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 joamie + does he know where your lips begin?

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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyMer 1 Fév 2017 - 2:36


─ Does he know where your lips begin?
Does he know when you're sad? You don't like to be touched, let alone kissed. Does he know where your lips begin? Do you know who you are? Do you laugh, just to think what I lack? Do you know your lip shakes when you're mad? and do you notice when you're sad?

« Comment vous vous sentez ? » Je n'en peux plus de cette question. Je ne peux plus l'entendre sans avoir envie que le psy goûte un peu à ses propres dents. Il me hérisse un peu plus le poil à  chaque séance. A mes yeux, le conseil qu'il a rendu au juge était une trahison vis-à-vis de tout ce qu'il avait pu me dire, et à cela s'ajoutait déjà l'exigence de reprendre la médication malgré la parole qu'il m'avait donnée dans le sens contraire. Aujourd'hui, je n'ai plus confiance en lui, sa présence m'agace, sa voix m'insupporte, et je n'ai aucun autre choix que de venir ici, docilement, la queue entre les jambes dans l'espoir de lui plaire et d'avoir enfin cet avis favorable pour la garde de Daniel. Juste ou quelques petits jours par semaine, à croire qu'on me teste avant de m'envoyer sur Mars. Mais ce matin, je ne suis pas particulièrement coopératif. Je suis tendu, frustré, nerveux. Le planning n'est pas plaisant et commence fort avec ce rendez-vous. J'appréhende tous les autres ; celui chez le médecin juste après, le groupe de parole au déjeuner, l'interview de cet après-midi. C'est une de ces journées que l'on aimerait faire passer comme on arrache un pansement : vite, avec une douleur momentanée et vite oubliée. Mon visage est fermé, mes traits durs. « Sérieusement ? » Est-ce que j'ai l'air d'aller bien ? Je n'en mettrais pas ma main à couper. Je me sens soit inexistant, soit sur le point de m'arracher la peau pour enrayer ma crise de nerfs. « Ca n'a jamais été pire. Je me demande quelle partie de mon cerveau vos foutus cachets sont en train de faire fondre. Je ne sais même pas comment je fais pour prendre le volant tous les jours. » C'est dangereux, j'en suis certain. Je vais finir par manquer d'attention, rater un feu rouge et me faire empaler par un camion. Je me suis déjà noté d'appeler une compagnie de chauffeurs pour régler ce problème, mais cela me sort constamment de la tête, tout comme de mettre Janis sur le coup. « Ce n'est pas la peine de vous énerver, nous allons arranger ça. » Je ricane. Comme si je n'avais que ça à faire de jouer au cobaye. Un peu lus de ci, un peu moins de ça, on cherche le bon dosage à tâtons dans l'espoir de tomber miraculeusement sur un juste milieu qui me permettra d'avoir une vie normale. Normale aux yeux de la majorité. En attendant, je m'adapte. « Vous me trouvez énervé ? Imaginez l'état dans lequel serait votre cabinet sans ça. » je vocifère en jetant le flacon sur la table qui nous sépare.

Je ne vois pas le médecin pour les mêmes raisons. C'est un contrôle de routine afin de s'assurer que, en dehors de mon mauvais tempérament, tout fonctionne comme il faut chez moi. La conclusion n'a rien d'étonnante, je tiens une forme olympique mise à mal par l'adaptation au traitement. Je lui fais part de quelques angoisses, et c'est un peu soucieux qu'il me dit de prendre soin de moi, sourcils un peu froncés, la poignée de main plus distraite que d'habitude. Je reste effacé pendant la thérapie de groupe, l'esprit ailleurs. Voilà que cette mascarade me bouffe régulièrement une matinée entière.

Je déjeune sur le pouce après avoir décliné l'aimable invitation de quelques participants à les rejoindre dans un restaurant non loin de l'hôpital. Je préfère profiter d'un moment seul. La route jusqu'aux studios est bouchonnée à cause d'un accident. Mon accident. J'ai bel et bien manqué un feu, et heureusement pour moi, c'est une autre voiture qui m'est rentrée à pleine vitesse dans la portière côté passager. Tandis que je ne suis que secoué par l'impact, mon véhicule, lui, franchement bon pour la casse, sera récupéré par la dépanneuse.

« Ok, on enregistre dans trois, deux... » C'est en taxi, et en retard, que j'arrive sur le plateau. Maquillé, briefé à toute vitesse, les lumières sont déjà prêtes et je ne prends pas vraiment le temps de faire connaissance avec l'animatrice. « Vous voulez dire que vous êtes vous-même atteint de personnalité borderline ? » demande-t-elle après avoir fait mine de s'intéresser à l'association dont moi-même je prétends venir parler, comme cela a été impeccablement scénarisé depuis le début, de même que la petite phrase qui l'a soit disant menée à cette conclusion, et ainsi que ma réponse, qui prend quand même son temps pour faire son bout de chemin du cerveau à mes lèves. « Oui, en effet. » Nous parlons un long moment de ce que cela signifie, de l'impact au quotidien, de comment je me sens. La violence que cela crée, l'incident avec Joanne, le jugement, le traitement. Le panorama est balayé de bout en bout. Quand les caméras cessent de tourner, je me sens lessivé. Soulagé, d'un autre côté. C'est une bonne chose de faite. Le message est envoyé, les monteurs feront leur travail, le tout sera diffusé dans quelques heures. « C'était très courageux. » me glisse la journaliste en me serrant la main avant que je me débarrasse de mon micro. Je force un sourire et un remerciement.

Après avoir quitté ABC relativement tard afin de rattraper mon absence, je me rends dans un bar à quelques rues de là -à pied, n'ayant guère le choix. Et c'est en me disant que je n'aurai d'ailleurs pas à conduire pour rentrer chez moi que je me commande un verre de whisky au comptoir. Il ne sera certainement pas le seul de la soirée. Néanmoins, comme si cette journée ne pouvait pas être plus parfaite, je dois admirer l'entrée dans le bar de Joanne -que mon sixième sens détecte dès que son pied se pose sur le sol de l'établissement- accompagnée d'un homme. Parce qu'il fallait que ce soit ce bar, ce bar seulement, et non un autre. Parce qu'il fallait que je me prenne dans les dents, encore une fois, la facilité avec laquelle elle me raye de sa vie. Portant mon verre à mes lèvres, déterminé à les ignorer, je décide de boire à ma grande réussite -ce grand gâchis.  
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyMer 1 Fév 2017 - 14:14


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"Et alors, ces premiers jours de boulot ?" demandait Wesley. Ils se promenaient tous les deux en ville, Joanne n'avait pas pu se rendre au cours de danse la veille, avec ses horaires. Elle ne se permettrait jamais de demander de s'arranger alors qu'elle venait à peine de débarquer "Ca me plaît énormément. Le musée est bien plus grand que celui où j'ai travaillé avant, et il y a beaucoup à faire. Mais les collègues ont été accueillants, et sont même assez ravis d'avoir quelqu'un avec de l'expérience." Son ami sourit, satisfait de voir une Joanne en train de commencer à s'épanouir. Joanne a aussi été confronté aux premières séparations avec Daniel durant toute une journée, ce qui était loin d'être facile. Elle n'avait pas vraiment la conscience tranquille et craignait qu'il ne se soit passé quelque chose dès qu'elle avait une notification sur son téléphone portable. Les autres conservateurs étant aussi tous majoritairement parents, ils savaient bien ce que c'était. Wes lui répétait ensuite combien Vee tenait toujours à ce photoshoot et qu'elle ne comptait pas vraiment lâcher l'affaire. Joanne avait ri nerveusement.

Elle avait oublié de signer des papiers à la crèche pour les changements d'horaires, et avait quelques consignes à donner aux assistantes maternelles. Daniel était avec ses parents, il allait passer la nuit chez eux. Ca devenait régulier, elle commençait à mieux s'entendre avec eux et à renouer de véritables liens à nouveau.  La coupure qu'elle avait imposée avait fait du bien à tout le monde. "Joanne ?" Une voix masculine s'élevait juste à côté d'elle pendant qu'elle signait ses papiers. Elle sursauta et regarda celui qui l'avait reconnu, qui était Caiden, le mannequin qu'elle avait rencontré durant le gala. "Caiden... c'est ça ?" Il fit un large sourire - particulièrement charmeur. C'était un homme avec de la classe et de l'élégance, et ne laissait indifférent aucune des assistantes maternelles qui étaient dans le coin. "Je viens... chercher mon neveu. Mon frère était pas disponible pour le cherche, alors..." Il haussa les épaules. Sa posture laissait deviner que c'était assez fréquent. Un petit bonhomme de trois ans se précipita alors vers son oncle. Joanne récupérait sa paperasse, et ils finirent par sortir ensemble de la crèche. Une fois qu'il avait installé le petit dans sa voiture, il se redressa vers Joanne. "Vous étiez partie bien tôt, l'autre soir." "Oui..." répondit-elle bien bas, l'air désolé. "Je n'avais vraiment plus ma place, là-bas." "Wes m'a raconté ce qu'il s'était passé, avec Mina. Ce n'était vraiment pas raisonnable de sa part." Il ne pouvait pas vraiment s'excuser pour elle. "Je ne voulais pas vraiment poser un lapin au reste de la table, mais ça devenait difficile, pour moi." "Non, mais je comprends, je vous assure. Surtout quand on n'est pas habitué à son tempérament." Il rit doucement. "Mais par contre, je serais content que vous essayez de vous rattraper." Joanne le regarda, d'un air perplexe et interrogatif. "Me rattraper ?" "Oui. En acceptant d'aller boire un verre avec moi, par exemple." dit-il d'un air faussement innocent, mais avec ce rictus toujours adorablement suspendu sur ses lèvres. Joanne se sentait paniquée un peu, se disant qu'il lui proposait déjà un rencard alors qu'ils se connaissaient à peine. "Juste pour discuter, faire connaissance. Si ça vous dit, bien sûr. C'était peut-être mal proposé de ma part." Il rit nerveusement. "Vous ? Mal à l'aise ?" dit Joanne en souriant. "Je cache bien mon jeu." "C'est d'accord." Caiden ne cachait pas sa surprise avant d'esquisser un large sourire.

