when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
Je me tenais devant la porte de chez moi tout en cherchant les clés de mon appartement. Mon sac, comme la plupart des sacs de femmes, était rempli de choses complètement inutiles qui m'empêchaient de les trouver. Moi qui étais habituellement quelqu'un d'assez calme, le fait de ne pas trouver ces clés me mit en une colère, mais en vérité il ne s'agissait que de la goutte qui faisait déborder le vase. En quelques secondes j'étais passée de la fille très calme et toujours souriante à la fille dévastée, impulsive et hors de contrôle. Le dos contre le mur, je lâchai mon sac par terre et je glissai jusqu'à être assise par terre. Cet état ne me ressemblait pas et c'était cela qui m'agaçait le plus. Pourtant si mes amis étaient là ils m'auraient tous dit que c'est normal de craquer à un moment parce que cela faisait cinq ans que j'étais avec un homme et que cela venait de s'arrêter si "soudainement". Ce n'était pas du tout soudain. Au contraire. On se disputait tous les jours et je n'attendais qu'une chose que notre relation s'arrête. J'avais parfaitement conscience que ce que je venais de dire était horrible, mais à vrai dire, c'était ce que j'avais pensé chaque jour ces six derniers mois. Alors qu'une larme coulait sur ma joue je l'essayai tout de suite, respirai un bon coup et mis la main dans mon sac afin de retrouver ces fameuses clés. Ma main avait à peine touchait l'intérieur de mon sac que je les avais trouvées. Je me relevais doucement, pris mon sac sous mon épaule et rentrai chez moi. Ce grand appartement que j'avais partagé avec lui pendant trois ans était maintenant vide. C'était à ce moment là que je compris que ce n'était pas ma rupture qui m'avait le plus affecté, mais c'était le fait de me retrouver seule du jour au lendemain. Mais à la fois je ne voulais pas faire partie de ces couples de jeunes qui ressemblaient déjà à des couples de personnes âgés. Je voulais me sentir en vie et en profiter. Je voulais redevenir la même personne qu'avant. Faire de nouvelles rencontres. Et j'avais surtout besoin d'un verre. Mais ce n'était pas en restant chez moi à me lamenter sur mon sort que cela allait changer. Je me dirigeai alors dans ma salle de bain. Elle était spacieuse et très lumineuse. Un grand miroir était accroché au mur en face de la baignoire. J'observai mon reflet. Mon mascara avait quelque peu coulé. J'étais vêtue d'un simple jeans et un débardeur moutarde. Si je voulais sortir il fallait que je prête un peu plus attention à moins sans forcément me mettre sur mon trente-et-un. Je choisis alors dans mon dressing une robe blanche et noire. Mais pour aller dans un bar j'avais trouvé la tenue trop sophistiquée donc j'avais opté pour un un haut noir assez court et un pantalon blanc taille haute, accompagnée de compensées. Je me remis un peu de mascara et enlevai celui qui avait coulé. J'étais fin prête.
Je venais de jeter mon dévolu sur un bar de Fortitude Valley dans le quartier nord de Brisbane. Ce quartier était réputé pour être un quartier pour les jeunes adultes voulant faire la fête. Enfin, ça je l'avais vu écris sur une affiche publicitaire il me semble. Il était vingt-et-une heures et le bar était déjà plein à craquer. Des groupes de jeunes, mais aussi des personnes qui devaient avoir la quarantaine venaient dans ce bar afin de passer un bon moment. D'habitude j'allais facilement vers les gens et c'était toujours le cas, sauf qu'avant cela j'avais besoin d'un verre. Je voulais avant tout décompresser de ma journée. Je m'accoudai alors au bar et un serveur vint me demander ce que je voulais boire.« Une tequila s'il vous plait. » Oui j'avais bien besoin d'une tequila ce soir-là. Seulement quelques secondes après le serveur qui m'avait pris commande revint avec la boisson colorée entre ses mains. Je venais à peine de commencer à siroter ma boisson qu'un homme vint s'asseoir sur le tabouret à côté de moi. Il avait l'air d'avoir la cinquantaine, mais dégageait beaucoup de charme. Je me tournais dans sa direction pour mieux l'observer quand soudain je croisais son regard. Il avait les yeux d'un bleu si profond.. Je sentis gênée et lui adressai un sourire. « Je vois que je ne suis pas la seule à venir dans un bar sans être accompagnée. », lui dis-je tout en continuant de sourire.
Le voilà à se demander ce qu'il pourrait bien faire de sa soirée. Se fixant devant le miroir qui reflétait son visage déformé d'une grimace démontrant son profond plongeon dans ses pensées, il fixait sans trop s'en apercevoir un point invisible sur le bout de son nez. Que faire après une longue journée de travail, après avoir manger et totalement libre ? Peut-être que cela n'avait été qu'un coup de tête aussi fulgurant que la foudre, mais Jonathan eu l’irrésistible envie d'aller se promener en ville.
Il revenait à lui, laissant l'eau couler avant de se frotter le visage et se préparer. Il optait pour un truc bien banal, harmonisant le blanc et le noir, sans cravate. La chemise ouverte de deux boutons seulement. Le look un peu anarchiste volontaire.
Jonathan ne cherchait pas à se faire séduire, ni séduire. C'était même la chose qu'il redoutait le plus en fait. Pourtant, cela faisait quelques années qu'il était célibataire et même si il se disait très heureux dans cette vie-là, l'homme était souvent las de la solitude. Partager un moment avec une personne importante, ou pour simplement parler, discuter de tout et de rien mais par-dessus tout, une personne à côté de soi au réveil. Et comme toutes ces rêveries et derrière ces « j'aimerais tant que », il y avait un blocage, une prison de verre qui le bloquait dans ses premiers pas. La trahison. Cette peur, phobie même, était omniprésente dans sa vie. Cela avait toujours été le cas depuis son ex-femme. Et si le protagoniste se retrouvait avec une conquête, cela ne durait pas. Cela n'aurait pas été le cas. Car Jonathan n'avait plus toucher une jolie femme depuis longtemps. Très longtemps. Cela n'était pas important en soi. Pas pour lui.
Oui, il avait peur. Qui ne craignait pas se faire à nouveau trahir si engagement il y avait ? Jonathan redoutait et c'était la seule chose qui ne l'aidait pas à avancer. Encore fallait-il qu'il se convainc qu'il avait un problème à ce niveau. Ironie amère. Le psy qui avait du mal à admettre qu'il avait des démons qui le pourchassaient. Une bête noire, l'enchaînant à son vécu qui se trouvait pourtant derrière-lui. Il quittait son foyer, prenant la route.
Pourquoi ce bar en particulier ? Un jour, il comprendra son importance, mais à cet instant précis, il n'a pas envie de se poser des questions philosophiques pour déboucher sur une conclusion sans trop comprendre sa base. #trucdefou.
Il entrait alors, s'installant à côté d'une demoiselle, ses mains jointes en inspirant longuement. Ce à quoi il ne pouvait s'attendre était ce parfum qui vint envahir ses cavités nasales, piquant ses récepteurs olfactifs un doux instant. Une odeur très présente. Une odeur à l'image de la jeune-femme assise à côté de lui. Quelle ne fut pas sa surprise de sentir son regard sur lui, le faisant réagir en un geste de tête pour lui faire face. Il plongeait dans son regard vert intensifié par du brun. Mélange hypnotique, dans lequel il aurait bien voulu rester. Il souriait, de son habitude, les lèvres glissant sur un coin tout en baissant les yeux. Il relevait une seconde plus tard le regard à nouveau sur elle en redressant son dos renfrogné depuis qu'il s'était assit. « On ne peut absolument rien vous cacher. », il se penchait un peu, le regard brillant d'une petite étincelle farceuse, « Mais qui vous dit que je n'attends pas quelqu'un ? »
En réalité, cherchait-il peut-être à la testé. Il levait sa main, commandant un tonique citronné, tout en revenant par la suite vers la demoiselle.
