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 One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin

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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyLun 20 Juin 2016 - 0:56


One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one.
Martin & Kyte ○ Yulin, Chine - 2014
Kyte approche de l’aéroport dans une voiture volée. Les lunettes enfoncées contre son nez, il passe devant quelques agents de sécurité. S’efforce de conduire à un rythme normal. De ne pas avoir l’air louche. C’est dur. Mais les mecs ne captent rien, alors il poursuit sa route. Il approche de l’aile internationale et se gare un peu en retrait. L’avion ne devrait pas tarder à arriver. Il coupe le contact, relève les pans de son trench militaire pour cacher son visage. Une tenue bien trop chaude pour les températures de juin, mais il n’a pas le choix. Ils ne doivent pas le repérer. Kyte ignore s’ils l’ont suivi jusqu’en Chine, mais il doit se montrer prudent. La moindre erreur pourrait les mettre sur sa trace. Y penser le rend nerveux. Il ferme sa fenêtre avec la mollette manuelle, lance l’autoradio. De la bouse chinoise. Agacé, il coupe à nouveau le contact et se renfonce dans son siège. Les bras croisés sur sa poitrine, il détaille les passants. A la recherche d’une personne en particulier. Il ne devrait pas tarder. L’avion s’est posé trente minutes plus tôt. Le temps de récupérer ses bagages, le gamin de Jameson devrait sortir d’une minute à l’autre. Si elle savait qu’il l’avait amené ici, elle les tuerait tous les deux. Kyte un peu plus. Le gamin a toujours un traitement de faveur. C’est peut-être plutôt de ça qu’il devrait se soucier, d’ailleurs. Ils peuvent pas être aussi dangereux qu’elle lorsque la rage la consume. Un rire sans joie s’échappe de sa poitrine. Il secoue la tête et reprend son sérieux. Ses yeux d’aigles sondent la foule.

Il le repère enfin. Les mains resserrées sur les lanières de son sac à dos. Un air léger sur son visage à peine adulte. Les cheveux dans un mouvement toujours aussi improbable. Avec son look de touriste, Martin a l’air totalement louche. Ou totalement normal. Kyte a du mal à se décider. Le gosse a l’air perdu et regarde tout autour de lui. Dans l’ombre gamin. Toujours dans l’ombre. Etait-ce à lui où à Jameson qu’il a expliqué cette règle ? Il sait même plus. Avec un soupir, il attend. Son "p'tit fils" finit par regarder dans sa direction, alors il fait un appel de phares et un signe de la main. Martin hoche subrepticement la tête, et s’approche plus rapidement. Mais pas trop rapidement. Une allure naturelle, mais soutenue. C’est bien, c’est bien, qu’il approuve mentalement. Quand Martin arrive au niveau de la voiture, il met le moteur. Sauf que le gamin ne rentre pas. Il tire sur la poignée et regarde Kyte à travers la vitre dégueulasse, écartant les bras l’air de dire « qu’est-ce que tu fous ? ». Le vieux militant le regarde quelques secondes, l’air vide. Puis la lumière se fait dans son esprit. Merde. Il se penche maladroitement par-dessus le siège passager et déverrouille la porte pour que Martin puisse rentrer. Il attend même pas que le gosse ait refermé la porte derrière lui et balancé son sac à l’arrière. Il est jeune, il pourra faire ça en route. Kyte enclenche la première et met les voiles.

- T’as l’air en forme. Qu’il lui dit d’entrée de jeu. Tant mieux. On va en avoir besoin.

Pas de « bonjour, comment était ton vol ? ». Kyte a jamais vraiment capté les relations humaines. Il en fait toujours trop, ou pas assez. Mais ces derniers temps, c’est pire. Ses nerfs le bouffent et brouillent toutes les ondes. Sauf les plus importantes. Celles dont il a besoin pour mener à bien ses missions. Du moins il l’espère. Il a besoin d’y croire. Sinon ils auront gagné la bataille. Et Kyte refuse de s’avouer vaincu. Il quitte l’aéroport, mais ne retourne pas vers la ville. La voiture prend une route de terre, s’élance dans le désert.

- Alors, quelles nouvelles ?

Il finit tout de même par demander. Il y a moins de gens autour, alors il se détend. La nature lui procure cet effet. Comme si quelque part, elle sait qu’il la défend.  

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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyLun 20 Juin 2016 - 8:34

 « Festival de Yulin. La semaine prochaine. You're in. -K» Assis dans l'avion, je relis le SMS que j'ai reçu vendredi dernier. Un numéro inconnu, mais un style d'écriture et une signature que je ne reconnais que trop bien. Kyte Savard. Le mentor de Jameson. J'ai beaucoup gardé contact avec lui. Après l’Amazonie, nous avons régulièrement manifesté ensemble. La dernière grosse manifestation était celle en Espagne contre la corrida. Elle n'était pas des plus gentillettes qui soit. Mais peu importe. Je n'ai rien répondu au SMS. Si Kyte m'envoie un SMS d'un numéro inconnu c'est qu'il s'est acheté un portable prépayé et qu'il l'a détruit tout de suite après l'envoie du message. Et puis, il sait très bien que je le suivrais jusqu'au bout du monde pour défendre la cause animale.

Et c'est comme ça que je débarque en Chine le vendredi suivant. A 15h, et avec plusieurs heures de décalages dans les pattes, je sors de l'aéroport. Short, chemise, tennis et lunettes de soleil ainsi qu'appareil photo et sac à dos, j'ai l'air du parfait petit touriste qui est simplement perdu par la grandeur de la ville. En vérité, je regarde si je n’aperçois pas la silhouette de Kyte. Je ne le vois pas lui, mais finalement une voiture qui me fait des appels de phares. Il est évident qu'il s'agisse là de mon 'grand père'. Je continue encore quelques instant d'observer les alentours avant de me mettre en route. Ni trop vite, ni trop lentement, mes pas et mon allure sont calculés et totalement naturels.

Arrivé à la voiture, j'ouvre la porte. Ou du moins, j'essaie de l'ouvrir. Je fini par me pencher en avant, relève mes lunettes de soleils et regarde Kyte en mode 'c'est quoi ce merdier ?'. Il me comprends, se penche sur le côté et déverrouille la porte. J'entre dans la voiture avec un petit  «Merci » et me dépêche de fermer la porte et de m'attacher car l'homme démarre directement.

La voix grave de l'activiste en chef retenti lorsqu'il me dit que j'ai l'air en forme. Je tourne mon regard vers lui et relève mes lunettes de soleils sur ma tête  « Ouais assez. J'ai juste les effets du jet lag dans les pattes et les quelques heures d'avions dans le dos, mais ça devrait passer après une nuit de sommeil» je pose mon regard sur lui  «C'est demain qu'on commence, right ? » demandais-je. Le festival en lui-même n'est que le lendemain, mais je sens qu'on aura déjà pas mal de boulot aujourd'hui.

Nous sortons de la ville et roulons dans la nature. C'est là que je vois que Kyte se détends un petit peu. Les mains ne sont plus trop crispé sur le volant et il se recule un peu plus contre le dossier de la voiture. Je souris doucement et regarde vers l'avant avant qu'il ne me demande quelles sont les nouvelles. J'arque un sourcil, sourire amusé sur le coin des lèvres  «Le Ô grand Kyte souhaite savoir comment je vais ou quelles sont les dernières manif' que j'ai faite ? » demandais-je sur un ton légèrement moqueur. Oui, malgré tout, je ne peux pas perdre mon petit côté insolent, même si je sais qu'il déplaît fortement à Kyte. Mais peu importe, tant que je sois efficace, non ? Bref. J'hausse les épaules  « J'ai manifesté contre la capture des kangourou et Walibi, contre la détention des serpents et mygales comme animaux domestique, contre les paquebot de croisières qui passent trop près des côtés Australiennes et qui polluent un peu trop les Océans, contre les 'cage à requins' ces attrapes touristes de merde et …. ouais contre de nombreux zoo encore en Nouvelle Zélande surtout » je me penche un peu et ouvre la fenêtre de mon côté  «Et je vais très bien  » assurais-je avec un sourire. Si Jameson savait que je suis ici, je n'irais pas aussi bien que maintenant, je pense.
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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyLun 20 Juin 2016 - 10:53


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Martin & Kyte ○ Yulin, Chine - 2014
Kyte fronce les sourcils et jette un coup d’œil au gosse dans le siège à ses côtés. Mais qu’est-ce qu’il me raconte ? Il est pas sûr de comprendre sa remarque, ni son ironie. En fait, il sait même pas ce qu’il demande, lui-même. Question ouverte, juste pour l’entendre parler. Il a un timbre de voix agréable. De la légèreté dans les paroles. Ça le détend. Ces derniers mois, Martin est le seul à qui il ait donné signe de vie. Il peut pas prendre de risque, et il fait confiance à personne. Sauf à lui. Jameson, Blythe, il veut pas les mêler à ça. La plus grande a décidé de se ranger. Dans le fond c’est peut-être mieux ainsi. Il espère qu'elle a rencontré un mec bien. Enfin. La petite, elle a jamais été dans le coup. Kyte y a toujours veillé. C’est pas la vie qu’il veut pour elle. Merde, c’est une vie qu’il ne souhaiterait à personne. Mais lui, il connait rien d’autre. Alors il continue. La voix de Martin s’élève, l'arrache aux méandres douloureux de ses regrets. Il lui jette un coup d’œil, un bref sourire étire ses lèvres. Puis il reporte son attention sur le désert devant eux.

- T’as été actif.

Ça le rempli de joie, même si ça ne se voit pas. Martin lui fait penser à Jaimie à ses débuts. La même énergie débordante. La même passion. La même intelligence qu’il lui manque, à lui. C’est des mômes cultivés, pas des bouseux des cambrousses. Son savoir, Kyte l’a appris sur le tas. Prendre du recul, voir les choses en grand, il y arrivait pas au début. C’est venu avec les années. Ces deux mioches, ils ont toujours tout capté en un claquement de doigt. Tu leurs donnes les bases, et ils t’exécutent la mission avec une efficacité redoutable, même s’ils ont jamais étés confrontés à une situation similaire. C’est pour ça que Kyte adore travailler avec eux. Pour ça qu’il travaillerait plus avec personne d’autre. Trop de déception. Trop d’erreurs, avec les autres. Mais là où Jaimie est toujours sérieuse et un poil stressante, Martin reste souriant, nonchalant. Insolent. Ça lui tape sur les nerfs, mais ça lui fait du bien, aussi. Cette insouciance. C’est exactement ce dont il a besoin en ce moment.