A vrai dire, Joanne ne savait toujours pas si c'était un rencard ou non. Non, supposa-t-elle, Caiden avait bien dit qu'il comptait surtout discuter, faire connaissance parce qu'ils n'en avaient pas eu l'occasion durant le gala. Elle avait tout de même fait un effort vestimentaire et au niveau de son maquillage, bien que celui-ci restait assez léger. La jeune femme avait emprunt les transports en commun, se disant qu'elle allait appeler un taxi pour pouvoir rentrer chez elle. Elle avait horreur d'être en retard, c'est pourquoi elle était arrivée avec un peu d'avance devant le bar que Caiden avait indiqué à la jeune femme. Le mannequin ne tarda pas à se arriver - il s'était aussi changé, alors que la tenue qu'il portait plus tôt dans la journée, lorsqu'il lui avait proposé d'aller boire ce verre. Comme tout homme galant, il la laissa entrer en première et tâcha de trouver rapidement une place autour d'une petite table. "Qu'est-ce que vous buvez ? Je vais directement chercher les verres au bar, ce sera plus rapide." "Un verre de muscat, merci beaucoup." lui répondit-elle avec un large sourire. C'est une fois qu'il avait passé commande et qu'il attendait que ce soit préparé que Caiden nota la présence de Jamie. A ce moment là, il savait que les choses pouvaient passablement se compliquer. Mais le mannequin ne comptait pas se laisser impressionner pour le moment. Certes, il avait fait croire à Joanne que ce ne serait qu'amical, mais il devait reconnaître qu'elle lui plaisait énormément, physiquement. Et bien qu'il la connaissait à peine, il adorait déjà sa douceur. Forcément, elle n'y voyait que du feu pour le moment. C'était un ami de Wes, et il voulait être ami avec elle, c'était ainsi qu'elle voyait les choses. Caiden fit un léger sourire à Jamie, et un petit signe de tête en guise de salutations avant de récupérer les verres et les ramener à sa table. Il se gardait bien de dire que son ex était présent. Joanne avait en effet un étrange impression, mais impossible de mettre le doigt dessus, impossible de deviner que Jamie noyait sa journée dans le whisky. "Parle-moi un peu de toi." dit-il avec avoir fait tinter les verres. "Wes ne t'a déjà pas tout raconté?" "Il m'a raconté quelques trucs, si. Mais dis m'en plus." dit-il avec un sourire confiant, l'air véritablement intéressé. Joanne parlait donc de son poste au musée qu'elle venait juste d'avoir. Elle mentionnait Daniel quelques fois, mais ça restait très succinct. Elle préférait donner le moins de détails le concernant, elle ne savait pas trop pourquoi. Joanne devenait peu à peu nerveuse au fur et à mesure de la conversation, mais elle parvenait à passer un peu de bon temps. Caiden ne tardait pas trop à aller chercher d'autres verres au bar, insistant à ce qu'il paie toute la consommation de la soirée. Vint un moment où le bel homme se décidait à être plus avenant, en effleurant le dos de la main de la jeune femme, alors posée sur la table, du bout des doigts. Ca ne la mettait pas à l'aise, pas vraiment. Elle avait l'impression que son coeur était dans un étau, et pourtant, elle n'arrivait pas à retirer sa main de la table ou de lui demander d'arrêter. Au bout de quelques minutes, elle finit par oser. "Est-ce que tu peux... arrêter de faire ça, s'il te plaît ?"
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyMer 1 Fév 2017 - 16:01


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Alors que Caiden s’approche du comptoir pour commander des boissons pour Joanne et lui, il remarque ma présence, bien après que j’ai noté la sienne, et m’adresse ce courtois signe de tête, ce salut tacite. Sur le moment, je me demande ce qui aurait été préférable, quel scénario aurait été plus supportable. Le mannequin aurait pu ne pas me voir, focalisé sur son rendez-vous de ce soir, prendre les boissons et partir sans un sourire. Mais admettons qu’il ne pouvait que me remarquer, que son regard devait fatalement se poser sur moi, ne serait-ce que pour jauger la fréquentation de l’établissement. Il aurait pu proposer un autre bar à Joanne en me voyant, afin d’éviter une situation délicate. Il aurait pu faire comme s’il ne m’avait pas vu, ou pas reconnu, m’ignorer comme je l’ai ignoré jusqu’à présent, et cela nous aurait épargné un grand bol d’hypocrisie. Comment peut-il venir ici avec mon ex-fiancée au bras avec la claire intention de lui faire la cour des heures durant dans l’espoir de la faire céder et m’adresser pareil sourire complaisant, comme si de rien n’était, et croire que je ne me retiens pas d’heurter le comptoir avec son crâne ? C’est presque condescendant. Mais je suis au-dessus de ça, il paraît. Voilà quelques mois que nous avons rompus, la petite blonde et moi. Je fais ma vie de mon côté, je vois d’autres femmes. Pourquoi ne le pourrait-elle pas elle aussi ? D’où l’indifférence que j’affiche. A vrai dire, la journée fut bien assez éprouvante pour que je me sente capable de supporter la présence de ce rencart dans la même pièce que moi, je suis anesthésié, blasé. A moins que ce ne soit la curiosité qui me garde vissé à cette chaise. L’envie de savoir si Caiden arrivera à ses fins. Oh, je peux prétendre les ignorer, mais cela n’est pas humainement possible. Ils sont juste là, dans le coin de mon œil. Et de l’autre côté, une jeune femme s’installe sur le tabouret d’à côté, un sourire mielleux aux lèvres. « Non, désolé. Pas intéressé, pas ce soir. » Je m’avance, c’est présomptueux, et facilement offensant. En toute honnêteté, je ne compte pas faire mine d’avoir quoi que ce soit à faire de la petite sensibilité de chacun ce soir. « Qu’est-ce qui vous fait croire que j’allais tenter quoi que ce soit ? » elle rétorque sans perdre le sourire. Je balaye la salle du regard puis hausse les épaules et reprend une fine gorgée de whisky. « On s’assoit rarement auprès d’une personne du sexe opposé alors qu’il y a de nombreuses autres chaises libres juste pour parler. » C’est bien malheureux, mais rares sont les personne qui peuvent se satisfaire d’une compagnie intellectuelle sans en attendre plus après quelques verres. « Vous avez l’air de quelqu’un qui a besoin de parler pourtant. » Je ricane. « Non, j’en ai assez de parler pour aujourd’hui. Je ne veux pas me montrer désagréable mais… » « Ce n’est rien. Message reçu. Je serai plus loin si vous changez d’avis. » Cela ne risque pas d’arriver, mais je remercie la jeune femme pour sa compréhension avec un sourire. Elle prend place trois ou quatre chaises plus loin. Le temps passe et Joanne semble avoir un moment des plus plaisants en la compagnie de Caiden. Lors de sa seconde venue au comptoir, je comprends deux choses ; tout d’abord, si la conversation ne lui fait pas passer la consommation d’alcool au second plan c’est qu’il compte dessus pour baisser la garde de la jeune femme, et secondement, puisqu’il s’agit de la seconde tournée à ses frais, et que personne ne paye la totalité d’une soirée sans arrière-pensée, soit il espère que cet effort financier persuade la petite blonde à la réputation naïve de lui donner ce qu’il veut, soit il utilisera cet argument en cas de refus, quitte à la placer au rang de vulgaire escort, financée pour sa compagnie. Dans tous les cas, ces pensées alimentent ma méfiance. De toute manière, ce n’est pas un type pour elle, je rumine le nez dans mon verre pour noyer le son de leurs voix et leurs rires. L’avantage des journées de ce genre, c’est qu’elles permettent à l’univers de concentrer sur quelques heures bien pénibles toutes les tuiles qu’il souhaite vous faire subir dans le mois. Avec de la chance, je serai tranquille pour quelques semaines. S’il faut trouver un bon côté à cette histoire, je n’ai plus à cacher la raison de mon tempérament, et je vais pouvoir acquérir une voiture neuve. C’est une maigre consolation vis-à-vis de la scène qui se joue à quelques mètres de moi. Quoi que, dans un coup d’œil, je devine le malaise de Joanne, la main de Caiden sur la sienne. Désabusé, je termine mon verre et demande à être renfloué par le barman. « C’est ça, grille-toi. Elle n’aime pas qu’on la touche au premier rendez-vous, abruti. » je marmonne avant d’entamer mon nouveau verre. Mais ce ne sont pas mes affaires. Je ne dois pas m’en mêler. Cela ne m’atteint pas. Non, ça ne m’atteint pas. Dans quelques verres ça ne m’atteindra vraiment pas.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyMer 1 Fév 2017 - 16:44