when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
J'essayais de lui sourire sincèrement, mais je parvenais à m'apercevoir que mes sourires étaient faux. Après tout je n'avais pas vraiment l'humeur à sourire, même si j'en avais terriblement envie. Et pour que cela arrive il fallait que je lâche prise. Alors je bus deux autres gorgées de mon verre en espérant que cela allait un peu me détendre vu que j'avais la particularité de ne pas du tout tenir l'alcool. En plus j'avais l'alcool joyeux comme on dit. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais détacher mon regard du sien. Ce qu'il me plaisait à propos des regards, c'était qu'ils en disaient généralement plus long sur la personne et cela avec un simple regard. C'était ce même regard qui pouvait trahir. Son regard était si... intense. Il y avait tellement d'émotions, tellement d'histoires. Je sentis mes joues commencer à rougir, alors je baissai les yeux tout en regardant le bar qui était devant moi. Mais je l'observai du coin de l'oeil. A vrai dire son attitude en disait beaucoup sur lui. Il semblait plutôt seul, ne portait pas d'alliance et je doutais que s'il avait une femme dans sa vie il serait là seul à côté de moi. « On ne peut absolument rien vous cacher. » disait-il en se penchant un peu. Je lui adressai un sourire ainsi qu'un léger rire. Ce qui était plutôt positif. Ce qui était pour l'instant la seule chose positive de ma journée. Mais ses paroles me troublèrent. Il avait l'air si froid d'apparence pourtant j'avais réussi à voir en seulement quelques secondes qu'il y avait quelque chose de beaucoup plus profond derrière cela. Qui sait, peut-être que nous deviendrons de bons amis. « Mais qui vous dit que je n'attends pas quelqu'un ? » Il avait raison, après tout combien de fois m'était-il arrivé d'arriver la première à un rendez-vous, même si cela était tout de même assez rare. Il attendait peut-être quelqu'un ou peut-être est-il seul comme moi. Je sentais une sorte de jeu ou bien de test derrière cette phrase, mais ce n'était pas pour me déplaire. « Vous l'avez bien dit, on ne peut rien me cacher », disais-je fièrement tout en buvant une gorgée de ma boisson colorée. Au bout de celui quelques secondes j'avais réussi à oublier mes problèmes, mes angoisses et mes peurs. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi sûre de moi. Je n'avais aucunement peur des conséquences de mes paroles. Je voulais me sentir en vie, voir le monde et rencontrer de nouvelles personnes. J'en avais assez de rester confinée dans mon appartement, de voir toujours les mêmes personnes -même si je les aimais énormément-. J'avais besoin de quelque chose de nouveau. En amitié, en amour et dans ma façon de vivre. Et tout cela, je ne l'avais pas compris -parce que cela, je le savais depuis de nombreux mois-, mais j'avais compris leur nécessité ce soir-là en parlant à un homme qui m'était complètement inconnu. Je ne connaissais pas même son nom. Je me tournais alors en face de lui tout en lui tendant ma main ouverte. « Au fait, moi c'est Leah aka la fille seule du bar », lui disais-je avec ce toujours même sourire et rire, mais cette fois cela semblait sincère.
Il l'observe. Il se rend alors compte qu'elle n'est pas dupe et lui répond. Il sourit, baissant un peu les yeux, pour les relever aussi vite sur elle. Il change de direction, histoire de siroter son tonique tranquillement, à son aise. Personne ne l'attendra en rentrant. Il se tourne à nouveau vers sa compagne de la solitude, plongeant dans son regard. Il remarque son mal être et même si il n'est plus dans son cabinet, Jonathan a cette sale manie de psy a toujours tout déchiffrer. C'était chiant, oui, très chiant pour la personne en face si jamais Jonathan lâchait par mégarde qu'il avait compris pourquoi ça n'allait pas chez telle ou telle personne face à lui. Mais là, il se retient, il ne veut pas parler sans réfléchir, comme si son boulot le suivait même jusqu'à ses moments de pure détente !
Il chasse son horrible habitude de psy, la fixe d'un regard plus souple, moins dur. En réalité, il ne fallait pas s'arrêter sur son visage un peu dur. Jonathan avait l'air rude, autoritaire peut-être, selon certains, mais il ne demeurait non moins être une personne d'une grande sensibilité. Il ne se plaignait pas de son physique un peu rude, au contraire il aimait s'en vêtir, car de cette façon il pouvait s'en servir comme une barrière.
Elle se présente, lui tend même la main. Leah. Un joli prénom, c'est ce qu'il pense. Son visage est transformé, elle lui sourit plus sincèrement, détendue. Il estime que c'est l'effet de son cocktail qui la détend et ce n'est pas plus mal pour lui qui ne voudrait pas à la voir se forcer à sourire ou taper la discute. Il prend sa main, cependant, il ne la serre pas comme il le fait avec un homme. Il est délicat, sa main glisse, légère dans celle de la demoiselle, il ne la tient pas non plus de la même façon qu'il le ferait avec un collègue. Jonathan est un gentleman et ça se voit à son geste. Il lui sourit en retour, se présentant à son tour.
« Jonathan, ravi de vous connaître Leah aka la fille seule du bar. »
Il lui fait un clin d’œil, en riant un peu, il se tourne vers le bar où il prend son verre et le lève vers elle. « Et à notre solitude. », il boit une gorgée de sa boisson amère en ne quittant le verre des yeux jusqu'à ce qu'il touche le bar. Et aussi loin s'en souvient-il, il avait toujours aimé cette boisson. C’était étrange, au début, les barmans pensaient que ce quinquagénaire allait demander un whisky bourbon ou un alcool fort. Mais Jonathan n'était pas un grand fan de l'alcool. Ou en de bonnes occasions et si il ne conduit pas. Là, il sait qu'il ne remplit pas l'un des critères qu'est qu'il conduit. Il prendra peut-être un verre, mais juste un pour dire que, si sa discussion avec la demoiselle s'avère intéressante.
Il se tourne vers elle, la voyant boire son cocktail et faut dire que, ça va vite être englouti. Au fond, ça le fait marrer, il aime voir les gens bienheureux. Ce n'est pas le style à vouloir le malheur de quelqu'un, même si les assiettes ont volés. Il sourit à la demoiselle.
« Le prochain, je vous l'offre. »
Au pire, il assumera son acte, il s'en fout, ils sont là encore pour un bon moment. Il se met à l'aise, son dos contre le dossier du tabouret. Oui, la soirée s'annonce longue, mais ne risque pas d'être barbante.
« Et que fait une jeune-femme comme vous dans un bar, sans se faire draguer ? », et autant faire connaissance, tant qu'on y est.
when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
Le bar était plein à craquer. Des groupes d'amis buvaient et rigolaient ensemble, des couples passaient un bon moment, même si ce n'était pas l'endroit idéal au premier abord. Il était encore "tôt", donc il n'y avait pas encore de personnes complètement ivres à draguer chaque femme qui lui passe sous la main et cela était tant mieux. Je ne pensais pas rester dans ce bar plus d'une heure et cela était déjà beaucoup, mais je venais faire la connaissance d'un homme et autant discuter avec lui au lieu de rentrer chez moi seule dans mon grand appartement avec un pot de glace devant la télévision. Ma main était tendue devant la sienne alors que je me présentais à lui. Il me prit la main d'une façon très délicate et je n'aurais jamais pensé qu'il pouvait être aussi doux en apparence. Il m'adressa un sourire et se présenta également. « Jonathan, ravi de vous connaître Leah aka la fille seule du bar. » Il me fit ensuite un clin d'oeil tout en riant légèrement. Ce petit geste si simple me détendit énormément je riais à mon tour. Puis il prit son verre et leva en ma direction. « Et à notre solitude. » Je fis de même avec mon verre ou du moins ce qu'il restait de mon verre.« A notre solitude. », disais-je tout en lui souriant. Je buvais alors les dernières goûtes de mon verre coloré. Quand j'étais plus jeune j'avais pris l'habitude de boire dès que j'en avais l'occasion, mais cela c'était atténué avec l'âge. Cela avait été sûrement dû au fait que j'étais jeune et que tous les jeunes de mon âge faisaient la même chose. Je venais de finir mon cocktail et je reposais le verre sur la table haute devant moi. Il me sourit alors de manière ironique. « Je vous fais si rire que cela ? », disais-je en riant à mon tour. Après tout j'avais l'habitude de toujours faire rire les gens. J'aimais voir les gens heureux et je détestais me montrer malheureuse. D'ailleurs je ne savais jamais comment gérer quand quelqu'un est malheureux. J'étais très maladroite à ce niveau là. « Le prochain, je vous l'offre. » Premièrement je me sentis gênée parce que je ne savais pas vraiment qu'on lui répondre. Mais ensuite j'avais décidé d'arrêter de réfléchir autant et de passer un bon moment. « D'accord, mais cela sera le dernier parce que sinon vous allez bien devoir me ramener chez moi. » C'était le cas. J'avais toujours eu la réputation pour ne pas bien tenir l'alcool et je ne pensais pas que c'était une très bonne idée de finir complètement ivre alors que je ne le connaissais à peine. Mais je sentais tout de même que j'allais passer une bonne soirée. Je pourrais alors oublier mes petits problèmes quotidiens. « Et que fait une jeune-femme comme vous dans un bar, sans se faire draguer ? » Il était vrai qu'une jeune femme ne restait jamais très longtemps seule dans un bar. On pouvait rencontrer des personnes pas "géniaux", mais on pouvait ainsi y faire de très belles rencontres. Mais qu'est-ce que je pouvais répondre à cela ? Lui raconter ma vie complètement ennuyante ? Lui dire à quel point je suis une fille totalement contradictoire ? C'était absolument vrai. Je ne savais jamais ce que je voulais à mon plus grand désespoir. « Mais vous êtes là non ? », lui disais-je en souriant. Alors que je venais de finir ma phrase je me rendis compte qu'il pouvait y avoir un sous-entendu alors j'essayais de me rattraper comme je pouvais. « Je veux dire que... Je voulais pas.. Enfin j'ai pas voulu faire de sous-entendu.. J'espère ne pas vous gêner, enfin désolée.. »
Le protagoniste ne pouvait s'empêcher de sourire, surtout après la remarque de la demoiselle. Il secoue la tête négativement, enchaînant alors, « Je plaints le verre qui vient de se vider à une vitesse affolante. », tout en replongeant dans son regard.
