Parfois, je me dis qu'il vaudrait mieux que je change de boulot, que je revienne à mes amours. Mais le sport, c'est fini pour moi, et la Nasa ? Ce serait abandonner tous mes proches alors que je les ai enfin retrouvés. Non, tant pis, je n’ai plus vraiment le choix, et puis détective privée rapporte plutôt bien, bien qu’il faut être bien plus salaud que je ne l’aurais imaginé quand j’ai commencé à ouvrir mon agence. Il faisait beau dehors, et rester enfermé dans mon bureau, ça ne me tentait guère, alors que j’avais des rapports à construire et à envoyer. Mais pour l’instant, les preuves et photos étaient minces. Autant faire un break en faisant une petite balade. Mais je ne sortais pas sans mon bon vieux reflex que je déteste. On ne sait jamais sur qui ou quoi on tombe dans la rue, ou dans le coin sombre d’une rue. Le parc m’inspirait bien plus et m’y rendais sans tarder, flânant comme rarement je ne l’ai fait. Je regardais tous les groupes, toutes les personnes, attentivement et un peu absent également. Je repensais à toutes celles que j’ai pu retrouver, au fait que la vie à Brisbane n’est pas si nulle et désespérante que cela, que je pourrais bien me faire à cette vie. Surtout que j’avais l’impression que cette ville était le point culminant de beaucoup de rencontres que j’avais pu faire. Thalia, Jane, … Kara ? Je devais rêver. Ce n’était pas possible, pas encore une personne, une charmante jeune femme que je connaissais et que j’appréciais. Je me rapprochais, voyant que la brunette prenait des photos. Si, ça ne pouvait être qu’elle. A moins que ça soit une énorme coïncidence. Je me rapprochais, pas du tout discrètement, alors qu’elle ne me voyait pas du tout. Je finis par m’appuyer simplement l’épaule contre un arbre, bras croisé, en attendant que son regard dérive sur moi. Je n’étais pas si loin de sa ligne de mire, elle allait bien me voir à travers son appareil photo non ?
D'aussi loin que je me souvienne, la photographie a toujours été une passion. Quand j'étais gamine je prenais l'appareil photo et de mère pour immortaliser des instants de vies, des choses qui attiraient mon attention, que je trouvais belles. J'avais souvent l'appareil entre les mains et cette passion n'a fait que grandir avec le temps. Mon œil s'est affiné et j'ai appris à créer de belles images. Aujourd'hui, il était rare de me voir sans mon appareil. Je l'emmenais toujours avec moi que ce soit en voyage, en promenade, lors de soirées, pour des concerts ou autres événements. Je ne pouvais pas sortir sans, car j'avais l'impression qu'il me manquait quelque chose. Je voulais toujours l'avoir avec moi afin de ne manquer aucun cliché. J'étais quelqu'un d'observateur et en tant que photographe, c'était une bonne chose. Les gens de la profession on un autre regard sur le monde, sur ce qu'il les entoure. Lorsque je regardais autour de moi, j'arrivais à visualiser l'image que je voulais prendre, l'intention et le sentiment que je voulais en faire ressortir.
Ce jour-là, il faisait beau. J'avais décidé de mettre le nez dehors, accompagnée de mon plus fidèle ami. Je parcourais la ville à la recherche de la plus belle image. J'arrivais jusqu'au parc new farm. Il y avait pas mal de monde aujourd'hui, le temps s'y prêtais et en cette saison, il y avait pas mal de touristes. En marchant, j'avais entendu des gens parler le français, d'autres l'allemand. Le monde semblait s'être donné rendez-vous ici. Je regardais a travers le viseur de mon appareil et immortalisais quelques scènes de vies. Un père et sa fille. Un couple d'amoureux. Un chien qui court après sa balle. Des visages inconnus et qui pourtant m'inspiraient. Et puis, j'aperçus dans mon viseur quelqu'un de familier. Je souriais. J'appuyais sur le déclencheur pour prendre la photo. Je me décollais de mon appareil. Il était suspendue a mon cou grâce à sa lanière.
