Cacher des choses à Duncan c'était difficile. La jeune femme avait cru que la séparation aurait changé la donne mais non. Elle ne savait pas si elle devait s'en réjouir ou non. Surtout quand ils parlaient de certains sujets qui pouvaient la mettre mal à l'aise. Elle aurait préféré qu'il ne sache pas lire autant en elle, comme dans un livre ouvert. Elle même savait quand quelque chose n'allait pas. Elle l'avait su rapidement pour la patiente de Duncan. Il n'avait pas eu besoin de parler. Ça se voyait sur son visage. Enfin, en tout cas l'antiquaire savait déchiffrer les expressions qu'il prenait. Alors à ce niveau, ils étaient à égalité. Seulement même s'ils étaient sur la même longueur d'ondes. Cela n'empêchait pas que certains sujets étaient plus ou moins douloureux à aborder. En plus, Célia n'était pas du tout du genre à se confier facilement même avec Duncan. Et surtout pas de ce qui s'était passé à l'hôpital. Pour l'instant, personne n'était au courant et c'était mieux ainsi. Elle n'avait pas à répondre à certaines questions et cela lui convenait très bien ainsi. Aux paroles de Duncan, elle reporta son attention sur lui. « Il faudra sûrement faire de la peinture, mais aussi faire des trajets jusque là. Enfin, si tu veux toujours reconduire quand on t'aura retirer ta protection. » Et ça, c'était moins sûr. Enfin pour un temps en tout cas. La jeune femme savait que son meilleur ami n'était pas du genre à laisser parler ses peurs ou ses appréhensions. Et il avait bien raison. Parfois, elle devrait faire comme lui. Ce serait plus facile. « Faire bonne présentation et garder sans cesse un air intéressé, je sais faire. » Ajoutait-elle à moitié en plaisantant. A vrai dire, elle n'aimait pas ces soirées. Mais elle y assistait parfois pour des bonnes causes. Quand elle pensait aux autres, elle arrivait à faire abstractions aux choses qu'elle n'appréciait pas. Et là, en l’occurrence si c'était pour rendre service à Duncan, elle pourra le faire sans problème. Et puis, Selina lui avait déjà fait la remarque qu'elle ne sortait pas assez. Elle pourra inscrire cette date sur son agenda. Cela fera plaisir à la jeune femme, enfin pour l'instant, elles ne se parlaient plus. Et c'était en partie à cause de Célia. Mais elle assumait. Sa sœur ne pouvait pas lui balancer ça à la figure et attendre d'elle, qu'elle se jette dans ses bras en lui disait que c'était merveilleux... En plus Selina n'avait même pas de compagnon fixe... Elle ne faisait que des rencontres d'un soir. Super le profil du futur père... La jeune femme quitta ses pensées quand le chirurgien lui parla de MSF. Célia, secoua doucement la tête avant de rectifier. « Non, ce que je voulais dire, c'est qu'ils sont dans la région. Et que s'ils peuvent faire d'une pierre, deux coups, ils pourraient le faire. » Elle avait travaillé longtemps avec l'organisme et elle savait comment il fonctionnait. Cela ne serait pas une première, s'il profitait d'un convoi humanitaire pour pratiquer un vol médicalisé. « Si tu veux, je te passerai le numéro de Matt, c'est un pilote. Il se trouve dans la région de Gao. Le moment venu, tu n'auras qu'à lui donner tes coordonnées. » Matt était un médecin sur qui on pouvait compter. Il était là bas depuis quelques années lui aussi, ayant par la suite épousé une malienne. Maintenant, il se sentait plus malien qu'anglais, alors qu'il avait usé ses baskets dans les quartiers de Coventry et de Camden. La jeune femme prit unpart de son crumble alors que la conversation s'orientait sur Selina. Malgré les paroles de Duncan, Célia n'était pas vraiment d'humeur à rire sur ça. Même si elle savait que Duncan essayait de lui soutirer un sourire. C'était un peu difficile pour l'instant. Selina était un sujet sensible. Et encore, le chirurgien ne savait pas tout. « Ma sœur a toujours pris de mauvaises décisions. » Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de l'antiquaire. Ouais, ça c'était pas cool. Mais c'était un peu la vérité. C'était pour ça que Selina était adorable. Elle parlait avec son cœur et non avec des mots. Mais voilà où cela la menait parfois. Célia observa Duncan aux derniers mots de ce dernier. Elle avait besoin que quelqu'un croit encore en elle. Sans la médecine, elle avait l'impression de ne plus trop exister. Les mots de son invité lui faisaient donc plaisir. Elle garda un sourire sur les lèvres avant de dire : « C'est pour en avoir une autre part que tu dis ça ? » Mais c'est vrai qu'il était bon ce crumble.
