Malgré une longue journée, Célia était encore à la boutique. L'oiseau de l'horloge ancienne près du comptoir avait sifflé les onze heures du soir. Et la jeune femme n'avait même pas fini l'inventaire. Il faut dire que les samedis, elle avait beaucoup de clients, beaucoup plus qu'en semaine. Et à vrai dire, elle avait fait une très belle recette. Non seulement, elle avait bien vendue, mais en plus elle avait encore reçu quelques objets de ses dernières sorties. Elle aurait bien aimé rentrer tot ce soir, surtout qu'il y avait une manifestation sportive en ville et les pubs étaient bondés, alors cela voulait dire un mal de fou à avoir un taxi. Heureusement qu'elle prenait toujours son vélo avec elle. Elle l'avait laissé à côté de la boutique, dans une petite allée adjacente. La jeune femme avait passé deux bonnes heures à faire les bons de commandes des clients qui étaient venus aujourd'hui et dont elle devait envoyé les achats. Célia préférait s'en occuper tout de suite, au risque d'avoir du retard dans les livraisons. Les clients étaient prioritaires. Alors elle s'était occupée de ça avant de reprendre son inventaire. Elle avait fermé la boutique à dix-neuf heures. La pancarte le mentionnait sur la porte d'entrée. Toutes les lumières étaient éteintes. Elle était seule dans l'arrière salle. Là, où elle pouvait tranquillement étiqueter ses dernières acquisitions. Elle avait réussi à dénicher une superbe boite à musique. Elle comptait l'offrir à Selina. Enfin, sauf si cette dernière lui faisait encore la tête. Célia se disait qu'il était peut-être temps de faire la paix. Elle avait eu le temps de digérer la grossesse de sa sœur. Maintenant, même si cela lui paraissait toujours aussi flippant, elle avait fini par s'y faire. Et elle savait que sa sœur avait besoin d'elle à ses côtés. Et puis, elle lui manquait vraiment. Têtes de mules toutes les deux, elles ne pouvaient toutefois pas restées très longtemps fâchées. La boite à musique était dans un emballage, avec un papier gris argenté et un gros ruban blanc dont elle avait refais trente-six fois le nœud qui l'agrémentait. Elle avait hâte de lui offrir. Mais pour l'instant, elle devait se concentrer sur le boulot. Parce qu'il n'allait pas se faire tout seul. Bien que ces derniers temps, Célia pensait sérieusement à engager quelqu'un pour l'aider à sa boutique. Mais pour l’instant, elle était seule alors elle devait finir ce qu'elle avait commencé.
La jeune femme venait de finir toute une collection de porcelaine de 1804 quand elle entendit du bruit dans la boutique. Un bruit de verre cassé. Elle s'arrêta dans ses gestes et fronça les sourcils. D'autres bruits se firent entendre. La jeune femme se figea. Un intru?Elle se rendait compte qu'elle n'avait même pas enclenché l'alarme et jura intérieurement. Elle se redressa et appuya sur l'interrupteur de la lumière pour plonger la pièce dans le noir. Peut-être était-ce un de ces objets qui étaient tombés. Oui c'était peut-être ça. Sauf que lorsqu'elle entrouvrit la porte, elle entendit des voix. Son cœur battait la chamade. C'étaient des voix masculines. Et apparemment, ils cherchaient quelque chose. Elle pouvait voir les faisceaux de deux lampes torches. Célia resta derrière la porte, essayant de faire le moindre bruit possible. Et elle qui disait qu'on ne viendrai jamais cambrioler sa boutique. Maintenant elle ne savait plus quoi faire... Elle garda toutefois les idées claires. Pendant ses études de médecine et bien après pendant ses années de pratique, elle avait appris à gérer le stress. Elle pensa alors à appeler la police. Seulement elle n'avait pas son téléphone portable. Il était sur le comptoir. Près du téléphone fixe de la boutique. Les hommes, elle en comptait deux. Deux voix différentes se parlaient. Elle ne pouvait pas tout entendre. Mais cela était bon signe. Cela voulait dire qu'il était plus loin dans la boutique. Il fallait qu'elle sorte de la pièce et contacte la police. Elle se souvenait du téléphone d'Enzo. Elle allait l'appeler. Elle ne voulait pas perdre du temps en appelant le commissariat. Célia prit une inspiration et sortit de la pièce. Elle se mit à couvert derrière une vitrine et jeta un œil à la boutique. Les deux hommes étaient plus loin. Ils lui tournaient le dos. Elle s'approcha du comptoir qui était tout proche et agrippa rapidement le téléphone. Elle revint se cacher derrière la vitrine et composa le numéro du policier. Seulement personne ne répondait. Célia insista mais rien. Elle composa alors le numéro du poste de police.
