Mon temps libre, j'aime le passer devant ma console, une manette entre les mains, une pizza sur la table basse, une bière sous le coude. Je suis de ces grands ados que l'on supplie d'aller jouer dehors, taper dans un ballon, prendre l'air. Comme s'il n'y avait pas d'air à l'intérieur. Mes grandes jambes sortent rarement se balader, en somme, et ne s'activent que sur le tapis de course de la salle de sport ou dans les couloirs du palais de justice. De manière générale, je ne vais pas au zoo. Je ne suis pas plus proche de la nature que ça, je n'ai jamais eu d'animal de compagnie, et si vous essayez de me faire comprendre que la condition des bêtes d'élevage est déplorable, je vous répondrai sûrement qu'il faut ce qu'il faut pour nourrir sept milliards d'habitants sur Terre qui sont assez fanas de burgers pour la plupart. C'est mignon, les animaux. J'aime les vidéos de chatons sur youtube, j'aime croiser un kangourou quand je vais au supermarché de mon patelin. C'est à la que s'arrête ma sensibilité. Dans ce cas, cher Ben, qu'est-ce que tu fais dans un stage pareil ? Figurez-vous que c'est un cadeau de la part de ma sœur, qui a pensé que faire un break aussi radical ne pourrait me faire que du bien. Elle m'a inscrite par surprise, et je n'ai guère eu le choix.

Je suis arrivé pour m'installer dans le bâtiment du staff du zoo la veille, en même temps qu'une dénomée Gwen. Une chic fille avec qui le courant est bien passé, même si certains de ses discours d'hippie tout droit sortie de Woodstock me donnent parfois envie de me jeter dans l'enclos des lions. Elle, elle voit ce stage comme un grand moment de communion avec la nature, bla bla bla. Moi, je vais me contenter de faire des papouilles aux bestioles, c'est déjà bien assez. « J'suis trempé. » je remarque après qu'un des dauphins dont la jeune femme et moi nous occupons aujourd'hui ait lancé un magnifique coup de queue dans l'eau, jetant une vaglette droit sur moi. Mon bermuda me colle aux jambes, joie. « Leçon une : l'eau ça mouille. Bravo Ben. » me lance une instructice en se moquant bien de moi. Je prends une oue boudeuse de gosse de quatre ans, croise et les bras et me tourne ; j'aperçois les nouveaux arrivants qui nous rejoignent pour le stage, et je ne sais pas si je me rejouis de rencontrer un peu de monde ou si j'ai peur de finir cerné par les vegans et anti-gluten. Gwen se présente en premier, et j'ajoute juste après elle : « Benjamin. Ou Ben, comme vous préférez. » je lance depuis l'autre côté du bassin. Voici donc Keeven et Ella.

Pour les rejoindre, je fais le tour de l'enclos, marchant au bord de la piscine. Je ne tarde pas à glisser et plonger tout entier dans le bassin avec les dauphins. Typiquement moi. Les autres participants comprendront vite qu'ils ont affaire au gaffeur de service. Je me dépatouille rapidement de là et sors du bassin, cette fois réellement trempé des pieds à la tête. « J'aime soigner la théatralité de mes entrées et… » Je ris nerveusement, passant une main dans mes mèches pour les rabbatre en arrière. « Et on va dire que c'est mon dauphin intérieur qui m'a jeté dans le bassin. »

