les douloureuses retrouvailles

les douloureuses retrouvailles

douloureuses retrouvailles.

Eireen ne semble pas d’accord avec ma théorie du ‘’tout le monde se serait pris le trou’’, non au contraire, elle me dit que tout le monde aurait pu l’éviter et du coup je ris, gêné d’être encore une fois aussi maladroit. Elle me demande alors si j’ai tendance à ne pas regarder où je mets les pieds et faut dire qu’elle a parfaitement raison. Je suis plutôt du genre à toujours partir à l’aventure sans prévoir tout ce qui pourrait m’arriver. Comme lorsque j’ai aperçu la jeune femme et que je me suis élancée sans faire attention à ce qui se trouvait autour de moi. « Tu m’as démasqué, c’est tout moi. » Je me gratte l’arrière de la tête, en ayant encore ce sourire gêné aux lèvres, mais toujours aussi sincère. On reparle ensuite de la blessure qui m’avait amené à l’hôpital il y a quelques mois et qui par la même occasion m’avait fait rencontré la jeune femme. Elle confirme en effet qu’on ne voit plus rien de l’horrible coupure qu’on jugeait pourtant de superficielle à la main. « Ma sœur m’a dit que j’étais un trouillard et que c’était une petite blessure de pacotille. » Je me souviens d’ailleurs lorsqu’elle est rentrée ce soir-là en me demandant pourquoi je l’ai appelé une cinquantaine de fois et que quand je lui ai fait montrer la blessure, elle était entre l’hilarité et la colère. Tout un spectacle. On revient à parler de la maladie grave d’Eireen qui l’obligeait à rester à l’hôpital, c’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle se trouvait dans la salle d’attente de l’hôpital elle aussi. Elle me dit qu’elle n’en est pas morte, mais ça, j’ai eu la chance de le constater par moi-même et j’en suis ravi. Et là, elle m’explique alors que l’hôpital a fait une grosse erreur, qu’en fait il y a eu une erreur et qu’elle n’avait pas eu de rechute. Je la regarde, bouche-bée. Comment une telle erreur avait-il pu se produire, la vie d’Eireen avait dû être compliqué durant cette période, la peur au ventre de pouvoir mourir à chaque instant. « Bah dis donc … Je suis à la fois choqué et aussi content d’apprendre que finalement tu n’as rien. Même si bon … Ils auraient dû faire attention. » Je ne peux pas tellement blâmer les médecins, je sais pas vraiment tout ce qui s’est passé et puis, ce n’est pas ça qui retira l’angoisse qu’elle a pu avoir durant ce temps. Puis le chien qui accompagné Eireen me saute dessus, cherchant sûrement à savoir qui est la personne qui vient de s’incruster à côté de sa maîtresse. Elle lui demande d’arrêter, mais le nom de sa chienne me faire rire. « Eireen … Eina … Ce n’est pas des prénoms Australiens tout ça, c’est de quel origine ? » Mais elle m’explique en fait que ce n’est pas sa chienne et que son maître est à l’étranger. Après lui avoir demandé ce qu’elle fait seule au parc, elle m’explique qu’elle profite de son jour de repos, au soleil. Et puis, elle me retourne la question. « J’ai été mis à la porte par ma sœur. Je crois qu’elle n’apprécie pas trop ma façon de l’aider à faire les tâches ménagères. » Et encore, je minimise la chose. Je tourne la tête pour voir l’ensemble du parc, lorsque j’aperçois un marchand de glace non loin de là, je tourne alors la tête vers la jeune femme avec un grand sourire jusqu’aux oreilles. « Je te devais une glace, si je me rappelle bien. » J’ai beau être maladroit, j’ai quand même bonne mémoire.

douloureuses retrouvailles.

