Trois jours. Duncan avait passé trois longues journées à l'hôpital et contrairement à ce qu'on en disait, ce n'était pas de tout repos. Les infirmières passaient constamment dans sa chambre pour tout un tas de raisons justifiables mais énervantes. Les médecins étaient passé aussi et finalement Duncan s'était fait posé un plâtre en résine mais le spécialiste en question qu'il connaissait bien lui avait promis un passage régulier pour faire une radio et dès que tout serait plus ou moins en place, il lui enlèverait pour mettre une attelle. Il devait sûrement comprendre son mal être de ne pas pouvoir travailler. Mais c'était le grand jour, il allait pouvoir rentrer chez lui et c'était Célia qui le ramènerait. Sa mère avait insisté pour le ramener mais il avait prit les devants complètement incapable de pouvoir supporter son discours sur l'importance de la vie dans un endroit aussi petit et fermé que sa voiture pouvait être. Il avait négocié et elle était venu la veille passait la journée avec lui. Duncan avait toujours été tout pour lui mais il n'était plus ce petit garçon qu'elle pouvait couvé comme une louve. Alors qu'il rangeait ses affaires dans son sac, quelqu'un frappa à la porte. Il tourna le visage s'attendant à une énième visite de docteur, il devait en avoir une dernière avant de partir, mais c'était une autre personne. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres.
- Mmhh… Ma sauveuse. L'amour de ma vie… Que dis-je en cet instant présent, je pourrais te demander en mariage tellement que je suis content de te voir !
Duncan se mit à rire en laissant son sac sur le lit pour venir déposer un baisé sur la joue de sa meilleure amie. Oui, elle le sauvait de cet enfer. Oui, l'hôpital n'était plus le lieu que Duncan préférait dans cette ville, pas depuis qu'il était passé de l'autre coté. Désormais, il comprendrait sûrement mieux ses patients et leur envie de partir au plus vite. Célia le regarda avec un drôle d'air, normal il était un peu bizarre, un peu trop euphorique pour quelqu'un qui avait eu un accident de voiture.
- Quoi ? Je plaisante, ce n'était pas de la drague rassure toi. Quoi que, cette infirmière à du déteindre un peu sur moi… Ou alors ce sont les médicaments pour lutter contre la douleur ?
Fronçant les yeux tout en souriant, il retourna vers son lit pour finir de faire son sac, il tenait à être prêt à partir lorsque son médecin lui donnerait le feu vert. Duncan savait que chez lui ça ne serait pas mieux qu'ici parce qu'il serait seul dans une grande maison surtout que Shadow prenait ses aises en faisant la navette jusqu'à chez Célia et des fois, il ne le voyait pas pendant plusieurs heures. Au moins, il savait où sa boule de poil noir dormait lorsque ce n'était pas chez lui.
- Toi comment vas-tu ?
Il marqua une bref pause après sa réponse et repris.
- Je dois attendre un dernier passage qui ne devrait pas tarder et on pourra y aller. Tu travailles aujourd'hui ou tu passes la journée avec moi ?
Ces journées avaient été longues pour Célia. Elle avait téléphoné régulièrement à Duncan au cours des journées pour s'assurer qu'il n'avait besoin de rien. Et elle était venue le voir à la fin de chacune de ces journées. Elle aussi, avait hâte qu'il sorte de cet hôpital. Même s'il allait devoir se reposer encore un peu. Finalement, on lui avait posé un plâtre et Célia savait que Duncan était déçu. Mais pour elle, c'était la meilleure option. Et puis, comme il s'entendait bien avec le chirurgien en charge de son bras, elle savait qu'il pouvait négocier le temps de pose. Elle-même l'aurait sûrement fait si la situation avait été inversée. Bref, Duncan sortait aujourd'hui et elle était venue le chercher. Comme elle ne conduisait pas, qu'elle n'avait pas le permis, elle avait appelé un taxi pour qu'il soit là dans une dizaine de minutes. Célia se doutait que les médecins allaient devoir faire un dernier check-up avant sa sortie. Ça se passait toujours comme ça. Elle, elle était venue en bus. Elle s'était arrêtée un arrêt avant l'hôpital, histoire de marcher un peu. Même si trois jours étaient passés, c'était toujours aussi difficile pour elle de pénétrer dans l'enceinte médicalisée. Elle préférait donc s'aérer un peu l'esprit avant d'entrer dans le bâtiment. Elle jeta un œil sa montre quand elle arriva à l'étage où se trouvait la chambre de son meilleur ami. En arrivant devant celle-ci, elle le remarqua de dos, faisant son sac. Un fin sourire s'afficha sur ses lèvres alors qu'elle l'observait. Puis elle se décida à frapper sur le montant en bois, histoire de lui signaler sa présence. Aux paroles de Duncan, le sourire de la jeune femme s'était élargi. « Et bien, c'est ma mère qui serait contente d'entendre ça. » Et comment. Depuis le temps que cette dernière cherchait à les caser tous les deux, n'ayant pas encore compris que Duncan c'était beaucoup plus que ça, et que surtout, il était son meilleur ami. M'enfin, cela faisait sourire Célia quand sa mère abordait ce sujet. Elle aimait bien entrer dans son jeu. Même si elle se disait finalement, que sa mère allait finir par vraiment y croire. Bref, l'antiquaire esquissa un sourire au baiser de Duncan. « C'est peut-être un peu des deux. » Elle jeta un œil à ce qu'il restait encore à emporter. Elle lui donna les magazines qui étaient posés sur sa table. Il en avait accumulé en trois jours. « Tu les gardes ou je les jette ? » Demanda-t-elle, tout en les gardant en main. Puis à sa question, elle leva ses yeux verts sur lui. « Oui ça va. » Elle lui donna finalement les magazines puis elle ajouta à la nouvelle question de son meilleur ami. « Non j'ai pris ma journée. Ce matin j'ai été à une adjudication et j'ai récupéré quelques objets mais on va me les livrer à la boutique en fin de semaine. Alors tu peux rester à la maison si tu veux. » La présence de Duncan ne la dérangeait pas du tout et puis, il pouvait rester deux ou trois jours, le temps de bien se reposer. Chez lui, il allait être seul et certains gestes du quotidien allait être pénible à effectuer sans une aide. Une fois le sac de Duncan prêt, les deux jeunes gens attendaient le médecin qui devait leur donner l'autorisation de sortie. « J'ai appelé un taxi. Il devrait être là d'ici cinq, dix minutes. » C'était mieux que de prendre le bus. Puis elle demanda à nouveau : « Ta mère n'a rien dit que ce soit moi qui vienne te chercher ? » Elle connaissait la mère de Duncan. Elle était très gentille et elle s'entendait bien avec elle. Mais Célia savait également qu'elle était un peu trop... omniprésente. Et que parfois, ça devait faire du bien pour Duncan, de faire un break.
