Quelques jours étaient passés, à peine une semaine pour tout dire. Il avait cherché dans toute la ville, le restaurant le plus « chic » selon lui. Il avait opté pour « l'Esquire » qui était finalement dans son quartier. Il ne s'y était jamais rendu mais sa réputation le précédé alors peut-être qu'il pouvait convenir. Gabriel n'arrivait pas à se sortir Rebecca de la tête, il avait même peint deux toiles qui avaient un rapport direct avec elle et pourtant il savait que tout ça ne mènerait à rien. A force de jouer au chat et à la souris, il finirait par perdre et se fut le cas. Rebecca refusa son invitation et il prit ce refus d'une façon plutôt étrange. Disons, qu'il n'avait pas réellement prit ça pour un « non » mais plutôt pour un autre défi, bien que son ego en avait prit un léger coup.

Pour le coup, il ne l'avait plus appeler et il lui avait encore moins écrit de messages. Ce fut le silence radio pendant environ un mois. Gabriel avait eu d'autres choses à faire, une exposition et quelques commandes très précieuses à ses yeux. Finalement, Rebecca était sorti de sa tête jusqu'à ce jour. Une amie à lui, aussi artiste mais à ses heures perdues lui avait rappelé un restaurant où elle aimait allé et cela fit « tilt » dans la tête de Gabriel. Il sortit donc son téléphone de sa poche pour taper sur un message.


Cette fois, elle n'avait plus le choix mais il avait trouvé l'endroit idéal, ce n'était pas un restaurant où le prix de l'assiette était à plus de cent dollars mais il était en quelques sortes connus de ce lieu. C'était un restaurant qui affichait plusieurs œuvres d'arts et Gabriel exposait à coté de grands artistes et c'était pour lui toute une fierté. Là-bas, même si ça le gênait plus qu'autre chose, il était accueilli et servi comme une célébrité, il en était une pour ce restaurant. Un petit sourire en coin se dessina sur ses lèvres, il se demandait bien pourquoi il n'y avait pas pensé plus tôt.   

L’Esquire. Oui ça aurait pu parfaitement bien convenir. Mais j’avais refusé son invitation. Et pas seulement à cause du restaurant qui était un peu trop fréquenté, mais aussi parce qu’on s’était vus depuis trop peu de temps et que j’avais besoin de me retrouver seule pour me retrouver avec mes esprits. Surtout qu’il y était bien trop présent, et ça aurait été mauvaise de se revoir si rapidement. Seulement, je n’ai plus eu de nouvelles tout à coup. Et pour le coup, j’ai eu peur qu’il ne me recontacte plus. Mais ça m’a énervé de flipper comme ça, de me prendre la tête, de ne plus penser qu’à ça, de regarder bien trop souvent mon téléphone portable. Idiote, je ne suis qu’une idiote. C’est quand j’étais dans ma baignoire que mon portable vibra. Et je ne tardais pas à me jeter dessus. Quand je vis que c’était lui, mon cœur s’affola et je mis du temps à l’ouvrir. Non, je devais me contrôler, je devais refuser. J’allais m’enfoncer et je ne voulais pas. Ce n’est pas vrai. Surtout qu’il ne me laissa pas le choix cette fois-ci. Vendredi soir. Il viendrait me chercher. Et ce fut terriblement long jusqu’à vendredi soir. Je stressais pour un rien, me disant que j’allais faire la morte, et ensuite que j’allais être forte et profiter de cette invitation. Finalement, à l’heure de rendez-vous, j’étais assise sur mon canapé, avec ma robe bleue électrique et parfaitement bien moulante, mes talons adéquate et ma pochette bleue pailletée, en train de bouger un peu trop du genou. Non, ça faisait longtemps que je n’avais pas autant stressé. Est-ce que j’avais déjà stressé autant tout court ? Par contre, il a vraiment intérêt à être à l’heure et surtout à ne pas me poser de lapin, sinon ça allait mal se passer.

