Je vois bien que Kenny est soulagé de sortir de là, et ça ne m’étonne pas tant que ça. Mais ça me fait surtout rire. « Tu as déjà vu quelqu’un mâcher son chewing-gum comme ça ? C’était à la fois terriblement fascinant et horriblement dégoutant. » J’éclate de rire cette fois. Kenny me fait définitivement trop rire, je ne peux pas rester sérieuse avec lui. « Un rien ne te perturbe toi ! » Et je sais à quel point c’est vrai. Nous trouvons un nouveau salon de coiffure et le mec a l’air clean et gentil. Tout ce qu’il faut à Kenneth. Mais après que j’ai expliqué ce qu’il fallait faire, je reçois un coup de fil. Je dois répondre, on sait jamais que ce soit pour du boulot. Je m’éclipse, et lorsque je reviens au bout d’une dizaine de minutes, Kenny a déjà les cheveux coupés, et le barbier est en train de rafraichir sa barbe. « Wow ! Mais t’es beau ! » Je lui souris et m’appuie un peu sur la table devant le miroir, tentant de ne pas le déconcentrer. Il ne met pas longtemps à terminer son travail et nous pouvons sortir du salon. Je viens prendre le bras de mon ami et dépose un baiser sur sa joue. « T’es trop beau ! Elle va craquer c’est sûr ! » Je lui offre un magnifique sourire. « Allez, je t’offre un coca, et après faut vraiment que je file, j’ai un rendez-vous important moi aussi ce soir ! » Je lui souris d’autant plus et nous prenons place dans un petit café/bar, l’un en face de l’autre. « Je t’ai dit que j’avais rencontré quelqu’un ? » Je vois son regard s’illuminer et je lui souris d’avantage. « Il s’appelle Elio. En fait, je l’ai rencontré y’a quasiment un an, mais ça a été très compliqué. On a mis du temps à se rendre compte qu’on avait vraiment des sentiments l’un pour l’autre. Et je crois qu’on est prêts à essayer quelque chose. Quelque chose de sérieux… » Ça se voit tant que ça que j’ai des étoiles dans les yeux quand je parle de lui ? Sérieusement, Kyrah Malikov amoureuse quoi… On aura tout vu !
Le coiffeur semble troublé par ce que je lui ai dit, du coup un silence subsiste entre nous. Je préfère ne pas le déconcentrer, parce que s’il me rate, je vais m’effondrer et pleurer comme un gros bébé dans les bras de Kyrah qui est toujours à l’extérieur, occupé avec son coup de téléphone. Je ferme d’ailleurs les yeux pour ne pas voir ce qu’il fabrique avec ma tête, il doit vraiment me prendre pour un fou. Lorsque Kyrah pénètre dans le salon de nouveau, il semblerait que ma coupe soit terminée. Kyrah me complimente, c’est pourquoi j’ose ouvrir un œil pour regarder mon reflet dans le miroir. Je vois en premier lieu le coiffeur qui commence à se demander si je ne suis pas un malade mental et je vois ensuite ma coupe de cheveux qui est … Passable. Je ne vais pas dire que j’adore, car j’ai toujours eu horreur de me couper les cheveux, mais comme il n’a pas coupé trop, ça peut aller. Je ne vais pas me plaindre cette fois. Une fois qu’il a terminé avec ma barbe, je paye la prestation et on finit par sortir. Le shopping est enfin terminé, je me sens quand même mieux. Déjà parce que je vais être tout beau pour ma soirée avec Amelia, mais aussi parce que la séance de torture est officiellement terminé. Kyrah me prends par le bras et me gratifie d’un bisou sur la joue, en me disant que Amelia va obligatoirement craquer. « J’espère bien. » Avec tous les efforts que j’ai fait, je serais triste que ça fasse chou blanc. Elle me dit qu’elle m’offre à boire, je ne peux pas refuser, je suis assoiffé après un tel parcours du combattant et alors qu’on est assis à la table d’un café, Kyrah se confie à moi très rapidement, me disant qu’elle a rencontré quelqu’un. Mon regard s’illumine, très content pour mon ami. « Non tu ne me l’avais pas dit, qui c’est ? » J’ai l’impression d’être une vraie fille qui veut savoir des ragots, mais bon faut dire que si Kyrah est heureuse, je le serais également pour elle, car elle a toujours été là pour moi et qu’elle mérite également le bonheur avec quelqu’un. Et Kyrah m’explique alors comment il