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Caiden arqua un sourcil, mais le jeune homme se montrait persévérant et poursuivait, se disant qu'elle finirait par apprécier ce contact. Joanne finit par retirer sa main de la table et la posa sur ses genoux, le regard. "Ca ne me met pas très à l'aise." confessa-t-elle, véritablement gênée. Voilà, le froid était lancé mais Joanne ne se laissait que rarement toucher par des hommes qu'elle ne connaissait absolument pas, ou à peine. Il y avait des exceptions à la règle, comme Wes. Mais Joanne avait retrouvé une certaine pudeur depuis sa rupture et elle préférait limiter qu'un homme puisse la toucher de la sorte. Elle le connaissait à peine. Caiden n'avait certainement pas l'habitude d'être ainsi rejeté à ses premières avances, car il se mit à rire nerveusement. C'était un bel homme, il avait beaucoup d'atouts et il faisait certainement tomber les femmes comme des mouches avec son sourire. C'était peut-être ce qui lui plaisait, chez Joanne, qu'elle ne soit pas tombée sous le charme dès le premier regard. "Désolé." finit-il par dire. "En général, les contacts sont plutôt appréciés." Il but une gorgée de sa boisson. Joanne se disait :comment ça, en général ? Il aimait donc en inviter plus d'une dans un bar, juste pour discuter, comme il disait ? Cela soulevait beaucoup de questions dans la tête de la petite blonde. "Tu as dit que c'était pour faire connaissance." se justifia-t-elle avant de boire également. "C'est une manière comme une autre de faire connaissance, tu ne crois pas ?" répondit-il sans la moindre hésitation. Joanne rit nerveusement. "Ce n'est pas vraiment comme ça que... je vois les choses, disons." Caiden tentait alors de la sonder, à chercher au fond de ses yeux bleus pour la cerner, la comprendre, et savoir comment s'y prendre. "Alors comment les vois-tu, dans ce cas ?" demanda-t-il, le regard mutin. "Pourquoi tu n'acceptes pas ce photoshoot que Vee te supplie de faire ? Pourquoi le moindre contact physique te rend nerveuse?" "L'histoire par rapport à Vee n'a rien à voir." "Si, quand même un peu." répondit-il avec un large sourire. "Pour moi, un contact physique est assez intime. On ne se permet pas de toucher n'importe qui, n'importe comment." Joanne était timide, pudique. Jamie -tout comme Hassan d'ailleurs- avait fait preuve d'une incroyable patience avant d'avoir pu la voir totalement nue, de pouvoir la toucher comme bon lui semblait. Une fois le climat de confiance instauré, la relation bien établie, tout se déroulait très bien. Mais elle avait besoin de temps. "Et tu n'as jamais voulu sortir des sentiers battus ?" "Pas vraiment, non." Du moins, pas dans ces conditions. Joanne ne savait pas comment elle pourrait se comporter en étant bien imbibée d'alcool. Avec un peu de drogue et d'alcool, elle avait tout de même réussi à coucher avec Jamie sans le moindre sentiment pour lui, c'était uniquement pour l'acte et l'attirance physique. "Et ça ne te dit pas d'essayer ?" Son regard devenait presque mutin. Caiden voulait certainement qu'elle s'essaie avec lui. "Et toi, tu ne veux pas essayer d'avoir une relation stable avec quelqu'un ? Tomber amoureux ?" lui répondit-elle. "Disons que dans le milieu où je travaille, c'est difficile, de rester stable, disons. On plaît, et on se plaît à en regarder d'autres. Et on veut toucher, au final. J'aimerais bien, oui, un jour, avoir une famille, mais... pas tout de suite." Il adorait son neveu, c'était une preuve qu'il s'entendait à merveille avec les enfants. Mais il semblait plus enclin à profiter de la vie bien différemment avant de se décider à se poser. "A mon tour, de payer un verre." dit-elle, refusant de se sentir redevable. Elle se dirigea donc vers le bar pour commander les boissons. Caiden, déjà bien plus entreprenant, se décida de léguer la place à d'autres consommateurs pour se rapprocher de Joanne, en restant derrière. Quasiment collé à elle, il posa délicatement ses hanches sur elle. "Caiden, arrête, s'il te plaît." dit-elle tout bas et en se débattant légèrement. "Peut-être que pour passer cette timidité, il faut y aller à la manière forte. Affronter tes appréhensions, tu sais." lui susurra-t-il dans l'oreille, semblant apprécier que Joanne bouge pour se débarrasser de ses mains. Au même moment, il avait lancé un regard un Jamie. Un regard qui le défiait, qui lui faisait comprendre qu'il comptait bien la faire rentrer avec lui le soir-là. Caiden n'était certainement pas aussi parfait qu'il le laissait penser au premier abord. On le devinait aisément lorsqu'il huma la peau au niveau de la naissance du cou de Joanne. "Arrête, j'ai dit." dit-elle un peu plus fort, en se retournant face à lui, contrariée, en lui donnant tout de même le verre qu'elle venait de lui payer. Et la voir énervée semblait particulièrement lui plaire.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyMer 1 Fév 2017 - 18:23


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Pendant un instant, la situation semble revenir à la normale, l’incident passe. Caiden se tient à carreau, quelques minutes, assez pour remettre un peu Joanne en confiance, lui faire croire qu’il regrette son geste ou qu’il est prêt à revoir sa stratégie d’approche pour lui plaire. Sur le moment, ce genre de persévérance est respectable. Je garde l’oreille tendue, j’épie, et je me trouve franchement pitoyable, mais je suppose que je ne suis pas à ça près pour aujourd’hui. Est-ce que je m’attends à être mentionné à un moment de la conversation, en bien ou en mal ? Absolument pas. Ca ne me traverse pas l’esprit. A vrai dire, c’est moins le contenu de leur discussion que son déroulé qui m’intéresse, et surtout, sa finalité. Pendant que j’espionne, discrètement, je sirote mon verre par petites gorgées. Je manque d’avaler de travers lorsque je devine la silhouette de la petite blonde se lever et se diriger vers le comptoir pour commander à boire à son tour. Au moins, elle ne manque pas de jugeote. Etrangement, je baisse le regard et le noie dans le liquide ambré au fond de mon verre, comme si cela me permet d’être plus petit, moins visible –et cela ne tient à aucune logique. Elle ne me remarque pas. Elle n’en a pas le temps. Le mannequin lui a emboîté le pas. Mon cœur se serre, mes dents grincent, tandis qu’il se fait de plus en plus insistant et rustre. Je capte son regard, son air de défi. Arrête-moi si tu peux. Et je m’en détourne pour terminer mon verre. Je me répète inlassablement, dans l’espoir de m’en convaincre, que ce ne sont pas mes affaires, que ça ne m’atteint toujours pas. Joanne peut se débrouiller seule. Je suis pieds et poings liés face à la justice, je ne peux pas me permettre de faire la moindre vague. Je ne peux pas refaire le portrait du mannequin et ruiner sa carrière pour quelques semaines par la même occasion, qu’importe à quel point cela me démange. Je reste stoïque, je respire profondément. Quelqu’un d’autre va intervenir à ma place. Il y en a toujours un pour jouer au héros, faire sa bonne action du jour. Allez, quelqu’un. Mais personne, pas même le barman, au bout de plusieurs longues secondes, ne lève le petit doigt. « Je sais que vous autres mannequins avez du vent entre les oreilles, mais « arrête » est en deux syllabes, il ne faut pas exagérer, c’est à ta portée. » je lance en quittant ma place. Puis j’approche de ces quelques pas qui me séparent d’eux et dégage la main de Caiden de la hanche de la jeune femme, puisqu’il ne saisit pas le message –trop de mots sûrement. « Bas les pattes. » Plus simple, clair, concis. Cette fois le mannequin réagit et m’assassine du regard –et le soutenir m’empêche brillamment de m’attarder sur celui de Joanne dans lequel je crains de me trouver que de la désapprobation mêlé à un certain « de quoi je me mêle ? ». « Tu ferais mieux de me lâcher Keynes, tu pourrais avoir des ennuis. » Certes, et il sera bien plus difficile d’être un bon père pour Daniel depuis une cellule si mon comportement tape assez sur les nerfs de la juge pour qu’elle décide de me mettre à l’ombre à titre d’exemple pour tous ceux qui croient sur les peines de sursis sont une récréation. Alors je lâche Caiden, en effet, mais je ne compte pas partir tant qu’il ne passera pas la porte du bar avant. « Et fais pas comme si t’en avais quelque chose à cirer, vous êtes plus ensemble. » « C’est la mère de mon fils. Mais je n’ai jamais eu besoin de raison pour en avoir quelque chose à faire. » je réponds en haussant les épaules, souriant même un peu au souvenir de cette première rencontre dans cet autre bar, cette situation similaire, cette bagarre qui a éclaté et cette soirée qui s’est terminée au poste. « C’est un peu tard pour essayer de te faire passer pour le chevalier blanc, on connaît ton vrai visage désormais. » « Je sais. Et Joanne connaît le tien maintenant. Tu viens de griller toutes tes chances avec elle, comme ça. » dis-je en claquant des doigts. Il faut dire que la méfiance naturelle de la jeune femme rend toute tentative approche périlleuse. Et Caiden s’y est pris de la pire manière qui soit. Il cherche du soutien dans le regard de Joanne, quelque chose qui le conforte dans l’idée qu’il n’est pas allé trop loin, qu’il peut rester, et qu’il ne va quand même pas être mis en échec par son ex. « Va-t’en. » je souffle, espérant, pour ma part, que cette joute suffira à mettre le jeune homme dehors sans avoir besoin d’hausser le ton ou de l’y escorter par la force.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyMer 1 Fév 2017 - 19:26