Lui poser un lapin ne lui viendrait jamais à l'esprit, bien qu'il aurait très bien pu profiter de cette opportunité pour se venger de toutes ces années au lycée en mettant enfin un terme à ces quelques fois où ils s'étaient tous les deux revus. Mais clairement Gabriel n'avait qu'une seule envie, revoir Rebecca. Pour cela, il ne ferait pas les choses à moitié dans l'hypothèse où elle accepterait cette invitation, chose qu'il ne découvrirait que vendredi soir. En attendant, il avait prévenu le restaurant, qui était ravi de sa venue qui plus est avec une femme. Pour le reste, il n'était pas spécialement angoisser, peut-être parce qu'il était un homme et que à part prendre une douche, il n'avait pas d'autre chose à prévoir.

Vendredi était vite arrivé et Gabriel avait fermé sa galerie un peu plus tôt cet après-midi là. Comme promis il alla prendre une douche et sur un coup de tête comme toujours, il rasa sa barbe et se coiffa correctement. Il opta pour un costume trois pièces, assez classique dans l'ensemble. Gabriel ne voulait pas en faire trop car ce n'était pas du tout dans son caractère. En sortant de la salle de bain, il se rendit dans la chambre de son frère afin de lui emprunter une paire de chaussures cirées noirs. Il n'était pas là pour contester et le jeune homme gagna un temps fou qui aurait pu se perdre en négociation. En descendant les escaliers, Gabriel posa un regard sur sa montre et pour la première fois depuis qu'il avait entrepris de faire cette soirée, son coeur s'accéléra. Il savait qu'il ne pouvait pas être en retard, sinon, c'était la fin, sa fin et d'ailleurs c'était la première fois qu'il n'avait pas eu besoin de quinze milles rappels dans la journée pour ne rien oublier, un exploit. Gabriel attrapa un bouquet de lys blanc qu'il avait acheté plus tôt dans la matinée, après tout, il ne pouvait pas arrivé les mains vides. Il n'avait aucune idée si cela plairait à Rebecca mais les roses c'était un peu trop clichées, non ?

Gabriel prit soin de fermer correctement derrière lui puis il prit la direction de chez Rebecca qui habitait à quelques rues de chez lui. Il prit tout de même sa voiture, gain de temps et surtout c'était peu probable qu'elle veuille marché ensuite jusqu'au restaurant. Juste le temps du trajet suffit à l'esprit de Gabriel pour imaginer cette soirée avec Rebecca. Inconsciemment, un sourire se dessina sur sa bouche puis il se gara pour venir ensuite frapper à la porte de la jolie blonde qui occupait tout son esprit ce soir là. Moment de vérité.   

Quand il frappa à la porte, il était pile poil 19h30. Je souriais en coin, toute satisfaite qu'il soit parfaitement à l'heure, mais il n'allait pas si bien s'en sortir. Non, j'attendais quelques secondes pour que l'heure avance d'une petite minute, tout en me dirigeant finalement vers la porte, de façon très lente. Mais une fois à la porte, j'ouvrais à la volée et lui disais Tu as deux minutes de retard ! J'espérais bien qu'il se mette à stresser autant que je venais de le faire. Bon, ce n'est pas de la même façon, mais là j'avais bien envie de me mettre à rire. A la place, j'ai laissé échappé un sourire avant de rajouter En tout cas, tu es impeccable, j'espère que le restaurant le sera aussi. C'était le seul compliment que j'arrivais à lui faire, et c'était déjà trop. Il ne faut vraiment pas que je me laisse embarquer dans ce jeu, et c'est comme ça que ça commençait, alors qu'il était vraiment superbe dans son costume beau mais simple. Je finis alors par fermer la porte derrière moi, me rendant alors compte qu'il avait des lys dans la main. Je les regarde, le regarde à tour de rôle, ne comprenant pas vraiment il s'était ramené avec ça. J'avais trop vite enchaîné et ne lui avais pas laissé le temps de me donner les fleurs. Parce que oui, elles sont forcément pour moi, mais je ne m'y attendais vraiment pas. Je n'ai pas eu ce genre de rencard depuis … depuis Luke, depuis l'université. Et encore, on était en couple quand on faisait ce genre de sortie. Elles sont pour moi ? Lui demandais-je bêtement, mais plus par peur finalement. J'aurais bien aimé qu'il me dise non et qu'il les jette, ça ferait beaucoup moins officiel, mais d'un côté j'avais envie de vite les prendre, mais pas forcément pour les garder sur moi, mais les avoir au moins chez moi, et me rappeler par la suite quelle connerie j'avais fait d'accepter ce rendez-vous.