- Bien, bien.

Qu’il ajoute distraitement quand Martin lui fait un rapide état de sa santé. En même temps, le gosse a même pas trente ans. Il ne voit pas très bien ce qui pourrait le tracasser de ce point de vue-là à part un petit rhume. La végétation se fait plus dense. Kyte donne un coup de volant et la voiture fait une embardée dans un chemin plus petit encore, à peine perceptible. Il roule quelques mètres et s’arrête en plein milieu. Jette un dernier coup d’œil dans le rétroviseur – acquis de conscience : il sait qu’il n’est pas suivi. Il y a veillé tout le trajet. Mais ça le rassure quand même, alors il sort de la cage. Kyte fonce sur un tas de végétation sur le bas-côté de la route. Tire dessus. Elle se déplace et libère un chemin accidenté invisible jusqu’alors. Il y engouffre la voiture, sors replacer les branchages derrière lui. On est jamais trop prudent. Ça aussi, c’est un truc qu’il a acquis avec les années. Au début, se faire gauler, il en avait rien à foutre. Peut-être même que ça l’amusait un peu. Ils roulent encore quelques minutes, en silence. Des arbres, des roches, des collines. Au loin, un petit abri de pierres et de bois dans un style à moitié chinois. Kyte jette un coup d’œil à Martin.

- Bienvenue à la maison.

Il gare la voiture sous un grand arbre. Faut pas qu'elle soit visible du ciel. Il pousse la porte de l’abri, fait signe à Martin de le suivre, se penche pour pouvoir rentrer. A l’intérieur, il y a une petite kitchenette basique, un grand matelas à même le sol, un sac rempli d’armes. Une réserve d’eau. Quelques effets personnels. Des fringues et des bouquins, principalement. Et c’est tout.

- Pour c'que tu me d'mandais tout à l’heure… le festival commence que demain, mais on va se faire quelques préliminaires avant de les baiser.

Sa remarque le fait rire. Il regarde Martin avec un grand sourire qui ne touche pas vraiment ses yeux de glace. Puis reprend son sérieux, presque instantanément. Il s’assoie sur une chaise et désigne le matelas du menton.

- Pionce quelques heures. Soigne ton « jet lag » ou je sais pas. Je te réveillerai quand il sera temps.

Lui, il a quelques trucs à vérifier d'abord. Des détails techniques. Un contact humain. Cette partie-là l’emmerde sérieusement, mais il n’a pas le choix cette fois.


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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyMar 21 Juin 2016 - 16:04


Des réponses monosyllabiques. Je ne m’attends pas à grand-chose d’autre avec Kyte. Pour lui, mieux vaut se taire plutôt que de parler pour ne rien dire. Moi, avec ma formation, j’apprends à gérer le smalltalk. Deux états d’esprits différents qui se rencontrent, donc. Ou bien ça fonctionne, ou bien ça fait des étincelles. Malgré tout, Kyte et moi nous nous sommes toujours très bien entendus. Il ne nous faut pas beaucoup de mot pour nous comprendre. Lorsque je lui explique les différentes manifestations que j’ai suivies, il me répond que j’ai été actif. Et je crois bien entendre une fierté ressortir dans le timbre de sa voix. Je souris doucement et hoche la tête, ne disant plus rien. Avec Jameson j’aurais enchaîné sur une autres discussion, avec Kyte j’ai apprit à me taire quand il le faut.
 
C’est donc en silence qu’il nous ramène dans la profonde nature chinoise. Le 4x4 qu’il a choisi est parfait pour le terrain esquinté qui nous mène vers un petit abri en pierre et en bois. Kyte gare le véhicule devant la porte et lance un ‘bienvenue à la maison’ alors que je me penche pour observer ce qui va être notre chez nous pour les prochains jours. Je pince les lèvres et m’extirpe de la voiture.  «Ce … ça fait très … authentique » commentais-je le petit abris avant de m’engouffrer à l’intérieur derrière Kyte. Une petite kitchenette, un matelas à même le sol, de l’eau, beaucoup d’arme. Voilà le strict minimum pour survivre ici. Je dépose mon sac à dos dans un coin et me tourne vers mon grand père qui m’indique qu’effectivement le festival ne commence que demain mais qu’aujourd’hui nous feront quelques préliminaire.
 
Je rigole doucement et secoue la tête, les mains sur les hanches  «Parfait, je n’attends que ça. J’ai toujours voulu baiser du chinois. C’est vrai qu’ils en ont une petite ? » demandais-je l’air totalement sérieux. Au final, je me choque presque moi-même.  Enfin bref. Je secoue la tête puis regarde le matelas quand Kyte me dit que je vais pouvoir me reposer un peu et qu’il me réveillera à temps.  «J’espérais même pas avoir de matelas je dois t’avouer »  souriais-je en me posant sur ledit matelas.  «C’du grand luxe dis-donc ! » j’attrape mon sac à dos et fouille un peu pour sortir d’autres affaires.
 
Je décide de me changer déjà maintenant, ne sait-on jamais. Si kyte me réveil d’urgence ou quoique ce soit je serais au moins déjà près. C’est donc, sans pudeur, que je me retrouve en caleçon et torse nu devant l’homme, le temps de mettre mon pantalon de randonné kaki et mon t-shirt noir des Sea Sheppherd. Car c’est en parti pour eux que je suis venu ici. Demain, je vais retrouver quelques collègues de l’association venu d’autres pays. Enfin bref. Je fini de nouer mes bottines en cuirs puis attache mon couteau de chasse, que j’ai retrouvé parmi les armes dans le sac, à la ceinture.   «Bon, bonne nuit » déclarais-je en me couchant sur le matelas. Je me recroqueville sur moi et ferme les yeux, le sommeil ne tardant pas à me rattraper.
 
Je suis pourtant assez rapidement réveillé par Kyte qui pose une main sur ma bouche. Je me réveil en sursaut et, dans ma panique, je sors le couteau de son carquois, pointant la lame contre la gorge de Kyte. Je le fixe longuement puis soupire et abaisse le couteau en repoussant sa main  « Qu’est-ce qui se passe ?» demandais-je en un souffle en me redressant lorsqu’il m’en donne l’occasion.
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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyLun 27 Juin 2016 - 1:29


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Martin & Kyte ○ Yulin, Chine - 2014
Le sourire de Kyte s’élargit. Si les chinois en ont une petite ? Il est marrant ce gamin. Il sait pas trop si Martin est sérieux mais il s’en fou. Vu ses penchants tordus, c’est pas son genre d’aller se soucier de ceux des autres. Il incline la tête, un rictus amusé au coin de ses lèvres.

- Ouai. Ouai, mais on s’est fou parce que c’est pas nos culs qui vont prendre.

Il espère juste que Martin est du genre rapide, parce qu’ils auront pas tout leur temps. La priorité c’était quand même de sauver les chiens, pas de trouver un copain à son petit-fils. Au final, il se dit que c’était peut-être une blague. Il fait une petite moue, hausse les épaules. Tant pis. Il hoche vaguement la tête quand Martin s’extasie devant le matelas. C’est vrai qu’il a traîné le gamin dans des coins plus crades. Quand il est dans les villes, c’est toujours plus difficile. Mais dans la nature, Kyte arrive à faire un petit coin vivable. Et puis en Chine, rien n’est cher. Ça aide. Il s’assoit à même le sol, s’accoude à son sac à dos. Étale quelques papiers devant lui, sort son téléphone. Un truc qui ressemble à un talkie-walkie des tranchées mais qui a une géolocalisation et passe par les satellites. Ou un quelque chose comme ça. Comme ceux qu’il utilisait à la guerre. Il sait pas comment ça s’appelle, ni comment ça marche. Il sait s’en servir, c’est tout ce qui lui importe.

- Dors bien, gamin.

Qu’il répond par-dessus son épaule. C’est là qu’il remarque que Martin s’est déjà préparé. C’est bien. C’est soulageant de faire équipe avec un mec prévoyant. Ça le change. Former les gosses, ça a été son truc autrefois. Leur montrer quelques principes de survie, de reconnaissance, de défense. Il avait découvert ça avec Jameson et il avait pas arrêté après. Martin, c’était un des derniers. Depuis quelques années, ça le fatiguait. L’âge, peut-être. La lassitude, plus encore. Ces derniers mois, il avait préféré évoluer seul. Mais aujourd’hui, il pouvait pas. Cette mission, en solo, c’était du suicide. A deux aussi, mais déjà moins. Il grogne, compose le numéro. Baragouine un truc en chinois-anglais-russe avec quelques insultes en français, pour colorer le tout. Raccroche en soupirant, coche quelques cases sur un papier noircit de son écriture. Les derniers détails sont bouclés. C’est pas optimal, mais ça devra faire l’affaire. Kyte jette un coup d’œil au gosse, qui dort la bouche ouverte. Décide de le laisser dormir encore quelques instants.

Trois heures plus tard, il saute à ses côtés, plaque sa main sur sa bouche. Il avait prévu de le laisser dormir plus, à l’origine. Mais c’était sans compter l’hélicoptère qui s’est mis à tourner au-dessus de leur piaule. Les képis chinetoques l’ont retrouvé. Merde. Dans ses yeux, une lueur de folie. Sur son front diaphane, la transpiration perle. Il est cerné. Martin ouvre les yeux, lui demande ce qu’il se passe. C’est ça qui lui met la puce à l’oreille. Le gosse aurait du entendre. Kyte s’écarte, passe une main tremblante sur son front. Il se rassemble. Lui non plus n’entend plus rien. Sans répondre, il se déplace d’un mètre, écarte une planche de bois de ses mains, regarde à l’extérieur. Rien. La nature et puis c’est tout. Si un hélico était réellement là une minute plus tôt, il l’entendrait, le verrait s’éloigner. Il plisse le nez, se frappe violemment le front de son poing. Une fois, deux fois. Trois. Une. Putain. D’hallucination. Encore. Il a bien des médocs pour ça, mais il refuse de les prendre. Ça le rend lent. Calme. Et il peut pas être comme ça aujourd’hui. Pas pour une mission. Quel dilemme merdique.

- C’est rien, qu’il dit au gamin, avec un sourire de côté qui ne touche pas ses yeux. Je teste tes réflexes. T’es prêt ?

