo, cherchant un cliché à lui montrer. Elle s'était rapproché doucement de lui, provoquant chez la brune un agréable frisson, posant son regard durant quelques secondes sur Ezra avant de regarder ce qu'il voulait lui montrer. « Voici à quoi ressemble la famille maintenant. Comme tu peux le voir, on est toujours aussi nombreux, même plus maintenant ! » Elle fronça légèrement les sourcils. La famille Beauregard semblait s'être bien agrandi. Elle pouvait reconnaître quelques uns des visages et d'autres lui était encore inconnu. En cinq ans, il s'était passé des choses. « Tu reconnais facilement Thomas et James, ils ont vieilli mais ils on toujours les mêmes têtes. Ici, tu as Ida, la femme de Thomas, et Alexander leur fils. Ida était encore enceinte sur cette photo, elle a accouché y’a pas très longtemps, c’est une petite Clara. Là, tu as Liv, la fem… Ex-femme de Matthew, lui manque à l'appel. Et ici, tu as Jamie et Gabriella, nos cousins d’Angleterre - une longue histoire ça aussi. » Elle s'attarda quelques secondes sur le visage présent sur la photo. Et elle reconnaissait un visage. Pas un des Beauregard. Une rousse. Elle l'avait croisé à l'hôpital. Elle s'occupait de Noah. Du moins, elle pensait que c'était elle. Peut-être que Ginny se trompait juste. Elle s'était tournée vers Ezra avec un large sourire. « C'est une très belle photo, vous avez l'air tous heureux. » Et durant un court instant, elle s'était imaginée ce que ça aurait pu donner si elle n'était pas partie. Si elle était restée. Peut-être que Ginny serait sur cette photo en compagnie de Noah. La mère de famille reposa sur son regard sur le cliché. « Ian n'était pas là ? » Une question innocente de la part de la jeune femme, ne sachant pas ce qui avait pu se passer dans durant son absence. Et pourtant, lorsqu'elle croisa le regard d'Ezra, elle se disait qu'elle n'aurait peut-être pas dû poser cette question.

Ginny s’était rapprochée d’Ezra pour pouvoir mieux voir les photos qu’il était sur le point de lui montrer. Même si le comportement du jeune homme laissait comprendre qu’il n’y avait guère prêté attention, c’était tout le contraire. Pendant quelques instants, tout son corps avait reçu un signal d’alerte, comme s’il devait faire attention au moins geste qu’il allait faire maintenant. Bien que l’ambiance entre les deux jeunes gens était amical en ce moment même, il ne fallait pas qu’il oublie qui ils étaient. Certes, parents du même enfant, mais surtout Ginny une femme mariée et plus un coeur à prendre. Ou du moins, officiellement. Car Ezra se connaissait, et s’il ne gardait pas les idées claires, il allait surement laisser son coeur prendre le dessus sur la raison. Or, il était hors de question que ça arrive. Il se contenta donc de dénicher la photo qu’il avait en tête avant que Ginny ne se rapproche de lui. Une photo de famille prise au nouvel an. Ezra se souvenait de cette soirée comme d’une bonne soirée, bien qu’elle est plutôt drôlement commencé, Thomas ayant voulu lui parler. Comme quoi Ezra l’évitait - ce qui n’était pas faux, depuis qu’ils avaient eu leur accident, il avait évité son frère comme la peste, se sentant responsable de ce qu’il leur était arrivé. Mais après une explication entre les deux frères, la bonne ambiance était de nouveau présente et Ezra ne se souvenait plus d’une bonne partie de la soirée - merci l’alcool. « C'est une très belle photo, vous avez l'air tous heureux. » Un sourire se dessina sur la visage d’Ezra. Parler de sa famille lui faisait toujours un effet de la sorte, ça le rendait heureux et un peu gaga à la fois. « On était heureux oui. Ca faisait un bout de temps en plus