Duncan ne pu s’empêcher de rire lorsque Célia lui répondit. Sa mère l'adorait et à chaque fois qu'il passait la porte de la maison familial, elle avait des étoiles dans les yeux ou presque. Elle le connaissait depuis un petit moment maintenant même s'il n'était pas retourné la voir depuis son retour d'Afrique. Il y avait encore tellement de gens qu'il devait passé voir qu'une liste était impossible à tenir. Il attrapa les magasines en les fourrant dans son sac s'en même prendre le temps de regarder de quel sujet ils traitaient.
- Je sais… Je suis le gendre idéal.
Il acquiesça brièvement la tête lorsqu'elle parla du taxi puisque son docteur entra au même moment. Il lui fit un rapide examen surtout au niveau de la tête puis il vérifia le plâtre tout était bon, Duncan pouvait enfin sortir de l'hôpital. Après avoir signer quelques papiers il récupéra son sac de sport posait sur le lit et s'approcha de Lia en lui murmurant à l'oreille.
- Ma mère m'a dit que je devrais t'épouser si je t'aimais autant… Ah et aussi qu'il y avait de meilleurs endroits qu'un taxi pour que je te drague.
Un sourire s'était dessiné sur la bouche de Duncan puis il sortit de la chambre où il était depuis trois jours pour enfin aller respirer l'air de dehors. Normalement, il aurait dû sortir en fauteuil roulant mais ça aussi, il l'avait négocié. Il lança un petit coup d'oeil à Lia qui lui emboîta le pas. Même s'il ne disait rien, Duncan savait parfaitement que ce n'était plus l'endroit préférée de Célia et il ne la remercierait jamais assez d'avoir prit autant sur elle durant ces trois jours qui avaient paru être une éternité. Il fallait qu'ils songent tous les deux un jour à parler mais il n'était pas pressé d'en venir à ce sujet encore trop sensible pour Célia. En traversant les différents services, il salua quelques personnes qui lui souhaitaient un bon rétablissement puis il sortit dehors tout en parlant à son amie.
- Je ne voudrais pas te déranger chez toi et puis j'habite de l'autre coté de la rue alors si j'ai besoin, je viendrais sonné. Par contre je vais avoir BEAUCOUP de temps libre, tu crois que tu me laisserais venir dans ta boutique de temps à autre ? Je pourrais peut-être t'aider.
Haussant simplement les épaules, il se dirigea vers le taxi mettant son sac dans le coffre. Il n'aurait jamais pensé que cela lui ferait autant de bien de sortir de l'hôpital. S'asseyant à coté de Célia à l'arrière du taxi, il tourna son visage vers elle se mettant à parler.
- Je dois t’avouer un truc. J'ai trouvé l'âme sœur et elle m'attend chez moi.