Il attend pas sa réponse. Il resserre les lacets de ses chaussures de randonnée en tissu goretex. Enfile son blouson, balance son sac à dos par-dessus son épaule. Il demande pas à Martin de le suivre. Il sait qu’il le fera. C’est comme ça entre eux. Pas besoin de paroles pour se comprendre. Il jette un coup d’œil nerveux autour de lui puis vers le ciel. Il sait que c’est sa putain de psychose qui lui joue des tours. N’empêche qu’il est pas serein. Comme la voie est libre, il court jusqu’à la voiture, s’y installe. Il attend que Martin soit à ses côtés et met le contact. Au loin, le soleil se couche derrière une chaîne de collines, mais il fait encore clair. Pas grave, ils ont un peu de route avant d’arriver à destination.

- Sur le festival, y’a plein d’amateurs qui vont se ramener demain avec cinq ou six clébards récupérés dans la rue ou volés à leur voisins. Il explique alors que le 4x4 fend le désert chinois. Le gouvernement essaie de te faire croire que c’est ça l’esprit Yulin. Une p’tite fête sympatoche entre voisins. Il crache ces mots. La haine déforme ses traits. Empoisonne son jugement. C’était p’être ça y’a dix ou vingt ans, je sais pas et je m’en branle. Aujourd’hui, avec les médias y’a des touristes. Et là où y’a des touristes, y’a du fric. Ces toques ont beau être cons, ça ils l’ont bien compris. Des industriels. Des mecs qui font ça à grosse échelle et paient des locaux pour torturer ces pauvres bêtes sur la place publique. Sauf que les chiens, ils les stockent tous au même endroit. C’est là qu’on va ce soir. Y’aura quelques toques sur place, pas vraiment armés. Ces cons n'ont aucune idée qu’on connait leur p’tit secret.

Cette fois, un sourire fend son visage. Amusement, sadisme, et une légère hystérie. Kyte est à moitié cinglé, et il le sait. Quelque part, il l’a toujours été, mais ça s’est pas vraiment arrangé. Étrangement, Martin et Jameson s’en sont jamais vraiment formalisés, alors lui non plus.

- On va aller leur pimenter cette petite soirée aux niaks !

Il frappe sur le volant, éclate de rire et pousse un cri de guerre joyeux. Un hurlement entre le loup déréglé et le coyote en train de muer. Puis il se tourne vers Martin. Un large sourire découvre ses dents. L’appel de la vengeance brille dans ses iris d’acier. La soif de violence, aussi. Et, dans une certaine mesure, la folie.

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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyJeu 30 Juin 2016 - 16:06


J’avais oublié ce que c’était que de se faire ainsi surprendre dans son sommeil. Va falloir que je m’y habitue à nouveau, surtout si je passe plusieurs nuits avec Kyte. Il est extrêmement fiable, je confierais ma vie à cet homme et je sais qu’il la protègerait avec la sienne. Et pourtant, il se retrouve là, sur moi, une main plaquée sur ma bouche, une lueur de folie dans les yeux. Si je ne le connaissais pas mieux je penserais qu’il voudrait me tuer. Il pourrait le faire sans problème. Il est tellement plus costaud que moi. Et pourtant … il n’en fait rien. Lorsque je lui parle, il semble reprendre conscience et se recule. Il m’observe puis se détourne et regarde vers l’extérieur avant de me dire qu’il testait simplement mes réflex. Je fronce les sourcils, ayant beaucoup de mal à le croire mais hoche tout de même la tête.
 
 «Je vois » dis-je simplement en me redressant. Je le vois qui se prépare et j’en fais de même. Mon couteau retrouve à nouveau sa place dans son fourreau, je vérifie mes lacets et les sert un peu  puis épaule mon sac à  dos et me relève au moment où Kyte m’indique de le suivre. Sans plus attendre je le rejoins à l’entrée du cabanon puis sprint derrière lui pour monter dans la jeep. Il démarre en trombe laissant un nuage de poussière derrière nous. Balloté de droite à gauche, je parviens à me sortir totalement de la torpeur et porte mon regard sur mon grand-père lorsqu’il se met à m’expliquer en quoi consiste notre escapade de ce soir.
 
Nous allons aller dans un entrepôt où ils stockent la plupart des chiens. Et après ? Les délivrer, certes, mais on en fera quoi ? On les mettra où ? Je laisse Kyte finir de parler puis hoche la tête  « Mon couteau et moi te suivrons jusqu’au bout !» m’exclamais-je d’un ton solennel comme le faisaient les chevaliers médiévaux, avant de reprendre mon sérieux  « Tu sais combien il y aura de chiens ? A peu près ? demandais-je  « J’ai fais quelques recherche sur le festival avant de venir. Je te propose qu’on fasse aussi bouillir vivant ces connards d’humains après qu’on les ais dépecé.» je regarde Kyte  « Hm ? T’en pense quoi ? Bonne idée non ?» je soupire doucement  «Enfin sérieusement, tradition… tradition … comme la corida en Espagne, le massacre des dauphins au Japon et le massacre des baleines sur les Îles Féroées. Putain …  » je me passe une main sur le visage  « Avec les Sea Sheppherd on va sûrement  aller au Japon encore cette année et l’année prochaine on sera sans aucun doute en Scandinavie» je lance un coup d’œil vers l’homme  « Je ne dirais pas non si tu étais de la partie» je pince les lèvres puis secoue la tête  « mais concentrons-nous … je… on va faire quoi de ces chiens qu’on sauve ? Tu as des contacts qui nous attendent ? J’ai quelque collègue de différentes associations de protections des animaux qui vont être sur place demain. Et ce soir aussi si je leur demande » je sors mon portable puis la caméra gopro que j’ai acheté la semaine dernière  « Je pense qu’elle pourra nous servir celle-là» souriais-je en la montrant à mon mentor avant de remettre le tout dans mon sac et m’adosser contre mon dossier  « On en a pour combien de temps ?» je me penche en avant  « Un peu de musique ne nous fera pas de m…» je m’effraie brillamment lorsque la chanson démarre avec le son à fond. Je soupire en baissant le volume  « ça m’étonne que t’ais pas encore de problème d’auditions hein…» grognais-je en mettant un volume correct.  « C’est bon ça …» commentais-je la musique  « C’est quoi ?» Je parle beaucoup ? Nooooooon, à peine …
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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyMer 13 Juil 2016 - 3:01


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Martin & Kyte ○ Yulin, Chine - 2014
Kyte est presque surpris que le gamin le laisse finir sans l’interrompre. Martin, son deuxième nom ça doit être un truc du genre « moulin à parole ». Et d’ailleurs ça coupe pas. Après un bref serment d’allégeance, le débit est lancé. Quelques questions techniques, dans un flot d’indignation et d’informations mélangées. Kyte essaie de faire le tri. Eh, du calme gamin, je suis plus tout jeune. J’ai pas l’esprit aussi vif que toi. Qu’il aimerait bien lui sortir. Mais ça pourrait le lancer sur un autre sujet. Alors il fronce les sourcils, les yeux fixés sur la route, et essaie de se concentrer sur les points important.

- Une centaine de chiens. P’être plus. Ça dépend si les niaks sont hyper cons ou juste légèrement.

Il penche plutôt pour la première option et ça l’arrange un peu. La voiture fait un bond sur la route rocailleuse et ses lèvres esquissent un sourire acerbe. Pas parce que son cul vient de taper violemment sur le siège, non. Parce qu’il aime bien l’idée du gamin. Le truc de les ébouillanter vivant et tout le bazar. C’est pas Kyte que ça dérangerait. Ces sous merdes méritent bien pire. Mais l’expérience lui a appris que ce genre de vengeance est une perte de temps. Et retarder la mission, c’est risquer de se faire prendre. Ne pas pouvoir sauver les animaux à temps. Alors il penche plutôt pour une mort rapide et efficace. Un truc sobre. Genre une balle entre les deux yeux ou une lame à travers la nuque. Il réalise même pas que cette méthode est discutable. La violence est son quotidien depuis tant d’années. Il a appris à justifier ses pires actes. A vivre avec. Au début, le visage des morts revenaient le hanter. Maintenant, il rêve tout simplement plus. Ça règle la question.

- Y’a d’quoi faire au Danemark. Il approuve avec un hochement de tête. De vrais sauvages. Je m’y suis frotté y’a quelques années. Mais crois-moi, 'vaut mieux pas que j’y remontre ma face.

Ça l’emmerde, parce qu’il le suivrait bien sur ce coup-là, le gamin. Mais il est pas vraiment le bienvenu sur ces terres. Une « petite » querelle qui remonte à sa dernière visite et qui lui vaudrait un séjour tous frais payés derrière les barreaux. A moins que ces enfoirés de Danois ne décident de le livrer à la Norvège, ce qui serait pas vraiment une option plus alléchante. C’est comme ça partout où il passe, Kyte. Les lois l’emmerdent, alors forcément les forces de l’ordre l’ont pas vraiment à la bonne. Il réalise bien qu’il pourra pas continuer comme ça indéfiniment. Qu’un jour, y’aura plus un seul continent où il pourra mettre les pieds. Dans ces moments, il se dit que Jaimie avait peut-être raison. Mais lui, il sait rien faire d’autre. Et puis c’est pas en lisant des lois assis derrière un bureau qu’il va sauver des chiens ce soir, pas vrai ? Parlant de chiens, le gamin a évidemment une énième question là-dessus. Kyte fronce les sourcils, se penche par-dessus le volant pour observer la route, et bifurque brusquement sur un petit chemin de terre à peine visible. Le choc projette Martin contre la portière. Mais il est costaud, il s’en remettra.

- Nous, on se charge des toques, puis c’est un camion qui récupère les chiens. Direction « hope for paws » à Macao. C’est eux qui vont les soigner et tenter de les faire adopter. Mais gardes la main sur tes collègues, parce que demain…

Il soupire, secoue légèrement la tête et se masse les sinus comme pour chasser une migraine. Demain, on risque pas d’en sauver des masses si on est que deux. Demain, tu vas voir des trucs qui te hanteront jusqu’à la fin de tes jours. Demain, tu mets un pieds en enfer, mon p'tit. Les mots bloquent dans sa gorge. Il sait que le gamin a la peau dur, mais que c’est aussi un sensible. Et il a pas envie de le décourager. Alors il ferme sa gueule.

- Demain on aura besoin de toute l’aide qu’on pourra trouver.

Il conclut finalement, et ses lèvres se scellent à nouveau. Il y fait même pas attention. Ses yeux fixent la pénombre qui les entoure à présent. Il roule en feux de position, pour plus de discrétion, et la route est pleine de crevasses qui les secouent pas mal. Le gosse s’agite à côté, lui montre un truc mais Kyte capte pas sur le moment. Foutu trouble de l’attention. Puis il se met à tripoter l’autoradio qui crache immédiatement un southern rock rythmé à plein volume. Martin panique vaguement, et ça fait bien marrer Kyte, sur le coup.

