Celia avait peur. Elle avait peur d'opérer à nouveau. Elle avait peur de se louper. Elle avait peur de faire un impair et de tuer quelqu'un. Ou de blesser quelqu'un. Andrew comprenait qu'elle puisse avoir peur. Il comprenait qu'elle craignait, surtout qu'elle n'opérait plus depuis un moment maintenant. "C'est pas vrai. J'suis sûr que t'es assez forte pour le faire. Moi, c'est ce que je pense en tout cas." Il eut un hochement de la tête. "Et si je devais choisir entre un inconnu et toi pour une opération sur moi, c'est toi que je choisirais sans aucune hésitation." Alors oui. Il voulait lui redonner confiance. Il voulait qu'elle ait confiance en elle. Qu'elle ne se déprécie pas comme elle pouvait le faire en ce moment. Lui, ça lui arrivait souvent de le faire. De se dire qu'il n'était pas assez bien. De ses dire qu'il aurait pu faire autrement. Et parfois, il se disait que c'était stupide de réagir comme ça. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de le faire. Comme Celia était en train de le faire d'ailleurs. Alors oui, il cherchait. Il cherchait à lui redonner confiance. Il cherchait à lui prouver qu'elle n'était pas rien et qu'elle avait encore les ressources. "Il faut juste ... que tu te dises que tout n'est pas forcément fini." Il eut un hochement de la tête. "Après, je ne connais pas toutes les raisons sur pourquoi tu penses ainsi. Et je ne te poserais pas la question pour en savoir plus. Je pense juste que tu auras l'occasion de m'en parler quand tu en éprouveras le besoin." Il voulait montrer qu'il était là. Qu'il était présent pour elle. Qu'elle pouvait venir le voir quand elle le voulait. Qu'elle pouvait l'appeler quand elle le voulait. "Si tu n'y crois pas pour ce moment, j'y croirais pour toi." dit-il dans un hochement de la tête. Et il la soutiendrait. Et il essayerait de lui faire oublier tout ça. De lui faire remonter la pente. Andrew en profita pour la prendre dans ses bras. Pour un câlin. Parce qu'elle en avait besoin. Parce que lui en avait besoin également. Un peu. Beaucoup. Il serait présent pour elle. Ils ne s'étaient pas vus pendant un moment. Ils avaient perdu le contact. Mais maintenant, ça allait changer. "J'ai pas toujours raison. Mais j'suis sûr que ça finira par aller mieux." Pour lui. Comme pour elle d'ailleurs. Il finit par relâcher son étreinte. "Donc, si t'as besoin, t'hésite pas, hein. Tu connais mon numéro. Peut-être que j'débarquerais pas aussi paniqué que ce soir." Parce qu'il faut l'avouer. Le message de Celia, ça l'avait paniqué. Un peu. Beaucoup. Il était content d'être venu. Il était content d'être là. Il était content d'avoir passé un peu de temps avec elle. Peut-être que ça permettrait de relancer leur amitié. "Y'a pas de quoi. Si t'as besoin, quand tu veux." dit-il d'un hochement de la tête. Il était l'heure de partir. Sans doute. Parce qu'il n'allait pas lui tenir la jambe toute la nuit non plus. Sauf si elle avait besoin de lui et qu'elle souhaitait qu'il reste mais bon. "J'espère qu'on ne passera pas plusieurs mois avant de se revoir à nouveau." Et il le pensait. Vraiment. Après quoi, Andrew prit donc congé.
Cette conversation avec Andrew lui faisait du bien. Pendant longtemps, elle avait caché ses sentiments, avait pris les mauvaises décisions. Mais elle avait décidé d'aller de l'avant. Les autres ne devaient pas être les acteurs de sa vie. C'était à elle de prendre ses décisions, de faire en sorte d'être heureuse et de retrouver un équilibre qu'elle a perdu il y a bien trop longtemps maintenant. Bien que les mots avaient parfois du mal à sortir, la jeune femme savait qu'elle avait pris la bonne décision en parlant au médecin. Parce que finalement, ils en avaient besoin tous les deux. Finalement, ils se ressemblaient plus qu'ils ne le croyaient en fin de compte. Puis aux mots d'Andrew, elle l'observa à nouveau. Finalement, elle s'était apaisée et elle repensait à ce que venait de lui dire le médecin. Il avait tort. Même si elle ne pouvait pas lui en vouloir. Il cherchait sûrement à lui prouver qu'elle était encore capable. Mais Célia savait bien que ce n'était plus vraiment le cas. « Ce n'est pas une question de confiance Andy... Je n'ai plus envie d'opérer. C'est fini pour moi tout ça. Et je ne retoucherai plus jamais à un scalpel. » Elle avait dit ces mots sans fondre en larmes, ce qui l'étonnait. Peut-être qu'elle avait passé un cap. La médecine avait tenue une place importante dans sa vie. Au point, où elle n'avait pas su quoi faire quand elle avait tout quitter. Mais elle n'était pas seulement douée pour opérer. Elle savait faire autre chose. Et elle l'avait compris en découvrant sa boutique. Elle avait eu un véritable coup de cœur pour la bâtisse. Elle jeta un œil à travers la fenêtre qui était juste en face d'elle. « Je voudrais juste que les gens le comprenne. Et qu'ils arrêtent de penser que j'ai fais une erreur en quittant l'hôpital. J'aime ma vie comme elle est, et j'aimerai que les autres en soient convaincus eux-aussi. » Ce qui n'était pas une mince affaire. Il n'y avait qu'à voir le regard d'Andrew en ce moment. Mais cela fit sourire la jeune femme, surtout quand la médecin s'avança vers elle pour la prendre dans ses bras. Elle resserra ses bras autour de lui. Oui, elle avait fait le bon choix. Elle avait trouvé sa voie. Il ne lui manquait plus que se faire confiance pour le domaine privé. C'était un défis pour elle. Mais Célia n'avait jamais eu peur des défis. Même si cela paraissait compliquer pour l'instant. Elle se détacha ensuite de lui. Puis à ces mots, elle acquiesça de la tête avant de sourire. « Je n'hésiterai pas. Merci. Quant à se revoir, ça arrivera sûrement plus vite que prévu, vu les projets de Duncan. Nous allons être de corvée tous les deux. » Célia savait qu'Andrew n'affectionnait pas trop les soirées « mondaines ». Mais comme l'antiquaire, il allait y assister pour leur ami. « Fais attention à toi en rentrant. » Célia le laissa partir. Cette visite lui avait fait du bien. Même si elle avait été un peu douloureuse. Elle savait que du positif allait ressortir de tout ça.