Célia esquissa un sourire à la réponse de Duncan. « Oui mais ça, évite de lui dire. » Et comment. Si en plus Duncan s'y mettait, la jeune femme n'était pas sortie de l'auberge. Mais cela la faisait sourire. Et c'était pour ça que Duncan et elle, c'était la parfaite entente. Ils s'étaient rarement disputés. D'ailleurs, Célia ne pourrait pas dire quand leur dernière dispute avait éclaté. Mais c'était il y a un bail. Cependant, la jeune femme n'était pas du genre à s'en plaindre, au contraire. Les disputes, l'antiquaire les fuyait. Même si cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle était lâche ou fuyait les explications. En général, elle disait toujours ce qu'elle pensait. D'ailleurs, elle l'avait fait récemment avec sa jumelle. Célia savait qu'elle avait blessé sa sœur. Mais l'annonce de sa grossesse lui faisait peur. Sa sœur avait traversé déjà tellement d'épreuves qu'elle n'était pas certaine que ce soit le bon moment pour elle, d'avoir un enfant... Et ça, elle n'avait pas pu lui mentir sur ce qu'elle pensait. Selina et elle ne s'étaient jamais rien cachés, cela n'allait pas commencé. Bref, la jeune femme reportait son attention sur son meilleur ami. Elle sourit à nouveau. Duncan avait le chic pour la faire sourire et la rendre heureuse. Et c'était ce qu'elle appréciait chez lui, en plus de sa franchise, de sa façon de la cerner mieux que quiconque. « Tu sais que si nos mères prenaient leur déjeuner ensemble, elles seraient capable de préparer un mariage en moins de temps qu'il n'en faut, pour qu'on puisse s'en rendre compte. » Heureusement pour eux, leurs mères se voyaient rarement. Toutes les deux très prises par leurs emplois du temps respectifs. Puis à la réponse de Duncan, elle fronça un peu les sourcils. « Mais tu sais bien que tu ne déranges pas. C'est pas comme si j'avais un mec qui se poserai des questions sur ta présence. » Heureusement. Mais Célia disait la vérité. La présence du chirurgien n'allait gêner personne. Enfin, il avait pris sa décision. Célia le suivait à travers les couloirs de l'hôpital. Elle était ravie de quitter cet endroit, de ne plus y remettre les pieds avant très longtemps. Du moins, elle le souhaitait. Dans le taxi, elle jeta un œil à Duncan quand ce dernier reprit la parole. Elle fronça un peu les sourcils. « Vraiment ? » Demanda-t-elle avec un léger sourire sur les lèvres. « Je croyais que c'était moi ton âme sœur ? » Fit-elle avec une petite moue. Cela n'avait rien à voir avec l'amour entre deux amants mais c'était ce que ressentait la jeune femme pour celui qui était à ses côtés. Quelque chose de profond, comme s'ils s'étaient toujours connus. Célia avait une jumelle et elle avait une relation à part avec sa sœur. Quelque chose d'intangible qu'elles étaient les seules à sentir. Mais elle ressentait un peu la même chose avec Duncan. Il était la moitié de son tout. Elle ajouta ensuite, sur le ton de la plaisanterie. « Tout ce qui possède des poils, des crocs, des griffes ou qui miaule, couine, jappe ou aboie, ça ne compte pas. »
Duncan profitait de ces moments avec elle parce que c'était certain que si un jour, elle trouvait un copain, ils ne se verraient plus autant. Bien sûr, il serait heureux pour elle mais aucun homme n'aimerait voir un autre tournait autours de sa copine même si les intentions de Duncan envers Célia n'iraient jamais au delà de la frontière de l'amitié. Pour ce qui était de leurs mères, elles rêvaient sûrement qu'un jour ils finissent ensemble mais leur histoire n'en prenait pas le chemin en tout cas pour le moment. Il haussa doucement les épaules, la regardant dans le taxi.
- Si elles déjeunaient ensemble, on serait déjà marié depuis un moment. Ta mère sera sûrement déçu que tu lui présentes cet autre homme, celui qui te posera des questions sur ma présence.
Il fronça légèrement le nez en souriant. Lorsqu'il parlait d'âme sœur, c'était plus pour sortir une petite plaisanterie parce que oui en effet, Célia était son âme sœur. La seule personne qui arrivait à le comprendre dans son ensemble, elle ne le jugeait jamais et surtout ils se disputaient rarement. Ils se prenaient le bec parfois mais c'était humain de ne pas être toujours d'accord, le contraire était plutôt ennuyant d'ailleurs, il allait revoir Selina et le fait qu'elles ne se parlent plus ne lui plaisait pas beaucoup mais ce n'était pas ses affaires et tant que Lia n'en parlerait pas d'elle-même, il ne mettrait pas le sujet sur la table.
- Je ne pensais pas à mon chat non, mais tu as raison tu es mon âme sœur. Disons alors que pour que tu le sois réellement, il faut que tu sois chez moi avec mon pot de glace préféré entre les mains. Tu ne peux pas savoir comme j'ai envie d'un vrai repas.
Un léger rire sortit de sa bouche, oui, il avait bien envie de cette glace pour lui faire passer le goût amer de la nourriture de l'hôpital. Le taxi n'était plus très loin de chez eux désormais car même s'il allait s’arrêter au quarante quatre, Célia habitait juste en face. Il avait de la chance, son quartier était plutôt sympa.
- En parlant de boule de poils, je n'ai pas trop manquer à la mienne ? Je paris qu'il a passé tout son temps chez toi…
C'est lui maintenant qu'il affichait une légère moue. Après tout, il avait prit ce petit chat tout noir pour se sentir moins seul et la boule de poils passaient plus de temps chez Célia que chez lui... Duncan était presque sûr qu'elle devait lui donner des choses qu'il adorait comme du lait.
Le chirurgien n'avait pas tort. Si leurs mères prenaient la peine de se voir, de prendre un repas ensemble, il était certain qu'elles fomenteraient un mauvais coup à leur encontre. Et là, ils seraient vraiment dans une situation compliquée. Parce que même après tout ce temps, toutes ces discussions, elles pensent vraiment qu'il pourrait y avoir quelque chose entre l'un et l'autre. Alors quand Duncan souligna la situation, Célia ne pouvait s'empêcher de sourire, amusée. Ce qui était certain en fin de compte, c'est qu'ils n'étaient pas au bout de leur peine. Loin de là. Célia observait la route alors que le taxi empruntait la première bretelle à droite. Célia n'aimait pas les voitures et encore moins depuis qu'ils avaient eu leur accident. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait refusé de passer son permis. Au lieu de ça, elle avait gardé l'argent pour faire un voyage au Mexique. Et elle s'était amusée. Elle avait pris un tas de photographies et elle avait rencontré des gens formidables. Certes, par moment, elle était un peu ennuyée. Parce qu'elle devait compter sur une tierce personne pour être conduite d'un endroit à un autre. Mais en général, elle arrivait à s'en sortir. Elle utilisait les transports en commun. Elle payait des taxis qui n'essayait plus de la rouler en lui faisant faire tout le tour du pâté de maison. Maintenant Célia, savait y faire. Elle était peut-être blonde, mais elle était loin d'être idiote. A la question de Duncan, la jeune femme esquissa un sourire avant de répondre, tandis que le taxi s'approchait de Logan City. « Il est bien le seul mâle qui peut se vanter de rentrer chez moi comme il veut. » Un fin sourire aux lèvres, Célia quitta ensuite le taxi après l'avoir payé.
