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 Tonight I know it all has to begin again ▽ Heidi

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Tonight I know it all has to begin again  ▽ Heidi - Page 2 Empty
Message(#)Tonight I know it all has to begin again  ▽ Heidi - Page 2 EmptyVen 12 Aoû 2016 - 19:09



❝ Tonight, I know, it all has to begin again ❞


Elio & Heidi
J’étais prêt à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. △
Au fond, nous ne pouvions pas nous en empêcher, c’était plus fort que nous : il fallait absolument qu’on finisse par se disputer. Comme si c’était la seule façon de parvenir à se dire vraiment les choses, ou non. C’était du moins la seule option que nous choisissions à chaque fois. J’avais l’impression que les disputes étaient inévitables avec Elio. En y réfléchissant bien, cela n’avait rien de bien surprenant : nous avions tous les deux des caractères bien trempés, déterminés à obtenir le dernier mot et souvent peu enclins à laisser tomber pour avouer nos torts. Il suffisait souvent d’un rien pour que l’un d’entre nous mette le feu aux poudres et ensuite, il était difficile de nous arrêter. Pourtant, attirés l’un par l’autre et ayant partagé une longue période de nos vies, on aurait pu croire que nous aurions été capables de passer outre, mais il semblait que nous étions encore plus exigeants envers l’autre qu’envers n’importe qui. Cette entrevue, qui avait pourtant bien commencé, ne tarda pas à prendre une autre tournure, un peu moins légère et sympathique. L’élément déclencheur ? J’avais eu la bonne idée de demander à Elio ce que nous pourrions dire à Matteo nous concernant. J’aurai pourtant dû me douter que ça allait mal finir. Indirectement, j’avais demandé à Elio de prendre position quant à notre relation, comme s’il n’était pas aussi paumé que moi après que nous ayons couché ensemble… J’avais également mis sur le tapis le sujet tabou par excellence entre lui et Matteo : son attirance pour sa petite sœur, attirance qui était réciproque. Tout ça alors qu’Elio et moi étions encore en froid il n’y avait pas si longtemps. Si avec tout ça, une dispute n’éclatait pas… Quand j’y réfléchissais, je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il m’était passé par la tête d’aborder un tel sujet maintenant (pour une fois que nous parlions tranquillement !). J’avais lancé le sujet un peu innocemment, curieuse de voir ce qu’Elio allait proposer. Et sa réponse était loin de mes espérances, sans trop savoir ce que j’attendais précisément de lui.

« Qu’est-ce que tu proposes Heidi ? Que je lui balance à la figure que comme il était mort et que bon il était plus là pour m’en empêcher j’ai couché avec sa sœur. Sa sœur que j’ai fait pleurer plus d’une fois avant ça parce que ça me faisait du bien qu’elle se sente mal ! Ah oui et qu’après avoir couché avec elle, je lui ai plus donné de nouvelles parce que je suis un gros con de flippé mais que bon maintenant qu’il est là, de retour parmi les vivants… On a qu’à oublier ça ! » s’exclamait-il, agressif et sur la défensive. « J’en sais rien de ce que tu peux lui dire ! » répondis-je alors, sourcils froncés et bras fermement croisés sur ma poitrine. Clairement, cette conversation était en train de m’agacer et je me fermais de plus en plus. « Si comme tu le dis Matteo n’a pas changé… Il me le pardonnera jamais. » enchainait-il. Je restais sans rien dire, à le regarder d’un air agacé. C’était clair que Matteo n’était pas souple, surtout pas lorsque ça me concernait, mais la réaction d’Elio commençait à m’énerver. Avait-il à ce point peur de Matteo ? Après tout, nous n’avions plus quinze ans aujourd’hui, de l’eau avait coulé sous les ponts. Je ne valais donc pas la peine qu’il essaye au moins d’un parler à Matt ? « C’est bien simple pour toi, t’es sa sœur ! Forcement tu es la pauvre victime et moi je suis le grand méchant… On pourra le tourner comme on le veut c’est tout ce qu’il verra. » continuait-il, terminant de déverser ce qu’il avait sur la conscience et profitant de mon absence de réponse pour le faire. « Je ne suis pas une pauvre victime. » me renfrognais-je aussitôt. « Je sais encore ce que je fais, je ne suis plus une enfant » Ca c’était bien ce qui m’énervait le plus chez Matteo, Elio et Soren confondus. Autant je parvenais à mettre la surprotection de Matteo à mon égard sur son rôle de grand frère, autant je pouvais comprendre que Soren me considère comme jeune vu que nous avions tout de même un peu plus de cinq ans d’écart, mais venant d’Elio, j’avais un peu plus de mal. Nous avions le même âge et ce petit jeu de séduction, nous étions deux à y jouer.