Elle était dans la route. Dans son véhicule. Elle roulait ... à vitesse modérée. Même s'il y avait probablement une urgence, elle ne pouvait pas se permettre de ... et bien, de rouler à toute bringue dans les environs. Non. Du tout. Elle devait y aller progressivement. Elle n'avait pas envie de percuter une autre voiture ou bien de provoquer un accident parce qu'elle était pressée. Elle l'était. Oui. Elle était pressée. Parce que ... Et bien parce que y'avait eu un appel au poste de police. Un appel déroutant. Oui, il y avait urgence. Et oui, elle devait se bouger. A espérer qu'elle arriverait à temps.
♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣
Une dizaine de minutes plus tôt. Casey était encore au bureau. Non pas qu'elle aimait faire des heures supplémentaires ou bien rentrer tard. Mais son fils n'était pas dans les parages. Il était en sorti scolaire. En dehors de la ville pour toute la semaine. Avec ses camarades de classe. Elle avait été ... comment dire ... Elle n'avait pas envie d'accepter, au départ. Dans le sens où il avait été particulièrement polisson ces derniers jours et que ça lui aurait fait les pieds de ne pas partir avec ses camarades de classe. Seulement, elle trouvait que c'était pas bien de l'empêcher de faire cette sortie. Alors, la blonde avait fini par accepter. Alors, il était parti. Avec tous ses camarades. Elle trouverait bien une solution pour qu'il soit un peu plus sage et un peu plus calme. Genre, lui piquer sa console. Ouais, c'était une bonne idée. Enfin, en tout cas, elle mettait à profit le fait que son fils ne soit pas dans les parages pour bosser. Oui, elle aurait pu rester chez elle, tranquillement. Mais elle avait accepté de remplacer un collègue qui avait un imprévu. Elle soupçonnait un rendez-vous galant qu'il avait planifié à la dernière minute mais elle n'en était pas certaine pour autant à dire vrai. Et puis, elle s'en fichait à dire vrai. C'était pas important de connaître le pourquoi du comment de ... Et bien, de pourquoi au final il avait dû s'absenter. "Casey ..." Elle leva la tête tandis qu'une flic s'était rapprochée d'elle. Elle tenait le standard, en règle générale. "Oui ?" lui demanda la blonde. "On vient de recevoir un appel. Une possible effraction en cours. Une boutique d'antiquité. Sur Pine Rivers." La jeune femme avait donné à la blonde le morceau de papier sur lequel elle avait marqué deux ou trois choses. Concernant l'appel justement. Casey eut un hochement de la tête. "J'vais aller voir ça. J'ai quelqu'un avec moi ?" La blonde en avait profité pour se lever et récupérer la veste qui était sur le dos de sa chaise. Elle ouvrit le tiroir de son meuble afin de prendre son arme et de la mettre dans son holster. "Non. On manque un peu d'effectif." C'était un peu la merde mine de rien. Heureusement que Casey était flic depuis longtemps. Sans quoi, ouais, elle aurait eu du mal à s'en sortir toute seule.
♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣ ♣
La voilà donc à la boutique d'antiquités. Elle s'était garée un peu plus loin, histoire de ne pas attirer l'attention. Elle fronça des sourcils. "Du verre brisé ..." C'était jamais bon. Du tout. Elle avait pris son arme. Et elle s'avançait. Lentement. A l'affût.
Les minutes lui semblaient interminables. Elle avait eu du mal à obtenir quelqu'un à l'autre bout du fil téléphonique. Le commissariat semblait débordé ou en sous-effectif. Mais enfin, on avait pris son appel en compte. Célia avait du expliquer ce qui était entrain de se passer dans sa boutique sans se faire trop entendre non plus. Parce que les cambrioleurs étaient entrain de fouiller sa boutique et qu'ils faisaient du bruit. Mais il suffisait d'un seul bruit parasite pour attirer leur attention. Et ça, la jeune femme ne le voulait pas. Elle préférait se faire discrète jusqu'à ce que la police puisse arriver sur les lieux. On lui avait demandé de garder la ligne mais elle ne pouvait pas. Elle n'avait pas envie de trahir sa présence. Alors elle avait raccroché, gardant toutefois le téléphone dans la main. Elle entendait des bruits d'éclats de verre. Ils venaient sûrement de briser l'une des vitrines intérieures. Ils étaient entrain de mettre le bordel dans sa boutique, à chercher quelque chose. Elle ne savait pas quoi. Elle n'avait rien ici qui pouvait intéresser les voleurs. Elle repensait aux conversations qu'elle avait eu ici et là, expliquant qu'il n'y avait pas de raison pour qu'on vienne visiter sa boutique. Et apparemment elle avait eu tort. Ces types cherchaient quelque chose. C'est seulement en écoutant, qu'elle compris qu'ils venaient chercher l'or. Quel or ?! Elle ne comprenait pas. Elle n'avait pas d'or ici. Tout au plus des... Et là, elle comprenait. Elle comprenait pourquoi ces deux hommes étaient entrain de saccager sa boutique d'antiquités. Elle avait eu des objets en or récemment, mais... ce n'était rien de très grand valeur. Ces pièces avaient plus de valeur historiquement parlant, que pour une réelle valeur commerciale. C'était insensé. En plus, il ne lui restait que deux trois objets en or. Et s'ils continuaient comme ça, ils allaient les trouver. Les pièces étaient disposés sur son comptoir dans l'une des vitrines incrustées dans le bois. C'était sa veine. Elle se trouvait juste derrière. Elle sentait son cœur faire un raté en entendant l'un des hommes venir vers le comptoir.
Célia savait qu'elle ne pouvait pas rester cacher très longtemps. Elle songeait à se faufiler dans la boutique, vers l'endroit où elle stockait les vêtements vintage qu'elle vendait plutôt bien. Mais à peine avait-elle songé à ça que son téléphone se mit à sonner une nouvelle fois. Elle se figea en voyant l'un des cambrioleurs sur sa gauche qui pointait son arme sur elle. « Lâche ce téléphone. » Célia serra la main dessus avant de la jeter devant elle, le faisant glisser sur le parquet ancien. Mais il la garda en joue malgré tout. Les yeux de la jeune femme faisaient à présent face à une canon de gros calibre juste à quelques centimètres de sa tête.