Duncan était très emballé à l'idée d'aider Célia sûrement parce qu'elle avait toujours de beaux projets encore plus grands que les siens. Tous les deux avaient un coeur énorme mais celui de Célia était encore plus grand. La seconde chose était qu'il pourrait passé du temps avec elle comme à l'époque où ils avaient construit l'école au Mali ou même bien avant à l'internat. Mais ils avaient changés depuis, ils avaient grandit tout simplement. Lorsqu'elle parla des trajets à faire, il hocha simplement la tête de bas en haut. Il comptait bien reprendre sa voiture car il se rendrait vite compte que prendre les transports en commun était une perte de temps pour lui surtout pour se rendre à l'hôpital en cas d'urgence. Le seul problème, c'était qu'il ne voulait pas de nouvelle voiture et ça prendrait un temps fou de réparer celle qu'il avait mais bon, il était têtu alors peu de choses pourrait le faire changer d'avis à moins que Célia le fasse mais comme elle n'aimait pas les voitures, il y avait peu de chance que cela arrive.
- Je vais tenté de faire réparer ma voiture. En attendant oui se sera compliquer mais de toute façon avec un plâtre, je ne peux pas conduire donc c'est réglé pour le moment. Compte sur moi pour le reste et si tu veux stocké des objets dans mon garage en attendant que se soit fini ou emprunter des outils, tu es chez toi, enfin tu sais bien.
Il ne pouvait pas nier qu'il aurait sûrement une petite appréhension en reprenant ce fameux carrefour, car il serait obligé d'y repasser un jour ou l'autre, mais il n'était pas du genre à se laisser envahir par ses peurs du moins lorsqu'elles n'étaient pas trop grandes. Il sourit simplement tout en finissant son dessert lorsqu'elle parla de la soirée. Duncan préféra laisser le sujet de coté pour le moment, tant que ce n'était pas officielle à quoi bon se faire des illusions. Il mettait tout en place petit à petit et cela lui aller très bien. Quand elle parla des médecins sans frontières, Duncan prit un air sérieux sur le visage. C'était un sujet sur lequel il ne riait jamais. Il était toujours professionnel quand il s'agissait d’humanitaire.
- D'accord, merci. Je vais noté ça tout de suite pour ne pas l'oublier.
Sortant son smartphone, il ouvrit une note pour écrire tout ce que venait de lui dire Célia au sujet de Matt et des MSF. Il posa ensuite son téléphone sur la table en regardant sa meilleure amie dans les yeux. Très clairement, il voyait très bien que quelque chose n'allait pas mais c'était plus fort qu'elle, elle ne disait rien. C'était étrange que même à lui, elle hésitait à dire des choses mais ils étaient tout aussi réserver l'un que l'autre donc ce n'était pas étonnant finalement. Duncan se mit à sourire doucement.
- Je dois avoué qu'une deuxième part serait tentant mais j'aimerai en garder pour plus tard. Pour ce qui est de ta sœur, si tu souhaites en parler plus en détail, tu sais où me trouver dans le cas contraire, s'il te plait ne te ruine pas la santé à ruminer ce je ne sais quoi qui s'est passé entre vous. Pour changer de sujet, ça te dirait qu'après manger on aille se balader sur la plage ? Après tout, on a juste à passé ma porte baie vitrée, se serait bête de ne pas en profiter. Et ça me changera de l'air de l'hôpital, je ne savais pas que cet odeur pouvait être aussi agaçante dès qu'on portait une blouse de patient.
