Par sécurité, je demandais à Kara si elle avait bien tout mitrailler avant qu’on prenne la liberté de s’en aller et de sauver notre peau. Non, faut pas déconner non plus, je n’aurais pas embarqué la brune si je n’avais pas été sûr que cette mission n’encourait aucun risque. Il y a un risque à chaque mission, mais ces types sont loin d’être des mafieux dangereux et pervers, non, du moins, de ce que j’avais pu trouver comme information sur eux. En tout cas, oui, les photos parleront d’elles-mêmes, mais ça me servira surtout de preuve à ce que je viens de comprendre et de découvrir surtout. Bien sûr, les soupçons étaient présents depuis le début, mais là, tout se confirmait. J’allais recevoir la fin de mon salaire, et c’était d’un soulagement ! J’ai horreur quand même d’être toujours sur la brèche et jamais sûr de pouvoir toucher de l’argent. Vraiment, si je n’arrête pas ce taf, j’aurais des cheveux blancs bien plus rapidement que prévu. Finalement, Kara me posait la question qu’elle aurait pu me poser dès le début à vrai dire. J’aurais été à sa place, je l’aurais très certainement fait. Certes, on s’est connu il y a quelques temps, bien connu même, mais cela fait des années, et me faire confiance n’aurait pas du être une si mince affaire au final. J’aurais pu mal tourner depuis. Elle a de la chance au fond. Je secouais alors la tête face à sa question tout en rajoutant Non, ils ne font aucun trafic dangereux et n’ont même pas de casier judiciaire. Ils font quelques affaires louches, c’est évident, mais même mes employeurs pour cette mission ne sont pas nets. Lui avouais-je alors tout en me mettant à rire. Oui, c’est ce genre d’employeur qui t’empêche d’être trop curieux, parce que si tu creuses trop, c’est toi qui te retrouve au fond du trou.
Nous avions rejoint la rue principale qui était beaucoup plus peuplé. Je rangeais mon appareil photo tout en continuant à marcher. Valentin aurait de quoi faire avec les photos que j’avais prise. J’étais contente d’avoir pu lui venir en aide. Je posais rapidement mon regard sur lui lorsqu’il reprenait la parole, puis je regardais de nouveau devant moi.
« Pas nets dans quel genre ? »
Demandais-je. J’étais rassurée de savoir que ces types n’étaient pas réellement dangereux. Enfin ils faisaient des choses louches, mais ce n’était pas non plus des serials killers. De toute façon, je faisais confiance à Valentin. Il ne m’aurait jamais mêlée à cette affaire si c’était trop risqué. Du moins, je l’espérais.
« Tu dois quand même parfois tomber sur des types dangereux lors de tes filatures, non ? »
J’imaginais qu’il avait eut a surveiller tout un tas de gens différents et parfois peut-être des gars qui étaient pu recommandables. Certaines personnes seraient prêtes a n’importe quoi pour cacher leur vilains petits secrets. Je comprenais qu’il ait envie de changer de métier, parce qu’en plus d’être très fatiguant, ça pouvait être aussi assez risqué.
« On passe à ton bureau ou chez toi ? Pour que tu puisses mettre les photos dans ton ordinateur ? »
C’était le plus simple, en quelques minutes on transférerait les photos dans son disque dur et il n’aurait plus qu’à travailler dessus pour trouver ce qu’il cherchait.
Non, il est évident que ces personnes qu’on venait de suivre et de photographier, n’étaient pas des personnes net et fiables. Alors forcément, n’étant pas dans le milieu, Kara ne pouvait pas vraiment comprendre dans quel sens je voulais dire ça, malgré le fait qu’ils ne soient en aucun cas dangereux Il y a une histoire de bourse derrière et de détournement de fonds me semble-t-il. Après, je n’ai pas fouillé plus que cela, je n’ai aucunement envie d’être complice ou témoin de ce genre d’affaire d’argent sale. Expliquais-je alors à la photographe pour répondre à ses interrogations. Suite à cela, elle me demandait si j’en rencontré souvent des types dangereux. Je réfléchissais un moment avant de lui répondre Pas vraiment. C’est assez rare en fait. J’ai surtout des histoires d’adultère. Tu comprends pourquoi je n’en peux plus de ce travail ! Lui confiais-je en me mettant alors à rire. Oui, flic, être vraiment dans la police ou la gendarmerie, ça m’aurait plu. Mais les ordres et la hiérarchie n’ont jamais été faits pour moi. Alors oui, je préfère ouvrir ma propre boutique et revenir à ma première passion. Même si je ne referais jamais de sport à haut niveau. J’en fais et ferais toujours, bien évidemment. Kara me demandait alors où nous allions pour que je puisse récupérer les photos. Mon bureau est plus proche et ce sera plus pratique pour moi aussi. Parce que oui, j’avais même un ordinateur professionnel. Je n’ai aucune envie de me faire hacker mes informations professionnelles.
