Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai eu un élan de courage pendant une demi-seconde et j’ai envoyé un message à Amelia lui demandant si elle voulait bien sortir avec moi ce soir. Sa réponse a été très vite, car genre une minute après j’ai eu le droit à une réponse qui m’a d’abord fait danser devant mon miroir, content qu’elle est acceptée. Puis, je me suis vite calmé et j’ai commencé à avoir drôlement la trouille. Pourquoi j’ai fait l’erreur de l’inviter ? Pas qu’elle ne me plaît pas, bien au contraire elle me plaît beaucoup sinon je n’aurais pas pris la peine de l’inviter. Non, le problème c’est que j’ai peur qu’elle se rende compte à quel point je suis un looser. Je n’ai pas peur de l’assumer, c’est ce que je suis. Comment ça pourrait plaire à une fille comme Amelia qui semble tellement gentille. Sentant un gigantesque stress me submerger, j’envoie un autre sms à destination de Kyrah cette fois. J’aurais pu demander à ma sœur de m’aider, mais ça n’aurait pas été pareil et puis de toute façon elle bosse toute la journée à l’hôpital. J’écris rapidement un message lui demandant de me rejoindre au centre commercial, car ce soir et là j’ai fait péter la majuscule : J’AI UN RENCARD. Je précise même à la fin du message ''avec une vraie fille'', histoire qu’elle comprenne le vrai état d’urgence qu’on a là. Je me prépare rapidement, mettant un t-shirt qui n’a pas l’air trop sale et un pantalon pas trop froissé. Je me regarde un instant dans le miroir et je me dis que j’ai vraiment besoin des conseils de Kyrah pour avoir une tenue beaucoup plus classe pour ce soir. Je ferme la porte de chez Ellie, puis je décide de prendre la route pour la grande rue où se trouve l’ensemble des commerces de Brisbane et en attendant Kyrah, je me pose dans un petit café, lui envoyant un autre message pour qu’elle me rejoigne. Assis seul à une table, je cogite beaucoup me demandant comment va se dérouler ce rendez-vous. Je commande un simple verre d’eau à la serveuse et cinq minutes plus tard elle me le pose sur la table. Trouvant le temps un peu long et étant toujours à l’affut de faire des idioties, j’essaye d’attraper mon verre sans les mains, en me baissant afin d’attraper le bord du verre avec mes dents. Et alors que mon exploit alors de se concrétiser, Kyrah rentre dans le café et un peu trop enthousiaste, je lâche le verre d’eau qui déverse le liquide partout sur moi et le verre rebondit à plusieurs reprises sur le sol. Je deviens tout rouge lorsque tout le café se retourne vers moi, n’aimant pas trop me faire remarquer. Kyrah semble s’amuser de ma bêtise et ramasse le verre qu’elle pose sur la table, avant de s’installer en face de moi. Je fais semblant d’oublier le sujet du verre, pour passer directement à la raison de sa venue. « Kyrah … J’ai peur … Pourquoi cette fille a-t-elle accepté mon invitation ? Pourtant je suis sûr que c’est écrit sur mon front en lettre capitale, police arial, taille 16 que je suis une triple andouille. » Et je prends alors ma tête entre les mains, la secouant dans tous les sens comme si une idée soudaine comptait sortir de mon cerveau. Heureusement que la blonde arrive très souvent à me canaliser, car je me serais déjà taper la tête contre la table.
Sms inattendu de la part de Kenneth. Un sourire se pose au coin de mes lèvres. Ces derniers temps, ils sont plus difficile à apparaître. Il faut dire que ma vie a pris un tournant assez inattendu. Depuis la mort de mon père, la perte de mon appartement, de mon statut de danseuse au conservatoire, mon boulot, mon bébé, ma vie amoureuse, ma liberté, ma vie quoi… rien ne va plus très bien. Je peine à remonter la pente, et le retour de mon ex n’a rien aidé dans l’équation. Je me suis retrouvée coincée chez lui, la bague au doigt, et la peur au ventre qu’il arrive quelque chose aux gens que j’aime, juste à cause de ses ultimatums. Evidemment, il était influent dans la mafia russe installée en Australie, et ça n’a pas arrangé les choses. Mais heureusement, depuis que cet enfoiré s’est étouffé tout seul comme un abruti, je me sens de nouveau un peu plus libre. J’ai pu retrouver Elio, un peu disons, même si c’est encore très compliqué. Avec moi, rien n’est simple en même temps.