s’appelle et depuis combien de temps ils se connaissent. Je vois à son air, qu’elle a l’air vachement heureuse, sauf que je me répète le nom du fameux garçon plusieurs fois dans ma tête et lorsque je vois un rapprochement avec le Elio que je connais, je bondis de ma chaise tel un fauve. « Elio ? Tu veux dire Elio Harrington ? » Je me rends compte que j’ai complètement effrayé le serveur qui a renversé nos boissons sur le sol et qui me regarde d’un mauvais œil. Il nettoie et file nous rechercher deux autres coca, je me rassois, désolé et me faisant tout petit. Je souris quand même à mon amie. « Mais je le connais très bien, sa sœur était très amie avec Ellie, je l’ai rencontré à son enterrement. Je ne le connaissais pas vraiment, mais m’imaginer à sa place perdre ma sœur, j’ai voulu le soutenir et c’est devenu un peu comme mon petit frère. » Bon je n’avoue pas à Kyrah qu’il est plutôt devenu comme un grand frère, parce que malgré qui soit plus jeune que moi, j’ai tendance à passer pour un enfant à côté de lui. Comme pour beaucoup de personne à vrai dire. Je suis super heureux qu’ils soient ensemble, car ils sont tous les deux des personnes que j’adore et se mérite l’un l’autre. Sauf que mon visage s’assombrit quand je repense au fait que j’ai embrassé Kyrah, enfin ce n’était pas des baisers d’amoureux, mais plus de l’entraînement. « Mais quand il va savoir qu’on s’est embrassé, il va m’en vouloir. Tu lui dis rien Kyrah ! » J’ai vraiment l’air inquiet, parce que je ne voudrais pas qu’il le prennes mal ou pire, qu’il prend ça pour une trahison. J’ai des circonstances atténuantes, je n’étais pas au courant.
Une fois assis tous les deux l’un en face de l’autre, je fais une confidence à Kenneth. Après tout, c’est mon ami, et si je ne peux pas parler de ça à mes amis, alors je n’en parlerai à personne. Il me demande très rapidement qui c’est, et je ne tarde pas à lui répondre, lui expliquant très vaguement notre relation. Enfin vaguement, de manière succincte dirons-nous. Je vois le sourire de Kenny et ça me fait beaucoup de bien. J’ai envie de pouvoir dire quelque chose d’heureux sur moi, quelque chose de positif, plutôt que toutes les merdes qui me sont arrivées. Et puis d’un seul coup Kenny se lève presque, sursaute et fait peur au serveur qui renverse tout par terre. « Elio ? Tu veux dire Elio Harrington ? » Je tourne les yeux vers le serveur d’un air totalement désolée et je regarde partir avant de rire légèrement, posant mon regard sur mon ami. « Oui pourquoi, tu le connais ? » Ça commence à sembler bizarre cette affaire. « Mais je le connais très bien, sa sœur était très amie avec Ellie, je l’ai rencontré à son enterrement. Je ne le connaissais pas vraiment, mais m’imaginer à sa place perdre ma sœur, j’ai voulu le soutenir et c’est devenu un peu comme mon petit frère. » Je lui souris d’avantage, imaginant déjà très bien la relation que peuvent entretenir les deux garçons. Enfin, j’imagine que Kenny doit plutôt s’approcher de l’âge des jumeaux que de celui d’Elio… ça me fait rire intérieurement de penser ça, je suis méchante, mais pourtant réaliste. « Ça ne m’étonne pas que vous vous entendiez bien tous les deux… » Je souris encore à Kenny avant qu’il ne change complètement de tête. Je ne sais pas ce qu’il se passe mais je ne vais pas tarder à le savoir. « Mais quand il va savoir qu’on s’est embrassé, il va m’en vouloir. Tu lui dis rien Kyrah ! » J’éclate de rire de manière naturelle. « Mais mon chou, ça voulait rien dire pour nous, c’était comme si je t’avais appris à cuisiner, on s’en fout ! Je suis sûre que ça le ferait rire ! Et puis à l’époque on était pas vraiment… ensemble… » Dire ce mot me semble vraiment étrange, mais je commence à m’y habituer. « Ne t’en fais pas, je suis sûre qu’il ne t’en voudra pas ! »