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Le comportement de Caiden dérouait la jeune femme. C'était un homme bien différent de celui dont elle avait fait la connaissance au gala. Son image ne faisait que de se dégrader dans l'estime qu'elle avait pour lui, et ça n'allait pas en s'arrangeant. Surtout avec ces mains balladeuses qu'il ne voulait véritablement pas retirer de ses hanches. Ca commençait à l'agacer, de n'attirer que des hommes cherchant à avoir son coup du soir pour mieux repartir le lendemain. Impossible de se défaire de ce pot de colle. Avec la taille et le visage de Joanne, elle impressionnait peu. Pour dire, Jamie fondait comme neige au soleil lorsqu'elle la voyait en colère. Il la trouvait sexy, dans ces moments. D'ailleurs, en parlant du loup, c'était avec une surprise des plus totales qu'elle le vit arriver de nulle part, jugeant bon d'intervenir. Le beau brun retira la main de Caiden de la taille de Joanne afin de donner à nouveau de l'espace à celle-ci. Toujours stupéfaite par cette soudaine apparition, elle était incapable de dire quoi que ce soit alors que le mannequin continuait de défier Jamie du regard. Quoique ses yeux devinrent bien plus assassins lorsque le message semblait enfin être passé. Caiden lançait des pics à Jamie, celui-ci ne se laissait pas atteindre outre mesure. Il était vrai qu'il n'avait pas besoin de venir à la rescousse, impossible de ne pas se rappeler de leur toute première rencontre. Mais lui, au moins, savait bien comment Joanne fonctionnait et ne manquait pas de le lui rappeler en étant certain de lui en disant qu'il venait d'écumer toutes ses chances en se comportant de la sorte. "On raconte que t'es possessif, Keynes. Enfin non, c'est même bien connu." dit-il alors d'un ton assuré. "T'aimes pas à ce qu'on touche à ce qui t'a appartenu un jour." Il rit, et haussa les épaules. "Je suis là, et je ne suis pas un objet." se permit de dire Joanne, comme première intervention, avec un rire purement nerveux. Caiden s'approcha à nouveau de Joanne, ne comptant pas la laisser faire en emprisonnant son visage entre ses grandes mains, pour l'embrasser contre son gré. Joanne finit par le faire reculer en le poussait de toutes ses forces. "Mais tu es complètement malade !" s'exclama-t-elle, avant de lui coller une gifle. Même ça, ça le faisait rire. "Alors, ça fait quoi quand on touche à ce qui t'a appartenu. Elles sont toutes pareilles. Tu sais ce que c'est, tu sais comment ça marche, elles finissent par craquer, pas vrai ?" "J'aimerais que tu partes, Caiden." "Et malgré ça, elle reste adorablement polie." Il réajusta sa veste. "Va-t'en." Joanne croisa les bras. Elle savait bien, qu'elle n'était pas vraiment crédible, qu'elle ne restait qu'une petit poupée aux yeux de beaucoup de personnes. Mais Caiden finit par partir, largement satisfait d'avoir pu avoir droit à un baiser, bien que celui-ci fut pris de force. Joanne s'empara d'une serviette pour se débarrasser du reste de salive qui restait sur ses lèvres et but cul-sec le verre qu'on venait de lui servir. Enfin, son regard se posa sur Jamie. "Merci beaucoup, d'être intervenu." dit-elle avec beaucoup de reconnaissance, lorsque la tension commençait à redescendre. Elle était surprise qu'il n'en soit pas venu aux poings. Sa médication avait certainement un effet là-dessus. "Laisse-moi te payer un verre, s'il te plaît." En guise de remerciement. Joanne lui prit un autre verre de whiskey sec, et tant qu'elle y était, et n'ayant plus rien à boire, elle prit la même chose. Ce n'était pas particulièrement réputé que ce soit un alcool pour femmes, mais elle s'en fichait bien. "Ca rappelle quelques souvenirs, pas vrai ?" dit-elle avec un sourire timide, en lui tendant le verre. Joanne se dit qu'elle devrait arrêter de sortir comme ça. Ou de se faire avoir comme avec Caiden. Elle espérait avoir à nouveau une amie avec qui sortir, comme ce fut le cas avec Sophia. Il était facile de deviner que la journée de Jamie avait du être compliqué pour qu'il tienne à tout noyer dans l'alcool. "Je t'offre aussi le prochain verre." Joanne n'osait pas lui demander comment il allait, la réponse serait certainement négative. "Je crois que je vais arrêter d'accepter d'être invitée à boire un verre pour faire connaissance. Je pensais qu'il voudrait juste parler." Et se connaître l'un l'autre. Ce n'était pas très encourageant de vouloir persévérer. "Je pensais que ça ne pouvait qu'être amical." Elle rit nerveusement. "Je vais juste faire des sorties avec Daniel, ça sera très bien." Ou bien des restaurants avec des collègues, si ça se faisait également au Queensland Museum. Mais plus jamais de rencard supposé ne pas être un rencard, mais qui en était tout de même un.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyJeu 2 Fév 2017 - 1:38


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Does he know when you're sad? You don't like to be touched, let alone kissed. Does he know where your lips begin? Do you know who you are? Do you laugh, just to think what I lack? Do you know your lip shakes when you're mad? and do you notice when you're sad?

Le baiser me laisse impassible. En apparence du moins. Je ne réagis pas, ne dit rien, ne cligne pas des paupières. Joanne se charge de jeter Caiden hors du bar, essuyant ses moqueries. Je ne bouge pas un instant, ne dis rien, et garde le regard dans le vide. Ce baiser est une détonation. Je me rassois pour m'empêcher de courir après le mannequin pour le laisser à moitié mort sur le pavé. Même si je le voulais, je ne le pourrais pas ; l'alcool et les médicaments mettent mon cerveau dans un drôle d'état. Non, ce n'est pas l'envie qui manque. Mais ce n'est que dans mon imagination, sûrement influencée par le Tarantino regardé l'autre soir, que je le détruis comme je l'avais fait pour Lionel à Melbourne. Juste pour un baiser. Je laisse Joanne me payer un verre, tandis qu'elle évoque vaguement cet épisode honteux de notre courte histoire comme un simple souvenir. « Un peu... » je murmure sans sourire. A vrai dire, je ne veux plus songer à ce fameux soir. J'écoute d'une oreille la jeune femme m'assurer que ceci n'était pas supposé être un rencart, et qu'on ne l'y reprendra plus, comme si j'étais supposé avaler ça. « Tu es trop naïve. » Trente ans, et toujours aucune idée de la manière dont les hommes fonctionnent. Joanne est une proie. Elle sent la mère célibataire qui a besoin de bras dans lesquels se réfugier à des kilomètres. Une petite biche frêle aux grands yeux bleus, blessée, qui ne demande qu'à être réconfortée. Qui ne tournerait pas la situation à son avantage ? Même moi j'ai fait l'erreur furtive de croire qu'elle accepterait de recevoir un peu de chaleur humain pour apaiser nos coeurs mis à mal. La vérité, c'est que l'hémorragie du sien s'est stoppée, et le mien est le seul à continuer de saigner, un peu plus brisé à chaque pas qu'elle fait loin de moi. « Ou tu me rends pour un idiot. » C'est aussi une option. La jeune femme n'assume pas d'être venue dans le même bar que moi avec son flirt, même sans le savoir, alors elle cherche à minimiser sa relation avec Caiden pour que la pilule passe mieux. Peut-être avait-elle l'intention de suivre mon dernier conseil en date, à savoir passer la nuit avec un homme. Je n'en sais rien. Je ne veux pas le savoir. « Tu n'es pas obligée de faire ça. Me payer un verre, parler. » je reprends en ayant pourtant le verre dans la main, le whisky au bord des lèvres -parce qu'il serait impoli de refuser après tout, et puis, un verre servi est un verre payé, il ne faudrait pas gâcher. Après une fine gorgée qui me picote le palais, je me tourne vers Joanne. Elle me connaît bien assez pour savoir quand ça ne va pas, quand la journée a été dure. Fut un temps, elle savait quoi faire dans ces moments-là, comment m'aider à me détendre, juste en étant là, parfois parfaitement silencieuse, à l'aide de quelques caresses dans les cheveux. Ce n'est plus son rôle désormais, et je ne serai pas sa bonne action parce qu'elle a été la mienne. Comme elle le dirait si bien, elle ne me doit rien. « Je t'ai aidée parce qu'il fallait que quelqu'un le fasse et que s'il fallait compter sur l'un des gentlemen ici présents, eh bien l'autre gueule d'ange aurait eu le temps de te violer sur le comptoir avant que quelqu'un ne lève le petit doigt. » Je parle un peu fort, non pas à cause de l'alcool, mais pour que les intéressés m'entendent bien -mais je suppose qu'on peut mettre la volonté d'être entendu sur le compte du whisky, en effet. J'adresse un regard plus particulièrement au barman, qui devrait toujours être le premier à réagir, et qui a préféré s'éloigner pour prendre des commandes comme si de rien n'était. Je lâche un soupir. Honnêtement, j'aurais préféré que quelqu'un d'autre intervienne. J'aurais préféré que quelqu'un d'autre soit le héros, et que je puisse continuer à me saouler dans mon coin, plutôt que de faire remonter à la surface des souvenirs qui n'apportent que de la douleur. « Ca peut s'arrêter là. Merci -pas de quoi. Pas besoin de plus, de faire semblant. » Parce qu'elle se force forcément à être là, avec moi, à sourire et m'adresser la parole. Je ne saurais dire pourquoi cela me semble évident, sur le moment il n'y a tout simplement pas d'autre possibilité. « Comme tu peux le remarquer, je ne suis de toute manière pas de bonne compagnie. » Notre dernier lien, Daniel, n'est pas présent. Alors nous pouvons nous comporter comme les étrangers que nous sommes devenus l'un pour l'autre, nous pouvons nous ignorer royalement. Elle peut se trouver un autre flirt pour ce soir, peut-être même une conquête, suivre le plan de base mais changer de cible. Je m'en fiche. Oui je m'en fiche. Elle n'est plus à moi de toute manière, elle ne l'a jamais été. Elle a toujours été prisonnière, trois années en arrière. Et j'ai aimé un fantôme, une ombre ; un mirage. Je l'ai aimé si fort que je ne voyais plus le fossé qui nous séparait. Qui nous sépare aujourd'hui. Et elle s'éloigne, s'efface toujours plus. Et elle n'a pas besoin de moi, et elle m'oublie. Et bientôt elle sera à un autre. Et bientôt… je me résumerai à un furtif rictus nostalgique.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyJeu 2 Fév 2017 - 15:58