Devant la porte de Duncan, elle laissa se dernier l'ouvrir, tandis qu'elle entrait à sa suite. Célia était venue un peu plus tôt. Elle avait fait du rangement, fait tourner une machine à laver avant de préparer un bon repas. Repas qui était posé sur la table de salle à manger. Elle jeta un œil à Duncan : « Il me semble que tu voulais un bon repas ? » Demanda-t-elle en jetant un œil au chirurgien. Puis elle ajouta : « Et il y a ta glace préférée au congélateur. » A ce moment-là, Shadow vint se blottir contre les jambes de Duncan. « Et tu vois, que tu lui manquais. » Même s'il était vrai que le chat avait passé beaucoup de temps chez Célia. Il s'entendait bien avec Octave et Finn.
Duncan sortie du taxi avec un large sourire sur les lèvres, c'était incontrôlé mais trois jours dans un lit d'hôpital lui avait fait aimer sa maison comme jamais. Il ouvrit le coffre prenant son sac puis il se mit à courir dans l'allée jusqu'à sa porte d'entrée perdant presque l'équilibre à un moment donner. Il se retourna vers Célia qui était derrière lui.
- Ça va, je n'ai rien.
Quel gaffeur, il manquerait plus que ça, qu'il se casse une cheville à deux doigts de rentrer chez lui. Il ouvrit la porte de sa maison et une bonne odeur vint chatouillé ses narines, Célia faisait de la cuisine comme personne et pour elle, il était végétarien sans problème à n'importe quelle de la journée. Il posa son sac dans l'entrée et fut surpris par le rangement qui n'avait pas été avant son départ pour l'hôpital en même temps il n'avait pas prévu d'être absent. Duncan se baissa pour caresser Shadow puis il se retourna vers Célia lorsqu'elle parla de glace. On est tous d'accord pour dire que Lia était parfaite. Duncan s'approcha d'elle et déposa un baisé sur sa joue venant la prendre dans ses bras, malgré qu'il en avait un plié contre sa poitrine, il prit une voix plutôt calme et douce, parlant à quelques centimètres de son oreille.
- Ma mère a raison, je devrais vraiment t'épouser. Tu es mon âme sœur c'est évident.
Duncan redressa son visage en lui souriant puis il regarda un instant autours de lui avant de reporter son attention sur Lia. Elle était adorable, c'était dans sa nature, elle avait toujours pris soin de Duncan depuis leur premier jour à l'internat. Tout le monde cherchait à être le meilleur mais elle, elle l'avait trouvé et ensemble il avait formé un meilleur duo que n'importe quel autre imbécile de leur promotion.
- Je t'invite à manger et à rester autant de temps que tu le souhaites, en fait ça changera jamais, tu es toujours la bienvenue ici. Merci pour tout ce que tu fais pour moi Lia...
Célia avait pris un peu de temps avant de venir à l'hôpital pour préparer un peu la maison du chirurgien. Un peu de ménage n'était pas de trop. Puis, elle était venue déposer ce qu'elle avait cuisiné. Duncan mangeait végétarien quand il était en compagnie de l'antiquaire. Et cela, Célia l'appréciait. Elle avait une sainte horreur de la viande, de tout ce qui ne venait pas du partage entre l'animal et l'homme. Tuer un animal pour manger, la jeune femme trouvait ça scandaleux. Même si elle ne jugeait pas le régime alimentaire de son meilleur ami. Certains n'étaient pas prêt pour franchir le cas. Elle, elle l'avait fait il y a presque vingt-ans et pas un jour, elle ne l'avait regretté. Et contrairement aux idées reçues, elle se portait très bien. Elle n'avait aucune carence, ni même aucun problème de santé. Bref, cette fois-ci elle avait préparé un repas de ses jolies mains. Quelques légumes grillés avec une sauce balsamique, des tagliatelles à la carbonara et en dessert, en plus de la glace, Célia avait préparé un crumble aux mûres. La jeune femme esquissa un sourire au geste et aux propos de son meilleur ami. « C'est dommage que ce soit seulement un repas qui te donne cette certitude. » Ajouta Célia avec un sourire. Puis elle retira sa veste pour la poser sur le porte-manteau. « C'est gentil de m'inviter. Je n'avais rien préparé chez moi. » Puis elle caressa à son tour, Shadow qui venait contre elle. Elle l'aimait bien ce petit pirate. En fait, Célia adorait toutes les bêtes. D'ailleurs, il faudrait qu'elle parle de son projet à Duncan. « Tu me laisse ouvrir à Finn et Octave ? Comme je n'étais pas chez moi, je les ai emmenée avec moi. » Célia emmenait souvent ses amours à poils quand elle venait ici. Elle n'aimait pas les savoir seule chez elle, quand elle pouvait l'éviter. Cinq minutes plus tard, alors qu'Octave et Shadow étaient entrain de se chamailler et que Finn dormait sur le tapis du salon, Célia et Duncan s'étaient mis à table. « Au fait, je ne t'ai pas dis : j'ai reçu la visite d'une vedette dans ma boutique qui m'a fait une proposition. » Elle n'avait pas encore pris de décision. A vrai dire, Célia n'avait pas eu le temps de jeter un œil au projet. Et comme elle préférait tout lire, elle n'avait pas encore donné sa réponse.