Kenneth me demande de le rejoindre au centre commercial pour l’aider à choisir une tenue, et même si j’hésite un moment, je me décide à aller le rejoindre. Il a besoin de moi, j’ai besoin de me sentir utile, et besoin surtout de me changer les idées. Je me prépare un peu, essaye de camoufler mon corps amaigri par tous ces épisodes difficiles. Une fois prête, je récupère ma veste, mon téléphone, et je file au café où m’a donné rendez-vous mon petit geek préféré. Lorsque j’entre dans le café, je le trouve en train d’essayer de boire son verre sans ses mains et j’éclate gaiement de rire. Il renverse finalement son verre partout et je m’avance vers lui pour le récupérer pour le reposer sur la table avant de me pencher vers lui pour déposer un tendre baiser sur sa joue. Je m’assieds finalement en face de lui et plonge mon regard dans le sien. Même pas le temps de dire quelque chose que le voilà parti. « Kyrah … J’ai peur … Pourquoi cette fille a-t-elle accepté mon invitation ? Pourtant je suis sûr que c’est écrit sur mon front en lettre capitale, police arial, taille 16 que je suis une triple andouille. » J’éclate de nouveau de rire et secoue la tête, amusée. « Mon pauvre chéri ! Mais non ne dis pas de bêtises ! » Je tends ma main pour venir attraper la sienne alors que je le vois rougir un peu plus. « Alors raconte moi, c’est qui cette fille ? Tu l’as rencontrée comment ? » J’essaie d’être le plus tendre possible avec lui, comme on serait avec un enfant, même si je n’aime pas vraiment les enfants…
Je suis vraiment en période de doute. J’en viens même à regretter d’avoir envoyé ce message alors que c’est quelques choses que j’avais drôlement envie de faire. C’est pourquoi, pour ne pas être seul devant cette épreuve qui me semble vraiment difficile, j’ai contacté Kyrah afin qu’elle m’aide à organiser un bon rendez-vous. Et donc pour commencer : Changer mon physique qui laisse vraiment à désirer. J’attends donc Kyrah dans un café où je m’amuse avec un simple verre, sauf que comme à mon habitude, je suis une vraie catastrophe ambulante et mon verre roule jusqu’au sol en faisant le maximum de bruit qui fait se retourner l’intégralité du café dans ma direction. Heureusement pour moi, celle que j’attends rentre au même moment et elle ramasse également le verre pour le remettre sur la table. Je lui dis alors sans formalité aucune que je suis un véritable crétin et que je ne sais pas pourquoi Amelia a accepté de sortir avec moi ce soir. Kyrah se mets à rire, mais je ne le prends pas mal, car je sais que lorsqu’elle rigole, ce n’est jamais de moi, mais plutôt de mes réactions qui sont clairement toujours inconsciemment exagéré. Elle me demande alors qui est la fille en question et comment je l’ai rencontré. Je suis sûr qu’elle va également rire de la manière dont on s’est rencontré, faut dire que ce n’est pas commun bien que ça me ressemble. « Elle s’appelle Amelia Iver, elle est secrétaire dans le garage où je fais réparer ma voiture. » Je n’ose pas continuer de peur qu’elle rigole avant même que j’ai fini mon histoire. « En fait, elle ressemble beaucoup à une princesse de l’un de mes jeux … Non, je dirais même que c’est la copie conforme … » J’ose même plus la regarder dans les yeux pendant que je continue de lui raconter. « Du coup, ça m’a troublé un peu et quand elle m’a ramené ma facture à la maison, je … Je lui ai fermé la porte au nez. » Le goujat dans toute sa splendeur, heureusement ça n’a duré qu’une dizaine de secondes, le temps que mon cerveau réagisse à ma place. « Et finalement elle a été très gentille, on a même pu jouer à une partie. » Faut dire qu’il n’y en a pas beaucoup des filles qui l’auraient bien pris de se faire fermer la porte au nez, alors que Amelia lorsque je lui ai donné la raison pour laquelle sa présence me troublait, elle l’a pas pris étrangement, mais elle a été au contraire très compréhensif. Faut dire qu’à part ma sœur et Kyrah, il n’y a pas beaucoup de fille compréhensive avec moi. Et là d’un coup, je bondis sur mon siège et que je serre un peu plus fort la main de Kyrah qui me tenait déjà. « C’est pour ça, que j’ai absolument besoin de ton aide. Cette fille est géniale. » Oui, c’est le cas. Il y a longtemps qu’une fille ne m’avait pas autant intéressé qu’elle.
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Je ne vois pas ses jambes, mais je les imagine déjà en train de ressauter sous la table alors que je le force à me regarder plutôt que de se cacher derrière ses longues mains fines de parfait petit geek tout à fait adorable. « Elle s’appelle Amelia Iver, elle est secrétaire dans le garage où je fais réparer ma voiture. » J’attends la suite, attentive à ce qu’il me raconte. Je n’ai jamais jugé Kenneth, je l’ai toujours apprécié comme il était, même si très particulier. C’est aussi ce qui a fait que je l’ai aimé dès le début, que le courant est passé immédiatement. Aujourd’hui, il fait partie de mes amis les plus proches, bien que je ne lui ai pas encore parlé de tout ce qui m’est arrivé cette dernière année difficile de ma vie. « En fait, elle ressemble beaucoup à une princesse de l’un de mes jeux … Non, je dirais même que c’est la copie conforme … » Un large sourire étire mes lèvres, amusée, mais je ne dis rien, d’ailleurs, il baisse déjà le regard, sûrement un peu honteux de se livrer à moi de cette manière sur sa vie personnelle et privée. « Du coup, ça m’a troublé un peu et quand elle m’a ramené ma facture à la maison, je … Je lui ai fermé la porte au nez. » Cette fois, je lâche un rire, je n’ai pas pu me retenir. Mais c’est un rire mignon, attendri, amusé, et non moqueur. « Ah oui, tu n’y vas pas de main morte ! » « Et finalement elle a été très gentille, on a même pu jouer à une partie. » Je continue de sourire, attendrie par cette histoire tout à fait adorable. « Et ben… c’est trop mignon ça ! Une fille qui joue aux jeux vidéos, c’est la femme de ta vie ! » Je serre un peu plus sa main pour tenter de le rassurer. Je pense qu’il en a besoin. Il est vraiment trop stressé. « C’est pour ça, que j’ai absolument besoin de ton aide. Cette fille est géniale. » Mon sourire s’élargit et je lui fais un signe de tête pour lui faire comprendre qu’il faut qu’on y aille. « Ok, alors on y va maintenant, on a pas une minute à perdre ! » Je lâche sa main et le laisse payer son verre, s’excuser pour les dégâts, et nous quittons le petit café pour rejoindre le centre commercial. « Bon, alors il te faut une tenue à la fois classe et décontracté. Pas quelque chose qui soit trop éloigné de toi. Il faut que ça te ressemble. Viens. » Je prends sa main à nouveau, sans aucune arrière pensée, et j’entre dans un magasin pour homme, laissant mes yeux parcourir rapidement les rayons. Je prends plusieurs choses au passage, ayant depuis longtemps déjà évalué la physionomie du jeune homme. Quelques fois, je porte la chemise ou le t-shirt sur son torse pour vérifier que la couleur est la bonne, et nous arrivons près des cabines, heureusement, il n’y a quasiment personne. « Bon, alors j’ai plusieurs choses, je te les donne au fur et à mesure, et tu sors à chaque fois pour me montrer ok ? » Il s’exécute, récupérant le jean ajusté qui je pense lui ira à merveille, et le petit pull dans les tons bordeaux. J’hésite à lui faire mettre une chemise en dessous pour l’effet col, on verra tout à l’heure.
