Gabriel se demandait une chose. Est ce que Adaline serait resté avec lui si elle n'était pas tombé enceinte ? Est ce que leur histoire aurait finalement continuer pour évoluer dans quelque chose de plus sérieux ? Il aurait menti en disant qu'il n'avait jamais imaginer sa vie futur avec Adaline. Elle avait été son véritable premier amour et il ne pouvait décidément pas l'oublier comme ça. Cependant, il avait aussi une certaine rancœurs qu'il avait tout autant de mal à oublier et comme elle l'avait si bien dit, il était quelqu'un d'assez têtu. Plus elle lui parlait de Lyam et plus il se sentait impressionné. Elle s'arrêta et il se stoppa à son tour regardant Adaline dans les yeux.
- Pourquoi ne pas lui avoir dit ? Pourquoi ne lui avoir dit que certaines choses ?
En disant ces quelques mots, il se rendit compte qu'il n'avait pas reconnu Lyam à sa naissance et qu'il n'était donc pas vraiment son père. Ceci l'attrista légèrement mais ce n'était qu'un détail non ? Les liens du sang était certainement plus fort mais peut-être que Lyam ne l'aimerait pas, c'était aussi une hypothèse, surtout s'il avait idéalisé le père parfait pendant les dix premières années de sa vie. Bon, Gabriel arrêta de penser à tout et n'importe quoi pendant deux minutes. Il se concentra sur la vidéo, l'écran n'était pas très grand mais il essayait de s'imprégner de chaque détail. Le premier rire de Lyam le fit sourire, c'était impossible de réagir autrement, il était vraiment mignon, assit son lit à parler en face de cette caméra. Gabriel pouvait voir clairement qu'il mettait tous ses espoirs dans cette vidéo. Lorsqu'il montra le petit robot à l'écran, Gabriel se mit à parler, un peu moins fort comme une sorte de murmure pour ne pas interrompre Lyam qui parler.
- Il doit tenir toute cette intelligence de toi, ce n'est pas possible autrement.
A l'école, il n'avait jamais été le premier de sa classe. Il avait même redoubler une classe en primaire car il avait de grosse difficulté à lire. Gabriel avait toujours détester l'école. Il passait son temps à dessiner et les professeurs n'aimaient pas beaucoup ça. Au lycée, il avait toujours eu des notes corrects mais on ne pouvait pas dire qu'il avait eu son diplôme haut la main, non il avait beaucoup travailler pour ça. Quand Lyam se mit à parler du fait qu'il ne pouvait pas appeler d'autre personne « papa » et qu'il lui avait écrit des lettres, Gabriel sentit sa gorge se nouer. Il s'en voulait tellement d'avoir baisser les bras lorsque Adaline était parti. Elle lui avait tellement dit de choses blessantes qu'il avait laisser tomber sans se battre. Peut-être que s'il avait insister ne serait-ce qu'un petit peu… Il continua à murmurer mais plus pour lui cette fois-ci.
- Je veux ces lettres…
Plus Lyam parlait et plus Gabriel avait envie de le rencontrer même s'il savait très bien qu'il se sentirait complètement perdu. Qu'est ce qu'il pourrait bien lui dire à ce petit garçon ? Qu'il était désolé de ne pas avoir su qu'il existait ou quelque chose dans ce genre là… C'était étrange, d'avoir peur de rencontrer son propre enfant. Il redressa son visage mais Adaline regardait ses chaussures alors il regarda l'horizon en lui répondant.
- Je ne lui en veux pas, il a l'air d'être un petit garçon plein de vie qui aime beaucoup sa maman.
Lorsqu'elle tourna son visage vers le sien, il en fit de même. Comment il le trouvait ? C'était vraiment difficile de répondre à une question pareille après avoir vu son fils cinq minutes sur une vidéo. Il était un peu partager mais une chose était sûr, il s'en voudrait toute sa vie s'il disait à Adaline qu'il ne voulait pas connaître Lyam et puis ce n'était pas la vérité même s'il ne se sentait pas vraiment prêt à ça présentement.
- Je trouve que tu as de la chance de l'avoir. Tu devrais lui dire que j'aimerai beaucoup voir ces lettres qu'il a écrite.