qu’on avait pas passé un moment en famille, à être autant réunis aussi, ça devient de plus en plus rare avec les emplois du temps de chacun. » Ezra avait relevé le regard vers la jeune femme, sourire aux lèvres. Car malgré le fait qu’ils n’arrivaient pas à se voir aussi souvent qu’ils le voudraient, à chaque fois qu’ils se voyaient, les Beauregard étaient heureux. Et pourtant, ils avaient tous ce besoin de se voir, c’était fou. Ils étaient la parfaite image de la famille soudée - à défaut d’être celle de la famille parfaite. « Ian n'était pas là ? » Le visage d’Ezra changea d’expression en une fraction de seconde, sans qu’il ne contrôle quoi que ce soit. En fait, Ginny n’avait même pas eu le temps de finir sa phrase que l’expression du jeune homme avait changé, aussitôt qu’il entendit le prénom de Ian. Bordel… Ca faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas entendu quelqu’un le prononcer aussi naturellement, le prononcer tout court à vrai dire, qu’il ne s’y attendait absolument pas. C’était comme s’il avait reçu un électrochoc et qu’il n’arrivait pas à s’en remettre. Son sourire avait disparu, ses yeux étaient devenus vides et il avait un air absent. Difficile à croire que quelques fractions de secondes plut tôt il parlait famille avec le sourire. Et pourtant, le sujet de conversation n’avait pas changé, ils parlaient toujours famille. Lentement alors, Ezra baissa le regard, regardant de nouveau cette photo qui le faisait sourire et qui maintenant était juste devenue une photo en plus où Ian n’apparaissait pas. Il ne l’avait pas oublié, non, il était loin de pouvoir oublier son frère, c’était juste qu’il s’habituait à son absence parce-que de toutes façons, il n’avait pas le choix. « J’avais oublié à quel point des choses peuvent se passer en cinq ans d’absence… » Il avait parlé d’une voix terne et lointaine, comme s’il était perdu dans ses songes en disant ça, ce qui reflétait très bien son état d’esprit lorsqu’il devait aborder ce sujet. C’était plus simple lorsqu’il était avec des personnes qui savaient, il n’avait pas besoin de raconter cette histoire. Malheureusement, tout le monde ne pouvait être au courant. Sortant son paquet de clopes de sa poche, il en alluma une avant de poser sa tête contre l’arbre et de fermer les yeux. Il avait encore besoin de quelques instants de répit avant de pouvoir poursuivre et d’expliquer à Ginny pourquoi Ian n’était pas présent sur cette photo. Elle l’avis connu, il était légitime qu’il lui dise pourquoi. « Il… Il nous a quitté il y a maintenant trois ans. Et après on s’étonne encore pourquoi je déteste autant que ça l’armée. » Des frissons légèrement malsains lui parcouraient le corps, comme pour lui rappeler qu’il n’aimait réellement toujours pas l’armée. Toute cette violence qu’il trouvait inutile, Ian était le bon exemple de à quoi tout ça menait. Il tira plusieurs bouffées sur sa cigarette avant de prendre la parole de nouveau - il avait l’impression que le temps autour de lui c’était arrêté. « Je t’épargne les détails parce-que c’était pas beau à voir. James… Une partie de lui s’est éteinte ce jour là je crois, la partie de… Ian… En lui s’est éteinte ce jour là. » Il avait eu du mal à prononcer le prénom de son frère, à chaque fois qu’il le faisait il avait l’impression que son coeur prenait un coup de couteau en plus. Mais le pire dans tout ça, c’était que même si ça faisait déjà trois ans qu’il était mort, Ezra était toujours plus ou moins dans le déni. Lorsqu’il parlait qu’une partie de James était morte avec Ian, il oubliait souvent que chez lui aussi, une partie avait cessée de vivre en même temps que son frère.