Duncan respectait bien évidement le régime de Célia et pour tout dire il aurait très bien pu suivre le même s'il n'était simplement pas un gros faignant. S'il y avait bien un endroit où il n'aimait pas perdre de temps, c'était la cuisine alors il allait au plus simple. Parfois il achetait des plats préparer ou manger au self de l'hôpital et il y avait rarement le choix pour les végétariens alors il mangeait ce qu'il y avait, il n'était pas bien difficile. Pour ce qui était de la cuisine de sa meilleure amie c'était autre chose, elle était un vrai cordon bleu alors là il ne se faisait pas prier pour manger quoi qu'elle puisse préparer.
- Seulement un repas ? Tu es la femme parfaite, je ne comprends pas que tu ne sois pas déjà marié. A moins que tu attendes patiemment que nous ayons quarante ans pour remplir notre pacte, ce que je peux tout à fait comprendre.
Lorsqu'elle parla de faire entrer Octave et Finn, Duncan acquiesça positivement de la tête. Bien sur qu'il pouvait entré. Lorsqu'elle ouvra la porte, Finn vint immédiatement vers lui et il lui fit une caresse de sa main valide en souriant avant que le berger australien prenne sa place habituelle sur le tapis du salon. Ensuite, leur du repas arriva rapidement, du moins le ventre de Duncan grondait assez pour lui rappeler combien il avait faim. Ils se mirent tous les deux à table et commencèrent à manger. Duncan ne pu s'empêcher de léger gémissement en mangeant, c'était vraiment délicieux. Son attention se reporta entièrement sur Célia quand elle parla de sa boutique.
- Oh raconte-moi tout. C'est dingue ça, j'ai jamais de vedette malade aux urgences.
Il fit une légère moue avant de sourire, non il n'y avait que des alcoolos qui tombaient sur le trottoir aux urgences, enfin en quatre heures et huit heures du matin principalement. Ce cliché était tellement vrai qu'il en était presque flippant. Il reprit une bouchée de ces légumes qu'elle avait préparé ne pouvant s'empêcher de rajouter la bouche pleine.
Le sourire de Célia s'étira aux paroles de son meilleur ami. Leur pacte. Cette idée la faisait sourire. Elle ne savait même pas si elle était réellement sérieuse ou si c'était pour blaguer. Elle ne pensais pas encore au futur de cette façon. Pas encore. Pour elle, c'était trop tôt. Elle n'était pas comme Selina qui cherchait constamment l'affection, le regard des hommes. Célia était beaucoup plus refermée sur elle-même. C'était un défaut. Et parfois elle enviait sa sœur, sa facilité à aller vers les autres. Elle, elle n'osait pas. Les étrangers ne la mettaient pas en confiance. Il faudrait peut-être qu'elle demande la recette à sa sœur. Sauf qu'elles étaient fâchées pour l'instant. Et Célia n'avait pas cherché à la contacter même si Selina lui manquait. « Quarante ans ? Je serais toute défraîchie à cet âge. » Quoique, elle se rendait compte que cela allait approcher plus vite qu'elle n'y songeait. Selina avait peut-être raison. C'était peut-être le bon moment pour elle, d'avoir un enfant. Même si les conditions n'étaient pas vraiment appropriées, sa jumelle avait peut-être raison. Être mère, ça lui plairait aussi à Célia. Sauf qu'elle n'était pas prête pour l'instant. La mort de Timothée était encore trop vive dans son esprit et dans son cœur. Elle souffrait encore rien qu'à penser à lui. La jeune femme savait que tant qu'elle n'aura pas fait la paix avec ce passé, elle ne pourra pas avancer. Seulement c'est plus facile de le savoir, moins de le mettre en pratique. « Et toi, tu seras déjà père avec tes propres gosses. » Célia voyait l'avenir trop clairement. Parfois ça l'effrayait mais elle y faisait face. Elle n'était pas du genre à se voiler la face. La jeune femme avala une gorgée de légumes avant d'expliquer : « Une actrice, qui est bénévole avec moi, m'a proposé d'ouvrir une sorte de refuge pour les animaux qui sont trop agés ou handicapés pour être adoptés. J'avoue que j'avais songé à faire quelque chose comme ça. » Elle prit une nouvelle bouchée avant de poursuivre. « Tu te souviens de la ferme qu'on a trouvé un peu en dehors de la ville. Ce serait un bel endroit pour les bêtes. » En tout cas, l'idée plaisait beaucoup à l'antiquaire. Elle avait recueilli ses animaux parce qu'ils n'arrivaient pas à trouver des maîtres à cause de leurs antécédents. Finn était épileptique. Il avait des problèmes psychologiques à cause de son abandon, et Octave, s'était fait renversé par une voiture qui lui avait ôté une patte et il avait vécu des années dans la rues, dans des conditions insupportables. C'était un sujet qui tenait à cœur à la jeune femme et Duncan le savait. Combien de fois, elle avait ramené avec elle, une bête malade, blessée et ensemble, ils les avaient soigné. Puis aux dernières paroles du chirurgien. « C'est parce que tu n'as pas mangé sainement depuis longtemps. » Célia ne pensait pas que ses talents culinaires étaient extraordinaires. Mais ça lui faisait plaisir quand même. Puis elle demanda à Duncan. « Tu as prévu quelque chose durant tes jours de repos ? »
A la remarque de Célia, Duncan fronça légèrement le nez. Il était persuadé cas quarante ans, Célia serait toujours aussi belle qu'aujourd'hui mais il se doutait bien que d'ici là elle aurait trouvé quelqu'un. Elle méritait d'être heureuse, de connaître se bonheur qu'on peut partager avec quelqu'un et même avoir des enfants, pourquoi pas ? Elle pouvait faire tout ce qu'elle souhaitait, de toute façon, il serait toujours là pour la soutenir. Pour ce qui était de son propre avenir, il s'en moquait un peu. Peut-être qu'il regrettait ses choix présents qu'il faisait en restant seul mais ça il ne s'en rendrait pas compte tout de suite.
