Un simple merci. Quelque chose qu'il n'avait pas l'habitude d'entendre de la bouche de la jeune femme qu'il venait de rattraper de justesse. Ou du moins, il l'avait déjà entendu dire ça, seulement ça ne lui était jamais destiné. Et pourtant, c'était le deuxième qu'elle lui adressait en l'espace de quoi ? Une dizaine de minutes même pas ? On battait réellement des records. A croire qu'il se trouvait en face d'une personne totalement différente de la Rebeca qu'il connait depuis le lycée. Il n'allait bien sûr pas s'en plaindre et se garderai bien de lui faire une remarque sur le sujet du style "tu vois que tu peux être gentille quand tu veux" ou quelque chose dans le genre. Il avait passé l'âge de faire des enfantillages de la sorte. "Je peux te lâcher le temps d'ouvrir la porte tu vas pas tomber ?" Prend il la peine de demander lorsqu'ils arrivent devant l'entrée du café, visiblement vide à cette heure de la journée. En plein milieu de la matinée, ils ont évité le rush du matin et l'heure du déjeuner est encore bien loin. C'est une bonne chose, ça va permettre à la jeune femme de se remettre de ses émotions, sans avoir à se soucier du monde autour. Du moins c'est qu'espère Adriel lorsqu'il ouvre la porte du petit café et reprend doucement le bras de Becca la guidant ainsi à l'intérieur. Il la conduisit vers une petite table un peu cachée de l'entrée et lui lâcha le bras afin qu'elle s'asseye dans le fauteuil qui se trouvait juste à côté d'elle. Elle lui proposa une fois assise de lui payer un café pour le remercier, ce qui ne manqua pas de le surprendre. Si on lui avait dit un jour que Rebecca Priest lui proposerait de lui offrir un café, il ne l'aurait pas cru. "C'est gentil." Lui répond t-il simplement. Il est honnête lorsqu'il lui dit ça. "Mais t'en fais pas je te l'offre. T'as pas à me remercier." Ajoute t-il "J'ai fait ce que n'importe qui aurait fait dans cette situation." Fini t-il en haussant les épaules. "Qu'est-ce que tu bois comme café ?" demande t-il, réalisant qu'il ne sait absolument rien d'elle au final. "Tu voudrais manger quelque chose ? Je pense que ça pourrait te faire du bien." Ajoute t-il. Il ne sait pas réellement si elle a faim ou pas, mais il se dit qu'une part de gâteau ou une pâtisserie ne pourrait lui faire que du bien, vu l'état dans lequel elle était dans la ruelle.
Lorsque je repenserais à cette situation, il y a beaucoup de chance pour que je me trouve stupide. Ou tout simplement que j’occulte cette rencontre qui au final était plutôt plaisante. Mais à quel prix. Je venais de voir mon paternel qui m’avait toujours traumatisé et qui me traumatise encore malgré ces années passées loin de lui. Faut croire que je ne serais jamais guéri. Ca me pousse encore plus à en parler à ma jumelle. Je n’aime vraiment pas quand elle va le voir, surtout pas avec Noémie. Ca me hante et je ne préfère même plus savoir quand elles y vont, sinon je risquerais de faire bien des dégâts. Dans certains cas ça ne me dérangerait pas, mais là, j’en suis juste incapable. Vas-y. Lui avais-je seulement dit. Heureusement, Adriel ne me lâcha pas bien longtemps, le temps d’ouvrir la porte du café. Je me sentais toujours aussi fébrile et le fait de marcher m’épuiser encore plus. J’avais perdu toutes mes vitamines et mon énergie en l’espace de quelques minutes. Une fois posée, je me sentais déjà mieux, et je me sentais surtout vraiment redevable envers Adriel. Comme quoi, parfois la gentillesse ça peut payer. Je le sais bien, et je risque de bien moins faire la guerre à mon ancien camarade, c’est évident. Mais le pas n’est pas encore fait, je ne me sens pas tout à fait à l’aise. Surtout qu’il insiste pour me payer ce café, alors qu’il n’a fait que m’aider. Je ne comprenais pas où il voulait en venir. Peu importe, je haussais les épaules. Je n’étais pas sûre que tout le monde aurait agi de cette manière, mais si c’est ce qu’il croyait, tant mieux pour lui. Je vais prendre un café crème s’il te plaît. Lui demandais-je avec cette voix douce et fébrile que je ne me connaissais que très peu. Il me proposait alors de manger quelque chose. Oui, il avait bien raison, le sucre ne me ferait que du bien. Ce serait tellement bien s’ils avaient des muffins au chocolat … Commençais-je à dire, pensant alors à ces délicieux petits gâteaux qui me faisaient envie rien qu’en les imaginant.