Maintenant que le shopping est terminé, on peut enfin s’octroyer une petite pause bien mérité. Kyrah m’invite même en me payant mon coca. Et alors qu’on est assis à la table d’un café, elle me fait une confidence qui me mets en joie, je dirais même un peu trop en joie, parce que je provoque un véritable bordel, surprenant le serveur qui renverse ses commandes. Si je suis aussi excité, c’est parce que Kyrah serait maintenant en couple avec un garçon que je connais et que j’apprécie beaucoup. Je suis absolument heureux pour eux, y a pas à dire. Elle me dit que ça ne l’étonne pas qu’on s’entende bien tous les deux et je pense la même chose, car Elio est un garçon fantastique. Il a vécu un dur moment et malgré tout, il reste quelqu’un de positif. Je la fixe alors, avec un vrai sourire de gosse. « J’espère que ce sera moi le garçon d’honneur pour le coup. » Bon certes, ils ne se sont pas rencontrés grâce à moi, mais je fais partie de la vie aux deux, alors c’est ma place légitime. Enfin, ne mettons pas les charrues avant les bœufs comme dirait ma sœur, il n’est pas encore question de mariage, c’est simplement le début entre eux. Sauf que je me souviens d’un petit détail qui pourrait tout de même avoir son importance. J’ai embrassé Kyrah. Du moins, elle m’a embrassé. Pas parce qu’on a ressenti quelques choses l’un pour l’autre, mais surtout parce qu’elle savait que je n’ai jamais embrassé de fille et c’était un peu comme un entraînement. Sauf que peut être Elio en l’apprenant ne le prendra pas autant à la légère, peut-être qu’il s’énervera contre Kyrah et décidera de la plaquer à cause de moi ou pire encore, peut-être qu’il ne voudra plus jamais m’adresser la parole. Pourtant, en disant ça à Kyrah, elle n’a pas aussi l’air affolé que moi. Et tandis que le serveur nous ramène nos deux coca, je plonge mes lèvres sur ma paille, toujours aussi inquiet. D’après elle, je n’ai pas de soucis à me faire, les baisers qu’on a échangé ne signifié rien et que contrairement à ce que je pense, ça le fera sûrement rire. Elle veut vraiment me rassurer en rajoutant qu’il ne m’en voudra pas. Je finis par me détendre, me disant qu’elle a sûrement raison. Je retrouve donc le sourire en me disant que ça fait de bizarre de penser qu’ils sont ensemble. Et je repense peu à peu à mon rendez-vous de ce soir pour lequel j’ai de plus en plus d’appréhension. Je me mets à soupirer, posant ma tête sur ma main. « Je suis sûr que si le rendez-vous de ce soir se passe mal, Ellie va me dire que c’est de ma faute. » Je la vois d’ici me crier dessus en me disant qu’un rendez-vous galant ce n’est pas si compliqué et que je suis sûrement le seul garçon sur tête à pouvoir foutre en l’air en rancard. Et je suis sûr qu’elle aura raison, si ce rendez-vous ne se passe pas correctement, se sera entièrement de ma faute. Après tout, Amelia est une fille très gentille et si y a bien quelqu’un qui peut tout gâcher entre nous deux, c’est bien moi.
Kenneth est la première personne à qui je parle de mon histoire avec Elio. Bien sûr, il y a bon nombre de points que je n’aborderai pas, parce que ça fait partie de notre vie privée, de notre vie intime même. Je ne parle pas de ce que l’on partage lorsqu’on est seuls dans un lit - ou ailleurs - qu’on s’entende bien. Je parle surtout de notre histoire, celle qui fait que nous en sommes là aujourd’hui. Cette petite fille que nous avons perdue et qui nous hante un peu plus chaque jour. Mais c’est aussi ce qui fait que nous sommes plus forts aujourd’hui, ensemble, malgré les épreuves. « J’espère que ce sera moi le garçon d’honneur pour le coup. » Je ris à ses bêtises. « Ne va pas trop vite, je suis pas encore bonne à marier ! » Je lui souris de plus belle. Et même si nous en parlons à la légère, je sais très bien, trop bien que c’est vrai. J’aime tellement ma liberté que je ne peux pas dire comment se passera cette histoire. J’aime Elio, je l’aime démesurément, comme je n’ai jamais aimé personne avant lui. Mais est-ce qu’il saura passer par dessus mon besoin de liberté ? Je ne suis pas sûre qu’une relation amoureuse puisse rimer avec liberté. Même si tente régulièrement de me faire comprendre le contraire.