En route pour le zoo, Elena n’arrivait toujours pas à croire qu’elle ait pu accepter. Ce n'était pas son truc à elle les animaux et elle avait surtout eu l’impression que son fiancé essayait de se débarrasser d’elle pour un court laps de temps. Le seul point positif à tout ça est que cette idée de stage avait mit d’accord deux ennemis de toujours puisque même Raffaele l’avait poussé à y aller.
Pour son travail ce n’était pas un problème, elle ne donnait que deux cours par semaine et son patron avait gobé l’histoire la maladie sans aucun problème.
En se levant ce matin là, la jolie blonde continuait à croire que ce n’était pas une bonne idée que d’aller travailler au zoo. Elle aimait bien les animaux, mais n’avait pas la patience, ni l’envie pour s’efforcer à comprendre des bestioles incapables d’exprimer clairement leurs envies. Et si on n’avait de cesse de lui répéter que ça lui changerait les idées et lui permettrait de voir du monde, Elena prenait surtout ça comme une punition.
Pourtant, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle puisque le coup de fil pour s’inscrire provenait de son téléphone et de sa propre bouche même.
Aussi, elle franchit les grilles de ce parc dans lequel elle n’avait jamais mis les pieds depuis son installation à Brisbane, en levant presque les yeux au ciel. Dans son dos, elle entendit le moteur de la voiture de son fiancé qui s’en allait. Mettre les pieds dans un zoo ravivait des souvenirs d’une époque qu’elle s’efforçait chaque jour d’oublier. Celle où son père la portait sur ses épaules, où son large sourire de petite fille ravie illuminait ses yeux et où elle riait aux éclats quand sa mère se faisait arroser par l’éléphant dans leur ville italienne.
La mémoire a tendance à jouer de vilains tours aux moments où l’on s’y attend le moins. La mine déconfite, elle expliqua à une employée croisée sur le chemin la raison de sa présence et la jolie brune lui indiqua la direction à suivre.
Habillée simplement d’un short kaki et d’un t-shirt marron en mode aventurière, elle avait tressé ses longs cheveux pour éviter de nourrir avec les zèbres ou autres mammifères et transportait mollement son sac à main sur l’épaule. Elle n’avait aucune idée de à quoi s’attendre.
Un petit groupe de gens s’était amassé autour d’un bassin et elle comprit grâce aux rires qui s’en échappait que c’était son groupe et qu’ils étaient devant des dauphins. Un jeune homme tout mouillé se faisait sortir de l’eau par une dresseuse et Elena ne put s’empêcher de sourire. Elle s’ajouta discrètement au groupe. Apparemment, elle avait loupé certaines présentations, ce qui la forcerait peut-être à redemander par la suite. « Ca fait parti du stage d’aller se baigner ? J’ai pas prévu de maillot de bain moi ! » Et de rajouter avec un petit sourire gêné, suite à son petit trait d’humour pas forcément réussi. « Moi c’est Elena, enchantée ! » Du moins, elle espérait l’être.

Désespéré. Il fallait au moins ça pour avoir accepté ce stage, qu'il soit purement et simplement désespéré. Désespéré par le fait de vouloir trouver mieux que de récurer des assiettes sales à l'arrière d'un restaurant qui le payait bien moins que le salaire de ceux qui venaient y manger. On n'avait pas besoin de bûcherons à Brisbane, c'était l'une des premières choses que lui avait asséné la conseillère chargée de l'aider à trouver un emploi à son arrivée en ville, et bien qu'ayant peu apprécié l'acidité du ton qu'elle avait employé pour le dire Tommy savait qu'elle avait raison ; Il n'était déjà pas doué pour grand-chose, mais il ne pourrait même pas compter sur l'expérience de ses dix années au Canada. Ajoutons à cela le fait qu'il sorte de prison, et on comprenait rapidement que trouver un emploi s'avérait tâche particulièrement délicate. Alors il n'était pas vraiment en position de refuser lorsqu'on le dirigeait vers une formation quelle qu'elle soit, tout ce qui pouvait être rajouté à son CV était bon à prendre, même ... « Nourrir des dauphins. Ou bien nettoyer le fond de leur bassin en ayant l'impression de s'être fait entuber, je sais pas trop. » Beth avait haussé un sourcil, et d'un ton légèrement plus pincé Tommy s'était à nouveau mis sur la défensive tandis qu'il ne pouvait s'empêcher de faire remarquer d'un ton abrupt « On n'a pas tous de jolis diplômes à accrocher au-dessus de son bureau. » Elle avait soupiré, lui aussi. « Mais je n'ai rien dit, Tommy. C'est bien que tu ... cherches ta voie. » Il avait levé les yeux au ciel sans même tenter de cacher sa lassitude, et avait refermé le sac à dos de Moïra après y avoir ajouté une compote et un paquet de mouchoirs. La fillette était réapparue au même moment, son lapin en peluche serré entre ses petits doigts. « C'est bon, tu n'as rien oublié ? » Secouant la tête négativement, la petite avait laissé son père réajuster l'élastique qui maintenait le natte qu'il avait eu tant de mal à lui faire. « Tu seras sage avec ta tante Beth ? » Il s'était agenouillé pour se mettre à sa hauteur. « Oui ! Comme une image ! » Il avait esquissé un sourire, et fait signe pour qu'elle vienne déposer un baiser sur sa joue râpeuse. « Ne te couche pas trop tard ce soir, et n'oublie pas de te laver les dents. Et ... » Il avait croisé le regard de sa sœur, mi-amusée mi-impatiente, et soupirant légèrement il avait finalement embrassé Moïra sur le front avant de les laisser s'en aller toutes les deux. Il était toujours un peu réticent à laisser sa fille passer la nuit chez l'une de ses tantes, ou chez ses grands-parents ... Il avait toujours cette peur latente qu'ils n'utilisent cela pour donner raison à Marius et insinuer qu'il était pas capable de s'occuper correctement de Moïra tout seul. Mais il n'avait pas le choix, sa journée était prise et il travaillait ce soir, il ne pouvait pas la laisser vadrouiller toute seule dans l'appartement toute la journée et toute la soirée.