En fait, il aime son regard. Il y a quelque chose de particulier dans le fond de ses iris, un côté mélancolique mélangé à autre chose. Jonathan ne veut pas trop y réfléchir et s'en faire une fixette, comme il avait l'habitude de faire quelques fois avec ses patients. Les dévisager et fixer leurs regards. Mais leur couleur est particulière et il ne peut pas s'en détacher bien longtemps. La demoiselle l'intéresse. Une première.
« D'accord, mais cela sera le dernier parce que sinon vous allez bien devoir me ramener chez moi. », il lâche un rire léger aux dires de la demoiselle. Au pire, il assumera. Mais il respectait les gens et ne forcerait en aucun cas. « Au pire, j'assumerais. », avoue-t-il sur un ton humoristique, il laisse un sourire effleurer ses lèvres. Il lève la main attirant le barman vers eux, « Mademoiselle voudrait reprendre la même chose, s'il vous plaît. », il passe ensuite à son tour, « Et quelque chose de léger pour moi... Un morning glory, ça ira. », le barman prend donc les verres vides et part préparer les cocktails. L'homme reprend la parole, lui demandant ce qu'elle fait là, sans se faire draguer. La demoiselle répond, « Mais vous êtes là non ? » , Le quinquagénaire la fixe et aussitôt, elle semble en désarroi, « Je veux dire que... Je voulais pas.. Enfin j'ai pas voulu faire de sous-entendu.. J'espère ne pas vous gêner, enfin désolée.. », Il éclate de rire légèrement, en secouant sa main, « Attention, il y une différence entre offrir un verre, et draguer. », il s'amuse de la situation, il joue tout en humour, « Et pourquoi pas ? J'ai l'air vieux pervers comme ça ? », Il inspire, se stoppant de rire mais ne cessant de sourire, « Ne vous inquiétez pas, j'ai bien compris que vous ne vouliez pas me mettre dans une situation inconfortable. »
Le barman revient avec les verres, Jonathan prend le sien automatiquement après que le serveur l'ai posé sur le bar et se tourne vers Leah. Il la trouve charmante pour cette première impression, vraiment charmante. Il s'en vient à se demander ce qu'elle fout là toute seule. Elle devrait se retrouver à aller danser, s'amuser. Au contraire, elle se retrouve à parler avec un vieux pépé de cinquante-trois ans. Surtout qu'il n'avait rien d'un dragueur, ni d'un homme qui sait ce qu'il veut de cette soirée si il rencontre une femme comme elle. Non, ça lui fout la trouille un peu. Si c'est elle qui vient à le draguer, c'est lui qui va fuir comme une pucelle. Oui, oui. Qu'il a l'air con, en fait.
Il tend le verre de son cocktail vers elle en lui faisant un clin d’œil. Il en prend une gorgée, puis deux. Il dépose son verre en regardant autour de lui, l'air pensif. En fait ouais, il fuirait à toute jambe. Pourquoi ? Par peur de retrouver une certaine complaisance, retrouver ce qu'il avait perdu en se disant qu'il n'y avait plus vraiment le droit. Il a raté sa vie, une grosse partie de son existence. Il se sent parfois nul, parfois nostalgique de ses jours heureux, des souvenirs qui l'avaient rendu heureux. Il est à la moitié de sa vie, et au lieu de se dire qu'il va en profiter, il se retrouve au ba et puis au final, il ne fait rien, boit son tonique et rentre chez lui pour parfois s'endormir dans son canapé.
Son quotidien n'est même pas une aventure, c'est une routine qu'il aimerait bien casser. Et en même temps, il se surprend soudainement qu'il la brise en discutant avec Leah. Cela le fait sourire, lui qui s'était effacé un instant, laissant son visage se transformer, plongé dans la mélancolie un court instant. Il relève finalement la tête, replongeant dans son regard. « Vous avez de beaux yeux, vous l'a t-on déjà dit ? », il éclate de rire légèrement, « Bien évidemment, ne me prenez pas pour un pervers, je fais une constatation. »
when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
Alors que je buvais les dernières gorgées de mon verre de ce cocktail si coloré je sentais le regard de Jonathan se posait sur moi. Il était vrai que je venais de boire la moitié de mon verre en un seul coup sans grande hésitation, ce qui pouvait paraître parfois assez étonnant en apparence. Si je continuais à boire si rapidement il allait me prendre pour une alcoolique habituée de ce bar ce qui n'était pas le cas. « Je plaints le verre qui vient de se vider à une vitesse affolante. » Au moins j'étais sûre maintenant qu'il me prenait pour une alcoolique. Un peu gênée je ne savais pas vraiment quoi répondre. J'avais donc choisi de lui dire la vérité tout en restant assez vague.« J'en ai bien plus besoin que ce que vous pouvez penser. », répondais-je. Je voulais rester le plus vague possible. Je doutais vraiment qu'il allait s'intéresser aux problèmes d'une jeune femme comme moi qu'il venait de rencontrer il y a à peine dix minutes. Il me regardait alors dans les yeux, mais pas d'une façon normale, non c'était beaucoup plus profond. Il y avait quelque chose dans son regard que je ne savais décrire. Je disais souvent que le regard n'était qu'un miroir de notre vie et chez lui c'était exactement cela. Il y avait tellement d'émotions à la fois. Alors qu'il voulait m'offrir un verre je lui disais que cela serait sûrement le dernier sinon il devra me ramener chez moi. Effectivement je ne tenais pas du tout l'alcool. « Au pire, j'assumerais. », disait-il tout en commandant un autre verre pour lui et un autre pour moi. Il prit un morning glory, tant qu'à moi je restais sur ma tequila. « On verra bien si vous assumerez toujours quand vous aurez une adulte de vingt-six ans avec vous dans la rue en train de chanter la Reine des Neiges ! », disais-je en riant. Le pire dans tout cela c'était que la situation que je venais de décrire je l'avais vraiment vécu, mais j'avais tout de même préféré éviter les petits détails de ma gueule de bois le lendemain matin. Le barman à qui Jonathan avait commandé nos deux boissons partit pour les préparer tandis que nous étions toujours assis sur les tabourets en cuir à discuter et à rigoler. Lorsqu'il me demande ce que je faisais là sans me faire draguer j'avais instinctivement répondu qu'il était là lui, chose que j'avais regretté de peur qu'il pense que j'avais des arrières pensées. Alors j'avais essayé de me rattraper du mieux que je pouvais. « Attention, il y a une différence entre offrir un verre, et draguer. » Il était vrai qu'il n'avait aucun sous-entendu pervers comme certains pouvaient le faire. L'inconvéniant d'être une jeune femme seule à un bar était de se faire draguer par des mecs pervers toutes les deux minutes. Mais j'avais eu de la chance de rencontrer Jonathan ce soir-là et même s'il comptait me draguer -même si je doutais que cela arrive- je ne pensais pas qu'il le ferait aussi peu subtilement que la plupart des gens ici dans ce bar. « Et pourquoi pas ? J'ai l'air vieux pervers comme ça ? » Je me mis alors à rire. Il n'avait pas l'air d'être un vieux pervers. Loin de là. Malgré son apparence très froide, j'avais réussi en quelques secondes à me rendre compte qu'il pouvait être quelqu'un de très doux et de très aimable. « Ne vous inquiétez pas, j'ai bien compris que vous ne vouliez pas me mettre dans une situation inconfortable. » Il avait à peine finit sa phrase que le barman arriva avec les deux boissons commandées il y a quelques minutes. Jonathan prit alors mon verre et me le tendit tout en me faisant un clin d'oeil. Je tendais ma main à mon tour pour récupérer mon verre en lui faisant en clin d'oeil. A vrai dire je n'arrivais pas bien à cligner des yeux ce qu'il me fit rire. Je pris seulement une gorgée pour ne pas le boire trop vite et ne pas finir complètement ivre. « Vous avez de beaux yeux, vous l'a t-on déjà dit ? Bien évidemment, ne me prenez pas pour un pervers, je fais une constatation. », disait-il en riant. Il était vrai que ce compliment me gêna un peu, mais il me fit plaisir. J'avais besoin de retrouver confiance en moins ces quelques mots me firent me sentir mieux. « Et à part ça vous dîtes que vous ne draguez pas ? Je rigole bien sûr. C'est très gentil de votre part. », disais-je un peu gênée.