Depuis qu'elle était autonome, qu'elle faisait des études, qu'elle bossait après les cours, après l'internat, Célia avait pris l'habitude de se débrouiller quand il s'agissait de se déplacer. Elle ne comptait jamais sur les autres. Elle utilisait ses propres moyens. Souvent, elle faisait les trajets en vélo. Parfois, elle appelait un taxi quand les distances étaient trop grandes, ou encore les transports en commun. Bien sûr, elle usait du taxi quand elle avait des urgences à l'hôpital. Mais en général, elle partait juste un peu plus tôt pour être là, à l'heure et en plusieurs années d'internat, elle n'était jamais arrivée en retard. Jamais. Alors, elle avait su se passer de voiture. Pour la jeune femme, ce n'était qu'un moyen de polluer un peu plus. Un moyen pour le gouvernement de s'enrichir en diverses taxes sans compter sur la guerre du pétrole dans les pays pauvres. Bref, encore aujourd'hui l'antiquaire ne regrettait pas son choix de vie. Mais elle savait que la voiture était indispensable pour son meilleur ami et elle ne le jugeait nullement là-dessus. Célia n'était pas du genre à imposer ses choix aux autres. Cela n'avait jamais été le cas et ça n'allait pas commencer aujourd'hui. « J'ai quelques outils chez moi. Je pense que ce sera suffisant. » Oui, Célia avait réussi à apprendre certaines choses. Vivant toute seule, elle avait rapidement appris à savoir changer une ampoule, réparer des choses ici et là. Mais elle ne touchait jamais à l'électricité. C'était un peu trop dangereux pour elle. Alors elle laissait ça aux vrais spécialistes. « Mais je veux bien un peu de place dans ton garage. Je compte faire des collectes et si ça fonctionne bien, j'aurais des cartons à entreposer. » Célia était une femme d'affaires à présent. Elle avait appris à mener les gens là où elle voulait. Elle était rodé au marketing et elle comptait en donner les bénéfices à ses petits protégés.
Elle laissa ensuite Duncan ouvrir son téléphone et noter tout ce qu'elle venait de lui dire. Elle lui donna le nom et prénom de Matt ainsi que ses coordonnées et celle de la branche de MSF qui se trouvait encore à Gao. Pour Duncan, ce serait le meilleur moyen pour s'assurer que les transferts se déroulent bien avec la fondation. « De rien. Tu sais, ce n'est pas parce que j'ai arrêté la médecine que je ne m'intéresse plus à MSF. » Même au contraire. Elle se renseignait régulièrement sur ce que ses anciens collègues faisaient. « Et puis ce pays, je l'aime aussi. » On ne pouvait que l'aimer. Là-bas, Célia avait de très bons souvenirs. Six ans à faire des voyages, à revoir des personnes qui faisaient à présent partis de ses amis. Tout cela comptait pour la jeune femme. Et même après Timothée, elle avait reçu un peu de réconfort des petits maliens du village. Elle avait reçu beaucoup de la part de ses gens alors qu'ils étaient pauvres. Mais Célia savait que les choses immatérielles, les liens d'amitiés, de soutien, de partage étaient beaucoup plus important, que l'argent matériel qui n'apportait finalement que des illusions. Seul le cœur était capable de voir réellement les gens tels qu'ils étaient. Et pour l'antiquaire, c'était le plus important.
La conversation tourna ensuite sur Selina. Célia était encore un peu fâchée contre elle. Duncan ne savait pas pour sa jumelle. Il ne savait pas qu'elle était enceinte d'une histoire sans lendemain. Et à vrai dire, Célia n'était pas celle qui devait lui avouer. Ce n'était pas à elle de lui dire ça et puis, qu'est-ce que cela allait changer ? Rien. « J'aimerai bien garder mes distances pendant un moment avec elle. » Et c'était vrai. Aussi étrange et peut-être cruel cela pouvait être, elle n'avait pas envie de voir sa sœur pour l'instant. Elle s'en fichait si Selina se faisait passer pour la victime dans l'histoire. Célia n'allait pas agir différemment. C'était Célia. « Je suis partante pour une balade. Et Finn aussi. » Ce dernier se mit à aboyer en voyant sa maîtresse qui allait déposer ses couverts dans l'évier de la cuisine. Un peu d'air frais allait leur faire du bien.
Duncan était impressionné par le travail que pouvait accomplir Célia. Elle se débrouillait vraiment bien seul et lui-même ne savait pas s'il en aurait été capable. Être médecin c'était facile pour lui, il avait fait des études et il connaissait maintenant son métier. Mais du jour au lendemain changeait de voie pour complètement autre chose, est ce qu'il en serait capable ? Bien sûr, depuis qu'il avait construit une école, il avait quelques notions de bricolage mais de là, à mettre en place tout un refuge, il était impressionné, il n'y avait pas des meilleurs mots pour qualifier ce qu'il ressentait.
