Le sourire que portait Ginny en ce moment même, c’était le sourire qu’Ezra connaissait bien. C’était un de ces sourires qu’il s’était habitué à voir sur son visage lorsqu’ils étaient tous les deux, quelques années auparavant. Et revoir ce sourire de nouveau semblait être la chose la plus merveilleuse qu’il soit pour le jeune homme. Jamais au grand jamais il ne se lasserait de ce sourire. Même lorsque la jeune femme prit délicatement ses mains pour les enlever de son visage, elle ne perdait pas son sourire. Il ne perdait pas le sien non plus, car en ce moment même, il se sentait enfin lui même. Il se sentait complet, comme si une partie manquante à son être venait de lui être retournée, comme si ses souhaits venaient d’être réalisés. « Sûrement autant que moi. » Ginny ne pouvait pas savoir à quel point elle venait de faire monter le degré de bonheur d’Ezra d’encore un cran. Il était plut qu’heureux d’entendre cette phrase. Si elle aussi elle avait attendu ce moment, comme il l’avait fait lui, ça voulait dire qu’Ezra n’avait pas cessé de manquer à la jeune femme pendant ces cinq dernières années. Malgré son mariage, malgré l’enfance difficile de Noah, malgré tout ce qui avait pu lui arriver, il lui avait manqué. Et finalement, après un regard échangé, intense et en disant long, Ginny vint enfouir sa tête dans le cou du jeune homme. Il se mit alors à sentir son souffle contre sa peau, une sensation qui lui donnait des frissons - mais de bons frissons. Ezra, comme par réflexe, vint alors serrer ses bras délicatement autour du corps de la jeune femme. La tenir contre lui encore un peu, profiter de ce moment hors du temps qu’ils avaient la chance de pouvoir vivre, ce qui ne leur avait pas été donné souvent. Parfois, c’était juste ça aussi, être bien, il semblait. « Est-ce qu'on peut rester là, genre… Tout le temps. Ne jamais partir. Juste rester là. Rien que nous deux. » La question de Ginny, malgré le plus qu’agréable moment qu’ils étaient en train de passer ensemble, eut le don de faire ressentir à Ezra un léger pincement au coeur. Il aurait que Ginny sache à quel point il voudrait que ses paroles soient possibles. Qu’elles soient réalisables. Qu’ils soient de nouveau ensemble comme avant. Reprendre leur petite vie à deux dans leur bulle de bonheur et faire comme si les cinq dernières années n’avaient jamais existé. Juste être tous les deux. Mais malheureusement, les choses étaient un peu plus compliquées que ça et le souhait de la jeune femme était difficilement négociable. Déjà parce-que maintenant ils ne pouvaient se contenter d’être tous les deux seulement, car ils avaient la vie d’un enfant en jeu et qu’il fallait qu’ils soient là pour lui - même si Ezra n’avait pas eu l’occasion de se présenter à lui correctement, il sentait au plus profond de lui même ce besoin de protéger son fils envers et contre tout. Le jeune homme vint alors déposer son menton délicatement sur le haut de la tête de Ginny, soupirant légèrement, laissant son regard s’évader au loin. « Ce serait beau, si on pouvait faire ça. On peut rester encore ici un moment sans problème, si tu n’as rien d’urgent à faire. Mais tu vas devoir retourner auprès de Noah un jour ou l’autre forcément. Mais j’aimerai que ce soit possible, tu sais. » Voulant profiter de ce moment à fond comme il le pouvait, Ezra se laissa agir comme il l’aurait fait s’ils avaient toujours été ensemble et vint chercher une des mains de Ginny pour venir y mettre la sienne, entrelaçant ses doigts avec ceux de la jeune femme. La bague qu’on pouvait très distinctement voir au doigt de Ginny arracha un petit sourire à Ezra. Elle aurait pu être celle qu’il avait acheté lui à l’époque pour elle, celle qu’il ne lui avait offert car il n’en avait jamais eu le temps. Celle dont Ginny n’avait jamais même entendu parler. « Tu portes quand même ton alliance, malgré le comportement qu’il peut avoir à ton égard. Pourquoi ? » Ezra avait parlé d’une petite voix, comme si il se contenait pour ne pas laisser transparaître ses réelles pensées sur ce sujet. Pour lui, Bailey n’était qu’un idiot qui n’arrivait même pas à voir le trésor qu’il avait à portée de mains, cette femme merveilleuse qui partageait sa vie avec lui pour protéger son fils. Pour lui, Ginny ne méritait pas de devoir rester avec une homme de cette espèce. Peut-être qu’il était un très bon chef d’entreprise, ami, amant, mais en tant que mari il faillait à la tâche, qu’importe ce qu’il pourrait dire pour sa défense. Ezra savait que de son côté, il aurait fait mieux car déjà il aimait et avait toujours aimé Ginny, chose qui avait énormément son importance dans cette histoire.

Son cœur battait vite. Trop vite. Elle se sentait bien. Elle se sentait comme la Ginny d'il y a cinq ans. C'était agréable. Elle se sentait vraiment elle. La brune n'avait pas pas besoin de jouer une comédie. Elle était seulement elle. Et ce que ça faisait du bien. Alors un grand sourire sourire était dessiné sur son visage. Un sourire qui illuminait son visage. Cela faisait bien longtemps que le visage de la jeune femme n'avait pas eu ce genre d'expression. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle attendait ce moment. Cinq ans. Depuis qu'on l'avait forcé à partir de Brisbane. Depuis qu'on lui avait enlever cette chance de vivre cette vie qu'elle aurait voulu. Cette vie avec Ezra et Noah. Et elle vit sa réaction lorsqu'elle lui avait dit qu'elle avait aussi attendu ce moment. Comme un réflexe, elle est venu se blottir contre lui. Elle est venue enfouir sa tête contre son cou. Un instant qui semblait arrêter le temps. Un instant qui semblait les couper de ce qu'il pouvait se passer autour d'eux. Et le garagiste vint enrouler ses bras autours du corps de la jeune femme. D'agréables frissons parcoururent chaque muscle, chaque nerf de Ginny. Elle voulait que ce moment dure éternellement. Ou du moins que ce moment dure longtemps. La jeune femme savait qu'un à moment, ils devraient chacun retourner à leur vie respective. « Ce serait beau, si on pouvait faire ça. On peut rester encore ici un moment sans problème, si tu n’as rien d’urgent à faire. Mais tu vas devoir retourner auprès de Noah un jour ou l’autre forcément. Mais j’aimerai que ce soit possible, tu sais. » Elle poussa un léger sourire. Il avait raison. Cela serait vraiment trop beau. Mais leur fils l'attendait sûrement. A un moment, elle devrait retourner auprès de son mari. Ce qui ne lui faisait pas particulièrement plaisir. « A part rentrer chez moi, je n'ai rien d'urgent à faire. » dit-elle en soupirant légèrement. Rentrer chez elle, signifiait qu'elle verrait Bailey. Cela ne l'enchantait pas vraiment. Alors, autant profiter du moment qu'elle était en train de passer avec Ezra. « Un jour, ça sera le cas. » dit-elle d'une petite voix. Elle avait souffler ça comme si c'était une promesse. Cette promesse, la brune y croyait. Un jour, elle serait débarrassée de cette stupide situation que ses parents lui ont imposé. Elle voulait croire qu'un jour, elle aurait une vraie vie de famille avec Ezra et Noah. C'était bien beau de rêver après tout, mais elle voulait y croire. Elle senti la main du garagiste venir chercher la sienne, entrelaçant leur doigt. Un léger sourire se dessina sur son visage, alors qu'elle tourna légèrement la tête pour voir. « Tu portes quand même ton alliance, malgré le comportement qu’il peut avoir à ton égard. Pourquoi ? » Le sourire qu'elle avait pu avoir, commença légèrement à disparaître. Oui, elle avait toujours cette alliance à son doigt. Cette alliance qui lui semblait peser une tonne lorsqu'elle posa . « Par habitude. Je ne remarque plus qu'elle est là. » soupira-t-elle. Au bout de cinq ans, porter cette bague n'était qu'un objet qu'elle avait l'habitude de porter. Un bijou qui normalement devait avoir de l'importance. Pas pour Ginny. C'était un accessoire plus qu'autre chose. « Pour Noah. » Pour lui faire croire qu'entre ses parents, tout va bien. Il était encore jeune. Il était encore innocent. Il n'avait pas besoin de savoir ce qui se passait. Pas pour le moment. Mais, elle devra le faire. Au moins une partie de la vérité. « Je la met surtout quand je sors. Pour sauver les apparences. » Une nouvelle fois, elle avait dit ça en soupirant. Pour sauver les apparences. Elle avait l'impression de devenir comme ses parents. Qu'elle faisait tout pour sauver son image. A vrai dire, elle s'en fichait un peu. Et pourtant depuis cinq ans, c'est ce qu'elle faisait. Elle se détestait rien que pour ça. Elle se rend malheureuse.