Ils étaient arrivés dans le café et Adriel avait escorté Rebecca jusqu'à une petite table libre. Il attendait qu'elle lui dise ce qu'elle voulait boire et manger pour pouvoir aller commander. Pour l'instant elle était assise. C'était déjà ça. Elle ne risquait pas de tomber, ou du moins, le risque était bien moindre maintenant. A moins de faire un malaise et de tomber de la chaise, tout devrait bien se passer. Lorsqu'elle lui dit qu'elle allait prendre un café crème, il fut surpris par le son de sa voix. Il ne saurait pas l'expliquer, mais ce n'était pas la voix qu'il connaissait pour elle. Elle était en général très sûre d'elle et s'était toujours exprimée avec une assurance dont elle avait le secret. Elle avait souvent ce ton sec et froid capable de faire frémir les personnes les plus faibles du lycée. Là c'était tout le contraire. Une voix douce qui finalement était en adéquation avec son état. Il acquiesça d'un signe de la tête avant d'ajouter "Je vais voir s'ils ont ça, sinon je prendrai ce qui ressemble le plus ça te vas ?" Il attendit quelques secondes qu'elle lui réponde avant d'aller vers le comptoir et de commander deux cafés et deux muffins. Maintenant qu'il était là, il allait en profiter et puis ça paraîtrait bien moins bizarre que de la regarder manger et boire. "Et voilà !" lance t-il joyeusement en déposant le café et le muffin devant Rebecca avant de prendre place en face d'elle. Il laisse ensuite le silence s'installer légèrement. Après tout, il n'a jamais eu énormément de choses à lui raconter. Ils n'ont jamais été amis, n'ont jamais eu d'atomes crochus. Difficile au final de trouver un sujet de conversation, surtout qu'il ne sait même pas si elle a envie de discuter de quoi que ce soit avec lui. "Euh sinon, tu as quelqu'un à qui parler de ça ?" Il ne sait pas réellement comment poser sa question, il ne veut pas la mettre mal à l'aise, ni même lui rappeler ce qu'il s'est passé il y a quelques minutes dans la ruelle. "Ou quelqu'un à qui tu peux te confier ?" Recommence t-il. Cette question est peut-être plus appropriée, cependant il se reprend rapidement. "Non pas que je pense que t'aies un problème dont tu as besoin de parler à quelqu'un, mais je sais pas, ça pourrait peut-être t'aider." Il dit ça sur le ton le plus neutre possible, il n'y a pas de reproche ni de piques dans ce qu'il vient de dire. Il ne veut pas non plus trop insister alors il prend une bouchée de son muffin avant de demander "Il est bon t'en pense quoi ?"
Dernière édition par Adriel West le Mar 17 Jan 2017 - 17:51, édité 1 fois
Il est au petit soin. En soit, c’était assez étrange, mais relativement agréable. Même si les causes de tout cela ne l’étaient clairement pas. J’ai encore ce stress horrible qu’il apparaisse à tout moment, que mon géniteur pousse cette porte et vienne me violenter. Ou même me parler. Je ne sais vraiment pas comment je ferais en pareil cas. Ca me donne encore plus de tremblements, alors que j’étais loin d’avoir froid. Encore une sensation bien étrange. C’est parfait. Répondais-je simplement à l’attention de mon ancien camarade de lycée, qui ne semblait vraiment pas être rancunier et qui m’impressionnait de minute en minute. Finalement, ce n’est pas si désagréable de se faire apprécier. Je chassais fissa cette idée de la tête quand il se ramenait avec nos commandes. Je n’avais pas été très à l’aise le peu de temps qu’il m’avait laissé seul, mais j’avais fait en sorte de tenir bon. J’apportais mon café à mes lèvres. La chaleur de la boisson me faisait un bien fou. Quand je reposais al tasse, je plongeais mon regard dans le sien, et une certaine gêne s’installa, puisque après tout, on n’avait jamais pu parler lui et moi. Que dire de plus ? Ce fut lui qui brisa le silence, avec bien sûr, ce qu’il venait de m’arriver. Je détournais le regard alors qu’il me demandait maladroitement si j’avais quelqu’un à qui parler de mon problème. Je ne savais pas vraiment quoi lui répondre. Oui, j’ai déjà vu une psy, mais ça ne m’a clairement pas aidé ? Au final, oui, j’avais bien ma sœur, mais j’ai tellement peur de lui en parler. Alors après son charabia pour essayer de ne pas me vexer, je lui répondais Pas vraiment. Ca, c’était de la réponse. Mais en même temps, j’en parlerais à une personne quand je serais assez en confiance et à l’aise pour ça. Je prenais alors presque en même temps que lui, ce muffin qui allait me redonner de l’énergie. Je secouais la tête comme pour affirmer ses dires Je suis d’accord. Lui répondais-je, avec une voix assez faible au final. Je repensais à ce qu’il me disait un peu plus tôt, et ça fait des mois que je cherche à en parler à ma sœur, mais toujours sans succès. Tu sais, je ne sais pas si un jour je pourrais me guérir de ça … En parler avec ma sœur est la prochaine étape, mais c’est tellement dur … Lui confiais-je alors, sans oser croiser son regard et en continuant de boire mon café chaud.
