Ce n’est qu’une fois dans le taxi que ce sentiment étrange avait commencé à m’habiter. Peut-être amené par la soudaine froideur d’Heidi ou par le difficulté qu’avait mon esprit à comprendre ce qui était arrivé. Ce week-end allait prendre fin – nous le savions tous les deux évidement, que ce moment allait finir par arriver et pourtant ça ne le rendait pas plus simple. J’aurais voulu pousser encore un peu le vice. Retourner dans cette boite, dans la piscine, dans la chambre n’importe où tant que je pouvais continuer d’être avec elle… Vraiment. Sans cette distance qui, déjà avant notre arrivée à l’aéroport, avait commencé à s’instaurer. Je pouvais le comprendre, l’idée même d’une séparation aussi brusque était difficile à encaisser et pourtant j’avais un peu espéré pouvoir en profiter jusqu’au bout. De toute évidence Heidi n’était pas du même avis – elle semblait morose, à peine intéressée par ce que je pouvais lui dire, j’avais tenté pendant plusieurs minutes d’alimenter la conversation avant de finir par me taire moi aussi. Un peu triste, je n’avais pourtant rien osé lui reproché, ne souhaitant pas provoquer une discute juste avant de nous quitter. J’étais bien conscient que les choses seraient déjà bien assez dures comme ça sans en rajouter. Je m’étais alors fait plus silencieux tandis que nous nous installions dans l’avions. Pinçant parfois les lèvres alors que mon regard se posait sur elle. Depuis que nous avions quitté cette chambre il n’ y avait eu aucun contact physique entre nous et déjà sa peau me manquait – son odeur, son souffle contre mes lèvres. Je me retenais de ne pas la toucher de peur de rendre les choses encore plus difficiles alors qu’elle semblait déjà se préparer à un retour dont l’heure avançait dangereusement.
Finalement pourtant Heidi était venue se blottir contre moi et j’avais profité de ce dernier contact, la serrant contre moi et embrassant sa tempe. J’aurais aimé faire plus – avoir les mots, mais ça n’était pas le cas alors plutôt que de risquer de gâcher ses derniers instants j’étais resté silencieux. Elle aussi… Finalement l’avion s’était posé à Brisbane sans que nous ayons échangé beaucoup de mots et dans le taxi qui nous avait amené jusqu’à la maison l’ambiance était restée inchangée. Peut-être même pire puisque nous étions à nouveau sur le sol australien. Un fois le taxi immobilisé et les valises sorties, nous étions restés face à face quelques secondes comme cherchant la façon de ce dire au revoir après tout ça. « Tu devrais y aller » « Oui sans doute… » J’aurais du même si je n’avais qu’une envie faire marche arrière et nous ramener tous les deux à Paris, la où nous avions pu être si heureux ensemble. Déjà, elle venait déposer se baiser à la commissure de mes lèvres alors que je restais immobile. Je tentais de m’enivrer une dernière fois de son odeur – de ses lèvres sur ma peau. Même une fois Heidi retournée, j’étais resté dans cette même position à l’observer sans pouvoir bouger. Tout mon corps semblait brûler d’envie de lui courir après – de l’embrasser une dernière fois comme un fou – comme elle n’aurait jamais été embrassée. De toucher sa peau si douce, de sentir son parfum si proche… Mais je n’avais pas bougé. Preuve de toute la lâcheté dont j’étais capable de faire quand il s’agissait de ma relation avec Heidi. Je m’étais contenté de la laisser partir avec cet autre homme – cet Ezra qui serait peut-être lui donner ce qu’elle méritait. La boule dans mon ventre n’avait cessé de grandir – le vide aussi… Et c’est totalement apathique que j’avais rejoint mon appartement, mon sourire ne revenant légèrement qu’un fois les deux jumeaux dans mes bras. J’avais levé les yeux vers Kaecy et son sourire radieux et senti la culpabilité revenir au grand galop… J’en avais assez de mentir… Assez de tout foutre en l’air…