J’explique à Kyrah la situation et qui est la fille avec qui je sors ce soir. Elle m’écoute attentivement et elle se permets de rire seulement lorsque je lui raconte comment j’ai claqué la porte au nez d’Amelia. Quand je finis mon récit, elle me dit que si cette fille aime les jeux-vidéos ça ne peut être que la femme de ma vie. Je me mets à sourire et me faire pas mal de film dans ma tête, je me mets même à imaginer la tête que pourrait avoir notre enfant, sauf que Kyrah me sort très vite de mes rêveries en me disant qu’on a pas une minute à perdre. Je me lève donc pour aller payer ma boisson, m’excusant aussi au passage pour avoir renversé le verre qui a roulé par terre quelques minutes auparavant, puis on marche alors jusqu’au centre commercial. Elle m’explique qu’il faut qu’on trouve quelques choses de classe et de décontractée, mais qui me ressemble. Je me mets à réfléchir, regardant même les vêtements que je porte là maintenant, mais je ne vois pas où elle veut en venir. « Euh … Mais donc … C’est quoi des vêtements qui me ressemble ? » Ouais parce qu’à ce niveau-là, je ne suis pas doué. Les seules fois où je m’achète des vêtements, c’est lorsqu’ils ont un personnage de jeux vidéo ou Marvel dessus. Pour les pantalons, je laisse plutôt ma sœur s’en charger. Ce n’est pas bien compliqué pour elle, elle m’achète des jeans et ça fait mon bonheur. C’est pourquoi lorsque Kyrah saisit plein de vêtement dans ses bras, je commence un peu à paniquer. Faut dire que j’ai une très mauvaise expérience de faire les magasins avec une fille, la dernière fois sa remonte à mon adolescence. J’avais seize ans et ma mère m’a obligé d’aller faire les boutiques avec Ellie. Ce fut un vrai supplice, je crois que je voulais qu’on m’achève à ce moment-là. Ma sœur a d’ailleurs compati pour ma détresse et m’avait acheté un jeu pour me récompenser. Sauf que là, je me vois mal me plaindre auprès de Kyrah, surtout qu’elle est là pour m’aider. Je slalome donc entre les rayons, la suivant sans dire un seul mot et prenant sur moi pour ce moment dur à passer. On s’arrête au bout d’un moment face aux cabines, puisque bien sûr pour les filles, il n’est pas question d’acheter sans essayer. Elle me dit alors qu’elle va me donner les vêtements au fur et à mesure et que je sors à chaque fois pour lui faire montrer le résultat. Je me mets donc dans une position militaire, main tendue au niveau du front et prenant un air très sérieux. « Oui, chef ! » Je crie assez fort pour que ce soit réaliste, d’ailleurs l’une des vendeuses se retournent vers nous visiblement surprise et reprend vite le court de sa vie. Me sentant bête, je souris gêné et prend donc les vêtements que me tend mon amie. Dans la cabine, j’essaye de faire vite en me déshabillant rapidement, jetant mes affaires en boule dans un coin de la cabine et j’enfile le jean que je trouve quand même assez moulant et le pull que je vois violet, mais qui doit porter un nom de couleur dont seule les femmes ont le secret. Une fois vêtu de tout ça, je tire sur le rideau et m’avance jusque Kyrah qui attendait de l’autre côté. Je tourne sur moi-même et essaye de prendre une pose décontractée, même si j’attends avec beaucoup d’impatience l’avis de la blonde. « Tu en penses quoi ? »
« Euh … Mais donc … C’est quoi des vêtements qui me ressemble ? » Je le regarde de haut en bas, son t-shirt Avengers et son jean troué trop grand, avant de sourire. « Décontracté, c’est sûr, mais pas autant que ce que t’as là. Là, c’est fouilli ! » Certes, le fouilli ça lui ressemble aussi, mais pas pour sortir avec une fille ! alors je fais le tour des rayons, trouve ce qui peut lui aller le mieu, le mettre en valeur sans le sortir trop de ses petites habitudes, et nous partons directement au niveau de la cabine. Il s’arrête net après mes directives, se tient droit et me fait un signe de salut militaire. « Oui, chef ! » Je ris bêtement et secoue la tête, amusée avant de lui montrer la cabine du doigts. « Allez oust ! » Il entre et enfile ce que je lui ai donné, pour ressortir quelques minutes plus tard. Un sourire étire mes lèvres. « Wow t’es beau ! » « Tu en penses quoi ? » J’arque un sourcil, malicieuse. « J’en pense que tu pourrais presque me plaire ! » J’approche de lui et le fais tourner sur lui même, le regardant sous toutes ses coutures, même si je le mets mal à l’aise, tant pis. « Le jean c’est parfait, il te va super bien, et au moins il te met en valeur, pas comme les autres trucs que tu mets là… » Il se tourne face à moi et je m’éloigne un peu pour regarder l’ensemble à nouveau. « Bon le pull c’est pas le mieux. Attends on va essayer ça. » Je lui donne une chemise blanche et un pull gris chiné. « Garde le jean et essaie ça pour voir ! » Il retourne dans la cabine et en ressort plusieurs minutes après. « PAR-FAIT ! » Je trépigne presque. « Elle va craquer tu verras ! » Je vois qu’il est content, bien que pas super à l’aise encore. « Tu verras, tu vas t’habituer. Faudrait que tu t’habilles comme ça plus souvent, je suis sûre que tu attirerais toutes les filles comme des mouches ! » Je viens déposer un baiser sur sa joue et lui donne une tape aux fesses. « Allez, va remettre tes rognes et on va aller te chercher une paire de godasses, et puis je vais t’emmener chez le coiffeur aussi parce que là… » Je passe ma main dans ses cheveux pour les ébouriffer, lui faisant comprendre qu’il est brouillon jusque dans ses cheveux et sa barbe naissante. Il retourne à nouveau dans la cabine pour réenfiler ses affaires et nous passons à la caisse. Une fois à l’extérieur du magasin, je baisse les yeux sur ses vieilles basket pourries. « Tu n’as pas acheté de godasses depuis combien de temps en fait ? » Je redresse le regard vers lui avec un sourire taquin. « Je suis sûre que tu connais même pas ta taille ! » Je l’embête, mais j’adore ça ! Je sais que lui aussi…. Oh, il va sûrement falloir qu'on lui achète des sous-vêtements aussi. Oui non parce que je vois déjà venir les caleçons pacman ou pokémon. Genre le tue l'amour du siècle.