Il n'aime personne. Il se vêt d'un masque de misanthrope pour mieux supporter le malheur des autres, pour éviter de souffrir lui-même de ses démons qui viennent souvent le hanter. Il veut les fuir, mais ne fait aucun effort pour mettre en pratique ses désirs. C'est comme ça, Jonathan est trop lâche, trop peureux pour les affronter. Pourtant, il sait que cela lui ferait du bien de se retourner pour les chasser. « J'en ai bien plus besoin que ce que vous pouvez penser. » oh non, il le sait. L'alcool aide. Cependant, il la sent un peu froissée par la remarque, même si elle n veut pas le montrer. Il dresse un sourcil en la fixant. Il secoue la tête, « Oh, croyez-moi, il y aura mieux dans votre vie. », oui, il l'a capté. Une jeune femme qui venait de rompre avec son compagnon, ça se voyait rapidement. En tout cas, Jonathan le voyait pratiquement tout de suite. Elle préférait rester loin des gens, et des hommes en particulier sauf celui assit à ses côtés, et son regard dégageait le bouleversement. La tristesse n'est malheureusement incapable de mentir. « Ni le premier, ni le dernier. », il soupire, se rendant alors compte qu'il s'est immiscé dans la vie de la demoiselle sans le vouloir. « Veuillez m'excuser, les vieilles habitudes remontent souvent. », il lève cependant son verre de morning glory vers elle, pour avaler une gorgée bien solide. Il voudrait bien, au final, finir à quatre pattes devant sa porte, mais entre Fortitude Valley et Toowong, il y avait du chemin. Quoi que, le taxi et le bus existent. Il éclate de rire, imaginant très bien sa compagne de bar chanter ''Let it Go'' le long du chemin. « Je n'ai point peur du ridicule, ma chère. Et puis, si cela se trouve, nous serons deux à le chanter. », placement subtile du « Je veux bien vous soutenir, avec un verre de plus ».
Il n'a jamais eu le fond mauvais, c’était un fait. Il faisait exprès de ne rien montrer, d'ériger une espèce de barrière entre lui et les autres comme protection, mais également pour masquer ses faiblesses. Il voulait aider, il ne le montrait tout simplement pas. C'était étrange, mais c'était Jonathan. L'endroit est propice à le détendre, la personne avec qui il discute l'aide également à se sentir bien, il n'a aucune raison de se sentir menacé. Il ne la connaît de toute façon pas assez pour l'envoyer bouler. Et puis, merde, c'est une jolie fille seule qui est venu l'accoster, alors pourquoi repousser l'inévitable ? Ce n'est qu'une discussion, non un rendez-vous romantique. Encore moins romantique au bar. Il remarque que sa constatation la gêne, mais cela n'est pas pour la déplaire. Il lui sourit, après avoir rit avec elle. « Je serais plus subtile, voyons ! Et puis, je me ferais un plaisir de vous inciter de continuer de boire, tout en continuant de vous inciter discrètement de succomber à mon charme ; à jusqu'à finir dans votre lit après une soirée bestiale. », enchaîne-t-il sur un ton humoristique. Bien sûr, il n'a plus d'idées à comment draguer. Il n'est pas comme ça, il est de la vieille école, il laisse les choses faire d'elle-même et tout vient à point à qui sait attendre. Serait-ce encore possible pour lui ? Nul ne sait ce que le futur lui réserve, encore moins en ce moment précis. Pour l'instant, il semble encore trop faible pour tourner la page. Il n'avancera pas encore en oubliant dans un tiroir de sa mémoire plus de dix années gâchées.
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Je me demandais ce qu'il faisait là assis à côté de moi. Il devait sûrement se poser la même question pour moi. Il devrait être avec sa femme ou ses enfants s'il en avait ou alors avec des amis. Mais non il était assis à côté d'une gamine comme moi. Au moins il me tenait compagnie et il me protégera, enfin je l'espère, si des mecs complètement ivres (ou sobres) viennent tenter quelque chose de peu subtile avec moi. Il riait sur la façon de boire mon verre aussi rapidement, mais j'avais tout simplement répondu que ce verre j'en avais besoin. Après la journée horrible que je venais de passer il était vrai que je le méritais bien. « Oh, croyez-moi, il y aura mieux dans votre vie. » Il avait raison. La vie n'était pas toujours aussi noire. Il y avait des moments comme celui-ci ou plus rien allait. Ces moments pouvaient durer quelques jours, quelques mois ou quelques années. Ils nous paraissaient si sombres que nous ne savions pas comment vivre à nouveau. Certains essayaient de s'en sortir avec l'alcool, la drogue, le sexe, mais d'autres personnes n'essayaient pas de s'en sortir et ils passaient directement à l'irréparable. Bien sûr que j'y avais pensé. Qui n'avait jamais pensé à de telles choses quand on est au plus bas ? La seule chose s'était que j'avais sans doute mieux réagi que certaines personnes. Comment vouloir en finir alors que de magnifiques années se cachaient derrière ces jours sombres. Comme on dit, il n'y a pas d'arc-en-ciel sans pluie. Bien sûr que je n'avais qu'une envie, c'était que cette pluie cesse. Mais certaines personnes sont là pour nous et nous protège de cet orage. En repensant à tout cela je sentais des larmes montaient jusqu'à mes yeux. Je ne voulais pas lui montrer alors je regardais tout simplement devant moi en attendant que cela passe. « Ni le premier, ni le dernier. » Il avait parfaitement compris de quoi il s'agissait. Mais je ne voulais pas qu'il pense que j'étais ce genre de filles qui ne basaient que leur vie autour de leur copain.« Je ne m'en fais pas pour ça, ne vous inquiétez pas », disais-je tout en levant un peu mon verre et buvant quelques gorgées. « Veuillez m'excuser, les vieilles habitudes remontent souvent. » Je compris pas ce que cela voulait dire au premier, mais je devinais que cela avait un rapport avec le comportement des personnes. Je lui souriais du mieux que je pouvais en guise de « ce n'est rien ».
Il m'offrit donc un deuxième verre. Je rigolais sur le fait qu'il voudrait mieux qu'il soit le dernier sinon il allait se retrouver avec une gamine dans la rue en train de chanter la Reine des Neiges. L'idée n'avait pas l'air de lui déplaire puisque j'avais réussi à le faire rire. « Je n'ai point peur du ridicule, ma chère. Et puis, si cela se trouve, nous serons deux à le chanter. » Je riais aux éclats. Je venais d'avoir une vision de lui et de moi dans la rue en train de chanter toutes les chansons de la Reine des Neiges à tue-tête. A vrai dire quand je l'avais vu pour la première fois il y a maintenant une bonne demi-heure avant je n'aurais jamais penser que j'allais pouvoir partager ce moment avec lui et encore moins de chanter de telles chansons. « Et cela ce n'est qu'avec un verre de plus. Avec deux verres de plus je suis capable de récupérer ma guitare chez moi et de vos faire un concert de rock en pleine rue. », disais-je tout en riant et faisant le signe rock and roll avec ma main. L'alcool commençait à me monter à la tête, mais ce n'était pas plus mal. La guitare. pouvait être par ailleurs un bon moyen de l'impressionner. Je doute que la première chose qui vient à l'esprit d'une personne qui ne me connaît pas est de dire que je joue parfaitement bien de la guitare, discipline que je pratiquais depuis mes huit ans. De plus j'étais née dans le rock, mon père adorait cela. On pouvait aisément deviner que j'aimais les Disney, mais peut-être pas le rock. Pourtant il avait été pour moi un médicament incroyable. Du bon vieux rock dans les oreilles me remettait toujours sur pied.