Alors que la discussion était déjà houleuse et que je sentais de plus en plus que nous nous braquions l’un contre l’autre, Elio parvint à amener un peu plus de tension entre nous, si c’était encore possible. C’était du Elio tout craché, une question posée presque innocemment, et terriblement maladroitement qui mettait le feu aux poudres. Pour le coup, je réagissais au quart de tour, me braquant définitivement et abandonnant tout espoir de voir la conversation finir de façon un minimum positive. J’étais piquée à vif, blessée dans mon ego, sans trop savoir pourquoi. L’idée même qu’Elio puisse abandonner tout ce qu’il s’était passé entre nous, sans ciller me rendait folle. Et je réagissais par le seul moyen que je trouvais pour me préserver un minimum : avec froideur et désintéressement, exactement à sa façon. Visiblement, ce fut un choc pour lui aussi, qui resta un instant figé, un peu éberlué sans rien dire. « Je n’ai pas dit ça… » commençait-il et je levais les yeux au ciel : « Non mais tu vois, tu l'as pensé tellement fort que je l'ai entendu ». C’était ce que j’avais compris et c’était tout ce qui importait sur le moment. « Mais tu as sans doute raison… On aurait jamais du le faire… Je n’aurais pas du… Et si tout ça s’arrête ici alors je ne vois pas l’intérêt d’en parler à ton frère. Il a sans doute déjà beaucoup de choses à gérer sans venir s’occuper d’événement qui appartiennent au passé. » ajoutait-il avant que je n’ai pu dire quoi que ce soit. Telle une huitre, je restais murée dans mon silence, regardant Elio avec un regard noir, les bras toujours fermement croisés sur la poitrine. J’avais du mal à en croire mes oreilles.

« On n’a qu’à… faire en sorte de ne pas le voir en même temps. Du moins pendant un moment. Le temps que les choses se tassent. » continuait-il et tout à coup, je finissais par exploser. « Et on en revient toujours à ta stratégie d’évitement. Ce n’est pas toi qui parlais de changements, qui disais que tu voulais enfin grandir ? » j’arquais un sourcil inquisiteur à son attention. « C’est tellement plus facile de prendre la fuite que d’essayer de se battre pour ce qu’on veut, n’est-ce pas ? Enfin, encore faudrait-il que tu saches ce que tu veux ! » J’étais de plus en plus en colère contre Elio et j’avais envie de le faire sortir de mon appartement à coup de pieds dans les fesses. Pourtant, mon estomac se tordait étrangement alors qu’un sentiment d’abandon venait se loger au fond de mon cœur. Avais-je réellement avis de laisser Elio nous ramener des mois en arrière où nous faisions comme si nous ne nous connaissions pas ? La réponse était évidente et je la connaissais mais plutôt mourir que de l’admettre. S’il voulait que nos chemins se séparent, ce n’était pas moi qui allait aller contre sa volonté. Je me levais alors, ramassant les deux tasses qui se trouvaient sur la table basse pour les déposer dans l’évier de la cuisine, espérant secrètement qu’Elio ne serait plus là quand je me retournerai.
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Message(#)Tonight I know it all has to begin again  ▽ Heidi - Page 2 EmptyVen 12 Aoû 2016 - 21:09