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Jamie n'avait même pas sourcillé. Elle ne l'avait même pas senti bouillir devant ce baiser, un autre homme qui caressait les lèvres de celle qui avait toujours été sa poupée. Il ne ressentait donc plus rien, rien du tout. Caiden finit par sortir du bar, pour une fois, c'était Joanne qui y parvint. Elle ne comptait pas le revoir de sitôt et allait bien discuter à Wesley pour lui préciser que certaines de ses fréquentations ne soient pas les meilleures qui soient. C'était l'un des rares qui n'avait pas d'idée derrière la tête - parce qu'il était gay. Elle n'arrivait pas à voir si Jamie avait eu l'envie d'écraser le visage du mannequin contre le bar, ou lui fracturer quelques côtes sous une avalanche de coups de poing, juste pour faire un bon retour des choses. Joanne se rappelait alors de leur toute première rencontre et son ex ne semblait pas être particulièrement enthousiaste à l'idée de s'en souvenir. Il était particulièrement de mauvaise humeur et le verre de whisky qu'il écumait n'aidait en rien. Oui, Joanne était naïve. Parce qu'elle n'était pas habituée à la gente masculine et à se faire inviter à tout va, à cause d'un frère trop protecteur ou par la suite, un manque de motivation certains pour s'attacher à qui que ce soit. Ses paroles sonnaient alors comme un reproche - parce qu'il ne savait faire que ça, en ce moment. Elle leva les yeux au ciel lorsqu'il renchérit, à dire qu'elle le prenait pour un idiot. Joanne préférait choisir la première option, qui était la plus proche de la réalité. Se sentant redevable, elle lui avait donc payé un verre. Elle l'écoutait avec un pincement au coeur, presque outrée qu'il puisse penser qu'elle se forçait à rester avec lui, à discuter. C'était certainement une occasion d'arrondir un peu les bords sans avoir à se réfugier derrière leur fils dès que la situation instaurait un malaise entre eux. Le bel anglais faisait apparemment tout son possible pour continuer à se noyer dans l'alcool. Voyant qu'il ne pouvait apparemment plus la voir, Joanne se contenta de dire. "Comme tu veux." Elle récupéra le verre qu'elle avait laissé posé sur le bar et s'éloigna de lui sans dire quoi que ce soit de plus. Etrangement, son comportement envers l'avait atteinte plus qu'elle n'aurait pu le penser. Un tel rejet vis-à-vis d'elle. C'était même de l'aversion à son égard. Afin de lui épargner davantage cette amertume, Joanne se débrouilla pour trouver une petite table assez loin de lui, dos à lui, afin qu'il ne l'ait plus dans son champ de vision. Sur le moment, ça ne la dérangeait pas d'être seule. Elle préférait ça que d'être accostée à tout va par des hommes à moitié ivre. Une fois assise, elle avait trempé les lèvres dans le whisky et n'en aimait absolument pas le goût. Ce n'était pas pour rien qu'on disait que c'était une boisson pour homme. Elle parvint à interpeller un serveur pour lui demander un cocktail qui correspondait déjà plus à ses goûts. En attendant, elle regardait les gens qui l'entouraient. Ceux qui bavardaient, qui se laissaient entraîner par la musique, ceux qui avaient ramené un jeu de cartes pour se distraire, ceux qui étaient collés à leur téléphone portable sans daigner lever la tête, ceux qui arrivaient à se concentrer pour lire, ceux qui attendaient désespérément qu'un serveur vienne prendre leur commande. Joanne s'enfermait alors dans sa propre bulle, l'air rêveur, comme à son habitude, peu encline à discuter avec qui que ce soit. Son attitude laissait deviner qu'il ne fallait pas vraiment l'aborder. Les jambes croisés, le coude sur la table et sa tête retenue par la paume de sa main. Malgré le monde, il n'y avait pas de brouhaha perpétuel, chacun modérait le volume de sa voix pour rendre agréable cette soirée, pour tout le monde. La moindre personne qui se risquait tout de même à l'approcher se faisait gentiment envoyer paître. Les excuses classiques : elle attendait quelqu'un, son amie était aux toilettes, ce genre de choses. Parfois, elle devinait la silhouette de Jamie, elle reconnaissait sa coupe et couleur de cheveux. Il ne changeait pas vraiment de place, certainement trop bien installé et bien assez près du barman pour lui demander de remplir à nouveau son verre. Joanne savait que cette soirée allait mal se terminer pour lui. Soit une bagarre, un coup d'un soir qu'il allait amèrement regretter le lendemain, soit la tête dans la cuvette des toilettes à vomir ses boyaux. La serveuse ramenait le verre cocktail à Joanne, celle-ci l'en remercia et lui paya l'addition. Elle se dit alors qu'elle ne s'attarderait pas davantage dans ce bar une fois qu'elle aurait fini son verre. Mais Joanne était une personne qui adorait savourer son cocktail et prendre son temps.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyJeu 2 Fév 2017 - 17:35


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Alors Joanne s’en va. N’importe qui ferait de même face à la virulence dont j’ai fait preuve. Qui perdrait son temps auprès d’une personne qui ne veut visiblement pas de vous ? Inutile qu’elle se gâche la soirée plus que nécessaire en forçant la conversation. Elle se trouve une autre table et s’y installe seule. Je repère vite fait laquelle lorsque la serveuse quitte le comptoir pour lui apporter son cocktail – quelque chose me disait que ce verre ne pouvait être que pour elle. Je genre d’intuition qui, sur le moment, me donne envie de planter un tournevis dans la partie concernée de mon cerveau. Avec un peu de chance, pareille opération de fortune résoudrait tous mes problèmes. Je me demeure à ma place. Confortablement installé sur mon haut tabouret au bar, accoudé, un peu affalé, le nez dans les verres de whisky qui se suivent, l’esprit de plus en plus engourdi et vaseux à force de respirer les vapeurs d’alcool. Personne ne m’aborde, et de moins en moins de personnes en sont tentées. Un homme qui se saoule n’a rien de très attirant, et c’est tant mieux. Vient un moment où je ne sens plus d’odeur du whisky, ni son goût, ni sa manière d’attaquer le fond de ma gorge et de tomber dans mon estomac. Ce n’est plus qu’un liquide que je sirote machinalement. Généralement, les personnes qui atteignent ce stade vivent des lendemains difficiles et prennent des décisions qu’ils regrettent. La brillante idée consistant à me lever pour aller trouver Joanne fait certainement partie de celles-ci. « Tu sais, je me pose pas mal de questions. » dis-je après avoir traîné ma carcasse sur quelques mètres, bousculé quelques clients, et m’être laissé tomber sur la chaise à côté de la jeune femme. La phrase n’est pas de bonne augure. Les réflexions d’un homme ivre qui n’en mène pas large sont rarement agréables. Néanmoins, je sais que je ne manque pas de cohérences. Ces pensées, je me les traîne depuis des semaines. J’ai tout tourné, retourné et laissé macérer pendant des heures. C’est tout ce qui rend cette situation, et la présence même de Joanne, insupportables. « Je me demande… A quoi tout ça rimait ? » J’ai le regard hagard, la bouche sèche qui mange les mots, les mains nerveuses. Cette question, c’est ma torture quotidienne, mais elle est loin de venir seule. C’est tout un lot, un joli package avec un petit nœud dessus, que je tente de traduire à Joanne, butant, hésitant, cherchant les mots pathétiquement ; « Si notre relation, notre vie, si tout ce que je pouvais faire ou te donner –et je ne parle pas que de cadeaux, je parle de… tout. Si ça ne t’allait pas, si rien ne te rendait heureuse et rien ne te faisait oublier ton ex… Pourquoi tout ça ? Pourquoi tout ce cirque ? Les crises, les disputes, les réconciliations, même ta demande en mariage, tout ça. A quoi bon ? Tu m’as dit que ça fait trois ans. Trois ans de dépression, d’idées noires. Pas un an et demi, puis du mieux. Trois ans. » Je pourrais le répéter pendant des heures, comme cela fut le cas dans ma tête les jours où ces pensées tournaient à l’obsession. Trois ans. Trois. Ans. Trois. « Tu n’as jamais tourné cette page, n’est-ce pas ? » je demande, la gorge nouée par la douleur d’une plaie qui se rouvre tout à coup en grand. Joanne sait parfaitement de quoi je parle. Je n’ai pas besoin de prononcer un nom que je ne veux pas prononcer, elle le sait, elle ne peut pas prétendre le contraire, et si elle ose me contredire je pourrais bien perdre mon sang froid –parce que je sais que j’ai raison, je l’ai toujours su. « Mais nous, nous tu... » Ma main balaye l’air. C’est aussi simple que ça. « Ça n’a pas d’importance, n’est-ce pas ? » On peut en venir à douter du sens de sa propre existence lorsqu’une personne pour qui vous auriez pu donner votre vie vous efface de la sienne sans un regard en arrière. Une larme de crocodile roule sur ma joue. Je ne saurais dire depuis combien de temps elle menaçait régulièrement de tomber devant Joanne, et combien de fois je l’ai ravalée pour qu’elle ne puisse jamais voir la profonde peine que je ressens. « Est-ce que tu restais par dépits, Joanne ? Juste parce que ta pauvre estime de toi-même te poussait à croire que si tu n’étais pas avec moi, aucun autre homme ne voudrait de toi ? Est-ce que tu as voulu m’épouser par peur d’être seule ? Est-ce que le jour où Daniel est né, une partie de toi regrettait que ce soit mon fils, et non pas l’enfant que tu aurais pu avoir avec lui ? » Celui qu’elle a perdu suite au divorce. Et s’il était né, est-ce que l’autre aurait changé d’avis ? Est-ce qu’elle l’aurait gardé ? Qu’en serait-il de tout ça aujourd’hui ? Autant de questions qui me relèguent à la place de roue de secours. Je repère le verre de whisky que Joanne n’a finalement pas bu. Je m’en empare sans demander la permission. « Dis-moi à quel point nous ne valions rien. » je siffle, désinvolte, avant de porter la boisson à mes lèvres. Et je bois à ça.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyJeu 2 Fév 2017 - 18:40