Terminant sa tasse de café en regardant distraitement l'édition du matin du journal télévisé, il avait abandonné la vaisselle dans l'évier de la cuisine et attrapé son blouson sur le dossier d'une chaise. Il partait avec énormément d'avance mais il craignait toujours un train annulé ou un bus qui ne passait pas, et pas question pour lui de se pointer en retard, ce serait se tirer une balle dans le pied. Une fois sur place il avait d'ailleurs pu se rendre compte que prendre de l'avance ne l'avait pas empêché de ne pas arriver parmi les premiers, sans qu'il ne sache bien si c'était une déception ou un soulagement pour lui. « Y'en a des plus impatients que d'autres à ce que je vois. » n'avait-il pas réussi à retenir tandis qu'un sourire amusé accompagnait sa réflexion, s'apprêtant déjà à tendre une main vers celui qui avait plongé la tête la première dans le bassin avant d'y renoncer en remarquant que le bonhomme n'avait pas besoin d'aide pour regagner la terre ferme. « Tommy. » qu'il avait par ailleurs rajouté en comprenant qu'il arrivait au milieu des présentations. Pas de "Thomas mais vous pouvez m'appeler Tommy" parce qu'il ne laissait jamais le choix à personne à ce sujet, pas de "Enchanté" ou de "Ravi" non plus puisqu'il ne savait pas encore s'il l'était ou non. Il lui faudrait attendre au moins le temps de se faire une idée un peu plus précise d'à qui il avait affaire. « Tu, hm ... » Tendant la main vers le dénommé Benjamin, il s'était permis de retirer une feuille d'arbre coincée dans ses cheveux détrempés « Voilà, désolé. » C'était le genre de petits détails capables de le perturber tant qu'il n'y avait pas remédié, sa maniaquerie relative se manifestant de façon totalement aléatoire et pas toujours logique. « Doonc ... aucun d'entre vous ne se connait, si j'ai bien compris ? » A moins qu'il ait mal compris, justement. Simplement il s'étonnait de voir autant de monde décider de participer à ce genre d'activité sans s'armer au moins d'un compagnon d'infortune pour l'accompagner ... A moins qu'ils ne soient tous dans sa situation, désespérés. Mais Tommy avait presque envie de dire qu'il ne l'espérait pas pour eux.

Alors que je me trouvais avec Benjamin la veille, c'est vrai que j'ai tenu un discours un peu trop bien diriger vers la façon hippie ou bien même de ceux qui protège les animaux. Mais de vivre avec un cousin qui lui travaille à GreenPeace c'est sur que je suis un peu atteint par moment et que je peux devenir très vite énervant. C'est se que je me suis rendu compte. Mais, ça ne m'empêche pas d'avoir cette petite joie de vivre. Faut bien. Faut bien mettre toutes ses émotions de coter pour vivre un peut. Puis voilà, je suis ici alors je ne vais pas hésite a en profiter. Quand Benjamin et moi sommes allez voir les dauphins en premier je me rends compte que, c'était pas trop la joie pour lui, mais après un petit sourire amuser je le regard se faire tremper par un dauphin mais je me retient alors de rire a la remarque de l’instructrice car oui ça mouille mais bon je ne vais pas non plus me moquer de lui je n'ai pas envie de me le mettre à dos. Quand les nouveaux arrives une demoiselle blonde avec un jeune homme qui s'approche. Ella, qui pensait être en retard me faire doucement rire, je me permets de secoué la tête de gauche à droite pour la rassuré. Puis Keveen, il est plutôt réserver. Après tout le monde ne peut pas être enthousiasme. Je m'approche des deux jeunes qui viennent d’arrivé mais Bob, Elena et Tommy nous rejoignent rapidement. Le bruit d'un personne qui tombe a l'eau m'interpelle. Je laisse un petit rire m'échapper, à la scène mais aussi a la petite pointe d'humour d'Elena, puis j'allais avoir le même réflexe que Tommy : venir aidé Benjamin a sortir de l'eau. Mais il était plus rapide et sort sans aide. « Belle thérapie Ben, au moins tu ne fais plus qu'un avec eux et ils ont l'air de bien t'aimer ! » je dis sur le ton de l'humour. Je regarde Tommy, s'avancer et lui enlever un morceau d'herbe dans les cheveux. A sa question je hoche la tête de haut en bas. « Oui c'est exactement ça. Hier quand je suis arriver Ben était déjà là donc on... Enfin j'ai parler, même un peu trop je pense, mais non nous nous connaissons pas du tout. »