C'était comme un réflexe. La brune s'était approché de lui pour voir les clichés. Elle s'était approchée pour mieux voir ce qu'il allait lui montrer. Un geste innocent qui ne voulait pas spécialement dire quelque chose. C'est ce que Ginny se répétait en tout cas. Pourtant, son inconscient semblait vouloir lui dire quelque chose de bien différents. Ses pensées et la réaction de son corps lui disaient exactement le contraire. Lorsqu'elle s'est rapprochée de lui, immédiatement la brune a senti un agréable frisson. Elle sentit son cœur battre un peu plus rapidement. Sa respiration aussi était un pu plus rapide. Elle avait cette même réaction, ce même comportement, que lorsqu'elle venait de rencontrer le garagiste. Ce moment où elle se sentait bien. Malheureusement, elle oublia rapidement qu'elle était mariée à un autre homme et qu'elle n'était plus cette adolescente éprise d'Ezra. Normalement, elle ne devrait plus l'être. La réalité était bien tout autre. Alors, elle essayait de faire comme si rien n'était, préférant se concentrer sur la photo qu'il lui montrait. Une photo de famille où la plupart des membres de la famille Beauregard qu'elle connaissait étaient présents. Ils avaient l'air heureux. C'était la remarque que la brune avait fait. Elle se tourna rapidement vers Ezra qui avait un grand sourire. Ce sourire qui la faisait encore fondre. Ce sourire où elle se perdait durant quelques secondes. Ces lèvres où elle avait cette forte envie d'y goûter après cinq années de privation. Mais non, elle ne pouvait pas faire ça. Elle ne devait même pasy penser. Heureusement que la voix d'Ezra l'a ramenait doucement à la réalité. « On était heureux oui. Ca faisait un bout de temps en plus qu’on avait pas passé un moment en famille, à être autant réunis aussi, ça devient de plus en plus rare avec les emplois du temps de chacun. » Et le yeux hazel de la jeune femme rencontra le regard d'Ezra. Son sourire s'était un peu plus agrandi et elle avait l'impression que son cœur avait loupé un battement. Un regard de quelques secondes où elle se perdait à nouveau dans ses pensées. Non, elle ne devait pas recommencer. Alors trop rapidement, elle reposa son regard sur l'appareil photo, sur le cliché. Et c'est là qu'elle avait posé la question. Elle ne voyait pas Ian. Ezra n'en avait pas parlé. Donc forcément, la jeune femme se posait des questions. Ginny avait bien remarqué le changement d'expression sur le visage d'Ezra. C'est à ce moment-là que la mère de famille compris qu'il n'y avait quelque chose qui n'allait pas. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû poser cette question. Elle avait bien vu le sourire du garagiste disparaître bien rapidement. Elle avait bien vu son air absent. Elle avait bien vu son regard se poser à nouveau sur cette photo qui avait l'air de le rendre heureux quelques minutes plus tôt. « J’avais oublié à quel point des choses peuvent se passer en cinq ans d’absence… » Le ton de sa voix avait changé. Il s'était bien produit quelque chose. Et quelque chose chose de mauvais. Mais elle ne comprenait pas. Ginny fronçait légèrement les sourcils se demandant ce qui avait pu se passer. Et Ezra avait sorti son paquet de cigarette, en allumant même une. Ce n'était pas bon. Elle avait toujours son regard posé sur lui.« Il… Il nous a quitté il y a maintenant trois ans. Et après on s’étonne encore pourquoi je déteste autant que ça l’armée. » L'expression de la jeune femme avait radicalement changé. Un part d'elle s'attendait à ce genre de nouvelle, mais elle n'avait pas envie d'y croire. Elle comprenait pourquoi Ezra avait changé de comportement. « Je t’épargne les détails parce-que c’était pas beau à voir. James… Une partie de lui s’est éteinte ce jour là je crois, la partie de… Ian… En lui s’est éteinte ce jour là. » La jeune femme baissa le regard. Encore une fois, Ginny avait – sans le faire exprès – fait changé l'atmosphère de leur nouvelle rencontre. « Désolée. » C'était la seule chose qu'elle arrivait à dire. Elle était désolée oui. Elle s'en voulait d'avoir posé cette question. Question qui aurait sans doute dû été posé à un moment donné. « Je suis désolée, ça dû être une épreuve difficile. » Elle baissa rapidement son regard, encore un peu honteuse. Et lentement la main de la brune se retrouvait sur celle d'Ezra, la serrant doucement. Un contact qui fit frissonner légèrement la jeune femme.Un contact qu'elle aimait un peu trop.