- Si jamais il te manque quelque chose, tu viens te servir même si je ne suis pas là, tu as toujours les clés du garage ? Et pas de soucis pour tes cartons.
Il y avait beaucoup de places dans cette maison, même un peu trop parfois. Il se rendait compte qu'il avait une chance incroyable de pouvoir avoir une maison pareille mais il n'en faisait jamais toute une histoire auprès des autres. Duncan avait hâte de voir le refuge prendre vie. Il aimait beaucoup les animaux et c'était presque sûr qu'il y passe régulièrement pour aider Célia avant ou après son travail. Leur conversation divergea vers le dispensaire et Duncan prit tout un tas de petites notes intéressantes sur son téléphone, histoire de rien n'oublier. S'il le perdait se serait terrible, il y notait tout. En Afrique, il n'y avait que les téléphones satellites sans applications « bloc-notes », c'était très différent. Duncan se mit à sourire.
- Si mon projet aboutit, tu aimerais venir avec moi au Mali ? On ne resterait pas longtemps, juste le temps de prendre des nouvelles, apporter des dons et revenir avec quelques enfants. Je suis sûr qu'ils seront tous contents de te revoir… C'est l'histoire de quelques jours seulement.
Duncan n'était pas sûr que cela plaise à Célia étant donner sa coupure net avec la chirurgie et même si elle disait encore prendre des nouvelles. Y aller, ce n'était pas pareil. Lui aussi, il aimait tellement ce pays, ces gens et même la culture. Tout était différent et pourtant si intéressant. Le seul gros point noir était la guerre, hélas.
- Moi aussi, j'en suis dingue de ce pays.
Célia avait bien raison sur un point que sa jumelle soit enceinte n'allait pas changer grand-chose dans la vie de Duncan sauf que peut-être il penserait à la maternité, aux examens à faire et tout ce qui concerne la médecine mais le reste, c'était privée et ils n'étaient pas assez proche pour que ça ait un quelconque impact sur lui. Mais malgré ça, ça en avait un peu au travers de Célia. Elle n'était pas bien et ça ne plaisait pas à Duncan. Il laissa le sujet de coté, puis il se leva à son tour entendant Finn aboyait il se mit à rire.
- Je crois qu'il confirme !
Aidant Célia à débarrasser, il rangea rapidement la vaisselle dans le lave-vaisselle, un bras en moins ne faisait pas de lui quelqu'un de totalement handicapé, enfin, il l'espérait. Duncan s'approcha ensuite de la baie vitrée, afin de l'ouvrir. C'était une belle journée, marcher sur la plage serait fort agréable.
- Tu sais que Andy veut m'apprendre à faire du surf ? Tu crois que je vais me casser l'autre bras ? Ou peut-être une jambe...
Parfois elle se sentait coupable. Coupable de ne pas aider davantage Duncan. Coupable de ne pas l'aider comme elle le faisait autrefois quand elle pouvait opérer à ses côtés. Mais tout ça, c'était derrière elle. Célia avait abandonné la médecine. Elle avait fait un trait sur son passé. Elle ne voulait plus retoucher à un scalpel. Et elle espérait que son meilleur ami le comprenait. Parce que d'autres, ne l'avaient pas encore compris. Certains lui lançaient encore des regards suspicieux. Certains pensaient encore qu'elle avait pété un câble et que tôt ou tard, elle allait reprendre le chemin de l'hôpital. Mais ce n'était pas le cas. Célia en avait fini avec tout ça. Elle avait tourné la page. Elle avait ouvert sa boutique et elle adorait ce qu'elle faisait. C'était le plus important non? Elle savait que ce n'était que de cette façon qu'elle allait pouvoir être à nouveau heureuse. En tout cas, elle faisait tout pour y arriver. Elle y travaillait chaque jour. Il n'empêche que parfois, elle se demandait si elle aurait encore sa place dans son ancien milieu, s'il lui arrivait par un coup du sort, de devoir opérer. Rien que cette idée lui donnait la chair de poule. Tout ça, ce n'était plus pour elle. « Ton projet va aboutir, j'en suis certaine. Il n'y a pas de raison pour qu'il ne voit pas le jour. » Duncan était aussi têtu et déterminé qu'elle pouvait l'être. Quand il voulait quelque chose, il s'y consacrait à mille pour cent. Alors elle ne doutait pas que ce dispensaire allait voir le jour. Et elle comptait bien l'aider pour cela s'il avait besoin d'aide. D'ailleurs, le médecin lui proposa de l'accompagner au Mali. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas mis les pieds en Afrique et plus précisément au Mali. Ce pays, elle l'avait adoré dès qu'elle était arrivée. Un véritable coup de foudre. « Je veux bien t'accompagner. Même si je doute que les enfants se souviennent encore de moi. » Elle n'en était effectivement pas certaines. Pourtant Célia avait fait de très belles rencontres, qu'elle ne pourra jamais oublié. Puis elle précisa quand même : « Et je viendrai en tant qu'amie. Je ne toucherai à rien de médical. » Et Célia tenait à mettre les choses au clair. Elle ne savait pas trop pourquoi mais elle avait eu besoin de le dire. Elle ne savait pas si Duncan était comme les autres. Si lui aussi, pensait qu'elle avait fait une erreur en arrêtant la médecine. A vrai dire, il n'en avait jamais parlé. « Mais faire un petit voyage là-bas, va me faire du bien. Cela fait un moment que je songeais à prendre quelques jours de congés. Alors tu peux compter sur moi. » Ajouta la jeune femme en se levant pour aller débarrasser la table. Duncan l'aida. Puis une fois la maison en ordre, ils quittèrent la villa pour se promener sur la plage, Finn à leurs côtés. Célia aimait toujours autant ce petit coin de paradis. Elle ne regrettait pas d'avoir signé ce bail. Elle se sentait bien ici. Elle essayait d'être le plus possible en communion avec la nature. Et puis, elle pouvait admirer les couchers de soleil. Comme ce soir-là. Elle esquissa un sourire en jetant un œil à Duncan. Elle était heureuse de le voir ici, là avec elle et en bonne santé. Il lui avait manqué quand il était au Mali. L'avoir à ses côtés et qu'il soit devenu son voisin, cela n'avait pas de prix. Puis aux paroles du médecin, Célia ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire. « Ou peut-être les deux ? » Elle adorait le surf. Elle en faisait depuis qu'elle était gosse. Le principal était de pouvoir trouver son point d'équilibre. Une fois fait, le plaisir pouvait prendre place. « Je dois encore avoir des genouillères et un casque dans mon garage si tu veux. » Un fin sourire amusé s'afficha que les lèvres de l'antiquaire.
Duncan comprenait entièrement Célia sur son choix professionnel, du moins, il ne l'avait jamais pointé du doigt. D'ailleurs, lui-même, ne se voyait autrement que chirurgien mais si un jour il changeait d'activité, il savait que Célia comprendrait. Et puis pourquoi pointer quelqu'un du doigt pour un changement de cap ? C'était ça, avoir le libre arbitre et faire ses propres choix. Lorsqu'elle parla de son projet pour les enfants du tiers monde, il se mit à sourire en guise de réponse. Il était certain d'une chose, tout le monde là-bas se souviendrait d'eux et même de Célia. Elle était venu plusieurs fois et les enfants du village l'adorait. Normal, avec les nombreux jouets qu'elle ramenait à chaque fois.
- Je crois qu'ils ont une bien meilleure mémoire que nous. Et pour ce qui est de la partie médicale normalement tout sera prêt à notre arrivée mais de toute manière je ne t'aurais jamais demandé une telle chose.
Elle ne le savait pas mais il avait découvert pourquoi elle se sentait ainsi et non, il ne pensait pas qu'elle devrait reprendre la médecine. Du moins pas avant d'être prête et si c'était jamais alors tant pis. Jamais il ne la forcerait à faire quoi que se soit à part peut-être coiffer ces petites filles du village. Il était un piètre coiffeur et les mamans repassaient toujours derrière lui. On peut dire qu'il avait vraiment touché à tout là-bas.
- Compte sur moi, tu pourrais aussi venir au retour des enfants, comme ça tu verrais le bon côté de mon programme, la réhabilitation.
Alors qu'ils étaient sorti dehors, le sujet dériva sur le surf. Il était nul en sport, presque dans tous les sports… Il se voyait bien sur une planche avec tout l'attirail qu'on pouvait avoir en faisant du vélo. Duncan se mit à rire et leur échange continua comme ça une bonne partie de l’après-midi, il en oublia presque sa douleur à la tête et au bras comme quoi Célia était le meilleur médicament de cette ville. Il la raccompagna ensuite chez elle, à peine quelques maisons plus loin, lui souhaitant une bonne soirée tout en la serrant contre lui.