Je m'apprête a dire quelque chose d'autre puis je me pince doucement mes lèvres pour ne rien rajouter. J'avais bien trop parler hier soir, et je pense que Benjamin va en avoir marre que je parle tout le temps. Je viens alors doucement me mettre un peut en retrait entre Bob et Ella et leur lance un petit sourire. Mais quand mon regard se dépose sur Ella en gardant mon petit sourire sur mes lèvres, puis je me permet de lui adresser la parole « Excuse moi, mais je me permet, j'ai l'impression de t'avoir déjà vue quelque part mais je n'arrive pas a savoir où exactement ! » un petit rire m'échappe en faisant un petite mine réfléchis mais je secoue doucement la tête n'arrivant vraiment pas a savoir où j'ai pu la voir. Mais je passe doucement l'une de mes mains dans mes cheveux pour les touché, un vieux réflexe qui en devient limite un tic quand je réfléchis ou bien même quand je suis stresser, mais ce n'est pas le cas en ce moment. Tout ce monde m'intrigue plus qu'autre chose, j'aimerais les connaitre tous, mais je sais que ça ne sera pas le cas. Déjà, je vais moins parler et avoir moins un discours hippie comme j'ai eu hier avec Benjamin...

Leur professeur s’était adressé à eux l’air solennel, les yeux remplis de fierté. Il leur proposait d’accéder à un stage dans un zoo pour s’approcher un peu plus du terrain. Il y avait eu des ricanements dans la salle et personne n’avait eu l’air emballé. A croire qu’ils venaient en cours pour s’occuper et pas dans l’optique d’en faire leur métier plus tard. Elie n’avait alors pas osé dire quoi que ce soit et ce n’est qu’à la fin du cours qu’elle s’était renseignée pour les modalités à remplir. Après avoir déposé un jour de congé auprès de son patron qui avait râlé parce que qui allait s’occuper du service ce jour là hein ? Elle avait fini par s’inscrire, ravie de pouvoir mettre en pratique le début de ses connaissances.
Arrivée en même temps qu’un petit groupe, on les fit attendre quelques minutes avant de les mener vers le bassin des dauphins. Elie se sentait comme une gosse sautillant et le sourire jusqu’aux oreilles de pouvoir découvrir un peu mieux son futur espace de travail – du moins elle l’espérait -. Il y avait déjà deux personnes, qui avaient dû arriver en avance et les présentations commencèrent, Elie ne retiendrait jamais tous les prénoms, elle en était persuadée et s’en fichait un peu aussi, elle n’était pas vraiment là pour ça.
Elle n’eut pas le temps de se présenter elle-même que le jeune homme près du bassin voulut s’y rendre aussi et accapara l’attention du groupe. Un petit rire amusé échappa à la jeune femme tandis que les présentations continuaient dans le petit groupe qui continuait à se former. Une blonde arriva dans leur dos, cachant son retard sous une plaisanterie, Elie lui sourit pour lui éviter de se sentir seule et alors qu’elle allait enfin se présenter à son tour, quelle ne fut pas sa surprise de voir Tommy se joindre à eux. Elle ne s’était pas aperçue de son arrivée qui, elle devait l’avouer l’étonnait vraiment. Elle ne l’imaginait vraiment pas dans ce genre d’endroits. Mais qu’importe cela lui faisait plaisir de voir une tête connue. Il soulignait d’ailleurs le fait que personne ne semblait se connaître, ce qui était effectivement assez drôle. Elie profita alors du moment pour se faire connaître au reste du groupe, d’une petite voix mal assurée, elle avait toujours un peu de mal quand il y avait trop de monde autour, aussi ne lâchait-elle pas du regard son collègue. C’était rassurant de l’avoir en ligne de mire. « Bah si y a moi ! Elie, bonjour ! » Elle attendit qu'il eut finit de retirer la feuille des cheveux du plongeur pour le rejoindre sur la pointe des pieds, la main levée en signe de reconnaissance. « Qu’est-ce que tu fais là ? Ca fait bizarre de te voir ici ! »
Le groupe avait commencé à échanger, à parler pour apprendre à se connaître un peu, mais Elie était surtout impatiente de commencer le stage. Même si elle n’aurait jamais pensé dire ça un jour. Le sourire au visage et les yeux brillants elle se tourna vers la seule personne qu’elle connaissait. « J’ai trop hâte de commencer ! » Pour peu, elle aurait battu des mains en riant.