Son visage était neutre parce qu'il était partagé entre sa gorge noué et le sentiment d'avoir retrouver quelqu'un qui lui avait manqué pendant des années inconsciemment. Parce que oui, Gabriel s'était toujours sentit seul comme si quelque chose n'était pas à sa place et il savait maintenant ce que c'était. Il avait un fils de l'autre coté de l'atlantique.
Je suis tout de même étonnée que Gabriel prenne aussi bien la nouvelle de son fils, et cela n’est pas pour me déplaire. Lorsqu’il me regarde, lorsqu’il me pose toutes ses questions, j’ai l’impression de retrouver l’homme qui m’a fait tomber de si haut il y a quelques années. J’aurais donné n’importe quoi pour rester avec lui, mais je ne crois pas que je serais restée. Même sans la venue de Lyam, j’avais trompé Gabriel. J’avais couché avec Antoine pendant mon séjour à Paris, et c’était tout à fait impardonnable. Je n’avais pas seulement couché avec lui, j’avais eu une relation à long terme tout le long de mon séjour, sans que je puisse compter cela comme un couple. Nous avons été très intimes, et j’ai réussi à découvrir une partie de moi que je ne connaissais pas grâce à Antoine. Mais au-delà de cela, je ne l’avais pas aimé. Mon cœur appartenait toujours à Gabriel, et malgré mes aventures, mon cœur allait probablement toujours lui appartenir. Mais, même si j’aimais Gabriel, j’étais incapable de l’embrasser sans penser à Antoine, sans me dire que je profitais de lui. J’avais fait des conneries, mais je savais que c’était le genre de conneries qu’il ne pourrait jamais me pardonner. Encore aujourd’hui, je me donne le droit de garder ce secret pour moi-même. Un secret beaucoup plus puissant que la naissance de mon fils, je le crains bien.
- Pourquoi je ne lui ai rien dit d’autre? Car il est assez intelligent que si je lui avais donné ton nom, il aurait fini par te retrouver et il aurait trouvé un moyen de te contacter. Aurais-tu trouvé cela encore plus bizarre que ton propre fils t’apprenne son existence? Je crains que tu aurais mal réagis, encore moi surtout. Alors non, je ne lui ai jamais dit ton nom. Il aurait trouvé un moyen de te retrouver, et je ne pouvais le permettre. Je n’étais pas prête, et lui non plus d’ailleurs.
J’enregistre ce que me dit Gabriel alors qu’il regarde la vidéo. Je n’ose pas l’interrompre, mais je me promets de lui en parler par la suite. Je suis contente qu’il veuille les lettres de Lyam, cela avait toujours représenté quelque chose d’énorme pour lui. Par chance, je les avais amenées avec moi à Brisbane. Ou en fait, mon fils les avait cachées dans ma valise et je les avais découverts en vidant ma valise. Cet enfant était vraiment trop intelligent. Je laisse Gabriel se remettre de ses émotions vers la fin de la vidéo, et je prends une grande inspiration avant de lui répondre
- J’ai toujours été première de classe, il retient de moi là-dessus c’est certain
Je lui souris. Je dois lui dire pour les lettres. Je dois surtout prévenir Lyam le plus tôt possible.
- Et concernant les lettres…
Je ris doucement en secouant la tête
- Il les a cachées dans ma valise avant que je quitte pour Brisbane. Je ne m’en suis pas rendue compte, et je les ai trimbalé jusqu’ici. Elles sont donc avec moi…
Je sais que cela fait beaucoup d’informations à assimilier pour Gabriel, et je regarde mon cellulaire pour vérifier l’heure. Je réalise alors qu’il est passé 2 heures du matin, ce qui me retire un juron
- Il se fait très tard Gabriel, je crois que nous devrions remettre cette conversation un autre jour…
J’hésite avant de poursuivre
- Je vais te laisser mon numéro de téléphone, ainsi que le Skype de ton fils. Je vais le prévenir que je t’ai rencontré, alors c’est à toi de voir si tu veux lui parler en privé ou non.
Je vois le regard perdu de Gabriel se poser sur moi. Il n’a pas besoin de parler que je comprends qu’il n’a aucune idée de ce qu’est Skype.
- Si tu ne sais pas ce qu’est Skype, va faire quelques recherches sur Google, ce n’est pas très compliquer à installer. Cela va te permettre de lui parler malgré le fait qu’il soit au Canada.