L’ambiance entre les deux jeunes gens venait de changer, pour sûr. Ca pouvait se sentir dans l’air. Ce n’était pas réellement la faute de Ginny, elle avait posé une question qui semblait légitime en voyant la photo. Cependant, cette question faisait partie des questions qu’Ezra avait encore du mal à entendre. Parler de Ian était toujours quelque-chose de compliqué pour le jeune homme, malgré le temps qui avait pu passer depuis qu’il avait passé l’arme à gauche. Il se souvenait encore parfaitement, détail après détail, du jour où on lui avait annoncé la mort de son frère. C’était son père qui l’avait appelé. Une journée tout à fait normale avait commencé ce jour là, il s’était levé pour aller bosser comme si de rien n’était. Il avait passé une bonne partie de la matinée à taquiner Amelia, à rire avec Bryan et de temps à autres à réellement réparer des voitures. Et lorsqu’Amélie l’avait appelé pour lui tendre le téléphone, son visage fermé, retenant de son côté ses larmes et qu’il avait entendu la voix de son père à l’autre bout du fil… « Désolée. » La voix que Ginny le sortit immédiatement de ses pensées, ce qui n’était pas plus mal. Il finissait souvent déprimé en repensant à ce jour, et ce n’était pas le moment. Il rouvrit les yeux, baissant son regard sur la jeune femme. Elle avait le regard baissé, elle devait s’en vouloir d’avoir posé la question. Enfin, Ezra se disait qu’elle devait s’en vouloir pour baisser le regard de la sorte. Elle ne l’avait pas énormément connu de son côté, mais il s’imaginait qu’en côtoyant Ezra, elle avait elle aussi pris l’habitude de voir ses frères et soeurs à lui. Il ne savait pas si elle s’attendait réellement à entendre une réponse de la sorte en posant cette question. Sûrement pas. De toutes façons, personne n’est jamais réellement prêt à entendre ce genre de nouvelle. « Je suis désolée, ça dû être une épreuve difficile. » Ezra soupira lentement. « Ca l’a été, effectivement… Le contraire n’aurait pas été réellement possible je crois. » Ginny finit par venir, lentement, serrer la main d’Ezra dans la sienne. Un contact auquel Ezra n’était pas préparé non plus. Mais cette fois, il l’accueillit volontiers. Il ressentit de nouveau ce petit frisson qu’il avait l’habitude de ressentir les premières fois où il avait touché la peau de Ginny. C’était bon, c’était un contact rassurant, connu malgré tout. Il vint à son tour serrer doucement la main de la jeune femme. Que faire de plus ? Avoir parlé de son frère, avoir pensé à lui avait abaissé un bon nombre de ses barrières naturelles, il était encore plus faible qu’avant face à Ginny. Il n’avait donc plus la force de renoncer à ce contact. C’était mal, il ne devrait pas se l’autoriser. Mais renoncer serait encore plus dur. C’était mal, car il appréciait ce contact plus que ce qu’il aurait du. S’il voulait être correct, il aurait fallu qu’il considère en ce moment Ginny comme simplement une amie - chose qu’il était incapable de faire avec son coeur qui faisait le fou dans sa poitrine. Il abusa même du moment en lâchant son appareil photo sur ses genoux et en venant prendre la main de Ginny au creux de ses deux mains, commençant à tracer machinalement quelques petits cercles avec son pouce sur le dos de celle-ci. Comme il avait eu l’habitude de faire par le passé lorsqu’elle ne se sentait pas bien et qu’il voulait la rassurer. En ce moment, il faisait ça plus pour se rassurer lui même que la jeune femme, c’était lui qui se trouvait dans un état émotionnel instable. Son regard se portait d’ailleurs sur leurs mains entrelacées. « Je n’aurai jamais pensé qu’il ne puisse plus être là, simplement, tu sais ? Je m’étais toujours dit que notre famille resterait intacte pour toujours. Et puis lorsqu’il est parti, tout cette image s’est effondrée. » Il parlait presque du bout des lèvres, comme s’il était en train de révéler un secret à la jeune femme. Il ne savait d’ailleurs pas pourquoi il avait recommencé à parler de ça, alors qu’il savait que ça allait encore plus le mettre en vrac. Mais il se sentait bien, en ce moment même. Un peu trop bien. Il releva de nouveau le visage vers la jeune femme, qui se trouvait juste à ses côtés. Et il se perdit dans la contemplation de son visage. Dieu, que ces moments lui avaient manqué. Il fut un temps où il aurait pu passer des heures à regarder le visage de la jeune femme, comme si c’était la seule chose qui existait sur terre. « J’ai beaucoup pensé à toi, ce jour là. A ce que tu pouvais être devenue, où est-ce que tu pourrais être. La situation était différente, et pourtant je n’ai cessé de repenser à ce jour où tu es parti. Dans un sens, je ne pensais pas trop à Ian, ça a peut-être rendu ma peine plus supportable, j’en sais » Car dans les deux cas, il avait été abandonné. Il ne le disait pas, car il ne voulait pas transposer la peine qu’il ressentait en ce moment même à avoir parlé de son frère sur Ginny en parlant de son abandon. En tous cas, il en restait pas moins vrai ce qu’il venait de lui dire.