Faire du shopping avec Kyrah, c’est vraiment un moment horrible que j’essaye de supporter. Déjà, parce que c’est moi qui lui ait demandé son aide, du coup si elle fait tout ça, c’est pour moi et également parce que ça m’évite de trop penser à ce soir et de continuer à stresser autant. Certes, j’y pense quand même beaucoup, mais lorsqu’elle me demande d’enfiler un pull qui me gratte énormément, j’arrive finalement à penser à autre chose. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi elle pense que mon style est assez fouillis, je m’habille pas si mal que ça quand même, si ? Lorsque je sors avec les premiers vêtements qu’elle m’a demandé d’essayer, elle me fait des compliments ce qui me fait pas mal rougir, mais je me dis que peut être qu’Amelia pensera également la même chose. Elle commence à tourner autour de moi, telle une prédatrice prête à bondir sur sa proie, ce qui m’effraie un peu je l’accorde, mais je la laisse faire me disant qu’elle examine peut-être quelques choses qui n’irait pas dans cette tenue. Je m’abstiens d’ailleurs de me démanger même si l’envie de me gratter est très forte. Elle reprend finalement la parole pour me dire que le jeans me va bien, mais pas le haut. Ce qui me fait sourire, parce que je n’aurais pas supporter les démangeaisons toutes la soirée. Elle me donne une chemise, ainsi qu’un pull à essayer de nouveau en gardant le jeans, je m’exécute telle un robot sans âme ni émotion. Et quand je ressors de la cabine, ça à l’air de vachement lui plaire. Son compliment me fait de nouveau rougir, même si ça fait très plaisir à entendre de sa part. Elle me gratifie d’un baiser sur la joue et d’une tape sur les fesses et alors que je prends la direction de la cabine pour me changer, elle me dit qu’on va aller me dégoter une nouvelle paire de chaussure et aussi passer chez le coiffeur. Je fais alors volte-face vers elle, l’air plutôt inquiet. « Qu’est-ce qu’ils ont mes cheveux ? Je les trouve bien moi. » Je passe d’ailleurs ma main dans ma tignasse qui n’a sûrement pas vu la paire de ciseau d’un coiffeur depuis mon adolescence. Je retourne tout de même dans la cabine, me disant que de toute manière ça ne sert à rien d’argumenter avec Kyrah, elle est comme ma sœur, lorsqu’elle a une idée en tête, c’est compliqué de lui faire penser autre chose. Je remets donc très rapidement mes fringues et sort de la cabine avec les articles qu’on doit acheter. Je passe à la caisse et fait fumer ma carte bleue pour ce premier achat et je remercie intérieurement Sid de m’avoir fait travailler dans son salon de tatouage pendant un certain laps de temps pour pouvoir me permettre de dépenser pour des vêtements. A l’extérieur, Kyrah me demande ça fait combien de temps que je ne me suis pas acheté de chaussure. Je fixe alors mes pieds et je ne vois pas trop où elle veut en venir. « Je ne sais pas moi, deux-trois ans. Mais bon, elles sont toujours cool mes baskets, non ? » Elle se moque de moi en disant que je ne connais pas ma taille et je lui tire la langue. « Je fais un 42 ½ madame. » Voilà, je connais ma pointure, je ne suis pas encore un cas trop désespéré. On pénètre alors dans un magasin de chaussure et faut dire que j’ai aucune idée vers quoi me diriger, je tourne donc la tête vers Kyrah. « Et donc, c’est quoi les chaussures pour un rendez-vous réussi ? »
Une fois sortis du magasin, je passe mes cheveux dans la tignasse de Kenny et enchaîne avec une petite réflexion. Mais il sait qu’avec moi, c’est gentil, je ne le juge pas, je ne l’ai jamais jugé. « Qu’est-ce qu’ils ont mes cheveux ? Je les trouve bien moi. » Je plisse un peu les yeux, un mince sourire au coin des lèvres. « Oui… ouiii ils sont bien… » Je souris d’avantage et continue alors. « Ils ont juste besoin d’un petit rafraichissement. Pas grand chose, juste pour que ça fasse un peu plus ordonné quoi ! » Je lui donne un petit coup d’épaule pour qu’il se détende un peu. Dès qu’il sort de sa zone de confort, on dirait un lapin pris dans les phares d’une voiture, c’est affolant ! Nous marchons un peu alors que je regarde les vitrines pour lui trouver une paire de chaussures sympa. Je reste dans les basket, je me doute qu’il n’ira pas mettre de chaussures de ville. « Je ne sais pas moi, deux-trois ans. Mais bon, elles sont toujours cool mes baskets, non ? » Je regarde à nouveau ses pompes, puis lui, puis ses pompes, et je