« Valentin ! »
Je m'avançais vers lui, un peu surprise de tomber sur lui. J'étais ici depuis quoi ? Un mois a peine. C'était étonnant que j'y rencontre, par hasard, quelqu'un que je connaissais déjà. Valentin et moi nous étions rencontrés à des kilomètres d'ici, en Floride. Je le serrais quelques instants dans mes bras.
« Ne me dit pas que tu t'es reconverti dans la photographie ? »
Dis-je en voyant son reflex. Je souriais de nouveau.
Adossé à l’arbre, j’attendais qu’elle m’aperçoive. Parce que oui, elle allait me voir à travers son viseur d’appareil photo, c’est évident. Elle était en train de tout observer, de tout prendre en photo, il était évident qu’elle finirait par me voir dans son objectif, il n’y a aucun doute. Et quelques secondes plus tard, ce fut le cas. Grand sourire aux lèvres, elle s’approchait de moi pour venir me prendre dans ses bras. Je ne m’étonnais plus à force de retrouver des personnes ici que j’avais rencontrées ailleurs, bien que c’était la première de ma chère Miami que je retrouvais ici. Donc forcément, ça faisait enfin chaud au cœur. Même si en soit, elle ne vivait pas non plus là-bas. Je souriais également, la serrant moi aussi dans mes bras avant de me mettre à rire face à sa question. Figure-toi que je n’ai pas eu le choix. Lui répondais-je, avec un petit rire, profitant de ma petite phrase mystère pour la laisser réfléchir à cette théorie des plus étranges. Mais je ne la laissais pas longtemps dans l’incompréhension et rajoutais C’est que je suis devenu détective privé. Obligé de m’y coller. Heureusement, les heures de travail derrière l’ordi à retoucher les photos, je les file à la poubelle. Je continuais de rire, tout en la regardant, lumineuse comme jamais, toujours aussi jolie, content de la retrouver dans cette ville, cette ville qui s’améliore de plus en plus au final. De toute façon, l’idée de la quitter n’est plus d’actualité, surtout depuis que Thalia est revenue pour réellement s’installer ici. Qu’est-ce qui t’amène à Brisbane toi alors ? Lui demandais-je alors, me rendant compte qu’en fin de compte, ce pour quoi j’étais venu, n’étais plus vraiment d’actualité. Au final, la photo me fait demander de plus en plus, si je ne devrais pas re-changer une énième fois de parcours professionnel. Tout ça me fatigue sérieusement.
Après l'avoir serré dans mes bras un instant, je reposais mon regard sur lui. Valentin n'avait pas changé depuis la dernière fois. Son sourire était toujours aussi charmant que dans mes souvenirs. Le photographe en herbe m'expliquait qu'il était devenu détective privé et qu'il avait dû se mettre à la photo. Je souriais. Je savais qu'il ne maîtrisais pas du tout la technique. Il faut dire que pour quelqu'un qui n'y connaît rien, la photographie c'est un peu du chinois. J'avais l'habitude de maîtriser des appareils professionnel, mais tout le monde n'est pas habitué à se servir d'un reflex.
« Whaou... et t'arrive quand même à te servir de l'appareil. Non parce que dans mes souvenirs, c'était pas gagné. »
Je riais légèrement. Je le charriais gentiment. Il savait bien que venant de moi et dit comme ça, ce n'était pas méchant. Puis, il me demandait ce qui m'amenait à Brisbane. Il était sans doute aussi surpris que moi par cette rencontre inattendue. Comme quoi, le monde n'était pas si grand que ça finalement. Combien y avait t-il de chance pour que je tombe sur Valentin, ici, à des kilomètres des états-unis ? Le hasard était parfois très surprenant. Ce qui était amusant, c'est que Valentin n'était pas la seule personne que je connaissais en ville. J'y avais pourtant déposé mes valises il y a quelques semaines à peine.
« Je suis venu rejoindre mon frère. »
Je marquais un court silence.