Rester comme ça, assis là, Ginny dans ses bras. Ca semblait être le tableau parfait, celui dans lequel il aurait voulu être représenté depuis des années. Mais Ezra savait que ce moment de bonheur n’était qu’éphémère et qu’il fallait qu’il en profite, qu’il laisse ses idées habituelles sur la situation actuelle de côté, même si c’était compliqué. « A part rentrer chez moi, je n'ai rien d'urgent à faire. » Un sourire se glissa sur le visage d’Ezra. « Restons ici encore un peu alors. » Il allait pouvoir profiter encore eu peu de Ginny tout seul,  que pour lui, en étant sûr de n’être dérangé par rien. Même si Bailey en venait à faire tout Brisbane pour retrouver Ginny, il y avait peu de chances qu’il réussisse à les trouver là. C’était un coin du parc qui était peu fréquenté et qu’il fallait vouloir trouver pour le voir. Ils avaient donc un temps de calme et de paix devant eux. « Un jour, ça sera le cas. » La phrase prononcée si doucement par Ginny qu’il avait failli ne pas l’entendre toucha Ezra directement en plein coeur. C’était le genre de phrase qui faisait du bien à entendre, qui voulait tout simplement dire que Ginny voulait autant que lui qu’ils restent tous les deux, réellement, comme ils avaient eu l’habitude de l’être quelques années plus tôt. Cependant, c’était aussi le genre de phrase qui pouvait briser un peu le coeur du jeune homme. Car même s’il voulait croire Ginny avec toute la force qu’il possédait, c’était le genre d’événement qu’il n’était absolument pas sûr de voir se réaliser un jour. Trop de choses rentraient en jeu pour que ce soit réalisable, et il ne savait pas si le temps réussirait à faire quelque-chose en leur faveur - même s’il l’espérait plus que tout. Ginny  releva ensuite son regard vers lui lorsqu’il mentionna son alliance qu’il sentait entre ses doigts. Un bout de métal, ni plus ni moins, mais qui semblait représenter trop de choses. Le sourire de la jeune femme se dissipa d’ailleurs rapidement et Ezra s’en voulut. Il ne voulait pas qu’elle perde ce sourire qui lui allait si bien, qui illuminait son visage. « Par habitude. Je ne remarque plus qu'elle est là. » Un léger silence s’installa entre les deux jeunes gens, Ezra fermant les yeux. Les paroles de Ginny résonnaient bizarrement à son oreilles, comme s’il s’imaginait qu’elles lui étaient destinées dans une autre vie. Comme s’il s’imaginait étant à la place de Bailey, entendant ces paroles. Il imaginait comment il ne pourrait pas imaginer que Ginny se soit habituée à porter une alliance qui montrer leur union, à tous les deux. Le jour où il pourrait peut-être passer une alliance à son doigt, il voudrait qu’elle soit heureuse de la redécouvrir chaque jour, qu’elle soit fière de la montrer. Pas qu’elle ait l’impression qu’elle pèse sur sa vie et sa conscience. « Pour Noah. » Le jeune homme ouvrit les yeux pour venir croiser de nouveau le regard de Ginny. Noah. Il avait presque oublié, à profiter de la présence de la jeune femme, qu’il y avait toute cette histoire autour de leur fils. Qu’il ne connaissait pas l’identité de son vrai père, à savoir Ezra lui même. Il avait réussi, l’espace d’un instant, à réellement mettre de côté tout cette haine envers cette histoire, et voilà que quelques signes à l’intérieur de lui commençaient à refaire surface. Il détestait d’autant plus que cette alliance représentait pour Noah. Bailey, son père. Une idée qui ferait vomir Ezra s’il était plus sensible. « Je la met surtout quand je sors. Pour sauver les apparences. » « Tu ne devrais pas… » Ezra soupira, fermant les yeux de nouveau et posant sa tête contre le tronc de l’arbre. Il était tellement désolé pour la jeune femme qu’elle ait à faire ça, à dire ça, et en même temps il était énervé contre plusieurs choses - et en ce moment, la colère était devenue comme sa meilleure amie, il n’aimait pas ça du tout. Lui qui avait toujours eu l’habitude d’être calme, tout changeait ces derniers temps. « Tu ne devrais pas sauver les apparences. Tu es de retour, tout pourrait revenir à la normale, progressivement… Tu pourrais ne plus avoir à t’obliger de faire ça. Pour toi, surtout. Tu ne devrais pas les laisser faire. » Il n’avait pas besoin de nommer des personnes, malgré ces années à être séparés, il sentait que Ginny et lui se comprenaient toujours aussi bien. Ses parents à elle avaient toujours été un soucis de toutes façons, ça faisait partie des choses qui ne changeaient pas, malheureusement. « Tu pourrais leur dire d’aller se faire foutre aussi, tu sais. Tout simplement. Tu n’es pas seule dans cette situation, Ginny. »

« Restons ici encore un peu alors. » Rester blotti contre Ezra un peu plus longtemps, elle ne peut pas refuser. Cela lui ferait du bien. Après tout, l'infirmière lui avait bien dit de se reposer et lorsque la jeune femme se trouvait dans les bras du mécanicien, elle se sentait bien. Lorsque ses lèvres ont touché les siennes, elle avait, durant un court instant, oublié les problèmes qu'elle pouvait avoir. Pendant ce court instant, elle se sentait égoïste à ne plus penser à son enfant malade et se trouvant à l'hôpital. Pendant ce court instant, elle avait oublié qu'elle était une femme mariée et qu'elle se devait être fidèle. Mais durant ce court instant, tout ce qui venait dans l'esprit de la jeune femme, c'était le fait de se perdre dans les bras d'Ezra. D'être à nouveau cette adolescente insouciante qu'elle avait pu être cinq ans plus tôt. Ginny était juste blottit contre lui, la tête au creux de son cou, son souffle tapant contre la peau du garagiste, les yeux fermés pour juste se concentrer sur le rythme de sa respiration, le rythme du battement de son cœur. La jeune femme avait l'impression qu'elle était dans une bulle. Comme si tout ce qu'il y avait autour d'eux n'existait pas. Comme s'il n'y avait qu'eux. Puis, la brune avait prononcé une simple phrase. Un souhait. Un jour ça, il n'y aurait qu'eux. Eux et Noah. Elle ne sera plus dans cette situation compliquée, dans ce faux mariage. Elle pensait vraiment. Elle le voulait. Mais la réalité était un peu plus compliqué que ça. Malheureusement. La main d'Ezra glissa lentement jusqu'à la sienne pour pouvoir entrelacer leur doigt. La main où se trouvait son alliance. Une alliance qui la liait à un autre homme que celui qu'elle pouvait vraiment aimer. Pourquoi elle la portait encore à son doigt ? C'est une question qu'elle se posait souvent. C'était une obligation. C'était pour sauver les apparences. C'était pour préserver Noah. Et le sourire que Ginny avait pu avoir, avait disparu un peu trop vite. « Tu ne devrais pas… » Elle poussa un léger soupir, tout comme Ezra. Bien sûr qu'elle ne devrait pas faire ça, qu'elle ne devrait pas être obligée de sauver les apparences. Et pourtant, elle s'y sentait obligée. Peut-être parce qu'elle avait vu ça durant une grande majeur partie de sa vie. Parce qu'elle avait vu ses parents faire ça. Et même si elle détestait ça – et déteste encore d'ailleurs – elle reproduisait ce qu'elle avait pu voir.  « Tu ne devrais pas sauver les apparences. Tu es de retour, tout pourrait revenir à la normale, progressivement… Tu pourrais ne plus avoir à t’obliger de faire ça. Pour toi, surtout. Tu ne devrais pas les laisser faire. » Un nouveau soupir s'échapper de la bouche de la brune, avant de se blottir un peu plus contre Ezra. Elle était bien consciente de qui il était en train de parler. Elle n'était pas stupide pour ne pas comprendre. Ses parents. C'était à cause d'eux qu'ils ont décidé à la place de leur fille de ce qui était bien pour elle. C'est eux qui ont décidé qu'Ezra n'était pas fait pour la brune. Mais ils avaient tort. Ezra était tout pour elle. Il aurait fait un bon père, elle en était certaine. « Tu pourrais leur dire d’aller se faire foutre aussi, tu sais. Tout simplement. Tu n’es pas seule dans cette situation, Ginny. » Elle ferma les yeux durant quelques instants, se mordant les lèvres. La Ginny d'avant aurait totalement fait ça. Elle s'en fichait de ce que pouvait penser ses parents. A croire que le fait de devenir mère a changé quelque chose elle.  « Je sais. J'y ai déjà pensé.  » Un léger rire s'était échappé des lèvres de la brune. Elle avait pensé au fait de partir, de le dire d'aller se faire voir et de vivre sa vie comme elle l'entendait. Mais elle avait été bien trop surveillé pour ça. Et surtout menacé. « Et j'ai aussi pensé à ce qu'ils sont capable de faire. » dit-elle en poussant un autre soupir. Les menaces qu'ils pouvaient lui faire, qu'il pouvait faire à son enfant. Et ça lui faisait peur. Un peu trop peur. « Adolescente, je m'en fichais de leur tenir tête. J'étais la seule concernée. » Elle s'arrêta de parler durant quelque seconde, reprenant la main d'Ezra, la serrant doucement. « Je voudrais bien continuer à le faire, mais j'ai peur de ce qu'ils pourront dire ou faire à Noah. » reprit-elle après ses quelques secondes de silence. La vérité, c'était qu'elle avait bien plus peur pour son fils que pour elle.

Un silence s’installa entre les deux jeunes gens. Et pourtant, ce n’était pas un silence qui apaisa Ezra. Il était pourtant bien là, seul avec Ginny. Mais Il n’arriva pas à s’empêcher de sentir cette légère colère monter en lui. Il ferma alors les yeux une fois de plus pour se reconcentrer. Ginny était là avec lui, c’était ce qui comptait pour le moment. Ils pouvaient continuer de discuter, même des choses qui fâchent, la savoir dans ses bras devait l’apaiser, il n’avait pas le choix. S’il voulait pouvoir profiter de nouveau de sa présence un autre jour et ne pas la perdre pour de bon une fois de plus, il devait ne pas laisser cette néo-colère s’emparer de lui de nouveau. Ce n’était pas lui de toutes façons, toute cette haine et cette colère. Et puis, c’était lui qui avait orienté la conversation sur les parents de Ginny, il fallait qu’il assume. Il ne les avait jamais réellement apprécié, mais à l’époque le fait de les évoquer ne le mettait pas sur les nerfs comme ça. « Je sais. J'y ai déjà pensé. » Ce fut plus le rire de la jeune femme que ses paroles qui firent rouvrir les yeux d’Ezra. Il était surpris qu’elle puisse rire de la sorte, alors qu’il était intimement convaincu que cette conversation l’énervait encore plus elle qu’elle ne pouvait l’énerver lui. Il décala alors doucement sa tête pour pouvoir voir le visage de Ginny. Capter sa réaction et comprendre. Mais elle avait fermé les yeux, comme lui quelques instants plus tôt. Comme si elle semblait être perdue, d’une certaine manière, dans ses pensées, ses souvenirs. Des choses auxquelles Ezra n’avait plus accès, qu’il ne pouvait plus deviner. « Pourquoi tu ne l’as pas fait alors ? » Il avait parlé d’une toute petite voix, comme s’il avait peur de la réveiller - chose stupide puisqu’elle ne dormait absolument pas. « Et j'ai aussi pensé à ce qu'ils sont capable de faire. » Sa réponse était sans appel et ne plaisait absolument pas à Ezra. Qu’ils touchent une fois à leur couple ne lui avait déjà pas plu du tout, mais le fait d’apprendre qu’ils seraient capables de faire quelque-chose qui pourrait nuire au bon vivre de son fils, non ça il ne l’acceptait pas. S’ils en arrivaient là, ils allaient voir de quel bois se chauffait Ezra. Et ils pourraient toujours venir lui reprocher qu’il n’avait jamais fait pour son fils. Si Ezra n’avait pas été là pendant les cinq premières années de son fils, c’était justement par leur faute. « Adolescente, je m'en fichais de leur tenir tête. J'étais la seule concernée. Je voudrais bien continuer à le faire, mais j'ai peur de ce qu'ils pourront dire ou faire à Noah. » « Ils ne toucheront pas à Noah. » Cette phrase était sortie de la bouche d’Ezra sans qu’il ait le temps de contrôler quoi que ce soit. C’étai plus son instinct qui avait fonctionné que ses pensées logiques ou quoi que ce soit d’autre. Mais en même temps, il n’allait en aucun cas retirer ce qu’il venait de dire. Son fils, malgré la situation compliquée dans laquelle ils étaient, resterait toujours son fils, son sang. Il ne le connaissait pas, mais dès la seconde où il avait appris à l’époque que Ginny était enceinte, il avait commencé à aimer ce petit être qui grandissait en elle. Ca n’allait pas changer aujourd’hui, aucune raison pourrait faire qu’il cesse d’aimer son fils. Lâchant la main de Ginny, il vint prendre le visage de la jeune femme entre ses deux mains. « Regardes moi Ginny. » Il attendit que la jeune femme ait les yeux ouverts de nouveaux pour continuer sur sa lancée, il voulait qu’elle le regarde lorsqu’il prononcerait ces paroles, qu’elle voit qu’il ne parlait pas pour ne rien dire. « Qu’importe ce qu’il pourrait se passer entre nous - de pire, je veux dire -, qu’importe ta relation avec Bailey, Noah reste mon fils. Tes parents n’y toucheront pas, ou ils devront me passer sur le corps pour le faire. J’irai moi-même le kidnapper depuis l’hôpital si ça pouvait le mettre à l’abri de leurs griffes. Bon, je risquerai d’aller en prison par la suite, mais au moins j’aurai tout fait pour qu’il leur échappe. Il ne faut pas qu’ils aient cette emprise sur toi, Ginny. Qu’est-ce qu’ils ont pu te dire, bon Dieu, pour que t’en ai tant peur ? » Si sa voix avait été légère sur le début, sa fin de prise de parole était largement plus marquée par cette colère qui refaisait surface. Il savait que Ginny pouvait largement la voir, maintenant qu’ils étaient comme ça, mais il s’en fichait. Comme il le faisait bien des fois, lorsqu’il était avec elle, il s’en fichait de l’état dans lequel il se trouvait. Si ça avait été n’importe lequel de ses frères, il aurait fait en sorte de changer de sujet ou de cacher ses sentiments. Il était faible devant Ginny et s’en fichait.