« Ca l’a été, effectivement… Le contraire n’aurait pas été réellement possible je crois. » Et la main de la brune se retrouvait sur celle d'Ezra. Un contact qu'elle appréciait beaucoup trop. Un contact qu'elle devrait mettre fin, mais elle n'y arrivait pas. Un contact qui lui rappelait de nombreux et bons souvenirs. Sa main ne quitta pas celle du garagiste. Au contraire même, elle serra légèrement sa main. Cela aurait pu s'arrêter là. S'arrêter à ce simple contact. Ginny aurait été plus qu'heureuse avec ça. Et pour son plus grand bonheur, ce geste ne s'était pas arrêté là. Ezra avait lâché son appareil photo et les deux mains du jeune homme se retrouvèrent à entourer celle de la brune. Un faible sourire se dessina sur le visage de la jeune femme. Oui, les souvenirs commencèrent doucement à remonter. Puis, elle senti les petits cercles que Ezra dessina sur le dos de sa main. Geste qu'ils faisaient déjà lorsqu'ils étaient encore ensemble. Geste qu'il faisait lorsqu'il tentait de rassurer la jeune femme. Sauf qu'actuellement ce n'était pas pour elle qu'il faisait ça. La brune le sentait. Elle le laissait faire. Durant quelques instants, elle laissa son regard sur leurs mains entrelacé avant de lever son regard vers le garagiste, qui lui avait ses yeux rivés sur les mains entrelacés. « Je n’aurai jamais pensé qu’il ne puisse plus être là, simplement, tu sais ? Je m’étais toujours dit que notre famille resterait intacte pour toujours. Et puis lorsqu’il est parti, tout cette image s’est effondrée. » Elle ne rajoutait rien. Elle l'écoutait tout simplement. Elle aurait lui dire qu'elle pouvait comprendre ce qu'il avait pu ressentir. Mais la famille Beauregard n'était pas comme celle de Ginny. Loin de là. La brune serait sans moins sensible à la perte d'un de ses proches. Non pas qu'elle serait heureuse, mais que le deuil serait certainement plus facile à porter. C'est triste de penser ça. Parce qu'au fond d'elle, Ginny aurait aimé avoir une famille comme celle d'Ezra. Elle l'enviait un peu sur ce point là. Leur regard se rencontra à nouveau. Et à nouveau, durant quelques secondes, la brune se perdit dans ses yeux. Une fois de plus, c'est la voix du garagiste qui l'a sorti de ses pensées. « J’ai beaucoup pensé à toi, ce jour là. A ce que tu pouvais être devenue, où est-ce que tu pourrais être. La situation était différente, et pourtant je n’ai cessé de repenser à ce jour où tu es parti. Dans un sens, je ne pensais pas trop à Ian, ça a peut-être rendu ma peine plus supportable, j’en sais » Elle fut surprise dans un premier temps par ce qu'il était en train de lui dire. Il avait pensé à elle. La jeune femme aussi avait souvent, trop souvent, pensé à lui, durant ces cinq dernières années. Mais elle ne pensait pas qu'il avait pensé à elle, juste à ce moment-là. Elle senti ses joues se rosir légèrement. Puis, au moins où il commençait à parler du départ de la brune, son regard se baissa légèrement. Son départ. Chose qu'elle regrettait amèrement depuis ces dernières années. Et après ces quelques secondes où son regard avait fui, Ginny leva la tête, observa le visage d'Ezra, se taisant tout simplement, parce qu'elle ne savait pas quoi dire. Et son regard se posa sur ses lèvres. Sur cette partie du visage qui obsédait la brune. Ses lèvres qu'elle avait envie à nouveau de goûter depuis leur première rencontre. Et sans se rendre compte, son visage s'était rapproché du sien. Sans se rendre compte, leurs lèvres n'étaient qu'à quelque millimètres l'une de l'autre. Elle pouvait sentir le souffle chaud d'Ezra. C'était agréable. Ginny se rendait compte de ce qu'elle était en train de faire. Elle se rendait compte qu'elle allait briser ces cinq années de fidélité à ce mariage factice. Et elle s'en fichait. Bailey lui prenait plaisir, alors pourquoi pas elle. Et puis, c'était Ezra. Elle l'aimait encore malgré ces cinq années d'éloignement. Elle n'avait pas arrêter de penser à lui. Après les quelques secondes d'hésitation, Ginny s'était lancée. Les lèvres de la brune s'étaient posées délicatement sur celle d'Ezra. Son cœur en avait même loupé un battement. Cette sensation. Cette douce sensation. Elle avait l'impression de redevenir l'adolescente qui venait de tomber amoureuse. Et après ses quelques secondes de bonheur, la brune se recula doucement, un léger sourire sur les lèvres. « Je devrais dire que je suis désolée. » souffla-t-elle, alors que les lèvres de la jeune femme s'étirèrent légèrement. « Mais je ne le suis pas. » Parce que l'embrasser lui avait fait du bien. L'embrasser lui avait fait oublier durant ces quelques secondes toute ce qui se passait. L'embrasser l'avait ramener quelques années en arrière.