« Et toi alors ? Je ne savais pas que tu étais à Brisbane. Tu vis ici ou t'es de passage ? »
Mon gros désavantage dans ce boulot, c’est cet appareil photo. Je devrais pourtant avoir eu le temps de mieux m’y faire, de m’y habituer, de le maitriser, mais c’est comme si ces appareils avait une sorte de conscience et qu’ils sentent qu’ils me révulsent. Certes ils sont loin d’être esthétiquement moche, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai tout de même ce blocage. Faut dire que contrairement à pas mal de monde, la photo n’a jamais été mon kiff, je préfère de loin la musique et surtout le sport. Alors forcément Kara me sortit une petite pique qui me fit bien rire C’est que j’ai pas le choix. Engager un photographe pour ça, sans objectif artistique à la clé, c’est compliqué. Non pas que je sois radin, mais pour ce genre de photo, j’ai juste besoin d’un excellent objectif qui me permet de voler des instants intéressants un peu trop loin. J’ai besoin surtout de ces photos pour mon boulot, pour sa crédibilité, alors ce n’est pas comme si j’avais vraiment le choix. Peut-être que je réclamerais de nouveau Thalia pour m’aider, mais elle l’a déjà fait en arrivant ici, elle a certainement d’autres projets bien plus artistiques. Je demandais alors à Kara pour quelle raison elle se retrouvait dans ce pays, et elle me parlait de son frère. Je n’étais pas sûr de vraiment connaitre la composition de sa famille à vrai dire, mais c’était une raison familiale qui l’avait poussé à venir ici, tout comme ma part. Ah d’accord. Avais-je à peine eu le temps de lui répondre, avant qu’elle n’enchaine en me retournant la question C’est un peu compliqué, mais à la base je suis venu pour ma sœur. Elle a eu des déboires avec un type, et je ne pouvais pas la laisser seule. Je devais repartir pour Miami, mais je me suis fait piéger ici. Lui expliquais-je difficilement, me rendant compte que ça devait loin d’être clair ce que je racontais. Hors contexte, c’est même très étrange.
Je hochais la tête aux paroles de Valentin. C'est certain qu'il y avait peu de chance qu'un photographe professionnel accepte de bosser pour lui. Les photos qu'il pouvait être amené à faire en tant que détective n'avaient rien avoir avec des photos artistiques. Valentin devait donc apprendre à maîtriser un appareil reflex. Mais pour son travail, il n'avait pas besoin d'une technique parfaite. Il faisait juste des photos qui lui servirait de preuve pour ses enquêtes. Il fallait juste être capable de prendre une photo correcte, qui ne soit pas floue. Pour moi, c'était un jeu d'enfant, mais pour Valentin c'était une autre histoire. Il n'était pas à l'aise avec un appareil et ce n'était pas quelque chose qui l'intéressait vraiment. Manque de chance, en tant que détective, un appareil photo était indispensable ! Enfin bref.
J'expliquais à Valentin ce que je faisais en ville. J'étais là pour raison familiales et je ne m'étendais pas plus sur le sujet. De toute façon, il n'y avait pas grand chose à dire. Mon père s’avérait être encore pire que je ne le croyais. Ma mère s'était enfin débarrassé de lui. J'étais fière d'elle. Elle était restée tant d’années avec cet homme, trop amoureuse pour s'en séparer. Mais elle semblait avoir enfin ouvert les yeux. Je retournais la même question à Valentin et c'était « amusant », car sa répondre était presque la même que la mienne. C'était aussi sa famille qui l'avait mené jusqu'en Australie. J'étais venu pour mon frère et il était là pour sa sœur.
« Comment ça tu t'es fait piégé ici ? »
Dis-je ne comprenant pas trop ce qu'il avait voulu dire par là. Puis j'ajoutais :
« Ça te dit d'aller boire un verre ? Sauf si tu étais en pleine enquête... j'ai pas bousillé une filature ou un truc dans le genre, j'espère ? »
Je souriais. Ce serait peut-être mieux pour discuter et surtout, j'avais un peu soif. Je rêvais d'un bon jus de fruits bien frais !