Je rassure Kenny rapport au baiser que nous avons échangé. Après tout, il n’y avait rien d’officiel avec Elio à l’époque, et je me garde bien de dire à Kenneth que j’ai couché avec d’autre mecs et d’autres filles entre temps, et même avec la mère d’Elio alors c’est pour dire. Ça aussi ça fait partie de notre histoire parce que mine de rien, si je n’avais pas couché avec Erin, je n’aurai jamais rencontré Elio. Enfin bref… c’est bien plus compliqué que ça n’y paraît. Je vois Kenneth sembler plus effacé, plus pensif, et je penche un peu la tête sur le côté, cherchant à comprendre ce qui le travaille. Mais je me souviens soudainement de son rendez-vous, bien sûr. « Je suis sûr que si le rendez-vous de ce soir se passe mal, Ellie va me dire que c’est de ma faute. » Je lui donne une tape sur le bras et le fusille gentiment du regard. « Premièrement, tu arrêtes d’être négatif comme ça. Et deuxièmement, ta soeur n’est pas un monstre, elle verra bien que tu as fait des efforts, et que tu as fait de ton mieux. elle veut ton bonheur, comme moi. Mais tu ne dois pas le faire pour elle, tu le fais pour toi. » Il ressemble à un petit lapin pris dans les feux d’une voiture, sa manière de me regarder. « Me regarde pas comme ça ! T’es un gentil garçon Kenny, si c’est pas elle la bonne, ce sera une autre, et ce soir aura été une entraînement. Tout est bon à prendre quoi qu’il arrive. D’accord ? La vie, c’est un apprentissage de tous les jours. Il faut que tu te fasses confiance. » Je lui adresse un sourire rassurant, essayant de lui donner toute la force dont je suis capable.
Je taquine un peu Kyrah sur sa relation avec Elio, en disant de me choisir comme garçon d’honneur, même si je me doute qu’il ne pense pas encore au mariage. C’est bien trop tôt, beaucoup trop tôt et puis faut dire que j’aimerais bien pouvoir être accompagné de quelqu’un le jour où ça arrivera leur mariage. Parce que j’aimerais bien qu’on soit heureux tous ensemble, enfin le bonheur de Kyrah me rend heureux, mais j’aimerais pouvoir vivre la même chose et savoir ce que l’on ressent lorsqu’on est amoureux. Kyrah et Elio étaient fait pour se rencontrer d’après moi, ils sont identiques l’un à l’autre dans leur façon de penser et puis ils sont adorables, les gentilles personnes sont faites pour être avec d’autres gentilles personnes. C’est vrai que j’ai eu peur un moment que Elio m’en veuille concernant le baiser échangé avec Kyrah, car c’est vrai que ça peut paraître bizarre dit comme ça, mais en vérité ce n’était que l’aide de Kyrah me concernant, parce qu’elle a appris que je n’ai jamais embrassé personne et qu’elle voulait vite remédier à ça.