Du verre. Deux possibilités. Soit les cambrioleurs étaient encore dans la boutique et la personne qui avait appelé la police était encore coincée à l'intérieur et elle devait avoir, sans doute, la trouille de sa vie. Soit, au contraire, ils s'étaient tirés. Mais dans ce cas là, la pauvre victime serait très certainement sur le pas de la porte. Donc, pour Casey, c'était la première option. La seule et l'unique. Et dans ce cas là, la victime était en danger. Alors, la blonde avait pris son arme. Et elle s'avançait. Lentement. Mais sûrement. Elle n'allait pas tirer à tout va. Elle savait ... elle avait déjà eu à faire à ce genre de situation. C'était pas son premier rodéo. Ca serait pas son dernier rodéo. Mais elle ne voulait pas merder pour autant. Du tout. Elle respirait lentement. En cherchant à faire le moins de bruit possible. Elle n'irait pas jusqu'à dire que ce n'était pas gagné d'avance. Elle était ... comment dire ... Oui, il fut un temps où elle n'aurait pas pu être discrète. Quand elle était dans son fauteuil roulant. Mais c'était derrière elle. Elle n'avait peut-être pas retrouvé son agilité de chat mais bon. Elle se débrouillait pas mal. Et elle espérait qu'elle allait bien se débrouiller d'ailleurs. Et que ça n'allait pas partir en sucette. Mais vous savez ce qu'on dit, hein ? Faut jamais dire jamais. Pour en revenir à ce qui nous intéresse, elle s'était rapprochée de l'entrée. Et c'est là qu'elle entendit un homme. Qui parlait. Qui indiquait que ... qu'elle devait lâcher son téléphone sans quoi ... Enfin, il n'avait pas ajouté la suite de la phrase mais Casey était pratiquement certaine que ... Et bien, que si la jeune femme ne lâchait pas son téléphone, ça irait mal pour elle. Du genre à se prendre une balle ou quelque chose dans le genre. Deux possibilités pour la blonde. Soit elle retournait à sa voiture et elle appelait des renforts, au cas où, mais elle prenait le risque que ça foire. Soit elle intervenait, là, tout de suite. Mais elle prenait également le risque que ça foire. Dans les deux cas, ça pouvait merder à vitesse grand V. Casey ne réfléchit pas plus longuement. Elle ne pouvait pas laisser la jeune femme. Il n'y aurait personne, ça n'aurait pas été bien grave. Seulement, il y avait quelqu'un dans cette boutique. Quelqu'un qui avait peur. Et Casey ne pouvait pas reculer. Elle ne pouvait pas ne rien faire. Elle ne pouvait pas prévenir des renforts parce que ça pouvait déconner en un clin d'oeil. Alors, elle était rentrée dans la boutique. Sans faire un bruit. "Avant que ça ne parte réellement en sucette, tu ferais mieux de poser ton arme et de prendre ton petit copain sous le bras et te tirer." Pas sûre que Célia ne porterait pas plainte par la suite mais ça évitait que ça ne dégénère. Dans le pire des cas, s'ils se tiraient, y'aurait toujours des preuves à droite, à gauche, et les flics les attraperaient quand même mais bon.
Cela faisait un bail qu'elle n'avait pas ressenti cette pression, ce stress à fleur de peau. Cela lui rappelait beaucoup d'épisodes de son passé. Des soirées passées aux urgences où elle voyait certains cas arriver : blessures par balles, par armes blanches. Elle en avait vu de toutes les couleurs en travaillant dans ce service. Mais elle ne regrettait pas. Parce que cela lui avait appris la maîtrise d'elle-même. Sauf que cela faisait un bail qu'elle n'avait pas été confronté à ce genre de scène. Et encore moins quand elle était la victime. Parce que là, c'était quasiment sur sa tête que le canon de l'arme était posé. Et elle avait beau savoir garder son calme, c'était un moment difficile pour Célia. Son cœur battait la chamade alors que son téléphone continuait à sonner, vainement. Elle ne savait pas qui c'était. Si c'était la police qui la rappelait. Si c'était Duncan, sa mère ou encore Jo. Ce qu'elle savait, c'était ce téléphone qui l'avait mise à découvert. Maintenant, les deux cambrioleurs savaient que la gérante était là. Qu'elle savait où se cachait l'argent, l'or, si éventuellement il y en avait... Mais la jeune femme craignait que les deux gars n'apprécient pas vraiment sa réponse. Pourtant, elle ne pouvait pas donner quelque chose qu'elle n'avait pas. Puis elle entendit une troisième voix. Une voix féminine. Célia resta immobile parce que l'arme était toujours près de son visage. La voix était ferme et claire. La police ? La femme ne s'était pas présentée et cachée derrière le comptoir elle ne pouvait pas la voir. De toute façon flic ou pas, le gars qui tenait l'arme sur elle ne semblait pas très important. « Ne me donne pas d'ordre, la fliquette. » Et là, il tira une balle près de Célia qui sursauta un peu. Cette dernière ferma les yeux. C'était comme ça que la police appréhendait les cambrioleurs ? Le deuxième homme s'était tourné vers la policière et la tenait en joue. Deux contre une, la partie était inégale. « Jette ton arme. » Ordonna le second cambrioleur.