- Merde gamin, c’est un classique. Il se moque gentiment. « This Life ». La vie qu’tu mènes quand tu flirtes avec le liberté, et le danger qui va avec.

Il secoue la tête, un sourire amusé aux lèvres. Puis nostalgique. Parce que ça lui rappelle les grandes virées à moto. Son club. Sa famille de cœur et de sang mêlés. Et il aime pas penser à ça. Pas avant une mission. Ça le fou dans une humeur massacrante. Son bonheur de l'époque lui rappelle trop la merde dans laquelle il nage aujourd’hui. Il essaie de faire le tri dans son bordel mental. De se raccrocher à l'instant présent, sans la voiture. Manque de bol, il se focalise sur le truc que Martin a sorti de son sac quelques instants plus tôt. L'analyse, à retardement.

- C’est quoi cette merde ? Il marmonne en plongeant la main dans le sac de Martin pour en sortir l'objet. Une caméra ? Range moi ça gamin, on filme rien ce soir.

Il secoue la tête, un rictus aux lèvres. Les jeunes et la technologie. Il comprend pas pourquoi ils sont tous accro aux photos et aux vidéos. Pour dénoncer des trucs, pourquoi pas. Mais pas pour ce genre de mission. Merde alors : couvrir leurs traces sera déjà assez compliqué sans qu’ils filment eux même des images permettant aux flics de les incriminer. Le froid se fait dans l’habitacle, et un frisson désagréable parcours son échine. Kyte jette un coup d’œil suspicieux à Martin. Et si c'est son but, justement ? Si Interpol le tient par les couilles ? Le gosse n'est pas un traître, Kyte en est persuadé. Mais... Il sait de quoi ces "justiciers" sont capables pour attraper un mec comme lui. Et il est pas sûr que Martin en ait assez dans les tripes pour ne pas le balancer. Un tic nerveux agite sa paupière inférieure et il freine brusquement la voiture. Attrape son flingue dans la boite à gants.

- Sort de la bagnole.

Il dit d’une voix neutre, sans un regard pour Martin. Il attend que le gamin s’exécute, puis il descend à son tour. Contourne la caisse pour se retrouver face à lui.

- Balance ton sac à mes pieds et retire ton tee-shirt.

Cette fois-ci, sa voix est carrément sèche. Il arme le flingue d’un geste expert et relève un regard froid vers Martin. Celui d’un animal sauvage traqué qui ne fait plus confiance au genre humain depuis longtemps. Il pointe pas le flingue sur lui. Pas encore. Mais il hésitera pas si le gosse fait le moindre geste louche.

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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyMer 13 Juil 2016 - 8:37

Je parle beaucoup. J'ai toujours beaucoup parlé. Par nervosité souvent, mais apparemment quand je parle je met les gens à l'aise. Je ne suis pas du genre à instauré des malaises lorsque je parle. Et pourtant je sais que Kyte préfère le silence, qu'il n'est pas du genre à aimé les conversations qu'on meuble pour ne rien dire. Mais je n'y peu rien, je n'aime pas le silence, ça vient naturellement. Cela dit, avec Jameson, je parlerais encore plus je pense. Jameson... en pensant à elle je sens mon cœur se serrer. Que penserait-elle du fait que sois ici, près à attaquer les gens sur le festival de Yulin ? Mais surtout, que penserait-elle du fait que je sois avec Kyte ? Kyte, son mentor à elle, qui ne lui a plus donné signe de vie depuis bien longtemps ? Je soupire doucement. Devrais-je lui avouer la vérité ? Je lance un coup d’œil sur mon portable. Un SMS rapide, quelques mots à l’abri du regard de mon grand-père. Au moins pour la prévenir. Ce serait la moindre es choses, non ?

Mais Kyte me sort de mes pensées, disant que nous devront sauver une bonne centaine de chiens qui seront ensuite transporté en camion jusqu'à une association qui les prendra en charge. J'hoche la tête pour lui signifier que j'ai bien compris puis refait le même signe lorsqu'il me dit de garder mes contacts pour demain car … grosse hésitation de sa part. Je tourne mon visage vers Kyte, le dévisage, fronce les sourcils, essaie de savoir ce qu'il pense, mais il reprend la parole, disant qu'on aura besoin de gonfler nos rangs demain car à deux ça ne va pas être possible. J'hoche la tête et range mon portable.

 « Ouais, ok je com-...» mes paroles sont coupés par une brusque viré, sans que la voiture ne ralentisse. Je suis projeté violemment contre la porte et encaisse le choc comme je peux. Je me redresse lorsque la voiture reprends la route en ligne droite et me frotte un peu l'épaule.

Mon coup avec l'autoradio fait marrer Kyte. Il se déride enfin ! Je crois que je ne l'ai jamais vu sourire de cette manière. Ça fait du bien. Mais ce n'est pas pour longtemps.Il reprends rapidement son air grave... jusqu'à ce qu'il tombe sur la caméra que j'ai sortie. Sa réaction est instantanée : on ne film rien. Absolument rien et je dois tout ranger. Je le regarde, quelque peu ahuris, avant d'hausser nonchalamment les épaules et faire comme il me dit. La caméra retrouve donc sa place dans mon sac, ni vue ni connue. Mais Kyte semble stressé d'un coup.

Il freine brusquement et je me rattrape au tableau de bord. Heureusement que j'avais pensé à mettre ma ceinture. Je soupire et le fusille du regard  «Tu vas encore nous tuer avant qu'on arrive à destination » grommelais-je avant de m'exécuter lorsqu'il me dit de sortir. La suite, elle, est bien plus … bizarre ? Je contourne le véhicule, il me dit de jeter mon sac à ses pieds et d'enlever mon t-shirt. Je le regarde  «Quoi … ? mais … pourquoi ? Kyte je ... » mon regard tombe sur son arme qui commence à se lever doucement vers moi. Je dégluti et secoue la tête  « Qu'est-tu fous ?» demandais-je en me reculant d'un pas. Je fini par lâcher la hanse de mon sac à dos et le balance vers Kyte avant d'en faire de même avec mon t-shirt.  «Qu'est-ce t'as ? » reprenais-je, plus durement, ma main se refermant sur le manche de mon couteau. Certes, je n'aurais aucune chance avec mon petit couteau de chasse s'il venait à actionner son arme mais ça me rassure un petit peu quand même.  « M’dis pas que tu me penses sérieusement capable de te trahir ?» je l'observe puis éclate de rire. Un rire moqueur en reconnaissant le masque qu'il a affiché sur son visage  «T'es sérieux là ? » je secoue la tête en me calmant un peu et m'avance vers lui. Je me tourne dos à lui et écarte les bras.  « Vas-y, fouilles ou tues-moi, comme tu veux» ne jamais tourner le dos à son ennemi, n'est-ce pas là une des règles fondamentale d'un combat ? Eh bien, certes. Mais de cette manière je signifie à Kyte à quel point je lui fais confiance et que je ne suis aucunement pas un traître. Et puis, je sais que Kyte ne m'a pas fait faire tous ces kilomètres pour m'abattre ici. Il est capable de tout, mais de tuer son petit fils de cette manière.
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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyMer 13 Juil 2016 - 15:21


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Martin & Kyte ○ Yulin, Chine - 2014
Debout au milieu du désert chinois, Kyte attend. Son arme est lourde dans sa main. Le métal, froid. Comme son regard, qu’il braque sur Martin sans une parole. Le gosse hésite, se met à bredouiller des questions, alors Kyte soupire et relève doucement son arme. Il veut pas en venir là. Merde, abattre ce gamin, ça lui ferait un coup. Mais s’il bosse avec Interpol, il n’aura pas le choix : les mouchards ne méritent que la mort. Allez, fais pas le con gamin. Il implore mentalement. Martin recule, hésite. Puis il balance son sac à ses pieds et retire son tee-shirt. Kyte ferme les yeux une seconde. Une once de soulagement. Il sera peut-être pas obligé de le buter finalement. Tant mieux, parce que sinon Jaimie lui arracherait les couilles. Ou pire. Le flingue toujours braqué sur Martin, il se penche, ouvre le sac. Dedans, quelques cartes, des barres énergétiques vegan (pas con), sa fameuse caméra. Quelques autres trucs utiles pour leur mission. Rien d’autre. Pas de micro étrange. De puce de géolocalisation. Il se redresse vers Martin qui se marre à présent, comme si c’était une bonne blague bien douteuse. Kyte aimerait bien. Mais ça le fait grincer, ce rire. Ça lui rappelle à quel point il est pas net. A quel point ouai, il était sérieux, et prêt à lui tirer dans la gorge quelques secondes plus tôt. Et ça lui fait peur. Parce que Martin est le seul mec en qui il a encore confiance. Et que l’espace d’un instant, il l’a oublié. Il en a dans le pantalon, le gamin. Il s’en branle de tout son bordel mental, et fait quelques pas dans sa direction. Écarte les bras et lui tourne le dos. Vulnérable, exposé. Kyte soupire et abaisse son arme. Il secoue la tête. Merde. C’est de pire en pire, cette paranoïa. On l’avait bien prévenu. C’est pour ça qu’il a les pilules dans sa poche. Par acquis de conscience, il observe le dos de son p’tit-fils. Le contourne pour se retrouver face à lui. Le regarde de bas en haut, puis vient planter son regard d’acier dans le sien.

- T’es réglo. J’aurais dû le savoir.

Qu’il dit d’une voix ferme. Il est en colère, contre lui-même. Contre ces petites bêtes qui lui bouffent le cerveau. Altèrent son jugement. Il attrape l’épaule du gamin, la serre un peu fort et hoche la tête. La fierté l’empêche d’en dire davantage, mais ses yeux brillent d’une lueur plus parlante. Reconnaissance. Confiance. Fraternité. Il lui donne une petite tape et s’écarte à nouveau.

- Les temps sont rudes.

Il marmonne comme si ça expliquait tout. Il lui balance son tee-shirt et son sac à dos. Puis sans un mot de plus, il remonte dans la voiture. Là, assis tout seul face au volant, il se dit qu’il aurait peut-être pas dû appeler le gamin. Parce qu’il est devenu un danger public avec ces conneries. Mais surtout parce qu’il veut pas que ça se sache. Jaimie… elle serait capable de venir ici et de le ramener en Australie par la peau du cul. Lui foutre un traitement par intraveineuse et une laisse autour du cou pour qu’il quitte pas son garage avant d’avoir repris ses esprits. Mais Kyte est pas certain que ce soit possible. Et il a trop de trucs à faire. Trop de missions à mener, d’animaux à sauver. Et c’est pas des petits pétages de plombs qui vont l’en empêcher. Il regarde Martin qui saute sur le siège à ses côtés.