Adriel n'est pas du genre à être mal à l'aise quand il est avec quelqu'un est qu'il y a des blancs dans la conversation. Après tout, on ne peut pas avoir des choses à se dire h24, surtout quand on n'est pas réellement proche de la personne. Il y a comme cette barrière invisible qui fait que les discussions sont souvent un peu limitées. Du moins c'est son avis à lui. Il ne se voit pas parler de sujets personnels avec quelqu'un qu'il ne connait que très peu ou avec qui le courant n'est jamais réellement passé. Idem lorsqu'il discute avec quelqu'un qu'il ne connait pas bien, ou qu'il n'apprécie pas réellement, il est bien souvent difficile pour lui de trouver un sujet de conversation qui réveillera l'entrain des deux personnes. Ajoutez à ça, un évènement perturbateur comme celui dont il venait d'être le témoin et vous vous retrouvez avec un Adriel qui ne sait pas trop ce qu'il peut dire ou pas. D'un côté, il ne veut pas faire comme si rien ne s'était passé, car il voit pertinemment que la jeune femme n'en est pas encore là. Il le voit très clairement qu'elle est sous le choc et ce serait déplacé de faire abstraction de ça, d'un autre côté il ne la connait pas assez bien pour pouvoir entrer un peu plus dans les détails et se retrouve donc un peu dans une impasse. "Ah ..." Répond il lorsqu'elle lui dit qu'elle n'a pas vraiment quelqu'un avec qui parler de ça. Honnêtement, il est encore une fois pris de court puisqu'il ne s'attendait pas du tout à une réponse comme celle-ci. Elle qui à ses yeux avait toujours été entourée, au lycée, jamais il ne la voyait seule dans les couloirs, toujours avec au moins une de ses acolytes. A croire que tout cela n'était qu'une façade finalement. Il se passe cependant d'une quelconque remarque sur le sujet. "Même pas ta soeur ?" Demande t-il ensuite. C'est un peu à tâton qu'il demande ça, il ne connait rien des relations qu'elle entretient avec sa soeur, il sait juste qu'elle en a une, ce qui n'est déjà pas mal. Elle acquiesce ensuite lorsqu'il lui demande si elle trouve le muffin à son goût, avant de lui dire que la prochaine est d'en parler à sa soeur, mais que c'est dur. Il ne sait rien de son histoire, mais il peut parfaitement comprendre que parfois, parler à sa propre famille est une chose bien difficile, sa relation plus que compliquée avec son frère peut même en attester. "Je vois. Je sais que parler avec sa famille c'est pas toujours simple, mais c'est surement la personne la plus à même à te comprendre non ?" Finit-il par dire. Laissant ensuite planer un silence, pas bien sûr de devoir dire ce qu'il s'apprête à dire. "Tu risques de trouver ça débile comme proposition et je comprendrai totalement, mais bon juste pour que tu le saches, si t'as besoin de quelqu'un que tu connais pas trop pour parler, tu peux toujours m'appeler." Dit-il avant d'ajouter "même si je sais que notre histoire passée peut être un frein, je me dis que si t'as personne, alors je serai toujours mieux que rien." Il tente de se justifier comme il peut, après tout, il vient de proposer son aide à une personne qu'il a considérée comme la reine des pestes pendant des années.