Comme d’habitude, lorsque j’avais voulu prévenir maman de mon départ, elle était étendue dans le canapé et ne semblait pas très réceptive. Les deux bouteilles vides que j’ai trouvées aux pieds du canapé, m’ont prouvées qu’une fois encore, elle avait trop forcé sur la bouteille. J’avais soupiré, laissé un mot pour lui rappeler que je partais pour quelques jours et j’avais quitté la maison pour ne pas être en retard. Je suis impatiente de commencer ce stage aux milieu des animaux. Je me suis arrangée pour avoir quelques jours de congé dans mon petit boulot et aussi pour que ça ne tombe pas en pleines journées de cours ; surtout avec les exams qui approchent. De toute façon, rester au milieu d’animaux ne pourra que m’aider à me détendre avant les exams.

Je risque surement d’être en retard car j’aurais dû partir il y a déjà dix minutes ; mais j’ai eu quelques soucis de dernières minutes qui m’ont forcé à tarder sur le départ. Enfin, me voilà enfin en route et je joue avec mes doigts en espérant que les transports en communs vont être assez rapides. J’ai juste passé un short et un t-shirt et j’ai attaché mes cheveux pour ne pas être gênée. J’espère que je ne serais pas la seule de mon âge. Enfin, que j’aurais d’autres personnes avec qui passer du bon temps. C’est toujours plus sympa de passer du temps avec des gens qui ont quand même envie de rester cool.

J’arrive juste après un petit groupe de personne ; je les observe les uns après les autres et il me semble que je ne connais personne. Quelques personnes se présentent et avant que le tour ne vienne jusqu’à moi et la personne qui se trouve à côté de moi ; quelqu’un tombe dans l’eau. J’dois dire que j’ai retenu un rire amusé. Mais lorsque les personnes ont recommencée à se présenter ; je n’ai pas hésité une seconde avant de le faire à mon tour. Quoi ? Ce n’est pas le moment de jouer les timides.

« Salut ! Moi c’est Maggie. » Je fais à mon tour avec un petit signe de la main.

Les gens ont l'air d'être plutôt sympa et ça fait plaisir à voir.

Il tergiversait depuis la veille. Et c'était bien la preuve que plus rien ne tournait rond dans l'esprit d'Hassan, parce que d'ordinaire il aurait été plus excité qu'un môme à l'idée d'accepter cette invitation ; Hassan avait toujours été quelqu'un d'enjoué, de profondément optimiste et prêt à découvrir de nouvelles choses. Du moins c'était ainsi que les gens qui le connaissaient avant se souvenaient de lui, mais ces mêmes personnes vous diraient non sans une pointe de regret que le Hassan actuel n'avait plus grand-chose à voir avec celui qu'il avait été. Alors il tergiversait, il doutait depuis la veille parce que la vérité c'est qu'il n'avait aucune envie de mettre le nez dehors, en dépit de ses promesses d'essayer de se forcer un peu, en dépit des conseils de son nouveau psy, en dépit de toutes ces petites choses ... Ils ne se rendaient simplement pas compte de la difficulté que cela représentait, d'à quel point c'était épuisant certains jours de sortir de son appartement et de plaquer sur son visage son masque de calme placide, quand sa seule envie consistait à se rouler en boule sur un coin de son canapé en espérant que la journée arriverait vite à son terme. Elle serait fâchée s'il ne venait pas, c'était son idée après tout, et elle semblait se réjouir de se rendre à ce stage ; Peut-être serait-elle vexée qu'il ne vienne pas, ou au contraire qu'il vienne mais sans parvenir à faire preuve d'un entrain suffisant. « Qu'est-ce que t'en dis, toi ? » A plat ventre sur le matelas, un bras toujours calé sous son oreiller et la tête penchant légèrement vers le bas du lit, où Spike était couché, Hassan observait l'animal d'un air indécis. « هیچ چیز به طور معمول » L'utilisation du persan avant sorti l'animal de sa torpeur, Hassan souriant de manière presque imperceptible devant ce fait. Laissant sa tête retomber sur l'oreiller en soupirant il avait roulé sur le côté, pesant le pour et le contre encore quelques instants, et s'était finalement décidé à s'extirper de dessous sa couette.