Tonight I know it all has to begin again
Heidi & Elio


Je me demande si les choses ont toujours été comme ça, si entre Heidi et moi les relations ont toujours été aussi électriques sans que je ne m’en rende vraiment compte parce que nos discutes ne prenaient pas une telle ampleur à l’époque. Peut-être même que c’était - déjà quand nous étions jeunes - ce qui me plaisait vraiment chez Heidi, ce côté fille qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Je n’ai jamais aimé les femmes trop douces mais aujourd’hui notre relation prend des proportions inattendues, transformant chacune de nos entrevues en opportunité de conflit. « J’en sais rien de ce que tu peux lui dire ! » Pourquoi avait-elle lancé ce sujet alors ? Pourquoi nous lancer sur une pente aussi dangereuse avec la certitude que nous allions mal atterrir. Parce qu’il n’y avait pas de bonnes solutions à proposer, pas maintenant. « Et bien moi non plus je n’en sais rien ! Je viens d’apprendre qu’il est en vie ! Tu ne me laisses même pas le temps de digérer l’information. J’ai pas… J’ai jamais pensé à ce scénario merde ! » On était bien parti avec une bande de bras cassés comme nous. La seule certitude que j’avais c’est qu’aux yeux de Matteo j’allais être le fautif, encore plus quand même aujourd’hui je n’étais pas capable d’assumer ces moments passés avec elle. « Je ne suis pas une pauvre victime. Je sais encore ce que je fais, je ne suis plus une enfant » Pinçant légèrement les lèvres j’avais gardé mes propres réflexions pour moi, ne préférant pas me lancer dans une nouvelle tentative pour lui prouver qu’elle avait tord. « Tu sais bien que Matteo ne verra pas les choses sous cet angle. » Pourtant si à la base quelqu’un avait abusé de l’autre c’était bien elle. Elle était arrivée à un moment de faiblesse où j’avais eu besoin de ce contact qu’elle m’avait donné, du moins la première fois. Pour la deuxième j’étais en grande partie fautif je devais bien l’avouer.

Au final plus la conversation avançait et plus j’avais l’impression de m’enfoncer dans des sables mouvants. Nos propos dépassant sans doute nos pensées nous étions incapables de nous regarder pour affronter ce qui aurait pu être quelque chose de beau mais était au final entrain de tout détruire. « Non mais tu vois, tu l'as pensé tellement fort que je l'ai entendu » J’avais lourdement soupiré, un peu agacé qu’elle remette de cette façon la faute sur moi – si elle était une grande fille alors qu’elle accepte sa part de responsabilité. C’est elle qui considérait notre histoire comme une erreur, c’est elle qui avait dit les mots. « Donc tout est encore une fois de ma faute ? Si tu me disais plutôt ce que tu veux TOI ! Au lieu de faire l’autruche en me posant des questions auxquelles tu sais bien que je n’ai pas de réponses ? » Parce que quand c’était pour me juger il y avait du monde mais je ne l’avais pas vu me proposer quelque chose de concret, me parler de ce qu’elle voulait elle. Clairement et concrètement elle c’était contenté de laisser la porte de son appartement fermée pendant de longues minutes en signe de protestation et c’est tout ce que j’avais pu tirer d’elle jusque là. J’avais fini par émettre l’idée que nous devrions éviter de nous croiser tous les trois tout en sachant que ça n’allait sans doute pas lui plaire. « Et on en revient toujours à ta stratégie d’évitement. Ce n’est pas toi qui parlais de changements, qui disais que tu voulais enfin grandir ? » Fronçant les sourcils j’avais commencé à sentir l’agacement me titiller. « Ce n’est pas ça que tu me demande là Heidi ! » Je savais qu’elle était entrain de me chercher et si jusqu’à maintenant j’étais resté plutôt calme il m’en faudrait sans doute peu de plus pour que je vrille. « C’est tellement plus facile de prendre la fuite que d’essayer de se battre pour ce qu’on veut, n’est-ce pas ? Enfin, encore faudrait-il que tu saches ce que tu veux ! » Elle venait de toucher mon point sensible. Cette incertitude latente qui faisait rage en moi. Qu’est ce que je voulais ? Je n’en savais trop rien, j’étais à la poursuite d’un bonheur qui me semblait inaccessible. Agissant une fois sur deux sans le sens inverse en m’envenimant dans de pareille situation. Mon esprit était une sorte de gros foutoir donc j’essayais parfois d’extraire un peu de bon sens. De toute évidence aujourd’hui j’avais de la peine.