Alors qu'elle ouvrit la porte, Rebecca ne lui laissa même pas le temps de la saluer. Gabriel en premier fronça légèrement les sourcils en se demandant s'il était vraiment en retard, car il avait bien pris soin d'être à l'heure. Il regarda alors la jeune femme s'agitait devant sa porte d'entrée encore ouverte. Son attitude était un peu bizarre, elle stressait ou quoi ? Il eut un léger sourire en coin avant de lui répondre.

- Bonsoir. Je pense que c'est ta pendule qui recule de deux minutes, tu ferais mieux de la remettre à l'heure car non, je ne suis pas en retard.

Lorsqu'elle parla de sa tenue, il baissa la tête regardant brièvement son costume. Tant mieux si ça lui plaisait, lui ça lui était un peu égale. A son tour, il posa son regard sur la robe qu'elle portait et là par  contre il se mit à sourire, elle était vraiment très belle mais elle l'était toujours. C'était un peu le problème, c'était devenu difficile de la détester car en plus d'être jolie, elle avait un sacré caractère qui correspondait à ce que Gabriel adorait chez une femme. Il échappa un léger rire.

- Merci. Cette robe te va merveilleusement bien mais j'espère qu'elle sera à la hauteur du restaurant dans lequel je t'emmène.

Et toc, Gabriel était sûr que ce restaurant plairait à Rebecca. Déjà parce que c'était peu possible qu'elle le connaisse et aussi parce qu'elle découvrirait autre chose sur Gabriel. Que même s'il ne fait pas partie des gens des plus riches de cette ville, dans son monde à lui, il était reconnu et parfois admirer pour son travail. Il en avait presque oublier les fleurs qu'il avait dans les mains mais elle lui rappela assez rapidement et à la vue de son visage, il comprit immédiatement qu'il avait fait une connerie.

- Euh, oui. Tu n'aimes pas les lys blanc ? Si c'est ça, je peux les garder pour la femme du patron au restaurant. Ni vois aucun signe particulier, ce sont juste des fleurs.

Gabriel la regarda d'un visage interrogateur, qu'elle les prenne ou non n'avait quelque part aucune importance, enfin, il ne ferait pas la tête pour ça comme il l'avait dit, ce ne sont que des fleurs. De toute façon, il détestait les rancards, alors non ce n'en était pas un. C'était juste un pari qu'il s'était lancé. Montrer le meilleur restaurant de la ville à Rebecca et c'est tout. D'accord, là il commençait à flipper. C'était vraiment un rendez-vous, ou pas ? Merde, pourquoi il avait voulu revoir Rebecca déjà ? Il fit une légère grimace, sa lèvre inférieure parti carrément sur le coté, là où sa mâchoire s'était autre fois brisée, puis il haussa les sourcils avant de reprendre un visage normal.

- On devrait y aller, si on ne veut pas être en retard.   