- T’es prêt ?

Il attend pas. Il met le contact avant même que son co-équipier ait le temps de fermer la porte. Ils ont perdu du temps avec ces conneries. La jeep fend le désert jusqu’à une petite route. Plus praticable, mais aussi plus exposée. Kyte ralenti, s’arrête derrière un buisson et coupe le contact.

- Tu vois le hangar là-bas ? C’est là que sont les chiens. Il est gardé par quatre toques. J’ai essayé de trouver une logique à leurs rondes, mais y’en a pas. Alors on a pas d’autres choix, on fonce dans le tas.

A nouveau, il s’empare de son arme. Sauf que cette fois, il la braque pas sur Martin. Il sort de la voiture et la contourne pour aller fouiller dans son coffre. Pendant ce temps, il continue ses explications.

- Il y a deux moyens d'entrer dans ce merdier : cette petite fenêtre que tu vois à l'arrière, et la porte avant. Toi, tu te planques à côté de la fenêtre pendant que je fais le tour. Dès que je te quitte, tu comptes trente secondes et tu pètes la vitre pour entrer. Compris ? Ils sont pas franchement entraînés, mais ils sont armés. Alors s’ils refusent te coopérer ou qu'ils comprennent rien, tu réfléchis pas : tu tires.

Il sort un deuxième flingue de son coffre, vérifie la charge. Hoche la tête, retire la sécurité et la tend à Martin, cherchant son regard.

- Tu sais te servir de ça ?

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Dernière édition par Kyte Savard le Ven 15 Juil 2016 - 19:43, édité 1 fois
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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyMer 13 Juil 2016 - 16:10


Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas paniqué. Même lorsque l’arme de Kyte pointait sur moi, que mon cœur me hurlait de me mettre à l’abri, je n’en ai rien fait. Mon esprit, lui, était calme. Je connais Kyte. Je sais qu’il est atteint mentalement, mais je sais qu’il n’est pas con, au contraire. Sans doute aurait-il trop peur des conséquences de ma mort. Que ce soit sa conscience à lui qui sera plus pesante pour alors Jameson qui lui arracherais sans doute littéralement les couilles … je sais que jamais il ne me fera de mal. Du moins, pas dans ce genre. Je me suis déjà pris plus d’une raclé, plusieurs coup de points et un nombre incalculable de claque de la part de cet homme. Il m’a même déjà frappé de manière à me pété une côte parce que j’ai merdé pendant une mission, mais ce n’était pas fait exprès. En somme, je sais que jamais Kyte ne me blesserait délibérément.
 
C’est pour ça que je me mets dos à lui. Nu, vulnérable, je me place clairement en position d’infériorité par rapport à cet homme. C’est lui qui à la main, il peut tout me faire maintenant. Mais il n’en fait rien. Je l’entends soupirer avant qu’il ne me contourne pour passer à côté de moi. Face à moi, il m’observe longuement puis dit que je suis réglo et qu’il aurait dû le savoir. J’abaisse mes mains et affiche un air entendu en haussant innocemment les épaules  «Un jour tu arrêteras de douter de moi, papy » lançais-je jovialement avec un large sourire en allant gentiment frapper son épaule avec ma main.
 
Pour toute réponse, il attrape mon articulation et la broie presque sous ses doigts. Je grimace et m’abaisse pour échapper à son emprise avant de soupirer lorsqu’il me lâche.  « Au moins t’as apprit à choisir la bonne épaule …» soufflais-je en me massant l’articulation. Kyte s’était toujours fait un malin plaisir à me broyer l’épaule droite, soit celle que je m’étais luxée il y a quelques temps auparavant. Cette fois-ci c’est la gauche, et heureusement. Il me dit que les temps sont rudes puis me balance mon t-shirt et mon sac. J’attrape le tout, fait tomber mon sac et panique un peu lorsque j’entends un craque. Je me baisse vivement et fouille, remarquant avec soulagement que seule ma bouteille d’eau à fait ce bruit. Ma caméra et mon portable sont encore en bon état. Je me redresse rapidement et saute dans la voiture. J’ai à peine le temps de refermer la porte que Kyte démarre en trombe.
 
Je remets mon t-shirt puis attache ma ceinture et remet les choses en place dans mon sac. Je le referme puis me redresse. Silencieux, nous parcourons le désert jusqu’à arrivé à un hangar. Là Kyte éteint la voiture et ressort son arme, pointant cette fois-ci le canon sur ledit hangar. C’est donc là-dedans que se trouvent les pauvres chiens, ceux qu’on va devoir sauver aujourd’hui pour leur éviter de plus atroces souffrances.
 
Le plan est simple : je dois briser la vitre, trente secondes après que Kyte m’ait quitté. Les gardes ne sont pas entrainés mais armé, donc je ne dois pas réfléchir, mais tirer. Je regarde l’homme et fronce les sourcils. Mais la réponse vient toute seule : il me tend un pistolet. Je l’observe longuement, déglutis, puis l’attrape délicatement dans mes mains, hochant distraitement la tête lorsqu’il me demande si je sais m’en servir.  «Tu déverrouilles, tu armes, tu pointes, tu tire. » je relève mon regard sur Kyte  « C’est ça … ?» demandais-je, incertain. Kyte hoche la tête simplement et se redresse.
 
Je prends une profonde inspiration et me redresse aussi. Après avoir attendu quelques instants, nous sprintons vers la vitre. Je suis content d’avoir laissé mon sac à dos dans la voiture, ça ne m’encombre pas. J’ai juste prit mon portable, et les faux papiers que j’ai trouvé dans la boîte à gants, mon couteau accroché à ma ceinture, une corde enroulée dans une des poches de mon pantalon et c’est tout. Une barre de céréales énergétique aussi, ne sait-on jamais. Dans tous les cas, nous sommes adossés au mur. Kyte me regarde, je croise son regard puis hoche la tête et il s’en va. Dès qu’il sort de mon champs de vision de ferme les yeux et prends plusieurs inspirations, commençant à compter jusqu’à 30.
 
Lentement. Arrivé à 28 je rouvre les yeux, laisse passer encore plusieurs secondes et continue jusqu’à 32 avant de prendre une profonde inspiration et me lever d’un bond. Avec force j’envoie le manche de mon pistolet contre la vitre qui se brise. Au même moment retenti un coup de feu. Sans plus attendre, je m’engouffre par la fenêtre, bien content de ne pas être bien épais, et me met en sécurité derrière des barils d’huile. Sans doute qu’ils utiliseront pour faire bouillir les chiens. Je sens un haut le cœur me prendre, mais je résiste à l’envie de vomir. Je dois être concentré. J’arme mon pistolet et le tien bien fermement dans ma main jusqu’à en voir mes phalanges. Les choses sérieuses commencent maintenant.
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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyVen 15 Juil 2016 - 21:19


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Martin & Kyte ○ Yulin, Chine - 2014
Kyte hausse les sourcils et fixe Martin, hébété. Il arrive pas à croire que le gamin ne sait pas se servir d’un flingue. Qu’il lui a jamais appris. Merde alors. Un instant, il regrette que Jaimie soit pas là avec eux. Elle tire pas mal, la gamine. Avec un calibre, il veut dire. Le reste, il sait pas et il veut pas le savoir. Y’aurait des couilles qui se perdraient. Mais ça, c’est un autre sujet. Il esquisse une légère grimace, hoche la tête. Armer, pointer, tirer. Il saura s’en contenter. Dans le pire des cas, il tire dans le vide, et ça suffira à faire flipper les niaks. Tant que Martin ne le canarde pas lui, ça lui va. Kyte lui tapote l’épaule avec un sourire sans joie, fait un signe de tête en direction du hangar. Et ils s’élancent, le corps courbé, l’arme à la main. Aussi discrets que possible dans la pénombre. Arrivé à la vitre, il cherche à nouveau le regard de Martin, lui fait signe de commencer à compter. Quand le gosse hoche la tête, Kyte lui répond en clignant des yeux, puis il disparaît dans les broussailles.

1, 2, 3 - les herbes sèches crissent discrètement sous ses pieds alors qu’il longe la bâtisse. Les nuits sont calmes dans le désert. Les murs du hangar, épais. Pas un bruit ne s’en échappe. 15, 16, 17 – la porte d’entrée est au prochain tournant. Il cale son dos contre le mur, monte son arme au niveau de sa poitrine, jette un rapide coup d’œil sur le côté. Merde ! Il jure en silence, une expression agacée déforme ses traits. Qu’est-ce qu’il fou là ce con ? Un toque se tient devant la porte, la clope au bec. Kyte patauge une seconde, indécis, et le couinement d’un chien terrorisé le rappelle à l’ordre. Il prend une inspiration, visse le silencieux au bout de son arme. Pas de place pour les doutes. Pas de quartier. Il sort de sa cachette, vise. L’homme ouvre la bouche, surpris. Essaie de crier. Mais la balle transperce sa gorge, le réduit au silence. Le sang s’écoule sur ses mains et Kyte se précipite à ses côtés. Il l’attrape par les épaules, le fait glisser sur le sol. Sans le moindre bruit. Fais de beaux rêves, trouduc’. Il en était où déjà ? 27, 28 ? Un truc comme ça. C’est sans importance à présent. Au loin, il entend la fenêtre arrière se briser, et il sait que le gamin est déjà dans la place. Alors il fonce dans le tas, lui aussi. Il gueule pour attirer l’attention des niaks. Les troubler. Les éloigner de Martin, surtout.