Heidi c’était finalement levée attrapant les deux tasses avec une vivacité qui laissait bien montrer son agacement sa colère même. J’étais resté un moment assis avant de suivre le mouvement en me levant. Mon regard c’était posé sur la porte de son appartement alors que l’envie me démangeait de partir sans dire un mot de plus pour démontrer mon agacement partagé mais une partie de moi était bien conscient qu’elle attendait plus de moi. Quelque chose que je ne pouvais pas lui donner et dont j’ignorais la réelle portée. M’approchant silencieusement d’elle j’avais observé sa position qui laissait démontrer une certaine souffrance à travers l’agacement. Elle me tournait encore le dos et je m’étais approché d’elle avec lenteur. « Heidi… » Ma main était venue se poser délicatement sur son épaule remontant dans une caresse le long de sa nuque. Ce simple geste me fit frissonner, le contact de sa peau contre la mien faisant renaitre les sensations qu’elle m’avait fait vivre dans nos moments d’intimité. « Je ne sais pas ce que tu veux réellement et je ne veux pas te faire souffrir. » Peu importe ce qu’elle attendait de moi, j’étais sans doute incapable de lui donner pour le moment. « Tout ce que je sais c’est que je ne veux pas perdre Matteo… C’est un miracle qu’il soit revenu et… Je ne veux pas prendre le risque de tout briser… Pas alors qu’on nous offre une seconde chance. » Malgré tout Matteo était mon meilleur ami – peu importe Soren qui avait pris au fil du temps cette place pour lui, il était resté pour moi l’une des personnes les plus importantes et le savoir en vie était inattendu. Et bien qu’il mette une sacrée pagaille dans nos vies avec son retour d’entre les morts, je ressentais ce besoin de renouer avec lui et peut-être aussi de m’éloigner d’Heidi pour diminuer les risques. Parce que je ne savais pas contrôler ce qu’elle pouvait me faire ressentir et qu’une partie de moi en avait marre de souffrir. Marre de choisir les mauvaises filles et de m’en prendre plein la figure. J’avais eu mon lot et la solitude m’irait bien pour un moment… Mais pour ça il allait falloir que je mette une réelle distance entre Heidi et moi… Plus de bagarre, plus de désir… Plus que le silence qui devrait devenir une alliée. « Je vais y aller. » Me mordant un peu la lèvre je n’avais aucune envie de partir sur ces mots mais nous nous étions sans doute assez déchirés pour aujourd’hui.
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Message(#)Tonight I know it all has to begin again  ▽ Heidi - Page 2 EmptyVen 12 Aoû 2016 - 22:43



❝ Tonight, I know, it all has to begin again ❞


Elio & Heidi
J’étais prêt à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. △
« Et bien moi non plus je n’en sais rien ! Je viens d’apprendre qu’il est en vie ! Tu ne me laisses même pas le temps de digérer l’information. J’ai pas… J’ai jamais pensé à ce scénario merde ! » s’exclamait aussitôt Elio, visiblement agacé lorsque je lui avouais que je ne savais pas ce que je voulais qu’il dise à Matteo. Je savais qu’il avait raison, que je ne pouvais pas exiger de lui qu’il trouve quoi dire alors qu’il venait tout juste d’obtenir la confirmation du fait que Matteo était bel et bien toujours vivant. Pourtant j’aurai aimé qu’il ait une solution toute trouvée pour nous éviter tous ces problèmes, toutes ces discussions pour lesquelles nous n’étions pas prêts. J’aurai peut-être tout simplement préféré qu’il se contente de me dire qu’il ne savait pas encore ce que nous allions faire mais que nous le ferions ensemble, tout simplement. Tout plutôt que le fait de passer sous silence ce qu’il s’était passé entre nous, comme si ça n’avait pas la moindre importance, comme si ça ne signifiait rien pour lui, comme si ça ne comptait pas. Je savais bien que son amitié avec Matteo était importante à ses yeux, mais j’aurais apprécié qu’il tienne autant à sa relation avec moi. Ce qui n’était pas gagné, en même temps, je n’avais rien facilité en fuyant à l’autre bout du pays, je voulais bien l’admettre… Mais j’avais comme la sensation qu’il regrettait ces moments d’égarement, comme s’il en avait honte et ça, ça me faisait me sentir mal, ça me donnait tout à coup envie de lui mettre une baffe. Mais je n’en faisais rien et me contentais de dire que je n’étais plus une enfant et que par conséquent, Matteo n’avait rien à me dire. Evidemment, je le savais en le disant, ce n’était pas comme ça que les choses se passeraient. « Tu sais bien que Matteo ne verra pas les choses sous cet angle. » disait alors Elio en écho à mes pensées et j’hochais lentement la tête, résignée. Bien sûr que Matteo blâmerait Elio avant de me blâmer moi. J’étais sa sœur, sa petite protégée, celle pour qui il était prêt à tout, et si cela avait du bon, ce n’était pas toujours facile, surtout pas lorsqu’on avait une attirance irrépressible pour le meilleur ami de son frère.