- Je refuse que tu dises cela, tu seras toujours belle.
Duncan haussa doucement les épaules en regardant Célia dans les yeux. Il n'était peut-être pas objectif car après tout, Lia était une des personnes les plus importante dans sa vie, il l'aimait beaucoup. Il ne pu s’empêcher de rire lorsqu'elle mentionna qu'il aurait des enfants. Pour cela faudrait-il qu'il puisse trouver la futur mère et alors là oui il pourrait faire un remake de « How I met your mother » dans quelques années.
- Si tu parles de tous ces enfants du Mali que je vais sauvé alors oui tu as raison, ce sont tous mes enfants.
Il lui tira la langue avant de reprendre son sérieux en écoutant ce que Célia avait à lui dire. Duncan était lui-même très emballé par l'idée car de voir de pauvres animaux se faire piquer parce qu'ils ne peuvent pas être adopté, lui faisait toujours un pincement au coeur. Mais il n'avait pas le temps pour ouvrir ce genre d'endroit et que sa meilleure puisse le faire, il trouvait ça génial.
- Je trouve l'idée superbe. Si tu veux que je t'aide à arranger cette veille ferme, se sera avec plaisir. Et si je peux aidé pour n'importe quoi d'autre aussi mais avec une star à tes cotés, je suis sûr que tu es entre de bonnes mains !
Duncan bu un grand verre d'eau.
- Peut-être que tu devrais me donner quelques cours de cuisine ? J'aurais le temps de cuisiner durant les prochaines semaines. Pour après, je ne promets rien, manque de temps tout ça…
Le manque de temps était vraiment une bonne excuse qu'il utilisait à toutes les sauces. Il secoua doucement la tête de gauche à droite finissant son assiette.
- Pas vraiment. Je vais pouvoir planifier quelques rendez-vous pour faire avancer mon projet, avec la banque par exemple mais sinon je pense que je vais m'ennuyer, encore et encore. Chouette programme non ?
Célia n'en savait rien. A vrai dire, plus elle y pensait et plus elle se disait qu'elle n'aura jamais sa propre famille à elle. Elle avait déjà tellement de mal à accepter un rendez-vous alors porter l'enfant de quelqu'un... C'était effrayant, limite cela la paniquait. Peut-être parce qu'elle n'avait pas encore eu le cran aussi, d'y croire. C'était facile de se trouver un tas d'excuse. Mais elle, elle savait très bien où elle en était. Elle refusait de s'engager. Cela lui faisait peur. Elle ne voulait pas être blessée par les autres alors elle les repoussait. Duncan était bien l'un de ses seuls amis qu'elle acceptait à ses côtés ces derniers temps. Elle était difficile à vivre. Elle ne se sentait pas vraiment bien. Elle avait même réussi à se disputer avec Selina. Alors que toutes les deux avaient besoin de l'autre... Le sourire de la jeune femme s'estompa un peu quand son meilleur ami parla des enfants du Mali. Cela faisait cruellement écho à ce qu'elle ressentait. Quand elle avait perdu Tim, c'était comme si elle avait perdu son propre enfant. C'était le premier patient dont elle s'était occupée. Elle venait à peine de commencer sa garde aux urgences ce soir-là quand il était arrivé. Ce bout de chou s'était accroché à elle. Et elle à lui. Célia resta silencieuse. Elle prit une gorgée de citronnade qu'elle avait fait elle-même. Aux nouvelles paroles de Duncan, elle reporta son regard sur elle. « A vrai dire, si tout ça se concretise, on aura besoin de tous les bénévoles possibles. La ferme est grande et elle a été laissé à l'abandon pendant plusieurs mois. Alors oui, ton aide ne sera pas de refus. » Ajouta la jeune femme, retrouvant son sourire. Ce projet lui tenait à cœur. Elle avait toujours adoré les animaux. Elle reprenait foi en l'humanité à leur côté. Ces bêtes ne demandaient jamais rien et pourtant, elles vous restaient fidèles jusqu'à la fin de leurs vies. Célia trouvait ça admirable. Elle ne connaissait pas beaucoup d'être humains qui pourraient se comporter comme ça. Ici, dès que les choses n'allaient pas, on pouvait compter nos amis sur les doigts d'une main. S'il en restait encore. Bien sûr, Célia savait que Duncan était différent. Jusqu'à présent, malgré leurs petites disputes, elle n'avait jamais été déçu par lui. Jamais. Elle finit par toucher à son plat, prenant une bouchée encore chaude. Cela tombait bien parce qu'elle avait un peu négligé son alimentation ces derniers temps. « Je suis toujours partante pour te donner des cours. On verra si tu es un bon élève ou si tu fais le pitre comme lors de notre internat. » Duncan était le plus dissipé des deux à cette époque. Célia, la plus sérieuse. Il faut dire que Duncan sortait pas mal parfois, alors que Célia était toujours bénévole pour une garde supplémentaire. Déjà à cette époque, les rapports avec les autres, étaient compliqués pour la jeune femme. Elle laissait ça à son meilleur ami et à sa sœur. D'ailleurs ces derniers étaient sortis ensemble à cette époque. « Ton rendez-vous avec la banque ? » Célia était curieuse. Elle aussi, elle avait eu un sacré choc à la tête mais elle ne se souvenait pas d'un projet ou d'un rendez-vous quelconque avec une banque. Même si elle pensait que cela avait un rapport avec le Mali. Célia était convaincu que Duncan voulait repartir là bas. Et dans un coin de son cœur, cela ne plaisait pas trop à la jeune femme. Mais comme d'habitude, elle garda ça pour elle.