soupire. « Oui, elle sont très bien pour aller chercher le pain et faire tes courses. Mais pas pour un rendez-vous avec une jolie fille ! Je te dis pas de les jeter ! Il faut juste en trouver des nouvelles pour que tu sois au top tu vois !? » Je lui souris pour le détendre un peu. « Je fais un 42 ½ madame. » Je ris à son ton enfantin, l’air de dire ‘oh, me prend pas pour un jambon non plus’ « Ok, très bien, ça ira plus vite que d’essayer toutes les tailles pour savoir laquelle est la bonne ! » Je le taquine, évidemment, mais j’adore ça, il est trop mignon ! Je trouve un magasin parfait et nous entrons. « Et donc, c’est quoi les chaussures pour un rendez-vous réussi ? » Je regarde partout autour de moi à la recherche de la paire idéale. « Des chaussures neuves, et pas ringardes. Ce sera déjà un bon point ! » Je parcoure l’étalage et en choisis deux paires en veillant à ce que Kenny ne fasse pas la grimace. Une paire légèrement montantes, plus à la mode, et une paire plus soft, au cas où les premières ne lui plaisent pas. Je fais appel au vendeur d’un signe de main, accompagné d’un sourire. « Bonjour, je voudrais cette paire, et celle-ci, en 42 ½ s’il vous plait. » « Je ne vais pas avoir de demi-pointures dans cette marque, je vous amène le 43, elles chaussent un peu petit. » Je hoche la tête. « Merci beaucoup ! » Je laisse Kenny s’asseoir sur une chaise et j’en fais de même. « Tu vas être tout beau tu vas voir, elle va forcément craquer, j’ai aucun doute là dessus ! » Je viens à nouveau déposer un baiser sur sa joue, comme pour lui donner un peu de courage.
Kyrah trouve que mes cheveux ont besoin d’un petit rafraichissement, mais faut dire que je n’ai pas trop confiance envers les coiffeurs. C’est vrai quoi, on leur demande de couper un ou deux cm et on se retrouve avec une coiffure qu’on ne voulait absolument pas. Pour ma part, la seule coiffure que je veux, c’est la coiffure fouillis. C’est la mienne, c’est celle que j’ai adopté depuis mon adolescence et que je ne veux pas quitter. Enfin, bon, je ne veux pas contrarier Kyrah qui sait se faire entendre quand elle le veut et puis, parce qu’elle a l’air de savoir ce qu’elle fait. Elle m’explique également pourquoi il me faut une nouvelle paire de basket et je me dis à ce moment-là que les filles, elles sont vraiment compliquées. Est-ce que moi je vais aller regarder les chaussures qu’elle porte ce soir Amelia ? Je crois que je ne vais même pas y faire attention. Blondie se moque de ma pointure, qu’elle pense que je ne connais pas alors je lui cloue le bec qu’on l’aurait fait un gosse, ce qui la fait rire et moi aussi également en y pensant. Lorsqu’elle me taquine, je lui tire la langue pour lui répondre. Je lui demande alors qu’elle genre de chaussure il faut et sa réponse me fait sourire. « Neuve et pas ringardes ? Je crois qu’on peut trouver ça … Dans un magasin de chaussure. Ne me remercie pas. » Et de nouveau, je ris, suivant Kyrah qui a l’air de nouveau sûr d’elle. Elle attrape deux paires différentes de ce que je porte d’habitude, j’essaye de ne faire aucune remarque sur ce coup-là pour éviter de passer pour un rabat-joie, puis elle attrape une troisième paire qui m’a l’air un peu plus banal. Et c’est ça qui me plaît : la banalité. Je m’assois pendant qu’elle demande à la vendeuse de nous ramener les paires à ma taille et pendant ce temps-là, elle s’assoit à mes côtés, essayant de me rassurer encore une fois sur mon rendez-vous de ce soir en me disant qu’elle va obligatoirement craquer et elle me fait même un bisou sur l’une de mes joues, ce qui me fait de nouveau rougir. J’ai encore pourtant des milliers de questions qui me taraude l’esprit. C’est pourquoi quelques-unes des questions arrivent à franchir le seuil de ma bouche. « Je dois lui ramener des fleurs ou du chocolat, tu penses ? » je continue d’ailleurs sur ma lancée sans prendre le temps de respirer. « Et quand elle sort de chez elle, je dois la prendre dans mes bras ou lui serrer la main ? » Je redeviens complètement paniqué devant mon manque flagrant de savoir sur les rendez-vous amoureux et je me mets à me ronger les ongles, choses que je ne faisais plus depuis mon adolescence. Franchement, qu’est-ce qui m’a pris de l’inviter ? J’aurais mieux fait de rester devant une bonne partie de Mario Kart et avec Ellie qui crierait parce que la télé va trop fort, une soirée banale quoi.