Je lui fais part de l’avis de ma sœur concernant ma blessure, en disant que d’après elle j’ai fait une montagne de rien du tout. Bon, il est vrai que ma blessure n’était pas aussi grave que mon inquiétude, mais n’empêche, ça faisait drôlement mal. Eireen me demande alors si je suis un trouillard ou si c’est juste une phobie du sang. Je lève les épaules, en riant un peu jaune. « Un peu des deux je pense … Mais je ne suis pas un trouillard … C’est juste que j’ai peur de … Beaucoup de chose. » Qu’est-ce que je peux dire de plus. Lui avouer que j’ai peur d’après tout, mais que non, je ne suis pas du tout un froussard. Comme de tomber malade. Eireen est une femme courageuse, parce que moi je me serais effondré à la moindre seconde, trop peur de mourir. Même si un jour où l’autre, on ne pourra pas choisir et on devra disparaître de la surface de la terre. Eireen a donc dû beaucoup flipper quand on lui a dit qu’elle faisait une rechute, alors que ce n’était pas le cas. Elle m’explique qu’elle avait eu peur au départ, mais qu’elle était contente que ce ne soit qu’une erreur et qu’elle espérait que tout ça fasse partie du passé. « J’espère pour toi aussi, mais je suis sûr que tout se passera bien dorénavant. » Puis on parle d’un sujet plus léger, le nom de la chienne et également le sien. Elle m’explique qu’il est irlandais. Je n’ai jamais eu l’occasion de voyager, à part à travers l’Australie, du coup je suis toujours friand de découvrir des nouveaux pays à travers les récits des personnes qui m’entourent. « Et toi, tu as déjà été en Irlande ? C’est comment ? » Et puis on se mets à parler de comment m’a congédié ma sœur de son domicile. Elle me demande si je l’ai vraiment aidé et de nouveau, un rire gêné sort de ma bouche. « Disons que pour ne pas la déranger dans son ménage, je me suis mis devant la télé … En levant les pieds. C’est une aide comme une autre. » Je sais qu’elle va se mettre du côté de ma sœur pour le coup, sûrement la solidarité féminine. « De toute façon depuis que je me suis blessée la main, j’ai promis de ne plus jamais aider ma sœur dans les tâches ménagères. » Car c’est à cause de la vaisselle qu’elle m’a demandé de faire que je me suis coupé. Je lui rappelle également que j’ai une glace à lui acheter, car je lui avais promis lors de son séjour à l’hôpital. Et je tiens toujours mes promesses. On se lève alors tous les deux, pour que j’aille lui payer une glace. On marche alors en direction du marchand de glace et je tourne la tête vers elle, main dans la poche. « Tu veux quel parfum ? Moi je veux noisette-pistache. » Je prends toujours les même goûts de toute manière pour la glace, j’attends de connaître son parfum à elle.

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J’avoue à Eireen que je suis un trouillard, mais au lieu de se moquer comme l’aurait fait les autres filles, elle me dit qu’il en faut et que ce n’est pas grave, ce qui me fait sourire. C’est vrai que ce n’est pas grave et puis, au moins ça veut dire que je suis quelqu’un de prudent, car j’aurais pu être courageux et du coup ne pas voir le danger qui nous menace parfois. Bon, c’est vrai que même en tant que froussard, je ne vois pas le danger arriver, mais bon. On parle alors un petit comme des vieux amis, alors que finalement, ce n’est que la deuxième fois que je la croise. Ce qui me trouble, c’est que je n’étais pas aussi à l’aise avec les femmes. C’est à peine, lorsque je vivais à Melbourne, si je communiquais avec les femmes, elle m’impressionnait beaucoup trop et je prenais mes jambes à mon coup à cause de cette peur. Et depuis que je vis à Brisbane, j’ai l’impression d’avoir évolué. Je parle plus facilement à la gente féminine, j’ai même eu la chance d’embrasser l’une d’entre elle, même si c’est parce qu’elle voulait m’entraîner lorsqu’elle a su que je n’avais jamais embrassé de femme. C’est pourquoi je me surprends à être aussi à l’aise avec Eireen, qui me parle alors de ses origines irlandaises, m’avouant qu’elle n’a jamais été pourtant. Mais elle me dit qu’un jour elle ira peut-être visiter plein de pays. « C’est marrant, je connais beaucoup de gens qui adore ou adorerait voyager, alors que moi, je n’ai connu que l’Australie et je n’ai pas envie d’aller ailleurs. » J’ai fait mon pays de long en large et j’adore beaucoup trop l’Australie pour me rendre ailleurs. Par contre, j’adore écouter les récits de voyage de mes proches, c’est un peu comme des contes qu’on me récite et j’adore, ça me donne l’occasion de les rêver au lieu de les vivre. Je lui explique ensuite pourquoi ma sœur m’a mise dehors et elle comprend parfaitement l’attitude de ma sœur. Je suis sûr que c’est la solidarité féminine ça. Je n’ajoute rien, puisqu’on se rend jusqu’au marchand de glace du parc, où l’on fait la queue. J’en profite pour demander à Eireen quel est le parfum qu’elle préfère et finalement son choix me paraît normal. « Je pensais que t’aurais fait un choix plus osé pour le coup. Vanille chocolat, c’est tellement banal. » Je fais exprès de prendre des manières un peu exagérées, en secouant les mains comme une fille pour la faire rire. Pendant que l’on attend notre tour, elle me demande ce que je compte faire avec ma sœur. Je hausse les épaules, parce que bon, je ne pense pas faire quelques choses de particulier. « J’ai l’habitude, tu sais. » Je plonge mes mains dans la poche, patientant. « Je vais simplement attendre un peu qu’elle se calme et qu’elle est finit de faire le ménage. Ma sœur adore aboyer, mais sa crise lui passe très vite » C’est l’effet Wheeler. On peut pas rester fâché plus d’une journée, elle et moi.