D’abord, ils comprennent pas bien ce qui leur arrive, les deux mecs assis par terre. Ils reposent le truc qu’ils étaient en train de cuire et de mâcher puis se relèvent en s’agitant un peu trop. Cherchent leurs armes autour d’eux. Ils se mettent à gueuler des trucs dans leur langue bizarre et Kyte cherche même pas à comprendre. Ses yeux n’arrivent pas à se détacher de la carcasse sur le sol à leur côté. Un chien. Pas vieux. Ses jambes arrachées, c’est ça qu’ils faisaient cuire dans les flammes du fût en acier. Putain de barbecue improvisé. Kyte remarque même pas le troisième garde quand il se ramène. Juste quand il se met à lui tirer dessus. Il vise tellement mal que les balles ricochent sur le mur derrière lui. Alors Kyte relève lentement la tête. Les dévisage, la haine dans son regard. Les mecs devant lui sont à peine adultes. Probablement pas la vingtaine. Mais en cet instant précis, Kyte s’en branle. Il lève son flingue, tire trois coups. Un pour chaque gosse dont la gueule vient s’étaler sur le bitume. Le sol prend une teinte rougeâtre. Jolie. Kyte regarde le sang couler, puis lève les yeux vers le ciel, étire les muscles de son cou. Il s’accroupi, le canon brûlant de son arme contre son front. Cramant sa peau. Il se balance vaguement d’avant en arrière. C’était nécessaire. Qu'il se dit. Bordel, c’était nécessaire. Ces mecs sont des monstres et les monstres ne méritent pas de vivre. Il prend une inspiration, remarque Martin qui sort de derrière les barils d’huile, l’air un peu flippé. Alors il se redresse, force un sourire sans joie, et vient lui coller une tape dans le dos. Au même moment, un camion approche, au loin. Kyte sait qu’il s’agit de son contact. Ça peut être personne d’autre.

- Bien. Bien.

Il marmonne à l’intention de Martin. Il regarde autour de lui, et ses yeux se posent sur les cages. Tant de cages. Et là-dedans, les chiens s’agitent. Les coups de feu, ça les a tous sortis de leur torpeur, et ils sont maintenant bien réveillés. Certains couinent faiblement. D’autres rongent les barreaux de leur prison. Faudra faire gaffe à ceux-là. Kyte l’a appris à ses dépens.

- Fais le tour des cages. Regarde si y’a des chiens qui ont besoin de soins en urgence ou qui pourront pas être transportés en l’état. Pendant ce temps, je vais essayer de trouver de quoi hisser les cages dans le camtar.

Avant que le gamin ne s’éloigne, Kyte le rattrape par le col de sa veste et ajoute à voix basse.

- Et reste sur tes gardes. On sait jamais si y’en a pas un qui reste planqué quelque part.

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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptySam 16 Juil 2016 - 16:13

Non, je ne me suis jamais servi d'une arme. J'en avais déjà une en main plus d'une fois, mais je ne m'en suis jamais servi. Et j'aurais bien aimé ne jamais avoir à le faire. Casser une vitre, d'accord, pas de soucis. Mais après ? Et si on m'attaque ? Et si on me tire dessus ? Aurais-je les couilles pour riposter ? Serais-je trop apeuré ? Peut-être me tapirais-je dans un coin ? Peut-être jouerais-je à l'égoïste et je laisserais Kyte se démerder seul ? Je n'en sais rien, je n'ai jamais été confronté à ce genre de situation. Adossé contre le mur, je me concentre sur ma respiration, prends plusieurs profondes inspirations et essaie de me calmer. Mais je n'y parviens pas. Alors, rassemblant ce qui me reste de sang froid, je fini par me redresser et agir comme mon mentor m'a dit de le faire.

Je casse la fenêtre, m'engouffre à l'intérieur et m’accroupis à l’abri des nombreux barils d'essences. Le premier coup de feux me fait tressauter. Le second je ne l'entends déjà plus, le troisième et le quatrième sont très loin. Je ne sais pas comment, mais je me retrouve assit, adossé contre le métal, les mains recouvrant mes oreilles et les yeux fermés. Le visage crispé j'attends que ça se passe. Tremblant, je fini par le redresser lentement et sors de ma cachette. Je vois tout d'abord la carnage causé par Kyte et je sens mon estomac se retourner. Il les a tué. De main froide. Je prends une profonde inspiration, dégluti et vois mon grand père qui est assit là, à côté des corps sans vie. Je le vois encore se balancer deux ou trois fois d'avant en arrière et je sens mon cœur se serrer.

Je l'ai abandonné. Je l'ai laissé gérer lui même tous les gardes. Je n'étais pas là. Je n'ai servi à rien. Absolument à rien. Je m'avance vers lui, le regard baissé, honteux. Quelle image il doit avoir de moi. Mais Kyte se lève, s'approche de moi et me colle une claque dans le dos en marmonnant deux fois 'bien'. Sûrement pas pour me féliciter. Mais peu importe, le temps n'est pas aux remontrances, ce n'est pas le moment. Nous devons sauver les chiens.

Ceux-ci se sont agité avec tout le vacarme. Normal. Ils sont paniqué, apeuré. J'observe un peu les cages, aperçois que plusieurs canidés sont tapis dans leur coin, tremblant et d'autre grognent et aboient, rongeant les barreaux de leur cage. Je déglutis et hoche la tête lorsque Kyte me dit ce que je dois faire. Mais avant que je ne puisse m'approcher des premiers chiens, l'homme me dit de faire attention si jamais quelqu'un est resté cacher quelque part.  «Oui, oui t'inquiète pas » lui assurais-je. Je me dois d'être sur mes gardes, de refaire mes preuves. Je ne peux pas abandonné mon ami encore une fois. Pas maintenant. Il compte sur moi. Alors je m'éloigne lentement, et fait le tour des cages.

Le travail que je fais sur moi est énorme. Les chiens sont, pour la plupart, dans un piteux état. Les poils brûlés, les pattes cassées, les bassins en vrac, je crois que plusieurs d'entre eux ont aussi la colonne vertébrale de brisées. Je sers les dents, ravalant mes larmes et ma rage et m'approche d'une cage. Dedans, un chiot. Il ne doit même pas avoir 4 mois. Amaigris, apeuré, il pleur et, queue rentrée entre les jambes, m'observe en tremblant. Je soupire doucement et l'observe un peu. A part un traumatisme certain, je ne crois pas qu'il soit blessé. Je m'avance, ouvre la serrure de la cage et tends lentement les mains.  « On est tout les deux dans le même états petit» murmurais-je d'une voix rassurante.  «Promis, moi je ne te veux aucun mal » je m'avance, pose une main sur la tête du chien et grimace en le sentant se rétracter d'avantage. Je fini par l'attraper et le tirer lentement pour le prendre dans mes bras. Je le sers contre moi, le caresse avec douceur et lui parle tout en faisant le tour des cages.

Après quelques minutes, je reviens vers Kyte qui est avec ses contacts devant un camion.  « Les cages là-bas sont transportable. Les chiens violent sont dans les coins la-bas. Tu vois les cinq cages là-bas, à gauche ?» demandais-je en désignant lesdites cages  « Les animaux ne peuvent pas se débattre parce qu'on leur a brisé la colonne vertébral. » je frissonne  «Immonde. » je soupire doucement  «La plupart des chiens sont très jeunes et méga traumatisé comme lui » dis-je en désignant le chiot que je garde contre moi.

Je laisse les gens s'occuper des animaux puis leur donne mon petit protéger à contre cœur. Je lui fais une dernière caresse puis me détourne à la recherche de mon grand père. Celui-ci est accroupi un peu plus loin en retrait devant une cage entrain d'essayer de calmer un chien qui ne cesse de grogner méchamment. Mais, trop occupé avec l'animal, il n'entends pas venir un chinois qui s'approche en traître avec un couteau. Ni une ni deux, je m'élance.  « KYTE ! ATTENTION !» hurlais-je. Le chinois s'arrête. Une micro seconde qui me permet de lui sauter dessus dans le sens propre du terme. Nous roulons l'un sur l'autre pendant quelque temps avant que je ne me retrouve sur lui. Je le fixe quelques instant, arrête son coup de couteau en lui attrapant le poignet et lui envoie mon poing dans le visage. Une fois, deux fois, quatre fois. Le cinquième atteint sa gorge et lui coupe la respiration. Il est inconscient mais je continue encore quelques instants avant de me stopper.

La respiration courte, je fixe le mec, déglutis et me passe une main sur la bouche, avant de relever le regard sur Kyte. Je lui offre un léger sourire  «Petite compensation pour avant » dis-je en me redressant. J'attrape la main que Kyte me tend pour me lever  «Désolé, pour avant. Je … j'ai un peu trop paniqué... »avouais-je d'une petite voix. Je me sens encore très honteux.
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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyDim 17 Juil 2016 - 17:32


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Martin & Kyte ○ Yulin, Chine - 2014
Le gamin lui assure qu’il a pas à s’inquiéter, alors Kyte hoche la tête et le libère avec une tape dans le dos. Il le regarde s’éloigner vers les cages, vérifier tout bien comme il lui a demandé. Il secoue la tête avec un sourire. Fier, désabusé, et un peu amusé en même temps. Martin, il est excellent avec les animaux. Dans la logique et la stratégie, pareil. Mais le moment venu, Kyte est pas certain qu’il ait les couilles d’appuyer sur la gâchette. Parce qu’il a un grand cœur comme ça. Il est pas accro à la violence ou à l’adrénaline. Pas comme lui. Le gamin, il les évite dès qu’il le peut. Et Kyte sait pas très bien si c’est une force ou une faiblesse. Alors comme il trouve pas la réponse, il hausse les épaules, fait claquer ses lèvres, et trotte vers l’entrée du hangar. Il pousse la lourde porte en acier, la fait glisser pour dégager le terrain et permettre au camion de s’y introduire en marche arrière. La taule rouillée écorche sa main. Il porte la peau à sa bouche. Désinfecte la plaie de sa salive. Si Jaimie était là, elle lui prendrait la tête avec ses vaccins, le tétanos et toutes ces conneries. C’est bien qu’elle veuille plus venir, finalement. Elle complique tout, sa gamine. Voit le danger à chaque coin de rue. Ça lui fait sortir les griffes. Et pour être honnête, ça l’inquiète toujours un peu, Kyte. Parce qu'elle sait être féroce quand il faut. Quand il faut pas aussi, d’ailleurs.