Ezra ne pouvait s’empêcher de la contempler de la sorte. Voir les traits de visage de la jeune femme lui avait manqué, beaucoup plus que ce qu’il avait imaginé. Il avait pourtant passé des heures et des heures à tenter de mémoriser chaque centimètre de son visage. Il avait toujours eu peur d’oublier à quoi elle ressemblait, d’oublier sa beauté. Et à la regarder de nouveau aujourd’hui, il fut heureux de voir que sa mémoire ne lui était pas défaillante. Elle était toujours aussi belle. Il s’en voulait de penser encore comme ça, d’avoir son coeur qui s’emballait en ce moment même. Il devrait se canaliser et arrêter de la dévisager de la sorte. Oui, faire ça à sa petite-amie ou à une personne qu’on tente d’approcher, pourquoi pas. Mais elle était mariée, elle avait prêté serment. Pour le meilleur, le pire et le tout ça. Son mari n’était peut-être pas très fidèle à ce serment, mais il ne serait sûrement pas très heureux s’il venait à apprendre les pensées qu’Ezra pouvait avoir à l’encontre de sa femme. Au bout d’un moment, Ginny finit par poser son regard sur Ezra. C’était électrisant, c’était bon. Cela faisait des années qu’ils ne s’étaient pas trouvés aussi proches, qu’ils n’avaient pas pu être tranquilles tous les deux comme ils l’étaient maintenant. Plonger son regard dans celui de la jeune femme et s’y laisser absorber. Ne rien dire, parce-qu’aucune parole ne serait justifiée dans cette situation. Pour le moment, Ezra profitait juste. Car il comprenait que quelque-chose était en train de changer. Il le sentait à l’intérieur de lui, toute trace d’haine ou d’animosité qu’il avait tenté de retenir en lui pour ne pas oublier les tords que Ginny lui avait causé semblaient s’être fait la malle. A la place, un sentiment de désir pour la jeune femme semblait faire son grand retour. Il voyait aussi que quelque-chose était en train de changer lorsqu’il suivit le regard de Ginny. Ce dernier était passé des yeux d’Ezra à ses lèvres, comme si elle semblait absorbée dans la contemplation de ces dernières. Ezra, en ce moment même, avait fait appel à la moindre poussière de raison qui pouvait lui rester. Il ne voulait pas céder, il ne voulait pas que ce soit lui qui fasse ce premier pas. Bien sûr, il mourrait d’envie de venir prendre possession des lèvres de la jeune femmes, bien sur qu’il avait envie de prendre son visage entre ses mains et de l’embrasser comme si sa vie en dépendait. Il avait même plus qu’envie de tout ça. Mais malgré ça, malgré son coeur qui s’emballait, son souffle qui devenait court et son cerveau qui semblait fondre comme neige au soleil, il ne voulait pas être celui qui ferait le premier pas et qui briserait le serment que Ginny avait prêté. Peut-être que ce n’était qu’un bout de papier, peut-être. Mais Ezra avait des principes, et il ne voulait pas être celui qui briserait tout ce que Ginny avait construit pendant ces cinq dernières années. Si elle faisait un pas vers lui, il ne répondrait plus de ses actes, pour sûr. Mais au moins, la décision viendrait d’elle. Elle aurait brisé son serment toute seule, Ezra n’en serait pas responsable. Le visage de la jeune femme se rapprochait d’ailleurs de celui d’Ezra. Il pouvait maintenant sentir son souffle venir percuter le sien, alors que son coeur loupait plusieurs battement d’affiler. C’étaient en ce moment même tout un tas de souvenirs enfouis depuis cinq ans, qu’Ezra avait décidé de mettre volontairement de côté, qui refaisaient surface. C’était ce soir là, où il l’avait vu pour la première fois alors qu’il venait chez les McGrath pour une soirée jeux vidéos avec le frère de la jeune femme. C’était ce moment où il avait entendu son rire raisonner pour la première fois. Et surtout ce jour où ils s’étaient embrassés pour la première fois dans le