Finalement les choses étaient allées trop loin. Il me semblait que nous avions franchi le point de non-retour. Nous étions condamnés à nous déchirer et ce jusqu’à ce qu’on trouve miraculeusement une solution, qui signifierait de faire des sacrifices. Entraînée dans mon élan, blessée dans mon ego j’avais dit à Elio que tout ceci n’était qu’une erreur, persuadée de toute façon que c’était ce qu’il voulait entendre. « Donc tout est encore une fois de ma faute ? Si tu me disais plutôt ce que tu veux TOI ! Au lieu de faire l’autruche en me posant des questions auxquelles tu sais bien que je n’ai pas de réponses ? » s’exclamait-il. Et pour le coup, il touchait un point sensible, à tel point que sur le moment, j’en restais bouche bée, incapable de trouver tout de suite de quoi répondre. Qu’est-ce que je voulais au juste ? A cet instant même c’était assez difficile à déterminer. J’avais envie de mettre fin à cette dispute sans pour autant perdre la face, j’avais envie qu’Elio me serre dans ses bras en même temps que j’avais envie de lui arracher la tête. Là-haut tout n’était que pure confusion, comme à chaque fois que le brun faisait irruption dans ma vie. C’était toujours comme ça avec lui, il débarquait, mettait le bordel dans mes pensées et dans mon cœur avant de disparaître aussi soudainement qu’il était arrivé. « Je veux que tu saches ce que tu veux. Tu ne pourras pas éternellement m’accepter dans ta vie quand ça t’arrange et m’éviter quand les choses deviennent compliquées » lui lançais-je alors, sèchement avec le regard toujours aussi noir. Parce qu’une fois de plus, Elio prenait la fuite. Il me proposait une sorte de garde alternée pour Matteo et si je n’étais pas aussi énervée contre lui, le ridicule de la proposition m’aurait sûrement fait rire. Mais pour le coup je n’avais pas du tout envie de rire. Je n’étais clairement pas prête à signer pour une nouvelle année à éviter Elio. Surtout que Matteo se poserait clairement des questions à notre sujet. Alors je lui demandais s’il n’était pas venu pour lui le temps de grandir et d’assurer ses choix. « Ce n’est pas ça que tu me demande là Heidi ! » Alors j’enchaînais, insistant sur le fait qu’il ne savait pas ce qu’il voulait et qui était le principal (voire même unique) reproche que je lui faisais à l’heure actuelle. Ce fut au tour d’Elio de ne plus savoir quoi dire.

Saisissant ce moment pendant lequel il ne trouvait plus rien à redire, je m’éloignais de lui. J’espérais vaguement qu’en mettant de la distance physique entre nous, j’allais être capable d’y voir un peu plus clair dans ce que je voulais et ce que je ressentais à l’égard d’Elio. Mais c’était peine perdue, j’étais de toute façon bien trop énervée pour parvenir à réfléchir à quoi que ce soit. Je l’avais entendu se lever, et puis plus rien. Je me demandais s’il était parti et j’allais me retourner pour vérifier lorsque je le sentais s’approcher de moi, alors que je lui tournais toujours délibérément le dos. « Heidi… » murmurait-il alors que sa main se posait dans ma nuque pour la caresser un instant. J’avais fermé les yeux à ce contact qui me glaçait, faisant naître un frisson en moi. « Je ne sais pas ce que tu veux réellement et je ne veux pas te faire souffrir. » disait-il finalement, et je ne disais rien, continuant de lui tourner le dos, les yeux toujours fermés pour apprécier le contact de sa peau chaude contre la mienne. « Tout ce que je sais c’est que je ne veux pas perdre Matteo… C’est un miracle qu’il soit revenu et… Je ne veux pas prendre le risque de tout briser… Pas alors qu’on nous offre une seconde chance. » reprenait-il. On en revenait toujours à Matteo et à l’obstacle évident que ma relation avec Elio représentait pour leur amitié. Je comprenais le désir d’Elio de préserver avant tout son amitié avec Matteo, j’étais moi-même prête à tout sacrifier pour mon frère. Je ne pouvais en revanche me retenir d’être égoïste et de regretter qu’Elio n’ait pas cette même loyauté vis-à-vis de moi. J’aurai voulu que ça soit moi qu’il choisisse à tout prix, qu’il me prouve que peut-être je valais la peine qu’il tente le tout pour le tout. C’était idiot, je le savais, mais malheureusement, je ne commandais pas mes sentiments et mes réactions.