Regain d'hésitation pourtant tandis que le bus l'avait déposé à l'entrée du zoo, et il avait du user de sa dernière dose d'auto-persuasion pour ne pas faire demi-tour et rentrer chez lui. Et puis les dauphins ... Les dauphins, quoi. De tous les animaux il avait fallu qu'Ella soit intéressée par un stage concernant ceux-là ; Comme si des singes ou des koalas n'avaient pas été plus enviables. Mais il n'était pas question de se mettre à l'eau pourtant, elle le lui avait assuré, et lorsqu'il avait remarqué sa silhouette parmi le petit groupe déjà formé à son arrivée il était prêt d'arborer pour de bon son sourire de mec hyper content d'être là jusqu'à ce que ses yeux se posent sur le bonhomme trempé des pieds à la tête. « Attends mais ... tu m'avais dit qu'on n'irait pas dans l'eau. » Le ton avait un petit quelque chose de suppliant, plus qu'il ne l'aurait voulu assurément et ce malgré le fait qu'il n'ait prononcé cela à voix basse une fois arrivé à la hauteur de son amie. Il ne l'avait même pas saluée, ni les autres, mais à cet instant la seule chose à laquelle il pensait c'était au fait qu'on allait peut-être leur demander de faire trempette et que si tel était le cas autant qu'il s'en aille tout de suite, c'était hors de question. Et Ella savait très bien pourquoi, inutile qu'il se ridiculise en le lui rappelant à voix haute ... Cela devait bien faire trente ans qu'il n'avait pas mis plus que ses cheville dans l'eau de mer, et aujourd'hui ne serait pas le jour du changement.

La gorgée nouée, et l'air hésitant, il avait pourtant fini par réaliser l'impolitesse dont il était en train de se rendre coupable, songeant même au fait qu'il était peut-être le dernier arrivé et que tout le monde l'attendait avec agacement « Pardon, Hassan. Enchanté. » Du moins il le serait s'ils restaient tous au sec, dans le cas contraire il n'était pas certain. « Je ne suis pas en retard, j'espère ? » Il avait du développer des trésors de motivation pour venir, mais pour autant l'idée d'être en retard le mettrait dans une situation assez inconfortable, lui qui était plutôt du genre à toujours presque un quart-d'heure voir une demi-heure d'avance pour être certain de ne jamais faire attendre qui que ce soit. Posant les yeux sur la petite blonde arrivée à ce moment-là il lui avait adressé un très léger sourire, comme rassuré de voir qu'il n'était pas le seul à se pointer maintenant ... S'il était en retard il ne serait pas le seul, c'était une maigre consolation mais il saurait probablement s'en contenter.

Autant être entièrement honnête, Tommy préfèrerait mille fois être ailleurs. Pas qu'il n'aime pas les animaux, il pouvait se laisser attendrir par une vidéo de raton-laveur, gratouiller la tête d'un chien qui viendrait réclamer une caresse, et nourrissait même à l'oeil le chat qui squattait l'escalier de secours et le rebord de sa fenêtre réglé comme une horloge ... mais de là à s'en occuper toute la journée en en faisant son métier ? Et des animaux marins en plus ? Très peu pour lui. Mais il était là pourtant, preuve de son désespoir ultime, et preuve aussi qu'il ne souhaitait pas se mettre à dos son contrôleur judiciaire en refusant les stages qu'il parvenait à lui dégoter. Il tentait de se raisonner en se disant que le pire qui puisse arriver serait qu'il se découvre une vocation, ou au moins se retrouve embauché dans un endroit qui lui permette de conduire Moïra au zoo de temps à autre sans payer chaque fois le rein que coûtait un ticket d'entrée. Au fond il espérait seulement pour les organisateurs de ce stage que les autres participants étaient un peu plus enthousiates que lui .. quoi que non, en réalité il n'en avait pas grand-chose à foutre, ce n'était pas son problème au fond. Et les organisateurs de ce stage gagnaient probablement le triple - voir plus - de son salaire, alors il n'avait pas vraiment le temps ou l'envie de les plaindre.