Quand j'avais débarqué ici, je pensais réellement que je retournerais vivre dans ma ville chérie, mais je me suis rendu compte qu'en fait, peu importe où je me trouve, je veux juste être avec les personnes que j'aime et j'ai bien trop longtemps été loin d'elles. J'ai l'avantage qu'elles ne soient pas beaucoup et qu'elles soient toutes les deux présentes aujourd'hui dans cette même ville. J'expliquais alors à Kara où je voulais en venir par le fait de m'être fait piégé Il se trouve que je vivais loin de ma sœur et de ma meilleure amie pendant des années. Et qu'à présent elles ont décidé toutes les deux de s'installer ici. Le fait de les avoir de nouveau auprès de moi est bien plus important qu'une simple ville. Lui répondais-je en haussant les épaules, un peu fataliste mais bien heureux au final de me retrouver dans cette situation. Kara me proposa alors d'aller boire un verre tout en finissant par me faire rire Non non t'inquiète, j'avais besoin de me balader, même si j'espère toujours au fond tomber sur une petite info bien croustillante. Lui répondais-je avec un petit clin d'oeil. En effet, j'avais fini par tomber là dessus, mais plutôt par une partie de ma vie qui remontait à bien longtemps, mais qui me faisait plaisir de retrouver. Cela n'avait donc rien à voir avec mon boulot. Ce dernier attendra donc un peu. Ce verre me tente bien. T'as un endroit en tête ? Lui demandais-je alors espérant qu'elle aurait une idée.
« Je comprends. Peut importe où on vit au final, tant qu'on a les gens qu'on aime près de nous. »
J'étais bien placée pour comprendre Valentin. J'étais aussi venu ici pour mon frère, parce que c'était beaucoup trop dur de vivre loin de lui. J'avais tenu quoi ? Quatre mois avant de débarqué ici, à Brisbane. C'était important pour moi d'avoir Kael auprès de moi. Mais je devais avouer que mes sœurs et notre mère allaient me manquer. Elles étaient restées à Chicago. On restais en contact. J'appelais fréquemment ma mère et mes sœurs. On était très soudés dans la famille. Heureusement qu'on était là les uns pour les autres. Surtout avec le géniteur qu'on avait. Il nous avait menti pendant des années et il avait trahi notre mère. Il l'avait fait consciemment. Il avait deux vies parallèles et il les avaient voulu. Mais désormais tout ça était fini. Notre mère avait mit un terme à leur relation. Elle en avait enfin eu le courage.
« En fait... je comptais sur toi pour nous guider vers un café sympa. Je connais pas encore bien le coin. »
Lui dis-je en souriant. J'étais encore toute nouvelle à Brisbane. Je n'avais pas pris mes marques dans le quartier. J'imaginais que Valentin connaissais mieux les cafés du coin que moi. Alors, je lui faisais confiance pour choisir l'endroit où nous iront boire un coup. Je reprenais ensuite la parole :
« Alors, la vie de détective privé c'est aussi trépidant que dans les films ou pas du tout ? »
Demandais-je, curieuse d'en savoir un peu plus sur son métier. On racontait plein de choses sur les détectives privés, mais j'imaginais qu'il y avait aussi beaucoup de conneries dans ce « qu'on » disait.
J’avais mis du temps avant de m’en rendre compte. Faut dire que Miami a toujours été une ville paradisiaque pour moi. J’y ai passé plus de dix ans là-bas, j’y ai autant de marque qu’à Athènes là-bas. Alors quitter cette ville et me dire que je pourrais ne plus jamais y vivre, oui, ce n’était pas facile. Et il m’avait fallu du temps avant de comprendre que ce n’était qu’un mode de vie. Maintenant tout était bon, je me sentais presque comme chez moi, je me sentais à l’aise dans cette ville où il faisait tout de même bon à vivre et où je n’ai vraiment pas à me plaindre. Elle me proposait alors un café. Ce n’était pas de refus, après tout j’avais toujours bien apprécié cette jolie demoiselle, et d’accord j’avais osé espérer plus. Mais peu importait, le plaisir de la revoir était bel et bien là. Autant en profiter pour rattraper le temps qu’on pouvait dire de perdu. C’est vrai qu’elle était tout aussi nouvelle que moi ici, voire même plus et comptait sur moi pour proposer justement cet endroit où l’on pourrait se poser pour discuter tranquillement. Y’a le choix par ici, ça devrait aller. Lui répondais-je alors tout en souriant. On commençait donc à se mettre en route, me demandant alors lequel j’allais bien pouvoir nous choisir, quand elle me posa cette question sur mon boulot. Je souriais en coin, tout de même amusé et finalement je lui répondais Trépidant ? Non, ce n’est pas le mot que j’aurais employé. Davantage fatiguant. Et répétitif aussi. La plupart des cas à traiter, ce sont des simples adultères, c’est fatiguant autant psychologiquement que physiquement. Ca devait se sentir que j’en avais marre je pense. Mais après tout, je ne l’avais pas vraiment espéré cette carrière.