« Je vais y aller. » déclarait-il finalement en retirant sa main de ma nuque et en s’éloignant quelque peu, lentement. Je restais silencieuse, immobile, bien que j’avais ouvert de nouveaux les yeux à l’instant où la peau d’Elio avait quitté la mienne. Et subitement, un poids vint se loger au fond de mon estomac. Etait-ce normal que je me sente comme abandonnée ? Je savais qu’Elio avait raison sur toute la ligne, que c’était la seule solution, celle qui ferait le moins de dégâts. Pourtant sur le moment, je le détestais d’avoir raison. Et je le détestais de me laisser là, seule. Je me demandais ce qui lui traversait l’esprit à cet instant, comment se sentait-il ? Lui aussi redoutait-il le moment où il passerait définitivement le pas de la porte ? C’était l’impression qu’il donnait en tous les cas, car il traînait un peu la patte en direction de la sortie, comme s’il voulait me laisser le temps de dire un dernier mot, comme s’il voulait presque je le retienne. Ce que je n’allais pas faire. « Attend » dis-je finalement alors qu’il avait posé la main sur la poignée de la porte. Je me retournais pour m’approcher de lui et grimpais sur la pointe de mes pieds pour venir l’embrasser. Si c’était la dernière fois que nous nous voyons dans ces conditions, je comptais bien en profiter jusqu’à la dernière seconde. Quitte à ce que ça soit la dernière fois où je pouvais embrasser Elio, je voulais m’en souvenir avec précision. C’était un baiser intense, dans lequel je laissais libre cours à mes émotions, à ma confusion, à mon désir, à ma colère.
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Message(#)Tonight I know it all has to begin again  ▽ Heidi - Page 2 EmptySam 13 Aoû 2016 - 0:36


Tonight I know it all has to begin again
Heidi & Elio


J’étais agacé et de toute évidence elle aussi, cette conversation tournait en ronde. Elle me semblait n’avoir aucun sens si ce n’était celui de nos braquer l’un contre l’autre de nous faire dire des mots douloureux qui n’avaient pas de sens à ce stade de notre relation. Nous étions entrain de vivre une sorte de rupture alors même que nous n’avions jamais été ensemble. Nous avions partagé ces deux instants en nous promettant bêtement que ça ne changerait rien ce qui était une jolie utopie.  Au final je m’étais juste retrouvé coincé entre mes désirs, mes obligations et mes doutes et Heidi quand à elle… Je ne saurais le dire elle ne m’avait rien livré de ses pensées que j’avais imaginées jusqu’à lors beaucoup plus sage. J’imaginais que les choses étaient claires entre nous – que j’étais le seul à divaguer, à me faire des idées – à me poser des questions. Ce qui de toute évidence était une erreur monumentale.   « Je veux que tu saches ce que tu veux. Tu ne pourras pas éternellement m’accepter dans ta vie quand ça t’arrange et m’éviter quand les choses deviennent compliquées »  Evidement Heidi avait raison, je le savais déjà. J’avais conscience d’avoir envers elle une attitude des plus complexe. Même moi je ne la comprenais pas vraiment mais une partie de moi ne voulait pas la laisser sortir complètement de ma vie. Comme si cette idée était bien trop douloureuse. « Je le sais ça ! » Mon ton était colérique mais cette fois l’amertume ne lui était pas destinée. Elle flottait dans l’air se répercutant sur cette situation de merde qui me plaçait dans cette situation aujourd’hui. J’aurais voulu trouver un sens à toutes ses douleurs éprouver pour qu’au final on nous rendre Matteo. Ca n’en avait pas et ça m’était insupportable. « C’est juste que… Tu ne comprends pas… » Comment l’aurait-elle pu moi même j’en étais incapable. « Si je dois choisir aujourd’hui c’est hors de ma vie que tu serais… et je suis pas capable de réellement prendre cette décision… Je suis paumé ! Je suis complètement paumé et cet imbécile de Matteo qui a perdu la mémoire et qui revient aujourd’hui c’est… C’est le bordel… » Je suis bien conscient que je ne dois pas être le seul à ressentir ça et pourtant je me sens vraiment seul à cet instant. Ces dernières semaines ont fini de m’achever, toute cette histoire avec Kyrah, mon aventure avec Heidi, cette famille cachée j’ai l’impression d’être sur le point d’imploser sans savoir comment désactiver le minuteur.