Casey tentait le coup. Certains n'étaient pas stupides. Quand ils entendaient que la police était là, ils baissaient les armes et se rendaient gentiment. Ou bien ils s'enfuyaient s'ils en avaient la possibilité afin d'éviter ... et bien, afin d'éviter la prison. Mais là ... Oui, Casey espérait que ça serait le cas. Parce que bizarrement, depuis qu'elle était flic sur Brisbane, elle n'avait jamais eu à utiliser son flingue. Elle s'était débrouillée. En même temps, quand elle avait repris le boulot, on lui avait assigné, plutôt, un job de bureau. Et donc, elle restait à l'intérieur et n'allait pas sur le terrain. Elle avait repris le terrain il n'y avait pas si longtemps que cela. Et peut-être qu'au final ... peut-être que d'une certaine manière, elle avait perdu la main. Peut-être que ce n'était plus sa place. Elle n'en savait rien. Et pour le moment, la blonde ne voulait pas se poser la question. Parce que ... parce qu'elle était là. Parce qu'il y avait urgence. Parce qu'elle devait se bouger. Pour arrêter la situation. Avant que cela ne dégénère. Le mec avait tiré. Est-ce qu'il avait touché la jeune femme qui avait appelé les flics ? Casey n'en savait rien. Mais il lui avait fallu une fraction de seconde. Une fraction de seconde pour réagir. Il avait tiré. Elle en avait fait de même. Elle avait touché le deuxième cambrioleur. Parce que l'autre, celui qui avait le flingue et qui avait tiré, elle ne l'avait pas directement en ligne de mire. Le deuxième cambrioleur était donc au sol. Mort ? Non. Elle avait tiré, oui. Mais elle n'avait pas tiré pour tuer. Non pas qu'elle ne serait pas capable de le faire au besoin. Mais là, elle n'était pas dans cette optique. En tout cas, ça venait de s'agiter. Le mec qui était encore debout avait bougé. Casey également. Elle n'allait pas rester dans une position où elle pouvait se faire tirer dessus. Elle en avait profité pour se baisser, à l'occasion, et d'agripper ses menottes. Et le mec qui était au sol se retrouva menotté au pied d'une grosse table. On aurait dit du marbre. La blonde n'était pas certaine que s'en était mais bon. Elle n'avait pas le temps de se demander en quoi la table était faite. Du tout.