Il me complimentait alors sur mes yeux, cela me gênait un peu, mais cela ne me déplaisait pas. Alors je m'amusais à lui faire une réflexion sur le fait qu'il me draguait peut-être un peu plus que ce qu'il le disait. « Je serais plus subtile, voyons ! Et puis, je me ferais un plaisir de vous inciter de continuer de boire, tout en continuant de vous inciter discrètement de succomber à mon charme ; à jusqu'à finir dans votre lit après une soirée bestiale. » J'éclatai de rire. « Moi qui pensais que vous étiez un vrai gentleman, je me trompais. », disais-je en riant. Puis je continuais. « Mais il faudra me sortir le grand jeu pour arriver jusque là, mais je suis sûre que vous en êtes capable. », disais-je assez lentement et de façon à le charmer. Mais je me sentais moi-même ridicule ce qui me fit encore rire. Je crois bien que j'étais déjà incroyablement charmée par Jonathan. Il avait ce petit quelque chose en lui qui ne me laissait pas indifférente.
Au moins, la demoiselle semblait faire table rase et ce n'était pas plus mal. Il en voyait beaucoup, de ses clients, vivre assez mal leur rupture. Il les comprenait en même temps. Lui même avait mal vécu sa séparation avec son ex-femme. Il en avait même casser des assiettes, avant de s'écrouler, recroquevillé sur le plancher de leur appartement. Il avait gardé une certaine amertume de son histoire. Il fallait admettre qu'après des années de mariage, il y avait de quoi péter un câble et se méfier. Et Jonathan, se pensait à présent à l'abri. Il pensait avoir fait sa vie, lui.
Comparé à elle du moins, car elle avait encore toute sa vie devant elle pour faire des erreurs et par la suite ne plus les reproduire. Il avalait encore une gorgée, de plus en plus sous la tentation d'en reprendre un. Il riait joyeusement, en relevant le regard sur elle. Avait-il déjà une épée de Damoclès au-dessus de sa tête ? En tout cas, il semblait bien séduit, ou était-ce l'alcool ? Non, il n'avait pas bu assez pour ça. Il en faisait fis, sans y penser plus que cela, répondant à sa compagne de bar.
« Si vous avez un synthé, je vous rejoins volontiers ! », il buvait à nouveau une gorgée de son cocktail orangé, « Mais dites-moi, cela fait combien de temps que vous jouez de la guitare ? Histoire qu'on évite d'invoquer la pluie battante sur nos pauvres êtres ivres et quasiment incapables de marcher droit. »
Il s'amuse bien, ça le détend. Elle ne semble pas farouche, ni outrée par la connerie salace qu'il vient de lâcher, elle s'en amuse même en lui répondant tout aussi maladroitement que lui. Il a d'un coup un petit coup au cœur lorsqu'elle se met à jouer la charmeuse. Un drôle de coup qui le laisse un peu muet, malgré qu'il puisse se permettre d'en rire avec elle. Il serait encore jeune et encore ''frais'', il aurait rougit. Mais il fallait bien se l'avouer, il avait passé ce stade, c'était plutôt lui qui faisait rougir maintenant. Il changeait son regard de direction, non pas par gêne, mais pour éviter de trop la ixer. Parfois, cela dérangeait et la façon dont l'avait regardé Jonathan n'était pas vraiment appropriée. prenant son verre, il enchaînait en souriant, « Vous ne voudriez pas d'un homme comme moi. Je suis exécrable. », s'était-il penché vers elle, appuyant ses dires. « Néanmoins, ayez confiance en un homme d'âge mûr, il en connaît un sacré rayon. Surtout ceux qui sont divorcés. »
Il relevait légèrement ses manches, observant sans raisons sa montre au poignet. Il terminait son verre d'une traite, hésitant sur l'envie de reprendre un verre. Si cela était le cas, il devrait prendre le taxi ou le bus. Il le fait tournoyer sur le repose verre en carton léger. Il soupire enfin, « Je reprendrais bien un verre. », il se tournait vers a demoiselle, « C'est vous qui me provoquez cette envie, avouez ! »
Il est amusé et en rit joyeusement, laissant enfin son verre tranquille. Il a encore le temps, il peut rester là encore deux heures, cela ne le dérange pas, tant qu'elle est là et qu'il peut discuter, il peut encore vaquer à cette occupation. Et puis, rencontrer des gens en dehors du travail, même si ils ne se revoient plus par la suite, fait toujours un certain bien. « Alors mademoiselle Leah, la fille seule au bar, que faites-vous dans la vie ? », tant qu'il y étaient, autant faire connaissance, « On va commencer par la base, si vous voulez que je vous sorte le grand jeu. », il plaisante, accentuant ses dires par un clin d’œil.
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Je ne savais pas si c'était l'alcool qui me rendait si charmeuse ou non, mais ce n'était pas plus mal. Il était très charmant et j'aimais ce qu'il dégageait. Il ne me prenait pas pour une enfant. Alors j'essayais de l'impressionner en parlant du fait que je faisais de la guitare et que si je buvais encore deux autres verres j'étais capable de récupérer ma guitare pour faire un concert en pleine rue. « Si vous avez un synthé, je vous rejoins volontiers ! » , disait-il tout en buvant une gorgée de son cocktail coloré. Alors lui aussi jouait de la musique. Cette soirée devenait de plus en plus intéressante. Je rencontrais enfin quelqu'un qui devait avoir de bons goûts musicaux en plus d'en jouer. Je le voyais mal écouter du Nicky Minaj et compagnie, mais pourquoi pas après tout. « Oh, monsieur est connaisseur. Non désolée je n'en ai pas. Mais j'ai trois guitares : deux électriques et une classique. Et si vous ne savez pas en faire je serais ravie de vous apprendre. Mais peut-être pas ce soir ! », disais-je tout en supposant que nous allions nous rencontrer un autre soir. Chose qui me ferait par ailleurs très plaisir de le revoir. Je ne savais pas pourquoi, mais je me sentais bien avec lui, ou avec l'alcool, ou avec lui et l'alcool. Je faisais ma maligne avec ma guitare, mais je pense que je n'arriverais à peine à faire deux accords après un autre verre. « Mais dites-moi, cela fait combien de temps que vous jouez de la guitare ? Histoire qu'on évite d'invoquer la pluie battante sur nos pauvres êtres ivres et quasiment incapables de marcher droit. » Sa remarque ne m'avait pas du tout blesser. Au contraire elle m'avait fait rire. Et pour lui prouver que je pouvais encore marcher droit je descendais de mon tabouret haut -d'ailleurs il me paraissait beaucoup plus haut que tout à l'heure- et quand j'avais posé les pieds sur le sol, j'essayais de lui prouver que je n'étais pas bourrée en essayant de tenir que sur un pied. Chose qui n'est pas si simple du haut de mes compensées. Je ne tins seulement quelques secondes, de peur de me tordre la cheville et de finir cette soirée un peu plutôt que prévue. Je riais et retournais sur mon tabouret. « J'en fais depuis mes huit ans, ce qui fait... euh... je n'arrive même plus à compter ! Ah oui c'est bon dix-huit ans ! », disais-je tout en rigolant. Je ne faisais que rire et j'avais très peur qu'il me prenne pour une idiote.