Bien sûr que non il n’est pas en retard, je voulais juste lui donner un peu de tords pour que je me puisse me détacher un peu, pour essayer de le faire fuir éventuellement, ce serait sûrement plus simple ainsi. Mais il commence trop bien à me connaître et il en joue. Il affiche clairement son assurance et c’est loin de me déplaire. Je souris à peine en coin pour enchaîner avec sa tenue. Mais voilà qu’il retourna ça parfaitement bien contre moi. Parfait. C’est qu’il doit être à la hauteur de mes espérances. Oui c’était bon signe. Et puis je n’avais aucune raison de prendre mal ce qu’il venait de me dire, ce n’était pas un reproche, il m’avait même fait un compliment, et puis j’aime bien quand il me sort ce genre de chose. Bon bien sûr, il a parfois poussé un peu trop le bouchon, mais à croire que ce mois sans se voir lui avait fait du bien, et lui avait appris à mieux me parler. C’est alors que je remarquais les fleurs qu’il avait amené. Je l’avais déstabilisé, il avait lui-même oublié. Tant mieux j’ai envie de dire. J’aime bien les fleurs en général, et les lys sont beaux, mais était-ce réellement une bonne idée de les accepter ? Mais le fait qu’il dise qu’il pourrait toujours les emmener à la femme du patron du restaurant ont fait que je lui ai pris directement les fleurs des mains, fronçant encore mes sourcils qui ne me rajeunissent pas et lui ai dit Je les garde. Surtout qu’apparemment ça ne voulait rien dire de spécial. Alors pourquoi me les avait-il apportées ? Bref, je rouvrais vite fait la porte de chez moi quand il me fit savoir qu’on risquait d’être en retard. Je déposais les lys un instant sur la table et répondais à Gabriel Ils attendront un peu, je ne laisse pas des fleurs sans eau. J’allais donc chercher un vase dans l’un de mes placards et me dépêchais un peu pour le remplir d’eau et y mettre les fleurs. Je revenais à l’entrée Là, c’est bon, on peut y aller. Lui signifiais-je tout en fermant la porte derrière moi, attendant qu’il ouvre la marche.

Elle lui prit les fleurs des mains et quand elle se tourna pour entrer de nouveaux chez elle, un petit sourire en coin se dessina sur les lèvres Gabriel. Peut-être bien que finalement, elle les voulait ses Lys blancs. Si Gabriel les avait choisi c'était simplement parce qu'il voulait faire bonne impression ce qui était bizarre, surtout si ce n'était pas un rendez-vous. Mais cette question de si s'en était un ou non, n'allait pas être résolu de si tôt. Lorsqu'elle entra pour mettre les Lys dans de l'eau, il en profita pour jeter un petit regard curieux à l'intérieur de sa maison tout en restant à l'extérieur. C'était spacieux mais il se doutait qu'il ne verrait jamais plus de ce qu'il pouvait apercevoir de la porte d'entrée. Il sourit à Rebecca lorsqu'elle revint vers lui.

- Parfait.

Gabriel prit le chemin de sa voiture en prenant soin d'ouvrir la porte de Rebecca puis il prit place coté conducteur. Sa voiture n'était pas une voiture de luxe mais elle était plutôt confortable et comme il s'en servait peu, cela lui suffisait amplement. Sur le chemin, ils échangèrent quelques banalités et alors qu'il tournait dans une rue, il demanda à Rebecca.

- Alors ? Tu n'as vraiment aucune idée dans quel restaurant je t'emmène ? Dans un sens, j'espère vraiment que tu ne connaisses pas…

Le trajet fut rapide, le restaurant se trouvait en retrait de la ville à un peu près une vingtaine de minutes de Pine Rivers. Une fois arrivée, Gabriel gara la voiture face à la devanture du restaurant qui était plutôt sobre avec une grande enseigne portant le nom de « L'atelier ». Si Rebecca n'aimait pas ce restaurant alors Gabriel la laisserait tranquille se contentant de poursuivre sa route en se disant qu'il aura eu au moins le mérite d'avoir un bon souvenir avec une personne qui le détester à une époque et que rien n'était jamais vraiment définitive dans la vie. Il sortit de sa voiture et alla ouvrir à Rebecca en lui tendant la main pour l'aider à sortir.

- Tu es prête à manger dans le meilleur restaurant de la ville ?  