Il tape dans la main de Ryan, attire le gros barbu contre lui et lui file une claque virile sur l’épaule. Sans un mot, les deux hommes ouvrent l’arrière du camion et y collent une planche, pour pouvoir monter les chiens. Ils échangent quelques brèves plaisanteries. Tentent de se changer les idées. Mais le cœur n’y est pas. Il n’y est jamais plus vraiment, depuis longtemps. Après quelques minutes, Martin revient, avec un clébard entre les mains. Kyte lui caresse délicatement le haut du crâne en écoutant le gamin lui faire un état des lieux. Il opine, un sourire presque paisible sur les lèvres. Parce que le chiot lui lèche les doigts, et qu’un peu de tendresse dans ce monde de merde, ça lui fait du bien. Il a toujours adoré les chiens. Mais la sérénité ne s’attarde jamais trop longtemps, et sa mine s’assombrit à nouveau quand Martin lui parle de ceux qui ne peuvent plus bouger. Qui ont la colonne vertébrale pétée. Un rictus déforme ses lèvres. Plein de tristesse, de haine et de dégoût. Il échange un coup d’œil avec Ryan, qui hoche amèrement la tête. Ils avaient toujours su que certains chiens ne pourraient pas être sauvés. Ils avaient aussi espéré que, pour une fois, ils se trompaient. Mais c’est jamais le cas. Pas dans la réalité. Pas dans ce pays et pas autour de ce putain de festival. « Je m’en occupe », dit simplement Ryan. Il sort une petite trousse de son sac à dos, et Kyte sait ce qu’elle contient. Des seringues. Avant d’être activiste, Ryan était chirurgien véto. Plutôt réputé, le gars. Mais comme tous les mecs en or, la société a fini par le recracher. Il a passé trois ans au trou pour avoir fracassé un mec qui utilisait ses pitbulls dans des combats de chiens. C’est comme ça que Kyte l’a rencontré : derrière les barreaux. Depuis, ils ont fait pas mal d’actions ensemble. Ils se complètent bien. Il le regarde s’éloigner et se tourne vers Martin. Comme il a l’air un peu chamboulé, il lui empoigne à nouveau l’épaule.

- Bien joué gamin.

Il lui prend délicatement le chiot des mains, le donne à une vieille asiat’ qui attend dans le camion. Il l’a déjà vue plusieurs fois mais il sait pas qui sait, comment elle s’appelle, ni même si elle parle anglais. Elle ouvre jamais la bouche. Il sait juste qu’il vaut mieux pas la faire chier, parce qu’elle est du genre coriace. Mais avec les animaux, elle a une tendresse infinie. Alors ça lui va. Elle dorlote le chiot, et il lui semble l’entendre chantonner avant qu’elle le place dans une nouvelle petite cage. Propre et pas rouillée, contrairement à celle d’où il vient. La dernière cage qu’il verrait jamais, Kyte espère.  

- Vas-donc essayer de rassurer les chiens affolés, hum ? Qu’il glisse à Martin avec une tape dans le dos. Ensuite tu les apportes à Mimi pour qu’elle les mette dans le camtar.

Mimi, il sait même pas si c’est son vrai nom. Probablement pas, d’ailleurs. Mais il appelle toutes les asiat’ de la même façon. A cause d’une certaine série télévisée suédoise. C’est plus fort que lui.

- Je me charge de ceux qui ont la rage au ventre.

Kyte enfile ses gants, des trucs de protection en kevlar. Assez épais pour que les molosses puissent pas passer au travers avec leurs crocs. Même sans suivre les indications de Martin, il les aurait trouvés sans problèmes, vu le tintamarre qu’ils font. Certains préfèrent grogner, le museau déformé par un mélange d’agressivité et de peur. Le regard fou. D’autres s’attaquent aux barreaux des cages. S’attaquent eux même, parfois. Mais Kyte n’a pas peur. Ces clebs, ils sont pas mal comme lui dans le fond. Sous la couche de violence et de haine, y’a quelqu’un qui est juste un peu abîmé par la vie. Quelqu’un qu’il faut parvenir à atteindre.

- Hey, hey, hey, hey. Qu’il murmure de sa voix lente et atone s’en s’accroupissant de celui qui fait le plus de boucan. Allons, allons. Du calme.  

Son ton est aussi ferme qu’il est doux. Il approche ses mains de la cage. Le chien gueule de plus belle. Montre les crocs. Essaie de l’intimider. Kyte ne bouge pas, ne le lâche pas des yeux. Plus rien n’existe en dehors du malinois devant lui. Il entend pas le chinois qui approche dans son dos. Seulement le cri de Martin. En une seconde, il est sur ses pieds. A temps pour voir le gamin foncer sur un toque armé d’une lame et le plaquer au sol. Un instant, Kyte est tenté d’intervenir. De sortir son flingue et d’achever le mec avant qu’il puisse blesser Martin. C’est ce que Jaimie aurait fait. Mais pas lui. Parce qu’il faut qu’il se fasse un peu la peau, le gosse. Y’aura pas toujours quelqu’un pour le protéger. Mais tant qu’il sera là, y’aura toujours quelqu’un pour l’aider à se relever, après. Alors quand son p’tit fils a fini de refaire le portrait de leur nouveau pote façon cubisme, il lui tend la main pour l’aider à se relever. Un sourire entendu au coin des lèvres, le regard amusé.

- Te fais pas de bile pour ça gamin. Un jour, je t’apprendrai à tirer.

Il lui broie l’épaule, l’attire contre lui un instant. Puis il désigne le camion d’un signe de tête.

- Va falloir s’y prendre à deux pour sortir ces clebs des cages. Va me chercher deux colliers et deux laisses. Et essaie de mettre la main sur Ryan. S’il a pas fini avec les soins et les euthanasies, c’est toi qui me filera un coup de main. Un sourire fend ses lèvres alors qu’il tâte les pectoraux de Martin à travers sa veste. Alors j’espère que t’as de la force dans les bras.  

Il le regarde s’éloigner en secouant la tête puis se penche vers le chinois qui agonise sur le sol. Du bout de sa chaussure, il déplace légèrement sa tête et l’autre émet un long râle. Comme le mec a vu leurs gueules – et que Kyte sait pas non plus trop quoi en faire – il arme à nouveau son flingue. La balle fait un petit trou entre ses deux yeux, et le corps du mec se détend enfin. Kyte s’en désintéresse aussitôt et s’accroupi de nouveau à côté du chien le plus agressif. En silence. Juste pour l’habituer à sa présence. En attendant Martin, il s’approche peu à peu. Passe les doigts à travers les barreaux. Le laisse lui ronger ses avant-bras gantés en recommençant à lui parler d’une voix égale ou perce l’autorité. Entre deux coups de dents, il parvient parfois à atteindre le pelage de son cou. Le caresser brièvement. Ça calme le chien un quart de secondes, avant qu’il n'attaque à nouveau. Normalement, Kyte s’y prendrait pas comme ça. Mais là, le temps presse. Il peut pas attendre que le chien l’accepte. Parce que dès que Martin sera de retour avec le matos, faudra qu’il passe le collier autour de son cou, pour qu’ils puissent tirer le chien hors de sa cage et jusqu’au camion.  

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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyDim 17 Juil 2016 - 19:40

Je ne vais pas laisser mon grand père se faire attaquer. Surtout pas de cette manière là. Je ne suis pas violent, je déteste la violence, mais je ne suis pas non plus du genre à oublier mes amis. Et je crois que je pourrais donner ma vie pour mes amis. Mais là n'est pas la question. Je sais que Kyte aurait très bien put se défendre lui-même si je l'avais simplement prévenu, mais je me dois de faire mes preuves pour pas qu'il ne me prenne pour un idiot sans couilles. Je refais donc clairement le portrait de ce chinois puis me redresse grâce au coup de main de mon grand père. Celui-ci me dit de ne pas m'en faire, qu'un jour il m'apprendra sûrement à tirer. Je soupire doucement et hoche la tête. Je m'en doute bien. Je sais que ça fait parti de am formation, si je puis dire. Mais je m'en passerais bien.

Enfin. Dans tous les cas, j'accepte ce qu'il me demande de faire et retourne promptement au camion. Là je vois la chinoise qui s'occupe des chiens traumatisé et je lui offre un sourire. Je m'approche ensuite d'elle  « J'aurais besoin de deux colliers et deux laisses. Vous savez où je peux en trouver ?» lui demandais-je. Elle me regarde, méfiante et je me demande un instant si elle m'a comprise, mais fini par désigner l'arrière du camion. J'hoche la tête et lui souris  « Merci» je me détourne en apercevant l'ombre d'un sourire sur son visage, et fouille donc l'arrière du camion.

Je retourne ensuite vers Kyte avec deux laisses et deux colliers.  « Ryan est encore occupé. Il en a sans doute encore pour quelques temps» lui expliquais-je en lui tendant un collier et une laisse.  « Alors, le but c'est de les sortir de ces cages sans se faire déchiqueter vivant, c'est ça ?» lui demandais-je avec ironie. J'hoche la tête lorsqu'il répond par l'affirmative et me dirige vers la cage de l'autre chien.

J'observe l'animal qui, queue entre les jambes et oreilles plaquer en arrière, se tapis dans le fond de sa cage. Lèvre retroussée, il grogne dangereusement. Je m’accroupis en face de lui et soupire doucement  «T'en as vu des choses pas vrai mon beau ... » soufflais-je. Je lance un coup d’œil vers mon grand père puis secoue la tête et décide d'agir par instinct.

C'est sans doute du suicide, mais j'attrape la serrure et la force pour ouvrir la cage. Je m'attends que le chien bondi hors de la cage et me déchire le visage avec ses dents, mais il n'en fait rien. Il me regarde, redresse même les oreilles et incline la tête sur le côté. Il en comprends sans doute pas ce que je lui veux. Je souris en tends une main. Tout en me disant que je ne vais sans doute plus la revoir entière, je lui laisse le temps de s'habituer à moi. Toujours très méfiant, il tends le cou et avance le museau pour renifler ma main.  « Voilà mon beau, c'est ça»dis-je doucement et avançant lentement l'autre main  « Je suis un ami, tu sais ?» continuais-je sur un ton doux et égal  « Ce n'est pas moi qui-...»

Je ne peux en dire d'avantage car Ryan -je crois- sors brusquement de nulle part. Le chien que j'étais entrain de calmer, s'effraie et je sens ses dents pointues se refermées sur mon poignet. Il mord et sers fort, ne donnant pas l'impression de vouloir me lâcher. Mais je reste calme, bien que la douleur menace de me submerger. Si j’essaie de retirer mon bras d'un coup je risque que les dents m'arrachent la peau et les muscles de mon bras. Mais si je ne parviens pas à délivrer mon poignet, je crois que je pourrais rapidement dire adieu à ma main tant je sens les dents qui me scient la peau. Je lance un coup d’œil vers Kyte puis soupire et pose ma main libre sur le museau du chient.  « Tu me lâche ou non ? » je fixe le canidé puis grimace  « Désolé ...» lui assène un coup sec sur le museau. Surprise ou douleur, peu importe, le chien ouvre sa gueule et délivre ma main. Je me recule un peu en serrant mon bras contre moi et soupire doucement.