Il me dit alors que je ne voudrais jamais d'un homme comme lui parce qu'il était exécrable, tout en se penchant vers moi. Pour l'instant j'avais vu tout le contraire de ce qu'il venait de dire durant cette soirée. « Néanmoins, ayez confiance en un homme d'âge mûr, il en connaît un sacré rayon. Surtout ceux qui sont divorcés. » C'était donc pour cela qu'il était seul accoudé à un bar. Il était divorcé. Mais n'avait-il pas d'enfants ? Je ne voulais pas trop lui en parlant de peur d'aborder quelque chose de sensible. Je comprendrais en plus s'il ne voulait pas en parler. La preuve je n'avais pas voulu lui parler de mes problèmes. « Je ne pense pas que vous soyez exécrable. Loin de là, sinon je serais partie depuis bien longtemps. »
Il relevait alors sa manche pour regarder sa montre. Je devais l'ennuyer parce que c'était le genre de choses que je faisais quand je m'ennuyais. Mais pourquoi restait-il avec moi si je l'ennuyais autant ? Je n'avais pas eu le temps de lui poser la question qu'il commanda un autre verre. Chose qui me rassura. Je ne devais pas tant l'ennuyer alors. « C'est vous qui me provoquez cette envie, avouez ! » Je lui donnais l'envie de boire, mais était-ce un compliment ou non ? Je ne savais pas et il n'y avait qu'une façon de le savoir : lui demander. Je pouvais alors en profiter pour faire ma charmeuse pas du tout crédible à mes yeux. « Alors comme ça je vous donne envie de boire ? Un autre verre pour moi aussi s'il vous plait ! », disais-je en me retournant vers le barman. Selon mon état en fin de soirée j'allais avoir une sacrée gueule de bois le lendemain. Mais je n'avais jamais raté un jour de travail et si je faisais on ne m'en voudrait pas. On dirait sûrement que c'était dû à ma rupture sans savoir la vérité.
Alors il commença à me parler de moi. Afin de mieux me connaître. Parce que oui, à part savoir que nous étions tous les deux seuls et que nous aimions l'alcool, nous ne connaissions rien l'un sur l'autre. « Alors mademoiselle Leah, la fille seule au bar, que faites-vous dans la vie ? On va commencer par la base, si vous voulez que je vous sorte le grand jeu. » , tout en me faisant un clin d'oeil. « Et bien je suis océanologue et cette année a été ma première année de travail. Et vous ? Vous travaillez dans le comportement non ? »
Et bien, elle en avait trois ? Trois guitares ? Elle ne devait pas s'embêter. C'était déjà plus pratique à transporter que son piano, c'était certain. Il laissait un petit sourire en coin orner ses lèvres tandis qu'elle parlait. « Et oui, je suis connaisseur ! Je ne sais, effectivement pas en jouer, mais je serais ravi d'apprendre. »
Après tout, il était content d'être là, d'avoir choisi d'être venu ; il avait fait la connaissance d'une charmante demoiselle, aux traits de douceur et qui semblait très gentille. Elle était aimable, riait beaucoup. Il aimait ça. C'était tellement son contraire, lui qui avait un caractère quelques fois cynique, souvent de mauvais poil ou gamin. Là, pour une raison totalement inconnue, il était de bonne humeur, il n'avait pas envie de la remballer, chose qu'il pouvait faire comme un bourrin. Mais pas là. Comme si... Comme elle l'avait apaisé l'espace de leur rencontre. Elle semble particulière, attachante même. Ouh là, il va devoir reprendre le bus ce soir. Tant pis. Il lui demandait depuis combien d'années elle pratiquait, pour éviter que la pluie ne s'abatte sur Brisbane à cause d'eux vu qu'ils était sous l'effet de l'alcool. Elle répond simplement en descendant de son tabouret, difficilement pour lui prouver qu'elle pouvait encore tenir debout. Il a le temps, sous effet de l'ambiance et l'alcool de la découvrir. En temps normal, il n’aurait jamais osé poser son regard comme ça. Il ne la regarde pas d'un œil lubrique non, il admire, tout simplement. Il est prêt à la rattraper si jamais elle venait à ne plus tenir droit, les mains légèrement tendues vers elle. Il n'eut pas besoin d'user de ses réflexes au cas où. « La prochaine fois, si il y en a une, je vous invite à danser dans cet état-là. », il riait au fait qu'elle tentait de compter, maladroitement. « Eh bien ! Vous avez eue le temps de vous améliorer ! », il se grattait le coin de l’œil en inhalant profondément pour se calmer à force de rire, « Quoi qu'on gagne toujours en expérience. Regardez-moi, j'ai quarante-trois ans de pratique au piano, j'en apprends encore tous les jours. »
Enchaînant la conversation, il lui confie être exécrable, chose qu'elle lui répond spontanément « Je ne pense pas que vous soyez exécrable. Loin de là, sinon je serais partie depuis bien longtemps. », il en rit doucement en se penchant un peu pour chuchoter « C'est parce que je suis de bonne humeur ce soir. », il termine sa phrase avec un clin d’œil, se redressant, se tournant vers le bar, observant son verre vidé. Il relève ma main, et commande à nouveau un verre en accusant la demoiselle de l'inciter à boire. Il éclate de rire à sa réponse, « De toute façon, si personne ne nous attend en rentrant, aucun besoin de se justifier et par conséquent, en profiter. Et je préfère boire avec vous que seul chez moi. », il la fixe « au-dessus » de ses lunettes invisibles avec un sourire narquois, « Et dire que vous disiez que c'était votre dernier verre et vous en reprenez un ? Vous n'avez pas peur que j'abuse de vous ? »
Des fois, il se sent con à lâcher des trucs pareils. Et son verre qui vient de se remplir ne l'a pas vraiment aidé et ne l'aidera pas à l'avenir des prochains verres qu'il engloutira. Elle lui répond à sa question. Après tout, ils sont là, assis à discuter et si c'est pour passer la soirée là, autant qu'ils en sachent un peu plus sur l'autre. Si c'était la dernière fois. « Et bien je suis océanologue et cette année a été ma première année de travail. Et vous ? Vous travaillez dans le comportement non ? », il prend une gorgée de son cocktail, « Oui, c'est ça. Vous êtes fine observatrice. Je suis psychologue et cela fait trente ans que j'exerce mon métier. », il passe ses doigts sur sa barbe de trois jours, le menton entre son pouce et son index, « Ce doit être passionnant, l’océanologie. Vous m'en diriez plus sur le sujet ? »
when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
Il me disait alors qu'il était en effet connaisseur, mais qu'il ne savait pas jouer de la guitare bien qu'il serait ravie d'apprendre. Une image me vint soudain en tête de lui et moi essayant de lui apprendre à faire de la guitare. Moi derrière lui tenant la guitare, une image digne d'un film à l'eau de rose exceptée que normalement c'est la fille qui tient la guitare en essayant d'apprendre et c'est l'homme qui se tient derrière elle. Cette image me fit sourire. Je ne savais pas vraiment où cette soirée allait nous mener, mais j'espérais vraiment le revoir à nouveau car j'avais passé un très bon moment avec lui. Il avait beau être plus âgé que moi -et je ne pensais pas que beaucoup de filles de mon âge devaient s'intéresser à lui-, mais je le trouvais irrésistible. Par contre je devais sûrement avoir de la "concurrence" des femmes de dix ans de plus que moi. Je ne savais pas vraiment si cela était dû à mon deuxième verre de tequila que je venais de finir ou non. « Vous n'avez qu'à venir chez moi un soir je vous montrerai les bases. Sauf que vous allez devoir revenir régulièrement si vous voulez apprendre à en jouer », fis-je tout en prenant mon air de charmeuse. Je me demandais ce qu'il pouvait penser quand je prenais cet aire. Me trouvait-il stupide ? Ridicule ? Irrésistible ? Gamine ? Me regardait-il comme il regarderait comme si j'étais sa fille ? Je ne le savais pas. Il ne laissait pas vraiment beaucoup d'émotions paraître même si j'étais sûre qu'il y en avait beaucoup en lui.