La conversation continue pourtant de s’envenimer jusqu’à ce qu’Heidi se lève pour débarrasser les tasses, m’envoyant le message qu’il est temps pour moi de partir. Pourtant c’est l’inverse que je fais, m’approchant d’elle pour instaurer à nouveau un contact avec plus de douceur, je sens une pointe de tristesse en moi alors que les mots sortent. Je suis bien conscient d’être lâche, je choisis le chemin le plus simple mais je ne sais pas comment agir autrement. Je ne peux pas prendre le risque de tout perdre… Heidi, Matteo… Kaecy même. Il y a beaucoup trop en jeu et je ne suis pas à la hauteur. Je ne l’ai jamais été c’est bien pour cette raison que je suis resté sage jusqu’à aujourd’hui. Je tente d’expliquer une partie de toute ça à Heidi, celle que je peux dire à haute voix, mais elle ne me répond pas cette fois et c’est un peu à reculons que je me décide à quitter la pièce. J’ai le cœur lourd, l’impression d’avoir tout gâché une fois de plus mais pas de solution pour changer les choses. Je ferme les yeux alors que ma main se pose sur la poignée espérant vainement que quelque chose se passe. « Attend » Quand sa voix se fait entendre j’ai l’impression de l’avoir imaginé. Je me retourne sans trop osé y croire alors qu’elle vient vers moi j’attends un mot, un geste peut-être une bonne gifle mais pas ça. Quand ses lèvres se posent sur les miennes c’est l’incompréhension la plus totale. Je ne lui rends d’abord pas son baiser. Je sais qu’il me faut le repousser, que c’est la bonne chose à faire et pourtant tout mon corps semble m’avoir lâché – tout s’embrouille dans ma tête. Et quand je m’active enfin c’est pour que mes bras se ferment sur elle, resserrant son corps contre moi pour combler l’espace entre nous. Cette étreinte nouvelle faisant naitre un désir plus profond en moi. Le baiser que nous échangeons est vorace, mélange de sentiments complexes. Ma main vient se nicher dans sa nuque une nouvelle fois et je la sens frissonner. Tout mon corps est en ébullition et elle fait renaître ces mêmes sensations que je tente de combattre à chaque fois que je suis avec elle. On ne doit pas faire ça… On ne peut pas… Et je mets difficilement fin à ce baiser nos front collés l’un à l’autre, mon souffle se mêlant au sien alors que nos lèvres restent si proches l’un de l’autre… « Non.. non… non… » C’est tout ce que je peux prononcer, je manque de souffle, de persuasion aussi alors que je décolle mon front du sien. « Il faut vraiment que je parte… » Je dois penser à Matteo, à ce qu’il y a de mieux pour tout le monde aussi. Heidi et moi c’est foireux, c’est impossible et je sais que l’on va se faire du mal. Il faut que j’arrête d’être un imbécile. Je dépose un baiser sur son front à contre cœur me séparant d’elle en vitesse pour claquer la porte et sortir de son appartement. Je ne sais pas quand je la reverrais et quelque chose me brûle dans la poitrine. Je lui en veux d’avoir fait ça et pourtant… Pourtant j’en avais tant envie.
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Message(#)Tonight I know it all has to begin again  ▽ Heidi - Page 2 EmptyDim 14 Aoû 2016 - 19:24



❝ Tonight, I know, it all has to begin again ❞


Elio & Heidi
J’étais prêt à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. △
Cette conversation ne menait à rien. Nous foncions clairement dans le mur et pourtant aucun de nous deux ne semblait avoir la présence d’esprit d’essayer d’apaiser les tensions. Etant tous les deux aussi têtus et peu enclins à admettre nos torts l’un que l’autre, il était en effet assez difficile d’imaginer une issue positive à cette conversation. Nous étions tout bonnement ridicule et à l’aube de la trentaine, nous persistions à nous disputer comme l’aurait fait deux adolescents. Pourtant aucun de nous deux ne semblait saisir l’absurdité de la situation (à moins que nous préférions rester dans l’ignorance de ce point de vue-là). Finalement, j’avouais à Elio que j’étais lasse de ses changements d’attitude envers moi, son côté girouette n’aidant en rien la situation critique dans laquelle nous nous trouvions déjà. Après tout, il n’y avait rien de plus perturbant que ses sautes d’humeur à mon égard. A chaque fois que je croisais Elio, je ne savais jamais sur quel pied danser, j’étais toujours dans l’attente de savoir comment il allait agir pour pouvoir me calquer sur son attitude. « Je le sais ça ! » s’énervait-il. Pour une fois, ce n’était pas contre moi que sa colère était dirigée et j’en étais quelques peu satisfaite. Je me rendais finalement compte qu’il se rendait peut-être compte du côté illogique et perturbant de son comportement changeant. « C’est juste que… Tu ne comprends pas… » enchaînait-il. « C’est pas comme si tu me facilitais la tâche de ce côté-là » soupirais-je en levant les yeux au ciel, agacée. Plus compliqués et nébuleuses que les pensées d’Elio à mon égard, j’avais du mal à imaginer. « Si je dois choisir aujourd’hui c’est hors de ma vie que tu serais… et je suis pas capable de réellement prendre cette décision… Je suis paumé ! Je suis complètement paumé et cet imbécile de Matteo qui a perdu la mémoire et qui revient aujourd’hui c’est… C’est le bordel… » avouait-il finalement et je restais là, sans bouger à écouter ce qu’il me disait. Je restais silencieuse ensuite, ne trouvant rien à ajouter. Il n’y avait rien que je puisse dire qui ferait changer quoi que ce soit à cette situation qui me semblait inextricable. Nous étions tous les deux dans une impasse, enfin surtout moi. Elio lui avait une sorte de choix à faire et c’était l’amitié de mon frère qu’il avait choisi. Je ne pouvais pas l’en blâmer, bien que je sentais au fond que ce choix me piquait à vif et me rendait triste. Pourtant je ne voyais pas l’intérêt de mentionner ça à Elio, sa décision semblait prise de toute façon et je n’avais pas les mots pour exprimer ce que je ressentais. Comme toujours, Elio foutait un beau bordel dans mes pensées et mes sentiments.