Je sors un petit bout de papier de ma sacoche ainsi qu’un crayon. J’y griffonne mes informations ainsi que le Skype de mon fils, et je lui tends. Je m’avance vers lui pour lui donner un bec sur la joue puis je me recule de quelques pas. Je n’ai pas envie de le quitter, mais il se fait tard et j’ai un garçon à contacter.
- Prends ton temps, il va comprendre.
Avant de le quitter, je me souviens des lettres qu’il m’a demandées
- Ah oui, et pour les lettres, je pourrais venir te les porter à l’atelier cette semaine si tu veux…Je connais le chemin…
Je commence a marcher dans la direction opposée, et je murmure assez fort pour qu’il puisse m’entendre
- Bonne nuit Gaby…
Gaby était un surnom que j’utilisais lorsque nous étions en couple. Le dire aujourd’hui me rend nostalgique, mais il sonne bien dans ma bouche. J’ai une folle envie de me retourner et de continuer notre conversation, mais je me contiens en sortant mon téléphone. J’ouvre l’application de Skype et commence à rédiger un texto à Lyam tout en marchant.
''Salut mon bébé, j’ai une bonne nouvelle pour toi. Tu avais raison, ton père était à Brisbane. Je l’ai rencontré ce soir. J’aimerais t’en parler, pourrais-tu m’appeler dans quelques heures? Je dois aller dormir. Je t’aime –xxx- Maman.''
Je ne sais pas il est quelle heure dans mon pays natal, mais je soupçonne qu’il ne verra pas ce message avant quelques heures. J’avais encore le temps d’aller dormir avant que mon fils m’appelle en catastrophe pour tout savoir. Je ne peux lui en vouloir après tout. Mais ça…c’est si je trouve le sommeil. Après tout, je risque d’être hanté par le beau visage troublé de Gabriel cette nuit…
Une chose était sûr, que se soit maintenant, dans trois jours, un mois ou cinq ans, Gabriel aurait exactement la même réaction si Adaline lui avouait l'avoir trompé avec un français. En fait, le mieux pour elle aurait été qu'elle lui avoue tout de suite, au moins, il serait parti pour une bonne raison et elle ne serait pas tombé enceinte. Mais ça ce n'était pas passer comme ça et au final, il valait mieux qu'elle garde le secret, Gabriel était du genre à prendre un avion pour aller frapper un français. Elle se mit à expliquer pourquoi elle avait caché son identité jusqu'à son prénom à son fils, il l'aurait retrouvé et elle avait raison sur un point, Gabriel ne l'aurait peut-être pas aussi bien pris qu'en ce moment et pourtant il avait eu une réaction assez froide. Son regard se posa sur Adaline une fois que la vidéo fut fini et qu'elle reprit la parole.
- Il est vraiment très intelligent. !
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres qui s'effaça rapidement quand elle mentionna qu'il était tard. Il regarda lui-même son téléphone pour constater que effectivement, il était même très tard. Le temps était décidément passé très vite comme l'avait dis son amie, la serveuse du bar qui lui avait dit de venir ce soir. Comme quoi le destin faisait un sale boulot, sans elle, il ne serait jamais venu et il n'aurait pas revu Adaline. Quelque part, il était content de l'avoir revu alors le destin était juste un truc fourbe. Lorsqu'elle parla de Skype, il fronça les yeux. Il se doutait que c'était en rapport avec son ordinateur mais il ne s'en servait pas vraiment, c'était plutôt le truc de son assistante/secrétaire.
- Euh… Oui d'accord.
Gabriel attrapa le petit bout de papier et redressa son visage après qu'Adaline dépose un baisé sur sa joue. Il était un peu largué et finalement c'était peut-être mieux que chacun reparte de son coté. Il acquiescça.
- Passe quand tu veux, si tu connais le chemin. Bonne nuit…
Elle se retourna pour partir. Gabriel la regarda un moment avant de partir de son coté. Y avait pas à dire, elle venait mettre un sacré bazar dans sa vie qui commençait tout juste à être stable. Il prit une grande bouffée d'air avant de rentrer chez lui puis il monta à l'étage pour accrocher le petit bout de papier sur son frigidaire. Gabriel ne préférait rien faire ce soir, de toute façon, il n'arriverait sûrement pas à télécharger skype. Il n'avait pas envie de peindre non plus, c'était quelque chose de rare. Même s'il était deux heures du matin, Gabriel passa une bonne demi-heure sous la douche puis il rejoignit son lit en espérant y voir plus clair au petit matin.