Célia était restée figée derrière le comptoir quand le type avait tiré un coup de feu. Elle détestait les armes à feu encore plus quand l'une d’entre-elle était pointée sur elle. Elle venait d'ouvrir à nouveau les yeux quand un second tir se fit entendre. Le type qui était près d'elle, s'était baissé, se protégeant lui aussi du comptoir. Il agrippa ensuite Célia par le bras et l'obligea à se relever avec lui. La jeune femme n'avait pas d'autre choix que de le suivre même si son cœur battait la chamade. Elle se retrouvait à ses côtés, cherchant des yeux la policière qui avait pénétré dans sa boutique. Célia ne voyait pas cette dernière. Ce qu'elle découvrait, c'était sa boutique sans dessus, dessous. Il y avait des tas d'objets par terre, des faïences, des livres, des tableaux... C'était la première fois qu'elle voyait sa boutique dans cet état. Mais pour l'instant, cela ne lui paraissait pas important, loin de là. Elle sentait pour l'instant, la forte emprise du cambrioleur sur son bras. De plus, il avait pointé son flingue sur sa hanche, de quoi la dissuader de faire le moindre faux pas. « Si mon frère est mort, je peux t'assurer qu'elle ne va pas s'en sortir vivante. » Menaçait le cambrioleur. Célia ne mettait pas longtemps à comprendre qu'il parlait d'elle, surtout quand il pressa un peu plus l'arme contre sa peau. « De toute façon, t'as pas le choix, sinon Russ va t'exploser la tête. » A ce moment-là, Célia découvrait un troisième cambrioleur qui apparaissait devant eux. Il tenait un fusil devant lui et il visait la table en bois ancien qui était au centre de sa boutique. La policière devait s'y trouvait. A ce moment-là, Célia pris la parole. « Écoutez, je n'ai rien de valeur dans ma boutique. Mais ma caisse n'a pas encore été faite, alors servez-vous et partez. » Le mec qui la tenait se mit à sourire. « Arrête, on sait que t'as de l'or. On nous l'a dit. » « N'importe quoi ! » Cette fois-ci Célia commençait à s’énervait. C'était quoi cette histoire d'or. Elle avait quelques objets mais la quantité d'or qui les composait était minime. Ils ne l'auraient quand même pas cambriolé pour ça ? L'antiquaire essayait de se soustraire et elle arriva à se détacha de lui, mais le coup parti et elle fut touchée au ventre. Elle bascula contre le comptoir. D'autres coups de feu se firent entendre.
Ca puait, ça craignait. C'était nul. C'était moche. Oui, Casey en avait peut-être descendu un. Et maintenant, ça tirait dans tous les sens. Le pire, c'est que le mec, il était nul. Parce que la blonde l'avait clairement entendu prononcer un nom. Et si jamais ils arrivaient à s'en tirer, Casey pourrait lui mettre la main dessus. Elle ou bien tout autre personne de la police qui pourrait être sur cette affaire. En tout cas, le type sur lequel Casey avait tiré était menotté. Il n'était pas encore mort. Il pissait le sang, ok, mais il était pas mort à dire vrai. Il y eut de nouveau un coup de feu. Mais pas du même calibre. Une arme différente. La table en bois ... avait plus ou moins volé en morceau. Heureusement qu'elle s'était bougée à temps. Sans quoi ... Sans quoi Casey aurait pu avoir la cervelle en morceau. Mourir au travail ... Il fut un temps où cette idée ... Elle aurait pu supporter l'idée. Mais là. Savoir que son fils serait tout seul, non. Ca craignait. Ca craignait à mort, c'était certain. Il y eut un léger moment d’accalmie. Mais cela ne voulait pas dire pour autant que c'était terminé. Oh que non. Car Casey entendit un nouveau coup de feu. Est-ce que la jeune blonde avait été touchée dans l'affaire ? Elle n'aurait su le dire. Elle entendit des bruits de pas. Une course. A son humble avis, les mecs essayaient de se tirer. "Tire sur les menottes, ça ira plus vite pour qu'on s'casse." Ouais, c'était bien ce qu'elle se disait. Ils comptaient se faire la malle. Que faire ? Tenter de les arrêter ? Ou rejoindre la jeune femme qui était peut-être blessée ? Peut-être qu'elle pouvait faire les deux. Alors, Casey était sortie de sa cachette. Il y eut de nouveaux des échanges de coups de feu. "Putain, on s'casse. On n'a pas l'choix. Laisse ce boulet." L'autre ne semblait pas d'accord avec ça. Sur le fait que c'était son frangin et qu'il était hors de question qu'il abandonne son frangin. Une décision radicale fut prise. Le dernier qui était arrivé tira une