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Joanne aurait définitivement préféré rester seule. La dernière personne à laquelle elle s'attendait à voir était Jamie. Il avait fini par traîner ses pieds jusqu'à la chaise à côté d'elle. L'alcool dénouait les langues et il tenait apparemment à revenir sur leur rupture, même sur l'ensemble de leur relation. Il révélait un visage qu'il n'aurait certainement jamais voulu lui montrer un jour, mais le whisky l'y avait poussé, apparemment. "J'avais dit trois ans parce que je voulais te mettre en colère. Tu n'as pas été tendre avec moi non plus ces derniers mois, je suppose que je voulais te rendre la pareille." répondit-elle. Elle ne se serait jamais permise de l'insulter directement comme lui le faisait, mais c'était peut-être encore pire. "Si je t'ai redemandé en mariage, c'est parce que je voulais t'épouser. Je voulais devenir ta femme, je voulais avoir la famille dont nous rêvions, être capable de te rendre heureux. Les disputes... à la fin, c'était toujours à propos de la même chose. Et si j'étais si excessive, c'est parce que je ne voulais pas te perdre. Que le premier sentiment qui me parcourait avant même que les disputes ne commencent, c'était que tu t'éloignes de moi. Et ça, je n'arrivais pas à le supporter." Certainement une séquelle de son premier divorce, certainement. La crainte d'être abandonnée pour une quelconque raison. "Mais malgré ça, j'allais mieux, avec toi. Tu ne sais pas comment s'est passée l'année après le divorce, c'était pire." Donc non, ce n'était pas trois ans. Pas trois. Cependant, Jamie pointa du doigt quelque chose qui était très juste: Joanne n'avait jamais réussi à véritablement tourner la page. Elle baissa les yeux, pas nécessaire de dire quoi que ce soit, la réponse était évidente. Il avait totalement raison aussi sur un autre point, c'était qu'elle pouvait retomber dans ses bras la seconde après qu'Hassan laisserait comprendre que ce soit possible, et elle l'avait fait, histoire de bien démarrer l'année. Après cette réflexion, elle ne savait que trop penser de son comportement, mais ça n'avait rien de très positif. "C'était d'autant plus compliqué lorsqu'il m'a dit pourquoi il voulait divorcer." Hassan avait supposé que c'était la meilleure chose à faire et il avait eu raison sur ce point. "Mais ça ne veut pas dire que tout ce que nous avons vécu tous les deux n'a pas d'importance, Jamie." La jeune femme avait vu cette larme qui roulait le long de sa joue, le résumé de toute la peine qu'elle lui avait causé. Sa voix à elle restait douce. Ses iris bleus regardaient Jamie, elle se sentait si coupable de son état. "Je restais parce que je voulais être avec toi. Je voulais continuer à t'encourager dans tes projets, je voulais continuer à te faire sourire, peut-être même te faire rêver. Je voulais continuer de voyager avec toi, de passer des soirées au canapé devant un bon film avec toi. Tout comme je voulais continuer à te faire l'amour, et à espérer que nous pouvions avoir un autre enfant tous les deux. Je voulais t'épouser parce que je t'aimais plus que tout et que je voulais t'en donner encore plus si cela était possible. Et il n'y a pas eu un seul instant où, lorsque Daniel est né, où j'avais espéré que ce soit le sien. C'est ton fils, et je suis fière qu'il le soit, tout comme Daniel est heureux de t'avoir comme papa." Ses yeux bleus se bordèrent également de larmes, elle avait horreur de le voir si triste. "Chaque enfant que j'ai perdu... le sien, les tiens, c'était à chaque fois un nouveau deuil à supporter. C'était insupportable, et crois-moi, ça l'est encore. Mais tu as été là, Jamie, tu l'as été à chaque fois. Il voulait se recentrer sur sa vie après le divorce, je ne sais pas ce qu'il avait en tête, et honnêtement, je ne sais pas s'il serait venu s'il avait appris la nouvelle par je ne sais quel biais. Tu as toujours été là, tu as continué de m'aimer et d'espérer, tu voulais que je remonte la pente, que je prenne un peu du poil de la bête. Je sais que je n'étais pas très réceptive, ni démonstrative, mais ça m'a fait plus de bien que je ne le laissais croire." Joanne le retint ensuite de boire le verre de whisky qu'elle avait laissé de côté afin de capter son regard. Jamie ne pouvait voir dans le sien que la sincérité et peut-être même un soupçon de tendresse. "Alors si, nous valions quelque chose, tous les deux. Nous valions tant. Peut-être que tu me trouveras toujours aussi ridicule, mais je continue de croire que ce n'est pas une simple coïncidence, que nous ayons pu traverser tant de choses ensemble, malgré les tensions, les disputes. Nous nous sommes toujours aimés malgré tout. Le fait que nous ayons pu avoir un enfant tous les deux. Notre histoire a énormément de valeurs à mes yeux, et j'y reste attachée bien plus que je ne voudrais le croire, parce que c'était incroyable." De son pouce, elle essuya délicatement le sillon de sa larme avant de retirer la main de son visage et le laisser boire comme bon lui semblait. Joanne prit également quelques gorgées de son cocktail, elle ne savait plus vraiment où elle en était dans le décompte des verres, mais suffisamment pour avoir ces légers vertiges. Difficile de dire où elle en était avec Hassan, c'était flou, particulièrement ambivalent, ça n'avait ni queue, ni tête. "Les sentiments que j'avais pour toi étaient indescriptibles, Jamie. C'était notre amour à nous, notre façon d'aimer et de le montrer. Je voulais vivre ça tous les jours, jusqu'à la fin de nos jours, et même au-delà."
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyVen 3 Fév 2017 - 2:02


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Jamais ne m'étais-je permis de montrer des signes de regrets à Joanne. De la peine oui, de la colère, peut-être un eu de nostalgie parfois, mais j'ai toujours voulu montrer que le trait est tiré sur cette relation. Ce soir, je prouve tout le contraire. Je lui vomis tout ce qui me torture depuis que j'ai mis un point final à notre histoire. Ces quelques mots qui n'avaient l'air de rien mais qui me dévorent de l'intérieur depuis des semaines, la jeune femme les justifie par une simple manière de me faire souffrir en retour. J'imagine que le résultat dépasse ses espérances. “Même pour blesser, on pense toujours au moins un peu ce qu'on dit.” je rétorque, refusant d'accepter cet argument. Je lui ai craché bien des discours au visage tous plus virulents les uns que les autres, j'ai parfois regretté, parfois exagéré, parfois souhaité m'être tu, mais toujours, si les mots dépassaient ou devançaient ma pensée, il y avait bel et bien une pensée qui existait derrière chaque réflexion. Rien n'arrive gratuitement, tout cru dans la bouche. Et si une partie de Joanne a pensé tout ce temps que de toute manière il n'y avait que son histoire avec son ex-mari qui comptait vraiment, alors cela suffit à me briser le coeur. Au moins, la jeune femme n'ose pas mentir une nouvelle fois en prétendant que cette page avait été tournée. Elle ne s'est jamais relevée, elle n'a jamais cessé d'y penser. Au contraire, elle tourne le couteau dans la plaie en ajoutant que la véritable raison du divorce a vivifié ses sentiments. “Je l’emmerde, le bon samaritain.” je siffle entre mes dents. Lui, son cancer, son ultime sacrifice, et le romantisme exacerbé de Joanne. Même traitement pour ses leçons de morale et ses pseudo-conseils. Je le hais, car il a rendu toute compétition caduque. Il est désormais impossible de rivaliser. Il ne m'a pas fallu longtemps pour le saisir une fois que la vérité m'a éclaté au visage. Aujourd'hui, la réaction de Joanne projette une nouvelle lumière sur son comportement. Je suppose qu'elle n'a fait que regretter de plus en plus cette relation si parfaite qu'ils avaient en sachant qu'elle avait ris fin pour rien puisque son ex-mari a survécu à la maladie. Qu'ils pourraient être encore ensemble. C'est elle la reine en matière de ressassement après tout. Ce que j'avais à offrir n'était rien en comparaison. Et elle veut encore me faire croire que j'ai eu la moindre importance. “Arrête de mentir.” je souffle, le regard l'implorant de m'épargner ce genre de petites phrases complaisantes qui se servent qu'à me mettre de la pommade. Ca ne fonctionne pas. Tout son monologue sur notre relation, la sincérité de nos fiançailles, sa gratitude fort tardive vis-à-vis de ma présence à ses côtés, ma patience et ma tolérance, ça ne fonctionne pas. Rien de sert d'épuiser son vocabulaire de superlatifs pour essayer de me faire croire que nous avons signifié quoi que ce soit. Je prends une grande gorgée de whisky, désabusé, et demeure silencieux, le regard dans le vague, pendant une minute. Répondre quoi que ce soit ? Cela ne serait qu'une perte de temps. Joanne n'osera jamais dire haut et fort que j'ai été une roue de secours et rien de plus. “Tu sais, j'ai été très loin du compagnon idéal, mais j'ai toujours fait de mon mieux. » On dit que ce sont les perdants qui font de leur mieux, et dans ce cas, c'est sûrement vrai. « Peut-être que je ne t’ai jamais comprise, peut-être que je ne t'ai pas aimé comme il fallait, que j’aurais dû t'aimer mieux. Mais je n'aurais jamais pu t'aimer plus. Et j'ai la conviction que personne ne le pourra. » On pourra toujours faire mieux que moi, et cela ne sera pas un exploit difficile à exécuter. Ce ne sera pas la même chose. Mon amour ne connaissait pas de raison, pas de limites, pas de règles ou de conventions. Mon amour était sur la liste de ces émotions que je ne contrôle pas, mais qui prennent contrôle de moi. Et il était tout à elle. Ce n’est d’aucun réconfort, mais je voulais qu'elle le sache. « Je t'adorais... » je murmure, la gorge à nouveau serrée. J'avais une dévotion pour Joanne proche du culte. Elle fut tout pour moi, comme l'oxygène dans l'air. Rien d'étonnant à ce que ses pensées noires m'intoxiquent également. J'espère qu'un jour, je perdrai ce sixième sens qui me permet de savoir immédiatement lorsqu'elle est dans la même pièce. « Je n'aurais sûrement jamais été assez de toute manière. Et je ne compterai jamais autant que... » lui. Autant l'admettre. S'il y a bien un sujet à propos duquel je ne me voile pas la face, c'est celui-ci. Je termine le verre avec une grimace, finalement écoeuré par l'alcool. « On dirait un ado. » dis-je avec un petit rire une fois le relent de whisky passé. Je pleure mon amour perdu et je me sens enchaîné à elle pour toujours, incapable de tourner la page, doutant que cela soit possible un jour, et maudissant toutes les chansons d'amour qui passent à la radio et me rappellent cette paire d'yeux bleus. Assez chouiné. C'est pathétique, franchement misérable, et ce qui le sera encore plus, ce sera le moment où il me faudra marcher aussi droit que possible jusqu'à la porte du bar -et ce parcours du combattant ne sera que la première étape sur le chemin du retour chez moi. « Je devrais me trouver un taxi. » je marmonne, sur le départ.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyVen 3 Fév 2017 - 15:03