Un léger rire s'était échappé des lèvres de Ginny lorsqu'il lui dit qu'elle n'avait qu'à tout envoyer en l'air, de se moquer complètement de ce que pouvait dire ses parents. Oui, c'était une idée qui était déjà parvenue dans l'esprit de la brune. Quelque chose qu'elle aurait fait habituellement, mais cela n'avait pas été le cas lorsque Noah est né. « Pourquoi tu ne l’as pas fait alors ? » La voix d'Ezra était basse. Un murmure. Ginny gardait les yeux fermés. Pourquoi ? La réponse était simple. Enfin pour la jeune mère de famille. Elle avait peur. Peur de ce que ses propres parents pourrait lui faire. De ce qu'ils pourraient faire à son fils. « Ils ne toucheront pas à Noah. » Un léger soupir s'échappa de la bouche de la brune. Elle faisait tout pour que ça soit le cas. Elle faisait tout pour que Noah reste en dehors de cette histoire, mais malheureusement il était au centre de tout ça. « Regardes moi Ginny. » La jeune femme ouvrit les yeux avant de plonger son regard dans celui d'Ezra. Elle s'y plongea volontiers, prête à entendre ce qu'il avait à lui dire. « Qu’importe ce qu’il pourrait se passer entre nous - de pire, je veux dire -, qu’importe ta relation avec Bailey, Noah reste mon fils. Tes parents n’y toucheront pas, ou ils devront me passer sur le corps pour le faire. J’irai moi-même le kidnapper depuis l’hôpital si ça pouvait le mettre à l’abri de leurs griffes. Bon, je risquerai d’aller en prison par la suite, mais au moins j’aurai tout fait pour qu’il leur échappe. Il ne faut pas qu’ils aient cette emprise sur toi, Ginny. Qu’est-ce qu’ils ont pu te dire, bon Dieu, pour que t’en ai tant peur ? » Elle avait senti la colère dans sa voix monter petit à petit. Un sentiment que normalement, il aurait caché, mais la jeune femme savait qu'en sa présence, elle pouvait faire tomber certaine barrière. Il était en colère et elle pouvait le comprendre. Pourquoi ne le serait-il pas. Après tout, on lui avait enlevé son droit d'être père. Un léger sourire se dessina lorsqu'elle entendit Ezra dire qu'il sera capable de kidnapper Noah pour que les parents de la jeune femme n'aient plus d'emprise. Une solution sans doute un peu extrême, mais elle se demandait si dès fois ce n'était pas la solution. Partir sans rien dire. Recommencer une nouvelle vie. Elle y avoir penser peu de temps avant son mariage et après la naissance de Noah. Une idée rapidement envolé lorsqu'elle a appris la maladie de son fils. Cela lui semblait invraisemblable de faire ça. Elle baissa le regard quelques secondes lorsqu'il lui a demandé ce qui pouvait lui faire si peur avec ses parents. Quelques secondes où elle avait l'impression qu'elle se pinçait les lèvres jusqu'au sang, se demandant si c'était une bonne idée de lui dire. Si elle devait l'impliquer dans ses problèmes. Quelques secondes qui lui ont paru terriblement longue avant de relever et de plonger son regard dans celui-ci d'Ezra, de prendre les mains du garagiste comme pour se rassurer. « Si je ne fais ce qu'ils veulent, je pourrais perdre mes droits sur Noah. Ils pourront me l'enlever. » Sa voix était faible. Sa voix était brisée. Tout ce qu'elle faisait, c'était à contre-coeur. Du moins ce qu'elle faisait quand ses parents lui demandaient. Elle ne voulait pas perdre son fils. Depuis qu'on l'avait forcé à quitté Brisbane, c'était son moyen de tenir. Il était tout pour elle. La brune ne savait pas comment ils pourraient faire ça, mais ils en étaient capables. Oui, il étaient capable de la faire passer pour une mauvaise mère, incapable de s'occuper de son fils malade, alors qu'elle avait passé les cinq dernières années à donner tout l'amour possible pour Noah.