C'était une bonne surprise de retrouver Valentin ici, à Brisbane. Nous avions bien sympathisé lorsqu'on s'était rencontrés en Floride. J'avais découvert un homme nul en photo, mais qui était quelqu'un de très agréable. J'avais bien aimé discuter avec lui. Alors forcément cette rencontre fortuite me faisait très plaisir. Je proposais qu'on aille boire un coup quelque part. Ça serait toujours mieux que de rester dans le parc. J'éteignais mon appareil photo et je remettais le cache. J'en avais déjà fait pas mal de toute façon. Donc une petite pause était la bienvenue. Et quel meilleur moyen de prendre une pause que de la passer avec un ami ? Je le laissais nous guider tout en écoutant ses paroles.
« Hum... il faut croire que l'infidélité est à la mode... »
Répliquais-je, blasée. Il ne fallait pas me parler d'infidélité et surtout pas maintenant ! Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à ce qu'avait fait mon père à ma mère. Il s'était foutu d'elle pendant toutes ces années. Elle était éperdument amoureuse de lui et il l'avait trahie. Elle lui avait donné six enfants et il n'en avait rien à faire. Il ne s'était jamais vraiment intéressé notre famille et elle avait passé son temps à l'attendre. A attendre un type qui avait déjà une autre femme et d'autres gosses. Il me dégoûtait. J'étais triste que mon père n'en ait pas été vraiment un et j'étais encore plus triste de ce qu'il avait fait à notre mère. Elle ne méritait pas ça. Quand je voyais ça et quand en plus, j'entendais Valentin parler de nombreux adultères, ça ne me donnait pas foi en l'amour. Je n'y avais jamais vraiment cru. Sans doute parce que j'étais jamais réellement tombée amoureuse. Je n'avais rien connu d'aussi fort et franchement, je me demandais si ça en valait la peine. De toute façon, ça fini toujours mal ces histoires-là, non ? Je préférais me contenter de quelques flirts sans trop m'attacher. Cela m'éviterait de m'y brûler les ailes.
« J'imagine que ça doit être assez fatiguant, ouais... ça doit devenir lassant aussi à la fin. » Je sentais bien dans sa voix qu'il en avait assez. J'ajoutais : « Tu fais ça depuis combien de temps ? »
A croire oui, que l’infidélité était à la mode. Ce genre de trahison ne devrait jamais l’être. Mais je reconnais que ma race s’en contre fiche royalement, ils aiment trop se faire désirer, se faire aimer. C’est triste au fond. Parce qu’en donnant de l’amour à une seule femme, une seule personne, ça suffit tellement. Lorsqu’on est amoureux, on est sensé tout donner, on n’a pas besoin d’aller donner ou recevoir de l’amour ailleurs, ce serait un trop plein totalement néfaste et inutile. Autant changer d’amant si c’est pour tromper le ou la première. Toujours est-il que ce n’est que ma façon de penser, qui ne ressemble pas à beaucoup d’hommes, et parfois à beaucoup de femmes. Ce sont forcément les plus discrètes, mais elles possèdent un pourcentage de tromperie assez impressionnant. En attendant, Kara semblait aussi désespérée que moi quant à ces comportements odieux que peuvent avoir vraiment trop de personnes. A croire que la luxure est un mode de vie pour beaucoup de personnes. Lui répondais-je tout en me mettant à rire. Mais ce rire ne perdurera pas très longtemps. En effet, elle me demandait si mon travail était trépident. C’est évident que la majorité du temps, il ne l’était pas du tout. Je lui expliquais donc la raison, et vu ce qu’elle m’avait répondu plus tôt, je me doutais bien qu’elle allait être de mon avis cette fois aussi. Elle me demandait du coup depuis combien de temps je faisais ça. Ca commençait à bien trop dater. Ca fait déjà cinq longues années. A la base, j’aurais aimé être astronaute, aimé rentrer à la Nasa, mais trop d’éléments ont fait que je n’ai pas eu l’occasion. D’accord, c’est surtout parce que je n’avais pas réussi à passer les examens et que ça m’avait totalement découragé. Au fur et à mesure des années, je m’étais rendu à l’évidence que je préférais davantage garder les pieds sur terre et, fonder une famille était pas priorité. Je suis encore loin du compte, mais un jour, ça arrivera.
