Je me retrouve pas si loin dans la cours. Je m'étais éloignée pour ne pas me faire faire le même coup.  J'aurais aimé voir la surprise sur son visage, mais à l'entendre rire, je me questionne si je ne suis pas allée trop loin.  Qu'est-ce qui m'avait pris de faire quelque chose de la sorte?  Une chose est sûre, c'est que cela me fait rire, il me fait rire.  Je ne me moquais pas de lui, je le taquinais, car je l'aime bien.  Il est gentil, généreux et semble vraiment passionné dans ce qu'il fait.  Peut-être suis-je allée trop loin de lui faire ce coup à un gala professionnel...  Surtout que cet événement compte tant pour lui d'un point de vue personnel aussi...

Je vois un serveur marcher au loin et je cours vers lui.  Je lui demande la serviette qu'il a sur le bras et je lui prends deux coupes de champagne.  Je le remercie gentiment.  J'entends Antoine parler au loin alors que je me rapproche de lui.  Je pose les coupes sur la table avant de me tourner vers lui.  Il s'était levé et, pour la première fois, sa grandeur me semble intimidante.

- Maintenant que tu t’es bien amusée on remonte là-haut non ? Tu ne penses pas que ça serait une bonne idée? 

Il avait raison et je ne me sentais pas du tout fière de ce que j'avais fait, mais loin était mon intention de le mettre mal à l'aise ou en colère.  Je prends la serviette blanche pour le sécher légèrement.  De l'eau a été sur son complet, ce que j'avais essayé d'éviter.  Je m'approche lentement de lui, ne me sentant plus aussi à l'aise qu'il m'a déjà fait sentir.  Je tends le bras avec la serviette comme s'il était un animal que je tentais d'approcher.  Je ne veux pas le mettre inconfortable encore une fois.

Je réussis à me retrouver aussi près de lui qu'il me semble adéquat de l'être.  J'éponge doucement son vêtement avant de glisser le tissus à son cou, puis à ses joues.  Je dois avouer que j'ai dû me hisser sur la pointe des orteils pour sécher son visage, ce qui me fait sourire.  Je lui laisse la serviette pour qu'il puisse se sécher comme il le lui convenait.

Je prends les coupes sur la table et lui en tend une.  Je veux qu'il reprenne un peu l'esprit de la fête comme nous l'avions il y a pas si longtemps.

- Je ne sais pas comment tu as su pour l'importance qu'ont les étoiles à mes yeux, ni même comment tu peux sembler si bien me comprendre alors que nous venons de nous rencontrer.  Je comprends que je n'aurais pas dû t'approcher de la sorte, mais je l'ai fait, car c'est ce que je désirais et je ne le regrette pas. Ce que je regrette, par contre, est d'avoir mis de l'eau sur ton costume.  Cela n'était pas mon intention, j'en suis désolée.  Ce gala est une occasion professionnelle pour toi et je veux pas en aucun cas gâcher ta soirée.  Je comprends que tu doives rentrer à l'intérieur et écouter ces gens se vanter de leur fortune, mais c'est pour une bonne cause.  Heureusement pour moi, je ne connais personne qui en soit atteint, pas dans mon cercle immédiat.  Encore moins depuis que je suis arrivée ici à Brisbane.  Je vois que c'est quelque chose qui te tient à cœur et je veux que tu saches que je ne prends pas cela à la légère non plus.  Je suis désolée si tu as connu ça dans ta vie...  

Je soupire légèrement et baisse les yeux.  Je sentais mon corps trembler légèrement, ce que je m'apprête à faire est quelque chose de très personnel et j'espère que cela plaira à Antoine.  Je suis désolée si je l'ai déçue.  Je sors mon crayon et signe le papier avant de le plier et ranger ma plume à nouveau de ma bourse.  Je n'ai jamais voulu utiliser l'argent que Scott m'a laissé à sa mort, mais aujourd'hui, pour le cancer, pour Antoine et pour son frère, je crois que je ne pourrais pas mieux investir ce qu'il me reste de lui pour sauver tant d'autres vies.  

Je lui prends la main et la serre légèrement pour y glisser le chèque avant de lui sourire timidement.

- J'espère te recroiser à l'intérieur.  C'est un réel plaisir de t'avoir rencontré.  Si tu t'ennuies, tu sais où me trouver.

Je lui souris plus chaleureusement une dernière fois, retirant ma main de la sienne, avant de tourner les talons et le quitter dans le jardin.  Je m'avance près de la porte.  Je rentre à peine dans la maison que je croise le regard du patron d'Antoine.  Je dois conclure mon article.  Je mets mon masque de journaliste et je m'appuie contre le mur pour tenter de mettre, de la façon la plus élégante possible, mes escarpins à nouveau, mais avec un verre à la main et la chaussure dans l'autre, ce n'est pas évident avec la maladresse que j'ai un peu trop souvent.