La jeune femme finit par baisser le regard alors qu’Ezra tentait de garder un contact visuel avec elle depuis qu’il était reparti sur le sujet de conversation Noah. Il voulait savoir ce qu’elle ressentait au fond, pourquoi elle avait du agir de la sorte et obéir à ses parents alors qu’il savait pertinemment qu’elle n’aimait pas faire ça. Ca avait toujours été ainsi, et il était intimement persuadé qu’elle n’avait pas pu changer au point d’en arriver à obéir à ses parents sans broncher. Et il voyait aussi que plus les secondes de silence passaient, plus Ginny commençait à se pincer, voire même à légèrement se mordre les lèvres, et c’était pas bon signe. Pas quand quelqu’un se pinçait les lèvres de cette force. Il libéra alors une de ses mains qui tenait jusqu’à maintenant le visage de Ginny pour venir passer un doigt délicatement sur ses lèvres, pour qu’elle arrête de les torturer de la sorte. Et lorsqu’il reprit la parole, il tentait de maitriser sa voix pour que sa colère ne s’entende pas autant qu’il pouvait la ressentir. « Ginny, s’il te plait, parles moi, je deviens fou… » Elle finit par relever son regard pour le plonger dans le sien, enfin. Ezra avait l’impression que ces dernière secondes avaient été interminables, qu’elle n’allait jamais être prête à parler de nouveau. Et surtout, plus le temps passait, plus son imagination se mettait en route pour savoir ce que les parents de Ginny avaient bien pu lui dire. « Si je ne fais ce qu'ils veulent, je pourrais perdre mes droits sur Noah. Ils pourront me l'enlever. » Malgré sa voix brisée, qui faisait un mal de chien au coeur d’Ezra, il ne put s’empêcher de lâcher les mains de la jeune femme, doucement, avant de se reculer et de se relever. La colère, il la sentait bien là, et il n’aimait pas ça, il n’aimait pas ressentir ce genre de sentiment. Il commença par la suite à faire les cent pas aux côtés de Ginny, ne parlant pas. Il ne savait pas ce qu’il devait dire pour rassurer la jeune femme qui ne pourrait être que peu méchant envers ses parents. On dit souvent que les beaux-parents ne sont pas un cadeau, Ezra confirmait ces dires. « C’est des conneries, ils ne peuvent pas avoir autant de pouvoir que ça. Ils se croient invincibles, je peux te dire qu’ils vont retomber de leur piédestal. » Ezra ne s’arrêtait pas de marcher, car maintenant qu’il venait de lancer ça à Ginny, il n’arrivait pas à aller jusqu’au bout de ses pensées, de ses souhaits. Car même s’il avait tenu à être auprès de Noah toutes ces années, il se rendait donc que s’il continuait sur sa lancée, c’était un bras de fer acharné qui allait être engagé, et il espérait être prêt pour ça. Il ne savait pas si il l’était, mais il savait qu’il n’avait pas réellement le choix. Alors, lentement, il s’arrêta pour venir s’accroupir devant Ginny. Il lui prit de nouveau ses mains dans les siens, la regardant dans les yeux de ce regard déterminé que les soldats ont lorsqu’ils partent à la guerre - il le savait pour avoir vu ce regard de nombreuses fois chez ses frères. « Ginny, ils n’y toucheront pas, jamais. Pas tant que je serai là… Et ils ne pourront plus à partir du moment où j’aurai récupéré mes droits sur lui. Ginny, je vais récupérer Noah. » Sa voix avait été déterminée, plus que jamais. Il était sûr d’une chose, c’est qu’il voulait que son fils ait une vie tranquille, ce qui ne semblait pas être le cas ces dernières années. Pas qu’il sous-estimait les capacités maternelles de Ginny, loin de là. Mais celle de Bailey, certainement, et ils ne parlaient pas des grands-parents. Alors, la solution la plus simple qui s’imposait à lui maintenant, c’était si lui récupérait son fils. Il n’y aurait pu de soucis avec la famille McGrath. « Enfin, si tu es d’accord pour que je récupère mes droits ? » Car même s’il le voulait vraiment, il se plierait à l’avis de Ginny. C’était la mère de Noah, et personne ne pourrait induire une changement aussi gros qu’elle dans la vie de son fils.

Elle semblait apeuré. Elle l'était très certainement. Oui, elle avait peur. Peur de ce que pourrait faire faire ses parents. Elle avait fermé les yeux et quand elle les avait ouvert de nouveaux, elle fuyait le regard d'Ezra, gagnant du temps pour ne pas lui répondre. Et un long silence commençait à s'installer. Ce n'était pas un silence qui apaisait Loin de là. C'était plutôt un silence qui commençait à installer une gêne, un malaise. Il fallait qu'elle réponde à sa question, mais elle n'y arrivait pas. Les mots n'arrivaient simplement pas à sortir de sa bouche. Peut-être parce qu'elle se mordait les lèvres, s'empêchant de dévoiler la vérité. Ezra avait passé un doigt sur ses lèvres et elle avait arrêté, presque immédiatement, de se pincer les lèvres. « Ginny, s’il te plait, parles moi, je deviens fou… » Et finalement, elle avait levé son regard. Finalement, elle avait osé croiser le regard d'Ezra. Finalement des sons sortirent de sa bouche. Elle avait enfin réussi à répondre. Sa voix était faible. Sa voix était brisée. Elle avait peur et cela pouvait sentir. La réaction du garagiste fut immédiate. Il avait lâché les mains de la brune avant de se reculer et de se lever. Durant un court instant, elle le regardait faire les cent pas. Il était en colère, elle le sentait. Ginny pouvait le comprendre. Si les rôles étaient inversés, la jeune femme aurait certainement eu la même réaction. Et au bout de ces quelques instants, son regard se baissa à nouveau. Le regard fixé sur le sol, elle se demandait si c'était une bonne idée de le lui avoir dit. Après tout, elle s'était toujours dit qu'elle allait s'en sortir de cette situation seule, qu'elle allait trouver un moyen. Mais c'était bien avant que la situation de Noah s'empire, qu'elle avait cette impression de perdre pieds depuis un moment. Cela faisait cinq ans qu'elle se débrouiller seule, peut-être qu'un peu d'aide ne lui ferait pas de mal. « C’est des conneries, ils ne peuvent pas avoir autant de pouvoir que ça. Ils se croient invincibles, je peux te dire qu’ils vont retomber de leur piédestal. » Ginny garda la tête baisser. Sans doute qu'elle avait peur de la réaction d'Ezra. Il était en colère et peut-être qu'il allait réagir de la même façon qu'à l'hôpital. Alors, elle se taisait tout simplement. Elle ne voulait pas empirer ce qui se passait, donc elle se murait dans un silence, attendant une autre réaction de la part du garagiste. Chose qui ne se fit pas tard, puisqu'il s'était avancé de nouveau vers elle, se mettant à sa hauteur lui prenant ses mains, qu'elle serra doucement et regardant quelques secondes avant de lever les yeux. Et en croisant son regard, Ginny avait vu l'air déterminé d'Ezra. « Ginny, ils n’y toucheront pas, jamais. Pas tant que je serai là… Et ils ne pourront plus à partir du moment où j’aurai récupéré mes droits sur lui. Ginny, je vais récupérer Noah. » Le ton de la voix d'Ezra avait changé. La colère avait laissé place à une sorte de détermination, comme ce que son regard pouvait montrer. Oui, Ginny pouvait sentir à quel point les paroles qu'il venait de prononcer n'étaient pas des paroles, en l'air. Il disait qu'il allait récupérer Noah, alors il le ferait. « Enfin, si tu es d’accord pour que je récupère mes droits ? » La jeune femme continuait de le regarder droit dans les yeux, serrant doucement les mains du garagiste avant d'acquiescer la tête. « Bien sûr que je suis d'accord. Je ne veux que ça. » Ce n'était pas pour rien qu'à la naissance de Noah, elle n'avait pas envie que Bailey le reconnaisse en tant que son enfant. Enfin tout le monde le pensait, mais ce n'était pas le cas. Noah avait un père et c'était Ezra. Personne d'autre. C'était bien clair dans l'esprit de Ginny.