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Dire que je pensais passer un long moment seul au parc, le fait d’avoir croisé Eireen rend le temps beaucoup moins long. Et puis, c’est plutôt cool de l’avoir revu et de savoir qu’elle va bien, que son état de santé n’était qu’une erreur regrettable et qu’elle va aussi bien que moi. On parle de sujet divers et varié, comme à cet instant où l’on discute de voyage. Elle m’explique qu’elle avait un peu la même mentalité que moi, qu’elle ne pensait pas voyager, mais qu’elle a simplement changé d’avis. Je peux comprendre, bien que pour ma part, je ne pense pas changer d’avis. Ce fut déjà tout un chamboulement pour moi de déménager de Melbourne à Brisbane, même si c’était une volonté de ma part, alors partir vivre dans un autre pays ou simplement découvrir le monde : Très peu pour moi. Je l’embête par la suite sur son parfum de glace et la jeune femme se fout de moi, je rigole à son insulte qui n’est pas bien méchante. Pendant que l’on attend de pouvoir faire notre choix, on parle de ma dispute avec ma sœur. Je sais que pour les gens extérieurs, ça à l’air bizarre, mais c’est notre manière à nous de nous entendre et de montrer qu’on s’aime. Je sais que ma sœur sera toujours là pour moi, même en me criant dessus. « Oui on s’engueule souvent … Enfin c’est ma sœur surtout qui crie. » je me mets à rire à cette pensée, c’est vrai que je n’ai jamais levé le ton, après c’est normal c’est ma grande sœur, il y a un certain respect à avoir. « Mais tu sais, ce n’est rien de bien méchant. C’est notre façon à nous de vivre ensemble. » Et puis, je vis chez elle, c’est normal qu’elle soit aussi un peu énervée. Je pense qu’il faudrait que je pense à déménager, un jour où l’autre. Quand j’aurais du travail par exemple. C’est à notre tour d’avoir nos glaces, je regarde alors le marchand avec un grand sourire. « Une glace vanille-chocolat et une glace pistache-noisette s’il vous plaît. » Le temps qu’il s’occupe de mettre les boules sur les cônes, je cherche dans mes poches de la monnaie, avant de lui tendre un billet. Il me donne les deux glaces et je tends à Eireen la sienne. « Tiens. Je tiens toujours mes promesses. » Car après tout, je lui avais promis cette glace, lorsqu’on s’est rencontré à l’hôpital. Et je ne pouvais pas ne pas lui offrir, car ça aurait pu ne jamais se faire. Si sa maladie aurait été réelle.