L’argent. Toujours l’argent. J’avais l’impression qu’il n’y avait que ça qui intéressait les gens. Bien sur, il était important d’avoir suffisamment de sous pour vivre convenablement. Mais beaucoup ne semblaient voir que le fric. Ce n’est pas l’amour qui fait tourner le monde, ce sont bien les billets ! Des histoires comme celle que me racontait Valentin, il y en avait sans doute des tonnes. Des types qui détournent des fonds, qui fraudent, qui arnaquent. Certaines personnes seraient prêtes à faire n’importe quoi pour l’argent. Puis, Valentin m’expliquait que la plupart du temps, ces affaires concernaient des adultères, rien de très dangereux donc.
“ Ouais. Je comprends. Il est temps de raccrocher si tu en as assez. T'es trop jeune pour te prendre la tête avec un boulot qui ne te plait plus. ”
Valentin était encore jeune. Il avait encore le temps de faire autre chose, de se reconvertir. En plus, il savait déjà dans quoi se lancer alors il devait foncer ! En tout cas, c’est ce que je l'encourageant à faire. Même si cela pouvait être compliqué. On ne change pas de vie en un claquement de doigts. Mais le détective semblait motivé et surtout, il en avait assez de son travail.
“ Ok. Je te suis alors.”
Je ne savais pas où se trouvait son bureau, donc je me laissais guider. Nous arrivions à destination après quelques minutes de chemin. Je confiais ma carte mémoire au détective pour qu’il puisse l’insérer dans son ordinateur. En quelques secondes seulement, il transfera les photos de notre filature dans son disque dur. Je récupérais ensuite ma carte. Il y avait d’autres photos à l’intérieur, celles que j’avais prises au parc.
“ Je vais devoir rentrer, mais j’ai été contente de te voir en tout cas.”
Je lui adressais un sourire. Ces retrouvailles avaient été particulières. On s’était croisés par hasard et j’avais fini lui servir de coéquipière lors de sa filature. Kael n’en reviendrait pas quand je lui dirais que j’avais joué les assistantes détective.
“ Tu peux m’appeler quand tu veux, on pourra aller manger un truc ou je sais pas. Je suis encore nouvelle ici alors je sais pas trop ce qu’il y a à faire dans le coin.”
Pour l’instant, je restais encore sur Brisbane alors, on aurait sans doute l’occasion de se revoir. Je l’embrassais sur la joue et lui adressais un dernier sourire, avant de quitter son bureau. Je n’avais pas vu le temps passer et je devais à présent rentrer chez moi. J’avais encore quelques trucs à faire, avant de retrouver mon frère pour la soirée.
S’il y avait bien une leçon de vie que j’avais parfaitement enregistré, et ce depuis mon plus jeune âge, c’est que s’emmerder à rester dans un boulot qui ne nous convient pas, cela ne sert à rien. Malheureusement le travail nous prend les trois quart de notre vie, alors autant que ça nous plaise et nous motive un minimum. Certes, beaucoup de personnes ne pensent qu’à l’argent, et ne cherche que cette particularité pour trouver le job idéal. Mais c’est comme cela également que le burn out ou la dépression arrive dans notre vie. Et cet état d’esprit est loin de me convenir. Alors oui, j’avais besoin de changer d’air et de gagner ma vie autrement, d’une façon qui me passionne bien plus. Même si je dois bien avouer que cette petite expérience avec Kara, Kara que je n’avais pas revu depuis des années, m’avait fait plaisir et un peu requinqué aussi. Et c’était d’autant mieux pour elle, parce que sincèrement, toutes les autres affaires que j’avais en cours, ce n’était qu’histoire d’adultère. Et oui, c’est malheureux que ce soit ces affaires qui rapportent vraiment le plus à ce métier. En même temps, on ne va pas aller chercher l’aide de la police pour ce genre de chose, ce serait assez cocasse. Une fois arrivés à mon bureau, on fit le transfère nécessaire pour que je puisse récupérer les photos qu’elle avait faite pour moi et la remerciais encore une fois. Elle me proposait qu’on mange ensemble un de ses quatre et je ne pouvais qu’accepter. Après tout, j’ai toujours été bien et fier oui, en compagnie de Kara. Avec plaisir. Lui répondais-je avant qu’elle ne vienne m’embrasser sur la joue. De quoi me faire perdre un peu le nord, comme à l’époque, je dois bien l’avouer. Mais je restais le plus neutre en façade, et la regardais partir, mettant un peu de temps avant de retourner à mes moutons.
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