Le problème avec une amitié entre une femme et un homme, c'était cette frontière très mince des sentiments. Ils pouvaient très vite se développer même lorsqu'on prétendait le contraire. Ça devenait vite compliquer et finalement cette amitié qu'on pensait solide se fragilise encore et encore jusqu'à la rupture. Le truc avec Célia et Duncan, c'est qu'ils étaient pareils. Pas prêts à s'engager, pas prêts pour avoir des enfants, pas prêts pour simplement admettre qu'ils pouvaient aimer une personne. Leur amitié était solide quoi qu'en disent les gens autours d'eux. Il aimait profondément Célia et il aurait tout donner pour qu'elle soit heureuse et là, à cet instant présent, il voyait bien que quelque chose n'allait pas. C'était un peu délicat de lui en parler, de voir son sourire s'effaçait après ce qu'ils avaient vécu, il voulait simplement la rassurait. Duncan avala la dernière bouchée de son assiette puis il sourit légèrement à son tour.
- Pas de problème, tu peux compté sur moi, même pour après, s'il te faut quelqu'un pour aller acheter de la nourriture où se genre de chose mais je suppose que je brûle un peu trop vite les étapes.
Le fait qu'elle mentionne l'internat le fit sourire. Malgré les moments difficiles, parce qu'il y en avait eu, il en gardait de très bon souvenir. De toute façon, il y avait rencontré Célia, rien que ça, c'était un très bon souvenir. Si elle n'avait pas été là, il aurait décidément bien eu du mal à se concentrer sur ses révisions. Il se mit à rire puis il regarda Célia.
- Tu sais que j'ai toujours ma fausse paire de lunettes ? Celles que je mettais après qu'on met vomi à la figure pendant une nuit à la mine. Tu avais été obligé de me nettoyer les yeux, je ne voyais plus rien. C'est pas un très bon souvenir finalement, mais je t'avais bien fait rire.
Il acquiesça doucement avant de répondre.
- Pour mon dispensaire. Je dois ouvrir un compte pour pouvoir y mettre les dons. Je dois voir comment ça se passe.
Retourner au Mali, il y avait pensé plus d'une fois mais il s'était fait une raison, de là-bas, il ne pouvait rien faire pour eux alors qu'ici, il y avait tellement de moyen. Cette année était la bonne, il en était persuadé et il pourrait enfin aller chercher quelques enfants et les faire opérer ici. Ce n'était qu'une question de temps. Il fit une légère moue et osa enfin poser une question un peu fâcheuse.
- Tu es sûr que ça va toi ? On dirait que quelque te tracasse. Si tu me dis que c'est faux, j'accepterai ta réponse mais je ne la croirai pas pour autant…
Aussi loin qu'elle puisse se rappeler, Duncan avait toujours été sa moitié. Bien qu'elle avait une jumelle, Célia avait trouvé un Duncan, un être semblable à elle. Une personne qui la comprenait réellement, et elle n'avait pas toujours besoin de parler. C'était la première fois que cela lui arrivait avec un garçon. A cette époque, c'était plutôt Selina qui savait comment se comporter avec la gente masculine. Mais avec Duncan, cela avait collé tout de suite, sans le moindre souci, dès la première seconde. Le même feeling, la même vision des choses, la même ambition, les mêmes passions. Ils étaient pareils. Et c'était souvent vers Duncan qu'elle se tournait ces derniers temps. Depuis que les choses n'allaient pas avec Selina. Célia se réfugiait chez le chirurgien, sans toutefois lui donner la raison de ses visites. Souvent, elle prétextait de regarder un nouveau film qu'elle venait d'acheter. Ils n'avaient pas toujours besoin de parler. Elle savait qu'il était là à ses côtés et cela lui suffisait. C'était comme avant. Avant qu'il ne parte pour l'Afrique. « Oui un peu » avoua la jeune femme avec un léger sourire. « Nous n'en sommes qu'à l'achat. Il y a encore des papiers à signer, des choses à déterminer. » Célia était ravie de ce projet. Même si cela voulait dire qu'elle investissait encore une bonne partie de ses économies. Et la dernière. Elle avait déjà pioché dans son compte épargne pour racheter la bâtisse de Pine Rivers et en faire sa boutique d'antiquités. Mais c'était pour la bonne cause. Et puis, Célia n'avait jamais été très matérialiste. Elle préférait donner que recevoir et cela avait toujours été ainsi. C'était dans sa nature. La jeune femme fit ensuite une moue dégoutée aux paroles de son meilleur ami avant d'enchainer. « Je croyais que tu les avais jeter. Quelle horreur. » Ils en avaient vu des belles aux urgences. Tout le sale boulot, c'était pour eux, les petits internes tout nouveau. Cela ne les dérangeait pas. Parce qu'ils continuaient à apprendre malgré tout. Et puis ce genre d'incident, ça faisait parti du boulot. Célia ne pouvait s'empêcher de sourire. C'est vrai que c'était un bon souvenir. La belle époque. Celle où elle croyait que tout était possible. Qu'elle était remplie d'espoirs et de rêves. Mais maintenant, ça lui paraissait une éternité. Célia reposa son verre tout en reportant ses yeux verts sur son meilleur ami. « Ah oui c'est vrai. » Le dispensaire. Pendant un moment, elle avait cru autre chose. « Si je peux t'aider, il suffit de me le dire. » Bon, elle n'y connaissait pas grand chose en finance mais