Sauf que parler d’amour me rapporte bien vite à mon rendez-vous galant, celui qui m’attend ce soir. Et le stress me reprend, car je ne sais pas comment le gérer et j’ai peur de tout foirer. Je suis sûr que si le rendez-vous rate, ma sœur me le reprochera et me dira que je ne sais absolument pas gérer avec une femme et elle aura sûrement raison pour ça. Alors que je rêvasse, Kyrah me rappelle à l’ordre en me tapant sur le bras. Je sursaute de surprise et je plonge mes yeux dans son regard qui se veut menaçant. Mais qu’est-ce que j’ai dit ? Elle m’explique que je dois arrêter d’être négatif et du coup, je fais un peu la moue, honteux de me faire crier dessus. Je pose d’ailleurs mes lèvres sur ma paille, aspirant quelques gouttes de ma boisson. C’est vrai que j’assimile souvent Ellie à un monstre, qu’elle n’est pas bien au contraire, c’est même une très bonne sœur, mais je n’y peux rien, j’ai toujours peur de la décevoir et je préfère souvent la voir me crier dessus plutôt que de la voir être déçu et ne pas dire un seul mot. « Je sais que je dois le faire pour moi, mais … » Je me frotte la nuque, comme pour réfléchir à mes propos. « Mais je sais qu’elle a vraiment hâte de me voir avec quelqu’un … ça me mets la pression. » C’est le cas de le dire, je suis sûr qu’elle est déjà en train de préparer nos noces avec Amelia depuis que je lui ai dit que j’ai rendez-vous avec une fille, du coup je me mets encore plus de pression, ce rendez-vous je dois le réussir pour moi et pour ma sœur. Je fixe Kyrah comme un enfant au bord des larmes, ce qu’elle remarque très rapidement. Elle m’explique à sa manière que ça ne sert à rien d’être aussi stressé, si Amelia n’est pas la bonne, alors je peux prendre ça comme une expérience et que la prochaine femme que j’inviterais, je serais peut-être un peu plus à l’aise. Elle a raison, je ne peux pas savoir à l’avance si la jeune femme sera la femme de ma vie ou non. J’ai besoin d’en savoir plus sur les femmes à vrai dire et se sera sûrement un bon entraînement ce soir. J’essaye de m’apaiser en pensant à ça. « Tu as raison, ce n’est pas la fin du monde après tout si ça ne marche pas. » Je lève les yeux vers elle, avec un petit sourire. « Tu as toujours raison en fait Kyrah, qu’est-ce que je ferais sans toi ? » lui dis-je, posant ma main sur la sienne, dans un geste purement amical bien sûr.
Kenneth est un privilégié d’entendre mon aveu sur mon histoire avec Elio. Ça ne date pas d’hier mais la période heureuse commence à peine. Je dois en profiter malgré la peur qui me paralyse le plus souvent lorsque je me mets à y penser. Je sais que je ne devrais pas, mais on a vécu tellement de choses difficiles que j’ai du mal à croire que ça puisse être terminé. Je dois pourtant y croire. Heureusement, nous changeons de sujet et nous reparlons de lui, de son rancard de ce soir, et même de sa soeur. Décidément, Kenneth a peur des femmes je pense ! Ça me fait sourire, mais j’essaie quand même de lui faire passer des messages. Vivre dans la peur des autres n’a jamais été bénéfique pour personne, et j’en suis la preuve vivante. « Je sais que je dois le faire pour moi, mais … » Je penche un peu la tête sur le côté, attendant la suite de sa phrase, de son aveu. « Mais je sais qu’elle a vraiment hâte de me voir avec quelqu’un … ça me mets la pression. » Je ris un peu. « Ta soeur a hâte de te voir avec quelqu’un non pas parce que tu es tout le temps dans ses pattes. Enfin pas que disons. Elle veut te voir heureux avec quelqu’un, c’est ce qui lui importe le plus. Elle t’aime et elle s’inquiète de ton bonheur. C’est plutôt mignon tu ne crois pas ? » Je tends ma main pour aller attraper la sienne et la caresser du bout de mon pouce. J’aimerai qu’il soit un peu plus confiant. Mais je sais combien c’est difficile de se plonger à corps perdu dans quelque chose de nouveau. C’est effrayant. « Tu as raison, ce n’est pas la fin du monde après tout si ça ne marche pas. » « Nope ! » Lui dis-je en souriant d’avantage. Je préfère entendre ça. « Tu as toujours raison en fait Kyrah, qu’est-ce que je ferais sans toi ? » Je ris à ses bêtises et secoue la tête. « Oulà non chéri, je n’ai pas toujours raison, méfie-toi ! Mais disons que j’ai vécu pas mal de choses qui m’ont permis de me rendre compte que les belles choses doivent être appréciées, et il faut savoir profiter un maximum du temps présent. C’est une belle philosophie n’est-ce pas ? » Je lui souris d’avantage et sursaute en entendant à nouveau mon téléphone. Je me sépare de sa main. « Excuse-moi. » Je regarde le sms de mon frère qui me dit qu’il a besoin de discuter, alors je grimace un peu. « Je suis désolé mon chou, j’ai fini ma mission avec toi, j’en ai une autre qui m’attend. Mon frère est en plein divorce avec sa femme et il a le moral dans les chaussettes. Du coup je vais m’occuper de lui. Mais j’attends que tu m’appelles demain pour me raconter. Sinon je te harcèle de sms ! » Je ris un peu et me lève, sortant de ma poche quelques pièces pour payer mon coca. « Tu vas tout déchirer, t’es le meilleur. Aies confiance en toi un peu. » Je m’approche pour venir le serrer dans mes bras et je plaque un baiser sur sa joue. « Crois en toi ! » Je lui adresse un clin d’oeil et m’éloigne de lui en lui adressant un signe de main. J’espère vraiment pour lui que ça se passera bien. Je vais lui envoyer toutes mes bonnes ondes, ou du moins, celles que je peux.