Il regardait la jeune femme, attendant qu’elle réponde. Il savait que si elle n’était pas d’accord avec son choix, de récupérer son fils, leur fils même, il respecterait sa décision. Même si ça venait à le peiner lui, il respecterait la décision de Ginny quoi qu’il arrive. Mais à la vue des circonstances de la situation, il ne voyait pas pourquoi il ne pourrait pas au final récupérer ses droits sur son fils. C’était lui le père, il n’y avait aucun doute là dessus. Et s’il comprenait bien ce que Ginny voulait, c’était être tranquille loin de cette soit-disant famille qui lui mettait la pression. Ezra était prêt à tout pour qu’elle soit libérée de ça. « Bien sûr que je suis d'accord. Je ne veux que ça. » Un léger soupire de soulagement s’échappa entre les lèvre d’Ezra, mais un petit sourire en coin l’accompagna. C’était un poids en moins qu’il n’avait plus sur le coeur. Ginny était de son côté, elle voulait que Noah soit officiellement leur fils à eux deux, et non à elle et Bailey. Il lâcha alors les mains de la jeune femme pour venir prendre tendrement son visage entre ses mains et déposer un baiser sur son front. « Tu avais raison, on aurait du partir le jour où tu as appris que tu attendais Noah. Ca aurait été plus simple. Pardonnes moi d’avoir été naïf. » Ezra avait parlé d’une toute petite voix, ayant posé sa joue contre le front de la jeune femme. Il avait le regard porté au loin, comme rêveur. En fait, il se disait simplement que s’il avait eu le courage de partir avec Ginny à l’époque, rien de tout ça ne serait arrivé. Ils auraient vécu tous les trois, heureux et amoureux, loin de toutes ces personnes qui tentaient de les séparer depuis le temps. De temps en temps, il y repensait, à ce moment où elle lui avait annoncé qu’elle était enceinte, et comment il était persuadé à l’époque que tout allait bien se passer. Quelques jours plus tard, elle était dans un avion direction l’Angleterre et il se retrouvait seul à Brisbane, avec pour seul consolation le fait de savoir que c’était un fils qu’il allait avoir. Maigre consolation. Mais surtout, surtout, c’était la première fois qu’il se rendait réellement comptes qu’au final, c’était de sa faute s’ils étaient arrivés dans cette situation. S’il ne l’avait pas mise enceinte, pour commencer, il n’aurait pas eu ce soucis d’enfant hors mariage. Et puis, s’il avait pris son courage à deux mains à l’époque, il aurait su mettre sa famille à l’abri. Mais il avait été naïf, pensant que les parents de Ginny pourraient passer outre et leur faire confiance. Lui faire confiance. Ginny était jeune à l’époque, mais ce n’était pas le cas d’Ezra. Il possédait déjà son garage, il avait déjà une vie stable entre les mains, il aurait su prendre largement soin de cette future famille. Mais ce n’était pas assez bien, forcément, pour les parents McGrath. Rien ne l’avait jamais été de la part d’Ezra de toutes façons, il n’était qu’un raté pour eux. « J’me rends compte que je suis le seul responsable de cette situation… J’suis désolé de t’avoir mis dans cette position, Ginny. » Et il était sincère dans ce qu’il disait. Bien plus sincère qu’il ne l’avait peut-être jamais été par rapport à la situation. Pour le moment, la colère de sa dernière visite à l’hôpital avait fait place à la détermination et la culpabilité. Deux sentiments qu’Ezra n’aimait pas ressentir simultanément, mais il n’avait pas le choix aujourd’hui. Il devait faire face à son passé avec Ginny dans les parages, et puis c’était le moment où jamais qu’il décide de se battre. S’il ne faisait rien alors que Noah était dans les parages, il s’en voudrait toute sa vie - plus qu’il ne s’en voulait déjà. Et puis, même si tous les efforts qu’il était prêt à déployer n’étaient pas assez, il aurait au moins tenté.

Ezra voulait récupérer ses droits sur Noah. C'est ce qu'il voulait. Il lui avait demandé son autorisation. Comme s'il y avait une raison pour qu'elle n'accepte pas sa requête. C'était aussi une autre raison de son retour en Australie. Elle voulait que Noah puisse connaître son vrai père, qu'il arrête de vivre dans un mensonge. La mère au foyer ne pouvait plus supporter une seconde de plus. Sans doute que sa décision était égoïste en ce qui concernait Bailey. Après tout, il avait élevé le garçon comme s'il était son fils. Mais pour Ginny, Noah était le fils d'Ezra et de personne d'autre. Alors, lorsque le garagiste poussa ce soupir ce soulagement lorsqu'elle annonça qu'elle était d'accord, la jeune femme eut un léger sourire sur ces lèvres. Un sourire qui s'était agrandit lorsqu'elle senti les mains d'Ezra prendre doucement son visage avant de déposer ses lèvres sur le front de Ginny. Elle eu ce sentiment de bien-être lors de ce court contact. Elle avait eu ce frisson qui lui faisait du bien. Le genre de frisson qu'elle pouvait ressentir à chaque fois qu'elle se trouvait à ses côtés. « Tu avais raison, on aurait du partir le jour où tu as appris que tu attendais Noah. Ca aurait été plus simple. Pardonnes moi d’avoir été naïf. » Et le sourire avait petit à petit disparu. Elle se souvenait de ce jour où elle avait annoncé à Ezra qu'elle était enceinte. Au départ, ce n'était pas forcément une bonne nouvelle. Elle avait eu peur. Et pas une petite peur. Peur de la réaction d'Ezra. Peur de la réaction de ses parents. D'accord, elle avait plus eu peur de la réaction de ses parents que celle du garagiste. Et elle avait eu raison au final. Peut-être que bien qu'ils auraient dû partir durant un moment et ne revenir qu'à la naissance de leur enfant. Sans doute auraient-ils pu éviter ça. Ou alors ne le retard. Ginny n'avait que vingt ans, sa proposition avait été fait sous la peur. Peut-être que les parents les auraient retrouver. Peut-être qu'ils auraient pu faire pire. « Tu n'as pas à t'excuser. On a été tous les deux naïfs, je pense. » avait-elle faiblement répondu avec un léger soupir. Ginny l'avait cru lorsqu'il lui avait dit que tout se passerait bien, qu'elle n'aurait pas à s'inquiéter de ses parents. Peut-être qu'elle avait été naïve de le croire. Sans doute parce qu'elle voulait réellement le croire. Elle voulait penser que, malgré la déception certaine que ses parents auraient, ils auraient accepté la situation. Ils auraient laissé Ezra et Ginny vivrent le vie de famille. Ils auraient laisser leur fille être heureuse. C'était réellement la pensée naïve de la jeune femme à l'époque. Et malheureusement, cela n'a pas été le cas. Naïve, oui elle l'avait été, alors ce n'était pas la peine de s'excuser. Il n'était pas responsable de ce qui était arrivé. Ce n'était pas lui qui l'avait quitté. Ce n'était pas comme s'il ne voulait pas de cet enfant. Les personnes qui devraient s'excuser étaient les parents de Ginny et non Ezra. « J’me rends compte que je suis le seul responsable de cette situation… J’suis désolé de t’avoir mis dans cette position, Ginny. » La jeune femme s'était doucement reculé pour pouvoir regarder le garagiste dans le yeux. Une des mains de la brune s'était posé sur la joue d'Ezra, la caressant doucement avant de prendre la parole. « Ce n'est pas toi qui m'a mis dans cet avion pour l'Angleterre. Ce n'est pas toi qui devrait te sentir responsable. » Elle voulait le rassurer, lui faire comprendre qu'il n'était pour rien. Une fois de plus, ce sont les parents de la jeune femme qui avait brisé cet avenir, cette famille, qu'ils auraient pu construire ensemble. « On va arranger ça. On va rattraper le temps et perdu et devenir une vraie famille. » avait-elle dit d'une voix basse. Oui, c'était le souhait de la brune. C'était ce qu'elle espérait depuis tout ce temps, depuis ces cinq années où elle fut séparer d'Ezra.