Avant même que je ne parle de ma sœur, voilà qu’Adriel me surprenait en parlant d’elle. Je savais que tout le monde savait que j’avais une sœur, mais je ne pensais pas qu’il en faisait parti. Après tout, malgré sa réputation, il ne s’est jamais intéressé à la mienne, alors oui, j’étais surprise qu’il sache cette information. Mais je ne me laissais pas abattre et lui répondais simplement C’est compliqué. Tout était compliqué et je me doutais bien qu’il allait se lasser de mes réponses et qu’il allait finir par me laisser seule ici. Je ne pourrais clairement pas lui en vouloir, je ne comprenais toujours pas pourquoi il restait encore, à vouloir me tenir compagnie et me faire retrouver mes esprits. Ce n’est pas comme si je le méritais. Bref. Je lui expliquais enfin que je voulais en parler à ma jumelle et que c’était malheureusement difficile. Ce n’est pas un sujet que l’on aborde facilement, surtout que cela concernait notre père. Je ne voulais pas tout détruire pour elle, j’avais surtout bien peur qu’elle m’en veuille. Je secouais simplement les épaules en guise d’hésitation quand il me disait qu’elle était la seule plus apte à me comprendre. Oui, pour sûr, j’en doutais. Mais il fallait qu’elle soit au courant. Je finissais alors peu à peu mon café, quand il me proposait quelque chose de totalement inattendu, mais vu les circonstances, cela ne m’étonnait plus tant que ça. Cet homme est vraiment gentil. Je souriais en coin, un peu gênée par une telle proposition et lui répondais C’est très aimable, et bien trop généreux. Je respirais alors un bon coup, une grande respiration pour me donner du courage, pour lui dire quelque chose que je n’arrivais pas, mais je ne savais pas comment le remercier Je ne le mérite pas. Bien d’autres personnes mériteraient ton aide, pas moi. Mais merci, j’apprécie le geste. Je me levais alors, récupérant le muffin d’une main, me sentant bien mieux sur mes jambes, tout en annonçant à mon ancien camarade de classe Il faut que je retourne bosser. Si bien sûr, il était toujours partant pour me laisser son numéro, il est évident que je l’accepterais, c’est la moindre des choses, après cette aide qu’il m’avait fourni alors que notre relation n’a jamais été positive et que je n’ai jamais rien fait pour arranger les choses.
C'était une situation compliquée. Autant pour lui que pour elle. Il se doute bien qu'elle n'aurait jamais voulu qu'il la voit dans cet état et pourtant elle n'avait pas réellement eu d'autre choix que de le laisser aider. Il avait finalement proposé qu'elle se tourne vers lui si jamais elle avait besoin de parler à quelqu'un. Ce n'était pas forcément réfléchi, c'était plutôt venu comme ça. C'est ce qui lui avait semblé le plus logique à dire. Cela n'en restait pas moins sincère en revanche. Ce n'était absolument pas des paroles en l'air et si elle venait un jour à avoir besoin de lui parler, il l'écouterait sans sourciller. Elle trouvait ça aimable et généreux, lui il trouvait tout simplement ça normal. Il aurait proposé la même chose à n'importe qui. Il est apparemment plus facile de se confier à des gens que l'on ne connait pas trop surement parce qu'on a rien n' à cacher à quelqu'un qu'on ne connait pas ou quelque chose du genre. Il ne s'était jamais trop penché sur la question, voire pas du tout. "C'est normal." répond-il simplement avant de continuer "Et ça n'a rien à voir avec le mérite ou non, car effectivement, tu ne le mérites pas réellement, mais tu en as besoin, donc c'est normal." Il ne cherchait pas à piquer sur ce coup-là, comme c'était chose courante entre eux, mais il avait toujours été quelqu'un d'honnête et n'avait jamais eu peur de dire ce qu'il pensait tout haut et là en l'occurence il pensait ce qu'il venait de dire à 100%. Bien sûr qu'elle ne méritait pas son aide, il n'y avait pas de doute là-dessus. Ils ne s'étaient jamais appréciés, bien au contraire, mais parfois les circonstances font qu'il faut se comporter comme des adultes et mettre de côté les histoires futiles et c'était ce qu'il avait décidé de faire. Ce n'était absolument pas réfléchi et elle allait peut-être le saluer d'une remarque grinçante la prochaine fois qu'ils se croiseraient, mais ce n'était pas grave, car la seule chose qui comptait à ce moment-là, c'est qu'il avait fait ce qu'il fallait faire. "Attends !" Lui dit-il lorsqu'elle se lève, lui disant qu'elle doit aller bosser. Il attrape rapidement une des serviettes en papier et prend un crayon dans sa poche avant de griffonner son numéro de téléphone et de lui tendre "C'était pas des paroles en l'air, prends mon numéro et si jamais tu as besoin, n'hésites pas" Lui dit-il avant d'ajouter "Et prend soin de toi surtout."
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