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J’adore embêter Kenneth. C’est mon truc favori, il le sait, et il doit aimer ça puisqu’il continue de me rappeler, et même pour lui donner des conseils. Et puis bon, je suis quand même la première fille qu’il a embrassée, donc ça compte forcément pour lui, du moins, je suppose. « Neuve et pas ringardes ? Je crois qu’on peut trouver ça … Dans un magasin de chaussure. Ne me remercie pas. » J’éclate de rire à sa répartie légendaire - et qui surtout n’est absolument pas cultivée, c’est la plupart du temps bien malgré lui, et c’est ça qui est d’autant plus agréable. Nous entrons dans le magasin et je choisis trois paires à essayer avant de m’asseoir à ses côtés. Un petit silence s’installe alors que je le vois pensif, ce qui me fait sourire d’ailleurs parce que je crois bien qu’il pense à sa petite chérie. Il est mignon.« Je dois lui ramener des fleurs ou du chocolat, tu penses ? Et quand elle sort de chez elle, je dois la prendre dans mes bras ou lui serrer la main ? » Mon sourire s’étire un peu plus et je pose ma main sur sa jambe, amicalement, tendrement. « Tu peux, je suis sûre qu’elle appréciera le geste. Les filles adorent les petites attentions. Si tu es sûr qu’elle aime le chocolat, tu peux y aller, c’est plus original. Sinon des fleurs c’est très bien, ça fait très gentleman, je suis sûre qu’elle aimera ! » J’accroche son regard et essaie comme je peux de le rassurer. « Et ne lui serre pas la main, ça va jeter un froid. Au mieux tu la prends dans tes bras doucement, comme le font les américains pour se dire bonjour. Au pire tu ne fais rien, un sourire c’est déjà bien ! » Je le sens complètement paniqué, mon pauvre chéri. J’ai déjà hâte d’être demain pour pouvoir l’appeler et lui demander comment ça s’est passé ! Heureusement la vendeuse nous rejoint assez vite avec les trois paires en question. En voyant la tête de Kenneth, je lui fais essayer celles qui sont sûrement pour lui les moins pires. Les plus banales, mais qui sont aussi très jolies. Simple, mais efficace. Il les enfile et marche un peu avec. « Avec ton beau jean ce sera super, elles te plaisent ? » Ça a l’air d’être le cas. Au moins avec lui, c’est rapide. Je le laisse payer et nous quittons le magasin de chaussures. J’ai gardé un sac pour ne pas le laisser tout porter. « Un petit tour chez le coiffeur ? Je te jure, pas grand chose, juste pour mettre un peu d’ordre ! » Je penche la tête sur le côté en espérant qu’il dise oui. « Et tu pourras me demander touuuuus les conseils que tu veux ! Je suis là pour ça ! » Je lui souris tendrement, en attendant une réponse.
Alors que tout se passe très bien avec Kyrah, je sens une crise de panique me submerger et ma bouche commence à laisser sortir tout ce qui se passe dans ma tête. Comment vais-je devoir me comporter ce soir ? Et pendant que Kyrah m’explique que le chocolat ça peut être original et que les femmes adorent les petites attentions et le fait qu’une simple poignée de main ça peut être froid, je me remémore une scène de mon passé. Une scène qui ne date pas de si longtemps, puisqu’elle remonte avant mon arrivé à Brisbane, lorsque cette jolie blonde m’a invité à sortir avec elle pour un dîner et que je faisais toutes les préparations avec ma sœur. J’étais aussi paniqué que aujourd’hui et faut dire que ça c’est très mal placé, car elle n’est pas venu au rendez-vous et pire encore, elle s’est foutu de moi le lendemain matin. C’est d’ailleurs la raison qui m’a conduit à vivre ici. Heureusement, Amelia n’est pas comme ça et je sais qu’elle sera là ce soir. Alors que des dizaines d’autres me traversent l’esprit, la vendeuse me coupe dans mon élan pour nous déposer les trois paires que Kyrah veut que j’essaye. Je les fixe tour à tour et faut dire que je trouve qu’elles sont bizarre ces paires de chaussure. Elle me fait essayer ce qui me semble être la moins pire. Lorsqu’elle est à mon pied, j’ai un petit sourire qui se dessine sur le visage, car je les trouve chouette finalement. Je marche un peu avec pour voir si la taille est parfaite et rien à dire, elles me font un beau pieds. Elle me demande d’ailleurs si elle me plaise et mon sourire s’élargit encore plus. « Ouais, elles sont vraiment sympa. » Je regarde encore un court instant mes pieds devant la glace et faut dire que pour une fois, j’aime ce que je vois et je suis sûr qu’elles vont faire leur petit effet. On sort donc très rapidement du magasin de chaussure, après que j’ai fait de nouveau chauffer ma carte bancaire. Kyrah m’aide à porter les sacs, ce qui m’arrange, car si j’ai autant horreur de faire du shopping, c’est également à cause de tous les sachets qu’il faut se trimbaler. Et on en revient à parler du coiffeur, je refais alors une petite moue boudeuse avant de soupirer, m’avouant vaincu. « Bon d’accord, mais je ne veux pas de gel dans mes cheveux. Sinon je vais me retrouver avec une calvitie à 40 ans. » Et c’est vraiment tout ce que je ne veux pas. Elle me dit également que je peux lui demander tous les conseils dont j’ai besoin. C’est là que le doute me revient comme une vague. « Quelles sont les sujets qu’on peut aborder et ceux que je ferais mieux de m’abstenir de dire ? » Je suis sûr qu’il y a des sujets gênants dont je vais parler et qui n’auront rien à faire dans une discussion normale d’adulte. C’est pourquoi j’ai besoin de Kyrah pour m’éviter de dire d’énorme bêtise.