En soit, avec les restaurants, je suis comme avec les mecs. Je n’aime pas tester sans une réputation derrière. Alors ne pas savoir où on allait, ça m’intriguait et ça m’irritait un peu. Mais je ne disais rien, sûrement parce que je faisais confiance en Gabriel et que je savais qu’il ne m’emmenait pas dans une cantine. Je ne pourrais jamais passer l’entrée si c’était le cas et je le havirais de nouveau comme autre fois. Mais je savais au fond que ce restaurant était bien plus chic déjà que l’Esquire déjà. Vu que je lui avais refusé l’invitation la dernière fois. Enfin, s’il voulait passer une bonne soirée, il avait intérêt. Je n’aurais aucun scrupule s’il n’est pas à la mesure de mes attentes. Et ça, il le sait très bien. Je ne connais pas tous les restaurants de la ville, je me contente du meilleur. Je n’aime pas trop tester les nouveaux restaurants. Je finis toujours par être déçue. Oui je lui mettais la barre haute, mais je ne lui bloquais pas totalement le passage non plus, je lui laisse le bénéfice du doute. De toute façon je ne voulais pas passer la soirée seule chez moi, donc autant en profiter. On y arrivait alors en une vingtaine de minutes, et malgré la piteuse apparence de sa voiture, je n’avais pas mal aux fesses. Oui déjà un bon point, mais que je garderais évidemment pour moi, puisque de toute façon j’en profiterais pour faire d’abord une remarque négligente. Et je n’ai pas spécialement envie non. Je le laissais m’ouvrir la porte, me tenir la main pour m’aider à sortir, chose qu’il savait certainement que j’apprécierais beaucoup et découvrit la devanture du restaurant. Meilleur restaurant hein ? Je suis prête, mais je serais le seul juge pour ce qui est du reste. Lui répondais-je simplement avec un petit sourire en coin, retirant bien vite ma main de la sienne pour me diriger en sa compagnie vers le restaurant. Je lui accordais déjà un rencard, même si c’en était pas un pour lui, fallait pas non plus qu’il y ait trop de contact physique.

- Je ne vois pas l'intérêt de t'emmener dans le même restaurant où tu vas habituellement même si c'est le meilleur selon toi.

Rebecca sortit de la voiture en attrapant la main de Gabriel, qu'elle relâcha très vite d'ailleurs. Comme si sa main était brûlante ou empoisonner, enfin peut importe, il n'y porta qu'un bref intérêt. Gabriel s'attendait forcément à quelques remarques de la part de la jeune femme et il savait très bien qu'il ne ferait pas un sans faute mais s'il arrivait au moins à lui faire passer une bonne soirée et surtout à la faire sourire alors il serait heureux. Rebecca ne souriait pas beaucoup même au lycée, elle ne lui avait jamais sourit ou alors c'était un sourire moqueur qui en disait long sur la façon dont elle pensait. Heureusement, Gabriel n'était pas rancunier la preuve il l'emmenait mangé dans son restaurant préféré. Il roula des yeux ne répondant pas à sa dernière remarque puis il se mit à marcher à ses cotés jusqu'à la porte d'entrée où un homme très bien habiller leur ouvrit la porte.


Gabriel salua l'homme qui s'occupait de la salle et faisait en sorte que tout ce passe bien dans le restaurant puis il fit signe à Rebecca de passer pour le suivre jusqu'à cette fameuse table. Elle était placé dans un coin tranquille du restaurant où peu de monde y manger puisque les quelques tables étaient réservés à des personnes privilégiés. Le chef de salle retira la chaise de Rebecca pour qu'elle puisse s'asseoir puis il lança un petit coup d'oeil à Gabriel, à croire que ces deux là se connaissaient bien.


- Merci, Théodore.

Une fois qu'il fut parti son regard se posa sur Rebecca. Il observait chacun de ses gestes après tout elle n'était jamais venu et c'était légitime de sa part de regarder tout autours d'elle. En face de Rebecca et donc dos à Gabriel se trouvait une toile et pas n'importe laquelle, c'était la fameuse toile qu'il avait peinte après cette fameuse nuit à l'exposition où ils s'étaient tous les deux revus. Le tableau représentait une jeune femme de dos aux cheveux châtain clair dans les rues de Brisbane sous un parapluie un soir de pluie. Gabriel n'avait pas vraiment réfléchie ce soir là, il l'avait juste eu dans la tête et il avait voulu la peindre tout de suite. Le propriétaire du restaurant venait régulièrement dans sa galerie et avait adoré cette toile et Gabriel lui prêtait pour qu'elle soit exposé à la vue de tous ses clients.