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Peut-être qu'effectivement, Joanne avait un peu pensé à ce qu'elle disait, bien que ce n'était pas vrai. Certes, elle se laissait aisément ronger par le moindre signe qui lui laissait croire qu'il s'éloignait d'elle, mais il l'avait rendu heureuse. Joanne traînait avec elle cette impression de ne jamais lui suffire, comparé à tout ce que lui avait à lui offrir, autant en amour que pour tout le reste. La langue dénouée par le whisky, Jamie n'avait plus aucune barrière pour ses pensées et jugeait bon de tout dire à haute voix. Il haïssait Hassan plus que tout et Joanne venait à se demander pourquoi il l'appelait le bon samaritain. Elle oubliait souvent qu'ils travaillaient au même endroit et qu'ils devaient se croiser plus qu'elle ne voudrait le croire. Il y avait forcément eu des conversations, d'autres mots qui dépassaient les pensées. Et si Hassan lui avait révélé les véritables raisons de sa demande de divorce ? Etait-ce pour ça, ou pour autre chose que Jamie le surnommait ainsi ? Elle avait l'esprit un peu trop embourbé pour parvenir à un bon raisonnement. Elle n'avait pas non plus envie d'envenimer la situation ou de le blesser davantage. Jamie n'avait pas envie de parler de lui, c'était évident. Mais s'il y avait une chose qu'elle n'acceptait pas de sa part, c'était que le beau brun puisse penser qu'elle mentait. Il ne croyait pas, ou ne voulais pas croire, un traître mot qui sortait de sa bouche lorsqu'elle partageait son ressenti sur leur relation. Elle saisit alors délicatement son visage pour plonger son regard dans le sien. "Regarde bien moi dans les yeux et dis moi encore une fois que je mens." lui dit-elle doucement. Jamie la connaissait, il savait qu'elle était comme un livre ouvert. Alors il pouvait voir qu'elle pensait effectivement chacun de ses mots, qu'il n'y avait là aucun mensonge. Elle lâchait ensuite son visage pour le laisser boire son whisky, et il reprit la parole. "Tu sais que j'ai toujours aimé ta manière d'aimer." Malgré sa maladresse, sa quasi inexpérience en matière de véritable amour. Il y avait des erreurs, certes, mais de manière globale, Joanne avait toujours adoré la manière dont il exprimait son amour. C'était quelque chose de bien peu commun, de très physique, mais on ne lui avait jamais appris ces mots-là, on ne lui avait jamais montré comment un couple s'aimait vraiment. S'il y avait bien une chose dont Jamie était sûr, c'était qu'il n'existait personne d'autre qui était capable de l'aimer autant que lui. Peut-être différemment, mais jamais autant. Elle souriait légèrement à ses propos, attendrie, se demandant là s'il ne cherchait peut-être pas à se racheter, un peu. Le fait de l'entendre parler au passé, concernant tous ses sentiments, la rendait ensuite bien triste. Elle n'avait plus rien de tout ça, elle avait perdu tout ça. Tout ceci était effectivement fini. Son amour, son adoration, sa quasi dévotion. Il n'y avait plus rien de tout ça désormais, il n'y avait plus rien du tout. "Jamie, arrête." finit-elle pas dire, doucement malgré tout. "Tu as toujours été assez, c'est moi qui me disais que je ne te suffisais pas et qui me bouffait. Ce n'était pas assez par rapport à tout ce que tu pouvais et voulais me donner. Tu comptes tout autant que lui, il n'y a pas de bonne ou moins bonne relation. J'ai adoré être avec toi. dit-elle toujours avec autant de sincérité. Jamie comptait ensuite renter chez lui - et c'était certainement ce qu'il y avait de mieux à faire. "Avant que tu n'ailles où que ce soit, tu vas boire un peu d'eau." lui dit-elle avec un ton laissant comprendre qu'elle ne lui laissait pas vraiment le choix. Elle se leva et s'approcha du bar pour demander un verre et un pichet d'eau fraîche qu'elle lui ramena. "Tu me remercieras demain, en te réveillant." Finalement, Joanne n'avait pas consommé tant que ça. Voilà qu'elle s'occupait à nouveau de lui pour éviter qu'il ne termine au plus mal. "Bois." dit-elle en lui approchant le verre. Dès que le verre était vidé, elle lui en servit un deuxième. C'était un moment où elle avait bien plus de volonté que lui. Joanne le regardait faire et en profita pour finir son verre de cocktail. "Je t'accompagne jusqu'au taxi." dit-elle en mettant la sangle de son sac à main sur l'épaule. Bien que Jamie tentait de se débrouiller seul, Joanne finit tout de même par l'aider à se lever et à marcher droit jusqu'à la sortie du bar. Quelque chose lui disait qu'il n'allait même pas chercher à rejoindre son lit une fois arrivé chez. Un canapé, ou n'importe quoi d'autre de plat et de confortable fera certainement l'affaire. Joanne le maintenait par la taille jusqu'à se retrouver à l'extérieure et se chargea de faire un signe de main pour faire appel à un taxi. "Et voilà." dit-elle avec un sourire discret. "Prends soin de toi, Jamie. Fais attention à toi." ajouta-t-elle ensuite d'un ton bien plus soucieux.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyVen 3 Fév 2017 - 17:13


─ Does he know where your lips begin?
Does he know when you're sad? You don't like to be touched, let alone kissed. Does he know where your lips begin? Do you know who you are? Do you laugh, just to think what I lack? Do you know your lip shakes when you're mad? and do you notice when you're sad?

C’est pourtant bien déterminée à me faire changer d’avis à son sujet que Joanne se saisit de mon visage et plante son regard dans le mien. Ses doigts de part et d’autre de ma tête, l’intensité du bleu de ses yeux, me rappelle surtout de nombreux baisers qu’elle a collés sur mes lèvres de cette manière, fut un temps. Une époque révolue. A ce moment-là, je pensais savoir lire en elle, persuadé qu’elle ne pouvait rien me cacher même si elle le voulait. Les histoires racontées dans ce livre ouvert étaient des fables. Je ne peux plus rien en croire, pas même l’apparente sincérité de la jeune femme à cet instant. Si j’écoutais ce pseudo-instinct qui m’a guidé dans toutes mes erreurs, je dirais que j’ai tort, que Joanne dit la vérité, qu’elle m’aimait, que ce n’était pas si mal que ça et qu’elle aurait pu vivre toute une vie à mes côtés. Sauf que je ne peux pas croire un traitre mot, pas lorsque tout indique le contraire. « Tu mens. » je souffle, souffrant d’en être convaincu, noyé dans ses prunelles. « Tu mens comme quand tu disais qu’il ne comptait plus. » Autrement dit, il se peut bien que Joanne soit sincère sur le moment, et que cela ne soit que le fruit de ce que son esprit veut lui faire croire. Elle se voile la face. Et je ne sais pas ce qui fait le plus de mal ; croire qu’elle ment ou qu’elle soit véritablement sincère. A vrai dire, toutes nos conversations à ce sujet forment une plaie supplémentaire. Il n’y a rien pour aider à aller mieux. Seulement le temps, mais le temps est un outil capricieux. Il existe comme une cruelle ironie lorsque l’on constate que nous sommes tous deux persuadés de ne pas avoir été assez pour l’autre tandis que cela était faux. Quoi qu’entre l’excuse consistant à dire « ce n’est pas toi, c’est moi » qui est devenu un classique que plus personne ne souhaite entendre, et à côté de ça le fait que Joanne ne s’est jamais véritablement battue pour aller mieux ou n’a jamais fait l’effort de montrer des signes d’amélioration, ce qu’elle a elle-même admis plus tôt, je n’avale finalement rien de ces paroles supplémentaires. Compter autant que son ex-mari ? J’en doute grandement. Est-ce que dans trois ans elle me regrettera encore ? Certainement pas. Mais elle le regrettera encore lui. Ils étaient heureux, et tout était parfait. Il n’y a tout simplement aucune comparaison possible avec ces hauts et ces bas extrêmes que nous avons connu. Peut-être a-t-elle aimé la course, comme on aime un amour de colonie de vacances. Une romance qui semble plus importante que tout sur le moment, une histoire transcendante de quelques jours, mais une histoire qui ne dure pas, qui ne signifie rien. C’est peut-être borné de ma part de le croire, je n’en sais rien. Rien ne me fera changer d’avis ce soir de toute manière. Il est plus sage que je m’en aille et rentre chez moi. Avant cela, Joanne tient à me faire ingurgiter assez d’eau pour que je ne me sente pas complètement pourri de l’intérieur demain au réveil. « Tu crois vraiment que de l’eau va changer quoi que ce soit ? » je demande, peu convaincu, mais visiblement elle, elle l’est. Coopératif, uniquement pour ne pas me montrer plus désagréable et borné que j’ai pu l’être jusqu’à présent, j’avale un, puis un second verre d’eau, presque plus écoeuré par ça que par une gorgée de whisky supplémentaire. Mon pauvre estomac est à bout. Ayant gagné le droit de quitter la table, ce n’est pas sans Joanne que je me déplace dans le bar, car elle ne me laisse aucun autre choix que de m’aider jusqu’à trouver un taxi. « Je vais être tellement misérable demain. » je ricane en écrasant les pieds d’un client sur le chemin. Je ne peux pas mettre de mots sur le soulagement ressenti en mettant un pied dehors, le bonheur de sentir de l’air frais sur mon visage et emplir mes poumons, mais aussi ce léger tournis qui me pousse à m’appuyer un peu plus sur la petite blonde qui me soutient. Elle hèle un taxi à ma place, me faisant réaliser que si je m’y étais pris tout seul, j’aurais encore été sur ce trottoir dans un quart d’heure à attendre d’être pris en pitié par un chauffeur. Un voiture s’arrête devant nous, immédiatement le compteur se met à tourner –les courses sont chères payées à cette heure le vendredi soir, il ne faudrait pas en rater une seule minute. J’adresse un vague sourire à Joanne ; son air soucieux lorsqu’elle me confie à moi-même est sûrement la seule chose que je crois de cette soirée. Je la lâche et m’appuie sur la carrosserie de l’automobile pour tenir sur mes deux jambes flasques. Et soudainement je suis triste de perdre ce contact. Il me manque déjà. « Je… » Non, rien. Je prends une grande inspiration, me tourne et ouvre la portière. La tête me tourne. Si je parviens à traîner mon corps jusqu’au canapé et ne pas m’endormir à même le tapis de l’entrée, alors on pourra dire que j’ai accompli au moins un exploit aujourd’hui. Toujours debout, je m’arrête avant de pénétrer dans l’habitacle de la voiture. Donnant le dos à Joanne, j’attends que mon cœur cesse de battre de panique mais cela n’arrive pas. J’ai les mains moites sur la surface orange du taxi, et pas mal de honte lorsque je demande, dans un murmure peu assuré ; « Est-ce tu peux venir ? » Une demande qui ne semble pas avoir de sens, qui n’en a sûrement pas le moindre, et que je ne tente même pas de justifier d’une quelconque manière, si ce n’est par un caprice d’enfant.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyVen 3 Fév 2017 - 18:22