Je me levais de mon tabouret pour lui prouver que je n'étais pas si ivre que cela. Mais je n'arrivais qu'à tenir quelques secondes sur un pied. Je le voyais alors se mettre dans une position qui lui permettrait de me rattraper au cas où si je tombe. Faire semblant de tomber ? Bien sûr que j'y avais pensé, mais peut-être s'en rendrait-il compte. Mais pourquoi j'agissais comme cela ? A quoi cela me mènerait. Il ne voudra sans doute jamais d'une fille comme moi et cela était assez compréhensible. « La prochaine fois, s'il y en a une, je vous invite à danser dans cet état-là. » A ce moment là je me demandais beaucoup de choses, encore. Cela voulait dire qu'il voulait me revoir ? Il n'y avait qu'une façon d'en être sûre : lui demander. « Est-ce une invitation ? », lui dis-je avec mon grand sourire. Il m'avait demandé depuis combien de temps je faisais de la guitare, j'essayais de faire du calcul mental malgré l'état dans lequel je me trouvais. Il riait parce que j'avais mis assez de temps pour lui répondre. « Eh bien ! Vous avez eue le temps de vous améliorer ! Quoi qu'on gagne toujours en expérience. Regardez-moi, j'ai quarante-trois ans de pratique au piano, j'en apprends encore tous les jours. » Il était vrai que je jouais très bien de la guitare maintenant, même si au début cela n'avait pas été toujours facile. Maintenant j'arrivais à reproduire une musique parfaitement en ne l'entendant seulement qu'une ou deux fois et cela me rendait plutôt fière. Mais lui en faisait maintenant depuis quarante-trois ans, j'étais bouche bée. Sous le charme également. Il devait jouer magnifiquement bien. « J'ai toujours rêvé de faire du piano, je trouve cela si beau. Vous devez en jouer si bien. J'espère que vous me ferez l'honneur de vous écouter. »
Il me disait alors qu'il était exécrable, chose que je contredisais tout de suite car il était loin de là comme cela. « C'est parce que je suis de bonne humeur ce soir. » fit-il en terminant sa phrase par un de ses clin d'oeil. « Oh vous savez si je vous fais tant de bien que cela j'accepte de vous revoir autant que je peux. » ce que je venais de dire était maladroit, mais je pouvais facilement mettre cela sur le dos des deux tequilas que je venais de boire. « De toute façon, si personne ne nous attend en rentrant, aucun besoin de se justifier et par conséquent, en profiter. Et je préfère boire avec vous que seul chez moi. », disait-il avec un sourire charmeur. Il était vrai que personne m'attendait chez moi. Et peut-être que plus personne ne le ferait jamais. Cette simple phrase eût l'effet d'une bombe sur moi. Il venait de me faire réaliser ce que je n'avais pas voulu admettre ces derniers jours. J'étais seule maintenant. J'avais vingt-six ans. A cette âge ma soeur Nina était presque enceinte d'Isaac, mon neveu de cinq ans. Moi j'étais seule et tout cela par ma faute essentiellement. Tout ce que j'avais bâti en plus de quatre ans je venais de le détruire en seulement quelques secondes. Et il allait sûrement me falloir autant de temps avant de reconstruire quelque chose avec quelqu'un. Et surtout de rencontrer cette personne. J'essayais de ne pas faire paraître mes émotions. Et alors qu'il commandait un autre verre je le suivis. « Et dire que vous disiez que c'était votre dernier verre et vous en reprenez un ? Vous n'avez pas peur que j'abuse de vous ? » Oui et je ne pense pas que celui que je venais de commander aller être vraiment mon dernier verre, même s'il le fallait mieux pour moi. Enfin pour Jonathan qui devra me porter jusqu'à chez moi. « Non vous ne me faîtes pas peur. Et au pire si je suis consentante, ce n'est pas de l'abus non ? », disais-je de façon très sérieuse. Puis j'éclatais de rire sans doute parce que je ne l'étais pas du tout ou que je ne voulais surtout pas le mettre mal à l'aise.
Il commença à me poser des questions sur moi, ce que je faisais dans la vie. Cela me faisait plaisir qu'il s'intéresse à moi. Alors je lui répondais très simple que j'étais océanologue et lui posais la même question en retour tout en rajoutant que ce qu'il devait faire avait un rapport avec le comportement. « Oui, c'est ça. Vous êtes fine observatrice. Je suis psychologue et cela fait trente ans que j'exerce mon métier. Ce doit être passionnant, l’océanologie. Vous m'en diriez plus sur le sujet ? » Effectivement, ce domaine était si riche. On apprenait chaque jour de nouvelles choses, en découvrait de nouvelles beautés. Mais ce soir je n'arrivais pas même à faire une soustraction. « Je vous promets, mais pas ce soir ahah » Puis le barman nous apporta nos nouvelles boissons. « Vous savez, je vous aime bien Jonathan. » Oops. J'étais déjà assez franche et l'alcool me le rendait encore plus.
« Vous n'avez qu'à venir chez moi un soir je vous montrerai les bases. Sauf que vous allez devoir revenir régulièrement si vous voulez apprendre à en jouer », il ouvre un peu plus ses yeux, un sourire en coin venant orner ses lèvres. Pourquoi pas ? On ne vivait qu'une fois. Oh bien sûr, ce ne serait que ça. Il continue de la fixer en posant les mains sur ses propres jambes. Il n'avait pas spécialement opté pour se rendre voyant au passage, habillé d'un pantalon noir et d'une chemise blanche. Et si de toute façon il renversait sur son pantalon, on ne verrait rien. Oui, il avait des images du futur proche comme ça. « Pourquoi pas ! J'aimerais bien essayer. »
Il se dit qu'elle est craquante. Anormalement, il se sentait exceptionnel de discuter avec une jeune-femme comme elle. Il n'avait pas vraiment l'habitude de se faire accoster, puis il avait oublié comment faire après dix années sans ne plus regarder une femme qu'avec des yeux de psy, ou froids. Là, il était différent, il la regardait comme une femme, non comme une enfant. Elle avait passée l'âge de se faire traité comme telle, surtout par un quinquagénaire comme lui, qui l'avait ouvertement, certes avec humour, dragué. Mais même avec humour, n'y avait-il pas là une certaine forme de vérité ? Jonathan niait les faits, mais il s'avérait que c'était quand même le cas. Que faire ? Continuer, s'enfoncer, regretter ? Ou tout arrêter, reprendre un rythme plus normal, voire très légèrement distant ? « Est-ce une invitation ? », cela ne l'aida pas du tout à savoir ce qu'il devait faire. D'un sens, il voulait en profiter, même si il ne savait pas où cela mènerait, il avait tout de même peur que tout se suive dans un engrenage impossible à stopper. Parce que depuis le premier regard posé sur elle, il avait l'incapacité de regarder ailleurs plus de deux minutes, voire moins d'elle. Il se contente de sourire, baissant les yeux. « Oui, c'est une invitation. », il relève les yeux sur elle, à nouveau. Il n'a pu s'en détacher plus de quelques secondes.
En discutant d'instruments et d'expérience musicale, il avoue jouer du piano depuis quarante-trois ans, la laissant bouche bée. Il en est amusé, en rit même. « J'ai toujours rêvé de faire du piano, je trouve cela si beau. Vous devez en jouer si bien. J'espère que vous me ferez l'honneur de vous écouter. » « Mais bien sûr, ce sera avec plaisir. Je peux vous jouer un peu de tout, mais j'aime beaucoup le style blues et jazz. ». Car à une époque de sa vie, le piano était devenu comme un rempart. Deux périodes de sa vie, même. Il s'était perdu, avait pratiquer et cela lui avait permis de ne pas perdre pied. « Ce sera à vous de me dire si c'est bien ou non. Je suis trop modeste envers moi-même de toute façon. »
Il remarquait, après lui avoir parlé de solitude, qu'elle tentait de cacher ses émotions, pour éviter de probablement les lui montrer. Il plissait les yeux, en continuant de la fixer. Il ne voulait pas la voir pleurer, même si ça ne faisait que retarder l'inévitable. Elle finirait par craquer à un moment ou un autre. Il voulait se faire réconfortant, en se demandant quelles formules adopter. Oui, c'était un psy, mais il était de ceux qui captaient très vite le mal être, et qui en plus, étaient du genre directs. Il préféra alors se taire, même si il savait qu'il le ferait savoir à un moment ou un autre. Elle en discutera si elle en a envie, sinon elle l'enverra chier. Après tout, il n’avait pas dit grand chose sur lui non plus.
« Non vous ne me faîtes pas peur. Et au pire si je suis consentante, ce n'est pas de l'abus non ? » , il écarquille légèrement les yeux. Celle-là, il s'en souviendra ! Il éclate de rire en même temps qu'elle, mais il n'est même pas mal à l'aise. L'alcool l'aide à y faire face sans paraître gêné. Oui, c'est vrai qu'en tant qu'homme, il avait des pulsions, mais il ne fallait pas abuser. Quoi qu'après dix années d'inactivité, ça faisait long, non ? « Je vous prendrai au mot, attention. », il continue bien sûr de rire, pour masquer une partie de franchise dans sa réponse, très légère mais présente. Et si ils finissaient comme ça à se tourner autour en s'envoyant des vérités crues dans la provocation ? Le lendemain, Jonathan aura du mal à croire à tout ce qu'il aurait dit à la demoiselle. Où même dans un cas plus extrême, se retrouver avachi dans son lit à elle. Il dégluti silencieusement. Il est partagé d'un coup. Entre s'imaginer dans cette position gênante et le fait que cela pourrait également lui plaire. Étant un homme, le voilà qu'il commence à s'imaginer des choses dont il n'aurait pourtant pas l'habitude d'imaginer.