- Alors, tes premières impressions ?

Il fallait que je reste de marbre, que je critique un maximum, que je sois la plus distante possible alors que je sens que je voudrais juste me détendre et passer une bonne soirée. A côté de ça, je me sens crispée, concentrée. Définitivement, ça aurait été plus simple de refuser une deuxième fois cette proposition de rendez-vous. J’en ai même la boule au ventre, c’en est pitoyable. C’est bien la première fois que je pense ainsi de moi plutôt que de mon rendez-vous. Non je ne pouvais pas dire cela de Gabriel, il m’emmenait dans un endroit chic, et je le remarquais rien que par notre accueil. Un accueil parfait, où il n’y a absolument rien à redire. Je laisse tomber ma veste pour qu’on puisse me la mettre au vestiaire alors que je suivais notre hôte jusqu’à la fameuse table. J’en profitais pour inspecter les alentours. Je comprenais mieux pourquoi il aimait cet endroit, et surtout pourquoi il avait ses entrées aussi. Un repère d’artistes. Je ne disais encore rien, attendant la petite faute. Je me laissais installer en face de Gabriel et mon regard se posa inévitablement sur l’une de ses œuvres. Oui je reconnaissais son coup de pinceau. Et mon regard y resta encore une fois un peu trop accroché. Mais ce n’était pas seulement pour cette raison que j’y restais dessus. J’entendis brièvement entendre les hommes échangeaient des formalités sur les vins, et revenais seulement sur terre quand mon ancien camarade de lycée me posa cette fameuse question Pas trop mal. Lui répondais-je simplement sans montrer un réel engouement. Mais la présentation et l’accueil sont déjà bonnes. Le plus important reste à venir. Lui expliquais-je avant de reporter mon attention sur son tableau. Tu peux m’expliquer pourquoi j’ai cette étrange sensation de déjà vu avec ta toile derrière toi ? Je ne lui demandais même pas si c’était bien la sienne, je le savais et je le sentais, pas besoin de poser des questions totalement superflues.

L'accueil ne pouvait être que bon. L'équipe se pliait toujours en quatre pour Gabriel et encore plus lorsqu'il était accompagné pourtant c'était la première fois qu'il emmenait quelqu'un comme Rebecca. D'ailleurs, il était impossible pour lui de définir ce que représentait Rebecca pour lui. Elle n'était pas rien, alors quoi ? Il préféra chasser cette pensée de sa tête pour se concentrer sur autre chose, cette jolie blonde en face de lui. Le fait que la toile derrière lui ne la laissait pas indifférente le fit sourire. C'était le but, qu'elle la remarque immédiatement à travers toutes les autres puisque cette toile, c'était elle qui l'avait inspiré.

- C'est parce que tu as un lien direct avec cette toile.

Le serveur arriva les interrompant un instant, au regard de Rebecca cela ne lui plaisait pas beaucoup. Il fit goutté le vin à Gabriel et après son accord, il remplit les deux coupes. Après ça il déposa les deux cartes sur la table pour qu'ils puissent tous les deux faire leur choix. Gabriel savait déjà ce qu'il allait prendre, bien qu'il avait consommé de la viande la dernière fois qu'il avait vu Rebecca, sans était fini aujourd'hui. Il n'en mangeait plus tellement mais cette fois il avait prit la décision de ne plus en manger du tout. Aller savoir, il avait prit cette décision sur un coup de tête, bien sûr la cause des animaux le toucher mais jusqu'à présent il n'avait jamais pris une telle décision.

- Prend ce qui te fera plaisir.

Il lui tendit la carte puis il reprit sur son tableau lorsque le serveur parti en cuisine.