Ryan me tire vivement en arrière et enfonce un seringue sans le cou du chien. Celui-ci aboie, se débat, mord, puis s'immobilise et s'affaisse de tout son long. Il vient d'être anesthésier. Je croise le regard furieux du vétérinaire qui s'approche de moi.  « T'es totalement inconscient ou quoi ? T'es au courant qu'il aurait put te sauter à la gorge ?» vocifère-t-il. Au lieu de reculer, moi, je me dresse devant lui. Bien que plus petit et bien moins fort que cet homme, je ne le crains  « Il aurait pu. Mais il ne l'a pas fait ! » grognais-je  « Il m'a juste mordu parce qu'il a paniqué. Et ce seulement parce que TOI tu es arrivé comme ça, hop, sans prévenir ! Normal qu'il se soit effrayé» Ryan s'approche de moi encore, se penche vers moi et sert les dents, mais fini par secouer la tête et se reculer.  « Tu ne devrais pas emmener des gamins de ce genre pour des actions comme celles-ci. Si on se fait coffrer, ce sera de sa faute» qu'il dit à Kyte avant d'attraper le corps du chien et l'embarquer vers le camion.

Moi, je reste sur place, le sang dégoulinant de ma main sur mes doigts et recouvrant le macadam. En moi, la rage, l'incompréhension, la trahison. Je me sens humilié et carrément nul. Je voulais bien faire, mais je ne réfléchis pas assez. Pourtant, n'est-ce pas aussi la façon d'agir de Kyte ? Lui est surtout guidé par ses instincts. Enfin peu importe. Notre boulot, ici, est de toute manière fini. Je me détourne, ramasse mon pistolet puis sors du hangar sans un mot de plus et me dirige vers le jeep.
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Message(#)One to change a few. A few to change many. Many to change the world. Starts with one ○ Martin EmptyDim 17 Juil 2016 - 23:23


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Martin & Kyte ○ Yulin, Chine - 2014
Kyte est pas surpris d’entendre que Ryan est encore occupé. Entre les soins d’urgence et les euthanasies, y’a du boulot de son côté. Par contre il comprend pas trop pourquoi le gamin ne lui tend qu’une laisse et un collier. Mais comme il a l’air de piger le principe : les sortir des cages sans se faire déchiqueter, ils opine du chef.

- C’est ça gamin, t’as tout compris.

Sauf qu’en fait pas du tout. Kyte hausse les sourcils en regardant le gosse s’éloigner vers une autre cage. Qu’est-ce qu’il fou ce con ? Il croit quand même pas qu’il va sortir le clebs tout seul ? Perplexe, il le regarde s’accroupir face à la cage, parler au chien. Comme c’est clairement pas le plus agressif du tas, Kyte le laisse faire. Une partie de lui est un peu curieuse de voir comment il compte se démerder. Le goût du danger. De la connerie, aussi. Parce qu’il devrait savoir que ça peut pas bien se terminer. Quand Martin fait sauter la serrure et ouvre la porte, il se passe une main sur le front et secoue la tête. Eh bah si, c’est bien ce qu’il croit. Le gosse tend sa main, et bizarrement le chien l’attaque pas tout de suite. Mais c’est un animal blessé, et ça le rend imprévisible. Kyte est sur le point de lui dire d’arrêter ses conneries, de venir lui prêter main forte, quand Ryan débarque bruyamment. Quand il réalise que le chien est hors de sa cage, il est déjà trop tard. Paniqué, le molosse resserre ses crocs autour du poignet de Martin. D’abord mollement, comme à titre préventif. Puis plus fort, et le sang commence à goutter sur le sol. Tabernacle ! Kyte lève son flingue. Hésite. Si le chien saute à la gorge de Martin, il aura pas d’autre choix que de l’abattre, mais putain ça l’emmerde sévère. Mais le cabot bouge pas, alors lui non plus. Parce qu’il sait que le gamin peut se démerder tout seul. Il est pas con. Il fera à sa manière. Et d’ailleurs il tarde pas à le faire. Un coup sec sur son museau et le molosse lâche prise, assez longtemps pour que Ryan lui saute dessus et l’immobilise au sol de son genoux pour lui injecter un anesthésiant. Le clebs s’agite, grogne et mord Ryan, mais les gants en kevlar le protègent, lui. Ça le calme pas pour autant. La haine dans les yeux, il bondit sur ses pieds, pointe son indexe sur le torse de Martin et se met à lui gueuler dessus. « T'es totalement inconscient ou quoi ? T'es au courant qu'il aurait pu te sauter à la gorge ? » Kyte fronce les sourcils et s’approche. Même s’il est un peu d’accord avec Ryan, il aime pas trop qu’on parle à Martin comme ça. C’est qu’un gosse, bonyeu ! Et comme un ado en colère, le gamin contre-attaque sans se démonter. Ryan plisse les yeux, et Kyte voit bien qu’il est à deux doigts de foutre la raclée du siècle au môme. Alors il accroche son regard et fait une brève négation de la tête. Ryan capte le message, soupire. « Tu ne devrais pas emmener des gamins de ce genre pour des actions comme celles-ci. Si on se fait coffrer, ce sera de sa faute. »

- Arrête donc de chialer et occupe-toi du clébard, tapette. Si on se fait gauler ce sera parce que j’ai éclaté cinq toques, pas parce que ce clebs a confondu le gamin avec son casse-croute.  

Qu’il lui répond au tac au tac. Il aime pas qu’on rejette la faute inutilement, Kyte. Sa mentalité motard. Si la merde leur tombe dessus, ils l’affrontent en bloc, sans chercher à comprendre d’où elle vient ou qui l’a amenée. Il ramasse la laisse de Martin sur le sol et le suit à grandes enjambées. « Eh ! » L’interpelle Ryan alors qu’il dépasse le camion pour sortir. « Tu vas où comme ça ? J’ai besoin de toi pour ramener les quatre derniers chiens ! »

- Contente-toi de gérer les blessés avec Mimi. Je me charge d'eux avec Martin.

Ryan soupire, secoue négativement la tête. « C’est une idée de merde, Kyte. » Kyte hausse les épaules.

- P't'être bien, mais c’est mon idée de merde. Et faut qu’il apprenne sa leçon.

Sans un mot de plus, il remonte la pente qui mène à la jeep. Le gosse a les épaules lourdes, la tête basse. Il avance d’un pas lourd et tient son bras blessé. Alors ça lui fait comme un coup, à Kyte. Il aime pas voir les gens malheureux. Surtout pas ceux à qui il tient. Mais il peut pas le montrer. Pas tout de suite. Parce qu’avant d’être le pote de Martin, ou son grand père, il est surtout son mentor. Et que dans sa tête à lui, on apprend plus d’une baffe que d’une caresse.  

- Hey, hey, hey ! Qu’il gueule au gamin en le rattrapant par le bras. Où tu crois que tu vas comme ça ?

Son regard est dur, sévère. Sa voix pareille. Il remonte la manche de Martin sans prendre de gants. Grimace un peu en voyant la marque des crocs là où ils ont déchiré la chair. Alors il ouvre le coffre de la jeep et sort une petite trousse de premiers secours. Renverse un peu d’alcool à 70° dessus, sans vraiment prendre la peine de le prévenir, et nettoie avec une gaze stérile.

- On a encore besoin de toi là-bas. Ryan est occupé avec Mimi et y’a quatre cerbères à ramener dans le camtar.

Pendant qu’il parle, il enroule le tout dans un pansement sec. Et il serre bien, pour stopper l’hémorragie. C’est pas optimal, mais ça fera l’affaire. Pour l’instant. Là, il relève les yeux vers Martin, et il laisse un bref sourire éclairer son regard de glace.

- Et je sais pas si t’as remarqué, mais c’est pas vraiment un travail pour un seul homme. Il referme le coffre et désigne le hangar du menton. Allez viens, je vais te montrer.

Ni de une, ni de deux. Kyte et le gamin sont de retour à côté des cages. Il s’approche d’un chien qu’à l’air agressif mais pas trop costaud, pour commencer. S’accroupi à côté de la cage et recommence le même manège qu’avec l’autre taré qui gueule toujours quelques cages plus loin. Les mains à travers les barreaux, il laisse le chien mâcher une de ses mains tandis que l’autre agrippe la peau au niveau de son cou. Mélange de tendresse et de domination. Puis brusquement, le chien arrête de mordre, et Kyte profite de l'ouverture pour passer un collier autour de son cou, puis l’autre. Le clebs se remet à brailler et à s’agiter, mais Kyte n’y fait pas attention. Il attache une laisse sur chaque collier, les fait glisser sous la porte de la cage, puis il relève la tête vers Martin avec un sourire entendu. Un peu inquiétant, aussi.

- Et maintenant, mon passage préféré. Il se relève, l’une des deux laisses dans sa main. Puis il désigne l’autre à Martin. Ramasses cette laisse. Dès que je fais sauter le verrou de la cage, tu t'y accroches comme à ta vie. Compris ? Parce que si tu la lâches, il me crève.

Le message est clair. Le gosse a sa vie entre ses mains. Et pareil pour Kyte. C'est presque un rite initiatique. Ça en dit long sur la confiance qu'il lui accorde. Dès que le gamin resserre la poigne autour de la lanière, Kyte donne un coup de pied de biche dans le verrou. Avec un grognement féroce, le chien de hue hors de la cage. Son premier réflexe, c’est d’essayer de ronger la laisse tendue. Le regard fou, il saute sur ses pattes, tord le cou. Quand il comprend qu’il peut pas, il essaie d’attaquer les deux mecs qui le tiennent prisonnier, chacun à environ un mètre de lui. Mais dès qu’il fonce vers l’un, l’autre le retient. C'est pas une bonne technique de dressage, la double laisse. Mais dans l'urgence, quand y'a pas d'autres solutions plus douces, c'est celle qui fonctionne le mieux.

- C’est ça. C’est ça.

Dit Kyte d'un ton aussi sec qu'encourageant, autant pour le chien que pour Martin. Il hoche la tête d’un air entendu, puis il fait un pas vers le camion. Le canidé est bien forcé de suivre, et ça le rend fou.

- Préparez la cage ! Vite !

Kyte gueule aux deux autres alors qu’ils approchent. Il se doute bien que l’exercice est pas facile pour Martin. Que son poignet doit le lancer sévère. Mais c’est comme ça qu’on apprend. En faisant des conneries et en les assumant. Et lui aussi il en a fait, nom de nom ! D’ailleurs il voit le sang qui commence à tâcher le bandage de fortune. Plus que trois chiens qu’il se dit. Et ensuite Ryan pourra recoudre le gamin un peu mieux. Et il le fera sans rechigner, parce que c’est pas un mauvais bougre, dans le fond. Et qu’en encaissant sa connerie en serrant les dents, Martin est en train de se racheter. De prouver qu’il a bien sa place parmi eux.  

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