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Eireen pense que c’est difficile pour moi, mais elle n’est pas la seule. Les gens qui ne nous connaissent pas Ellie et moi pensent vraiment qu’on a une relation assez tumultueuse. Alors que pas du tout, au contraire. Ma sœur et moi nous nous adorons, mais on le fait comprendre à notre façon. Tandis que moi, je lui montre de l’attention en l’embêtant toujours, elle, en criant c’est sa façon de s’exprimer et de me faire montrer son amour. « Bof, tu sais c’est assez marrant de voir ma sœur s’énerver. » Surtout quand elle devient toute rouge et que j’ai l’impression qu’elle va exploser. De toute façon, je sais lorsque je peux me permettre de me moquer d’elle et lorsqu’elle est vraiment énervée, ne pas piper mot. Elle me dit que les choses changeront le jour où j’aurais mon appartement et là, je me mets à réfléchir. C’est vrai que je n’ai jamais eu mon indépendance et je pense que j’aurais peur de vivre seul. Je ne sais ni faire le ménage ni tenir une maison. La seule chose que je sais faire c’est jouer à la console et squatter mon ordinateur pendant des heures, je pense donc que ça serait une très mauvaise idée de vivre seul. « Je pense que la seule fois où je quitterais l’appartement de ma sœur, ça serait pour aller vivre avec quelqu’un d’autres. Je ne serais pas me gérer tout seul. » Je suis franc avec moi-même, ça ne sert à rien de se lancer dans cette aventure que je ne pourrais pas assumer. Et puis de toute manière, il faut de l’argent pour pouvoir prendre son indépendance, chose que je n’aurais pas tant que je ne cherche pas un boulot. Comme promis la dernière fois que l’on s’est vu, je lui offre sa glace. Elle a l’air ravie, je suis pour le coup assez content. Elle me dit qu’on aurait pu ne jamais manger cette glace, par rapport à sa maladie qui aurait pu l’emporter. « Je suis sûr que si, ce n’est pas au hasard si on s’est retrouvé ici, c’est le destin. » Bon, c’est vrai que je ne suis pas trop du genre à savoir ce que le destin nous réserve, mais je suis sûr que même si sa maladie aurait été vraiment là, les médecins auraient réussis à la soigner et on aurait quand même une discussion dans ce parc ce jour-là. Elle m’explique également que on aurait pu ne pas se recroiser, car même si Brisbane n’est pas une gigantesque ville, on peut ne pas se recroiser tout de même. « Je ne peux pas te contredire. » Je lèche ma glace, avant de reprendre afin de compléter mes propos. « Tu sais qu’au début, j’étais complètement perdu ici. » Je me souviens un soir en voulant rentré chez ma sœur, j’ai réussi à faire cinq fois le tour du quartier avant de retrouver la maison. « Faut dire que tout se ressemble un peu, les maisons sont pratiquement toutes identiques. »

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Eireen m’avoue qu’elle est enfant unique et c’est pour ça qu’elle n’arrive pas à comprendre la relation que j’ai avec ma sœur Ellie. C’est vrai que du coup, on a pas du tout vécu la même enfance. Elle n’a pas connu les disputes pour la télécommande ou pour la dernière part de gâteau. Elle n’a également pas connu les "c’est moi la préférée de maman", et alors que toi tu as cinq ans tu te mets à pleurer pour rien, puisque ta maman nous aime autant l’un que l’autre. Bref, ça doit être un autre monde d’être enfant unique. Eireen me demande alors ce que ça fait d’avoir une sœur. Je me mets à réfléchir, pas que je ne sais pas quoi lui répondre, mais c’est surtout que je pourrais parler des bienfaits d’avoir quelqu’un de très proche et avec qui tu grandis. Je cherche donc mes mots et comment résumer le fond de ma pensée. « C’est cool, sauf quand faut partager la dernière part de gâteau. » Voilà, comment on peut bien résumer une relation entre frère et sœur. Et je tourne alors la tête vers elle. « Et ça fait quoi alors d’être enfant unique ? » et je rajoute alors, en passant ma main dans mes cheveux. « Et qu’est-ce que ça fait d’être enfant unique ? Au moins tu pouvais laisser ton goûter dans le frigo sans qu’il disparaisse. » On en vient de parler à une envisageable colocation, où ma sœur se rendrait compte à quel point je lui manquerais. Et puis je pourrais être en colocation avec d’autres personnes qui ne sont pas de ma famille et qu’on passerait de bons moments ensemble. « C’est vrai, ça peut être chouette. » J’y réfléchis et en effet, ça peut être cool, mais je pense que ma sœur me manquerait beaucoup et puis, qui me ferait mes repas du soir, car à vrai dire, je ne sais pas trop cuisiné. Le midi, je me contente de prendre les restes de la veille. On vient à parler du fait que je me perdais parfois à Brisbane, lorsque j’y suis venue habiter dans les premiers mois. Elle me demande si je me repère mieux au jour d’aujourd’hui. Je continue de lécher ma glace. « Oui, ça va mieux, bien que y a certains quartiers que je ne connais pas trop. » Après tout, je vais toujours au même endroit dans la ville. Que ce soit au parc, à la boutique de jeux vidéo ou pour aller m’acheter un café, je ne fais jamais rien d’autres en ville. Ou pour me rendre chez mes amis, mais généralement ils essayent toujours de me dire à peu près où ils vivent en s’aidant des quelques lieux que je connais par cœur.