- Tu te souviens de la première fois où l'on s'est revu ? J'étais particulièrement inspiré en rentrant chez moi alors j'ai peins cette toile. Le gérant du restaurant l'adore alors elle est maintenant ici. Je suis sûr que tu es étonné que je puisse avoir réussi dans un quelconque domaine.

Un petit sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Bien sûr, il la taquinait mais ça n'aurait pas été étonnant de sa part qu'elle est pu le penser au moins une fois mais ils n’étaient définitivement plus des adolescents.

En fixant cette toile, qui apparemment était en relation directe avec moi, je ne pus m’empêcher de me demander encore une fois comment on avait réussi à en arriver là. Je repensais au lycée, à tout ce que je lui avais fait subir, y compris au bal, et je me demandais pour la première fois, pourquoi il se démenait autant pour moi. Comparé à ce que je laissais transparaître, ça ne me laissait guère indifférente, et c’est pour ça que je suis là dans ce restaurant avec lui. Le serveur coupa court à notre sujet de conversation pour prendre nos commandes. Gabriel ne semblait pas avoir envie de viande, et pour ma part, je mis quelques instants à faire mon choix, choix qui se porta finalement sur l’entrecôte. Oui la viande la plus chère, mais en même temps, j’en raffole. Je prenais de la purée avec, il n’y a rien de tel. Je tendais à mon tour la carte au serveur, avant d’écouter Gabriel me donner de meilleures explications. Il avait bien du comprendre dans mon regard que je n’avais pas compris où il avait voulu en venir. Et une fois dit, j’étais surprise, je n’avais pas les yeux totalement ronds, mais presque. J’étais touchée, vraiment. Mais qu’est-ce que je pouvais bien dire, je me sentais totalement désarçonnée, et je me sentais horrible d’avoir pu dire qu’il ne réussirait jamais dans aucun domaine. Je suis surtout étonnée de t’avoir autant inspirée … Tu sais, je regrette toutes les choses horribles que j’ai pu te dire ou te faire à l’époque du lycée, c’était purement méchant, et tu le méritais pas, tu ne le mérites pas. J’esquissais alors un léger sourire en coin, me sentant terriblement mal à l’aise à l’idée de m’être excusée, ou plutôt d’avoir regretté quelque chose dans ma vie. C’est bien une première, et c’est bien plus sincère qu’une simple excuse.

Gabriel s'attendait à recevoir un pique de la part de Rebecca comme à son habitude. Il ne l'aurait certainement pas prit mal ou pas totalement en tous les cas. Mais visiblement, elle devait se sentir toucher par la toile ou une bête l'avait piqué. En tous les cas, Gabriel n'en revenait pas d'entendre les mots qui sortaient de la bouche de Rebecca. Il se sentait presque gêné par se revirement de situation, bien sûr ça le toucher, son travail était tout de même une grande partie de sa vie. Pour ce qui était d'être inspiré, Rebecca était un très bon modèle puisqu'elle ouvrait tout un tas de portes dans l'esprit du jeune homme. Il n'aurait pu décrire exactement chacune d'elles mais il adorait ça.

- Tu es un très bon modèle d'inspiration… C'est du passé, le lycée c'était il y a longtemps. Il est temps de passer à autre chose.

Il marqua une pause. Le passé on ne l'oubliait jamais vraiment mais de la à lui en vouloir, non ce n'était pas dans ses habitudes. Pourtant, c'est vrai, elle lui en avait fait bavé et surtout pendant le bal de fin d'année mais ce n'était vraiment plus d'actualité tout ça. Il hésita puis finalement, il se remit à parler.

- En tout les cas, ça me touche et j'espère que tu apprécieras cette soirée.

Un léger sourire se dessina sur son visage alors qu'il regardait Rebecca dans les yeux. Elle était vraiment sublime, la plus belle de toutes. En tous les cas, c'était le cas ce soir dans ce restaurant. Les plats arrivèrent ensuite et Gabriel souhaita un « bon appétit » à Rebecca tout en ajoutant.

- Tu en sais beaucoup sur mon travail, si tu me parlais du tient ? Je serais bien curieux de savoir ce que représente une journée type de la grande Rebecca Priest.