Ezra essayait, tant bien que mal, d’échapper au regard de la jeune femme, mais elle revenait vers lui, plongeant le sien dans celui du jeune homme, caressant son visage ce qui lui donnait automatiquement l’envie de la regarder de nouveau. C’était ce genre de petits gestes tendres qui lui avaient tellement manqué. Aussi simplement que ça. « Ce n'est pas toi qui m'a mis dans cet avion pour l'Angleterre. Ce n'est pas toi qui devrait te sentir responsable. » Il sentait le besoin de le rassurer de la part de Ginny, mais malgré tous les efforts qu’elle pourrait faire rien ne marcherait. Une espèce de mécanisme s’était mis en place dans la tête d’Ezra, dans lequel il se blâmait pour ce qui était arrivé à leur couple et à la jeune femme, et il faudrait un bon bout de temps et beaucoup d’efforts pour qu’il se sorte ces idées de la tête. Il éloigna alors sa tête de la main de la jeune femme, rompant le contact physique qu’il avait. « On va arranger ça. On va rattraper le temps et perdu et devenir une vraie famille. » Elle avait parlé à voix basse. Ezra espérait que ce n’était pas parce-qu’elle doutait de ce qu’elle venait de dire. Car lui, c’était ce qu’il voulait. Qu’il puisse être le chef de cette petite famille, comme il aurait du l’être depuis cinq ans maintenant. Il se releva, abandonnant donc sa position accroupit face à Ginny pour venir faire quelques pas à ses côtés. Il allait recommencer avec les cent pas si ça continuait, et ce n’était en général pas forcément un bon signe quand il les faisait. C’était surtout signe qu’il commençait à réfléchir beaucoup trop. « Comment… » Il stoppa sa phrase à peine commencée. La façon dont il devait dire ça, il n’en avait aucune certitude. Il savait juste qu’il voulait lui poser la question et qu’il ne voulait pas lui faire plus de mal qu’il ne lui en avait déjà fait. Il inspira alors, réfléchissant quelques instants avant de reprendre la parole. « Est-ce que tu sais comment tu vas annoncer tout ça à Bailey ? Et à Noah ? Leur dire que tu veux changer tout ce que malgré tout vous avez construit ces cinq dernières années ? » Car pour avoir leur propre famille et être tranquilles, il fallait d’abord que Ginny laisse tiller celle qu’elle avait déjà, celle qu’elle avait construit avec Bailey. Ils avaient beau ne pas s’aimer et avoir des différents, lorsque vous vivez pendant cinq ans avec une personne, vous créez forcément quelque-chose. Au moins un équilibre qui permet à une famille de sauver les meubles pour que ça tienne. Qu’importe comment vous y arrivez, vous faites en sortes que ça fonctionne. Ezra vint se passer les mains rapidement sur le visage, comme s’il venait de se rendre compte qu’il s’inquiétait pour le sort de Bailey. « Ne crois pas que j’ai de la pitié pour lui, hein… » Alors qu’il ne pouvait s’empêcher d’en avoir. « C’est surtout à Noah quelle pense… Tu sais comment il pourrait réagir en apprenant la nouvelle ? Que… Son père n’est pas son père ? » Il parlait d’un voix plus grave, si on peut dire. Comme si lorsqu’il parlait de choses qui lui faisaient mal au coeur ou le préoccupait, il fallait qu’il prenne un ton beaucoup plus sérieux. En même temps, avec sa tête de clown, il était vrai que parfois même en parlant sérieusement il était compliqué de le prendre au sérieux. Et oui, tout au fond de lui, malgré lui, il avait de la pitié pour Bailey. Il ne voulait pas en avoir, mais c’était plus fort que lui. Car même s’il ne semblait pas aimer Ginny, il fait surement du s’habituer à sa présence et au fait d’avoir un petit garçon de cinq ans. Comment allait-il réagir lorsqu’elle lui annoncerait ? Comment allait-il s’en sortir s’il n’avait plus cette magnifique façade qu’était Ginny, pour le bien de son entreprise ou d’il ne savait quoi, les vraies raisons du mariage en somme ?

Ginny voyait bien qu'Ezra commençait à se sentir responsable de cette situation. Il ne l'était pas entièrement. Le garagiste n'avait aucunement tous les torts dans cette histoire. Il avait simplement voulu être optimiste sur ce qui allait se passer lorsque la jeune femme allait annoncer sa grossesse à sa famille. Chose qu'elle avait aimé croire. Elle aurait tant aimé que cela se passe ainsi. La réalité avait été tout autre. Alors, qu'elle commençait à le rassurer sur le fait qu'il n'était pour rien, elle commençait à avoir un geste tendre à son égard. Le genre de geste qu'elle adorait faire lorsqu'ils étaient encore ensemble. Une simple caresse sur sa joue. Un simple contact qui lui faisait du bien, qui la ramenait cinq ans en arrière. Un simple geste qui n'avait malheureusement pas duré assez longtemps pour la mère de famille, puisqu'Ezra s'était légèrement reculé. Et d'une voix basse, elle lui avait dit son envie de redevenir une vraie famille. Cette famille qui aurait dû être depuis cinq ans. Celle qu'elle avait imaginé lorsqu'elle a su qu'elle attendait l'enfant d'Ezra. Pas cette comédie que ses parents l'obligeaient à jouer. La jeune femme vit le garagiste se lever, elle suivait ses mouvements du regard, tandis qu'elle restait assise contre l'arbre où elle était venue se reposer quelques instants plus tôt. Elle le vit faire les cent pas, signe qu'il était en train de réfléchir. « Comment… » La jeune femme ne pu s'empêcher de pousser un léger soupir et de baiser son regard vers le sol, commençant à jouer doucement avec ses doigts. Comment. C'était la question qu'elle n'arrêtait pas de se poser depuis quelque temps. Depuis qu'il lui avait dit qu'il reviendrait que lorsque Noah saurait la vérité. Comment allait-elle annoncer ça à Noah. Mais aussi à Bailey. Est-ce qu'elle devrait prévenir Bailey avant ? Ou lâcher cette bombe sans qu'il ne sache rien. Elle ne pouvait pas faire ça. Bien sûr qu'il fallait qu'elle lui en parle. Encore fallait-il qu'elle trouve le temps pour le faire. Elle ne savait pas encore comment elle allait le faire, mais pourtant il fallait qu'elle le fasse. Elle n'avait pas tout le temps qu'elle veut. « Est-ce que tu sais comment tu vas annoncer tout ça à Bailey ? Et à Noah ? Leur dire que tu veux changer tout ce que malgré tout vous avez construit ces cinq dernières années ? » La voix d'Ezra l'avait ramené à la réalité. Les yeux de la jeune femme rencontrèrent à nouveau ceux du garagiste. Sans doute qu'il pouvait voir que la brune était perdue. Cette situation la dépassait un peu, dans le sens où elle avait peur des répercussions qui pourraient avoir. Pas seulement sur elle. C'était même la dernière chose dont elle se souciait. Mais plus à Noah. Même pour Bailey. Apparemment, ce fut le cas pour Ezra, ce qui étonna la rune, surtout avec ce qu'elle savait du petit accident à l'hôpital. « Ne crois pas que j’ai de la pitié pour lui, hein… C’est surtout à Noah quelle pense… Tu sais comment il pourrait réagir en apprenant la nouvelle ? Que… Son père n’est pas son père ? » La jeune femme poussa un long soupir avant de poser sa tête contre le tronc de l'arbre. « Je … » Elle avait commencé à parler, à dire un uniquement, mais s'était rapidement arrêté. Ginny avait fermé les yeux durant une ou deux secondes avant des les ouvrir à nouveau et d'inspirer un bon coup. « Je ne sais pas. » Voilà, c'était dit. Elle ne savait pas comment faire. Doucement, elle s'était relevée, fuyant légèrement le regard d'Ezra. « Bailey doit certainement s'en douter que ça ne pourrait pas durer ce petit jeu. Mais avec Noah, il se comporte bien. Il se comporte comme un père. Il n'est pas le père parfait, mais … Il aime Noah. » Elle passa nerveusement sa main dans ses cheveux. Cela faisait cinq ans qu'elle était mariée avec Bailey et leur relation ne s'était pas arrangée. Mais, il avait été là pour Noah. Cela serait cruel de sa part de lui enlever cet enfant qu'il a élevé durant tout ce temps. « Je ne sais pas comment il pourrait réagir. C'est un petit garçon intelligent, mais j'ai peur qu'il ne comprenne pas vraiment ce qui va arriver. » Elle avait enfin osé le regard vers Ezra, légèrement intimidé. « J'ai aussi peur qu'il me déteste quand il saura la vérité. » dit-elle en poussant un léger soupir. Peut-être qu'il allait lui en vouloir d'avoir caché ce secret, de vivre dans ce mensonge. Si ce n'était pas maintenant qu'il allait lui en vouloir, cela certainement plus tard, lorsqu'il aurait l'âge de comprendre.