Je ne supportais pas la trahison. Je ne comprenais pas pourquoi certains préféraient mentir et tromper, plutôt que d'être sincère. Ce n'était quand même pas compliqué d'être honnête avec les gens, non ? C'était aussi une forme de respect. Si on a un jour tenu a quelqu'un, alors on ne doit pas lui mentir. C'était ainsi que je voyais les choses. J'étais très fidèle que ce soit en amour ou en amitié. Je disais toujours les choses très clairement. Les hommes avec lesquels j'étais sortie avait toujours sût à quoi s'en tenir. Je voulais vivre mes relations au jour le jour, sans nous inventer un avenir. Les projets sur le long terme, ce n'était pas mon truc. Certainement parce que ça me faisait peur. Peut-être aussi parce que j'avais finalement jamais rencontré la bonne personne. Je n'avais jamais aimé au point de vouloir me projeter dans l'avenir avec quelqu'un. Et franchement ça m'allait très bien comme ça. Cela m'éviterait d'être déçue ou trahie.
« Cinq ans et tu as l'air d'en avoir marre, je me trompe ? »
Demandais-je en posant mes prunelles bleues sur lui. Visiblement, Valentin n'était pas passionné par le métier qu'il faisait. C'était le cas de beaucoup de gens. Ils travaillaient parce qu'ils n'avaient pas le choix. J'avais toujours trouvé ça un peu triste. On passe une la plus grande partie de notre temps à travailler, alors autant que ça ne soit pas trop désagréable. Mais je sentais que Valentin était blasé par son boulot de détective.
« Et à part Astronaute, il n'y a pas autre chose que t'aurais aimé faire ? Une autre passion ? »
Bientôt, nous arrivions devant un café et on décidait de s'installer à la terrasse. Il y avait un beau soleil alors c'était l'occasion d'en profiter.
Le sujet de conversation avait bien facilement tourné vers mon travail, et l’ennui mortel qu’il me procurait. Je n’ai jamais été du genre à me plaindre, à part bien sûr quand on me posait des questions, je faisais toujours parfaitement bien comprendre mes pensées, sans aller jusqu’à me plaindre totalement. C’est un boulot alimentaire, et il y en a de bien pires, surtout que ce dernier peut rapporter vraiment gros. Mais je commence à avoir assez d’argent de côté, je me demande si je ne vais pas monter ma propre boîte ou mon propre commerce. Etre indépendant a toujours été quelque chose que je désire, donc autant en profiter. Peut-être dès 2017. Oui, je pourrais très certainement commencer à me lancer là-dedans à ce moment-là. En attendant Kara entendait bien ma lassitude dans mes propos Tu as tout juste. Lui répondais-je tout de même en sourire. Forcément, elle me demandait par la suite ce qui pourrait éventuellement m’intéresser à part les étoiles et voyager de planètes en planètes Le sport. Il n’y a que ça qui me botte vraiment. Mais justement, j’ai peut-être une idée de projet, j’attends juste d’économiser encore un peu pour me jeter à l’eau. Pas le temps d’en dire plus pour l’instant vu qu’on arrivait au fameux café, où on allait s’installer sur la terrasse pour profiter du beau temps. En attendant le serveur, j’en profiter pour expliquer un peu mieux mon idée de projet J’hésite encore, mais je pensais ouvrir un magasin de nutrition et matériel de sport. Un peu bateau, mais j’aime être mon propre patron et au moins ce serait bien plus reposant. Vadrouiller la nuit ça me fatigue, t’imagine même pas ! Oui, si, elle devait s’imaginer, j’avais des cernes de fou en ce moment, et mon rythme de vie est totalement corrompu. Il serait sérieusement temps que je change ça.