Certainement que je me laissais un peu trop aller, je le laissais trop rentrer dans ma bulle, mais pour une fois ça devenait fatiguant de repousser. C’était fatiguant de repousser Gabriel. Et je sentais que si je continuais, je sentais qu’il n’allait vraiment plus rien me proposer, et non je n’avais pas envie d’en arriver là. Pourtant je sais toujours que c’est contraire à ce que je m’étais promis, mais tant que je passe du bon temps, je suppose que ça ne peut que me faire du bien. Je souriais donc à son compliment, même si je le savais déjà que j’étais un superbe modèle d’inspiration, et je préférais rebondir sur là-dessus plutôt que de revenir sur l’époque du lycée, j’avais dit ce que j’avais à dire Et tu as de la chance, ce n’est pas à tout le monde que j’offre mes services d’inspiration. Lui répondais-je en lui envoyant un léger clin d’œil à moitié taquin et à moitié sérieux bien sûr. Je ne répondais rien de plus qu’un sourire à l’espérance qu’il avait sur cette soirée, nous retrouvant à nous fixer dans les yeux, un peu trop longtemps, mais sans que je ressente de la gêne. Le repas était fin servit et nous avons pu commencer à manger. C’est alors qu’il en devint curieux à propos de mon travail, et de mes journées typiques. Je savais que ça n’avait rien de méchant ses remarques quant à ma grandeur, il sait juste comment bien me parler à force. Je lui répondais donc après deux petites bouchées de mon plat Figure-toi qu’en temps normal j’adore mon boulot. Et j’ai tellement rêvé de superviser une équipe que j’ai fini par y arriver. Seulement, j’ai une équipe de fainéant absolu et je ne sais plus quoi faire. Donc voilà, je passe mon temps à rattraper leur boulot, à me prendre la tête à cause d’eux. Pas très joyeux en soit tout ça. Oui fallait sérieusement que je fasse un break, que je me détende plus, que je prenne éventuellement des vacances … Non je ne préfère pas y penser, ça va me déprimer.

Un léger sourire en coin se dessina sur les lèvres de Gabriel. Effectivement, après tout ce qu'avait pu lui dire Rebecca, il se sentait privilégié de pouvoir dîné avec elle et encore plus de l'avoir comme modèle. Gabriel aurait pu passé toute une journée à l'admirer pour pouvoir la peindre sur une de ses toiles mais pas sûr qu'elle est la patiente de pouvoir rester toute une journée dans un atelier à poser comme modèle. Quoi que ça flatterait son ego si le résultat était satisfaisant mais elle donnait l'impression de ne pas avoir une minute à elle, pourtant, lâcher prise lui ferait sûrement le plus grand bien.

- Mmhh… Je tâcherai de me souvenir de ce privilège.

Le repas leur fut apporter et ainsi ils purent commencer à manger. Gabriel ne faisait pas vraiment attention à ce qu'il mangeait. C'était bon mais il était beaucoup plus absorber par ce que pouvait lui dire Rebecca. Il engagea la conversation sur son travail, un sujet un peu typique mais auquel tout le monde pouvait répondre. Il fronça légèrement les yeux trouvant plutôt étonnant qu'elle puisse ressentir ça vis à vis de son travail ces derniers temps.

- Pourquoi ne changes-tu pas d'équipe ? Tu pourrais faire un peu le ménage ou prendre quelques vacances…

Gabriel lui sourit lorsque leurs regards se croisèrent une nouvelle fois. Lui aussi il lui en faudrait des vacances. Sortir pour de bon de sa galerie et partir un peu. Changer d'horizon après tout il n'avait plus quitter l'Australie depuis qu'il avait été en Amérique. Enfin de là à partir avec Rebecca, il leur faudrait combien de temps avant de s’étriper ? Quelque chose lui revint en tête alors qu'il buvait une gorgée de son verre de vin.

- Oh ! Et quand est-il de ta quête de l'homme parfait pour fonder une famille ?