jardin de la propriété McGrath. Tous ces moments qu’Ezra avait mis au placard durant cinq ans lui revenaient en pleine face pour son absolu bonheur. Tous ces moments là, ils les avaient vécu et apprécié, et pour une fois, laisser de bons souvenirs remontrer, ça faisait du bien. Les deux jeunes gens restèrent pendant quelques instants comme ça, leurs visages à quelques centimètres. C’était autant bon que s’en était frustrant, c’était aussi doux que s’en était déchirant. Et enfin, après un temps qui parut être supplice pour Ezra, Ginny prit enfin sa décision. Elle vint déposer ses lèvres sur celles d’Ezra, aussi délicatement qu’on prendrait un petit oiseau dans ses mains. Et alors, Ezra eut l’impression que son coeur fut sur le point d’exploser. Il avait rêvé de ce moment là, parfois, lorsqu’il s’autorisait quelque pensées joyeuses envers Ginny. Il avait pensé à comment ce serait, s’ils se retrouvaient vraiment. Et le moment était enfin arrivé. C’était doux, c’était tendre, c’était bon. Tout simplement bon. Pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité, Ezra se sentait vivre. Revivre. Pas simplement survivre comme il avait pu le faire pendant toutes ces années, juste, vivre. Profiter du moment, c’était tout ce qui semblait devoir arriver maintenant. Les lèvres du jeunes hommes accueillir comme une vieille amie celles de Ginny, comme on reprend une vieille habitude mise de côté un peu trop longtemps. Ezra avait à peine le temps de comprendre réellement ce qu’il se passait que déjà Ginny se reculait. Il avait l’impression d’avoir fait une course à pieds tellement son souffle était court. La jeune femme souriait, et son sourire était contagieux car Ezra se mit à sourire comme un idiot à son tour. Il avait de nouveau vingt-cinq ans, il embrassait Ginny de nouveau pour la première fois. « Je devrais dire que je suis désolée. » Ses paroles avaient été dites dans un souffle court, comme si ce baiser avait affecté autant ses fonctions respiratoires que ça l’avait été pour Ezra.  « Mais je ne le suis pas. » Alors son sourire à lui s’agrandit. Elle n’était pas désolée. Ginny venait de lui dire qu’elle n’était pas désolée de l’avoir embrassé. Le genre de paroles qu’Ezra avait attendu pendant cinq ans, c’était tout ce qu’il semblait avoir besoin d’entendre. Elle venait de l’embrasser et elle n’était pas désolée de l’avoir fait. « Non s’il te plait, ne le soit pas. » Et cette fois ci, Ezra se laissa aller. Il laissa son coeur prendre le dessus sur sa raison. Prenant le visage de Ginny entre ses deux mains, il vint l’embrasse de nouveau. Il n’en avait pas eu assez, il voudrait l’embrasser encore et encore de nouveau, à en perdre la raison et à mourir le souffle coupé. Il en oubliait qu’il était supposé la détester. En ce moment, son seul objectif était de profiter des lèvres de la jeune femme autant qu’il le pouvait. L’embrasser encore et encore, prendre ses lèvres d’assaut comme s’il n’avait pas connu l’air depuis des années. Appuyer ses lèvres contre les siennes comme s’ils ne voulaient former plus qu’un seul être. C’était tout ce qui importait pour le moment. C’était de genre de baiser passionné, où on en ressort avec les lèvres meurtris tellement ça fait du bien de laisser la passion et le désir agir. Un baiser. Et un autre. Il fallut à un moment qu’Ezra se recule de la jeune femme pour reprendre son souffle, ne lâchant pas son visage, collant son front contre le sien. Sourire béât collé sur le visage. « Sache que je ne suis pas désolé non plus. Absolument pas, pas du tout, non. Si tu savais combien de temps j’avais attendu ce moment… » Cette fois ci, il vint déposer tendrement ses lèvres sur celle de la jeune femme, un baiser rapidement et doux, comme pour sceller ses mots sur les lèvres de Ginny.