Je décidais alors de m’éloigner de lui, de lui envoyer le signal subliminal que pour moi, la conversation était close et qu’il pouvait s’en aller. J’étais lasse de me disputer avec lui, fatiguée d’être sans cesse exposée à un ascenseur émotionnel en sa compagnie. J’étais à court de mots, à court d’énergie pour essayer de lui faire comprendre ce que je ressentais. Et alors que je m’étais attendue à ce qu’il disparaisse, sans un mot, comme il savait si bien le faire, il se trouvait qu’Elio était resté. Il avait essayé d’ajouter un dernier mot, de me faire comprendre les raisons de son choix. Peut-être essayait-il de me convaincre qu’il avait fait le bon choix, peut-être même essayait-il de se convaincre lui-même. Et une fois de plus, je me murais dans le silence. Je n’avais rien à dire, je n’avais rien envie d’ajouter. Pourtant lorsqu’il avait dit qu’il allait s’en aller, un élan s’était soudainement emparé de moi, comme si doucement mon cerveau avait compris ce que ce départ signifierait : que c’était la fin de cette intermède compliqué avec Elio, que c’était la fin d’une idylle qui n’avait même pas commencé, que c’était tout simplement la dernière fois que je toucherais et pourrais embrasser Elio. Et ce fut comme si mon cerveau se rallumait peu-à-peu et que je me rendais compte que je ne pouvais pas juste le laisser filer comme ça, sans en profiter une dernière fois. C’était mal, c’était compliquer les choses une dernière fois, mais c’était plus fort que moi, je voulais sentir une dernière fois ses lèvres contre les miennes. Je l’avais alors retenu, avec un simple mot avant de m’approcher de lui pour l’embrasser. Elio ne me rendait pas tout de suite mon baiser, visiblement en proie à un dilemme intérieur. Pour ma part, je préférais toujours garder mes états d’âmes pour plus tard, c’était mon côté impulsif. Mais rapidement, Elio m’embrassait à son tour et le baiser devint aussitôt fiévreux. C’était typiquement le genre de baisers qui vous coupent le souffle, mettent votre cerveau sur pause. Je passais mes bras autour de sa nuque pour coller un peu plus son corps au mien alors qu’il me serrait contre lui en retour. Mon cœur s’était aussitôt emballé, comme s’il avait attendu ce moment depuis l’instant même où Elio avait franchi le pas de la porte. Finalement, Elio rompait notre baiser, laissant son front contre le mien alors que je tentais de récupérer mon souffle, en me pinçant les lèvres qui picotaient étrangement. « Non.. non… non… » disait-il alors que je fermais les yeux, refreinant l’envie de recommencer. « Il faut vraiment que je parte… » ajoutait-il, le souffle court alors qu’il décollait son front du mien. Je laissais mes bras retomber le long de mes flans et Elio se détachait de moi. Il déposa un baiser sur mon front, avant de disparaître par la porte. Et moi je reste là comme une idiote, dos à la porte qu’il vient de refermer alors qu’un sentiment d’abandon se fraye un chemin sinueux en moi. Soupirant lourdement, je me laissais aller contre la porte d’entrée, glissant le long de celle-ci avant de me laisser tomber sur le sol, ramenant mes genoux contre ma poitrine. Et comme s’il avait senti que j’en avais besoin, mon chien Lago se précipitait pour venir s’installer à mes côtés.
©BESIDETHECROCODILE
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