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Je le regarde marcher dans le magasin, il me fait rire à se regarder sous toutes les coutures, mais je vois bien qu’il apprécie ce que je lui ai choisi. Il fait l’indécis mais je vois sur son visage qu’il est content, que ça lui plait. Et il ne tarde pas à le dire d’ailleurs. « Ouais, elles sont vraiment sympa. ». Je souris d’avantage et le laisse prendre ses marques jusqu’à ce qu’il décide de les acheter. Voilà une bonne chose de faite. A rayer de la liste. Maintenant, je lui reparle du coiffeur. Je sais qu’il n’aime pas trop ça, mais s’il veut être parfait et plaire à sa belle, il faut bien faire des efforts. Les hommes n’ont pas l’habitude de souffrir pour être beaux. « Bon d’accord, mais je ne veux pas de gel dans mes cheveux. Sinon je vais me retrouver avec une calvitie à 40 ans. » J’éclate de rire à sa nouvelle lubie. Ce mec est fou, mais c’est pour ça que je l’adore. Je lève les yeux au ciel en soupirant l’air de dire qu’il est exaspérant, mais après tout, il me fait rire. Et c’est exactement ce qu’il va devoir faire avec Amelia. Nous marchons un peu dans la galerie du centre commercial à la recherche d’un coiffeur, et voilà que Kenny commence à me demander quelque chose. « Quelles sont les sujets qu’on peut aborder et ceux que je ferais mieux de m’abstenir de dire ? » Je tourne la tête dans son sens, le regardant pendant que nous marchons. « C’est compliqué à dire, ça dépend vachement des personnes. Je ne la connais pas, je sais pas ce qu’elle aime ou ce qu’elle n’aime pas.. » Je me mords un peu l’intérieur de la joue pendant que je réfléchis. « Disons que déjà, il faut éviter les sujets qui toi te mettent mal à l’aise. Si vous avez des atomes crochus sur les jeux vidéos, alors fonce. Mais sans la bassiner non plus, il s’agit pas de la faire chier tu vois ! » Je lui souris, voyant qu’il est très attentif. « Après, je sais qu’il y a des sujets qui peuvent un peu effrayer les filles, parler un peu trop de ses anciennes relations tout ça, c’est jamais très bon. Il vaut mieux se concentrer sur l’avenir. Mais bon… tout ça c’est très général… » Je m’arrête et le regarde, bien en face. « Kenny, il faut que tu sois toi-même. Il ne faut pas qu’elle aime un toi qui n’est pas toi, tu comprends ? Se faire beau c’est une chose, mais il faut qu’elle craque pour ce qu’il y a là. » Je pose ma main sur son torse, jusque au niveau de son coeur. « Compris ? »
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La séance shopping touche à sa fin. J’ai la tenue pour ce soir et également les chaussures qui vont avec, mais Kyrah n’en démords pas, elle veut absolument que je passe par la case coiffeur. Bien que réticent au début, je finis par accepter, avec une seule condition : pas de gel. Elle rigole à ce propos en secouant la tête. C’est peut être drôle, mais je ne plaisante pas. Y a toujours eu des problèmes de calvities dans ma famille et apparemment, je suis le seul qui a eu le droit à une masse de cheveux impressionnante. J’en suis fier de ma touffe et j’ai envie de rien perdre tout ça à cause d’un coiffeur. Ils ont la réputation de toujours couper plus que ce qu’on leur demande. Pendant qu’on marche jusqu’au salon de coiffure, je demande à Kyrah qu’elles sont les sujets que je ferais mieux de ne pas aborder. Je n’aimerais pas la faire fuir à cause d’une phrase stupide. Les explications de Kyrah sont simples et claires : Il faut que je reste moi-même et que j’évite juste de trop parler de jeux-vidéos, car c’est vrai que quand je suis lancé, j’ai un mal fou à m’arrêter. Elle me dit aussi qu’il faut éviter de parler des anciennes relations, je me mets à ricaner sans m’en rendre compte. « Moi, à ce niveau-là, je risque pas de la bassiner avec d’anciennes relations amoureuses. » Bah oui, je n’en ai jamais eu. J’ai même l’impression qu’elle va fuir en apprenant plutôt ce détail de ma part. Un garçon de trente-trois ans qui n’a jamais eu aucune relation et qui n’a embrassée qu’une seule femme, qui n’est autre qu’une bonne amie, elle va penser que je cache quelques choses de bizarre. Bref, Amelia devra m’aimer pour ce que je suis et pas en jouant un rôle, j’ai bien compris les explications de Kyrah. « Oui madame Malikov, j’ai bien compris. » Je souris comme un gosse, pénétrant enfin dans le coiffeur de la galerie commerciale. « Merci pour tous. » lui glisses-je, avant de me concentrer sur la coiffeuse. Une grande blonde, avec des dizaines de mèches roses et bleues. Je fixe tour à tour la jeune femme qui me semble un poil trop excentrique et Kyrah, à qui je n’arrive pas à cacher mon inquiétude. « Bonjour, en quoi puis-je vous aider ? » Elle mâche son chewing-gum vulgairement, visiblement impatiente, je regarde Kyrah de plus en plus paniqué, ne voulant pas prendre la parole. Je lui donne alors un coup de coude pour que ce soit elle qui prend la parole à ma place. J’espère qu’elle va lui donner des bonnes explications, très détaillé, même si c’est pour une coiffure toute simple. Je n’ai simplement pas confiance en cette personne que je ne connais pas. Oh mon dieu, en plus elle a des faux ongles de sorcières rose bonbon, je sens que je vais défaillir.