balle en plein torse du prisonnier. Est-ce qu'il avait touché le coeur ? "J'me ferais pas arrêter à cause de toi ou de ce boulet." Et il lui tira dessus. Ce type, franchement, c'était pas un tendre, pour sûr. Au moins, elle savait qu'il s'appelait Russ. Casey mettrait un mandat d'arrêt sur lui, rapidement. Une fois qu'elle se serait sortie de là. Elle, mais aussi la blonde. Elle attrapa son téléphone. "Dispatch. J'ai besoin de renforts. Au moins deux ambulances également. Et des renseignements sur un certain Russ. Adresse, travail, où on peut le trouver. Et envoyez une unité à son domicile. Signe distinctif, tatouage au poignet droit, une sorte d'oiseau." C'était tout ce qu'elle avait eu le temps d'apercevoir. Et brièvement son visage aussi. Mais comme elle n'avait pas de photo pour le montrer au dispatch, ça serait compliqué. Comme elle était plus proche des criminels, elle se rapprocha d'eux en premier. Celui qui ne voulait pas abandonner son frère s'était pris une balle en pleine tête. L'autre ? Il respirait encore. Faiblement mais il respirait encore. Et la jeune femme ? "Et merde ... Ca va aller ... Vous allez vous en sortir." Elle s'était prise une balle. Casey enleva sa veste afin de comprimer la plaie. "J'ai appelé des renforts. Les secours ne devraient pas tarder à arriver." C'est là qu'elle remarqua qu'elle-même ... avait été blessée. Pourtant, ça ne lui faisait pas mal. Peut-être à cause de ... Et bien, à cause de l'adrénaline.
Elle ne savait pas ce qui s'était passé. Elle n'avait rien fait et le tir était parti, suivi d'un second. Tout à coup. Tout s'était passé très vite. Elle avait ressenti une vive douleur. Célia avait déjà été confrontée à des blessures par balles et savait à quel point, ça pouvait rapidement devenir une urgence vitale. Elle n'aurait jamais pensé être à la place de la victime. Parce que victime, elle l'était bel et bien. Elle avait posé une main sur son ventre et le sang coulait entre ses doigts. D'autres tirent s'étaient fais entendre et des éclats de voix venaient troubler un peu plus le chaos ambiant. Mais Célia n'y faisait pas attention. Elle était médecin. Elle était censée savoir ce qu'elle devait faire en ce genre de circonstance, en cas d'urgence vitale. Sauf qu'elle n'était pas à l'hôpital. Qu'elle n'avait rien autour d'elle pour arrêter l'hémorragie. Et qu'elle n'était pas en état de faire quoique ce soit. Elle perdait trop de sang. Sa tête tournait et elle avait du mal à garder les yeux ouverts. Elle savait pourtant qu'elle devait lutter pour rester éveiller. L'antiquaire essayait de tourner la tête pour voir ce qu'elle pouvait faire, si elle pouvait récupérer son téléphone et appeler les secours. Et c'était là, qu'elle s'était rendue compte qu'elle avait aussi été touchée en haut de la poitrine , juste au dessus du sein gauche. Elle sentait la douleur envahir tout son corps à chaque mouvement. Et elle avait beau appuyer sur sa blessure, l'hémorragie ne s'arrêtait pas. Elle ferma les yeux un instant, essayant de garder l'esprit clair. Mais c'était difficile. Elle n'y arrivait pas. Elle pensait à la boite à musique qu'elle voulait offrir à Selina. Elle avait travaillé dessus une bonne matinée. Elle avait refait la peinture, remis du vernis. Elle avait hâte de l'offrir et de remettre les choses à plat avec sa jumelle. Avec le recul, elle se rendait compte que finalement, ce n'était pas une si mauvaise nouvelle. Certes, les conditions de la conception de cet enfant étaient clairement douteuses pour la jeune femme. Mais ce n'était plus important. Non ce n'était plus si important que ça. Elle avait été idiote. Peut-être même jalouse de Selina. Peut-être. Et maintenant, elle ne savait même plus si elle allait pouvoir faire la paix avec elle. Elle sentait le sang coulait sur son coup, glisser sur sa nuque. Elle entendit une voix près d'elle. Elle ouvrit à nouveau les yeux pour les poser sur une jeune femme. Une blonde. Une policière ? Elle se posait la question quand cette dernière posa sa veste sur sa plaie. Elle grimaça un peu. Ses yeux verts restaient fixés sur la jeune femme penchée au dessus d'elle. Elle remarqua une goutte de sang qui perlait sur l'une des narines de la policière. Elle aussi était blessée. Elle aurait voulu parler mais aucun son ne sortait de sa bouche. Et ce fut le noir total.