Avec l'air autoritaire de la nana qui voulait être ici et pas ailleurs, et s'y sentait comme un poisson dans l'eau - ou dans le bassin, pour le coup - Tommy aurait presque pu prendre la dénommée Gwen pour une organisatrice si elle n'avait pas répondu à sa question en s'incluant elle-même dans le lot. Elle avait semble-t-il déjà eu l'occasion de rencontrer Monsieur Maladroit (Benjamin) la veille, grand bien leur fasse, mais en réalité cela ne changeait donc rien au fait qu'ils étaient tous de parfaits inconnus. À moins que ... « Ah, mais regardez qui voilà. » Semblant sortir d'on ne sait où Elie avait protesté avec amusement, et tandis qu'elle s'étonnait de le voir ici alors qu'il pourrait tout aussi bien en dire de même à son sujet il avait haussé les épaules d'un air faussement résigné « Je crois que ça ne sert plus à rien que je fasse semblant ... je te suis à la trace, je n'arrive plus à me passer de toi. » Ponctuant finalement sa phrase d'un clin d'oeil entendu, il avait repris un minimum de sérieux avant de reprendre pour répondre à sa question « Je ne tiens pas vraiment à faire la vaisselle jusqu'à la fin de ma vie ... alors je teste des trucs, disons. » Elle était carrément en droit de le traiter de loser, il ne pourrait que lui donner raison même si son ego tenterait de jurer le contraire. Tandis que la jeune femme s'enthousiasmait comme une môme dans la file d'attente d'un manège, un type s'inquiétait d'être à proximité d'un point d'eau, donnant vraiment l'impression de débarquer d'une autre planète où les dauphins seraient comme par enchantement des animaux terrestes.

Autre un poil retardataire, une petite blonde donnant l'air d'être à peine majeure s'était présentée sous le prénom Maggie et plus par politesse que par réelle envie de jouer au mono de colonie de vacances il s'apprêtait à la saluer avec un grand sourire lorsqu'une alarme stridente les avait tous - ou presque - fait sursauter comme un 31 octobre. « Alerte espèce en liberté, zone 14. Alerte espèce en liberté zone 14. » La voix grésillante et automatique resonnait dans les haut-parleurs du parc et une voix derrière le groupe leur avait fait tourner la tête dans la direction opposée « C'est l'enclos des grizzlis ! » De part sa tenue - combinaison genoux/manches trois-quart - et son sifflet autour du cou elle avait tout l'air d'une soigneuse, et de part l'expression confuse sur son visage elle regrettait d'ores et déjà d'avoir fait cette observation à voix haute tandis que la dizaine de paires d'yeux du groupe se braquaient sur elle. Le visage se tournant à nouveau vers Benjamin Tommy pensait sans doute avoir trouvé de quoi détendre l'atmosphère en demandant « Rassure-nous, ta poisse, elle n'est pas contagieuse ? » avec tout le sérieux que lui permettaient ses talents approximatifs de comédien. Histoire qu'ils soient fixés sur qui risquait de finir le premier en casse-croûte pour grizzli de mauvais poil.