Il s'intéresse au métier qu'elle exerce, mais elle semble à présent incapable de lui expliqué quoi que ce soit. Elle lui promet de lui en parler une prochaine fois, il se contente de lui répondre d'un signe de tête, prenant son verre qui vient d'être déposé. Il s'apprête à boire une gorgée, « Vous savez, je vous aime bien Jonathan. »
Son sang ne fait qu'un tour, en laissant une impression que tout vient en un instant de se stopper. Il essaye de ne pas le montrer, mais cette simple phrase le perturbe. Puis, une vague de chaleur l'envahi, comme une bourrasque de bien être qui s'empare de lui, accélérant les battements de son cœur. Il l'entend rarement, vraiment rarement, c'est même quasiment inexistant. Surtout d'une personne extérieure à ses frères ou sa famille. Son regard change, il se transforme. Il se vêt d'une lueur plus douce et brillante dans le fond de ses iris d'un bleu clair encore perçant malgré l'âge. Son sourire se mue également, en quelque chose de plus doux, de plus serein. Il ne s'est montré que rarement dans cet état. Et il se dévoile, de cette facette de lui qu'on ne voit jamais, à elle, cette inconnue charmante. « Merci, Leah. Je partage ce sentiment envers vous. », il lève son verre, « Alors, à nous ! »
when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
Je lui proposais alors de venir chez moi pour pouvoir lui apprendre quelques bases en guitare, mais qu'il devra revenir régulièrement s'il veut que cela donne quelque chose. En effet si l'on ne pratiquait pas de la guitare régulièrement on pouvait rapidement perdre ce que l'on venait d'acquérir. Même moi après dix-huit ans de pratique je m'obligeai tous les soirs en rentrant du travail à jouer un ou deux morceaux de bons vieux rock. D'ailleurs je n'avais pas joué ce soir et je doutais le faire vu dans quel état je risquais de rentrer. Si je rentrais. Après tout, je ne savais pas comment aller se terminer cette soirée, sans forcément qu'il se passe quelque chose entre nous. « Pourquoi pas ! J'aimerais bien essayer. » Au moins j'étais maintenant sûre que nous nous reverrons. Il plaisait sur ma façon de me tenir debout qui n'était pas vraiment fameuse dû à l'alcool qui était en moi. Il me dit qu'il m'inviterait à danser la prochaine fois quand je serais dans cet état. J'allais devoir mettre des chaussures plates si je ne voulais pas me tordre la cheville, mais à la fois si je me pointais avec mes chaussures plates je ne ferais pas très habillée et j'allais paraître encore plus petite que ce que j'étais déjà à côté de lui qui devait au moins faire un mètre quatre-vingt-dix. Je riais tout en lui demandant si ce n'était pas une invitation. « Oui, c'est une invitation. » , fit-il tout en baissant les yeux et en me regardant à nouveau. J'étais comme hypnotisée à chaque fois qu'il posait son regard perçant sur moi. Je tombais un peu plus sous son charme petit à petit alors que je ne connaissais rien de lui. De plus, tout ce qui m'intéressait à ce moment-là était de passer un bon moment avec Jonathan et de m'amuser de lui. Il me draguait, certes avec de l'humour, mais il me draguait. Ces simples pensées me donnaient de l'espoir. Il avait raison quand tout à l'heure il me disait que mon ex petit-copain n'était ni le premier ni le dernier. Mais avais-je déjà trouvé quelque d'autre ? Jonathan peut-être. Malheureusement s'il venait à se passer quelque chose plus d'une personne serait là à désapprouver, ma soeur en première. Qui voudrait voir sa soeur faire sa vie avec un homme de plus d'une vingtaine d'années. De plus je n'attendais qu'une seule chose, fonder ma propre famille. Mais n'avait-il pas déjà fonder la sienne. Des centaines de pensées se bousculaient de ma tête alors que nous deviendrons peut-être simplement de très bons amis.
Notre discussion nous avait amené à parler de musique. J'étais née dedans et je n'avais pas souvent rencontré de personnes qui partageaient la même passion que la mienne. Mais ce soir-là, j'avais eu la chance de tomber sur Jonathan qui devait être un incroyable pianiste puisqu'il pratiquait du piano depuis maintenant quarante-trois ans. Je lui disais alors que je serais ravie de l'entendre jouer puisque j'avais toujours voulu apprendre à jouer du piano. « Mais bien sûr, ce sera avec plaisir. Je peux vous jouer un peu de tout, mais j'aime beaucoup le style blues et jazz. Ce sera à vous de me dire si c'est bien ou non. Je suis trop modeste envers moi-même de toute façon. » « Alors va pour le blues et le jazz et je sûre que cela sera très bien », disais-je tout en le regardant avec de l'admiration dans mes yeux. J'éprouvais beaucoup de choses envers lui à la fois. De l'admiration, de l'attirance et de la sympathie, mais aussi d'autres sentiments que je n'avais pas encore vraiment découvert. Tout cela était en train de me troubler et de me charmer. Je n'avais été que très peu de fois dans cet état, mais là c'était différent. Je ne savais pas pourquoi, mais je le sentais que cela l'était.
Nous en étions venus à parler de notre solitude, sujet qui me donna malgré moi un petit pincement au coeur. Je ne voulais pas être seule, cela me rendait tellement triste. Je ne voulais pas finir comme cela ou même passer quelques années comme cela. J'avais d'ailleurs décidé d'acheter un chien, en espérant trouver un peu d'amour de la part de celui-ci. J'avais donc prévu d'adopter un Terre-Neuve que je devais la récupérer dans trois jours. J'avais acheté tous les accessoires dont elle avait besoin et je lui avais déjà trouvé son prénom. Gaïa. Je trouvais ce prénom magnifique tout comme ce chien. Mais allait-elle combler ma solitude ? Je ne savais pas vraiment, mais je savais déjà que j'aimais cette petite boule de poil qui fera plus de soixante-dix kilogrammes à l'âge adulte.
Je venais de lui répondre le plus sérieusement possible que s'il abusait de moi, mais que j'étais consentante ce serait pas vraiment de l'abus. Sur le moment je ne savais pas vraiment si c'était moi ou l'alcool qui parlait sachant que je venais d'entamer ma troisième tequila, mais cela nous avait beaucoup rire. « Je vous prendrai au mot, attention. » Je sentais alors mon coeur battre légèrement plus vite qu'habituellement et mes joues rougirent de façon très discrète. Pourquoi ? Tout simplement parce que je venais de me rendre compte que nous plaisantions depuis plus d'une demi-heure -ou peut-être une heure, j'avais perdu la notion du temps- en nous draguant alors que chacun de nos mots reflétaient ce que nous pensions au plus profond de nous. « Nous verrons bien monsieur le gentleman. », chuchotais-je avec mon air de charmeuse. L'idée de me retrouver dans son lit n'était pas pour me déplaire, mais nous nous connaissions que très peu et peut-être que cet acte gâcherait quelque chose que nous étions en train de construire. Ou peut-être cela nous permettrait de construire quelque chose ? Je ne savais pas, mais je ne voulais pas le savoir en tout cas maintenant. J'en avais assez de me poser trop de questions.
Alors que nous étions en pleine conversation je venais de lui dire que je l'aimais bien. Dans un premier temps je vis qu'il ne savait pas vraiment quoi répondre, ce qui me faisait peur. Peut-être qu'il pensait que j'attendais forcément quelque chose à la fin notre soirée, ce qui n'était pas le cas. Puis son regard devenait moins dur, plus doux. Son visage en général venait de s'adoucir ce qui me fit sourire. « Merci, Leah. Je partage ce sentiment envers vous. Alors, à nous ! » , disait-il en levant son verre. Je fis de même. Le bars était de plus en plus bruyant autour de nous et l'alcool me faisait légèrement perdre la tête donc je lui demandai quelque chose que je n'aurais peut-être pas fait dans mon état normal. « Vous voulez aller quelque part un peu plus calme ? Ou dans un autre bar ? Sans forcément aller chez nous.. Enfin après on peut rester ici, c'est comme vous voulez. »