« Je … » Alors que Ginny s’était arrêtée de parler, Ezra avait levé un sourcil dans la direction de la jeune femme. Quelle phrase avait elle commencé sans réussir à la poursuivre ? Quelles étaient les pensées qu’elle n’arrivait pas, en ce moment même, à formuler ? Ezra aurait bien aimé pouvoir les deviner comme autre fois, il aurait aimé savoir ce qu’elle pouvait bien avoir en tête, mais c’était une époque révolue maintenant. Et même s’il avait encore un certain don en devinettes, Ginny fuyait le regard d’Ezra - comme si elle avait quelque-chose à se reprocher. « Je ne sais pas. » Au moins, ça avait le mérite d’être clair, même si cette réponse déstabilisait un peu Ezra. D’accord, pendant cinq ans, elle avait cru ne jamais le revoir. Certes. C’était donc normal qu’elle n’ait pas réfléchi à cette question pendant cinq ans. Mais à partir du moment où elle avait su qu’elle reviendrait à Brisbane, elle avait de forts doutes quand au fait qu’elle allait recroiser le jeune homme. C’était même elle qui était venue à lui. Sa voiture avait réellement un soucis ce jour là, mais elle aurait pu aller dans n’importe quel garage de la ville. Elle avait choisi celui d’Ezra, ce n’était pas un acte anodin. A partir du moment où elle avait décidé de recroiser sa route, elle savait qu’à un moment donné, cette situation là allait arriver. Alors pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? Après qu’elle ait vu deux fois de suite Ezra, elle avait eu largement le temps d’y penser. « Bailey doit certainement s'en douter que ça ne pourrait pas durer ce petit jeu. Mais avec Noah, il se comporte bien. Il se comporte comme un père. Il n'est pas le père parfait, mais … Il aime Noah. » Ezra ne put s’empêcher d’avoir un petit soupire moqueur. C’était sur qu’il ne pouvait pas être le père parfait, puisque de base il n’était même pas son père. Et peut-être qu’il aimait Noah, peut-être qu’il faisait des choses bien pour lui, mais il n’avait pas eu l’air de se rappeler que ce n’était pas son fils. C’était celui de Ginny, qu’elle avait eu avec un autre homme, lui en l’occurence. C’était d’ailleurs déjà pour cette même raison qu’Ezra s’était énervé face à Bailey la dernière fois. A force de l’entendre dire mon fils comme si cet enfant était sa chair, son sang. « Je ne sais pas comment il pourrait réagir. C'est un petit garçon intelligent, mais j'ai peur qu'il ne comprenne pas vraiment ce qui va arriver. » Ginny releva son regard vers Ezra, sauf que celui de ce dernier était porté au loin, comme porté par une vision vers un autre monde. Oui, la vision de Bailey berçant tendrement un petit garçon au doux prénom de Noah, un soir de noël, devant une de ces belles cheminées en pierre à côté de laquelle se trouvait un sapin fraichement coupé. Une vision qui ne donnait pas d’être sentiment à Ezra que de la colère. Il n’aimait pas s’énerver autant, surtout que ces derniers temps il avait l’impression de ne faire que ça. Mais il tentait de se contrôler, réellement. « D’après ce que tu m’as dit sur lui, c’est un petit garçon qui a traversé beaucoup plus d’épreuves que n’importe quel enfant de son âge, je pense qu’il comprendra. » C’était, du moins, la pensée fixe qu’Ezra avait. Il avait souvent remarqué que les personnes qui avaient vécu des traumatismes importants durant l’enfance avaient tendance à murir plus rapidement, et à survivre plus facilement par la suite. Noah comprendrait la situation, il ne était certain. « J'ai aussi peur qu'il me déteste quand il saura la vérité. » Ezra baissa alors lentement son regard sur la jeune femme. Ca ne l’étonnait pas plus que ça, qu’elle ait une pensée de ce genre. C’était tout à fait son style. Elle avait peur de peur son fils à cause d’un mensonge, comme à l’époque elle avait eu peur de perdre Ezra en annonçant la vérité à ses parents. Ezra, cette fois ci, n’allait pas lui dire qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète et que tout allait bien se passer. Il ne le ferait pas, car la dernière fois qu’il l’avait fait la situation avait plutôt mal tourné. Et il y avait de fortes chances que Ginny ne le croit plus de toutes façons. « Les personnes, les enfants compris, ont généralement plus de rancoeur envers les personnes qui n’étaient pas là, par rapport à celles présentes qui leur ont menti. » Il eut un léger soupir. Car oui, s’il y avait une personne dans cette histoire à qui Noah risquait d’en vouloir, c’était bien Ezra lui même. A ses yeux, lorsque la vraie histoire - ou du moins l’histoire officielle que les parents de Ginny autoriseront leur fille à dire - lui sera racontée, ce sera Ezra le coupable, ce père qui n’était pas digne d’avoir un enfant. Il ne savait pas jusqu’où les parents McGrath pouvaient aller mais loin, très loin pour garder leur fille sous leur aile et pour garder ce mirage intact. Malheureusement. Le silence installé resta quelques temps entre les deux jeunes gens. Comme s’ils étaient perdus dans leurs pensées respectives. C’était le cas pour Ezra en tous cas. Baissant le regard sur son appareil photo, il put voir que l’heure avait tourné et qu’il était surtout attendu dans moins de trois quarts d’heure chez Amelia - et qu’elle allait encore lui passer un savon s’il n’arrivait pas à l’heure. « Je vais devoir te laisser… » Ce n’était pas forcément ce qu’il avait envie de faire, mais il devait partir. De toutes façons, ressasser les choses qui lui faisaient mal au coeur n’était pas bon pour lui. Après, il passait des jours à ruminer à moitié du noir en s’en voulant de ne pas avoir été là plus tôt pour ce qu’il apparentait à sa famille - ou ce qui aurait du être sa famille.