Ginny avait fait preuve de contrôle depuis assez longtemps. Durant cinq ans, elle avait été fidèle à Bailey. Après tout, elle s'était mariée pour le meilleur et le pire. Elle devait s'y habituer à ce mariage. En cinq ans, elle aurait pu aller voir ailleurs. Ce n'était pas que pour son mari qu'elle restait fidèle. Si elle allait voir d'autres hommes, elle avait l'impression de tromper non seulement Bailey, mais aussi Ezra. Sauf que depuis son arrivée, son retour, en Australie, la brune en avait marre de rester dans ce rôle d'épouse parfaite. Comme le pourrait-elle alors que depuis qu'elle avait revu Ezra, ses pensées étaient la plupart occupées par le garagiste. Elle ne pouvait tout simplement pas. Alors oui, elle avait craqué. Après avoir observé durant de longues secondes les lèvres d'Ezra, après avoir hésité, ses lèvres s'étaient posés sur les siennes. Un baiser qui lui avait donner d'agréables sensations. Des frissons partout dans le corps. Le genre de baiser qui lui donnait l'impression d'avoir des papillons dans le ventre. La même sensation qu'elle avait eu lors de son premier baiser avec Ezra. Elle n'était pas désolée. Loin de là. Un baiser qui avait fait du bien à Ginny, mais à Ezra, vu les sourires qu'ils arboraient tous les deux. « Non s’il te plait, ne le soit pas. » Et à nouveau les lèvres de la brune s'étaient agrandi. Elle qui pensait que son sourire ne pouvait pas être plus grand. Ginny était souriante. Un peu trop souriante. Et ce n'était pas les sourires qu'elle s'efforçait de faire depuis cinq ans. Les faux sourires qu'elle faisait pour montrer à quel point sa vie était merveilleuse. Non, là tout était bien réel. Ginny était heureuse. Ginny se sentait. Elle n'était en aucun cas désolé. Pourquoi l'être, alors qu'au moment où elle avait déposé ses lèvres sur celle d'Ezra, elle s'était enfin sentie vivante. Et ce sentiment n'était pas prêt de partir. La jeune femme senti les mains du garagiste venir se poser sur son visage et comme un réflexe, la brune posa ses mains sur les siennes. Un contact qui lui donnait d'agréable frisson. Les lèvres d'Ezra venaient de s'écraser sur les siennes. Un baiser beaucoup plus passionné que celui que la jeune femme lui avait donné quelques instants plus tôt. Un baiser qui témoignait des cinq années d'absences. Un baiser qui montrait le manque qu'ils avaient pu avoir. Oui, avec ce baiser Ginny ne se gênait pas pour lui montrer à quel point les baisers d'Ezra lui avait manqué. Ce n'était pas qu'un baiser. Il y en avait plusieurs. Leurs lèvres n'arrivaient pas à se détacher les unes des autres. Les baisers s'enchaînaient. Oui, ils rattrapaient en quelque sorte toutes ces années de séparations. Et ils finirent par s'éloigner doucement, reprenant leur souffle. Ginny serrait doucement les mains d'Ezra qui se trouvait toujours sur son visage. Elle releva le regard, un immense sourire illuminant son visage.« Sache que je ne suis pas désolé non plus. Absolument pas, pas du tout, non. Si tu savais combien de temps j’avais attendu ce moment… » La brune senti à nouveau les lèvres d'Ezra se poser délicatement sur les siennes. Un baiser beaucoup plus tendre et rapide que les précédent, mais un baiser qu'elle prolongea quand même. Parce qu'elle ne pouvait se contenter de goûter ses lèvres durant une simple seconde. Il lui fallait plus que ça. A la fin du baiser, la jeune femme passa sa langue rapidement ses lèvres, comme pour profiter un peu plus de ce qui se passait. Si elle savait combien de temps, elle avait attendu ce moment ? Elle avait une petite idée. Elle avait attendu ce moment depuis que ses parents l'avaient obligé à quitter l'Australie. Elle avait imaginé ce moment à chaque fois où elle devait embrasser Bailey. Elle s'imaginait embrasser Ezra, cela rendait la chose plus facile. Lentement, la brune enleva les mains du garagiste de son visage, toujours en lui les tenant, les serrant tendrement. « Sûrement autant que moi. » lui avait-elle dit avec un grand sourire. Elle plongea son regard dans celui d'Ezra durant quelques secondes avant d'enfouir son visage dans le creux du cou du garagiste. Là, elle avait simplement envie de profiter du jeune homme, de son contact. Elle était bien dans ses bras. Elle ne voulait pas les quitter. Elle voulait juste être la Ginny adolescente, complètement amoureuse d'Ezra. Et non Ginny la femme mariée. « Est-ce qu'on peut rester là, genre … Tout le temps. Ne jamais partir. Juste rester là. Rien que nous deux. » Elle était sincère. Elle voulait profiter du moment. Rester avec Ezra. Profiter avec Noah aussi de ces moments. Comme une vrai famille.