Dans ce grand espace vert, Elie comprenait parfaitement que c’est ici qu’elle voulait travailler, qu’elle s’épanouirait et réussirait à devenir la personne qu’elle était vraiment. Pas le bras plié sous un plateau croulant de frites et de coca. Même si le thème du jour était plus aquatique que ce qu’elle aurait voulu, elle n’allait pas se plaindre de pouvoir être ailleurs qu’au Burrow. Et puis quelle n’avait pas été sa surprise de voir qu’elle n’était pas la seule à fuir son lieu de travail en découvrant Tommy parmi les participants ! Elle était ravie de voir un visage connu, même si ce dit visage avait tendance à lui rougir les joues et à la rendre un peu débile sur les bords depuis quelques temps. Heureusement pour elle, ils ne travaillaient pas vraiment ensemble sinon il se serait bien rendu compte qu’elle craquait un peu pour lui. Alors forcément, même dite sur le ton de l’humour, sa phrase fit monter un petit quelque chose en elle. Bien sûr qu’il plaisantait, ce n’étaient pas les quelques mots échangés qui l’aurait fait la suivre de la sorte. D’autant que si elle se référait au commentaire de son patron, il avait prit sa décision avant elle. Autour d’eux les présentations continuaient à se faire. Il semblait que certains n’étaient pas ravis d’être ici, d’autres se demandaient apparemment ce qui leur était passé par la tête, tandis que quelques-uns comme elle étaient tout excités par ce qui allait se passer. Ses doigts vinrent repasser une mèche rebelle avant qu’elle ne réponde à son collègue. « Je comprends, qui n’aurait pas envie de me suivre partout ! » Cacher la gène par l’humour, la spécialité de sa sœur, qu’elle essayait de dompter pour s’en sortir. Car elle devait se l’avouer cette méthode fonctionnait parfaitement. « Et moi donc ! Vivement la fin des études pour enfin travailler ici ! » Elle n’arrivait pas à se souvenir de si elle en avait parlé à Tommy ou pas, mais au moins, maintenant il était au courant. Toute contente à la perspective d’apprendre pleins de nouvelles choses pratiques à assembler à ses cours théoriques, elle sautillait sur place, preuve de son jeune âge, en attendant la suite des instructions.
Elle eut à peine le temps de remarquer que l’un des dresseurs était un de ses camarades de classe qu’une voix à vous glacer le sang résonna dans le parc. Tout à coup, la jeune femme regretta de s’être emballée aussi vite. Peut-être que ce n’était que les zèbres ou même les kangourous – dans ce cas, c’était même assez chouette -. Mais une petite voix peu rassurante lui chuchotait qu’un zèbre n’aurait sûrement pas essayé de s’échapper. Crainte aussitôt confirmée par la dresseuse qui se tenait non loin. Ces quelques mots firent aussitôt leur effet sur les participants. Et pour cause, même Elie qui comptait en faire son métier se sentait en droit de paniquer. Elle jeta un drôle de regard à Tommy qui tentait de faire de l’humour, chose qu’elle ne comprit pas, avant de se tourner vers ceux censés de s’occuper d’eux. Alors qu’elle allait demander s’ils ne pouvaient pas se mettre à l’abri quelque part, elle prit conscience que leurs protecteurs étaient en fait partis, sûrement pour résoudre le problème, mais laissant alors le groupe seul. « Je rêve où y a plus personne ? » Sa voix venait de perdre toute once d’assurance. « Heu… Les gars on fait quoi ? Quelqu’un sait où c’est l’enclos numéro quatorze ou pas ? » Histoire de savoir dans combien de temps ils devraient paniquer. Si ça n’avait pas déjà commencé vu comme ses mains tremblaient au rythme de son palpitant qui cognait contre sa poitrine.

Zoo.
Lowell n'avait aucune idée de ce qu'il faisait là. Il était un de ceux qui n'avait pas compris sa vie quand il se retrouvait au zoo. Il cherchait une bonne raison de sa présence et c'était pour quelques jours. Enfin bon, il n'avait rien à craindre pour son boulot... Mais quand même. Quelques jours dans le zoo, à s'occuper des dauphins, des zèbres ... Oui pourquoi pas. Il n'en avait jamais vu, il n'avait jamais eu l'occasion de les toucher et puis c'était un bon moyen de faire connaissance avec les gens de Brisbane. Comme d'habitude il arrivait en retard les premiers jours et cette fois-ci il n'y avait pas de réveil qui était en avance d'une heure. Il s'était vite pressé et était entré dans le zoo, il s'était présenté à l'accueil et rapidement, la personne lui avait vite fait un topo de la situation. Maggie s'était présentée et lui avait dit de la suivre, elle allait justement voir ce groupe et espérait que ce n'était pas une colonie de vacances. Il rejoignit avec elle le groupe et il ne reconnaissait personne, du moins au premier coup d'oeil. Il se mêla doucement à la masse et allait commencer à écouter Maggie quand un haut-parleur annonça que les animaux de l'enclos numéro quatorze s'étaient échappés. Décidément les responsables avaient vites disparus.

Lowell savait où était l'enclos numéro quatorze. Il avait visité le zoo en avance juste pour voir dans quoi il s'embarquait et il avait fait une liste d'animaux qu'il y avait. Enfin .. " Loin de là l'idée de vous faire paniquer encore plus ... On est pas loin de l'enclos quatorze justement ... Si j'étais vous, je ferai peut-être comme les professionnels : ne pas prendre son temps à rester plantés là. Ces grizzlis et je dis bien ces ne tarderont pas à arriver."