Casey ressentit une vive douleur d'un seul coup tandis qu'elle appuyait sur la poitrine de Celia avait de comprimer la plaie pour éviter qu'elle ne se vide de son sang. Parce que d'une certaine manière, Casey se sentait responsable. Elle se sentait responsable de cet incident. Si elle avait agi d'une autre manière, si elle avait fait autrement, peut-être que la jeune femme ne serait pas là, couchée au sol. Et sans doute qu'elle-même ne serait pas blessée. Elle ne savait pas où elle était blessée. Elle n'avait pas cherché à regarder. Non, elle se concentrait sur la jeune femme qui était face à elle et qui devait avoir peur. Qui devait avoir mal. Elle avait regardé la policière juste une fraction de seconde avant de fermer les yeux. "Hé, non, non. Faut rester avec moi." Elle avait déjà reçu une balle. Elle savait que c'était difficile de rester éveillée. Elle savait que c'était compliqué. Et elle vit les lumières. Rouge et bleu. Comme une lumière clignotante. Comme une guirlande de Noël. Les secours. Elle entendit des bruits de pas. Elle entendit des personnes qui se rapprochaient. "Par ici !" Un des ambulanciers se rapprocha d'elle. "Il y en a un autre un peu plus loin." Enfin, techniquement parlant, deux. "Pour le dernier, il faudra sans doute un sac mortuaire. Il s'est pris une balle dans la tête." Des membres des forces de l'ordre débarquèrent. Sans doute qu'ils étaient là pour enquêter avant même que Casey n'ait fait son rapport. Recueillir des indices. Boucler les lieux également pour éviter que des gens ne débarquent dans la boutique et contaminent les lieux. D'ailleurs, une femme, blonde également, s'était rapprochée de Casey tandis qu'on s'occupait de Celia. "Tu les as tous eus ?" Casey secoua la tête. "Non. Y'en a un qui s'est échappé. Un certain Russ. J'pense pouvoir l'identifier." Casey se mit à tousser. Et c'est là ... C'est là que sa collègue remarqua qu'elle était blessée. "On a besoin d'un autre brancard par ici !" Casey secoua la tête. "Mais non, ça va." Ca n'allait pas du tout. Sa main était en sang. Elle venait juste de toucher son torse et sa main était en sang. "Ca doit être du verre." L'autre flic secoua la tête. "Tu vas à l'hôpital et tu fais pas d'histoire. J'prends la relève ici." Casey poussa un soupir. "Delilah ..." Elle fronça des sourcils. "Pas de mais." Elle fit signe à l'ambulancier. "On a un agent touché. Vous avez le droit de la menotter si jamais elle vous fait des misères." La certaine Delilah prenait la relève tandis qu'on évacuait les blessés : Casey, Celia, mais aussi le premier cambrioleur sur lequel Casey avait tiré et qui était encore en vie. L'autre ne ressortirait que dans un sac mortuaire.
Accueil