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Rien. Il n'y avait pas un mot qui sortait de la bouche de Joanne qu'il comptait croire. C'était blessant pour elle, qu'il ne porte aucune valeur pour la moindre de ses phrases, qu'il prenait tout ça pour du vent, de la poésie, et rien de plus. Pourtant, cette fois-ci, Joanne était certaine de ses paroles. Elle avait eu des sentiments pour Jamie, elle était tombée sous son charme, elle était tombée éperdument amoureuse de lui. Et ça, il se refusait de le croire. Il ne prenait ça que pour de la pitié, peut-être. Alors que signifiait Daniel pour lui, si tout ce que disait sa mère était totalement dérisoire à ses yeux ? Il avait bien tort s'il pensait être seul à souffrir de cette conversation. Elle avait aussi des plaies qui se rouvraient, qui se remettaient à saigner, ou doucement à nécroser. Les personnes ne manquaient pas d'honnêteté envers elle ces derniers temps: Hassan, Yasmine, Jamie, même Saul qui avait clairement exprimé son point de vue sur leur relation et qui avait même décidé d'agir en en assumant les conséquences. Tout le monde était certainement las de sa naïveté et du fait que plus personne ne comprenait sa manière d'agir, ses réactions. Joanne ne savait plus sur quel pied danser et cette série d'aveux ne faisait que creuser d'avantage un certain sentiment de solitude qu'elle avait bien du mal à combler, mais qu'elle parvenait à oublier dès lors qu'elle mettait les pieds au musée. Bien qu'elle découvrait de jour en jour les locaux, elle s'y sentait déjà merveilleusement bien et ça jouait grandement sur son moral. Alors au lieu de faire perdurer cette conversation qui pourrait être sans fin, Joanne le força à boire de l'eau. Il ronchonnait mais s'exécutait tout de même. "C'est toujours mieux que de ne rien boire du tout." rétorqua-t-elle. Elle ne savait pas combien de verres de whisky il avait bu, mais c'était déjà beaucoup trop pour lui. Misérable, oui, c'était certainement le mot le plus juste pour qualifier l'état qu'il aura le lendemain au réveil. La bouche pâteuse, des nausées à n'en plus finir, les viscères bien retournées, des vertiges à tout, et une perte de toute volonté. Un seul cachet d'aspirine n'allait certainement pas l'aider à le remettre sur pied dans la journée. Tout de même, certainement par bonne conscience, la petite blonde l'avait accompagné jusqu'à l'extérieur. Parfois, il prenait quasiment appui sur elle tant il titubait ou perdait son équilibre. Le taxi arrivait rapidement. Jamie se détacha d'elle pour s'appuyer contre le véhicule, s'apprêtant à entrer. Il tenta d'énoncer une première phrase, et finit par poser une question pour le moins inattendu. Joanne arqua un sourcil. "Tu voudrais que la menteuse qui a brisé ton coeur t'accompagne, maintenant ?" demanda-t-elle, bien perplexe. Certes, Jamie n'était plus vraiment lui-même, avec toute cette quantité d'alcool dans le sang. Il n'était plus le maître de lui-même et tenait certainement à confier son existence pour quelques heures, pendant la période où il était incapable de s'occuper de lui-même. Et Joanne était une femme bien trop soucieuse. "Je viens juste pour t'aider à rentrer et à te coucher, Jamie. Rien de plus." finit-elle par accepter, craignant qu'il ne lui arrive encore quelque chose entre le centre-ville et sa maison. Joanne l'aida alors à pénétrer dans le véhicule et indiqua la destination au chauffeur une fois qu'elle était également installée. Le prix grimpait en flèche au moindre mètre parcouru, ce que Joanne trouvait presque choquant. Durant le trajet, elle le regardait de temps en temps, voyant s'il s'assoupissait ou non, ou s'il comptait à un moment ou à un autre de vomir sur la banquette arrière. Le trajet semblait durer une éternité pour elle, elle avait assez hâte de rentrer chez elle et de retrouver son propre lit, et le lendemain, de retrouver son fils. Sinon, elle regardait majoritairement les rues qui défilaient sous ses yeux, jusqu'à reconnaître certaines maisons de Bayside, et enfin, celle de Jamie. Elle sortit les billets nécessaires pour payer le conducteur et le remercia de la course avant de sortir de la voiture et d'aller à la portière du côté de Jamie pour l'en extirper avec une certaine difficulté. "Allez, Jamie, un petit effort encore." lui dit-elle tout bas avant qu'elle ne parvienne à le lever et à fermer la portière du taxi. Celui-ci ne tarda pas une seconde à quitter les lieux, laissant les deux ex seuls dans la rue. Joanne l'avait à nouveau pris par la taille pour le soutenir d'autant qu'elle le pouvait malgré son petit gabarit pour atteindre la porte d'entrée. "Elles sont où, tes clés ?" lui demanda-t-elle alors qu'on entendait les chiens aboyer de l'autre côté de la porte d'entrée.
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Message(#)joamie + does he know where your lips begin? EmptyVen 3 Fév 2017 - 21:10


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C’est un peu de peur d’être seul, et un peu de peur de m’éloigner d’elle. Un sentiment étrange qui me pousse à lui demander de venir alors que rien pendant notre discussion se présageait pareille faveur. C’est, à vrai dire, aux antipodes de tout ce qu’il s’est dit. Joanne le note bien et ne manque pas de me le faire remarquer à sa façon, bien amère. La menteuse qui a brisé mon cœur, je n’oserais même pas dire que cela n’est pas une définition qui lui colle à la peau. Pourtant, oui, je veux qu’elle m’accompagne. Je veux sentir sa présence encore un peu, et me sentir en sécurité auprès d’elle. Je ne suis pas prêt à être laissé seul, livré à moi-même, dans ce taxi, dans ma maison. J’ai peur, je ne sais pas de quoi ; les angoisses d’un homme ivre n’ont rien de cohérentes je suppose, elles se manifestent uniquement pour lui faire prendre conscience de son état, et ce n’est pas glorieux. « Tu peux simplement dire non. » dis-je tout bas. Parce que sa question sonne comme une moquerie à mes oreilles, et je suis bien assez conscient de ma condition de déchet ambulant pour m’épargner des remarques susceptibles de m’enfoncer un peu plus. On ne frappe pas un homme à terre, et honnêtement, même si je tiens sur mes jambes –plus ou moins- on me trouvera au trente-sixième dessous. Sainte Joanne n’ose pas me débouter. Elle accepte de venir en faisant très clair qu’il ne se passera rien d’autre qu’un bordage dans les règles de l’art. La jeune femme joue à la nounou, et moi, au gros bébé. Fair enough. « Je ne suis pas en état pour plus de toute manière. » je rétorque avec un mouvement vague et mou devant être un haussement d’épaules dans la première intention. Je ne comptais pas lui refaire des avances, j’ai bien compris qu’elle ne voulait plus de moi, et dans cet état, je ne me serais rendu que plus pitoyable. Non, je ne sais pas pourquoi je veux qu’elle vienne. Tout comme je n’ai jamais su pourquoi j’avais autant besoin d’elle. Ce n’est peut-être que ça. Le besoin qui remonte à la surface. Nous nous engouffrons donc tous les deux dans l’habitacle du taxi, et celui-ci débute sa route jusqu’à Bayside et ma petite colline. Mes pensées m’absorbent sur tout le chemin. Mon absence de pensées même. J’apprécie le silence, et la manière dont les lumières des lampadaires passent devant mes yeux comme une pluie de comètes. Je chantonne, sans même m’en rendre compte, je ne sais quel air, entre mes lèvres closes. Je continue ainsi en cherchant du bout des doigts sur mes phalanges une bague qui n’existe plus. Mes yeux s’embuent et s’assèchent sans raison sous l’impulsion de la cacophonie de mes émotions. C’est lorsque la portière de mon côté s’ouvre que je sursaute et suis tiré violemment de ma léthargie. Nous sommes arrivés. Joanne m’extirpe de la voiture du mieux qu’elle peut. Toujours un peu trop appuyé sur elle, je trouve mes clés au fond de ma poche et les lui confie. Nous sommes accueillis par les chiens dont les aboiements sont comme des grincements de craie sur un tableau pour mes oreilles. Et je réalise que leur agitation tardive n’a qu’un motif, et ce n’est pas la joie de nous voir. « J’ai complètement oublié que vous n’avez rien à manger ce soir. » Je suis allé directement au bar, et cela m’est sorti de la tête. Les pauvres bêtes doivent mourir de faim. Pourtant, ma bêtise me fait légèrement pouffer. « Heureusement t’as pas bouffé Milo, hm ? » dis-je à Ben en lui grattant le poil sur le haut de sa frimousse. Un court regain d’énergie me permet d’avancer jusqu’à la cuisine seul et avec un titubement plus subtil. J'ouvre un placard pour trouver la pâtée des chiens et les sers sans trop de maladresse. Les dégâts seront nettoyés demain. « Désolé messieurs. » je leur souffle alors qu'ils se jettent désespérément sur leurs gamelles. Maître indigne. Je frotte une dernière fois leur poil et me redresse ; mon regard tombe sur une Joanne qui doit sûrement s'impatienter et ne demande qu'à rentrer chez elle. « Oui, je sais, au lit. » Sagement, je traverse la maison pour atteindre ma chambre, une pièce dans laquelle la jeune femme n’est jamais entrée jusqu'à présent. À l'instar du reste de la décoration, le mélange de rustique brut et d'éléments d'inspiration industrielle donne à l'endroit une bonne allure, à la fois chaleureuse et urbaine. À cet endroit de la maison, le toit retombe et biaise le plafond. Je peux admirer le ciel depuis mon lit à travers la fenêtre au-dessus de ma tête. Je déboutonne ma chemise et la retire en traînant des pieds jusqu'au lit sans prendre la peine d'allumer la lumière qui pourrait m’agresser les yeux. Je l'abandonne en chemin, me fichant bien de savoir où. Puis je me laisse tomber sur le matelas, le corps lourd, vaseux, et grognant un peu à cause d'un engourdissement musculaire généralisé. Ma tête se tourne vers Joanne, éclairée par la lumière extérieure. Elle s'approche juste assez pour que je puisse tendre le bras et prendre une de ses mains. Je m'écarte un peu, faisant comprendre qu'elle peut -et doit- s'asseoir à côté. Juste une minute. Elle n’est plus à ça près. Une fois qu'elle s'est installée, certainement à contre-coeur, je me redresse. Délicatement, ma main se pose sur sa joue et tourne son visage vers le mien. Mon pouce caresse légèrement sa peau. Je n’ai pas l'intention de l’embrasser, faire quoi que ce soit que je pourrais regretter. Je ne veux que la regarder, l'admirer un instant. Parcourir du regard tous ses traits, fins et gracieux. L’adorer de cette manière peut-être une dernière fois. « Tu es magnifique… »
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