Nous étions à présent assis à la terrasse d'un café. J'écoutais Valentin me parler de son nouveau projet professionnel. Je sentais, simplement au ton de sa voix, que cela l’enthousiasmait plus que sa carrière actuelle. Je trouvais que c'était une bonne idée et d'autant plus si il était passionné par le sport. Cependant, il lui fallait encore économiser et donc travailler pour permettre à son projet d'aboutir. Mais j'étais certaine qu'il s'en donnerait les moyens.
« Je trouve que c'est une bonne idée ! Et surtout le sport semble être à la mode en ce moment. On arrête pas de nous dire qu'il faut faire du sport, prendre soin de notre corps. Il y a plein de gens qui s'y mettent du coup. Je pense que ça peut marcher. »
Je lui adressais un sourire, puis la serveuse arrivait jusqu'à nous. Je commandais un cocktail de jus de fruits sans alcool. Une fois la commande notée, la serveuse s'éloignait, nous laissant seuls. Je reprenais :
« En tout cas, je veux bien t'aider si tu te lances, par exemple faire les photos pour le site internet, pour faire connaître ton magasin. Enfin on en est loin pour l'instant, mais c'est dit. »
Je lui souriais à nouveau. Maintenant beaucoup de choses se passaient par internet et la photographie était un outil de communication essentiel. Une photo était parfois plus efficace que des mots... non c'était toujours plus efficace que des mots selon moi. L'attention des gens était souvent plus facilement attirée avec une image, qu'avec une simple phrase. La serveuse était revenu avec nos boissons. Je la remerciais et elle prenait congé. Je levais mon verre.
« Alors à nos retrouvailles et à tes futurs projets de boulot. »
De cette idée de nouveau projet, je n'en avais pas encore eu l'occasion d'en parler à qui que ce soit. Faut dire que je parle pas très souvent boulot avec mes proches, je préfère davantage parler d'autre chose, et ça, elles le savent parfaitement bien. Parce que oui, depuis que mes proches ont toujours été composé que de femmes. C'est aussi un choix bien entendu. Toujours est-il que Kara est la première à qui j'en parle officiellement, parce que oui, ce n'était qu'une simple idée qui m'était arrivée en tête, à voir si le projet était réellement réalisable. Et avec la réaction de la photographe, je fus rassuré. Oui parce que les avis des autres comptent. Si tout le monde me disait que c'est une perte de temps, je me remettrais très certainement en question. Mais elle trouvait l'idée bonne, parce que beaucoup de gens se mettent au sport pour une meilleure hygiène de vie. C'est vrai. Il y a peu de chance pour que le sport fasse un jour faillite. Lui répondais-je en me mettant à rire. C'était devenu vital et ça a toujours eu un impact assez puissant chez les êtres humains, et ce, depuis bien longtemps. Encore plus de nos jours et encore plus à la maison. Maintenant c'est à la portée de tout le monde, et beaucoup de gens en profite. La serveuse venait alors prendre notre commande, et je me contentais encore une fois d'une simple bière. Bien qu'il aurait sûrement mieux valu que je ne boive pas d'alcool, mais à force, ce n'est plus vraiment de l'alcool pour mon corps, même si ça me fait toujours un effet de bien être, comme si un nuage prenait la place de mon siège. Kara me proposait alors de prendre les premières photos de ce magasin pas encore mis en place. Je trouvais l'attention fort agréable et sympathique. J'y penserais, merci Kara. Je lui souriais alors que nos boissons ne tardèrent pas à arriver. Elle porta mon verre vers moi et fis de même avec le mien vers le sien. Oui, à nos retrouvailles. Une première gorgée et je reposais ma bière devant moi avant de reporter l'attention sur elle Et ton frère, il fait quoi dans la vie ? Lui demandais-je par curiosité, vu que nous n'avons jamais eu l'occasion de parler de lui au final.