J’essaie d’être le plus claire possible, mais ce n’est pas évident, il faut bien l’avouer. Kenneth est un garçon très particulier. C’est une boule d’amour, et de stress aussi. La peur le ronge dans son quotidien et il a tendance à se refermer sur lui-même. Je suis une des seules a avoir réussi à entrer dans son petit monde et le voir tel qu’il est, pas le petit gars stressé devant la boulangère ou la caissière du supermarché. Kenneth a peur des femmes parce qu’il ne les comprend pas, et surtout il ne sait pas comment se comporter avec elle. Ce n’est pas un drame en soi, il va sûrement falloir qu’il travaille un peu sur lui, ou tout simplement qu’il trouve la perle rare. J’ose espérer qu’Amelia sera la bonne. Réellement. Je ne la connais pas mais elle a plutôt pas interêt de se foutre de lui, sinon je vais lui dire le reste à la minette, et croyez-moi qu’elle ne fera pas la fière une fois devant une Kyrah enragée. On ne touche pas aux gens que j’aime, et Kenny en fait partie. « Moi, à ce niveau-là, je risque pas de la bassiner avec d’anciennes relations amoureuses. » Je ris un peu bêtement. Au moins, l’avantage c’est qu’avec moi il ne se cache pas. « C’est toujours mieux qu’un mec qui enchaîne les filles du matin jusqu’au soir, crois-moi. Même les filles qui se la jouent tordues, à aimer les bad boy, crois-moi qu’elles rêveraient d’un mec moins expérimenté. » Bon, c’est sans doute pas toujours le cas, mais si ça peut le rassurer… Il me dit qu’il a tout bien compris, et je l’espère. « Merci pour tout. » Je lui souris et m’approche pour lui plaquer un baiser sur la joue. « De rien jeune padawan ! » Je ris un peu, et nous entrons dans un salon de coiffure. La fille qui nous accueille semble un peu effrayer Kenny. « Bonjour, vous-avez un coiffeur masculin ? » Elle me regarde de haut en bas, levant un sourcil d’un air dubitatif. « Non mais c’est parce que mon ami est gay, et il ne veut être coiffé que par les hommes.. » Je grimace un peu, pas par dégoût mais plus dans le genre ‘désolée’. « Euh non… y’a que moi. » « Très bien, merci quand même ! Bonne journée ! » Je lui adresse un signe de main et nous quittons le salon avant qu’on se prenne une bonne crise de rire avec Kenny. « J’ai bien vu qu’elle te faisait flipper, on va trouver autre chose. » Et puis nous atterrissons dans un salon de coiffure masculin. Le mec a l’air super clean, très gentil, et je décide de laisser l’avenir capillaire de mon ami à ce gars qui m’inspire confiance. « Il veut pas trop couper, en fait, juste assez pour que ce soit clean. Et la barbe un peu aussi. Pas à blanc parce que ça le rajeunit, mais pour que ce soit joli quand même. » Le coiffeur hoche la tête, et mon téléphone sonne. « Merde, je dois répondre, je reviens vite ! » Je viens plaquer un baiser au coin de ses lèvres sans vraiment y faire attention et je quitte le salon quelques minutes. Juste le temps au coiffeur de s’adresser à Kenneth en mon absence. « Ça fait longtemps qu’elle décide pour toi ta nana ? Vous êtes mignons hein mais t’as le droit de me dire ce que toi t’as envie aussi ! »
J’écoute Kyrah tandis qu’on marche pour aller jusqu’à chez le coiffeur, elle est de très bon conseil et je suis sûr que si je l’écoute, le rendez-vous va très bien se passer. Je fais une petite boutade qui est quand même véridique, en lui disant que je ne risque pas moi de l’embêter avec mes relations amoureuses, vu qu’à ce niveau-là, c’est le néant. Elle m’explique qu’alors les filles préfèrent les garçons inexpérimentés que les garçons sûrs d’eux. Je me demande alors franchement ce qui cloche chez moi, parce que si c’est ce qu’elle préfère, faut dire que je n’ai jamais été le choix de l’une d’entre elle. Cependant, je ne veux pas remettre la parole en doute de Kyrah et je me dis que c’est peut-être parce que les filles sont bien plus compliquées que ce qu’elle me laisse croire. Lorsqu’on rentre dans le salon de coiffure, je perds toutes l’assurance que j’avais réussi jusqu’à là à obtenir grâce à l’aide de Kyrah. Faut dire que la coiffeuse ne me donne pas une très bonne opinion d’un métier que je n’apprécie déjà pas grandement. Faut être sadique pour aimer couper les cheveux des gens et quelques choses me dit que elle, elle doit adorer couper plus que ce qu’on lui demande. Je demande alors à Kyrah, avec un geste pas très sympathique, de prendre la parole. Sauf, que je ne m’attendais pas à ce qu’elle dise à la coiffeuse que je sois gay. Je la regarde d’ailleurs avec des gros yeux de surprise, pas sûr du tout d’être convaincant. Cependant, si ça peut m’empêcher d’être coiffé par cette femme, je ne peux que remercier Kyrah. Sauf, qu’elle nous dit qu’il y a que elle et ça me donne encore plus envie de m’enfuir en courant. Mais pourquoi elle mâche son chewing-gum comme ça, d’ailleurs je crois qu’elle remarque que je ne fais que fixer sa bouche et avec un certain dégout dans mon expression. Heureusement Kyrah prend une très bonne décision et décide que je ne me ferais pas coiffer ici. Je pousse même un soupir de soulagement pour le coup. Elle me dit qu’elle a vu que cette femme me faisait flipper, je hoche la tête pour confirmer. « Tu as déjà vu quelqu’un mâcher son chewing-gum comme ça ? C’était à la fois terriblement fascinant et horriblement dégoutant. » On pénètre alors dans un autre salon, exclusivement masculin cette fois. Je me sens un peu mieux ici, au moins personne ne mâche d’une manière aussi grossière et marquante que l’autre coiffeuse. Kyrah explique de nouveau ce qu’elle attend pour mes cheveux et je l’écoute attentivement, comme si c’était moi le coiffeur. Il m’assoit sur l’un des sièges, je vois d’ailleurs dans le miroir le reflet du coiffeur et de Kyrah qui s’éloigne après avoir reçu un coup de fil. Le coiffeur en profite pour me glisser une phrase qui me fait rougir. « C’est pas ma copine … » dis-je d’une petite voix. « C’est vrai qu’on s’est embrassé, mais c’est parce qu’elle voulait m’entraîner … Enfin c’est que … » Pourquoi je dis ça ? J’ai l’impression de m’enfoncer et le coiffeur me regarde de plus en plus dubitatif. « Faites juste ce qu’elle a demandé, s’il vous plaît. » Je n’ose même plus le regarder à travers le miroir, préférant rester silencieux.
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