bon, elle pouvait toujours lui donner son avis et certaines de ces idées. C'était une grande aventure dans laquelle s'embarquait Duncan. Elle ne savait pas si elle pourrait le faire, probablement pas. Mais elle était fier de lui. Parce que ce projet, c'était tout lui. « Et je suis encore en contact avec des amis de MSF. Donc si tu as besoin de mettre en place des déplacements, ils pourront sûrement t'aider. » Elle repoussa un peu les assiettes pour servir le dessert. Une part de crumble aux mûres. Alors qu'elle posait la part dans l'assiette de Duncan, ce dernier reprit la parole. Elle le regarda alors qu'elle se servait à son tour. Décidément, elle avait du mal à cacher ses émotions ces derniers temps. Mais Duncan la connaissait un peu trop aussi, pour passer à côté du moindre changement d'humeur. Elle reprit place sur son siège tout en disant : « Je me suis encore disputée avec Sélina. » Ce n'était pas faux. Avec sa sœur, les choses allaient de mal en pire... Un stress et une angoisse supplémentaire dont elle aurait bien voulu se passer. « Et comme d'habitude, elle joue la victime et je suis son bourreau. Enfin je commence à m'y faire... » C'est vrai que Selina ne cherchait pas à parler. Seule sa vérité comptait et elle ne faisait pas attention à ce que Célia lui disait. « Mais elle a peut-être raison au fond. Je suis la moins rigolote des deux, la moins ouverte. C'est elle qui avait le plus d'amis. C'est elle que les gens appréciaient. Moi j'étais juste l'intello. » Combien de fois elle avait passé ses soirées seules quand elles étaient ado ? Des centaines de fois. Peu de garçon l'invitaient à sortir. Peut-être qu'ils avaient compris que Célia était un peu à part.
Il était vrai que Célia n'avait pas besoin de parler pour que Duncan sache si elle allait bien ou non. Il pressentait quand quelque chose n'allait pas et c'était bien ce qu'il l'avait poussé à faire des recherches à l'hôpital à son retour d'Afrique. Ce n'est pas pour autant qu'ils parlaient de tout mais Duncan faisait tout pour qu'elle aille de nouveau bien et Célia faisait sûrement pareil en retour sans qu'il ne s'en rende compte. Duncan ne parlait jamais de son père et pourtant c'était assez évidant, il était le problème de presque tous ses maux. Au moins maintenant ils se voyaient plus d'une fois par an et c'était vraiment plaisant. On aurait pu croire que l'Afrique les auraient séparé pour de bon mais finalement, ils avaient tenu bons tous les deux. Elle conclue sur son futur achat et il se mit à sourire.
- Tiens moi au courant de chaque étape et s'il faut peindre des murs ou n'importe quoi d'autre, compte sur moi.
Célia fit une tête bizarre en se rappelant de cette vieille paire de lunettes. N'empêche qu'elle ne pouvait qu'admettre que c'était l'idée du siècle pour éviter de finir avec n'importe quoi dans les yeux. Pour ce qui était de son projet, il ne voulait pas impliquer Célia dedans mais il voulait au moins une chose qu'elle soit à ses cotés durant la soirée qu'il donnerait pour récolter des fonds.
- Ça va aller, par contre si je pose une date, tu réserveras ta soirée pour m'accompagner ? Il y aura des petits fours et un long discours.
Pour ce qui était des déplacements, c'était certain qu'ils les feraient lui-même.
- Je pensais commencé léger, deux ou trois enfants seulement. Tu penses que MSF peut faire ça ? Les déplacements coûtent cher. Après je compte pas ramener mon village non plus.
Lorsque Célia si enfin à avouer ce qu'il se passait, Duncan se sentit un peu mal parce qu'il avait vu Selina qui lui avait déjà fait part de cette dispute. Il attrapa les assiettes sur la table pour se rendre dans sa cuisine afin de les mettre dans l'évier et surtout reprendre son calme. Après Selina n'était pas aller dans les détails et pour le coup, Duncan n'avait pas trop chercher à savoir histoire de ne pas avoir à prendre partie ou juger l'une des jumelles sans le vouloir. Une personne se sent obligé dans juger une autre, elle peut dire le contraire mais on est obligé d'y avoir réfléchis et Duncan n'avait pas envie d'être confronter à ça. Il revint à table en s'asseyant de nouveau face à Célia. Il avait rapporté deux petites cuillères puis en lui tendant il écoutait la fin de son histoire. Duncan fronça les yeux tout en la regardant.
- Tu es entrains de dire que depuis tout ce temps je traîne avec la mauvaise sœur ?… Oh mon dieu en fait je ne dois pas être drôle non plus et c'est pour cela qu'on s'entend si bien. Et se serait aussi la raison pour laquelle ta sœur m'aurait largué y a des années. Tout s'explique enfin.
Il fit un léger sourire en coin mais Célia, ça ne la faisait pas vraiment rire.
- Écoute… Je ne sais pas ce qui se passe avec ta sœur, pourquoi vous vous êtes prise la tête mais ça m'a l'air vraiment sérieux. Soit il faut que vous passiez un peu de temps loin l'une de l'autre pour arrivé à vous calmez soit il faut vous expliquez. Mais dire que ta sœur et la meilleure sœur, franchement ? Ce n'est pas mon avis. Et si tu n'étais pas celle que tu es Lia, on ne serait pas là tous les deux à manger cette tarte qui d'ailleurs et excellente.