J’avoue à Kyrah que si j’ai également la pression, ce n’est pas seulement pour mon rendez-vous en soi, mais pour la réaction de ma sœur qui va m’inquiéter. Elle me dit depuis tellement d’années qu’elle rêve de me voir avec une femme, peut-être même marié et papa que je finis par penser qu’il s’agit d’une mission comme dans mes jeux vidéo et non pas comme une envie qui m’est personnel. Je rêve de rencontrer la femme de ma vie, comme beaucoup de monde sur terre, mais j’ai l’impression d’être obligé de la retrouver et très rapidement pour satisfaire ma sœur. Je confie ça à Kyrah et elle m’explique que si ma sœur a autant hâte que je sois en couple, ce n’est pas seulement pour se débarrasser de moi, mais parce qu’elle s’inquiète de mon bonheur et qu’elle voudrait me voir être heureux. Je me sens perdu, car après tout, même si je n’ai pas encore de copine, je suis très heureux accompagné de ma sœur, elle est mon soutien au quotidien, je pense même qu’elle sera toujours la première femme de ma vie. Mais c’est vrai que je peux comprendre qu’elle s’inquiète de mon bonheur, je fais exactement pareil avec elle, lorsqu’elle rencontre un homme qui la rend heureuse, je le suis également. « Oui … C’est mignon. » Je me trouve bête de toujours penser négativement des réactions de ma sœur qui n’est là que pour m’aider, elle n’a jamais été mon ennemi après tout, je ne devrais pas me plaindre, bien au contraire. Kyrah me caresse alors tout doucement la main, ce qui est un geste qui me détend et me rassure. Je trouve qu’elle est de bon conseil avec moi et qu’elle a très souvent raison. Elle me certifie que non, elle n’a pas toujours raison, mais qu’elle a de l’expérience en la matière et qu’elle sait qu’il ne faut pas se prendre la tête avec ce genre de chose. Je lui offre un demi-sourire, ouvrant la bouche pour encore la remercier lorsque son téléphone me coupe dans mon élan. Elle me demande de l’excuser et la laisse donc regarder son écran, alors que je regarde un instant des gens marcher non loin de nous. Elle m’explique alors qu’elle doit me laisser, son frère a besoin d’elle, car il est en plein divorce, ce que je comprends totalement. « Je t’appellerais, promis. » lui dis-je en rigolant, face à sa menace d'harcèlement de sms si je ne lui donne pas de nouvelle de mon rendez-vous. On se lève en même temps, je la regarde poser quelques pièces sur la table pour payer nos boissons et je la laisse me prendre dans les bras, m’envoyant encore quelques phrases de soutien qui me font du baume au cœur. « Merci. » je lui glisse ça tout doucement, alors qu’elle s’éloigne déjà. Je me demande ce que je ferais sans elle. Je la regarde s’éloigner jusqu’à ce qu’elle ne soit plus visible et je ramasse les sachets et prend la direction de la maison, le torse gonflé. Je suis certain que ça va très bien se passer. Comme l’a dit Kyrah, il faut que je crois en moi.
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